34. On connaît la chanson

Ǻ, ville simple

Première étape pour nous aux îles Lofoten, Ǻ en est la ville la plus proche de l’Équateur, ou la plus au Sud si vous préférez, ou encore la moins au Nord compte-tenu qu’elle est tout de même située au-dessus du cercle polaire. Les panneaux d’entrée de ville sont rares en Norvège, mais celui-là était bien présent et méritait évidemment la photo. Comme son nom l’indique, Ǻ est une petite ville toute simple, toute belle, avec son port photogénique et si typique de ces îles norvégiennes. Les petites maisons rouges sont avant tout celles de pêcheurs, le nom de chacun est même gravé sur un poisson en bois à côté de chaque porte d’entrée. Ǻ est en fait juste un village, peu fréquenté en cette fin de saison. Nous n’avons pas réussi à trouver la mairie, et du coup nous ne saurons même pas si son maire s’appelait Ż ni si c’était un génie.

Roberto à A

Miroir ô miroir, suis-je toujours la plus belle ?

Quand on traverse les îles Lofoten, on a non pas la guitare mais l’appareil photo qui démange. Les paysages de cartes postales se succèdent. Les petits villages et les ports bordés de montagnes abruptes et saupoudrées de neige ont un reflet quasi parfait sur l’eau lisse et immobile des fjords et des lacs, au point que l’on pourrait retourner l’image sans voir la différence. On trouve aussi quelques jolies plages avec des surfeurs et plus rarement des baigneurs. Avec 11°C dans l’eau, il faut un minimum d’habitude et de témérité, non ?


Les aurores de la guerre

Narvik, sur le continent, a été le siège d’une bataille navale de plusieurs années au cours de la seconde guerre mondiale. Pourtant, cette guerre, la Norvège ne voulait pas la faire ni tuer de pauvres gens. Elle s’était déclarée neutre et se contentait de protéger son territoire, comme ici à Narvik, où elle avait posté deux simples navires de défense côtière à l’entrée du fjord. Ils n’ont pas résisté longtemps aux destroyers allemands venus s’emparer du port et s’assurer ainsi le bon transit du minerai de fer venant de Suède pour fabriquer chars et canons. Les alliés s’en sont émus et sont venus prêter main forte aux Norvégiens, reprenant le dessus malgré de lourdes pertes, des deux côtés d’ailleurs. Une soixantaine d’épaves de navires de guerre parsèmeraient les fonds marins de la région. Les Allemands ont fini par partir mais en brûlant tout derrière eux. Les panaches de fumées colorées par les flammes devaient joliment colorer le ciel, mais il n’y avait pas grand monde pour apprécier.

Garde-côte norvégien
face à un destroyer allemand
équipé de torpilles comme ça…

80 années plus tard, le ciel est toujours coloré, mais certaines nuits seulement. Ce n’est peut-être pas un hasard si c’est dans cette ville que nous avons pu observer notre première aurore boréale. C’est vraiment un spectacle magnifique, difficile à immortaliser sur nos smartphones, qui ne rendent pas compte par ailleurs du côté mobile du phénomène.


Tromsø, 3ème ville mondiale pour le tourisme ???

C‘est TripAdvisor qui le dit, donnant ce classement pour la « meilleure expérience touristique ». Bon d’abord TripAdvisor n’est pas la tasse de thé des coureurs de monde en fourgon aménagé comme nous. Ensuite, tout dépend de l’argumentaire. Ce qui attire le plus les voyageurs selon le site, ce sont :
– le soleil de minuit, sûrement intéressant à vivre, mais visible seulement 2 mois par an, de fin mai à fin juillet
– l’observation des orques et des baleines, mais il faut savoir que ces mammifères marins fréquentent la région principalement de novembre à janvier. Ça fait beaucoup de morte saison.
– les randonnées en kayak dans le fjord. D’abord, c’est bête à dire, mais il faut qu’il y ait de l’eau, car une grande partie de l’hiver les fjords sont gelés et là c’est plutôt Holiday on Ice avec les kayaks. Et quand tout est fondu, il faut encore que les températures soient raisonnables : qui va risquer un esquimautage quand la température de l’eau descend au-dessous de 9 degrés, à partir de novembre ?
– les aurores boréales, magnifiques certes mais 100% incompatibles avec le soleil de minuit, et pas vraiment visibles en ville à cause des lumières parasites. Ces traînées lumineuses changeantes ne sont observables que lorsque le ciel est dégagé et qu’il fait nuit noire, de fin septembre à fin mars.
– les balades en traîneau, qui nécessitent aussi un minimum de neige au sol. Si on ne sait pas ça en achetant son ticket, alors oui là on se fait balader !
– l’appellation « Paris du Nord » : on a eu beau se balader sur l’avenue le cœur ouvert à l’inconnu, aucune ressemblance ne nous est apparue. Pourquoi cette appellation ? A l’inverse de notre capitale, la ville de Tromsø a été quasiment rasée par les Allemands et reconstruite sans guère de charme.

