149. Santa Catarina & Parana

Après le Rio Grande do Sul, nous remontons tranquillement vers le Nord, c’est à dire vers le soleil. Oui je sais, c’est perturbant pour moi aussi ! Nous traverserons en une dizaine de jours les états de Santa Catarina et de Paraná, un peu plus montagneux que le précédent, mais tout aussi performants en matière économique. C’est que ces 3 états sont ceux ayan le plus bénéficié de la politique d’immigration du début du XIXe siècle. Aujourd’hui, le taux de pauvreté y est plus faible que les états du nord du Brésil (1 sur 6 contre 1 sur 2).

Santa Catarina et Paranagua
Notre parcours
Parcours objet de cette publication, en version zoomable ici

Désorientation spatiale

Santa Catarina est à la fois une île et un état du Brésil, situé juste au Nord de celui que nous venons de quitter. Pour aller au Nord, il faut ici se diriger …vers le soleil, dont le mouvement apparent est différent dans l’hémisphère Sud. Si le soleil se lève toujours à l’Est et se couche toujours à l’Ouest, il va de l’un à l’autre en montant vers le Nord. Et ça, ça me perturbe beaucoup, j’ai toujours l’impression d’aller dans la mauvaise direction. Je ne me rendais pas compte à quel point mon sens de l’orientation était lié à ce mouvement. Claudie ne ressent aucune gêne par contre… Mais, me direz-vous, la nuit, voit-on l’étoile polaire au Nord ou au Sud ? Eh bien ni l’un ni l’autre, on ne la voit tout simplement pas de l’hémisphère Sud car elle est pile dans l’axe de rotation de notre planète en direction du Nord. Mais, me direz-vous, et les boussoles, s’orientent-elles vers le Nord ou le Sud ? Allez, je vous laisse le plaisir de chercher ou de donner votre langue au Chat. Pour ceux qui ne savent pas, l’application Le Chat est l’équivalent français du Chat GPT américain. Soyez patriotes, utilisez Le Chat et virez l’autre de votre ordi ou de votre téléphone !

Santa Catarina et Parana
Désorientation spatiale
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Florianópolis, ville fantôme ou ville magique ?

Cette ville est la porte d’entrée pour accéder à l’île de Santa Catarina. Elle est en outre la capitale de l’état brésilien éponyme. Visitée un dimanche en début d’après-midi, nous l’avons trouvée presque déserte, surtout en parcourant les rues piétonnes du centre historique. La population était-elle partie profiter des nombreuses plages de l’île ? ou plongée dans une sieste ? ou paniquée par un retour des sorcières ? Car en effet, de nombreuses sorcières auraient exercé dans l’île aux XVIIe et XVIIIe siècles, certaines étant accusées de provoquer des naufrages en éteignant les phares ou de séduire les marins, d’autres ayant perdu leur combat avec le diable ayant été pétrifiées, expliquant la forme bizarre de certains rochers sur les plages… Nous n’avons rien vu de tout ça, mais juste des ruelles vides avec des maisons colorées et de beaux muraux, un parc centré par un ficus au moins centenaire, une cathédrale et un musée fermés comme tout le reste.


Santa Catarina, expérience mitigée

Nous l’avons vite compris, ce que viennent chercher les gens à Santa Catarina, ce sont les plages et la vie nocturne. Ni l’un ni l’autre ne sont notre tasse de maté… En cherchant un peu dans ce fouillis désorganisé de routes bosselées (un ralentisseur tous les 200m environ) incapables de faire le tour de l’île, bordées de constructions d’architecture anarchique (on aurait cru Sint Maarten pour ceux qui connaissent), nous avons tout de même réussi à dégotter quelques coins sympathiques. D’abord une belle randonnée vers la pointe Nord-Est de l’île à partir d’un village qui semble oublié des touristes et nommé Lagune du Nord. Le soleil avait un peu de mal à pointer son nez, mais comme on le sait, les gens du Nord ont dans leur cœur etc. Claudie a pu apercevoir un singe qui se promenait dans les arbres.


Pour rester sur le thème de la faune, nous avons visité ensuite le Projeto Tamar, une association à but non lucratif engagée dans la préservation des tortues marines au Brésil, surtout les espèces en voie de disparition. Ils ont 26 centres sur le pays et font beaucoup de pédagogie auprès des écoles, tout en soutenant les communautés de pêcheurs pour les orienter vers des alternatives.


Enfin, nous nous sommes rendus au petit village de Ribeirao da Ilha, fondé par des pêcheurs venus des Açores et ayant relativement préservé son aspect initial : jolies maisons colorées de style colonial portugais dans la rue principale et une petite église dont la porte est surmontée d’une colombe géante. C’est apparemment récent, puisque les photos disponibles sur le net ne la montrent pas. A noter le grand nombre de parcs à huîtres dans la baie qui sépare le village du continent. Le coin serait la première région productrice d’huîtres de tout le Brésil.


Quelques courses au retour sur le continent

Comme à l’habitude, je furète toujours un peu dans les supermarchés à la recherche de produits insolites. En voici quelques-uns ajoutés à ma collection.


Essor balnéaire

Longeant un peu la côte pour en comprendre la gestion, nous trouvons une multitude de stations balnéaires se succédant les unes aux autres, sans espace intermédiaire non construit. Bien au contraire, le nombre de tours en construction est impressionnant. Pas sûr que cette bétonisation intensive soit accompagnée de mesures appropriées pour les consommations en eau et électricité ou pour les rejets. Difficile de le mesurer à notre échelle, mais nous avons cependant remarqué que même en ville, si le réseau mobile est bien présent, la bande passante est très faible (en clair, ça rame !). Vu de loin, le littoral a encore un peu de charme, mais ça risque de ne pas durer. Nous nous arrêtons pour la journée à Balneario Camboriu, une cité balnéaire très construite qui aurait des airs de Rio de Janeiro : plage immense longée de gratte-ciels étincelants (les 3 plus hauts du Brésil sont ici !), de bars-restaurants, et d’établissements nocturnes. La plage est très bien entretenue, apparemment ratissée tous les matins, mais quasi-déserte malgré le beau temps. Il faut dire que l’eau est assez fraîche, selon Claudie qui a osé y tremper les pieds. Nous admirons la grande roue de 85 m que nous n’aurons pas le plaisir de voir tourner ou de chevaucher pour cause d’ouverture rare en basse saison. Autre ressemblance avec Rio : la statue du Christ sur la colline. 5 m de moins que son homologue carioca, soit 33 m ce qui n’est pas si mal, mais celui de Balneario Camboriu émet la nuit des rayons de lumière multicolores vers la ville. Nous avons même attendu ce moment avant de quitter la ville pour dormir dans un endroit plus tranquille.


Little Germany

Après la Little Italy de Bento Gonçalves, nous découvrons maintenant la ville de Blumenau, colonisée majoritairement par des Allemands au début du XIXe siècle. Même si 90% de la ville affiche la même architecture indéterminée que les autres villes brésiliennes, certaines constructions résiduelles ou maintenues en état, essentiellement dans la rue principale de la ville, peuvent effectivement faire croire aux visiteurs qu’ils se trouvent au pays de Goethe. Si quelques maisons sont authentiques, comme la préfecture ou le joli bâtiment qu’occupe le magasin Havan (vous savez, celui se signalant par des statues de la liberté), la Vila Germanica a été construite uniquement dans un but touristique, reproduisant un petit quartier typico-allemand avec ses maisons à colombages, ses boutiques de souvenirs germaniques et ses brasseries aux menus riches en saucisses, jarret de porc et pommes de terre. Elle est le lieu d’une Oktoberfest (fête de la bière) la seconde plus importante au monde après celle de Munich, qui aurait la seconde fréquentation touristique du Brésil après le carnaval de Rio.

Plus authentique est le petit musée qui préserve l’histoire du créateur de la ville en 1850, le Dr Hermann Blumenau, dans la maison originale de son neveu. On y raconte aussi l’histoire d’Edith Gaertner, la petite nièce du fondateur, 8ème enfant de la famille et seule fille. Alors qu’elle avait entrepris une carrière d’actrice en Allemagne, elle a du rentrer au Brésil pour soigner un de ses frères tombé malade, mœurs de l’époque. Pour tromper son ennui, elle aménagea un joli jardin tropical et recueillit une soixantaine de chats dont la plupart furent enterrés dans un cimetière dédié.

Le cimetière pour chats d'Edith Gaertner
Le cimetière pour chats d’Edith Gaertner
plaques mortuaires

C’est entre la ville de Blumenau et celle de Curitiba que nous passons dans l’état du Paraná


Crash-test à Curitiba

Nous nous présentons devant la grille de ce centre d’éducation à la sécurité routière. L’agent de sécurité fait des va-et-vient, apparemment nous aurions dû réserver. Mais non, la grille s’ouvre et nous sommes invités à nous garer et à nous présenter à l’accueil. Une dame du personnel, probablement la seule qui parle quelques mots d’Anglais, va nous prendre en charge pendant presque une heure, pas en continu mais en s’assurant que tout se passe bien pour nous. Ils sont comme ça les Brésiliens. Dans ce centre, les enfants comme les adultes viennent apprendre les bases de la sécurité routière, son coût humain dans le monde, la prévention des accidents, etc. Avec une mise en situation dans un camion qui se renverse, en soufflant dans un éthylomètre avant et après avoir croqué une cerise à l’eau de vie (enfin pas pour les enfants), en montant sur une balance qui indique combien on pèse en fonction de la vitesse (incroyable, à 80 km/h je pèse 15 tonnes !) et en subissant le fameux crash-test. Assis et sanglé sur un siège de voiture qui va circuler sur un rail, muni de lunettes de réalité virtuelle, on se retrouve, virtuellement donc, au volant d’un véhicule qui va foncer droit dans un mur. Mais le déplacement et le blocage soudain du siège n’ont rien de virtuels et tant le choc que le bruit qui l’accompagne sont impressionnants, d’autant plus que la vitesse testée n’était que de 10km/h. Un test qui devrait être proposé au moins une fois à tous les conducteurs. Nous n’aurons pas de diplôme à la sortie, mais nous serons pris en photo pour publication sur leur page Facebook la semaine prochaine. Avec notre accord bien sûr.


Ah, un jardin botanique !

