145. Todo tranqui

C’est la devise non officielle de l’Uruguay qui signifie « tout est calme ». Et extraordinairement, c’est exactement la première impression que nous avons en arrivant dans le pays. Il faut dire que nous sortons de près d’un mois de grandes villes, Paris puis Buenos Aires avec le bruit, l’agitation et la circulation que vous imaginez. Alors est-ce le seul fait d’arriver dans une petite ville de Province ou cela s’applique-t-il à tout le pays ? Seul l’avenir nous le dira !

La petite traversée


Colonia del Sacramento

Et nous voilà partis à la découverte de la ville, ou tout du moins le quartier historique dans lequel nous logeons. Les rues pavées sont très calmes, la circulation automobile rare. Avec la végétation luxuriante et le mélange des fleurs et des couleurs de l’automne, c’est une vraie bouffée d’oxygène que nous respirons. Cette ville a un charme fou. Ce n’est pas pour rien que l’UNESCO l’a inscrite à son patrimoine.


Un agréable mélange d’art et de patrimoine

Plus nous avançons dans les rues bordées de platanes, plus nous nous rendons compte de la richesse culturelle, artistique et visuelle de la ville. Cela nous rappelle par certains côtés la ville d’Antigua au Guatemala. Tout ceci attire bien sûr quelques touristes, mais qui restent en nombre raisonnable, venant pour la plupart en petits groupes de Montevideo ou de Buenos Aires en excursion à la journée. Alors voici quelques autres de nos découvertes :


Des musées ordinaires et plus si affinité

Colonia del Sacramento recèle un nombre important de musées comparé à la taille de sa population, essentiellement basés sur l’histoire mouvementée de la ville. Fondée par des Portugais en 1680 qui avaient vu à cet endroit un bon potentiel pour le commerce, notamment avec Buenos Aires juste de l’autre côté de l’estuaire, et s’étaient installés malgré les colonies espagnoles déjà présentes autour. Les Espagnols n’ont pas aimé et s’en est suivi une série de guerres avec les troupes portugaises pour reprendre tour à tour le territoire, jusqu’à l’indépendance de l’Uruguay en 1828. L’architecture de la ville reflète bien ces différents conflits, et plusieurs musées sont consacrés à des pans ou des populations de cette histoire, nous en avons visité plusieurs, dont voici quelques images commentées ci-dessous.

> Le Musée Municipal

Il est incontournable puisque c’est là qu’on achète à prix modique un billet valable pour 9 autres musées de la ville. Installé dans une demeure portugaise, il est étonnamment éclectique avec des salles thématiques abordant aussi bien l’archéologie précolombienne que l’arène de corridas de la ville voisine, le mobilier de la période portugaise, ou encore la paléontologie et l’histoire naturelle. On y trouve ainsi des ossements peu communs de gliptodonte, un squelette complet de paresseux géant, une abondante collection de taxidermie comportant oiseaux mammifères et reptiles, et enfin des tableaux d’entomologie avec de superbes papillons et autres insectes. L’histoire municipale a ici un sens vraiment très large !


> L’Espace Portugais

Situé à deux pas du précédent, il aurait pu faire redite, mais il est plus axé sur le côté militaire, décrivant la vie des soldats aux XVI et XVIIe siècle, et expose une superbe collection de cartes anciennes du temps des grands explorateurs. Nous y avons trouvé aussi de jolis azuleros, ces céramiques bleu-cobalt si typiques de la culture arabo-hispano-portugaise, qui nous ont consolés de la fermeture du musée de la ville qui leur était dédié.

