144. Derniers jours à Buenos Aires

Eh oui, nous sommes encore dans la capitale pour quelques jours, avant de prendre le ferry pour l’Uruguay, à une cinquantaine de kilomètres de là.

Buenos Aires jour 11

Cette journée sera consacrée au street-art. Nous avons repéré dans notre guide Lonely Planet un parcours dédié à une demi-heure de bus de notre appartement. Arrivés au premier emplacement, rien de visible sinon une palissade qui pourrait indiquer que l’immeuble support de l’œuvre recherchée a été démoli. C’est un peu le problème en général avec ces fresques murales, c’est qu’elles ont une durée de vie limitée. Soit dégradées par le temps, et en fonction du climat cela peut être assez rapide, soit recouvertes par autre chose, genre graffitis ou affiches publicitaires, soit cachées par une autre construction ou encore perdues par cause de démolition du support. Au total, sur les 5 œuvres décrites dans le guide, je n’en retrouverai qu’une, et encore bien délavée par les intempéries. Mais heureusement, le parcours fait passer par des rues propices à cet art. Assez souvent, lorsqu’une œuvre de street-art est réalisée, on en retrouve d’autres à côté, par contagion. Parfois c’est tout le quartier qui s’y met ! Voici donc ci-dessous une petite sélection de ce que nous avons trouvé.


Buenos Aires jour 12

La boisson mystérieuse

Elle est partout et nulle part. Présente chez 98% des foyers argentins, bue par 90% de la population y compris largement dans l’espace public, et pourtant on ne la trouve jamais sur les cartes des bars ou restaurants. Et presque 2 semaines après notre arrivée en Argentine, nous n’avons pas encore réussi à y goûter. Incroyable, non ?


Buenos Aires jour 13

Vous le voyez bien sur les photos, le temps est plutôt au beau depuis notre arrivée, au pire nuageux mais il n’a plu qu’une seule journée en 13 jours, ce qui nous a conduit à visiter le musée de l’immigration. Nous attendions depuis (sans le souhaiter pour autant) l’arrivée d’un nouveau jour de pluie pour aller visiter avant notre départ de Buenos Aires un ou plusieurs autres musées que propose la ville. Ce qui explique le rush final, le mauvais temps n’ayant pas eu l’honneur de se faire connaître.

> Le musée de l’immigration

A l’instar de son homologue américain à Ellis Island, ce musée est installé dans l’ancien Hôtel des Immigrants de Buenos Aires, là où les arrivants étaient accueillis, nourris, hébergés et soignés si besoin. On ne parle pas de l’immigration initiale des Espagnols au XVIe siècle, ni de l’immigration forcée des esclaves africains entre le XVIIIe et le XIXe siècle, mais de l’immigration massive des Européens, principalement Italiens et Espagnols, entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. Cette immigration souhaitée a même été inscrite dans la constitution par les Argentins qui avaient besoin de bras après le boum économique qui a suivi l’indépendance du pays. On retrouve bien sûr des photos de cette période, ainsi que des témoignages des familles d’immigrés qui racontent les difficultés rencontrées à l’arrivée. Les archives sont encore régulièrement consultées aujourd’hui par les descendants d’immigrés qui cherchent à savoir quand et par quel bateau leurs parents sont arrivés.


> Le musée des Beaux Arts

Il abrite la plus grande collection d’arts d’Argentine, avec plus de 12 000 œuvres, qui ne sont pas toutes exposées en même temps bien sûr. Beaucoup de peinture, avec une part belle faite aux artistes français (il parait que nous sommes beaucoup aimés dans ce pays, même en dehors de l’art !) mais aussi, naturellement, à ceux du pays. Côté sculptures, pas mal d’œuvres aussi, beaucoup de statues en bois récupérées dans des églises dont certaines datant du Moyen-Âge, et une pièce entière consacrée à Rodin. L’art contemporain n’est pas oublié avec ses aspects parfois bizarres.


> Le musée Sivori

Déjà pour y parvenir, on longe un joli parc, avec plan d’eau, petits ponts, statues, roseraie et toute une colonie d’oies assez pacifiques

Totalement ignoré de Trip Advisor mais pas de notre guide Lonely Planet, le musée Sivori, dédié aux arts plastiques, est limité actuellement à des expositions temporaires. Dommage car le fonds de 5000 œuvres était prometteur. L’artiste du jour était Alicia Orlandi (1937-2022) avec pour thème « Lucidité géométrique. Estampes, peintures et monotypes ». Art abstrait, figures géométriques entre peinture et gravure, ça peut plaire ou pas. A nous ça nous a plu !


Les deux ci-dessous sont d’un autre auteur dont j’ai oublié le nom…

Au fait, les deux derniers musées étaient gratuits.


Buenos Aires jour 14

Nous quittons l’Argentine aujourd’hui à bord d’un ferry qui va nous conduire en 1h15 à Colonia del Sacramento en Uruguay. Une ville pleine de promesses d’après notre guide, que nous visiterons toujours privés de Roberto pour cause de croisière transatlantique. Nous n’aurons vu que Buenos Aires, mais avec une durée de séjour bien supérieure à la moyenne des visiteurs. Et puis nous retournerons en Argentine dans quelques mois. Il nous reste tellement à voir !


Et Roberto ?

Eh bien apparemment toujours dans son cargo, il longe actuellement le nord-est brésilien pour arriver sous peu à Santos, près de Sao Paulo. Normalement, ce devrait être la dernière escale avant Montevideo. Il est temps pour nous de rejoindre l’Uruguay. A très bientôt pour la visite de Colonia del Sacramento !

143. Toujours chez les Porteños

Pendant que Roberto poursuit sa traversée de l’Atlantique, nous continuons d’explorer la capitale de l’Argentine.

Buenos Aires jour 5

Samedi, jour de marché : nous nous rendons à celui de San Telmo (un quartier de Buenos Aires) en service depuis 1897. A l’origine, il s’agissait de nourrir les nombreux immigrants qui arrivaient dans la ville. Depuis, s’il a conservé une importante activité de restauration ou de vente de produits alimentaires, il comporte aussi pas mal de boutiques d’antiquaires. On n’y trouve pas – ou alors il faut bien chercher – de babioles ou d’artisanat pour touristes étrangers. L’authenticité domine donc, et le marché est en grande partie fréquenté par les Porteños (les habitants de Buenos Aires).

Nous avons pris plaisir en arpentant les 13 000 m² du bâtiment tout en poutrelles métalliques et verrières, et – comment ne pas résister en voyant cuire au gril les imposantes pièces de bœuf – nous y avons déjeuné. L’occasion de confirmer la réputation de la viande argentine, d’une cuisson parfaite et d’une tendresse incroyable, au point que l’on puisse couper la viande avec une cuiller ! Nous n’avons pas essayé faute d’avoir le couvert sous la main, mais regardez la vidéo ci-dessous.


Buenos Aires jour 6

> Les bus c’est tout un programme

Nous partons en bus pour visiter La Boca, un quartier de Buenos Aires. On ne peut prendre le bus qu’avec une carte rechargeable, le chauffeur ne vendant aucun ticket. Une particularité des bus porteños, c’est qu’il faut annoncer sa destination au conducteur. Non pas pour qu’il pense à stopper au bon endroit (pour cela il faudra comme en France appuyer sur le bouton « prochain arrêt ») mais pour qu’il charge le lecteur de carte avec le bon tarif. Ensuite il n’y a plus qu’à apposer sa carte sur l’appareil pour être enregistré et débité. On peut utiliser la même carte pour 2 personnes. Les tarifs sont modiques, de l’ordre de 0,50 € pour chaque trajet. Après, on a ce que l’on mérite : les bus roulent à toute allure au point que les gens se penchent dans les virages, le freinage aux arrêts se fait à tout moment. J’ai même vu un bus klaxonner une voiture de police juste devant qui ne démarrait pas assez vite au feu vert ! Autant dire qu’ils ont tous les droits, y compris de ne pas stopper si vous êtes à 20 mètres de l’arrêt.

Les bus sont nombreux et ... rapides, parfois un peu trop !
Les bus sont nombreux et … rapides, parfois un peu trop !

> La Boca et ses maisons colorées

Nous sommes tout de même arrivés en vie à La Boca, ce quartier plein de couleurs. Les habitants à l’origine, vers 1880, étaient principalement des immigrés espagnoles et italiens, recrutés par le port local pour entretenir les bateaux et les charger en viande, la principale exportation du moment. Ils avaient pris l’habitude de peindre leurs maisons en tôle ondulée avec les restes de peinture pour bateaux, généralement des couleurs très vives. Et comme c’était des fins de pots, la porte n’avait pas forcément la même couleur que la fenêtre ou les murs. Et puis le temps a passé, les baraques en tôle ont partiellement été remplacées par d’autres en béton, mais tout aussi bariolées. Et puis des touristes sont venus et ont adoré le lieu, bien plus gai que les tristes couleurs du centre-ville de Buenos Aires. Vous connaissez la suite : les bars et restaurants ont remplacé les petites boutiques initiales et tout a été fait pour soutirer quelques pesos aux touristes. Jusqu’à installer sur les balcons des effigies de Maradona, Messi ou encore du pape François, les 3 fiertés de la nation, afin que les gens s’y fassent prendre en photo, moyennant finances bien sûr. Ou encore attirer les chalands dans tel ou tel restaurant avec un couple de danseurs de tango. Cela dit, nous ne sommes pas en haute saison touristique et l’affluence était raisonnable, voir quasi nulle dès que l’on s’éloignait un peu de l’hypercentre. Et esthétiquement, tout ça est superbe et très photogénique.


> La Fàbrica Colon

Le grand Théâtre Colon du centre de Buenos Aires, une icône de la culture argentine proposant des spectacles d’opéra et de ballets, a cette particularité de fabriquer lui-même tout ce qui est nécessaire à la scénographie, entre autres décors et costumes. Tout cela se fait dans un hangar immense de La Boca, qui n’est ouvert au public que depuis 2021. On y trouve des maquettes de décors miniatures, mais surtout des décors d’opéra qui ont réellement servi. Une douzaine peut-être, avec pour chacun des mannequins devant exposant les costumes de scène et un écran diffusant des vidéos des spectacles au moment où ils étaient actifs, ou encore sur la fabrication des décors et des costumes. Un travail titanesque qu’il était dommage de ne pas montrer jusqu’ici.


Buenos Aires jour 7

> Un cimetière payant !

Alors là c’est bien la première fois que nous avons à payer pour entrer dans un cimetière. Enfin c’est le « privilège » des seuls touristes. Près de 15 € quand même, nous étions à deux doigts du boycott. Alors que dans le monde on parle beaucoup en ce moment de taxes réciproques, il serait peut-être temps d’en faire de même pour les attractions touristiques françaises. Allez hop, 15 € pour les Argentins qui se présentent au Père Lachaise, 40 € pour les Turcs qui visiteraient Notre-Dame, etc. Non mais !

Le cimetière de Recoleta, en plein cœur de Buenos Aires, est le lieu de repos final des familles les plus riches et/ou les plus célèbres de l’Argentine. Ça se bouscule même un peu pour caser les nouveaux arrivants, le cimetière n’étant pas extensible. Conséquemment, les allées de circulation en dehors des artères principales sont relativement étroites. Les tombes sont des plus hétéroclites, allant de la grotte en pierres grossières aux mausolées de marbre garnis de statues, en passant par de véritables ruines aux vitre cassées et cercueils exposés, signant une descendance absente ou radine. Vu le nombre de présidents, de scientifiques et d’artistes inhumés là, les groupes de collégiens ou lycéens sont nombreux à visiter, c’est là une bonne façon d’apprendre l’histoire du pays.

La tombe d’Eva Perón est la plus visitée, voir la seule pour les groupes pressés. Mais quelques autres ont une histoire intéressante, comme celle de Rufina Cambacérès, jeune fille de 19 ans enterrée vivante, ou celle de Tomàs Guido, un général argentin, bâtie à la main par son fils avec des pierres venues de la Cordillère des Andes pour respecter la volonté de son père d’être enterré sous une montagne que ses troupes avaient difficilement traversée. Ce qui n’a pas empêché les autorités d’outrepasser cette dernière volonté en transférant le corps du général dans la cathédrale métropolitaine de Buenos Aires. Y a pas de respect !


> Un petit truc en plus

C’est ce que devait avoir l’artiste argentin Xul Solar (1887-1963) tant il a été fasciné par l’occulte, le mystique et le divin au cours de sa carrière. Son rêve de réformer et de perfectionner l’univers situe tout de suite le personnage. Souhaitant créer une langue universelle il a tenté d’abord le néo-criollo, sorte de mélange d’espagnol et de portugais avec des touches de français, d’anglais, de grec et de sanskrit. Malgré ses 64 écrits et sa fluence dans cette langue, ça n’a pas marché. Il a conçu alors une langue plus complexe, la pan-lingua, monosyllabique et sans grammaire – ça c’était plutôt bien – mais reposant sur une écriture et un système numérique duodécimal trop complexe pour nous autres n’ayant pas le truc en plus. Il a aussi inventé et/ou modifié des instruments de musique, des jeux, des règles de sport pour les rendre selon lui plus faciles à apprendre. Mais son piano à 3 rangées de touches colorées, sa version spirituelle du jeu d’échecs avec un échiquier de 13 cases de côté, et son football à 4 ballons sur un terrain à 6 ou 12 secteurs on eu un peu moins de succès qu’il n’en espérait. Quant à ses peintures peuplées de personnages fantastiques, de paysages cubistes et de mondes parallèles, Claudie est restée dubitative tandis que moi j’ai bien aimé. A vous de vous faire une idée sur la sélection ci-dessous.


Buenos Aires jour 8

Un peu de tout, un titre comme un autre pour les images inclassables… mais néanmoins commentées


Buenos Aires jour 9

En ce week-end pascal, nous sommes allés visiter un parc d’attraction. Quel rapport ? me direz-vous, eh bien justement il y en a un : ce parc d’attraction serait le seul au monde basé sur la Bible. Il s’appelle d’ailleurs Tierra Santa, que vous n’aurez aucun mal à traduire. On n’y trouve qu’un seul manège, un petit carrousel, mais les gens ne viennent pas pour ça. Dans une sorte de Jérusalem reconstituée, on expose ou on joue carrément certaines scènes bibliques, avec l’exagération habituelle des latino-américains : le spectacle vivant retraçant le chemin de croix de Jésus depuis son arrestation jusqu’à la crucifixion était très sanguinolent. Cela impressionne les enfants, mais dans un cadre plutôt gai, une bonne façon sans doute de faire passer le message. A noter que le pape François est venu en personne inaugurer le parc en l’an 2000.


Buenos Aires jour 10

Voici deux ans, nous étions au Guatemala à Antigua pour les fêtes de Pâques. Les tapis de fleurs et les processions étaient extraordinaires. Nous nous attendions dans un pays de même culture latine et catholique à retrouver des évènements similaires. Il n’en est rien. Peut-être que la capitale est trop cosmopolite pour cela. Il y a bien eu quelques processions par ci par là, mais presque discrètes et uniquement le soir. Nos sorties du vendredi et du samedi saint nous ont montré qu’il s’agissait principalement de jours fériés : très peu de voitures dans les rues et pas mal de monde sur les zones piétonnes ou dans les espaces verts. Beaucoup de bars et de restaurants ouverts complètent cette sensation de repos hebdomadaire ordinaire. Naturellement, tous les musées sont fermés. L’écopark de la ville, étonnamment, avait lui aussi fermé ses grilles. Alors nous avons fait comme tout le monde, une petite balade tranquille, permettant encore de dénicher quelques curiosités, et aussi un peu de street art. Attention, rien à voir avec le Mexique, expert en la matière.


Et pendant ce temps là …


Adios

Au moment où je termine cet article, nous apprenons le décès du pape François, natif de Buenos Aires. Le président argentin vient de décréter 7 jours de deuil national. Rappelons qu’il avait inauguré en l’an 2000 le parc Tierra Santa que nous avons visité avant-hier.


Nous prévoyons de rester encore quelques jours en Argentine, avant de rejoindre en ferry l’Uruguay. La visite de Buenos Aires n’est donc pas encore tout à fait terminée. On en reparle tès vite. A bientôt !

142. Nouveau départ

Après une halte trimestrielle dédiée à la famille et aux amis bien placés géographiquement (désolés pour ceux de la moitié nord du pays), mais aussi à une remise en forme de Roberto, nous voilà repartis sur les routes du monde, La boucle 2025-2026 sera consacrée à l’Amérique du Sud. Oui, il nous faudra bien deux années pour visiter ce sous-continent, en incluant quelques allers-retours familiaux devenus indispensables depuis l’arrivée de nos petits-enfants.

Préparation et expédition de Roberto

Nouveau départ pour Roberto
Installation des panneaux solaires avec Christophe

Après 3 ans et demi et 121 000 km passés sur des routes, des chemins, plus rarement des plages ou du sable volcanique, Roberto avait besoin de se refaire une santé. Nous avons choisi une location proche de nos enfants, ce qui nous a permis de vider complètement notre véhicule et dans un premier temps de le nettoyer en profondeur, ce qui aurait été difficile en continuant à habiter dedans. Il a fallu ensuite resserrer un certain nombre de vis d’assemblages des menuiseries, qui avaient pris un peu de jeu avec les vibrations de la route. Le joint du lanterneau avait un peu souffert du soleil et des écarts de températures, entraînant de petites fuites par pluie de travers. Il a été refait. La moquette a été remplacée. La plus grosse partie a été de remplacer les panneaux solaires. Au final le choix des panneaux souples, guidé par leur légèreté et leur discrétion, s’est avéré non judicieux. Agressés par la chaleur de la tôle sur laquelle ils étaient collés, ils ont perdu beaucoup de leur capacité, voire même totalement pour l’un d’entre eux. Mon ami Christophe (merci encore) et moi-même avons installé 5 nouveaux panneaux de 200W chacun, en rigide bien sûr. Un nouveau régulateur a été mis en service, me permettant de contrôler via Bluetooth la production en cours, ce que ne me permettait pas le précédent, et m’a permis de vérifier que tout fonctionnait au mieux. Nous retrouvons le plaisir d’utiliser à volonté la bouilloire ou le micro-ondes, sans avoir à se soucier de la charge de la batterie. Nous avions anticipé d’un mois le contrôle technique des 4 ans, afin de vérifier que tous les points de sécurité étaient conformes.

Roberto en pause sur la route d’Anvers. On remarque à peine les nouveaux panneaux solaires qui dépassent pourtant de 4 cm du niveau précédent

Pour l’expédition, nous avons trouvé un nouveau prestataire, Wave Logistics, basé à Montevideo en Uruguay, et logiquement plus compétitif pour cette destination. En outre, ils se chargent de trouver eux-mêmes un colocataire de container, ce que ne font pas les autres. Voyager en container permet a priori d’éviter le risque de vols que nous avions connu lors de notre première traversée vers le Mexique. Roberto fera donc la traversée Anvers-Montevideo dans un container 40 pieds réhaussé. Il a fallu mesurer la hauteur et la largeur précise de Roberto afin de vérifier que l’on passait la porte d’entrée du container. Ça s’est joué à 2 cm en haut et de chaque côté à condition de rentrer les rétroviseurs. J’ai conduit Roberto à Anvers le 24 mars, pour un départ prévu le 31 et une arrivée à Montevideo le 26 avril. Mais le navire qui devait embarquer notre container aurait « oublié » de s’arrêter à Anvers et nous sommes reportés sur le suivant avec une dizaine de jours de retard. A vrai dire, aucun de nos 3 shippings n’a respecté son planning, ça semble assez courant hélas.

La grosse pince s’apprête à attraper Roberto pour le mettre dans le container *
Roberto dans son container : ça rentre juste juste juste ! – * la « grosse pince » était une blague bien sûr !

Préparation et expédition de Claudie et Jean-Michel

La plupart des voyageurs venant récupérer leur véhicule à Montevideo ne vont pas attendre directement dans cette ville. Il est plus opportun de se rendre d’abord à Buenos Aires, où il y a davantage à s’occuper, puis de rallier la capitale uruguayenne en ferry. C’est donc ce que nous avons programmé. Claudie a largement préparé le début de notre itinéraire en Amérique du Sud, épluchant et notant soigneusement les points d’intérêt, tout ça pendant que je m’occupais de Roberto.

Et nous voilà donc partis ce 7 avril sur un avion d’Air France, avec un billet aller-simple à 166 € chacun en utilisant nos miles. Un tarif plutôt doux pour un trajet de plus de 13 heures ! L’aller simple est à mon avis la meilleure façon d’utiliser les miles, car le nombre nécessaire pour un aller simple est juste la moitié d’un aller-retour, alors que pour les billets standards, l’aller simple avoisine souvent les 60-70% de l’aller-retour. Dans la foulée, réservant un hôtel à Buenos Aires avec Booking, Claudie a profité de ses points bonus pour bénéficier d’un taxi gratuit depuis l’aéroport. Confirmé dans les règles. Le chauffeur nous attendrait même dans le hall des arrivées avec une pancarte à notre nom. A l’heure où j’écris, nous sommes encore dans l’avion. Le dénouement ne sera connu que dans quelques heures…

A l’arrivée à l’aéroport de Buenos Aires, le conducteur de taxi nous attendait effectivement avec sa pancarte. Très aimable, il nous a décrit les points d’intérêt tout au long de notre trajet d’environ 35 km jusqu’au centre-ville. Avant de nous déposer devant notre hébergement. Nous découvrons un superbe hôtel dans le style colonial, comme nous aimons. C’est souvent moins confort que dans les grandes chaînes – nous allons découvrir notamment l’absence d’eau chaude et aussi faire tomber la tringle en fermant l’un des rideaux – mais nous préférons de loin ces bâtiments avec beaucoup de cachet. Nous nous effondrons rapidement : il est minuit heure locale, mais cinq heures du matin pour la France.


Découverte de Buenos Aires

Buenos Aires jour 1

Nous partons découvrir notre quartier aux constructions très hétéroclites. Normal car la ville a connu de nombreuses influences au cours de son histoire. Espagnole bien sûr jusqu’à l’indépendance du pays en 1810, mais aussi anglaise (brève tentative d’occupation en 1806 et 1807), italienne (3 millions d’immigrants entre 1857 et 1940) et française (une certaine francophilie a conduit à importer des mesures éducatives, architecturales et économiques). Il en ressort un mélange pas très heureux de constructions quelconques et pas très entretenues, de bâtiments anciens de style colonial espagnol (murs massifs, arches simples, peu de couleurs), baroque, néoclassique, art nouveau et contemporain avec des tours de verre qui poussent partout.

De façon plus pragmatique, nous allons aussi retirer de l’argent au distributeur avec nos cartes de crédit dites « sans frais à l’étranger ». Le terme est quelque peut trompeur puisque cela ne compte que pour la banque française qui les délivre. Les banques locales prennent leur propre part. Et les banques argentines sont très très gourmandes puisqu’elles prélèvent 25% du montant retiré ! Nous allons changer de méthode et tenter d’utiliser les services de Western Union pour le cash. Et bien sûr continuer comme nous avons l’habitude de faire à régler nos dépenses en priorité avec nos cartes de crédit. Tout en sachant qu’en Argentine, l’efectivo (les espèces) est roi, affichant régulièrement de fortes réduction si l’on paie cash ou de fortes majorations si l’on règle par carte. Il nous faut aussi gérer un taux de conversion pas très pratique, à savoir diviser les prix par 1360 pour convertir en euros. J’ai quand même trouvé qu’en divisant par mille puis en enlevant un quart au résultat obtenu on avait quelque chose d’approchant, évitant de sortir la calculatrice… Côté téléphone, nous bénéficions encore des 35 Go d’internet à l’étranger de nos forfaits Free, profitons-en car en Uruguay ce ne sera plus le cas.

En fin de matinée, nous avons l’immense plaisir d’être rejoints par Clémentine, la nièce de Claudie, une grande voyageuse qui est pour quelques mois en Amérique du Sud, avec notamment l’objectif d’apprendre le Portugais au Brésil. Déjà sur place, elle a bien voulu reculer son départ de 2 jours afin de passer quelques heures avec nous. C’est toujours très agréable de partager nos visites. Clémentine qui connaissait déjà un peu la ville nous a emmenés dans ses quartiers préférés, notamment près du port.