Bon et nous alors ? Le soleil de minuit, les baleines, les orques et la neige étaient en vacances lors de notre passage. Les aurores boréales aussi en raison du ciel couvert la nuit. Nous avons tout de même exploré le musée polaire, la cathédrale arctique (architecture proche de l’opéra de Sidney), le centre-ville avec ses maisons et églises en bois, et nous avons pris le téléphérique pour voir la ville de haut et prendre l’air.


Ferry tales

Ferry Tales, ça ne vous rappelle pas une chanson ?
C’est la vue que nous avions de notre lieu de bivouac. Sympathique, non ?

C‘est sympa de prendre les ferries. Ça nous permet de sauter d’île en île et d’éviter ainsi de longs détours, voire des allers-retours inutiles comme dans le cas des Îles Lofoten, reliées au continent par un pont. L’usage est simple, il suffit de se mettre dans la file d’attente puis d’entrer dans le ferry dès qu’il est arrivé. Pas besoin de prendre de billet. Notre plaque d’immatriculation est scannée soit automatiquement par une caméra, soit manuellement par un employé. Elle est connue des autorités puisque nous nous sommes enregistrés au préalable sur un site dédié valable dans tous les pays scandinaves. Ils nous adresseront la facture par mail le moment voulu. A défaut d’enregistrement, la facture est envoyée par courrier à l’adresse mentionnée sur la carte grise. Nous avons passé la nuit dernière sur le parking d’un ferry, situé dans un hameau de 2 ou 3 maisons, au bord d’une petite plage. Bien nous en a pris car, grâce à l’absence de pollution lumineuse et à un ciel bien clair, nous avons pu observer notre seconde aurore boréale. Yes !


Halte à Alta

A force d’aller plus haut, toujours plus haut, nous sommes arrivés dans la bien nommée ville d’Alta, située presque au niveau du 70ème parallèle. Jamais nous n’étions allés tant au Nord, et ce n’est pas fini ! Comme ses sœurs du coin totalement reconstruites après la dernière guerre, la ville n’a rien de spectaculaire au niveau architectural. Elle présente tout de même un intérêt scientifique et culturel majeur, hébergeant 2 des 7 sites norvégiens classés au patrimoine mondial de l’Unesco. Le premier est un site d’art rupestre, découvert en 1973, recensant aujourd’hui plus de 6000 gravures dans la roche, datant de 2000 à 7000 ans. Le second est le point de passage de l’arc géodésique de Struve, un savant russe qui pendant 39 ans a dirigé des mesures par triangulation tout le long d’un méridien, sur une distance de plus de 2800 km, confirmant et chiffrant ainsi l’aplatissement de la Terre à ses pôles soupçonné par Isaac Newton 2 siècles plus tôt. Enfin Alta a mis en place en 1899 le premier observatoire mondial dédié à l’étude des aurores boréales, dans lequel le norvégien Kristian Birkeland a pu déterminer leur mécanisme. La ville possède d’ailleurs une église très moderne dont l’architecture est censée représenter une aurore boréale.

Pas faciles à voir au début ici,

On voit bien les activités dominantes de l’époque, élevage du renne et pêche

Au voleur ! Rends-moi ma console !
…là, les gravures ont été peintes comme autrefois

Au milieu en bas, la marque d’un poteau électrique planté là par erreur avant la découverte du site !

L’église « boréale » d’Alta

Alors que cet article se termine, vous vous interrogez peut-être sur le rapport entre le titre et son contenu. Mais n’avez-vous pas reconnu quelques paroles de chansons insérées ça et là ? Il y en a une dans chaque chapitre. Relisez si vous n’avez pas tout trouvé et s’il vous en manque, n’hésitez pas à me demander la solution !

Nous se sommes plus qu’à 150 km du Cap Nord, le parcours de Roberto a été mis à jour sur le lien ci-dessous. Bonne lecture et à bientôt, merci de voyager avec nous !

2 réflexions sur « 34. On connaît la chanson »

  1. Bravo pour votre site!
    Original et très bien écrit,
    Nous etions hier a « Tromseuuu  » , sous des rafales de 90 kms/h si j ai bien fait la conversion des m/s, avons bénéficié d’une belle éclaircie.
    Je partage tout a fait votre avis sur la ville ! Et nous aussi nous nous nous etions baladés  » le coeur ouvert a l inconnu  » !!!
    Je ne suis pas allee plus loin dans la lecture, nous laissant la surprise comme nous sommes 2 a 3 jours en arrière dans l itinéraire du grand nord.
    Bonne continuation!

    1. Merci de nous suivre, dans tous les sens du terme d’ailleurs !
      Oui nous aussi nous avons eu ce vent à décoiffer les trolls lorsque nous étions au Cap Nord
      Bonne continuation
      Jean-Michel

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *