32. Article en PTHD

Amis cruciverbistes vous n’allez pas être déçus. Ou peut-être si, c’est selon. Les paragraphes de cet article sont pour une fois rédigés à la manière de définitions de mot croisés, mais généralement assez tordues, vous me connaissez. C’est pourquoi j’ai qualifié l’article de PTHD, soit « Pas Très Hautes Définitions ». Et encore, vous avez échappé au pire, j’avais imaginé initialement le titre « Des messages avec définitions »… Allez, commençons !

a) beautés nordiques (en 6 lettres)

Attention de ne pas se laisser influencer par la photo de gauche, une des charmantes sculptures qui parsèment les rues de la capitale de la Norvège, où nous sommes depuis hier soir. En effet, la photo est trompeuse, les vraies norvégiennes ne sont pas si bronzées, enfin celle-là oui, mais d’une autre façon. Depuis que nous avons quitté Göteborg et commencé à remonter la côte Ouest de la Suède, puis celle de la Norvège, les paysages ont bien changé. Les lacs, les forêts de pins et les terres agricoles ont fait place à de profondes criques bordées de falaises gazonnées et de roches granitiques. C’est bien des fjords dont nous parlons, ces profondes vallées d’origine glaciaire envahies par la mer, pas spécifiques des pays scandinaves, mais c’est quand même la Norvège qui en compte le plus.

Ci-dessus et ci-dessous : fjords de Marstrand et Fjällbacka (Suède)

b) dévorateurs désordonnés (en 11 lettres)

Quoi ? Vous ne connaissez pas les dévorateurs désordonnés ? Ils étaient pourtant une vingtaine dans ce grand espace naturel de la côte ouest de la Suède, de qualité et de taille très variables, mais il en faut pour tous les goûts. En réordonnant les lettres vous retrouverez enfin ces œuvres d’art que vous cherchiez (oui c’est bien l’anagramme de dévorateurs, vérifiez si vous voulez). Ce qui est intéressant ici, c’est la dispersion de ces sculptures dans un espace de huit hectares connu jusqu’ici pour héberger des reliques de l’âge de pierre et des tombes âgées de 2000 ans. Certaines de ces oeuvres sont visibles de loin, d’autres ne sont aperçues qu’au dernier moment, au détour d’un chemin. Après, on ne les aime pas forcément toutes, mais l’art c’est l’art. C’est à Pilane en Suède, et si vous voulez en savoir plus, c’est ici.


c) polémiques sur le net mais mythologiques à Oslo (en 6 lettres)

Selon la définition, c’est un individu bête et méchant qui aime générer des polémiques quel que soit le sujet de conversation. Avouez que sur le net vous en avez rencontré en grand nombre depuis le printemps dernier, des admirateurs de professeurs marseillais aux vaccinophobes convaincus en passant par les adeptes de la théorie du « grand reset ». La Scandinavie n’est sans doute pas épargnée par le phénomène mais c’est certainement beaucoup plus rare que chez nous, culture oblige. Et c’est peut-être parce eux les connaissent bien, les trolls, ces génies plus ou moins malfaisants qui sévissent exclusivement la nuit. Parce qu’ils sont nés là-bas. Mais à l’inverse des parasites des réseaux sociaux, je trouve les trolls scandinaves plutôt sympathiques.


d) buanderies québecoises (en 7 lettres)

Parlons un peu d’une partie triviale de notre vanlife : le lavage du linge. Nous avions bien sûr dans notre projet initial exploré les différentes possibilités. Dont celle d’embarquer une mini-machine. Mais à moins de se limiter au lavage des sous-vêtements, ces machines de 1 à 3 Kg de linge restent encombrantes, peu pratiques d’emploi (la vidange est le plus souvent manuelle par exemple), fragiles et bruyantes. Sans compter qu’elles ne sèchent pas et que nous n’avons pas envie de transformer l’intérieur de notre fourgon en étendoir géant. Nous avons finalement opté pour les laveries automatiques, choix qui s’est avéré très satisfaisant jusqu’ici. Mais depuis la Suède, ces établissements se font rares, le linge étant traditionnellement lavé là-bas, en dehors des maisons individuelles, dans les buanderies collectives des immeubles qui en possèdent tous une. Ça se présente mieux depuis que nous sommes arrivés en Norvège, puisque la seule ville d’Oslo en héberge au moins quatre. Pourvu que ça dure !

Et là où dans la plupart des laveries non scandinaves on utilise des pièces pour lancer les machines ou les séchoirs, ici rien de tout ça. Nous n’avons d’ailleurs fait aucun change ni utilisé d’espèces depuis la Suède. Tout se fait soit par carte bancaire, soit comme ici à Oslo à l’aide d’une application. Il suffit de renseigner le numéro de sa machine et de faire ok. C’est beau le progrès !


e) symboles de la France à Oslo (en 10 lettres)

Juste devant le parlement norvégien, en plein cœur de la capitale, cet ensemble de trois petits bâtiments bleu, blanc et rouge attire notre attention, d’autant qu’ils sont surmontés respectivement des inscriptions « liberté », « égalité » et fraternité. En y pénétrant, on peut même y entendre De Gaulle ou la Marseillaise et même s’asseoir sur un trône de la République. Une rapide recherche sur le net nous apprend que ces sanisettes – mais oui vous ne rêvez pas – ont été offertes par la France à la Norvège pour célébrer le centenaire de son indépendance (d’avec la Suède) en 1905. Ça a fait polémique sur le moment, beaucoup auraient peut-être préféré un truc du genre la grande statue à l’entrée du port de New York, mais ça s’est calmé depuis que le norvégien initiateur du projet a expliqué que c’était tout à l’honneur de la France qui avait ainsi donné au pays deux de ses plus grandes inventions : la constitution (celle de la Norvège s’en est largement inspirée) et les toilettes publiques. Cocorico ! D’autres merveilles osloïtes suivent en photo.

Sanisettes françaises près du parlement, dans le centre d’Oslo
Le Parlement Norvégien
Le palais royal
La garde prête à être relevée
La bibliothèque et l’opéra

Souvenirs nordiques

Eglise médiévale en bois « debout »

Que regardent des statues devant un musée d’Oslo ?

Plus de 200 statues
au toit tout en marbre,

Street art

A l’intérieur aussi c’est du bois

Le Pôle Sud, qu’ils ont atteint les premiers en 1911

dans le Parc Vigelen
sur lequel on peut marcher

Mouette (terme générique…)

La Cène, au fond

A l’aide du Fram, le navire le plus solide au monde (en 1911)

par l’artiste éponyme

f) 2 quatrains sur 2 rimes embrassées et 2 tercets (en 6 lettres)

Dans un article précédent, je vous avais conté l’une de nos mésaventures à la manière d’Andersen. Je vous la fais cette fois à la manière de Rimbaud, ou plutôt Rambo devrais-je dire tellement le style est archaïque. Un essuyage de plâtres qui date du début de notre voyage, et dont nous n’avions pas jugé utile de parler. Maintenant que notre fierté est ravalée, avec un zeste de poésie et une dose d’humour, je vous livre ce sonnet. Avec l’original, car ça fait du bien de ressortir les classiques en cette période de rentrée scolaire.


Le baptême du van

C’est un parking en dur tout près d’un groupe scolaire
Et d’une route nationale, tout sauf un spot nature.
Ils sont arrêtés là sur un coup de colère,
Après une dispute à propos d’un vieux mur.

Ils s’étaient engagés dans une ville médiévale
Avec leur fourgon bleu tout juste réceptionné.
L’étroitesse des ruelles arrêta leur cavale
Le GPS pourtant n’avait rien mentionné.

Demi-tour impossible, il fallut reculer
Eviter tant le mur que l’auto qui montait
Et devinez la suite, l’auto gagna c’est moche

Le fourgon est donc là dormant sur ce parking
Rêvant peut-être à la pelouse d’un camping
Tranquille. Il a deux trous bleus au côté gauche.

JM Rambo (2021)

Le dormeur du val

C’est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.


Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.


Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.


Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Arthur Rimbaud (1870)


Nous venons d’arriver à l’extrême Sud de la Norvège, sur la péninsule de Lindesnes. Comme l’indique la pancarte, il ne nous reste plus que 2518 Km avant de rejoindre le Cap Nord, une bagatelle !
Du haut du phare le spectacle est magnifique, et nous n’en sommes qu’au début. Merci de nous suivre, nous vous ferons volontiers partager la suite. N’hésitez pas non plus à commenter, cela fait plaisir de savoir que l’on est suivi 🙂

31. Au fil des jours

L’écume du jour

Mais quelle est donc cette écume mousseuse au bord de cet étang ? Pour en savoir plus, il faut évidemment s’approcher de plus près…

Eh bien on dirait qu’une véritable bataille de polochons vient de se dérouler ici. Cette écume bizarre est bien constituée de plumes, probablement celles perdues par les volatiles qui colonisent en nombre cette zone de l’étang. Simple renouvellement estival ou mue nuptiale, difficile à dire. Quant à l’espèce en question, ni Claudie ni moi n’étant bien forts en noms d’oiseaux, nous attendrons que les spécialistes le disent (d’eider bien sûr… Oui je sais ça ne casse pas trois pattes à un canard).


Le marché du jour

Il y a des trucs bizarres dans les magasins, c’est sûr.

Déjà l’absence de yaourts en pots individuels nous pose problème, nous devons nous contenter des briques d’un litre forcément assez liquides. Depuis notre arrivée en Suède, nous n’avons encore pas trouvé de lait longue conservation et devons acheter du lait frais, et donc forcément nous approvisionner à flux tendu.

Nous sommes très peu consommateurs de sauces, mais là par contre le choix est gigantesque, avec notamment des rayons entiers de sauces en tubes, comme pour la mayonnaise chez nous. Et tout ça dans un rayon intitulé trompeusement « kaviar ». A craindre qu’ils ne montent leur mayonnaise avec des œufs …d’esturgeons !

Les crevettes sont en vrac dans des frigos bahuts. Mais le pire c’est peut-être ces choses douteuses qui flottent dans on ne sait quoi comme ces aliens orangés ou ces gros cornichons jaunes, à prendre en seau complet ou au détail. D’ailleurs la confiture aussi se conditionne en seau ou en boudins souples.

Enfin, les confiseries sont particulièrement abondantes. Les Suédois en sont parait-il les premiers consommateurs en Europe. Pour autant, le rayon le plus coloré n’est pas celui des bonbons mais plutôt celui des fruits, particulièrment bien mis en valeur par des miroirs, comme vous pourrez en juger sur la photo ci-dessous.

marché du jour

Un beau jour à Stockholm

Il ne faut pas croire, le soleil n’est caché en moyenne que 13 jours au mois d’août à Stockholm. Notre séjour dans cette ville a été conforme aux statistiques : une première journée très ensoleillé et une seconde avec de la grisaille et parfois des averses. La capitale est vraiment agréable, très aérée avec sa multitude d’îles qui communiquent par des ponts ou des ferries, lesquels se prennent comme on prendrait un bus (le ticket fait la correspondance avec le métro par exemple). Nous avons joué les touristes classiques. Le récit de nos visites est en photos. Deux attractions font l’objet de chapitres séparés.

stockholm aux beaux jours

Ce n’était pas son jour

Le Vasa avait coulé dans le port de Stockholm 20 minutes après sa mise à l’eau en l’an 1628. Ce navire de guerre devait être à la hauteur de son commanditaire Roi Gustave II Adolphe : richement décoré, richement armé, plus haut que large pour être rapide et efficace. Avec sans doute un peu trop de tout ça, il a perdu l’équilibre à la première brise, s’est couché sur le côté et a sombré en quelques minutes.

Il est resté au fond du port pendant 333 ans avant que l’on réussisse enfin à trouver la technique pour le renflouer. Mais aussi pour le conserver. Il a encore fallu 17 ans d’arrosage au polyéthylène glycol pour que le bois finisse par trouver une certaine solidité et que l’épave puisse enfin être exposée au public. Mais grâce à tous ces efforts, c’est une merveille qui s’offre à nous, unique en son genre. 95% du bateau est d’origine. Difficile de croire quand on voit cette masse impressionnante devant nous, avec tous ces détails dans les sculptures que tout cela est resté plus de trois siècles sous l’eau.

Le vrai Vasa… tel que sauvé des eaux
…et sa maquette au 1/10 avec les couleurs originales

Les ABBA-jours heureux

Le groupe suédois le plus célèbre bénéficie d’un musée dans Stockholm depuis 2013. On y apprend tout sur l’histoire de leur formation, concrétisée en 1970, leur carrière fabuleuse pendant seize années où ils ont vendu plus de 160 millions de disques avant de se séparer en 1986 et de mener chacun une carrière solo. Mais le phénomène ABBA ne s’éteint pas pour autant, de nombreux groupes le font revivre, la comédie musicale puis le film Mamma Mia relancent les ventes. Un projet de spectacle avec les hologrammes des artistes est en cours. Le plus étonnant c’est que le site qui est dédié à ce projet vient tout juste de sortir, pile le lendemain de notre visite. Nous avons peut-être déclenché un truc en faisant une fausse manip sur nos audioguides ? Le lien pour les fans : https://abbavoyage.com/


Deux jours plus tard…

Partis au petit jour sous une pluie battante, nous avons fait une traversée express du sud de la Suède pour rejoindre Göteborg, deuxième ville la plus peuplée du pays. Mais nous vous raconterons cela plus tard, demain est un autre jour.

30. Arrivée en Suède

Bivouac de rêve entre 2 lacs. Calme absolu.

The Bridge, en vrai

Nous voici depuis quelques jours en Suède. Pour ce faire, nous avons pris le pont-tunnel de l’Øresund qui en 14 Km relie Copenhague à Malmö. Depuis le Danemark, on commence par descendre dans un tunnel et parcourir près de 4 Km sous la mer, avant de faire surface sur une île artificielle. Vient ensuite le pont, un magnifique pont à haubans de 8 Km de long, puis le péage, un peu plus de 60 € tout de même, ça fait cher du kilomètre. Nous nous consolons en apprenant qu’à 1 cm près (Roberto fait 5,99m de long) nous aurions payé le double !

Nous avons préparé cette traversée en regardant la série suédo-danoise The Bridge, dont l’intrigue policière se déroule autour du pont. Du coup la traversée avait une toute autre saveur. Côté Malmö, nous avons aussi admiré la célèbre tour torsadée devant laquelle loge l’actrice principale pendant la série.

Le tunnel côté danois
Le pont côté suédois
Vue aérienne un jour sans pluie…


Des plages blanches de monde

Quand c’est noir de monde, vous voyez bien ce que c’est. Eh bien là c’est tout simplement l’inverse. La météo n’est pas particulièrement clémente depuis notre arrivée en Suède, le ciel est gris les ¾ du temps, le crachin est régulièrement entrecoupé d’averses, et les températures tournent autour de 15°C, paraissant bien moins sous le vent soutenu. Du coup les plages sont désertes et d’apparence très sauvages, les nombreux petits parkings dans la forêt proche du littoral ne sont guère plus fréquentés. Il faut dire aussi que, malgré des campings semblant bien remplis le long de notre route, les vacances d’été sont quasiment terminées pour les suédois. Tant mieux pour nous !


Mégalithes méga-mystérieux

Les 59 menhirs du site d’Ale, tout au sud du pays, installées lors de la période Viking mais découvertes plus tard interrogent encore les archéologues. Disposées en losange, comme autour des tombes vikings, elles pouvaient être interprétées comme sépultures, mais aucun reste de ce type n’a été retrouvé. Monument en l’honneur d’un roi, lieu de rassemblement, tentative de communication avec l’au-delà ou encore calendrier solaire géant, tout est possible. Encore du boulot pour les futurs Indiana Jones, tout n’a pas encore été découvert, loin de là.


Absolue était mon ignorance

En terme de vodka en tout cas, car je pensais initialement que cette boisson alcoolisée était exclusivement russe. La case manquante de mon cerveau est à présent comblée depuis que nous sommes passés devant la maison-mère de la Vodka Absolut, produite à Ǻhus en Suède depuis 1879. Nous sommes arrivés trop tard pour la dégust.. euh la visite, qui de toutes façons faute d’attendre 3 jours aurait été en suédois, et c’est bien dommage car cette vodka se différencie apparemment des autres par un certain nombre de critères de qualité. Pour en savoir plus, notamment ce qui est gardé pour les hommes et ce qui est jeté aux cochons, lire ici.


Les moulins de Öland de Suède

De la ville de Kalmar qui échappera aujourd’hui à tout jeu de mots, nous avons rejoint par un pont pas trop loin l’île de Öland, dans le sud-est suédois. Son climat censé cumuler douceur et soleil attire parait-il les foules, mais nous n’avons vu ni les uns ni les autres. Pas même la famille royale qui y vient en villégiature l’été. Par contre nous avons aimé nous perdre au milieu des champs bordés de murets de pierres sèches bien taillées parsemés de moulins à vent. 350 pour une île de 1300 Km², c’est mieux que les Pays-Bas.


My name is Bond, Gunnar Bond

Bien que l’auteur de la saga 007 soit anglais, Gunnar Schäfer un suédois s’est passionné depuis le plus jeune âge pour l’œuvre de Ian Fleming et son célèbre héros. Pas par hasard, mais parce que comme lui son père était agent secret et a mystérieusement disparu alors que Gunnar n’avait que 2 ans. Après avoir vu son premier James Bond à l’âge de 8 ans, il commence très vite à collectionner tout ce qui touche à la saga et finit par ouvrir un muséum en lieu et place de son garage automobile. On y trouve outre les gadgets habituels un nombre impressionnant de véhicules, objets volants ou embarcations ayant servi aux différents tournages, bien mis en valeur avec à côté la projection de la scène de film correspondante. Le garage héberge tout de même quatre voitures de prestige (la Lotus de l’Espion qui m’aimait, l’Aston Martin de Casino Royale 2006, la Jaguar de Casino Royale 1967 et la BMW 1200 de Demain ne meurt jamais), la moto BMW de Demain ne meurt jamais, le long-tail-boat de L’homme au pistolet d’or, la célèbre gondole sur coussin d’air qui a traversé la place St Marc dans Moonraker, le scooter des neiges de Meurs un autre jour, le rickshaw d’Octopussy, l’autogyre de On ne vit que 2 fois, le Cessna 172 utilisé dans  Goldeneye et Permis de tuer, et enfin l’hydroglisseur de Vivre et laisser mourir que notre passionné a essayé dans son jardin le jour où il l’a reçu, vidéos à l’appui. Il ne manque guère que le téléphérique autrichien sur lequel s’accrochait Daniel Craig et peut-être encore la navette spatiale pilotée par Roger Moore, ce doit être juste par manque de place.

Le musée ne manque pas de rappeler que si aucun réalisateur ou aucun agent 007 n’a été suédois, 4 James Bond Girls sont originaires du pays. Leurs robes et bikinis sont bien sûr exposées. En fin de visite, on peut s’offrir un verre dans le bar du musée, champagne Bollinger ou Martini dry pour rester dans le ton bien sûr.

Gunnar Schäfer a poussé l’intégration jusqu’au bout, appelant Ian Fleming « Papa Fleming », réussissant à faire immatriculer ses voitures « JB 007 », « OO7 JB » etc. tout comme à obtenir des numéros de téléphone fixe ou portable se terminant par 007. Il a même en 2007 réussi à obtenir de la justice suédoise d’être renommé « James Bond Gunnar Schäfer ». Nous avons donc eu le plaisir de discuter avec James Bond, ça valait le déplacement.


C’est l’heure de se mettre au verre

Le Sjælland, cette région du sud-est de la Suède, est réputée de longue date pour son artisanat du verre. Nous avons visité la verrerie la plus ancienne du pays et toujours en activité depuis 1742, celle de Kosta Boda. Elle produit aussi bien des objets du quotidien (nombreuses boutiques très achalandées aux alentours) que des créations artistiques de toute beauté dont vous trouverez quelques échantillons ci-après.

Au fait c’est un suédois émigré aux Etats-Unis qui a créé le design de la célèbre bouteille en verre de Coca-Cola, gagnant ainsi un concours organisé par la firme en 1915. La Suède n’en est pas peu fière. Les critères étaient que, alors que la boisson était contenue dans des bouteilles banales, elle devienne typiquement reconnaissable, même les yeux fermés. Malgré l’ère du plastique, les bouteilles de Coca en verre restent bien présentes sur le marché, et viennent récemment d’être restylées (on ne sait pas si c’est par un Suédois). En Suède, toutes les bouteilles sont consignées, même celles en plastique. D’ailleurs les bouteilles de coca dans ce pays sont en plastique 100% recyclé depuis 2020.

De mon côté, j’ai participé dans le musée à un concours de design de mozaïque de verre. Je suis très confiant dans mes chances de gagner.


La petite ville aux allumettes

Le musée des allumettes de Jöngköping, premier bâtiment de la fabrique

La cité de Jöngköping est le centre du monde lorsque l’on parle d’allumettes. D’abord parce que c’est là qu’est née la première fabrique d’allumettes dites « de sûreté » en 1848. L’invention elle-même datait de 1805 mais n’avait pas été développée car il fallait pour allumer l’objet le tremper dans une solution d’amiante et d’acide sulfurique, autant dire que les gens ne trouvaient pas ça très pratique et même plutôt dangereux. Les premières allumettes inflammables par friction arrivèrent à partir de 1826, mais ne connurent pas non plus le succès tant les défauts étaient rédhibitoires : taille imprévisible de la flamme, tendance explosive, odeur forte, conservation en boîte hermétique, et surtout risque graves pour la santé des utilisateurs et surtout des fabricants (nécrose phosphorique souvent mortelle). En 1844, un suédois dénommé Gustaf Erik Pasch résolut le problème en inventant des allumettes qui ne s’enflammaient qu’au contact d’une bande située le long de la boîte et non plus sur une façade de mur ou dans une poche de pantalon. Et c’est en 1848 que ses copains les frères Lundström construisirent à Jöngköping leur première fabrique. Le bâtiment était tout en bois et la production fut vite déplacée dans un nouveau bâtiment en briques, moins inflammables. Quand on fabrique des allumettes, cela s’impose. Cela dit, la maison initiale est toujours là et sert aujourd’hui de musée, tandis que la fabrique, qui n’a cessé de se développer jusqu’à la fin du siècle suivant, n’a souffert d’aucun incendie mémorable. La maison mère assurait d’ailleurs le service d’incendie pour toute la ville. La production d’abord manuelle s’est peu à peu industrialisée, un magnat de la finance s’en est mêlé et la ville a été à un moment au cœur de la production de 70% du marché mondial d’allumettes. Mais après la seconde guerre mondiale la production a fait long feu, peut-être handicapée par l’arrivée du briquet de poche ou de l’allumage piezo-électrique. Il nous reste l’histoire, les méthodes de fabrication et les machines, bien exposés dans le musée.

Fabrication très rustique des premières allumettes par rabotage, réalisation de bouquets puis trempage manuel dans le combustible
Première mécanisation pour écorcer le frêne, le bois le plus adapté à la fabrication d’allumettes
Passage à l’ère industrielle. Cette machine pouvait produire 400 000 paquets par jour
Les toutes premières boîtes
… avant l’exportation mondiale

Tout ce mal pour ensuite couper les bouts des allumettes et en faire ensuite des châteaux !

Allez, c’est le moment de reprendre la route pour d’autres découvertes. A très bientôt !