Nous n’avons trouvé qu’un intérêt modéré aux autres musées, ce qui m’évitera de les énumérer. Mais parlons maintenant d’une perle, hors forfait précédent, mais qui pour les amateurs mérite absolument la visite :


> Le Musée de l’Origami

Malgré sa petite taille, la ville de Colonia del Sacramento recèle un trésor, le Musée de l’Origami. Il est décrit comme l’un des rares dans le monde dédié à ce sujet. Il a été aménagée par une citoyenne de la ville passionnée par le sujet. Ce musée ne possède que 3 petites salles, mais on y passe facilement une heure à lire les panneaux informatifs, à admirer de près chaque création et bien sûr à les photographier pour en garder la mémoire. On découvre l’histoire du pliage, son évolution depuis l’époque où l’on réalisait des plis simples jusqu’à la façon dont on le travaille aujourd’hui, en intégrant souvent des concepts mathématiques qui permettent de travailler le papier sans le couper. On aboutit ainsi à des pliages complexes qu’on jurerait faits avec plusieurs feuilles de papier alors qu’il n’en a été utilisé qu’une feuille.

On découvre aussi les avancées scientifiques qui utilisent les techniques de l’origami, comme le déploiement des panneaux solaires des satellites, les stents pour maintenir les artères du cœur ouvertes lorsqu’elles ne le sont pas assez, des armatures installées à partir d’un ballonnet pour solidifier des vertèbres affaissées par l’ostéoporose, et bien d’autres encore. L’art de l’origami est utilisé aussi en accompagnement des personnes atteintes d’Alzheimer. Le musée accueille aussi les scolaires, dispense des cours de pliage, accueille régulièrement des conférenciers dont on peut retrouver des vidéos sur le site internet. Enfin, le Musée de l’Origami expose des œuvres d’artistes de renom dans le domaine. Elles sont magnifiques.


Lumière divine

Le couvent de St François Xavier dans la zone classée maintenant historique de Colonia del Sacramento possédait une tour qui servait non seulement à appeler les fidèles, mais aussi à guider les bateaux naviguant sur le rio de la Plata, d’autant que les courants y étaient particulièrement dangereux, ayant entraîné de multiples naufrages. Lorsqu’un incendie détruisit en grande partie le couvent en 1705, les marins se plaignirent rapidement de la perte de leur point de repère. On leur construisit alors un phare, dont la base carrée se calquait sur les restes de l’ancienne tour, tandis que la partie supérieure était plus classiquement cylindrique. Voilà pourquoi, aujourd’hui, il reste le seul phare du pays à avoir ce double profil. Les murs du couvent tenant encore debout ont été laissés en place, contribuant à la solidité de l’ouvrage.

Le phare de Colonia del Sacramento
Le phare et les murs restants du couvent initial

L’art dans le bastion

Dans la période où la ville était fortifiée, pour la défense des colonisateurs en alternance que furent les Portugais et les Espagnols, plusieurs bastions la défendaient. Devenus inutiles depuis l’indépendance, ils furent soit détruits soit reconvertis, comme ce Bastion del Carmen devenu une usine à colle et à savon puis entrepôt de stockage d’aliments. Rien de tout ça n’étant nécessaire aujourd’hui, le lieu est maintenant un Centre Culturel, avec salle de concert et expositions temporaires. Voici celle qui était en cours au moment de notre passage.


Cabotage pour Roberto

Le navire porte-container qui transporte Roberto est arrivé sur les côtes Est de l’Amérique du Sud. Nous découvrons les escales au fur et à mesure, car rien ne les indiquait au départ. Il s’est donc arrêté à Santos puis Panaragua au Brésil. Dans les deux destinations il s’est enfoncé assez loin dans les terres. C’est peut-être notre carte qui manque de précision.


Montevideo, enfin

En 3 heures de bus, nous rejoignons la capitale de l’Uruguay, Montevideo. Nous n’en bougerons plus jusqu’à l’arrivée de Roberto. Nous découvrirons juste avant d’arriver que notre porte-containers passera devant Montevideo sans s’arrêter, pour rejoindre en premier Buenos Aires … juste là où nous étions une semaine auparavant. C’est rageant ! Espérons tout de même que nous serons bien sa prochaine escale.


Encore un logement de caractère

Nous allons loger dans le centre historique. Comme pour Buenos Aires, l’architecture est très variée, mêlant les styles ou pas de style du tout. La façade de l’immeuble où se trouve notre appartement est quelconque, mais l’intérieur rattrape le coup. Au sommet d’un escalier en marbre nous attend un palier décoré d’un plafond en vitrail, d’un piano et de quelques bibelots. 2 autres appartements donnent dessus et peuvent se partager une salle à manger de 8 personnes, une buanderie, et au sommet d’un escalier métallique plusieurs terrasses dont une avec piscine. En cette saison d’automne, elle a été vidée, mais il nous reste les terrasses pour la vue panoramique sur la mer.


Un jour aux courses

À l’arrivée comme toujours, il nous faut remplir le frigo. La fréquentation des magasins du quartier nous amène à quelques découvertes intéressantes, voir surprenantes.


Postres (desserts)

Les Uruguayens ne mangent pas que de la viande. Ce sont manifestement des « becs sucrés » et les vitrines des pâtisseries sont hautes en couleurs. Comme d’habitude ici, les parts sont énormes. Mais on trouve aussi des desserts plus délicats, comme ces alfajores, la version uruguayenne du macaron. Prêts à saliver ?


La vanlife version Uruguay

Nos rares rencontres avec des véhicules de loisirs


Façades

Montevideo a été fondée en 1726 par les Espagnols afin d’éviter l’expansion des Portugais installés dans la ville voisine de Colonia del Arte. Un moment intégrée au Brésil, la ville gagna son indépendance en 1828, tout en restant sous influence des Britanniques pendant près d’un siècle. Ces derniers voulaient empêcher le contrôle commercial de la région par l’Argentine et le Brésil. Enfin, les liaisons maritimes ont favorisé les échanges avec l’Europe. L’architecture qui en ressort est un mélange de toutes ces influences, avec des bâtiments de style aussi bien art-déco, néoclassique, éclectique que moderne. Un petit tour en ville avec nous ?

On va terminer là pour cette session. Pas mal de choses à vous relater pour la prochaine. Et puis on l’espère vivement, la récupération de Roberto qui est dans sa dernière ligne (presque) droite. A très bientôt !

143. Toujours chez les Porteños

Pendant que Roberto poursuit sa traversée de l’Atlantique, nous continuons d’explorer la capitale de l’Argentine.

Buenos Aires jour 5

Samedi, jour de marché : nous nous rendons à celui de San Telmo (un quartier de Buenos Aires) en service depuis 1897. A l’origine, il s’agissait de nourrir les nombreux immigrants qui arrivaient dans la ville. Depuis, s’il a conservé une importante activité de restauration ou de vente de produits alimentaires, il comporte aussi pas mal de boutiques d’antiquaires. On n’y trouve pas – ou alors il faut bien chercher – de babioles ou d’artisanat pour touristes étrangers. L’authenticité domine donc, et le marché est en grande partie fréquenté par les Porteños (les habitants de Buenos Aires).

Nous avons pris plaisir en arpentant les 13 000 m² du bâtiment tout en poutrelles métalliques et verrières, et – comment ne pas résister en voyant cuire au gril les imposantes pièces de bœuf – nous y avons déjeuné. L’occasion de confirmer la réputation de la viande argentine, d’une cuisson parfaite et d’une tendresse incroyable, au point que l’on puisse couper la viande avec une cuiller ! Nous n’avons pas essayé faute d’avoir le couvert sous la main, mais regardez la vidéo ci-dessous.


Buenos Aires jour 6

> Les bus c’est tout un programme

Nous partons en bus pour visiter La Boca, un quartier de Buenos Aires. On ne peut prendre le bus qu’avec une carte rechargeable, le chauffeur ne vendant aucun ticket. Une particularité des bus porteños, c’est qu’il faut annoncer sa destination au conducteur. Non pas pour qu’il pense à stopper au bon endroit (pour cela il faudra comme en France appuyer sur le bouton « prochain arrêt ») mais pour qu’il charge le lecteur de carte avec le bon tarif. Ensuite il n’y a plus qu’à apposer sa carte sur l’appareil pour être enregistré et débité. On peut utiliser la même carte pour 2 personnes. Les tarifs sont modiques, de l’ordre de 0,50 € pour chaque trajet. Après, on a ce que l’on mérite : les bus roulent à toute allure au point que les gens se penchent dans les virages, le freinage aux arrêts se fait à tout moment. J’ai même vu un bus klaxonner une voiture de police juste devant qui ne démarrait pas assez vite au feu vert ! Autant dire qu’ils ont tous les droits, y compris de ne pas stopper si vous êtes à 20 mètres de l’arrêt.

Les bus sont nombreux et ... rapides, parfois un peu trop !
Les bus sont nombreux et … rapides, parfois un peu trop !

> La Boca et ses maisons colorées

Nous sommes tout de même arrivés en vie à La Boca, ce quartier plein de couleurs. Les habitants à l’origine, vers 1880, étaient principalement des immigrés espagnoles et italiens, recrutés par le port local pour entretenir les bateaux et les charger en viande, la principale exportation du moment. Ils avaient pris l’habitude de peindre leurs maisons en tôle ondulée avec les restes de peinture pour bateaux, généralement des couleurs très vives. Et comme c’était des fins de pots, la porte n’avait pas forcément la même couleur que la fenêtre ou les murs. Et puis le temps a passé, les baraques en tôle ont partiellement été remplacées par d’autres en béton, mais tout aussi bariolées. Et puis des touristes sont venus et ont adoré le lieu, bien plus gai que les tristes couleurs du centre-ville de Buenos Aires. Vous connaissez la suite : les bars et restaurants ont remplacé les petites boutiques initiales et tout a été fait pour soutirer quelques pesos aux touristes. Jusqu’à installer sur les balcons des effigies de Maradona, Messi ou encore du pape François, les 3 fiertés de la nation, afin que les gens s’y fassent prendre en photo, moyennant finances bien sûr. Ou encore attirer les chalands dans tel ou tel restaurant avec un couple de danseurs de tango. Cela dit, nous ne sommes pas en haute saison touristique et l’affluence était raisonnable, voir quasi nulle dès que l’on s’éloignait un peu de l’hypercentre. Et esthétiquement, tout ça est superbe et très photogénique.


> La Fàbrica Colon

Le grand Théâtre Colon du centre de Buenos Aires, une icône de la culture argentine proposant des spectacles d’opéra et de ballets, a cette particularité de fabriquer lui-même tout ce qui est nécessaire à la scénographie, entre autres décors et costumes. Tout cela se fait dans un hangar immense de La Boca, qui n’est ouvert au public que depuis 2021. On y trouve des maquettes de décors miniatures, mais surtout des décors d’opéra qui ont réellement servi. Une douzaine peut-être, avec pour chacun des mannequins devant exposant les costumes de scène et un écran diffusant des vidéos des spectacles au moment où ils étaient actifs, ou encore sur la fabrication des décors et des costumes. Un travail titanesque qu’il était dommage de ne pas montrer jusqu’ici.


Buenos Aires jour 7

> Un cimetière payant !

Alors là c’est bien la première fois que nous avons à payer pour entrer dans un cimetière. Enfin c’est le « privilège » des seuls touristes. Près de 15 € quand même, nous étions à deux doigts du boycott. Alors que dans le monde on parle beaucoup en ce moment de taxes réciproques, il serait peut-être temps d’en faire de même pour les attractions touristiques françaises. Allez hop, 15 € pour les Argentins qui se présentent au Père Lachaise, 40 € pour les Turcs qui visiteraient Notre-Dame, etc. Non mais !

Le cimetière de Recoleta, en plein cœur de Buenos Aires, est le lieu de repos final des familles les plus riches et/ou les plus célèbres de l’Argentine. Ça se bouscule même un peu pour caser les nouveaux arrivants, le cimetière n’étant pas extensible. Conséquemment, les allées de circulation en dehors des artères principales sont relativement étroites. Les tombes sont des plus hétéroclites, allant de la grotte en pierres grossières aux mausolées de marbre garnis de statues, en passant par de véritables ruines aux vitre cassées et cercueils exposés, signant une descendance absente ou radine. Vu le nombre de présidents, de scientifiques et d’artistes inhumés là, les groupes de collégiens ou lycéens sont nombreux à visiter, c’est là une bonne façon d’apprendre l’histoire du pays.

La tombe d’Eva Perón est la plus visitée, voir la seule pour les groupes pressés. Mais quelques autres ont une histoire intéressante, comme celle de Rufina Cambacérès, jeune fille de 19 ans enterrée vivante, ou celle de Tomàs Guido, un général argentin, bâtie à la main par son fils avec des pierres venues de la Cordillère des Andes pour respecter la volonté de son père d’être enterré sous une montagne que ses troupes avaient difficilement traversée. Ce qui n’a pas empêché les autorités d’outrepasser cette dernière volonté en transférant le corps du général dans la cathédrale métropolitaine de Buenos Aires. Y a pas de respect !


> Un petit truc en plus

C’est ce que devait avoir l’artiste argentin Xul Solar (1887-1963) tant il a été fasciné par l’occulte, le mystique et le divin au cours de sa carrière. Son rêve de réformer et de perfectionner l’univers situe tout de suite le personnage. Souhaitant créer une langue universelle il a tenté d’abord le néo-criollo, sorte de mélange d’espagnol et de portugais avec des touches de français, d’anglais, de grec et de sanskrit. Malgré ses 64 écrits et sa fluence dans cette langue, ça n’a pas marché. Il a conçu alors une langue plus complexe, la pan-lingua, monosyllabique et sans grammaire – ça c’était plutôt bien – mais reposant sur une écriture et un système numérique duodécimal trop complexe pour nous autres n’ayant pas le truc en plus. Il a aussi inventé et/ou modifié des instruments de musique, des jeux, des règles de sport pour les rendre selon lui plus faciles à apprendre. Mais son piano à 3 rangées de touches colorées, sa version spirituelle du jeu d’échecs avec un échiquier de 13 cases de côté, et son football à 4 ballons sur un terrain à 6 ou 12 secteurs on eu un peu moins de succès qu’il n’en espérait. Quant à ses peintures peuplées de personnages fantastiques, de paysages cubistes et de mondes parallèles, Claudie est restée dubitative tandis que moi j’ai bien aimé. A vous de vous faire une idée sur la sélection ci-dessous.


Buenos Aires jour 8

Un peu de tout, un titre comme un autre pour les images inclassables… mais néanmoins commentées


Buenos Aires jour 9

En ce week-end pascal, nous sommes allés visiter un parc d’attraction. Quel rapport ? me direz-vous, eh bien justement il y en a un : ce parc d’attraction serait le seul au monde basé sur la Bible. Il s’appelle d’ailleurs Tierra Santa, que vous n’aurez aucun mal à traduire. On n’y trouve qu’un seul manège, un petit carrousel, mais les gens ne viennent pas pour ça. Dans une sorte de Jérusalem reconstituée, on expose ou on joue carrément certaines scènes bibliques, avec l’exagération habituelle des latino-américains : le spectacle vivant retraçant le chemin de croix de Jésus depuis son arrestation jusqu’à la crucifixion était très sanguinolent. Cela impressionne les enfants, mais dans un cadre plutôt gai, une bonne façon sans doute de faire passer le message. A noter que le pape François est venu en personne inaugurer le parc en l’an 2000.


Buenos Aires jour 10

Voici deux ans, nous étions au Guatemala à Antigua pour les fêtes de Pâques. Les tapis de fleurs et les processions étaient extraordinaires. Nous nous attendions dans un pays de même culture latine et catholique à retrouver des évènements similaires. Il n’en est rien. Peut-être que la capitale est trop cosmopolite pour cela. Il y a bien eu quelques processions par ci par là, mais presque discrètes et uniquement le soir. Nos sorties du vendredi et du samedi saint nous ont montré qu’il s’agissait principalement de jours fériés : très peu de voitures dans les rues et pas mal de monde sur les zones piétonnes ou dans les espaces verts. Beaucoup de bars et de restaurants ouverts complètent cette sensation de repos hebdomadaire ordinaire. Naturellement, tous les musées sont fermés. L’écopark de la ville, étonnamment, avait lui aussi fermé ses grilles. Alors nous avons fait comme tout le monde, une petite balade tranquille, permettant encore de dénicher quelques curiosités, et aussi un peu de street art. Attention, rien à voir avec le Mexique, expert en la matière.


Et pendant ce temps là …


Adios

Au moment où je termine cet article, nous apprenons le décès du pape François, natif de Buenos Aires. Le président argentin vient de décréter 7 jours de deuil national. Rappelons qu’il avait inauguré en l’an 2000 le parc Tierra Santa que nous avons visité avant-hier.


Nous prévoyons de rester encore quelques jours en Argentine, avant de rejoindre en ferry l’Uruguay. La visite de Buenos Aires n’est donc pas encore tout à fait terminée. On en reparle tès vite. A bientôt !

47. Comida mexicana

La comida mexicana, c’est notre pain quotidien si j’ose dire. Car dans l’attente de notre fourgon, nous prenons nos repas à l’extérieur trois fois par jour. L’expression peut se traduire tout aussi bien par gastronomie mexicaine que par nourriture mexicaine selon le contenu de notre assiette. Les adeptes de la street food riche en graisses et féculents trouveront vite leur bonheur, tandis que de notre côté nous sommes encore en recherche d’un peu de subtilité. Mais il est bien sûr trop tôt pour juger, nous sommes encore en phase de découverte et les surprises sont nombreuses.  

¤ La Bufa

La Bufa, c’était le nom du restaurant de notre hôtel à Mexico. Vérifications faites sur mon dictionnaire espagnol-français de base, ça ne se traduit pas par « la bouffe », ce qui aurait pu paraître déplacé pour un restaurant, mais par …rien. A la limite, le verbe espagnol « bufar » signifiant « renifler », l’expression pourrait se traduire par « (quelqu’un) la renifle », mais ce serait encore plus déplacé ! La poursuite des recherches permet de trouver au Mexique une colline appelée el Cerro de la Bufa et dans sa description Wikipédia une traduction aragonaise du mot « bufa » en « vessie de porc », la colline ayant cette forme. Nous voilà revenus à la vraie restauration, et voilà une bonne occasion de parler de nos premières expériences avec la cuisine mexicaine.

El Cerro de la Bufa (près de Zacatecas, Mexique) © wikipedia

¤ Où l’on teste le menu du jour

comida mexicana
Restaurant populaire dans un marché

C’est notre premier jour à Mexico. Alors que nous nous frayons un chemin dans les allées étroites d’un marché, hélés par les commerçants qui veulent chacun nous faire visiter leur boutique, nous débouchons dans l’aire de restauration, plus paisible. Ça tombe bien, c’est l’heure du déjeuner. Les petites échoppes proposent des menus del dia à composition fixe. Prêts à toutes les expériences, nous tentons le coup. Nous passons commande. Pour la boisson, c’est soda ou aqua fresca. Nous choisissons la seconde solution. Claudie demande con gas mais ça fait sourire l’employée. On comprend pourquoi quelques minutes plus tard lorsque, une fois attablés, on nous apporte un broc d’environ 2 litres empli d’un liquide laiteux. Les autres tables ont la même chose d’ailleurs. Nous goûtons. C’est texturé, un peu sucré et la saveur ressemble un peu au Smecta, pour ceux qui connaissent. Bon, on se dit que c’est une façon comme une autre de prévenir la tourista… En fait, nous avons bu une horchata, faite d’eau de riz, de vanille, de lait et de cannelle.

Les plats arrivent. D’abord une sopa de la casa, bouillon de poulet avec des légumes, des cubes de fromage fondu et quelques aromates. Le plat principal arrive ensuite. Nous avons de la chance, c’est le plat national mexicain, le pollo con mole, poulet à la mole, une sauce typique d’ici à base de chocolat, de fruits secs et de piments doux. C’est accompagné sans trop de surprise de riz et d’une purée de haricots rouges. Enfin vient le dessert, une gelée parfumée chimiquement à l’orange. Rien d’extraordinaire sur le plan gustatif, mais il est difficile d’en demander davantage pour le prix : entrée + plat + dessert + Smecta euh boisson à volonté pour 3 euros. Qui dit mieux ?



¤ La Habana

Café La Habana

Après notre expérience du marché, nous souhaitons terminer ce repas par un petit café (dans sa culotte comme ajouterait notre ami Lolo, que nous embrassons). Quelques pâtés de maisons plus loin, nous nous rendons au café La Habana, un lieu empli d’histoire puisque ce serait ici que Che Guevara et Fidel Castro auraient planifié la révolution cubaine et que Gabriel Garcia Marquez aurait écrit une partie de Cent ans de solitude. Nous y dégustons un café « La Habana », servi en 2 parties : une grande tasse emplie de lait mousseux dans laquelle le serveur verse la moitié (sinon ça déborde) du contenu d’une plus petite tasse de café expresso. Il ne reste plus qu’à consommer dans l’ambiance rétro du café, inchangée depuis les années 50 et essayer à notre tour de refaire le monde ou d’écrire un nouveau paragraphe de ce blog (restons modestes !). Pour la petite histoire, le café nous a coûté presque le prix du menu du jour dans le marché. Mais pour avoir peut-être été assis à la place des célébrités ci-dessus, c’était donné !


¤ Y’a pas d’heure

Nous avons eu à plusieurs reprises la surprise de nous voir proposer la carte des petits-déjeuners alors que nous nous attablions à la terrasse d’un restaurant après l’heure de midi. C’est qu’ici, tout est quelque peu décalé par rapport à nos habitudes européennes. Le petit-déjeuner se prend entre 8h et 13h – parfois même jusqu’à 16h comme sur l’ardoise ci-dessus, le déjeuner entre 14h et 16h30, tandis que le dîner ne vient guère qu’entre 21h et 22h. Mais à vrai dire, on peut manger un peu n’importe quand, il n’y a qu’à traverser la rue comme dirait l’autre


¤ Les petites envies

C’est la traduction du mot antojitos qui désigne tous les en-cas que l’on peut se faire servir à toute heure dans les nombreux étals de rue ou les restaurants, au gré des petites faims. La base de tout est la tortilla, une petite galette de maïs, plus rarement de blé, que l’on va garnir de mélanges divers. Simplement pliée en U, c’est le taco que tout le monde connaît. Fermée aux extrémités, c’est un burrito. Poêlée ou grillée, c’est une  quesadilla. Légèrement frite et recouverte d’une sauce, c’est une enchilada. Davantage frite au point de devenir croquante, c’est une tostada. En empilement alterné avec des couches de fromage, c’est une sincronizada. Lorsque le contenu est coupé en longues lamelles, une fajita, etc. Parmi les autres petites envies, on trouve aussi les tortas ou cemitas, sortes de sandwiches préparés dans un petit pain blanc, les tamales, où la farce est enveloppée et cuite dans des feuilles de maïs, les chicharrones, sortes de beignets croustillants faits de peau de porc. Les variantes sont tellement nombreuses qu’il est parfois difficile de s’y retrouver !



¤ Les faux amis

L’expérience de l’agua fresca qui n’avait rien à voir avec l’eau fraîche (voir ci-dessus) n’a pas été unique. Nous nous sommes aussi fait surprendre avec le sope qui n’est pas du tout une soupe mais un taco frit, tandis que le menudo au contraire est bien une soupe (aux tripes et au piment, miam) et non pas un menu. Nous avons aussi évité de justesse le serrano, un piment force 6 loin du jambon montagnard que nous connaissons. Et loin de l’usage que l’on pourrait imaginer, le jamaïca est une …boisson à base d’hibiscus.


¤ Les desserts

A la fin du repas, on vient volontiers vous tenter en vous présentant un plateau sous cloche garni de pâtisseries diverses. Nous avons craqué une ou deux fois, avouons-le, mais nous sommes plutôt adeptes des excellentes salades de fruits, parfois garnies de yaourt, de granola ou de glace. Les pâtisseries dans les boutiques sont particulièrement colorées, mais l’on en trouve aussi qui ressemblent furieusement aux nôtres. Il s’agit peut-être d’un souvenir de cette période d’entre deux guerres (indépendance vis-à-vis de l’Espagne en 1821 et guerre avec les Etats-Unis en 1846) où de nombreux commerçants français – dont des pâtissiers – étaient venus s’installer au Mexique, et qui s’est mal terminée d’ailleurs, justement par la Guerre des Pâtisseries. Les Français, pas très bien vus alors, voyaient leurs boutiques fréquemment pillées. Lorsque le même sort arriva à pâtisserie Remontel en 1832, son gérant réclama, via le gouvernement français, des dommages et intérêts, ce que le Mexique refusa. En réponse, la France organisa en 1838 un blocus naval du port de Veracruz et d’une partie de la côte est du Mexique. Après 11 mois, le gouvernement mexicain fini par promettre de régler la dette, ce qui mit fin au blocus, mais il ne s’en acquitta jamais. Ceci fut un argument pour le déclenchement de l’occupation française au Mexique quelques décennies plus tard, de 1861 à 1867. Tout ça pour des gâteaux !


¤ Chocolatomanie

Dès qu’un musée du chocolat se présente, nous sommes attirés irrésistiblement. Celui de Mexico n’a pas échappé à la règle, d’autant plus que c’est dans ce pays (et dans quelques autres d’Amérique centrale) que le cacao a été découvert il y a plus de 3000 ans. A l’époque, les boissons réalisées avec les fèves comme avec le mucilage servaient aux rituels religieux comme aux mariages, et les fèves elles-mêmes servaient de monnaie d’échange. Avec 100 fèves par exemple, on pouvait acquérir un canoé, pour 3000 un esclave… De nombreuses taxes étaient payées en cacao. Lors de son premier voyage, bien plus tard, Christophe Colomb a complètement sous-estimé l’intérêt des fèves de cacao puisqu’il a jeté par-dessus bord, au moment du retour, tous les sacs qu’on lui avait offerts. Il faudra attendre le second voyage pour que l’Europe puisse enfin en profiter. Le musée fourmille d’infos sur les usages précolombiens du chocolat, expose une belle collection d’objets anciens liés à son emploi et possède une pièce extraordinaire dont les murs en sont entièrement couverts et dont vous pouvez imaginer le parfum. Tout ceci se termine bien entendu par la boutique et par la dégustation d’un bon chocolat chaud assorti d’un gâteau à vous devinez quoi. Miam !




et l’inévitable dégustation !

¤ Nourriture intellectuelle

Nos découvertes gastronomiques ne doivent pas occulter celles de nos visites quotidiennes puisque nomades et explorateurs nous sommes. En voici quelques-unes pour que vous puissiez voyager un peu avec nous.









¤ Nouvelle étape

Nous quittons Mexico pour la ville de Puebla. Le trajet se fera en bus. Nous aurions adoré celui ci-dessus, mais nous devrons nous contenter d’un bus moderne. Il n’a pas été nécessaire de réserver quoi que ce soit, nous nous sommes juste fait conduire à la gare routière dédiée au secteur sud-est. De là des bus partent pour toutes les directions toutes les 20 à 30 mn. Nous avons pris le premier venu, qui nous a conduit en deux heures à Puebla pour une douzaine d’euros. Il a été amusant d’observer le manège du chauffeur qui, après s’être signé deux fois au moment de partir (pas trop rassurant ça…) a salué de la main, un peu comme on ferait les marionettes, la totalité des bus que nous avons croisé !

A bientôt pour la suite et merci de nous suivre !