Ça faisait longtemps que nous n’en avions pas visité. Celui de Buenos Aires semblait assez miséreux d’après les descriptions, rien d’encourageant non plus en Uruguay ou depuis notre entrée au Brésil. Et puis là, à Curitiba, il s’en trouve un avec bonne réputation. Il est même un emblème de la ville, figurant sur de nombreux supports et gadgets touristiques. Datant de 1991, il est constitué de jardins à la française (massifs et symétriques associant parterres de fleurs et haies bien taillées) au milieu desquels trône une superbe serre en verre et métal de style art-nouveau. On y trouve des espèces typiques de la flore tropicale humide brésilienne. A noter que le jardin botanique possède aussi un centre de recherches réputés, qui n’est pas accessible au grand public, aux sens propre comme figuré. J’adore trouver dans les nouveaux pays que nous visitons des espèces que je n’ai encore jamais vues. Et il y en a eu quelques-unes !


Curitiba, la ville du pin bénit

Bien que les coquilles orthographiques restent possibles, ce titre n’en contient pas. Il s’agit évidemment d’un jeu de mots qui m’a semblé judicieux – tant pis si je suis le seul à le penser – pour relier l’étymologie du nom de la ville et le casse-croûte favori de ses habitants. C’est un chef indien de la tribu Tingui qui aurait désigné par les mots « Coré Etuba » aux colons portugais l’endroit « rempli de pins » où construire leur ville. Quant au casse-croûte, il s’agit d’un chausson fourré aux pignons et farine de pin (c’est la pleine saison) avec saucisse ou viande. Le chausson lui-même a la forme d’un pignon de pin. Sur la place très animée où nous avons remarqué le stand, une longue file d’attente nous a dissuadés, mais manifestement, ça partait comme des petits pains !


Sous son œil

Mon titre est évidemment un clin d’œil à la série La Servante Écarlate qui vient de se terminer, mais la pièce maîtresse de ce Museu Oscar Niemeyer, du nom d’un architecte brésilien renommé qui finalisa ce projet à l’âge de 95 ans, est bien cet œil géant comme posé en équilibre sur un petit support quadrangulaire. Oscar Niemeyer était surnommé le « génie des courbes », on voit bien pourquoi dans certaines de ses œuvres exposées en maquettes dans le bâtiment.

Nous reviendrons plus tard sur le contenu de la salle de l’œil, que l’on visite en général en dernier car l’accès se fait à partir du bâtiment principal du musée, paradoxalement un grand parallélépipède rectangle, comme pour mieux mettre l’autre en valeur. Neuf salles dans ce bâtiment sont consacrées à des expositions temporaires ou de moyenne durée, suffisamment pour satisfaire tous les goûts. J’en ai sélectionné trois et un outsider.

D’abord celle de Gabriel de la Mora, un artiste mexicain qui travaille principalement avec des objets trouvés ou du quotidien. Mais loin de se contenter d’assemblages sommaires, il va réaliser ses œuvres avec une méticulosité qui force le respect. Et en parcourant l’exposition, on se prend au jeu de deviner devant une œuvre quel est le matériau de base qui a servi à sa réalisation. Je vous laisse le plaisir de deviner à votre tour, même si c’est encore plus difficile lorsqu’il s’agir d’une photo. Les réponses sont à la fin du carrousel.


En seconde place arrive l’exposition de sculptures africaines baptisée « Afrique : expressions artistiques d’un continent« . Nous avons été impressionnés par la qualité des œuvres et du travail de présentation par les conservateurs.


Et notre troisième lauréat est l’exposition d’art asiatique intitulée « Asie, la terre, les hommes, les dieux » tirée d’une collection de 3000 pièces donnée au musée par le diplomate et professeur Fausto Godoy. Toute l’Asie est représentée, là aussi avec des œuvres de qualité.


En outsider, je rajouterais cette exposition de tapis afghans, datant des années 1980, et utilisant des motifs liés à la guerre : chars, missiles, hélicoptères, etc. qu’on s’attend peu à voir dans de tels objets. Les tisserands afghans ont toujours par tradition intégré leur quotidien dans leurs tapis, alors pourquoi pas la guerre ? Une seconde exposition juste à côté montre pour donner l’équilibre des tapis comportant cette fois des motifs de paix (les 2 dernières photos). L’honneur est sauf !


Mais revenons à la pièce maîtresse du musée : la salle de l’œil, une immense pièce de 70m de longueur et 30m de largeur, qui expose depuis seulement 4 jours (pour une fois nous avons de la chance) et jusqu’à fin août des œuvres d’Eva Jospin (oui, la fille de Lionel…) dont une immense fresque en broderie couvrant la quasi-totalité des murs, soit près de 200 mètres linéaires, qui a déjà fait l’objet d’une exposition l’an dernier au Château de Versailles. Regardez les photos, c’est tout bonnement fabuleux. Le tissage a été réalisé à Mumbai sous la direction de l’artiste et à partir de ses dessins, où chaque trait a été remplacé par un fil de soie, de coton ou de jute avec plus de 400 nuances différentes. Quelques sculptures sur carton sont également présentées dans la salle, tout aussi bluffantes dans leur réalisation. Voir notamment La Forêt sur les photos. A noter que les thèmes de prédilection d’Eva Jospin sont la nature, la déambulation et les folies architecturales. Tout était dans cette pièce !

Pour finir, ajoutons cette cerise sur le gâteau : les plus de 60 ans rentrent gratuitement, c’est-à-dire … à l’œil ! Aucune idée du prix pour les autres, mais quel qu’il soit, ça les vaut…


La spécialité de Morretes

La petite ville de Morretes, toute proche d’un parc naturel et de montagnes toutes vertes, a de quoi séduire les visiteurs, d’autant plus qu’on peut la rejoindre depuis Curitaba avec le train de la Sierra Verde, une expérience touristique à part entière avec des wagons refaits à l’ancienne comportant de petits balcons qui permettent d’admirer le paysage et de frémir lorsque le train passe quelques éperons rocheux. Mais ce train ne fonctionne que le week-end et nous arrivons bien sûr en semaine. En contrepartie, nous avons la ville pour nous seuls, en tant que touristes du moins. Nous flânons dans les rues aux maisons colorées qui restent lumineuses malgré la bruine ambiante, nous observons les ouistitis dans les arbres et nous nous arrêtons dans un restaurant pour goûter la spécialité locale : le barreado. C’est un ragout de viande de bœuf mijotée 20 heures durant dans un pot en terre que l’on scelle avec de la pâte. C’est servi avec des beignets de bananes, des quartiers d’orange et de la farine de manioc que chacun dose à sa façon pour épaissir la sauce de cuisson. Des accompagnements supplémentaires sont possibles. Nous avons eu pour notre part une salade de crudités et une assiette de riz blanc.

Quand nous sommes repartis, toujours sous la pluie, nous avons traversé sur une route étonnamment pavée une forêt tropicale humide, brumeuse à souhait. Les bas-côtés abondaient de palmiers, bananiers, lianes, fougères. Nous aurions pu apprécier sereinement ce spectacle si nous n’avions pas vu dès le départ deux panneaux indiquant une hauteur limitée à 2,50m. Roberto fait 2,54m, mais nous avons tout de même tenté notre chance, la carte routière ne faisant état d’aucun tunnel. Respecter l’interdiction nous aurait conduit à reprendre la route de la veille que nous savions envahie de camions en roulant 60 kilomètres supplémentaires. Plus nous approchions de la fin de cette route traversière, plus nous redoutions de voir cet obstacle en hauteur, mais au final, rien de tel n’est apparu. La limitation était un pur bluff, pour sans doute obliger les poids-lourds à contourner cette route pavée et très sinueuse. Nous avons bien fait de passer outre, non mais !

Nous quittons maintenant cet état du Paraná pour celui de São Paulo, dominé par la mégapole du même nom, qui n’est pas forcément renommée pour sa sécurité. Mais aura-t-elle un intérêt touristique ? Vous le saurez dans la prochaine publication…

148. Rio Grande do Sul

Nous amorçons notre découverte du Brésil par son état le plus au Sud, le Rio Grande do Sul, un territoire dont l’histoire a été mouvementée. Initialement destiné aux Espagnols qui avaient alors lancé le grand programme des Missions pour évangéliser les « indiens » Guaranis, principaux occupants, le Rio Grande do Sul a ensuite été réattribué aux Portugais puis au Brésil. Il est théoriquement le territoire des gauchos, métis blancs-indiens, connus pour maîtriser les immenses troupeaux de bétail qui paissent dans les pampas, mais nous n’en avons guère vu à l’œuvre. Le Rio Grande do Sul s’est ensuite spécialisé dans la culture de la vigne avec l’arrivée des colons italiens. Il est aujourd’hui la principale région productrice de vins brésiliens. Voilà pour les présentations…

Rio Grande do Sul
Le parcours décrit dans cet article. Une version zoomable est disponible ici

Passage de la frontière

Nous nous attendions à avoir un peu d’attente au passage de la frontière entre l’Uruguay et le Brésil, mais il n’en a pas été ainsi. Car les deux pays font partie du Mercosur, une zone de libre-échange à la manière de notre espace Schengen, qui fait que la grande majorité des véhicules ne font que ralentir. Bien entendu, il nous faut pour notre part effectuer les formalités de sortie de l’Uruguay et d’entrée au Brésil aussi bien pour Roberto que pour nous même. Les douanes des deux pays sont situées dans le même bâtiment, ce qui nous simplifie les choses, et grâce au Mercosur, les guichets étaient vides. Tout cela nous a pris un petit quart d’heure. Et Roberto n’a pas été contrôlé, alors que nous avions fait notre maximum pour ne pas avoir d’aliments frais dans le frigo. A noter que nous aurions pu, en effectuant une déclaration, importer 10 kg de viande et 12 litres d’alcool chacun !

Comme à l’arrivée dans chaque pays, il nous faut un forfait de téléphone, un peu d’argent liquide et faire les courses. Pour le téléphone, pas de souci, nous retrouvons notre forfait Free avec ses 35 gigas octets de données mensuelles. Pour l’argent liquide, c’est plus compliqué : aucune des banques de notre ville d’arrivée brésilienne ne pratique le change et leurs distributeurs automatiques n’acceptent que les cartes de leurs clients. Et nous ne trouvons aucun bureau de change. Il nous faudra nous contenter de nos cartes pour l’instant. Enfin, pour les courses, un petit supermarché avec un petit parking nous permettra de faire de petites courses…

Dès la sortie de ville, nous sommes brusquement à la campagne. D’immenses pâturages comme en Uruguay, mais aussi pas mal de terrains en friche. La végétation borde directement la route, fini les larges bas-côtés tondus à ras. Mais les premières routes sont plutôt en bon état, espérons que cela dure ! Les distances sont grandes entre deux villes, souvent plusieurs dizaines de kilomètres pendant lesquels aucune maison même isolée n’est perçue à l’horizon. Comme en Uruguay, la circulation est très peu dense.