Et en fin de journée la bonne nouvelle :


Buenos Aires jour 2

> Une librairie d’exception

> Un Musée de l’eau et de l’assainissement

> Des manifs


Buenos Aires jour 3

> Balade un jour de grève

> De la fleur au camembert

La jolie fleur du carrousel ci-dessus est celle d’un kapokier, un arbre qui pousse volontiers dans les zones subtropicales. Elle n’a guère d’autre utilité que de se faire jolie pour attirer les chauve-souris qui la pollinisent. Le fruit en résultant s’ouvre à maturité produisant une espèce de boule cotonneuse appelée kapok. Ces fibres sont très utiles, quand on n’a plus de billets, pour rembourrer les matelas. A condition d’enlever les graines pour ne pas reproduire l’histoire de la princesse au petit pois. Accessoirement on peut faire de l’huile avec ces graines, mais le plus intéressant est le bois de l’arbre qui est utilisé pour faire du contre-plaqué ou des boîtes à camembert. C’est pour cette raison que le kapokier est aussi connu sous le nom de fromager. Vous savez, cet arbre dont les racines enveloppent si bien les temples d’Angkor.


Buenos Aires jour 4

> Où l’on découvre un café au charme d’antan, une tiny house et une petite fille espiègle


Comme c’est demain dimanche, j’arrête là le premier article de ce nouveau voyage. Il en sera plus court à lire. A très bientôt pour la suite !

141. Berlin

Sortis d’Autriche, nous filons directement vers Berlin, où nous avons rendez-vous pour Noël avec notre fille aînée. 5 grosses journées sur place nous permettront de bien nous imprégner de la ville et de ses spécificités, avec une mention spéciale pour les évènements de 1989. Après quoi, nous rejoignons nos autres enfants, dans un retour express de 1750 km qui clôturera cette boucle européenne du centre et du Sud-Est.

Parcours Allemagne surtout Berlin
Notre parcours en Allemagne, qui s’est centré essentiellement sur Berlin. Pour les adeptes du zoom, c’est ici.

Gare à la vignette !

Tout comme la France, de plus en plus de grandes villes en Allemagne ont défini une zone à faible émission de particules où seulement les véhicules les moins polluants peuvent circuler. Comme un fait exprès, l’endroit où nous avons prévu de résider est en plein dans cette zone. Et évidemment, nous ne découvrons cette obligation d’afficher une vignette verte sur son pare-brise qu’au dernier moment. Il est possible de faire faire cette vignette en ligne, mais elle est alors expédiée 3 à 5 jours plus tard à l’adresse indiquée sur la carte grise. Ni le délai ni l’adresse de livraison ne nous arrangent. En fouillant bien sur le net, nous découvrons que les centres Dekra de contrôle technique sont susceptibles de nous fournir la fameuse vignette. Nous tentons le premier centre sur notre route, qui nous fournit le précieux sésame en une dizaine de minutes. Ouf ! A noter que Roberto est aux normes Euro 6. En dessous d’Euro 5, nous n’aurions pas pu circuler dans Berlin.


Berlin by night

Nous arrivons en fin de journée dans la capitale allemande, et profitons au passage des nombreuses illuminations de Noël. Grande roue, manèges et marchés sont bien au rendez-vous pour le plaisir de nos yeux.


Les ours

L’ours est l’emblème de la ville depuis le Moyen-Âge et figure d’ailleurs sur son drapeau. Curieusement les historiens hésitent encore sur l’explication. Le lien provient-il du grand nombre de ces plantigrades dans la forêt sur laquelle s’est construite Berlin, ou bien serait-ce un simple jeu de mots avec le premier nom de la ville, Bärlein ? Bär se prononce « bère » en allemand et signifie ours, tout comme le bear des anglosaxons. En tout cas, on trouve ces ours sympathiques presque à chaque coin de rue.


Tout sur la curry wurst

Ce plat est typiquement allemand et provient de la période après-guerre où les aliments étaient rares et peu goûteux. Le nappage d’une sauce pimentée appelée chilup (mélange de chili et de ketchup) résolut partiellement le problème et l’habitude est restée dans les mœurs, surtout quand on connait l’importance de la saucisse dans la cuisine germanique.

Servie parfois dans les restaurants, la curry wurst est plus souvent consommée dans la rue, préparée par de petits stands. L’un d’eux, dans un marché de Noël, a attiré notre attention par ses combos surprenants. A découvrir dans les photos ci-dessous.


Les tuyaux

Ces tuyaux généralement roses ou bleus, presque aussi nombreux que les ours, surprennent dans une ville moderne. On aurait presque l’impression de se trouver dans une immense usine ! Bien entendu, il ne s’agit pas d’une simple œuvre géante de street-art. La ville ayant été construite sur des marais et une nappe phréatique peu profonde, il est nécessaire de pomper en permanence l’eau proche de la surface, faute de quoi les rues pourraient être inondées tout comme les chantiers de travaux. Cette eau est ensuite rejetée dans les cours d’eau qui traversent la ville.


Désaffection


Le mur

Érigé le 13 août 1961, il a longtemps été le symbole de la division entre l’Est et l’Ouest et de la guerre froide. Je débutais ma carrière professionnelle au moment de la chute le 9 novembre 1989, et les images télévisées occupent encore une place dans ma mémoire. Il reste encore plusieurs tronçons de ce mur dans Berlin, le plus long faisant tout de même 1,3 km et livré aux artistes du monde entier pour la réalisation de fresques célébrant la paix ou commémorant les souffrances passées. En voici quelques échantillons, plus ou moins célèbres.


Le détail qui tue


Berlin au fil de l’eau

Tout sur la rivière Spree qui traverse la ville sur 40 km et les 1500 ponts que compte Berlin


Berl’insolite

Ce sont toutes ces petites choses que l’on remarque en flânant dans la ville, des détails qui intriguent, des œuvres d’art dont on ne découvre l’explication, si elle n’est pas fournie sur place, qu’en consultant le guide ou Internet.




Un petit tour au Musée

Les musées ne manquent pas à Berlin, mais leur visite ampute le programme des découvertes à pied de la capitale. Nous nous sommes limités à un seul, le Musée allemand de la technique. Je ne saurais pas trop vous dire pourquoi celui-là et pas un autre. Peut-être que l’avion au-dessus de la porte d’entrée nous a séduits, peut-être que nous avions besoin de nous réchauffer à ce moment-là ? Qui sait… Le musée lui-même est immense, occupant plusieurs étages de plusieurs bâtiments. Là aussi, il a fallu faire des choix. En voici en tout cas un aperçu en 10 photos.


La voiture du peuple (de la RDA)

Évoquer la Trabant procure des frissons à de nombreux habitants de l’ex-Allemagne de l’Est. Malgré sa carrosserie en résine et carton, malgré ses pannes fréquentes, la persistance de la disponibilité des pièces détachées, malgré l’attente parfois interminable (jusqu’à 15 ans !) pour s’en procurer une, la voiture culte circule encore en plus de 12 000 exemplaires. Nous avons visité le petit musée qui y est dédié et flâné devant le « Trabiworld » qui propose des safaris en ville au volant de Trabant volontiers relookées en zèbres ou en léopards.


Encore du street-art !

La riche histoire de la ville, notamment les évènements des années 90, donne une abondance de sujets exploitables par les artistes de rue. Les vestiges du mur leur donnaient déjà un espace important. Mais sans doute par contagion, les quartiers voisins sont bien décorés aussi. A vous de voir, il y en a pour tous les goûts.


Clap de fin

Après l’agréable découverte de Berlin, qui résume notre parcours en Allemagne, nous gagnons très vite, en 4 jours et beaucoup d’autoroutes, le sud-ouest de la France pour y rejoindre le reste de la famille. Ce dernier tronçon clôt, en même temps que l’année 2024, notre longue boucle en Europe centrale et du Sud-Est. Après les fêtes, nous commencerons à préparer sérieusement notre nouveau voyage qui devrait démarrer au printemps 2025.

N’hésitez pas à lancer la vidéo si Roberto semble scotché à son point de départ !

Merci à tous nos lecteurs, fidèles ou occasionnels, de vivre un peu avec nous cette exploration du monde. A bientôt pour de nouvelles aventures !

140. Autriche

Hasard de la route, c’est par sa capitale Vienne que nous abordons le pays. Plus nous allons vers l’Ouest de l’Europe, meilleure est la qualité des infrastructures, mais en contrepartie, plus le coût de la vie et du gazole augmente. Et plus la différence avec la France en termes de paysages et de culture s’amenuise. Notre appétit de découverte sera-t-il satisfait ?

Notre parcours en Autriche
Parcours correspondant à cet article, en version zoomable ici

Autri-chiens

Entre la frontière et la capitale, nous faisons un arrêt technique à une laverie en self-service. Nous avons la surprise de constater que la moitié des machines et séchoirs est réservée aux effets des animaux domestiques, ce qui est effectivement une bonne chose car nous avons déjà pu constater dans des séchoirs des boules de poils qui n’avaient rien d’humains, suite à un probable lavage de couverture canine ou féline. Ici les animaux ont même droit à un bac pour se laver. A quand les douches pour humains dans les lavomatiques ? A bien y réfléchir, dans autrichien il y a … chien. Ceci explique peut-être cela.


Roulez vieillesse

Nous abordons Vienne par l’Est, ce qui nous fait passer tout près de la grande roue qui tourne presque sans discontinuer depuis 1897. Cet emblème de la capitale doit sa célébrité au film Le 3ème Homme tourné ici en 1949 et ayant reçu la Palme d’Or du festival de Cannes la même année. Nous avons revu le film à cette occasion, eh bien il n’a pas pris une ride.


Pluie = musée

Notre équation habituelle nous conduit au Palais du Belvédère, joyau de l’art baroque inspiré de Versailles construit au début du XVIIIe siècle, conçu dès le départ pour allier architecture, art et nature. Traversant rapidement les jardins affadis par l’hiver, nous gagnons rapidement l’intérieur. C’est évidemment magnifique, tant les pièces par leur décoration que les collections qu’elles abritent. Les dix photos qui suivent ne résument en aucun cas ce que nous avons vu – rien ne vaut un déplacement sur site – mais s’arrêtent juste sur quelques œuvres qui nous ont marqués.

Gustav Klimt est le peintre préféré des Viennois. Né et mort dans la ville (1862-1918) il a marqué la période Art Nouveau avec ses peintures symbolistes, ses portraits ornés de motifs dorés et ses fresques décoratives. Klimt a créé un style unique marqué par sa sensualité, son symbolisme et son utilisation audacieuse de la couleur et de la texture. Parmi ses œuvres les plus célèbres figurent « Le Baiser », « Portrait d’Adèle Bloch-Bauer I » et « L’Arbre de Vie ». Nous l’avons retrouvé exposé dans au moins 2 lieux distincts, le Palais du Belvédère et le Musée d’Arts Appliqués, mais ce ne sont probablement pas les seuls. Évidemment, les boutiques de ces musées fourmillent d’objets dérivés.


Des schnitzels aux knödels

Nous n’aurons que peu testé la cuisine autrichienne, et peut-être pas dans les restaurants les plus typiques, mais suffisamment pour en avoir une petite idée. En parcourant les menus, on voit bien que l’escalope viennoise, alias schnitzel, n’est pas un mythe et qu’elle peut se décliner avec toutes les viandes, du moment qu’elles sont coupées en tranches minces, panées et frites. Il est difficile de trouver un accompagnement sans pomme de terre, pâtes ou knödels, ces derniers étant proches de nos quenelles et pouvant être servis avec… des patates. Les saucisses sont également très représentées et volontiers servies avec du fromage, particulièrement dans les stands de rue. Les vins servis au verre que nous avons pu tester tiennent la route, tout comme la bière. Côté desserts, c’est l’opulence. Le plus emblématique est la sachertorte, inventée à Vienne en 1832 par un apprenti de 16 ans, Franz Sacher, qui remplaçait son chef pâtissier malade, pour être servie au prince de Metternich. Ce « gâteau de Sacher » est devenu une institution dans tout le pays et s’exporte même dans le monde entier. C’est une génoise au chocolat, fourrée de confiture d’abricot et recouverte d’un glaçage au chocolat, servie avec un peu de crème fouettée. Pour terminer le repas, le café reste incontournable, classiquement servi avec du lait.


Pluie bis = musée bis

Décidément la transition automne-hiver ne nous fait pas de cadeau. Alors nous changeons partiellement de registre pour nous intéresser au MAK, en Français le Musée des Arts Appliqués, installé dans un joli bâtiment néo-renaissance tout en briques. Les expositions sont très variées, aussi bien classées par période que par genre comme cet espace dédié au design ou cet autre à l’écoconstruction. Visite (partielle) en images :


Crèches insolites


Marchés de Noël

De plus en plus commerciaux, de plus en plus envahissants (Vienne en compte tout de même quatorze !), ils restent un endroit convivial et couru, y compris par des touristes étrangers qui débarquent par bus entiers. On vient à toute heure y déguster un vin chaud, ou plus typiquement un punsch de Noël, qui n’a rien à voir avec notre punch antillais. Il s’agit d’une boisson chaude associant un alcool quelconque avec un jus de fruit quelconque ou du thé quelconque, quelques épices et beaucoup de sucre. Elle est servie généralement dans un mug plus ou moins kitsch – les nôtres avaient la forme de bottes et une couleur rouge vif – consigné pour 3 ou 5 euros mais pas échangeable d’un marché à l’autre. Beaucoup de gens les récupèrent pour les collectionner. On grignote volontiers en accompagnement des marrons chauds, des amandes grillées, des galettes à l’ail, des pommes de terre au four ou des saucisses au fromage. Une particularité culturelle est qu’en Autriche, c’est plus souvent l’enfant Jésus, alias Christkindl, qui apporte les cadeaux que le Père Noël.


Sissi, emblème de l’Autriche

Nous visitons à Vienne un musée qui lui est consacré, et nous en donne une vision plus réaliste que le personnage interprété pourtant avec brio par Romy Schneider. Elisabeth von Wittenbach, une jeune fille de la noblesse allemande, épousa à l’âge de 16 ans François Joseph d’Autriche et devint rapidement impératrice d’Autriche et reine de Hongrie. L’adoration initiale des Autrichiens s’estompa quand ils découvrirent les difficultés de Sissi à respecter le protocole et ses fréquentes absences, et éventuellement sa passion pour la poésie, la mythologie grecque et …la gymnastique. L’impératrice ne se remit jamais par ailleurs du suicide de son seul fils (elle avait aussi 3 filles) et sombra dans la dépression avant de se mettre à voyager, notamment à Corfou où nous avions visité son palais : l’Achilleon. C’est après sa mort tragique à Genève que l’opinion publique commença à remonter, aidée en cela par le cinéma et l’analyse positive des historiens. Aujourd’hui les Viennois l’adorent de nouveau !


Crypte impériale

On y trouve les 149 tombeaux de la majorité des membres de la dynastie des Habsbourg, dont 12 empereurs et 19 impératrices (Sissi comprise). Pour tenir tout ce petit monde, il a fallu agrandir la crypte au fil des années et aller au-delà de la surface de l’église des Capucins située juste au-dessus. Les tombeaux largement sculptés, en zinc, cuivre ou fonte, renferment les corps sans le cœur (mis en urne et transporté dans la « crypte des cœurs » d’une autre église) ni les entrailles, inhumées dans les catacombes de la cathédrale de Vienne. L’endroit est évidemment emprunt d’une atmosphère étrange. Des visites nocturnes à la lueur d’une bougie seraient un must…


Cadeau de dernière minute

Les gadgets sont de plus en plus trompeurs. Parmi les cinq objets ci-dessous, lequel n’est PAS un ouvre-bouteille ?


Un petit tour à Steyr

Ni plus ni moins que la ville qui inspira La Truite à Schubert. Descriptif en images.


Steyr est aussi connue pour son musée de Noël, qui rassemblerait la plus grande quantité au monde de décorations de Noël, la collection d’une vie d’une Autrichienne locale : pas moins de 18 200 objets dont 14 000 destinés aux sapins, et 200 poupées et accessoires. Tout ça dans une petite maison de 3 étages dont les 2 derniers ne sont accessibles que par un petit train appelé « train de l’aventure ». Effectivement, les sièges-baquets qui basculent avant de prendre les escaliers sont un peu inquiétants !


Mauthausen

Même en cette période de fêtes, impossible de ne pas s’arrêter sur le site de Mauthausen, l’un des pires camps de la mort orchestrés par les Nazis. On envoyait ici non seulement les Juifs mais aussi les prisonniers politiques des pays occupés dans ce qui était appelé un camp de travail. Il s’agissait en fait de l’exploitation d’une carrière dans des conditions telles que la plupart des travailleurs mouraient pendant le travail, soit d’épuisement, soit par le jeu sadique de leurs gardiens nazis. 150 à 300 000 personnes ont été assassinées ici. Qui pense à eux pendant cette période festive ? Déjà que l’intérêt pour les conflits au Moyen-Orient et en Ukraine s’essouffle, que les morts des deux Guerres Mondiales n’intéressent plus que les cinéastes. Combien de mes lecteurs vont prendre 2 minutes de leur temps si précieux pour lire ce texte jusqu’au bout ?


La crème de la technologie …et du chocolat chaud

Nous voici à Linz, 3ème ville d’Autriche, qui serait à la pointe du secteur des nouvelles technologies. Difficile de le vérifier à notre échelle, mais facile d’imaginer le côté pratique de la chose : ça permet de faire oublier qu’Hitler est né dans le coin et a fréquenté les écoles de la ville. Nous en avons peut-être un aperçu en visitant l’ancienne cathédrale St Ignace où l’on peut avouer ses péchés dans un confessionnal futuriste et probablement bien isolé phoniquement avant d’acquérir de l’eau bénite en mignonettes pour se faire pardonner. A noter que le compositeur et enfant du pays Anton Bruckner y a été organiste pendant une douzaine d’années. La nouvelle cathédrale Ste Marie, la plus grande d’Autriche, nous a valu à la fois l’occasion d’admirer ses superbes vitraux et un PV de 35 € pour avoir dépassé de 5 minutes notre temps de stationnement… Eh oui, les nouvelles technologies servent à ça aussi ! Du côté des bonnes choses, signalons l’association gustative parfaite d’un vrai chocolat chaud viennois (celui que nous avions tenté à Vienne était une misère) et d’une Linzer torte, tarte traditionnelle locale dont la recette date de 1653, faite de pâte brisée additionnée d’amandes et de cannelle, recouverte de confiture de groseilles, d’un quadrillage de pâte puis d’amandes effilées. Pour le plaisir de l’esprit, nous nous sommes régalés des œuvres de street-art parfois géantes du quartier du port de la ville.



Mozartmania

Mozart est à Salzbourg ce que Napoléon est à la Corse : un enfant du pays devenu célèbre, érigé parfois en demi-dieu, surtout lorsque la manne touristique suit. De la maison natale où il a vécu 17 ans à celle où il a déménagé ensuite, de sa statue surveillant sa place, des chaussettes aux Playmobil, des concerts régulièrement donnés à l’académie de musique ou dans les châteaux ou églises, tout rappelle que le compositeur prodige est bien d’ici. On aurait même retrouvé et conservé son crâne quelque part. Et nous autres gourmands avons en tout cas trouvé ses boules. Regardez-vite les photos !

La ville elle-même vaut le déplacement pour son décor de carte postale : nombreux édifices baroques répartis de part et d’autre de la rivière Salzach, montagnes, châteaux et flèches d’églises en arrière-plan. Et plein de petites curiosités détaillées ou pas dans les photos qui suivent.


C’est ainsi que se termine notre parcours autrichien. Il nous restera une bonne partie du pays à visiter, il faut bien en garder un peu pour plus tard. Nous allons passer maintenant en Allemagne pour rejoindre notre fille aînée à Berlin. A bientôt pour cette prochaine étape.

139. Slovaquie

Voici le 37ème pays de notre périple avec Roberto. De taille modeste, la Slovaquie est onze fois plus petite que la France, et nous devrions la traverser assez rapidement. Nous retrouvons ici l’euro, donc la disparition des calculs fastidieux à réaliser pour les achats. Alors, côté touristique, qu’est-ce que cela donne ?

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Première ville slovaque

Notre première étape est Banska Stiavnica, une ancienne cité minière classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. L’exploitation des gisements d’or et d’argent a fait prospérer la ville entre le XIIIe et le XVIIIe siècle, la dotant de belles demeures aux façades décorées. La crainte des invasions ottomanes au XVe siècle lui a fait aussi construire un château et des remparts pour mieux se protéger, tandis que plusieurs églises et un calvaire renforçaient la ferveur catholique. La réputation dans l’exploitation minière a également conduit à la mise en place d’une académie des mines, enseignant l’art de la prospection, de l’extraction et du traitement des minerais. C’est devenu aujourd’hui un musée, que nous n’avons pas manqué de visiter.




Le village peint de Cicmany

Il y a 200 ans dans ce petit village de montagne, on protégeait le bois foncé des maisons avec de la chaux. Plutôt qu’un vulgaire barbouillage, les femmes qui fabriquaient en majorité de la dentelle reprirent les motifs de leurs ouvrages pour enjoliver les maisons. La concurrence s’y est mise et presque tout le village a recouvert sa maison de motifs blancs à la chaux. Procurant une harmonie architecturale qui fit classer la ville comme première réserve d’architecture populaire au monde en 1977. Et un afflux de touristes. Encore que lors de notre venue, le froid et le blizzard avaient apparemment dissuadé tous nos congénères et nous étions seuls dans les rues. Mais des maisons noires aux motifs blancs avec un ciel gris, ça rendait plutôt bien.


Bratislava et les 40 voleurs

Stationner dans les grandes villes ne s’improvise pas, surtout si l’on souhaite y rester la nuit et abandonner son véhicule toute la journée pour la découverte. L’application Park4night nous est d’une précieuse aide dans ces cas là. Mais ce que nous lisons sur les commentaires laissés par les précédents visiteurs ne nous rassure pas : les vols avec effraction sont manifestement fréquents sur les véhicules de loisirs. Un peu comme en Italie par exemple, mais nous y avions toujours trouvé des parkings sécurisés, ce qui n’est pas le cas ici. Voulant jouer la sécurité, nous décidons, et c’est la première fois depuis le début de notre périple, d’aller visiter la ville chacun notre tour pendant que l’autre s’occupe dans Roberto et veille sur lui.

Cela dit, même avec un temps plutôt maussade, la ville est plutôt agréable. Les rives du Danube, les bâtiments de styles variés dans le centre historique, les statues, le street-art par endroits et la faible fréquentation en dehors des marchés de Noël donnent une bonne impression qui contrebalance la mise en garde initiale.



À propos des marchés de Noël, peu de gens imaginent qu’ils peuvent avoir des conséquences négatives pour nous autres voyageurs nomades. Outre les places de stationnement occupées par ces cabanes en bois et autres manèges, réduisant donc les places de parking dans la ville, ces marchés défigurent à notre sens les grandes et belles places en masquant les somptueux bâtiments qui les bordent. Ils entraînent enfin un tourisme de masse que l’on ne verrait pas à cette époque de l’année dans les autres attractions des villes, et nous font perdre notre bénéfice de tranquillité hors saison. À l’inverse, nous trouvons les décorations et illuminations des rues et vitrines lors de ces fêtes de fin d’année plutôt avantageuses.


La Slovaquie, c’est déjà fini ! Nous avons maintenant une idée précise de Bratislava qui n’était jusqu’ici pour nous qu’un mythe maintenant transformé en ville modeste et accessible. La capitale du pays suivant devrait être d’une toute autre envergure. Et puis elle est toute proche : seulement 60 kilomètres nous séparent de Vienne. À nous l’Autriche !

138. Hongrie II

Nous voici de retour en Hongrie. Rappelez-vous, nous avions déjà traversé l’Ouest du pays au printemps, et il nous était alors apparu plus pratique de descendre directement vers la Croatie, quitte à garder un bout de la Hongrie pour la route du retour. Un gros bout puisque comprenant la capitale Budapest. Mais aussi quelques découvertes surprenantes.

Notre parcours en Hongrie, en version zoomable ici

Camping thermal

Pas besoin de faire du change, nous avions gardé quelques forints (il en faut un peu plus de 400 pour faire 1 euro), et pas de souci de téléphone non plus, le pays est dans la zone couverte par nos forfaits Free. Notre seul souci en fait est la charge de la batterie que nous avons du mal à maintenir, car les panneaux solaires donnent peu en ce moment et parce que nous n’avons pas énormément roulé ces derniers jours. Alors notre premier arrêt en Hongrie sera dans un camping, mais pas n’importe lequel, un camping thermal, en accord avec les coutumes du pays.

Effectivement, dans un coin du camping, on trouve à côté d’une piscine classique, d’un beau bleu mais recouverte d’une fine couche de glace, plusieurs bassins emplis d’une eau brune et fumante. Même si l’un de ces bassins est partiellement couvert d’une sorte de verrière où les utilisateurs du jour se rassemblent, tout communique avec l’extérieur. Avec une température ambiante frisant les 1°C, nous ne sommes pas trop tentés par l’expérience, d’autant qu’en trempant la main l’eau est manifestement sous les 30°C. Nous nous contenterons de quelques photos, en évitant les baigneurs par souci de discrétion.


A consommer avec modération …ou pas !

Petite revue des boissons alcoolisées hongroises


Debrecen la petite seconde

Debrecen, avec ses 200 000 habitants, est la seconde ville du pays, après Budapest bien sûr, 8 fois plus peuplée. Elle nous paraît plus modeste qu’elle n’en a l’air en raison de son centre-ville morcelé, réparti sur plusieurs places bordées d’imposants bâtiments de style néo-baroque, avec moultes décorations en façades. Nous y visitons d’abord la Grande Église protestante (eh oui, nous entrons dans la zone d’influence germanique) datant du XVIIIe siècle. L’intérieur est peu décoré, comme il se doit chez les calvinistes, mais nous permet de grimper jusqu’au toit de l’église pour observer la ville. Notre visite suivante est le Musée Déri, présentant d’intéressantes collections dans les domaines de l’histoire, de la culture et de la nature de la région. Enfin, nous terminons par la cathédrale Ste Anne, dont la taille surprend pour une église catholique « perdue » dans une ville de confession majoritairement protestante. Au moins, les 15% de catholiques ont de la place pour s’asseoir !


Un tour chez les Matyö

Nous ignorions tout des Matyö, un peuple originaire du Nord-Est de la Hongrie, jusqu’à la visite de ce musée de Mezökövesd consacré à leur artisanat. Il s’agit principalement de broderies de grande qualité, aux motifs principalement floraux, intégrés dans leurs costumes traditionnels comme dans des objets du quotidien (coussins, sacs à main, dessus de lits, etc.). On retrouve volontiers ces dernier dans les boutiques du pays. Regardez les photos, c’est remarquable.


Eger

La petite ville d’Eger a été fondée au Xe siècle par Saint-Étienne, premier roi catholique de Hongrie, qui en fit un évêché et éleva une cathédrale, entourée par la suite d’un château. Mais avouons-le, nous ne sommes pas montés jusque-là, il y avait pas mal à voir en bas et la nuit tombe tôt là-bas, dès 15h30-16h. Outre les jolis immeubles baroques, classiques en Hongrie, nous n’avons pas manqué de visiter la majestueuse basilique, la deuxième plus grande église du pays. Un peu massive à l’extérieur avec ses énormes colonnes, elle éblouit par ses décors intérieurs, dont les fresques du dôme et les sculptures. Nous avons aussi traversé l’un des marchés de Noël qui commencent à se mettre en place un peu partout, avec les classiques cabanes en bois, un grand sapin et, particularité locale, des stands de Kurtoskalacs, sortes de brioches caramélisées cuites enroulées sur une broche, originaires en fait de Transylvanie.


Amande honorable

On vient aussi à Eger pour le musée Kopcsik Marcipania, dont le nom est déjà un peu évocateur du contenu. Quel point commun peut rassembler dans une même exposition un tonneau de vin, une horloge sur pied, un gramophone, un livre de contes de fées et une salle baroque ? Eh bien tous ces objets sont faits soit en massepain (blanc d’œuf + sucre + amandes), soit en pâte à sucre (sucre + gélatine), décorés avec des colorants alimentaires. Tout peut se manger donc, mais avouez que ce serait franchement dommage ! Toutes ces œuvres résultent de la passion d’un pâtissier hongrois, Kopcsik Lajos, qui figure d’ailleurs sur le Livre Guinness des Records pour avoir gagné l’équivalent-JO de 10 médailles d’or au cours d’une même compétition, les Olympiades Culinaires de Berlin en 1996. C’est mérité et ce n’était assurément pas des médailles en chocolat !


Budapest

Si les villes de Buda et Pest ont fusionné en 1873, elles restent séparées par le Danube, tout en étant reliées par de jolis ponts et un réseau de transports en commun très performant, dont la plus belle ligne de tramway d’Europe (le T2 qui longe le fleuve en passant devant le Parlement). Nous avons consacré 3 jours pleins à la ville, en marchant beaucoup pour nous réchauffer, même si nous avons eu un peu de soleil les 2 premiers jours. Je ne vais pas faire un catalogue de tout ce que peut offrir cette belle capitale mais juste légender ou commenter quelques photos classées par thèmes.

1. Le Danube

C’est l’âme de la ville, la cordelette qui sépare la ville en son milieu, la faisant surnommer « la perle du Danube ». Avant 1873, les villes de Buda et Pest étaient d’ailleurs indépendantes, c’est la construction des ponts qui les a réunies. Ce plus grand fleuve d’Europe après la Volga nait dans la Forêt Noire allemande et se jette dans la Mer Noire en Roumanie après avoir traversé 10 pays. 2850 km de long, dont 417 en Hongrie.

Le Danube fut aussi l’objet d’une tragédie en 1944 : le chef du gouvernement hongrois Ferenc Szalasi mis en place par Hitler organisa une extermination des Juifs de Hongrie, dont beaucoup furent sauvagement abattus sur les berges du fleuve après qu’on leur ait demandé de retirer leurs chaussures, un bien précieux à l’époque. En hommage à ces victimes, 60 paires de chaussures sont disposées le long du Danube et ne manquent pas d’être fleuries ou garnies de messages.


2. Les ponts

Ils ont en commun d’avoir tous été détruits par les Allemands lors de leur retraite à la fin de la Seconde Guerre Mondiale.


3. Les statues

Budapest est extraordinairement riche en statues, en voici quelques-unes, toutes commentées


4. Le reste…


Et nous voilà partis pour le pays suivant, la Slovaquie. A très bientôt !

P.S. Pour les votants de l’article précédent, c’est la seconde photo avec effet miroir qui a obtenu le plus de suffrages. Merci aux participants !

137. Roumanie

Tout comme pour la Bulgarie, nous n’avons que quelques clichés en tête avant de découvrir ce pays : austérité liée au passé communiste, dictature de Ceausescu, insécurité, roms, faible niveau économique, manque d’intérêt touristique. Eh bien tout ça va tomber en flèche : nous avons découvert un pays contrasté, avec des villes modernes et des campagnes rustiques, une population accueillante et serviable, quelques pépites touristiques malgré la basse saison et le climat froid qui nous a accompagnés tout du long et provoqué quelques frayeurs avec Roberto.

Parcours en Roumanie
Notre parcours en Roumanie, zoomable ici

On attaque fort d’emblée

Hasard de la route, la première ville roumaine d’importance sur notre parcours se trouve être la capitale, Bucarest. La température est aussi basse et le ciel est aussi gris qu’en Bulgarie, mais au moins il ne pleut plus. La ville est très encombrée, les voitures stationnent volontiers en double ou triple file et même sur les trottoirs. La circulation se fait au pas et à coups de klaxon. Nous arrivons à nous faufiler jusqu’à un parking en plein centre, bien situé donc, et où nous pourrons passer la nuit. Parfait ! Depuis Roberto, nous avons vue sur une belle église orthodoxe, par laquelle nous allons commencer notre visite. Richement décorée comme toutes les églises orthodoxes. Alors nous partons voir si la synagogue voisine – c’est assez rare de pouvoir en visiter – tient la comparaison. Eh bien finalement oui, jugez-en sur les photos. Bucarest a été appelée autrefois le petit Paris, pour ses grands boulevards bordés d’immeubles de style néoclassique, ses multiples statues et son arc de triomphe. Nous trouvons en effet pas mal de bâtiments haussmanniens, mais bon nombre sont décrépits, leur piteuse mine étant encore aggravée par le ciel assombri.


Le palais du parlement le plus lourd au monde

En construction depuis 1984, sous le régime communiste dictatorial de Ceausescu, ce palais initialement baptisé palais du peuple a été rebaptisé palais du parlement, ce qui est plus juste car pendant que des milliards de dollars étaient dépensés pour le bâtiment, le pauvre peuple subissait des pénuries de nourriture, d’électricité et de gaz tandis que 9000 de leurs maisons ont été démolies. Avec 9 étages au-dessus ET au-dessous du sol, 1100 pièces, des milliers de places dans des bunkers au sous-sol, c’est actuellement le bâtiment le plus lourd de la planète. Ces tristes records ne nous ont pas incités à nous lancer dans une visite, qui aurait été très encadrée bien sûr.


Camping artistique

Deux musées étaient au programme avant de quitter la capitale et n’ont pas pu être visités : le premier parce qu’ouvrant beaucoup plus tard que prévu et le second parce qu’après avoir tourné ¾ d’heure dans son quartier, nous n’avons pas trouvé une seule place de stationnement. Dommage pour la ville et dommage pour nous. Alors nous filons au nord et décidons de nous arrêter dans un camping pour recharger la batterie cellule qui n’aime pas trop quand nous stationnons trop longtemps au même endroit. Nous jetons notre dévolu sur un petit camping en rase campagne, que nous trouvons portes closes. J’ai mis le pluriel parce que des portes, il y en a partout, insérées dans la clôture et joliment colorées. Le temps que nous prenions quelques photos, le gérant sort d’un restaurant 200m plus loin et nous rejoint. Pas de problème, il nous ouvre le portail et nous fait la visite des lieux. L’endroit est parsemé d’œuvres d’art, relativement simples mais de bon goût. Nous apprécions. Nous serons les seuls, mais rien d’étonnant pour un mois de novembre. Enfin pas tout seuls, car une gentille chienne toute frisée et aux beaux yeux bleus reste à nos côtés. Nous pensions que c’était pour nous tenir compagnie, mais nous saurons un peu plus tard qu’elle restait là pour s’occuper de sa récente portée, de moins d’une semaine manifestement. La nuit est évidemment très tranquille au milieu de nulle part et nous repartons le lendemain, les pleins d’eau et d’énergie faits.


Bonne mine

Nous faisons étape à Slanic, une ville de Moldavie connue pour sa mine de sel, apparemment la plus belle de Roumanie. A l’approche du lieu, nous passons devant le chevalement caractéristique et embarquons dans un minibus qui va nous conduire dans des boyaux étroits à 210 mètres de profondeur. Le reste de la visite se parcourt à pied, d’abord en longeant un couloir tout de sel vêtu, puis en pénétrant dans une salle incroyable dont les parois parfaitement lisses montent jusqu’à 70 mètres de hauteur. Les strates de sel y dessinent de jolies arabesques. Des escaliers au milieu des murs ne rejoignent ni le sol ni le plafond, témoignant des niveaux successifs de l’exploitation depuis 1943. Une nappe d’eau entoure une sorte de cascade formée de stalactites de sel que rejoint un petit pont, procurant un reflet photogénique. Comme dans la mine que nous avions visitée en Turquie, des tables de pique-nique sont disposées un peut partout. Mais là, l’espace est tellement généreux que l’on trouve aussi une église, un minigolf, un planétarium, des tables de ping-pong et des espaces de jeux avec châteaux gonflables pour les enfants. Nous nous contentons de déambuler dans cet espace immense et impressionnant, avant de reprendre le chemin du retour. A la surface nous attendent bien entendu des vendeurs de sel sous toutes ses formes et les habituels stands de souvenirs et de nourriture.


Le Château de Peles

Entre 1881 et 1947, la Roumanie connut une période de monarchie. Parmi ses dirigeants, le roi Carol 1er décida de se faire construire une résidence d’été près de la station de montagne Sinaia. Ayant goût pour le luxe et apparemment les moyens, il fit ériger un château parmi les plus modernes de l’époque. Il fut le premier château d’Europe à bénéficier de l’eau courante et de l’électricité. Avec un architecte allemand, les extérieurs sont de style germanique, mais cachés le jour de notre passage par des échafaudages. Quant à la décoration intérieure, elle est bien évidemment somptueuse et les visiteurs se pressent pour l’admirer. Pas de chance là encore, nous étions là un dimanche, le jour le plus chargé de la semaine, et il fallait jouer des coudes pour déambuler parmi les nombreuses pièces du château. Tout en ne prenant pas trop de temps pour les admirer afin que les suivants puissent en profiter. Heureusement, il nous reste les photos pour revoir ça en mode débriefing.


Ah oui quand même !


Le fils du dragon

Ne cherchez pas trop loin, c’est comme ça que se traduit Dracula du Roumain au Français. Car oui, nous sommes en Transylvanie, région qu’il est difficile de traverser sans voir le moindre portrait ou la moindre allusion au personnage maléfique de l’auteur irlandais Bram Stoker qui lui-même n’a jamais mis les pieds en Roumanie. L’écrivain s’est inspiré pour son roman à la fois d’un prince local de triste réputation, appelé Vlad III dit l’empaleur et de légendes du folklore local évoquant des vampires. Le premier, fils de Vlad II dit le dragon, avait la triste réputation d’infliger le supplice du pal à ses prisonniers de guerre, voire d’en boire le sang, ce qui faisait parfaitement le lien avec les secondes. La Roumanie exploite à fond le mythe, des gadgets chinois jusqu’aux portraits sur les T-shirts en passant par les enseignes des boutiques et surtout le château de Bran. Celui-là a pour comble de n’avoir jamais reçu ni la visite de Vlad l’empaleur ni bien sûr celle de l’auteur irlandais tout en recevant chaque année plusieurs centaines de milliers de visiteurs sur la base d’une simple ressemblance avec la demeure du comte Dracula décrite dans le livre. Nous nous sommes contentés d’une photo.


En Roumanie il faut des RON


Brasov

Comme un certain nombre de villes que nous allons voir en Roumanie, Brasov possède un centre médiéval bien conservé possédant l’architecture des Saxons qui l’occupaient à cette époque. Outre les remparts et les classiques rues pavées, la richesse des habitants d’alors permit de construire de somptueuses maisons aux tons pastel et des églises luxueusement décorées. Parmi celles-ci, l’Église Noire doit son nom à l’incendie qui a assombri ses murs en 1869. L’extérieur a manifestement été nettoyé depuis. Difficile de savoir pour l’intérieur qui était inhabituellement fermé lors de notre passage. Le cœur de la ville est la place du Conseil, centrée par la maison éponyme qui ressemble à une église avec sa tour de 48 mètres, mais qui abritait autrefois les réunions du conseil, une assemblée de 100 citoyens qui dirigeait la cité.


Le Roumain, une langue latine ?

Déroutés par les caractères cyrilliques utilisés en Bulgarie, nous découvrons avec plaisir que les Roumains utilisent l’alphabet latin, avec quelques cédilles ou accents supplémentaires par rapport au nôtre. Cela vient de l’époque ou l’empire romain a occupé les rives du Danube au 1er siècle ap. J.-C. Mais tandis que les autres pays conquis dans cette région ont récupéré leur langue slave après le départ des Romains, la Roumanie a gardé cette langue. Avec pas mal de termes communs, elle est parait-il assez facile à apprendre par les Français. Quand nous entendons les Roumains nous dire merci ou pardon, ce n’est pas parce qu’ils font l’effort de nous parler Français, mais juste parce que les mots sont les mêmes dans les 2 langues !


L’église fortifiée de Prejmer

Voilà un concept nouveau pour nous : l’église fortifiée, ces deux termes ne nous semblant pas aller de pair au premier abord. Nous apprenons que cette région de Transylvanie a dû au XIIIe siècle se protéger des invasions régulières ottomanes et tatares. Tandis que les grandes villes pouvaient s’entourer de remparts, les plus petites n’avaient d’autres moyens que de protéger leur église par des murs épais aménagés de multiples pièces pour que la population puisse vivre en autonomie jusqu’à la fin de la menace. On y trouve ainsi des habitations, des ateliers d’artisans, des écoles, des greniers à provision, etc. L’église fortifiée de Prejmer serait la plus belle de la région qui en compte plus d’une dizaine.


Point of (no) view


Les plats-pays

Oui je suis vraiment une brèle pour vous proposer un jeu de mots pareil. Vous l’avez compris, nous allons évoquer la cuisine roumaine. Comme souvent dans les pays d’Europe centrale, les plats reflètent l’influence des multiples envahisseurs qui se sont succédé. Le nom change mais le gras mélange de viande hachée turque se retrouve dans des boulettes ou des saucisses, le yaourt et le fromage sont aussi utilisés que chez les Grecs, les légumes servis en entrée ou dans une soupe généreuse comme en Turquie, tandis que les desserts fourrés aux pommes viennent de chez les Austro-Hongrois. Nous n’avons fréquenté que 2 ou 3 restaurants au cours de nos 2 semaines dans le pays, retrouvant avec plaisir une cuisine de qualité sans pour autant être exceptionnelle.


Sighişoara et le chemin des écoliers

Cette ville transylvanienne de 28 000 habitants est encore un bel exemple de cité médiévale bien conservée. Elle est inscrite pour cela au patrimoine mondial de l’Unesco. Nous nous régalons encore une fois de ces ruelles pavées bordées de maisons multicolores très stylées, nous grimpons comme les étudiants jusqu’au lycée situé en haut de la colline, juste pour tester le superbe escalier couvert qui y amène. Depuis 1642, les lycéens grimpent et redescendent les 175 marches de l’ouvrage, pour le plus grand bonheur des profs d’EPS de l’établissement.


Point de fuite

Ce n’est pourtant pas la première fois qu’il fait 6 degrés au-dessous de zéro alors que nous sommes dans Roberto. Nous avons, comme en pareil cas, simplement laissé ouvert le tuyau d’évacuation des eaux grises, contenues dans le seul réservoir qui pourrait geler parce que situé sous le véhicule. Mais en pleine nuit, Claudie est réveillée par le bruit continu de la pompe à eau. Réveillé à mon tour, j’éteins la pompe afin qu’elle ne grille pas, puis teste les robinets et réservoirs, constatant malheureusement que plus rien ne coule. Nous pensons qu’à un endroit de la glace a du se former et décidons d’attendre la journée du lendemain, prévue avec des températures positives. En attendant, nous faisons quelques réserves d’eau dans des poches souples pour nos besoins quotidiens. Mais le soir, alors que je relance la pompe, Claudie me dit qu’une grosse fuite apparaît sous Roberto, en regard de l’un des deux réservoirs, bizarrement pas celui qui est en service. Je ne comprends plus rien et nous décidons de nous rendre le lendemain chez un réparateur de véhicules de loisirs idéalement situé sur notre route à 1h30 de là, craignant qu’il faille refaire toute la tuyauterie gelée. Après quelques investigations, le gars très compétent trouve l’origine de la panne : le levier de la vidange antigel, dont j’ignorais totalement l’existence, s’est mis tout seul en position d’urgence. La « fuite » que nous constations sous Roberto, accentuée par l’enclenchement de la pompe, correspondait tout simplement aux réservoirs qui se vidaient. Donc zéro panne, point de fuite, moral remonté en flèche et, cerise sur le gâteau, zéro frais de réparation. Le technicien n’a rien voulu nous facturer, préférant en retour un commentaire positif sur Google. Ce que nous avons fait bien sûr. Moralité : même 3 ans et demi après, nous en apprenons encore sur le fonctionnement de Roberto.


Encore un monastère (Romanii de Jos, près d’Horezu)

Il est difficile de se lasser de ces monastères, toujours situés dans des endroits reculés, possédant toujours une ou plusieurs églises recouvertes de fresques à l’extérieur comme à l’intérieur, et toujours en activité. Même en dehors des heures de messe, les fidèles défilent toute la journée pour prier quelques instants devant les autels. Celui de Romanii de Jos, l’un des plus grands de la région, est entouré de belles montagnes aux couleurs automnales et les peintures sont magnifiques, restaurées grâce à l’intégration au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco en 1995. Ce sont toujours des scènes religieuses assez expressives, particulièrement celles du Jugement dernier à l’entrée de l’église centrale. Il faut dire qu’autrefois, on se servait beaucoup de ces fresques pour l’éducation religieuse de la population rurale souvent illettrée. Autant qu’elles soient expressives !


Les arbres peints

Au hasard de la route, nous rencontrons ce petit bois ne figurant sur aucun guide, dont tous les arbres ont le tronc peint de couleurs vives. Sous le soleil rasant automnal, l’effet est saisissant.


Târgu Jiu et l’élève de Rodin

Nous avons fait une brève halte dans cette ville sans grand intérêt touristique mais qui est connue des roumains pour avoir hérité de nombreuses œuvres du sculpteur Constantin Brâncusi, né dans un village voisin. Nous parcourons le parc où plusieurs de ses œuvres sont exposées, notamment la Porte du Baiser et la Table du Silence, censées rendre hommage aux morts de la Première Guerre Mondiale. Peu sensibles au style de l’artiste, nous cherchons à en savoir davantage. Nous découvrons qu’il a passé une bonne partie de sa vie en France, au point d’en acquérir la nationalité. Qu’il a produit quelques œuvres « sulfureuses » comme la sculpture appelée « Princesse X » censée être un portrait en buste de la princesse Marie Bonaparte, petite nièce de Napoléon, et retirée juste avant le passage du ministre au Salon des indépendants de 1920, vous comprendrez pourquoi en voyant la photo. Nous apprenons aussi que l’artiste une fois en France a fait un stage chez Auguste Rodin, dont il est reparti au bout d’un mois. A voir ses œuvres, rien d’étonnant. Nous sommes fiers d’avoir Rodin !


Les portes de fer

Sur 135 km, le Danube se rétrécit, emprisonné – d’où le nom – entre deux falaises appartenant au massif des Carpates roumaines au Nord et à celui des Balkans serbes au Sud. C’est le plus long défilé d’un fleuve en Europe et nous allons suivre ses moindres méandres en empruntant la route qui le longe. Le temps n’est pas trop de la partie et ne nous permettra pas de profiter au mieux du paysage et des couleurs de l’automne. Nous aurons tout de même le plaisir de faire une halte devant le gigantesque portrait du roi Décébale, aussi célèbre en Roumanie que l’est pour nous Vercingétorix (ils sont contemporains), taillé dans la roche à la manière des présidents du Mont Rushmore. Et puis une autre devant la forteresse de Golubac, côté Serbe, une ancienne centrale électrique fortifiée qui a résisté à plusieurs guerres mais pas aux ingénieurs serbes qui ont construit une route traversant l’édifice de part en part et un barrage sur le Danube qui fait que la forteresse a maintenant les pieds dans l’eau. La patrie n’est pas très reconnaissante !


Le Chocolat Dubai

Nous avions été intrigués en Turquie par toutes ces affichettes dans les vitrines des pâtisseries ou chocolateries, disant en gros « ici chocolat Dubai », termes parfois griffonnés à la hâte sur un bout de papier. Et puis en Bulgarie pareil. Et en Roumanie aussi. Alors nous avons fini par craquer pour ce chocolat au lait généreusement fourré à la pistache agrémentée de feuilletine pour un effet croustillant. Effectivement inventé par une pâtissière de Dubai, il a surtout été promu sur le réseau social Tik Tok par une influenceuse. Sa vidéo aurait été vue plus de 100 millions de fois depuis sa mise en ligne il y a un peu plus d’un an et depuis, tout le monde se l’arrache à des prix parfois démentiels (100 € la tablette sur Internet). C’est dingue le pouvoir multiplicateur des réseaux sociaux ! Alors victimes nous aussi du buzz, nous avons testé. C’est bon mais pas exceptionnel. Ça ne vaut pas à mon avis un bon baklava turc. Mais ce n’est que mon avis.


Timişoara et la révolution

Pour le coup, le nom de cette ville nous parlait. Nous nous rappelons précisément où nous étions au moment de la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989. Cet évènement a sonné le glas des régimes communistes en Europe, suscitant rébellions et évolution vers l’indépendance des ex républiques soviétiques. Pour la Roumanie, c’est à Timişoara que ça a commencé, le 16 décembre 1989, peu de temps après une réélection truquée du dictateur Nicolae Ceausescu. Ce dernier n’a pas hésité à ordonner à son armée de tirer dans les foules de manifestants. Cela n’a fait qu’attiser le mouvement de revendication qui s’est rapidement étendu à tout le pays. Alors que Timişoara se déclarait la première ville libérée, Ceausescu et son épouse prenaient la fuite à Bucarest le 22 décembre. Le 25, après un procès expéditif, ils étaient fusillés. Forcément, la ville n’est pas peu fière d’avoir été le berceau de cette révolution pour l’indépendance. Elle a aménagé un musée pour que les évènements ne sombrent pas dans l’oubli. Nous l’avons bien sûr visité.


Mais Timisoara est aussi une ville touristique que nous avons adoré parcourir. Parfois appelée « la petite Vienne », elle possède de nombreux bâtiments de la période austro-hongroise, mais cumule en fait de nombreux styles architecturaux aussi différents qu’exubérants. Nous avons apprécié aussi la grande cathédrale orthodoxe toute en briques, les grandes places bordées de maisons pastel, quelques œuvres d’art dans les rues et un intéressant petit musée gratuit du « consommateur communiste » accumulant dans quelques pièces nombre d’objets insolites que l’on est invités à manipuler tout comme à ouvrir les tiroirs des meubles pour explorer leur contenu.



Oradea, pour finir en beauté

C’est notre dernière étape en Roumanie. Nous sommes accueillis dès le parking par les « Nymphes d’Oradea », une méga peinture murale de 700 m² dans le style Art Nouveau / Mucha et représentant les 4 saisons. Une première approche artistique qui ne va faire que se confirmer au cours de notre visite de la ville qui aurait pour certains le titre de « plus belle ville de Roumanie ». De fait, c’est ici que nous avons rencontré la plus forte concentration de bâtiments de style, mêlant éclectisme, néoclassicisme et art nouveau de la sécession hongroise.

Il a juste manqué un peu de soleil pour rendre plus éclatantes les couleurs de ces édifices dans la vieille ville, mais lorsque l’astre est reparu alors que nous longions la rivière qui traverse la ville, des reflets fantastiques sont apparus dans l’eau. Si je n’avais pas mis mon photophone en mode silencieux, il en aurait crépité de bonheur.

Miroir ô miroir, dis-moi qui est la plus belle ?

Vous pouvez voter en saisissant un commentaire ci-dessous. Si vous êtes nombreux à participer, je mettrai le résultat du vote dans le prochain article qui concernera la Hongrie. A très bientôt !

136. Bulgarie

A part le yaourt, ce pays ne nous évoque pas grand-chose a priori. Bien qu’appartenant à l’Europe des 27, la Bulgarie ne fait pas trop parler d’elle. : pas de dirigeant encombrant comme ses voisins hongrois ou turc, pas de conflit politique ou religieux majeur. Le pays est d’ailleurs l’un des pays les plus sûrs d’Europe en terme de criminalité. Malgré tout, l’intégration n’est pas parfaite : la Bulgarie n’utilise pas l’euro et l’entrée dans l’espace Schengen ne s’est faite que le 30 décembre 2023, ne concernant pour l’instant que les frontières maritimes et aériennes. Nous avons hâte de découvrir à quoi ressemble ce pays si discret.

Parcours Bulgarie
Notre parcours en Bulgarie, en version zoomable ici

Passage de frontière

L’entrée dans le pays se fait plutôt rapidement, l’absence pour l’instant d’inclusion dans l’espace Schengen expliquant sans doute cela. A peine le temps de montrer nos passeports et la carte grise de Roberto, et nous voilà sur l’autoroute qui s’engage dans le pays. Plutôt en bon état et avec une limite de vitesse à 140 km/h, wouah ! Nous la quittons néanmoins assez rapidement pour la première petite ville, car nous avons besoin de retirer quelques « lev » dans un distributeur. Pas de commission, ça nous change des 8% prélevés par les banques turques ! Lev c’est la traduction de lion en bulgare, et c’est en rapport avec le lion qui figure sur le blason du drapeau national. Nous achetons aussi sur Internet une e-vignette nécessaire pour l’autoroute et, curieusement aussi, pour beaucoup de routes secondaires. Pour moins de 3,5 T (la longueur n’est pas prise en compte contrairement à la France) c’est 13 leva pour une semaine, 27 pour 1 mois et 91 pour 1 an. Si vous voulez convertir en euros c’est tout simple, il suffit de diviser par 2. Ça nous change de la division par 35 des lires turques ! Bon, nous prenons 1 semaine, ça suffira peut-être, le pays ne fait qu’un cinquième de la France.


Les points noirs et les yaourts

Nous sommes d’emblée déconcertés par l’écriture du Bulgare en cyrillique. Si ça n’est pas un gros problème sur les panneaux routiers puisque nous avons le GPS, c’est plus délicat pour les panneaux d’avertissement que nous n’avons pas le temps de faire traduire par nos téléphones. Et pour les enseignes des magasins, les noms des bâtiments, les produits des supermarchés et les menus des restaurants, je ne vous dis pas ! Nous rencontrons aussi quelques panneaux inhabituels, comme ce point noir sur un triangle à fond jaune apparaissant fréquemment. Un petit tour dans une supérette nous rassure d’emblée : retour du porc, des boissons alcoolisées et plus grande diversité des produits. Et puis au rayon des yaourts c’est l’évidence : ils sont tous bulgares !


Première visite

Le premier site touristique sur notre route est un monastère orthodoxe, celui de Batchkovo, le 2ème plus grand du pays. Après 3 mois de mosquées, ça change ! En outre, celui-ci est d’une beauté saisissante, avec son cadre bucolique, ses plaqueminiers*, ses multiples fresques couvrant la presque-totalité des murs et des plafonds des 2 églises, bien mises en valeur. Un schéma valant mieux qu’un long discours, regardez vite les photos ci-dessous.

* le plaqueminier est l’arbre qui porte les kakis, dont se servent les moines pour parfumer leur rakiya (eau de vie de raisin)


Plovdiv

Notre route nous amène ensuite à Plovdiv, la seconde ville de la Bulgarie après Sofia, mais plus touristique que la capitale parce que beaucoup plus ancienne. Avec ses 6000 ans, elle recèle de nombreux trésors dans son centre-ville aux rues étroites et irrégulièrement pavées enlaçant une colline. On y trouve des vestiges romains dont un bel amphithéâtre, des maisons bien conservées/restaurées datant de la période ottomane et de jolies demeures aux tons pastels construites au décours de l’indépendance du pays en 1908.

Plusieurs de ces maisons de la période ottomane se visitent, nous irons voir celle de la famille d’un riche marchand arménien, Stepan Hindliyan, magnifiquement conservée extérieurement comme intérieurement avec du mobilier d’époque.

Nous passerons aussi devant la maison Lamartine, baptisée en l’honneur de notre écrivain national qui pourtant n’y séjourna que 3 jours en 1833. Elle reçut également la visite de François Mitterrand en 1989, juste avant la chute du communisme. Sans cause à effet bien entendu !

Nous aurons l’occasion de découvrir l’artisanat bulgare, dominé par les produits dérivés de la rose, la poterie, la peinture et la dentelle.

Nous terminerons en beauté par la basilique épiscopale de Philippopolis, dont il ne reste plus que le sous-sol, mais quel sous-sol ! En fouillant le sol de cette vieille église du IVe siècle, on y a découvert en une quarantaine d’années 2000 m² de mosaïques remarquablement bien conservées, et tout aussi bien mises en valeur aujourd’hui. Aux côtés de classiques motifs géométriques, on trouve une centaine de représentations d’oiseaux, représentant 12 espèces différentes. Les artisans de l’époque devaient avoir de solides connaissances naturalistes !


Encore un monastère !

Après avoir vu le 2ème plus grand de la Bulgarie, il nous fallait impérativement rendre visite au n°1, le monastère de Rilla, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Datant du Xe siècle, à l’époque de la christianisation de la Bulgarie, maintes fois pillé et reconstruit, il est à la fois un haut-lieu de la spiritualité du pays, mais aussi un symbole de la résistance contre les Turcs, ayant hébergé de nombreux contestataires. Plus grand que celui de Batchkovo, il est aussi beaucoup plus visité, ce qui nuit à l’ambiance théoriquement recueillie de ce genre d’endroits. Et les fresques qui couvrent autant ses églises que celles de son petit frère sont bien moins mises en valeur à l’intérieur, l’éclairage faisant défaut. Vous l’aurez compris, nous avons préféré le premier monastère visité, mais celui-ci vaut quand même largement le déplacement, à prévoir en semaine peut-être.


Mignonne allons voir…

Autour de ce monastère très visité, les magasins de souvenirs abondent, ce qui permet de donner une idée de ce que produit la Bulgarie en matière d’artisanat. La rose est vraiment LA spécialité du pays, qui est le premier exportateur mondial d’huile de rose. Naturellement, l’industrie du tourisme exploite à fond le filon, avec boutiques roses présentant des cosmétiques, des savons, des huiles essentielles, des parfums, des flacons de pétales, des confitures, des tissus brodés, etc. le tout à base de roses ou sur ce thème.


Le monument aux cloches

A l’approche de Sofia, nous nous arrêtons pour la nuit près d’un monument un peu spécial. Lorsque l’ONU déclara que 1979 serait l’année de l’enfant, la fille d’un ancien chef d’état communiste souhaita ériger dans sa ville un monument en l’honneur de ces chérubins. En 30 jours, quatre colonnes de béton armé furent dressées (le style « brutaliste » de l’Est) et ornées de 7 cloches, une par continent. Et puis on invita chaque pays à fournir une cloche qui serait apposée sur les murs semi-circulaires à la base du monument, ainsi qu’un enfant pour former un parlement international. Dans les photos qui suivent, vous ne verrez pas les enfants qui ont sans doute bien grandi, mais plusieurs des cloches fournies par différents pays. Ce qui vous permettre d’apprécier l’importance qu’ils ont attribuée à l’évènement. Bien évidemment, c’est la Bulgarie qui a la pus grosse (cloche) pesant tout de même 1300 kg. Au total ce sont 133 cloches qui ont été fournies, régulièrement actionnées lors de certains concerts sur place, ce qui fait du monument le plus gros instrument à percussion du monde !


Oh l’escargot !

Toujours dans la banlieue de Sofia, nous allons jeter un œil à une maison très originale, construite sans aucun mur ni coin ni bord droit. C’est parce que son architecte a voulu lui donner une forme d’escargot. Et le résultat est aussi étonnant que réaliste. La maison serait en outre faite de matériaux légers et écologiques. Chaque détail anatomique du gastéropode a sa fonction : les cornes servent de cheminées, la ventilation interne s’évacue par les paupières et les yeux qui tournent sur eux-mêmes, la porte a été peinte pour représenter une bouche et à l’intérieur (qu’on ne peut malheureusement pas visiter) les radiateurs auraient la forme de grenouilles, coccinelles ou citrouilles. Sympa, non ?


Art socialiste

A l’approche du centre de la capitale se trouve un curieux musée, dont la description qu’en fait notre guide nous titille. Et sur place, les nombreuses statues dispersées dans le jardin de tous ces héros du socialisme confirment qu’il ne fallait pas rater cet endroit : il y a bien un « style socialiste ». À l’intérieur du bâtiment c’est autre chose : nous n’y trouvons qu’une petite exposition de peintures, représentant cette fois des ouvriers dans leurs différentes tâches. Nous restons sur notre faim. Nous avons vu mieux en termes d’expositions sur cette époque si particulière.


Une capitale assez terne

Nous n’avons consacré qu’une seule journée à la visite de Sofia, il n’en faut pas plus pour se rendre compte de l’ambiance assez terne qui y règne. Les immeubles datant de la période communiste sont tristes, les bâtiments publics sont massifs, les vitrines peu attrayantes. Seule la cathédrale orthodoxe Alexandre Nevski émerge un peu du lot avec ses belles coupoles dorées et son intérieur richement décoré. Sa voisine, l’église Ste Sophie, dont la ville a pourtant tiré son nom, parait bien pauvre avec ses murs de briques et son intérieur sobre.


Koprivchtitsa

Ce gros village de montagne, dont il est difficile de prononcer le nom correctement du premier coup, a eu l’honneur d’héberger ceux qui sont devenus des héros de l’insurrection contre les Turcs. Outre la libération et l’indépendance du pays, cela a eu pour conséquence la conservation de leurs maisons, de celles de leurs voisins et finalement de tout le village. Vieilles rues pavées, jolies maisons aux teintes vives et aux façades décorées, murs de pierre, charrettes hippomobiles : tout cela est visuellement agréable, même en cette basse saison où beaucoup de boutiques touristiques et de musées-maisons sont fermées. Charmant.


Necrologs

Voici une coutume qui étonne tous les occidentaux de passage en Bulgarie : sur de nombreuses portes de maisons et sur les murs publics sont placardées des affichettes qui ressemblent à nos avis mortuaires. A la différence près que l’on trouve ici des avis de décès remontant parfois à plusieurs années, ou encore des anniversaires de disparition. Tout cela volontiers accompagné d’un commentaire élogieux sur la vie des défunts. La coutume serait empruntée …aux occidentaux, qui s’en servaient autrefois pour annoncer publiquement la survenue d’un décès dans leur famille. Maintenant en occident, tout passe par la poste, le téléphone ou le courrier électronique. Mais les Bulgares ont décidé de poursuivre l’expérience, trouvant que la mémoire des défunts était mieux préservée ainsi. In memoriam bulgarorum.


Suivre les Thraces

Ce peuple de féroces guerriers vivait dans les Balkans entre le Ve et le Ier siècle av. J.-C. Souvent engagés comme mercenaires, à l’image de Spartacus, ils vivaient de façon très rustique. La délicatesse n’était pas leur tasse de thé. Et pourtant ils ont laissé quelques tombeaux finement décorés, comme ceux retrouvés autour de la ville de Kazanlak. Nous visitons l’un deux, en fait une copie du vrai qui est bien protégé à 20 mètres de là, les touristes étant ce qu’ils sont. Après être entrés par un petit couloir rocheux, nous pénétrons dans la chambre funéraire dont la coupole et à moindre degré les murs sont décorés d’une belle fresque. Qui représente d’après les experts la cérémonie funéraire où beaucoup de personnages s’activent autour du futur défunt et de son épouse. Est-ce que les autres tombes sont comme ça ? Avons-nous eu tort de zapper les autres tombes du coin qui n’étaient pas du tout sur notre chemin ? Allez savoir…


Conjuguée au mauvais temps

Le temps était gris et pluvieux lorsque nous avons visité Veliko Tarnovo, c’est pourquoi la « reine des villes », comme on la surnomme, ne s’est pas montrée à nous sous son plus beau jour. Construite sur des falaises qui surplombent les 7 méandres d’une rivière, l’ancienne ville semble bien entretenue par ses habitants. Rien que le fleurissement des balcons n’est pourtant pas la règle chez les Bulgares. Le charme de ses vieilles rues, de ses boutiques d’artisanat et de ses petits restaurants attire manifestement les touristes en saison. Mais il est bien difficile aujourd’hui de s’extasier devant des monuments fermés ou des paysages masqués par la brume. Il faudra que nous revenions, ne serait-ce que pour mettre un peu de couleur sur les photos ci-dessous.


Le beau Danube gris

Cette grisaille humide ne nous incite pas à rester sur place. Après un déjeûner au bord du Danube, qui est loin d’être aussi bleu que dans la valse la plus célèbre du monde, nous décidons d’emprunter le pont qui franchit cette frontière naturelle pour aller voir de l’autre côté si le climat roumain nous est plus favorable.

En attendant le prochain article sur la Roumanie, sauriez-vous donner le nom du film tout aussi célèbre qui a pour musique Le Beau Danube Bleu de Johan Strauss ?

A bientôt en Roumanie !

135. Istanbul

Notre grand tour de la Turquie touche à sa fin. Nous avons gardé la plus grande ville pour la fin essentiellement dans l’intention de partager la visite avec notre amie Françoise venue nous rejoindre depuis la métropole. Allons-nous retrouver dans la ville la plus occidentalisée du pays la Turquie que nous avons connue jusqu’ici ? Vous n’allez pas tarder à le savoir… La carte de ce parcours sera très simple puisque le dernier jour nous rejoindrons directement la frontière turco-bulgare.

Carte Istanbul - frontière turco-bulgare
Carte du dernier parcours en Turquie, en version zoomable ici

En route vers Roberto

Après avoir fait le plein d’amour et d’amitié lors de ce séjour hexagonal de 5 semaines, nous reprenons la direction de la Turquie à bord d’un avion de la Turkish Airlines, compagnie tout à fait recommandable. Ponctualité, bon service à bord, repas copieux pour un vol de 3h et 2244 km, couverts en métal et bouteille de vin en verre, vraiment rien à redire.

Un taxi nous fait traverser tout Istanbul dans une circulation très dense (la ville a été qualifiée comme la plus embouteillée du monde en 2021…) ce qui nous donne le temps d’apprécier le paysage, surtout à l’approche du quartier historique où les multiples mosquées se parent des belles couleurs de l’éclairage nocturne. Mieux vaut regarder à l’extérieur d’ailleurs plutôt que le chauffeur qui passe beaucoup de temps sur son téléphone portable tout en roulant. Malgré la précision de la géolocalisation, il n’arrive pas à trouver l’adresse de notre Airbnb et c’est notre hôte qui, prévenu de la situation, viendra à notre rescousse.

Oui, nous sommes en Airbnb pour une semaine, car notre amie Françoise vient nous rejoindre pour la visite d’Istanbul. C’est avec grand plaisir que nous partagerons avec elle nos découvertes.


La récupération de Roberto

Dès le lendemain de notre arrivée, nous partons récupérer Roberto à la douane. Nous pensions que l’affaire serait plus simple que pour la dépose (voir l’article précédent), mais ça a pris au contraire davantage de temps. Non seulement il a fallu reconstituer tout le dossier, avec les photocopies, les coups de tampons dans les différents bureaux des fonctionnaires qui sirotaient leur thé et grignotaient leur baklava. Et puis quelques compléments inédits où j’ai été mis à contribution : alors que j’étais au bureau 12, on m’a demandé d’aller dire au chef du bureau 1 un truc comme « Araaaatchiquitchi » en roulant bien le « r ». Étonnamment, ça a eu l’air de marcher puisque l’homme du bureau 1 a acquiescé, tout en esquissant un sourire. A se demander s’ils ne se sont pas fichus de moi, du genre demander à un Turc à l’ambassade de France d’aller dire au gardien « Pouet pouet camembert ». Un peu plus tard, on m’a demandé d’emmener la liasse de papiers à Monsieur (nom imprononçable) du bureau du fond. Je dois avoir un bon sens du mimétisme oral car ça a marché aussi. Quand enfin, après 75mn de formalités, on nous a remis les clefs de Roberto, j’ai cru que c’était fini. Mais non, impossible de sortir Roberto du parking, une grosse Mercedes garée devant lui bloque le passage. A ma grande stupéfaction, l’agent de sécurité du parking me demande de photographier le numéro de dossier figurant sur le pare-brise de la Mercedes, puis d’aller récupérer moi-même sa clef au « bureau du fond ». Opération faite en deux temps car la feuille portant le fameux numéro avait glissé à moitié sous le tableau de bord et le numéro ne correspondait pas initialement. A mon encore plus grande stupéfaction, on me demande de déplacer moi-même la Mercédès !!! Je n’aurais pas trop aimé que n’importe qui en fasse de même avec Roberto ! Finalement, c’est un employé qui s’y colle et je sors enfin du parking de la douane au volant de notre compagnon à 4 roues. Ouf !


La visite d’Istanbul

Pendant 4 jours, nous allons arpenter avec Françoise les rues de la ville, parcourant 10 à 15 km par jour tout en empruntant régulièrement les transports en commun, des minibus au métro en passant par les bus classiques et les ferries. Une carte rechargeable unique valable sur presque tous les transports urbains, bateaux compris, facilite bien la tâche. Car oui, la ville est très étendue. Même si les principales attractions sont dans le quartier historique où nous logeons, de nombreux points d’intérêts se trouvent dans d’autres quartiers, voire dans un autre continent… En effet, Istanbul s’est développée de part et d’autre du Bosphore, ce bras de mer qui sépare l’Europe de l’Asie. Prendre un ferry pour passer d’un continent à l’autre en une dizaine de minutes est une expérience intéressante, tout en permettant d’observer le ballet incessant des navires de toutes tailles qui se croisent sur la frontière.

La ville elle-même est assez différente de celles que nous avions pu visiter en Turquie jusqu’ici. Par son animation et sa circulation dense, par le nombre important de ses points d’intérêt, par la modernité de certains quartiers. Mais l’esprit de la Turquie est bien là, comme le remarque davantage que nous notre amie Françoise qui vient ici pour la première fois : l’islam est très présent avec les multiples mosquées, les appels à la prière qui se répondent en écho 5 fois par jour, une partie des femmes voilées, le croissant sur les drapeaux rouges qui flottent partout. Côté boutiques, difficile de ne pas passer à côté d’un kebab, d’un vendeur de simit (sortes de bretzels en forme de donut…), d’une pâtisserie orientale, d’un restaurant aux coussins colorés, d’une vitrine de bijoutier débordante de colliers ou bracelets en or très jaune, d’un presseur de jus d’orange ou de grenade, d’un marchand de tapis ou de souvenirs parmi lesquels le bon œil turc bleu et blanc, celui qui protège contre le mauvais, est rarement absent.

Istanbul étant la seule ville de l’Europe est-orientale à être « envahie » par les petits motifs céramiques de l’artiste Invader (dont j’ai déjà parlé dans le blog), et Françoise en étant une passionnée – c’est elle qui nous en a parlé la première fois – nous décidons de faire de cette recherche notre fil rouge pour visiter une partie de la ville. Munis de la carte qui localise avec une précision toute relative les œuvres, nous empruntons des rues moins connues des touristes et faisons des découvertes intéressantes. Onze petits « Invaders » correctement localisés déclencheront le jingle caractéristique et le bonus de points sur les téléphones de Claudie et Françoise.

Les quelques carrousels de photos glissés entre les paragraphes vous permettront d’avoir une petite idée de la variété de nos découvertes et peut-être de glaner quelques informations ça et là en vue d’un prochain séjour.


Clap de fin

Tandis que Françoise reprend son avion pour la France, nous rejoignons rapidement la frontière turco-bulgare. Nous avons en effet dépassé de 2 jours la période de 90 jours autorisée pour Roberto, ce qui entraîne généralement l’octroi d’une amende. Celle-ci devrait rester raisonnable pour ce modeste dépassement, mais à plus d’un mois, on peut vous réclamer 20 à 25% de la valeur de votre véhicule ! C’est aussi généralement à la douane de sortie du pays que l’on vous fait payer les éventuelles contraventions pour excès de vitesse ou stationnement irrégulier. C’est donc un rien inquiets que nous nous présentons à la douane, mais au final, bonne surprise, rien ne nous sera demandé. Peut-être que le séjour en « fourrière » aura été décompté de la période de validité ? Peut-être que les multiples caméras contrôlant la vitesse moyenne sur des dizaines de kilomètres sont plus tolérantes que je ne le pensais ?

Quoi qu’il en soit, nous quittons blancs comme neige la Turquie, ce beau pays qui nous aura conquis par bien des aspects, notamment par l’accueil chaleureux de ses habitants, la diversité et l’exotisme de ses paysages, la facilité de garer Roberto un peu partout.

A bientôt en Bulgarie !