Quand nous envisageons de nous arrêter pour la nuit après plusieurs heures de route, notre application nous suggère un camping au bord d’une rivière. A notre arrivée, il est désert et la réception est fermée. Aucun occupant non plus pour nous renseigner. Bah nous nous installons quand même et passerons une très bonne nuit. Un robinet d’eau resté accessible nous permettra en outre de refaire le plein d’un de nos réservoirs.


Les Missions

Nos missions – que nous avons acceptées – étaient au nombre de 4.

-> La première était de nous rendre dans le large secteur des missions jésuites qui, aux XVIe et XVIIe siècle, avaient pour objectif de créer avec les amérindiens une société avec les avantages et les qualités de la société chrétienne européenne, mais libre de ses vices et de ses maux. On sait comment cela s’est terminé et aujourd’hui les missions ne sont plus que des vestiges historiques. La mieux conservée du Brésil est celle de St Michel Archange, et nous avons pu nous y rendre.

Carte des missions jésuites du Brésil
Carte des missions jésuites du Brésil

-> La seconde mission était, désolé de la transition abrupte, de trouver de l’argent liquide. Mais pas davantage qu’à la ville frontière les banques ne font le change et comme là-bas, les distributeurs automatiques n’acceptent que les cartes de leurs clients. Il faudra chercher plus loin.

-> La troisième mission est de faire coïncider dès que c’est possible, le visionnage d’un film ou documentaire en rapport avec le sujet du jour. Le film La Mission, de Roland Joffé et avec Robert de Niro, s’imposait. Il raconte précisément l’action des jésuites respectant scrupuleusement l’objectif évoqué ci-dessus avec les indiens Guarani et le désastre causé par les conquistadores. Une partie de ce film poignant se déroule dans la mission de St Michel Archange que nous allions visiter. Idéal donc.

Captures d'écran du film La Mission
Captures d’écran du film La Mission

-> Notre dernière mission a été bien entendu la visite de ce lieu historique, classé à l’Unesco. Le visionnage du film la veille nous a beaucoup aidés dans la compréhension. A noter que, le guichet d’entrée n’acceptant que les espèces, on nous a permis d’entrer gratuitement. A noter aussi que, et c’est la première fois que ça nous arrive depuis le début de notre périple, des places du parking étaient réservées aux seniors (60 ans et +). Ça donne un coup de vieux mais nous n’avons pas résisté à nous garer là, pour le principe !


Donner le change

Au sens figuré, cette expression correspond bien à la construction de la Cathédrale « Angelopolitaine » de Santo Angelo, construite sur le modèle de la mission de St Michel Archange. Si l’on se place devant la façade, c’est la même mais en mieux, du moins si l’on oublie que cet édifice a été construit 2 siècles après l’autre. Au-dessus du portique, on trouve les Saints Patrons des 7 missions jésuites du Brésil. À l’intérieur, rénové en 1990, se trouve une image grandeur nature du Christ crucifié, d’origine missionnaire, datant de 1740 et réalisée en bois de cèdre sculpté.

À noter une polémique intéressante à propos d’une peinture commandée à un artiste local, Tadeu Martins, sur le thème de la christianisation par les jésuites. Dans un souci de conformité avec l’histoire, les enfants Guaranis étaient représentés à moitié nus aux côtés des missionnaires. Une bonne partie des fidèles s’en est offusquée, au point que la peinture était recouverte d’un tissu lors des messes et des mariages. Au décours de la rénovation suivante en 2008, les enfants Guarani avaient (miraculeusement ?) disparu de l’œuvre. Il paraît qu’un accord a été trouvé avec l’artiste… De notre côté nous n’avons trouvé cette « Saga Missioneira » ni derrière l’autel ni sur Internet, que ce soit dans sa version originale ou corrigée. Mystère…

Quant au sens propre, c’est l’histoire de cette improbable station-service qui en relève. Rappelez-vous notre insuccès depuis notre arrivée au Brésil à trouver une banque ou un distributeur de billets capable de nous donner quelques reais – le pluriel du real brésilien – à partir de nos cartes bancaires ou des rares devises que nous avons emportées. Claudie essaiera sans succès trois banques de San Angelo et leurs DAB. C’est l’agent de sécurité de la dernière qui suggéra que peut-être dans telle station-service une borne rouge pourrait accepter les cartes étrangères. Une station-service ? Pourquoi pas une boucherie ou un salon de toilettage pour chiens ! Enfin nous allons voir et effectivement, l’un des deux distributeurs de billets situé dans la boutique, le rouge bien sûr, a été à même de nous délivrer nos précieux dinheiro – nom des espèces en portugais.


Le cœur violet du Brésil

Que trouve-t-on dans une ville qui s’appelle Ametista do Sul ? Des améthystes bien sûr ! Apparues il y a 130 millions d’années suite à des bulles formées dans des coulées de lave. Les minéraux qui s’y sont infiltrés ont formé avec le temps de magnifiques cristaux, que l’on découvre en ouvrant les géodes trouvées dans le sol. L’activité est aussi dense que prospère à Ametista, aussi bien par des entreprises familiales qui exposent leurs trouvailles devant leur maison que par des firmes plus conséquentes, dont les galeries sont désormais suffisamment profondes pour en ouvrir une partie aux touristes. Nous avons visité l’une de ces mines à bord d’un petit camion aux parois grillagées afin que nos têtes ne soient pas rabotées par les rochers très proches, pour découvrir quelques éléments mis en scène du travail des mineurs et surtout quelques géodes ouvertes mais laissées en place dans la roche. Malheureusement, les commentaires n’étaient qu’en Portugais et nous n’avons rien compris. Il va falloir que nous fassions des progrès rapidement ! Le plus intéressant a été la visite du musée, exposant une incroyable collection de pièces magnifiques, récoltées au fil des années.


Les spots de la liberté

Nos lieux de bivouacs sont éminemment variés. Si nous préférons habituellement les coins nature, les nécessités de nos visitent nous rapprochent alors des villes. La veille, dans Ametista do Sul, nous avons dormi sur le parking en terre du musée du bambou que nous avions prévu de visiter le lendemain. Un musée totalement inintéressant, concocté pour soutirer quelques reais aux touristes en bus qui viennent surtout visiter les mines. Cette fois, c’est la présence d’une laverie automatique dans la ville de Passo Fundo qui nous a conduit à trouver un endroit adapté proche de la ville. Nous avons jeté notre dévolu sur le parking d’un grand magasin spécialiste de l’équipement de la maison (Havan pour ceux qui connaissent). Cette chaîne a l’habitude de dresser une effigie de la statue de la liberté devant ses établissements. C’est donc à proximité de l’une d’entre elles que nous avons garé Roberto pour la nuit, nous (vous) offrant quelques images insolites.


Little Italy

Nous voici à Bento Gonçalves, une ville qui a été choisie par les autorités brésiliennes pour recevoir les émigrants européens. Ce sont les Italiens qui sont arrivés en nombre dans les années 1870, fuyant les impôts élevés et la pauvreté entraînée par les guerres d’unification à cette époque. Ils ont amené avec eux leur savoir faire en matière vinicole, peinture des maisons en vert-blanc-rouge et cuisson des pâtes. Grâce à eux, Bento Gonçalves est la première région productrice de vin au Brésil, et produit notamment d’excellents vins pétillants.


Manger au kilo

Nous avons testé la Cantina Del Piero, une cantine tenue par une famille d’origine italienne depuis 1992 qui sert des plats faits maison d’excellente qualité, vendus au kilo. C’est la première fois que nous testons une telle formule. Il s’agit d’un self-service classique où l’on compose donc soi-même son assiette, laquelle est ensuite pesée. Les boissons sont en supplément mais un petit dessert et le café sont offerts. Ce qui différencie cette « cantine » des Flunch ou autres, outre peut-être la qualité de la nourriture, c’est le service attentionné que nous avons reçu, le serveur déployant un maximum d’efforts pour nous présenter le mode d’emploi, nous guider dans le choix du vin et nous offrir un dessert supplémentaire que nous ne devions pas rater. Coût de l’opération : un peu moins de 15 euros à deux, (pleins) verres de vin, desserts et cafés compris. Le kilo de plats était à 13 euros.


Geisse what ?

De Bento Gonçalves, nous avons pris la route des vignes, celle qui mène vers le village de Pinto Bandeira, où les émigrés italiens sont arrivés en 1876. Après de nombreuses péripéties, 3 changements de nom, une élévation au rang de municipalité en 2010, annulée en 2013 puis réattribuée en 2020, la petite commune est maintenant un ensemble d’établissements vinicoles plus ou moins renommés. Après avoir traversé le village, sillonné au travers des vignes, nous avons voulu visiter l’une des exploitations les plus célèbres à l’étranger, la maison Geisse. Impossible de visiter les installations, mais possible de déguster le vin dans un environnement agréable et avec de petits en-cas sympathiques. Vins pétillants méthode champenoise testés et approuvés !

Pour en savoir plus sur les péripéties de Pinto Bandeira : https://www.pintobandeira.rs.gov.br/secao.php?id=2


Changement de décor

Plus rien d’italien dans notre nouvelle ville-étape de Gramado, ou alors en cherchant du côté des Alpes. Ce sont plutôt des Allemands et des Autrichiens qui se sont installés là, dans un décor de station de sports d’hiver mais sans domaine skiable. Nous sommes à 800 m d’altitude et la neige est rare, même si des reliefs blancs en plastique sur les toits essaient de nous faire croire le contraire. Par contre, dans les vitrines, ce ne sont que horloges à coucous, coutellerie, vêtements chauds, restaurants à fondue et accessoires de Noël. Tout ça vendu toute l’année bien sûr, car ici Noël tombe en plein été, en haute saison touristique. On aime manifestement le kitsch à Gramado, vu le bon nombre de parcs à thème que possède la ville, facilement repérables par leur façade exubérante avec personnages géants. Sans être dupes de tout ça, très amusant finalement, nous nous sommes laissés tenter par un chocolat chaud tellement épais qu’il se déguste à la cuiller.


Attractions

Gramado et sa ville-soeur Canela en font un maximum pour attirer les touristes, manifestement l’économie principale de la région. Outre leur architecture calquée sur les stations de sports d’hiver alpines, ces deux villes semblent concourir sur le nombre d’attractions, parfois appelées parcs à thème. Un peu abusivement sans doute, nous sommes loin du gigantisme des parcs d’Orlando ou du parc Astérix par exemple. Le thème choisi (les possibilités sont nombreuses) est décliné ensuite à grand renfort de carton-pâte et de plastique, surtout pour les façades en guise de publicité. Les attractions de départ et j’espère les plus visitées sont celles ayant trait à la nature, comme la seconde cascade la plus visitée au Brésil après les chutes d’Iguaçu ou sa plate-forme de verre au-dessus du vide, maintenant un grand classique. Mais on trouve tout aussi bien des attractions recréant un petit monde égyptien, gelé, à vapeur, automobile classique ou hollywoodien, en cire, géant, spatial, ou encore ayant trait aux Beatles, au basket, aux machines à bonbons, aux cavernes de l’âge du feu dans lesquelles on déguste des fondues, etc. La liste semble infinie et évolue chaque année, de vieilles façades décrépites en cours de rénovation en témoignent. Les activités extérieures étant malheureusement exclues en raison d’un temps froid et continuellement pluvieux, nous nous sommes rabattus sur un musée et une chocolaterie. Le premier, le « monde de la vapeur » nous avait attiré par sa façade d’où une locomotive à vapeur semble tombée du 1er étage, malheureusement il était fermé. Nous avons eu davantage de succès avec la chocolaterie, surtout avec la dégustation !


Retrouvailles

Voici plusieurs jours que le beau temps nous faisait défaut, alors nous quittons prématurément les collines de Gramado et Canela pour rejoindre le littoral. Bien nous en a pris car, si le vent reste bien présent, le soleil est de retour et c’est bien appréciable. Comme en Uruguay, nous nous garons assez facilement près des plages, le seul problème étant de trouver une rue qui ne soit pas trop circulante. Maintenant, nous sommes en basse saison, et en période d’été austral (décembre à février) cela doit être plus compliqué. Nous allons continuer pendant quelque temps de longer la côte du Brésil qui compte tout de même 7 491 km (à peu près 2 fois et demi celles de la France métropolitaine). Si nous sommes loin du record pour la longueur du littoral – le Canada est très loin devant avec plus de 200 000 km – le Brésil détient le record mondial de la plage la plus longue avec 254 km de sable ininterrompu. Dans l’état du Rio Grande do Sul justement.


Nuit en montagne

Approchant en fin d’après-midi la ville de Gravatal, de nouveau dans l’intérieur du pays, nous cherchons un endroit pour passer la nuit. Ni les options proposées par nos applications ni ce que nous avons pu repérer ne nous conviennent, toutes proches de l’animation de la ville et d’autres véhicules. Il fait encore jour, nous avons donc un peu de temps, alors nous nous engageons sur un petit chemin de terre bien tassée qui grimpe vers les collines. Après plusieurs kilomètres, aucun dégagement à peu près plat n’est visible. Nous repérons à un croisement un panneau « Igreja de Sao Geraldo ». Cela vaut la peine de tenter l’aventure, les églises possédant souvent un petit parking. A voir si en montagne c’est pareil. Le second chemin est plus étroit, plus orniéré et parfois moins bien tassé, ce qui m’oblige à utiliser la fonction Traction+ de Roberto, qui sur sol glissant, transfère le couple à la roue motrice qui adhère le mieux. Ça fonctionne plutôt bien et nous finissons par arriver au pied de cette petite église en bois. La seule place disponible est devant le bâtiment adjacent, peut-être un presbytère. Il est fermé, alors nous nous y installons. Nous passerons une nuit au grand calme et nous réveillerons le lendemain au-dessus d’une belle mer de nuages qui envahit la vallée. Rien que pour ça, cela valait le coup de grimper !


Une rencontre d’exception

« Quand vous serez du côté de Florianópolis, prévenez-moi » nous avait dit Elisa, l’une des amies d’Achille et Jordanne, notre fils et notre belle-fille. Brésilienne de naissance, Elisa tenait à ce que nous rencontrions ses parents, habitant Sao Bonifacio, une charmante petite bourgade dans l’intérieur des terres. Alors nous y sommes allés et avons vécu un excellent moment avec Cintia et Jose Carlos, un couple adorable qui nous a transmis d’emblée sa bonne humeur et le plaisir d’être venu habiter à la campagne trois ans auparavant. Converser n’a pas été des plus facile, notre niveau de Portugais en étant au stade de grands débutants, mais en intégrant des efforts de prononciation de la part de nos interlocuteurs avec un joyeux mélange d’Anglais, de Français, d’Espagnol et de Google Traduction, nous sommes parvenus à nous comprendre pour l’essentiel et passer un bon moment ensemble. Nous espérons vivement les revoir lorsqu’ils viendront prochainement en France voir Elisa et son mari Antoine.


En arrivant à Sao Bonifacio, nous avons quitté le Rio Grande do Sul pour l’état de Santa Catarina, du nom de la grande île reliée au continent par la ville de Florianópolis. Ce sera notre prochaine étape. Nous nous y retrouverons très bientôt !

147. Disfruta

Nous l’avions déjà remarqué à Montevideo, une bonne partie des musées est en accès libre, sans droit d’entrée. Dès nos premières visites dans l’intérieur du pays, cela se confirme. Le plus emblématique a été ce parc animalier recueillant principalement la faune autochtone où nous avons été accueillis d’un « Bienvenido, disfruta ! ». Ça nous change du zoo de Beauval où non seulement il avait fallu aligner une quarantaine d’euros par personne, mais en plus sans être gratifiés du moindre sourire… Quelle intelligence que de permettre à tous l’accès à la culture ! Vive l’Uruguay !

Nous profitons de la vie au travers de ce roadtrip. Disfruta !
Nous profitons de la vie au travers de ce roadtrip.

Remise en route

Même si le temps reste très couvert, c’est un véritable bonheur que de repartir sur les routes. Mais quelques étapes logistiques préalables s’imposent :
-> d’abord ranger nos affaires dans les placards. Sinon on ne peut pas circuler avec nos sacs de voyage et valises. Il nous faudra compter une bonne heure !
-> ensuite refaire le plein de carburant, car les compagnies maritimes exigent que l’on soit sur la réserve pour pouvoir embarquer. Ce n’est pas si simple que ça en a l’air puisqu’il nous faut trouver une station-service qui vend du gasoil peu chargé en soufre (Roberto est allergique de par son statut Euro 6), ce qui se traduit ici par 10-S, soit un maximum de 10 ppm de soufre. Parce que le gasoil ordinaire contient 50 ppm. Nous risquons de trouver beaucoup plus dans d’autres pays, il faudra faire attention.
-> et puis refaire le plein des réservoirs d’eau. Notre application iOverlander nous permettra de trouver rapidement un robinet public près d’un petit parc. Et zou, près de 200 litres embarqués !
-> évidemment, le frigo et les placards à nourriture sont vides. Nous n’avions le droit d’importer aucune nourriture. Un hypermarché Géant se trouve fortuitement placé notre route. Le caddie sera bien rempli mais pas plein, la taille de notre frigo (130 litres) ne le permettrait pas.

Nous sommes maintenant pratiquement autonomes pour une bonne semaine. Les panneaux solaires tournent à plein régime malgré le ciel gris. Aucune de nos 2 batteries, moteur et cellule, ne semble avoir souffert de l’immobilisation de 6 semaines dans le conteneur. Nous voilà sur la route en direction de l’Est (nous remontons tranquillement vers le Brésil). Il nous faut nous arrêter au premier péage (ce n’est pourtant pas une autoroute) pour prendre le badge de télépéage. Il est gratuit, il faut juste mettre un peu d’argent dessus. Les quelques sections à péage coûtent pratiquement toutes le même prix, l’équivalent de 3,50€. Ce qui est bizarre sur ces sections à péage, c’est qu’on y trouve bon nombre de routes transversales par lesquelles il serait faciles d’entrer sans payer, mais nous n’allons pas jouer à ça !

En milieu d’après-midi, nous trouvons que notre première journée sur la route est suffisamment remplie et nous nous trouvons un petit spot pour nous reposer et passer la nuit. En bord de mer s’il vous plaît. En Uruguay, le faible nombre de véhicules de loisirs fait que nous ne sommes pas considérés comme une gêne. En conséquence il est possible de se garer pratiquement partout !


La brique élevée au rang d’art

Intérieur de l'Iglesia del Cristo Obrero à Atlantido (Uruguay)
Intérieur de l’Iglesia del Cristo Obrero à Atlantida (Uruguay)

Voilà une église peu ordinaire, entièrement bâtie en briques. Ce matériau qui paraît banal, a pourtant ici  été érigé en art. L’ingénieur uruguayen Eladio Dieste a réussi à créer des murs et un plafond ondulés, une rampe d’escalier ajourée, des éléments de façade en dents de scie. Il a reçu en retour l’hommage de ses pairs et surtout celui de l’Unesco qui a inscrit son œuvre au patrimoine mondial


La Villa de la Concepción de las Minas

C’était l’ancien nom de la ville de Minas que nous visitons aujourd’hui. Mais comme ça tenait rarement sur les enveloppes et ou que les panneaux à l’entrée de l’agglomération étaient souvent renversés par le vent – en fait ce sont deux hypothèses personnelles –  la ville a décidé de s’appeler simplement Minas, en référence à son passé d’extraction de fer et d’argent. Plus rien de tout ça lors de notre visite, mais nous avons aimé nous promener dans des rues qui collent davantage à l’image que nous avions de l’Uruguay que celles de Montevideo.

Nous avons entre autres visité la Casa de la Cultura qui abrite la bibliothèque municipale, une galerie d’art, un théâtre et 4 musées dont l’un est hébergé dans la maison natale de l’un des héros de la nation Juan Antonio Lavalleja de l’un des héros de la nation. Les 3 autres concernent les peuples précolombiens, les gauchos, le musicien Eduardo Fabini, l’écrivain Juan José Morosoli, le professeur de médecine Pedro Belou, bref que des inconnus pour nous. Le décor était plutôt joli. Tout était gratuit, mais nous avons dû supporter la guide qui devait s’ennuyer et nous a accompagné tout du long, nous racontant ce que nous pouvions lire sur les affiches. Parfois la gratuité a un coût…


L’inventeur de Minas

Reproduction du premier véhicule automoteur terrestre à vapeur de Nicolas-Joseph Cugnot (1769)
Reproduction du premier véhicule automoteur terrestre à vapeur de Nicolas-Joseph Cugnot (1769)

Le Géo Trouve-tout de Walt Disney a son équivalent uruguayen : Horacio. Cet homme a commencé à fabriquer ses propres jouets vers l’âge de 5 ans. Un peu plus tard il s’est mis à reproduire les engins agricoles qu’utilisait son père, puis une infinité d’autres véhicules et d’objets utiles au quotidien, fonctionnant comme dans la vraie vie. Horacio, septuagénaire, nous fait la démonstration du fonctionnement d’une douzaine de machines ou de véhicules, ainsi que de quelques jeux qu’il a conçus lui-même ou recréés à partir de modèles photographiés. Et le dernier modèle en cours de construction. Il ne s’arrête jamais !

Ce génial personnage, tout aussi inventeur que pédagogue, nous a bien gardés une heure et demie et aurait même pu faire davantage si son épouse n’était pas venue gentiment l’arrêter.

Une visite passionnante et animée avec passion, nous avons adoré !

La bonne réponse au quiz précédent est 1. (une boutique de biscuits). Il ne fallait pas se laisser influencé par le Mar y Mar ni par les biscoteaux du coach de gym !


Être à tort sur la réserve

Le domaine de la réserve animalière de Pain de Sucre (oui, c'est le nom de la ville !)
Le domaine de la réserve animalière de Pain de Sucre (oui, c’est le nom de la ville !)

Après avoir dormi au bord d’un petit chemin entre deux champs, nous rejoignons, peu après la ville joliment nommée de Pain de Sucre, la Réserve d’élevage et de protection de la faune naturelle autochtone. 100% des réserves de ce type visitées auparavant étaient payantes, les gouvernements favorisant peu leur développement. Mais arrivée au guichet d’entrée, un jeune homme nous accueille d’un grand « Bienvenidos » et d’un « Disfruta » (profitez) en nous indiquant le chemin. En parcourant les allées, nous ne trouvons aucun manque d’entretien que la gratuité aurait pu laisser supposer. Au contraire le sol est balayé, les bas-côtés tondus et les enclos sont bien propres.

Les animaux sont ici en semi-liberté. Cela se traduit par des enclos grillagés, mais de grande taille et comportant pour la plupart des zones de taillis où les bêtes peuvent se cacher s’ils n’ont pas envie de rencontrer des humains. Nous avons vu des condors, des capybaras (de gros rongeurs sympathiques), des coatis, des renards, des caïmans, des pumas et des nandus (genre d’autruches) avec de nombreux petits.

A l’entrée de la réserve, un très grand espace de jeux pour enfants a été aménagé. Il est amusant de le retrouver sur la première page du site internet de la réserve (lien ici). Les petits mammifères humains qui s’ébattent sur les balançoires et autre filets d’escalade sont indéniablement assimilés à la faune autochtone à choyer !


Château express

Peu avant l’heure du déjeûner, nous quittons la route principale pour nous engager sur l’allée bordée de palmiers qui mène au Castillo de Piria, du nom de son premier occupant Francisco Piria, entrepreneur uruguayen et créateur de toutes pièces de la ville voisine de Piriapolis. L’accès est libre, avec juste un gardien qui reste sur sa chaise à l’entrée. Le château est maintenant propriété du département et sert de musée. Le mobilier qui reste est de bonne facture sans être précieux. On trouve quelques informations sur l’entrepreneur et son œuvre avec un plan complet de la ville taillée au cordeau. L’étage et le rez-de-chaussée sont finalement assez vite visités.


Fort contraste

Carlos Páez Vilaró devant son œuvre
Carlos Páez Vilaró devant son œuvre

Ce titre pourrait évoquer la visite d’un nouveau château, mais c’est surtout son second mot qui est important. Après avoir vu les plans à la symétrie quasi parfaite de la station balnéaire de Piriapolis, que nous n’avons pas jugé bon de visiter, nous découvrons cette Casa Pueblo tout autant l’œuvre d’un seul homme que la précédente, mais où la ligne droite est quasi inexistante. Le terme casa (maison) est à reconsidérer devant la grande surface occupée par ses 72 bâtiments aux formes folles. Son créateur est l’artiste Carlos Páez Vilaró. La construction a pris 36 ans, sans aucun plan préétabli. Si une bonne partie est privée, nous avons tout de même la possibilité de visiter le musée, qui donne un excellent aperçu sur la vie et les motivations de l’artiste et permet de se balader sur les parties accessibles du domaine. Les parois ondulées d’un blanc éclatant rappellent les constructions méditerranéennes, mais les couloirs labyrinthiques et les dômes fantasques rendent le lieu unique. Un hôtel et un restaurant permettent tout comme le musée d’apprécier la Casa Pueblo et sa vue imprenable sur l’océan Atlantique.


La nuit sur la falaise

Pêcheurs sur les rochers de la Punta Ballena. La Casa Pueblo est en arrière-plan
Pêcheurs sur les rochers de la Punta Ballena. La Casa Pueblo est en arrière-plan

Tout près de la Casa Pueblo se trouve une pointe rocheuse s’avançant vers la mer. Elle est aménagée de plusieurs parkings et nous nous laissons tenter d’y passer la nuit. Le coucher de soleil sera très beau, mais le vent qui a soufflé toute la nuit a gêné un peu mon sommeil. Pas tant à cause du bruit qu’en raison des oscillations de Roberto qui a une forte prise au vent. Tant pis, la vue valait le coup !


État des routes

Un enrobé parfaitement lisse et des bas-côtés soignés pour cette route, mais ce n'est pas toujours le cas !
Un enrobé parfaitement lisse et des bas-côtés soignés pour cette route, mais ce n’est pas toujours le cas !

Nous n’avions aucune idée du niveau économique et de l’état des routes de l’Uruguay. Eh bien d’une manière générale, les deux sont plutôt bons. Les routes principales sont très larges et possèdent des enrobés parfaitement lisses. Les bas-côtés sont toujours très bien entretenus avec l’herbe tondue à ras et les déchets ramassés. Pour les routes secondaires, c’est plus aléatoire. Parfois c’est excellent, parfois c’est parsemé de nids-de-poule, parfois – et c’est peut-être le pire – c’est un joyeux mélange des deux. Quant aux routes tertiaires, ce sont en général des chemins de terre bien tassée ou des routes garnies de pierres concassées, dont les arêtes vives me font craindre pour les pneus de Roberto. Les ralentisseurs sont assez fréquents et bien plus rudes qu’en France. Les périphéries des villes semblent plus négligées que leur centre, aussi bien pour l’état des routes que pour la propreté. Malgré la présence de poubelles en quantité, des déchets peuvent traîner dans les rues. Les conducteurs semblent prudents. C’est d’autant plus facile que la circulation est très peu dense. Ce qui est sans doute lié à la faible densité de population, environ 19 habitants au km² contre une centaine pour la France et le double en Italie.


Le Mc Do de Maldo

Le Mc Do de Maldonado sur la place centrale
Le Mc Do de Maldonado sur la place centrale

Notre étape suivante s’appelle Maldonado. Nous y trouvons quelques restes historiques intéressants, comme la borne qui marquait la frontière entre le Portugal et l’Espagne (qui s’étaient partagés la région !), une tour de vigie qui servait à surveiller la circulation maritime dans le Rio de la Plata, et un ancien fort datant de la même époque, devenu musée. Le centre-ville est assez joli avec les bâtiments coloniaux et la cathédrale qui entourent la plazza centrale. Le seul édifice qui ne soit pas colonial est …le Mc Donald’s qui m’a inspiré le titre. Nous cherchons en vain une grande fresque décrite sur notre Petit Futé. En visitant une petite galerie d’art, nous posons la question aux employées, qui vont se démener pour nous trouver que la fameuse fresque avait été déplacée sur une autre place il y a … 35 ans ! Bonjour la mise à jour du Petit Futé qui pour le coup ne l’est pas vraiment.


C’est aussi la veille des élections municipales et départementales. De nombreux partisans de l’un ou l’autre des partis en lice distribuent des tracts à tous les carrefours. Nous sommes surtout impressionnés par l’emprise de la publicité murale. Ici on ne colle pas d’affiche, mais on peint les affiches, sur un peu n’importe quel support : une voiture, un bus, la façade d’un bureau du parti ou d’un commerçant affilié, le mur d’enceinte d’un terrain vague ou d’un cimetière, voire même la façade entière d’une maison historique ! Le seul problème est la rémanence de la peinture. Certaines images font référence aux candidats des présidentielles qui se sont déroulées il y a plus de 6 mois…


Ponts design

Juste à l’Est de la commune de Maldonado, nous franchissons un premier pont, le puente de la Barra, très original par le profil ondulé de son tablier. Cette astuce technique permet apparemment de casser la vitesse, procurant une sensation de montagnes russes si on le franchit trop rapidement. Ce sont en réalité deux ponts côte à côte, le second ayant été construit quelques années après le premier sur le même modèle tant il donnait satisfaction.

Puente de la Barra, Maldonado
Puente de la Barra, Maldonado

Sur la même route en longeant la côte, on trouve 30 km plus loin un autre pont tout aussi curieux, celui de la Laguna Garzon.  Son tablier unique se présente cette fois comme un cercle posé au milieu de l’eau, sur des piliers de béton. L’ensemble est bien sûr relié aux berges par deux routes droites. Là aussi le cercle a pour effet de faire ralentir les véhicules mais la construction a permis de respecter les normes environnementales pour cette zone protégée. Sans parler d’un esthétisme certain pour ce pont comme pour le précédent.

Puente de la Laguna Garzon, Maldonado
Puente de la Laguna Garzon, Maldonado

L’Uruguay en deuil

L'Uruguay de nouveau en deuil national pour la disparition de son président préféré
L’Uruguay de nouveau en deuil national pour la disparition de son président préféré

Les drapeaux du pays sont de nouveau en berne, pour un nouveau décès, qui touche davantage les uruguayens que le pape François : celui de leur ancien président Jose Mujica dit « Pepe ». Si l’on se plonge un peu dans la biographie et la mandature de cet homme d’état, président de l’Uruguay de 2010 à 2015, on comprend mal pourquoi sa personnalité et ses actions n’ont guère traversé l’Atlantique (personnellement je n’en avais jamais entendu parler).

Jose Mujico di "Pepe", un président charismatique au style inimitable
Jose Mujico di « Pepe », un président charismatique au style inimitable

Cet homme très charismatique, ancien guérillero, emprisonné 14 ans pour cette raison, a marqué son quinquennat davantage par son humilité, son intégrité et sa cohérence entre ses valeurs et son mode de vie que par des exploits économiques spectaculaires. Il a commencé par refuser de vivre dans le palais présidentiel comme ses prédécesseurs, continuant d’habiter dans sa petite ferme à la campagne, cultivant des fleurs avec sa femme, conduisant une vielle Coccinelle VW bleue. De plus, il reversait 90% de son salaire présidentiel à des œuvres caritatives et à des projets sociaux, affirmant qu’il n’était pas pauvre, que les pauvres étaient « ceux qui ont besoin de beaucoup pour vivre ». Mais pourquoi n’a-t-on pas de candidat semblable en France ?

Jose Mujica dans sa maison (AP Foto/Matilde Campodonico, Archivo)
Jose Mujica dans sa maison (AP Foto/Matilde Campodonico, Archivo)

Et ce n’est pas tout. Jose Mujica, homme de gauche, a fait légaliser sous sa présidence le mariage homosexuel, l’avortement et le cannabis. Il a réduit le taux de pauvreté, mené une politique d’indépendance aux grandes puissances, critiqué la société de consommation et le capitalisme sauvage. Dans un discours à l’ONU en 2013, il a appelé à repenser notre mode de vie et nos valeurs collectives pour préserver la planète. Dans un monde où beaucoup de dirigeants prônent des valeurs qu’ils n’incarnent pas, Mujica a montré qu’il était possible d’être honnête, simple et efficace, même au sommet de l’État. Pas comme l’autre.


Punta del Este la mal nommée

Un message en mosaïque sur le parking le plus au Sud de l'Uruguay à Punta del Este
Un message en mosaïque sur le parking le plus au Sud de l’Uruguay à Punta del Este

Ville balnéaire située certes à l’Est de Montevideo, elle n’est pas la ville la plus à l’Est de l’Uruguay. Par contre elle est bien la plus au Sud du pays. Envahie de touristes en saison, elle est tout à fait tranquille quand nous la parcourons. Nous avons trouvé son bord de mer très soigné, avec un long trottoir rayé noir et blanc idéal pour les joggeurs et à plusieurs endroits de jolies mosaïques au sol et des massifs de cactées. Comme à beaucoup d’endroits en Uruguay, les immeubles sont situés très en retrait de la mer, laissant suffisamment de place pour la route côtière et d’immenses parkings, les plages restant protégées par des dunes. Il doit faire bon vivre ici, mais hors saison !


La Fondation Pablo Atchugarry

Sans une habitante Uruguayenne ayant consulté le blog grâce à l’adresse inscrite sur Roberto et nous ayant contacté pour nous informer de l’existence de ce lieu, nous aurions raté la Fondation Pablo Atchugarry, absente de notre guide papier alors qu’elle a été créée il y a 18 ans, en 2007 ! Une nouvelle fois cela pose le problème de la mise à jour des guides. Il s’agit d’une institution à but non lucratif créée par l’artiste uruguayen Pablo Atchugarry, visant à promouvoir les arts visuels, la littérature, la musique, la danse et d’autres formes d’art auprès de sa communauté et de ses visiteurs. La visite est gratuite. Elle fait la part belle bien entendu aux œuvres de l’auteur, mais il faut bien montrer l’exemple. Outre une galerie classique dans plusieurs bâtiment, la fondation dispose d’un grand jardin de 2 km de longueur réservé aux sculptures. Le style est résolument moderne, donc pas forcément adapté à tous les goûts, mais rien ne vaut la visite pour en juger.


Vamos a la playa

Entre l'Océan Atlantique et la Laguna Garzon
Entre l’Océan Atlantique et la Laguna Garzon

Poursuivant vers le Nord-Est, nous essayons tant bien que mal de longer la côte, mais de nombreuses lagunes nous en empêchent ou nous obligent à des détours importants. Mais arrivés sur le littoral, nous trouvons de belles plages désertes. Ce n’est malheureusement pas la saison de se baigner, mais à 3 reprises, nous passerons la nuit derrière une dune, profitant du calme absolu de la basse saison et d’environnements magnifiques. Les oiseaux migrateurs ou non semblent également apprécier l’endroit. Quand nous ne les voyons pas, ce sont les traces de pas sur le sable ou dans l’eau qui trahissent leur présence.


La ville qui s’appelait 33

Forcément, ça intrique, d’autant plus que dans plusieurs villes que nous avons visitées, une rue portait ce nom. On trouve vite l’explication sur le net : il s’agit d’un hommage aux 33 héros nationaux ayant joué un rôle crucial dans l’indépendance du pays en 1825. Cela dit, Treinta y Tres n’est pas la seule ville du monde à porter un nom de chiffre ou de nombre. Comme par exemple  1770 en Australie (année de découverte du pays par James Cook), 84 en Pennsylvanie (voulait s’appeler Smithville mais le nom était déjà pris), 88 au Kentucky  (le directeur de la poste souhaitait simplifier l’écriture des adrresses) et 56 dans l’Arkansas (nom proposé lors de la création refusé par le gouvernement fédéral. Et en France alors ? Eh bien nous avons Dreux, Troyes, Castres, Sète…


La vieille poste

Façade de l'ancienne poste de Chuy
Façade de l’ancienne poste de Chuy

Repartis vers l’intérieur des terres, nous faisons halte à l’ancienne poste de Chuy. Une ancienne auberge à diligences bâtie par 2 Basques français nommés Etcheverry. Tailleurs de pierres, ils ont construit ce bâtiment en pierres sèches, sans aucun mortier. Tout comme le pont à meurtrières juste à côté, recevant en retour de leurs efforts un droit de péage à chaque passage. On s’amuse à relever les tarifs pratiqués et à déchiffrer le « passe-port à l’étranger » délivré par l’Empire français à nos deux basques.

Car oui, le nombre de bérets en atteste, de nombreux Basques ont participé parmi les premiers à la grande phase d’immigration européenne vers 1835. En 1843, ils étaient le groupe le plus nombreux (environ 10 000 âmes) parmi les immigrants en Uruguay. Par la suite, les Espagnols puis les Italiens les ont largement dépassés. Aujourd’hui, leurs descendants représentent 10% de la population uruguayenne, y compris les Basques espagnols.


Le musée de géosciences de Tacuarembo

Ayant aperçu un groupe d’élèves en tenue de sport sur la place centrale, nous nous sommes dits que les musées ne seraient pas envahis, alors nous sommes entrés dans le musée de géosciences, sans trop savoir ce que nous allions voir tant le sujet est vaste. Nous avons été accueillis chaleureusement – comme partout ailleurs en Uruguay – par la conservatrice, qui nous a présenté rapidement les collections avant de retourner à son maté. Ça démarre par une allée de minéraux, avec beaucoup de fossiles, authentiques et présentés directement à la vue. C’est assez rare pour le signaler, car habituellement soit nous avons à faire à des copies, soit les items sont présentés dans des vitrines. Parmi ces fossiles se trouvent des mollusques d’eau douce géants, qui seraient une exclusivité mondiale. En dehors de cela, de nombreux tableaux muraux présentent plus classiquement les périodes d’évolution de la Terre et la tectonique des plaques, les différentes couches des sols etc. On arrive ensuite à une section de paléontologie, avec des spécimens rares (bien que nous en ayons vu à Colonia del Sacramento, de squelettes de glyptosaures ou de paresseux géants. Et puis bien sûr quelques modèles en plastique de dinosaures, il faut bien attirer l’attention des enfants.


Nuit au bord du lac

Stationnement pour la nuit au bord du Lago de la Juventud près de Tacuarembo
Stationnement pour la nuit au bord du Lago de la Juventud près de Tacuarembo

Fuyant l’agitation de la ville, nous sommes allés nous stationner pour la nuit sur les berges d’un grand lac tout calme. Pas besoin de davantage de commentaires, les photos prises au drone parlent d’elles-mêmes.

Ce Lac de la Jeunesse était fait pour nous !
Ce Lac de la Jeunesse était fait pour nous !
Il est aussi appelé 2ème lac, mais c'est nettement moins gratifiant !
Il est aussi appelé 2ème lac, mais c’est nettement moins gratifiant !

Le musée et le train du paradis

C’est à Valle Edén, d’où le titre, que nous allons visiter le musée Carlos Gardel. Surnommé le roi du tango, celui-ci a excellé dans l’art de chanter le tango, au point que sa voix et son œuvre sont maintenant classés par l’Unesco. S’il ne fait nul doute que Carlos Gardel ait fait carrière en Argentine, son lieu de naissance reste très discuté, les Uruguayens le situant ici à Valle Edén, tandis que la France le fait naître à Toulouse. Forcément, pour ce musée, le doute n’est pas permis !


Si l’on descend le talus en sortant du musée, on tombe sur une charmante gare désaffectée. Des trains à vapeur puis diesel ont circulé là jusqu’au milieu du XXe siècle. La gare relativement bien conservée a servi de décor à plusieurs fils uruguayens.


À ciel ouvert

Le nom complet est Musée ouvert des arts ibéro-américains de San Gregorio de Polanco, mais ça faisait un peu long pour le titre du paragraphe. C’est en 1993 avec 26 peintures murales réalisées par des artistes locaux et avec le soutien de la population que cette petite ville située au bord d’un lac de barrage est devenue le premier musée d’arts visuels à ciel ouvert en Uruguay et en Amérique latine. Le succès aidant, près de 150 œuvres sont exposées en permanence dans la ville, les plus récentes remplaçant ou rénovant les plus anciennes. La première photo du carrousel montre une œuvre peinte sur le réservoir d’eau de la ville en février 2024, qui a obtenu le prix du mois de l’association internationale d’art urbain Street Art Cities, récompensant les efforts de la ville de San Gregorio qui compte moins de 4000 habitants et attirant ainsi davantage de touristes, dont nous !  

Et un petit bonus !


L’article arrive à son terme

Oui le jeu de mots était facile puisque nous voilà arrivés dans une région qui multiplie les sources chaudes et donc les établissements qui vont avec. Nous avons choisi ceux de Daymàn, près de la ville de Salto, essentiellement parce qu’ils proposaient un vaste parking herbeux dédié aux « casa rodantes » juste à côté. L’ensemble se compose d’une dizaine de piscines de tailles et formes variables, mais aussi avec des températures d’eau différentes afin que chacun en trouve une à son goût ou adaptée à sa santé (les plus chaudes approchent les 44°C, l’eau étant puisée à 2000 m de profondeur à 46°C°. Il parait qu’en été, quand la température de l’air avoisine les 30°C, ils réduisent la température des bassins afin de ne pas cuire leurs visiteurs. Nous sommes allés en profiter pour le prix modique de 4,50 € et avons trouvé l’expérience très relaxante sur le moment, tout en éprouvant tous les deux un léger mal de tête un peu plus tard. Peut être sommes-nous restés un peu trop longtemps à 44°C, notre préférée ? Et pour les mauvaises langues : non, nous n’avons pas commandé de cocktail !


Nous avons maintenant rejoint la frontière avec le Brésil à Artigas, pour un franchissement le lendemain matin. A très bientôt !

Notre parcours avec Roberto en Uruguay - Version zoomable en cliquant ici
Notre parcours avec Roberto en Uruguay – Version zoomable en cliquant ici

146. Le retour de Roberto

La fin du suspense approche puisque nous devrions réceptionner Roberto ces jours-ci. Le navire qui le transporte est en effet annoncé à l’arrivée dans le port de Montevideo, après 25 jours de mer y compris quelques escales. Il va falloir encore attendre le déchargement du bateau, le dépotage du conteneur et les formalités administratives dont le dédouanement pour enfin retrouver notre véhicule chéri et notre parcours itinérant. D’ici là, il reste donc encore quelques jours pour finir d’explorer la capitale.


Pansements de trottoir, ou le ténor du carreau

Un nouvel art de rue (street-art pour les anglophiles) est né : le pansement de trottoir. Ce sont des petites portions de faïences, en carreaux entiers ou plus souvent avec des brisures, installées en réparation d’un morceau de trottoir endommagé. Et à Montevideo, les trottoirs endommagés, ce n’est pas ça qui manque ! Peut-être parce qu’ils sont à la charge des riverains et que ceux-ci ont d’autres chats à fouetter.

Le cœur historique de la capitale de l’Uruguay a commencé à être envahi, pour reprendre les termes de notre Invader national, en 2008 par un artiste pseudo-nommé Odin. Ses petites mosaïques sont maintenant présentes sur de nombreux trottoirs. En cherchant un peu sur le net, j’ai retrouvé un artiste français qui produit des œuvres similaires, mais avec davantage de géométrie. Ememem, un pseudonyme également, a débuté à Lyon en 2016 avant d’envahir Paris puis d’autres villes du monde. Il a baptisé son art le flacking, ou comment embellir avec des flaques de mosaïques les défauts des trottoirs.

Pour en savoir davantage sur Odin (les 6 premières photos du carrousel ci-dessus), lisez cet article ou celui-ci

Pour en savoir davantage sur Ememem (les 4 dernières photos), lisez cet article


Carnaval

Nous n’étions évidemment pas à Montevideo au moment de son carnaval, qui est le plus long d’Amérique du Sud, voire du monde, durant 40 à 50 jours (du 23 janvier jusqu’au 11 mars pour 2025). Heureusement pour le pays, tous ces jours ne sont pas fériés ! Mais le Musée du Carnaval est lui ouvert toute l’année, donnant un bon aperçu des particularités du carnaval d’Uruguay.

On y découvre les différentes phases, du défilé initial de présentation au concours final, en passant par les appels, les scènes ouvertes et la grande parade. Tandis que le défilé initial et la grande parade ont lieu sur l’avenue principale de Montevideo, les appels (petits groupes musicaux) et les scènes ouvertes (spectacles de chansons satiriques, chœurs ou critiques sociales et politiques, appelés aussi murgas) se font dans les quartiers.

Dans tous les cas, les costumes exubérants et les rythmes endiablés des percussions reflètent le mélange unique des descendances européennes et africaines de l’Uruguay.

Le musée expose grand nombre de magnifiques costumes magnifiques et diffuse des vidéos des différentes phases, donnant envie d’assister au carnaval pour de vrai.


Roberto à bon port


Au marché artisanal

Ils sont plusieurs marchés de ce type sur Montevideo, afin de maximiser les points de vente. On n’y trouvera pas de chinoiseries mais seulement des œuvres d’artisans locaux, identifiés par une plaquette sur l’espace qui est réservé à chacun. Une coopérative donc.


Sites remarquables

Montevideo fourmille de musées et de monuments, nous n’avons pas eu le temps de tout visiter, alors voici une petite sélection commentée de nos meilleures trouvailles.

L'offre culturelle multiple de Montevideo
L’offre culturelle multiple de Montevideo

> Le Palais Taranco

Façade et jardin du Palais Taranco
Façade et jardin du Palais Taranco

Il était la demeure d’une famille de la noblesse uruguayenne qui, au début du XXe siècle, l’a faite aménager par des architectes français. La décoration et le mobilier sont de style Louis XIV, Régence et Louis XVI. A la mort des propriétaires, l’état a racheté les lieux pour en faire un « musée d’arts décoratifs » un terme un peu excessif. La visite est libre (dans le sens gratuit, parce que nous sommes très surveillés) et tout est superbe en bien conservé. Je n’aménagerais pas ma maison comme ça, mais je reconnais que cela a du cachet.


> La cathédrale métropolitaine abhorre une façade assez banale sur la Place de la Constitution, mais l’intérieur est beaucoup plus riche et solennel. Un fond sonore de chœurs religieux accompagnait notre visite, c’était bien agréable.


> Hommage au général Jose Gervasio Artigas

Mausolée du général Artigas
Mausolée du général Artigas

Ce héros national est très vénéré pour son rôle essentiel dans l’indépendance de l’Uruguay. Sa statue équestre de 17 m de hauteur trône au milieu de la place de l’Indépendance, tandis que juste en dessous son mausolée tout en marbre noir est surveillé jour et nuit par deux gardes en uniforme. Inutile de dire que nous attendons à voir un grand nombre de statues à son effigie dans tout le pays.


> La librairie des vers purs

La Librairie Puro Verso
La Librairie Puro Verso

La Libreria puro verso, n’étonne pas que par son nom. Installée dans une vaste demeure de style art-déco datant de 1917, elle n’a pourtant été créée qu’en 2003 par un ancien éditeur espagnol qui souhaitait que les uruguayens puissent accéder à des livres rares. Autour d’un superbe patio dominé par une magnifique verrière intégrant une horloge, plusieurs étages reliés par des escaliers en colimaçon ou un vieil ascenseur à grilles exposent plus de 50 000 titres. Une petite cafeteria permet de mieux observer l’ensemble en sirotant un café con leche tout en grignotant un volcano (pâtisserie au chocolat avec cœur fondant). C’est là que l’on s’interroge sur l’inscription en latin au bas de la verrière. Pas de problème, en changeant la langue d’origine de Google Traduction de l’espagnol au latin on peut lire alors « la vraie famille est un mensonge ». Un beau sujet de philo pour le bac, non ?


> Le marché artisanal

Installé tout près du port, il était idéal pour revendre les marchandises arrivées des bateaux. Mais comme une bonne partie des touristes arrivent aussi par là, d’Argentine ou du Brésil, il s’est reconverti en boutiques de souvenirs et en restaurants. C’est moins authentique, mais cette grande halle de métal garde un certain charme.


> Génie et fantaisie

Découverte par hasard sur une affiche, cette exposition rend hommage à la sculpture uruguayenne contemporaine dans ses formes les plus diverses. Un ensemble d’une grande variété en termes de supports, on y voit de la pierre, de la résine, du grès, de la céramique, du ciment, du marbre, du fer, etc. Et gratuitement bien entendu.


> Le musée des azuleros

Scène murale de Don Quichotte
Scène murale de Don Quichotte

Rappelez-vous, nous avions raté celui de Colonia del Sacramento pour cause de fermeture prolongée. Eh bien nous n’avons pas perdu au change. Ce musée expose la collection privée de l’architecte Alejandro Artucio Urioste, composée de plus de 5 000 pièces collectées sur une période de 40 ans et offerte à la ville en 2004. L’idée de l’architecte est née du fait que les carreaux utilisés en Uruguay, entre 1790 et 1930 environ, étaient tous importés de différents pays, ce qui a donné lieu à une grande variété de styles, de techniques et de formats. Un peintre uruguayen a ensuite apporté sa propre collection, puis d’autres ont suivi y compris des Français. Nous avons en effet découvert que la France était le pays le plus représenté, avec des tuiles en provenance de Desvres, Beauvais, Martres Tolosane et Aubagne, entre autres. Et la collection est vraiment splendide ! Sinon nous avons aussi découvert que « azuleros » n’était pas comme nous le pensions – et comme le préfixe pourrait le laisser supposer – synonyme de carreaux bleus, mais vient du mot arabe qui signifie « argile émaillée »;

Musée des Azuleros : une toute petite partie de l'exposition
Musée des Azuleros : une toute petite partie de l’exposition

> Art de rue

La ville de Montevideo est malheureusement très taguée. Quelques peintures murales ou décors de rue viennent toutefois rehausser un peu le niveau.


> Insolite

Photos inclassables de scènes qui m’ont intrigué ou amusé…



Le grand jour !

C’est évidemment celui où nous sommes invités à récupérer au port notre véhicule préféré. Le bateau est arrivé un samedi après-midi, le conteneur a été débarqué le dimanche, puis déchargé le lundi. Nous nous attendions, selon notre expérience à Vera Cruz, à une réception dans la seconde moitié de la semaine, mais déjà le lundi nous recevions un mail annonçant la livraison le mercredi après-midi. Mais mardi matin, alors que nous avions déjà prolongé d’un jour notre hébergement, nous avons été convoqués à l’agence maritime en tout début d’après-midi. Après 2 heures à suivre l’employé de l’agence dans divers bureaux du port, je sortais de celui-ci au volant de Roberto. Claudie suivait l’opération à distance car une seule personne était autorisée à entrer. A noter que j’ai fait connaissance là-bas avec notre colocataire de conteneur. Son Land Rover Defender a donc voyagé avec Roberto pendant un mois. On ne sait pas trop ce qu’ils se sont racontés. Pour notre part nous avons fêté l’arrivée de nos véhicules avec Raoul et Sylvie dans un bar à tapas du centre-ville avec dégustation de vins uruguayens à la clef.

Et voilà, c’est la fin de En route sans Roberto, une nouvelle aventure à 4 jambes et 4 roues redémarre ! A très bientôt !

145. Todo tranqui

C’est la devise non officielle de l’Uruguay qui signifie « tout est calme ». Et extraordinairement, c’est exactement la première impression que nous avons en arrivant dans le pays. Il faut dire que nous sortons de près d’un mois de grandes villes, Paris puis Buenos Aires avec le bruit, l’agitation et la circulation que vous imaginez. Alors est-ce le seul fait d’arriver dans une petite ville de Province ou cela s’applique-t-il à tout le pays ? Seul l’avenir nous le dira !

La petite traversée


Colonia del Sacramento

Et nous voilà partis à la découverte de la ville, ou tout du moins le quartier historique dans lequel nous logeons. Les rues pavées sont très calmes, la circulation automobile rare. Avec la végétation luxuriante et le mélange des fleurs et des couleurs de l’automne, c’est une vraie bouffée d’oxygène que nous respirons. Cette ville a un charme fou. Ce n’est pas pour rien que l’UNESCO l’a inscrite à son patrimoine.


Un agréable mélange d’art et de patrimoine

Plus nous avançons dans les rues bordées de platanes, plus nous nous rendons compte de la richesse culturelle, artistique et visuelle de la ville. Cela nous rappelle par certains côtés la ville d’Antigua au Guatemala. Tout ceci attire bien sûr quelques touristes, mais qui restent en nombre raisonnable, venant pour la plupart en petits groupes de Montevideo ou de Buenos Aires en excursion à la journée. Alors voici quelques autres de nos découvertes :


Des musées ordinaires et plus si affinité

Colonia del Sacramento recèle un nombre important de musées comparé à la taille de sa population, essentiellement basés sur l’histoire mouvementée de la ville. Fondée par des Portugais en 1680 qui avaient vu à cet endroit un bon potentiel pour le commerce, notamment avec Buenos Aires juste de l’autre côté de l’estuaire, et s’étaient installés malgré les colonies espagnoles déjà présentes autour. Les Espagnols n’ont pas aimé et s’en est suivi une série de guerres avec les troupes portugaises pour reprendre tour à tour le territoire, jusqu’à l’indépendance de l’Uruguay en 1828. L’architecture de la ville reflète bien ces différents conflits, et plusieurs musées sont consacrés à des pans ou des populations de cette histoire, nous en avons visité plusieurs, dont voici quelques images commentées ci-dessous.

> Le Musée Municipal

Il est incontournable puisque c’est là qu’on achète à prix modique un billet valable pour 9 autres musées de la ville. Installé dans une demeure portugaise, il est étonnamment éclectique avec des salles thématiques abordant aussi bien l’archéologie précolombienne que l’arène de corridas de la ville voisine, le mobilier de la période portugaise, ou encore la paléontologie et l’histoire naturelle. On y trouve ainsi des ossements peu communs de gliptodonte, un squelette complet de paresseux géant, une abondante collection de taxidermie comportant oiseaux mammifères et reptiles, et enfin des tableaux d’entomologie avec de superbes papillons et autres insectes. L’histoire municipale a ici un sens vraiment très large !


> L’Espace Portugais

Situé à deux pas du précédent, il aurait pu faire redite, mais il est plus axé sur le côté militaire, décrivant la vie des soldats aux XVI et XVIIe siècle, et expose une superbe collection de cartes anciennes du temps des grands explorateurs. Nous y avons trouvé aussi de jolis azuleros, ces céramiques bleu-cobalt si typiques de la culture arabo-hispano-portugaise, qui nous ont consolés de la fermeture du musée de la ville qui leur était dédié.

Nous n’avons trouvé qu’un intérêt modéré aux autres musées, ce qui m’évitera de les énumérer. Mais parlons maintenant d’une perle, hors forfait précédent, mais qui pour les amateurs mérite absolument la visite :


> Le Musée de l’Origami

Malgré sa petite taille, la ville de Colonia del Sacramento recèle un trésor, le Musée de l’Origami. Il est décrit comme l’un des rares dans le monde dédié à ce sujet. Il a été aménagée par une citoyenne de la ville passionnée par le sujet. Ce musée ne possède que 3 petites salles, mais on y passe facilement une heure à lire les panneaux informatifs, à admirer de près chaque création et bien sûr à les photographier pour en garder la mémoire. On découvre l’histoire du pliage, son évolution depuis l’époque où l’on réalisait des plis simples jusqu’à la façon dont on le travaille aujourd’hui, en intégrant souvent des concepts mathématiques qui permettent de travailler le papier sans le couper. On aboutit ainsi à des pliages complexes qu’on jurerait faits avec plusieurs feuilles de papier alors qu’il n’en a été utilisé qu’une feuille.

On découvre aussi les avancées scientifiques qui utilisent les techniques de l’origami, comme le déploiement des panneaux solaires des satellites, les stents pour maintenir les artères du cœur ouvertes lorsqu’elles ne le sont pas assez, des armatures installées à partir d’un ballonnet pour solidifier des vertèbres affaissées par l’ostéoporose, et bien d’autres encore. L’art de l’origami est utilisé aussi en accompagnement des personnes atteintes d’Alzheimer. Le musée accueille aussi les scolaires, dispense des cours de pliage, accueille régulièrement des conférenciers dont on peut retrouver des vidéos sur le site internet. Enfin, le Musée de l’Origami expose des œuvres d’artistes de renom dans le domaine. Elles sont magnifiques.


Lumière divine

Le couvent de St François Xavier dans la zone classée maintenant historique de Colonia del Sacramento possédait une tour qui servait non seulement à appeler les fidèles, mais aussi à guider les bateaux naviguant sur le rio de la Plata, d’autant que les courants y étaient particulièrement dangereux, ayant entraîné de multiples naufrages. Lorsqu’un incendie détruisit en grande partie le couvent en 1705, les marins se plaignirent rapidement de la perte de leur point de repère. On leur construisit alors un phare, dont la base carrée se calquait sur les restes de l’ancienne tour, tandis que la partie supérieure était plus classiquement cylindrique. Voilà pourquoi, aujourd’hui, il reste le seul phare du pays à avoir ce double profil. Les murs du couvent tenant encore debout ont été laissés en place, contribuant à la solidité de l’ouvrage.

Le phare de Colonia del Sacramento
Le phare et les murs restants du couvent initial

L’art dans le bastion

Dans la période où la ville était fortifiée, pour la défense des colonisateurs en alternance que furent les Portugais et les Espagnols, plusieurs bastions la défendaient. Devenus inutiles depuis l’indépendance, ils furent soit détruits soit reconvertis, comme ce Bastion del Carmen devenu une usine à colle et à savon puis entrepôt de stockage d’aliments. Rien de tout ça n’étant nécessaire aujourd’hui, le lieu est maintenant un Centre Culturel, avec salle de concert et expositions temporaires. Voici celle qui était en cours au moment de notre passage.


Cabotage pour Roberto

Le navire porte-container qui transporte Roberto est arrivé sur les côtes Est de l’Amérique du Sud. Nous découvrons les escales au fur et à mesure, car rien ne les indiquait au départ. Il s’est donc arrêté à Santos puis Panaragua au Brésil. Dans les deux destinations il s’est enfoncé assez loin dans les terres. C’est peut-être notre carte qui manque de précision.


Montevideo, enfin

En 3 heures de bus, nous rejoignons la capitale de l’Uruguay, Montevideo. Nous n’en bougerons plus jusqu’à l’arrivée de Roberto. Nous découvrirons juste avant d’arriver que notre porte-containers passera devant Montevideo sans s’arrêter, pour rejoindre en premier Buenos Aires … juste là où nous étions une semaine auparavant. C’est rageant ! Espérons tout de même que nous serons bien sa prochaine escale.


Encore un logement de caractère

Nous allons loger dans le centre historique. Comme pour Buenos Aires, l’architecture est très variée, mêlant les styles ou pas de style du tout. La façade de l’immeuble où se trouve notre appartement est quelconque, mais l’intérieur rattrape le coup. Au sommet d’un escalier en marbre nous attend un palier décoré d’un plafond en vitrail, d’un piano et de quelques bibelots. 2 autres appartements donnent dessus et peuvent se partager une salle à manger de 8 personnes, une buanderie, et au sommet d’un escalier métallique plusieurs terrasses dont une avec piscine. En cette saison d’automne, elle a été vidée, mais il nous reste les terrasses pour la vue panoramique sur la mer.


Un jour aux courses

À l’arrivée comme toujours, il nous faut remplir le frigo. La fréquentation des magasins du quartier nous amène à quelques découvertes intéressantes, voir surprenantes.


Postres (desserts)

Les Uruguayens ne mangent pas que de la viande. Ce sont manifestement des « becs sucrés » et les vitrines des pâtisseries sont hautes en couleurs. Comme d’habitude ici, les parts sont énormes. Mais on trouve aussi des desserts plus délicats, comme ces alfajores, la version uruguayenne du macaron. Prêts à saliver ?


La vanlife version Uruguay

Nos rares rencontres avec des véhicules de loisirs


Façades

Montevideo a été fondée en 1726 par les Espagnols afin d’éviter l’expansion des Portugais installés dans la ville voisine de Colonia del Arte. Un moment intégrée au Brésil, la ville gagna son indépendance en 1828, tout en restant sous influence des Britanniques pendant près d’un siècle. Ces derniers voulaient empêcher le contrôle commercial de la région par l’Argentine et le Brésil. Enfin, les liaisons maritimes ont favorisé les échanges avec l’Europe. L’architecture qui en ressort est un mélange de toutes ces influences, avec des bâtiments de style aussi bien art-déco, néoclassique, éclectique que moderne. Un petit tour en ville avec nous ?

On va terminer là pour cette session. Pas mal de choses à vous relater pour la prochaine. Et puis on l’espère vivement, la récupération de Roberto qui est dans sa dernière ligne (presque) droite. A très bientôt !