37. Une demi-douzaine d’E

E comme Estonie

E comme Estonie, le premier de ma demi-douzaine d'E
La frontière avec la Russie à Narva : drapeaux européen, estonien, municipal et, au loin, russe

La petite république balte a bien du mérite. Sa population d’origine a longtemps été ballotée au gré des invasions successives, des Vikings aux Russes en passant par les Danois, les Suédois, les Allemands et même les Polonais. Chacun des occupants tentant de faire intégrer sa culture et sa religion, tout en prenant à chaque fois les rênes de l’économie. Profitant d’une faiblesse de l’occupant Russe (renversement du tsar par les bolcheviques), l’Estonie proclama enfin son indépendance en 1918. Mais le pays fut repris par les Russes en 1939, par les Allemands en 1941 puis de nouveau par les Russes en 1945 avec une longue et douloureuse période de répression, un exode massif et de nombreuses pertes humaines. Néanmoins, la résistance s’organisa peu à peu, et le pays finit enfin par récupérer sa souveraineté en 1991. Autant dire que c’est une jeune démocratie. Les dirigeants ont mis les bouchées doubles pour lancer une économie capitaliste qui fonctionne plutôt bien, au point d’être acceptés dans l’Union Européenne en 2004 et d’adopter l’Euro en 2011.


E comme Est

Les longues périodes d’occupation soviétique ont forcément laissé des traces. L’habitat n’a plus rien à voir avec celui des pays Scandinaves. Les petites maisons de pêcheurs en bois rouge brique parfaitement entretenues ont fait place à de vieilles baraques dont le bardage mural pastel s’écaille ou pourrit lentement, quand il ne s’agit pas de grands immeubles en brique si impersonnels qu’il faut leur adjoindre un numéro – souvent à deux chiffres – pour que les habitants puissent retrouver leur logement. Dans la campagne, les grandes fermes collectives abandonnées sont légion. Seul le Nord-Est garde une communauté russophone importante. Nous y avons même trouvé une statue de Lénine encore debout.

Très tôt l’Estonie a tourné le dos au géant Russe pour développer une économie libérale en opposition de phase avec celle imposée par son ancien occupant. Elle le surveille néanmoins du coin de l’œil, craignant de subir le même sort que la Crimée ou l’Ukraine. Elle songe même à édifier une barrière le long de sa frontière avec la Russie. Tout en rêvant de creuser un tunnel sous la Mer Baltique pour mieux échanger avec Helsinki. Car l’Estonie se sent bien plus proche de la Finlande, avec qui elle a des racines culturelles communes, qu’avec les autres pays baltes, la Lettonie et la Lithuanie.


E comme e-Stonie

C’est le surnom qui a été attribué au pays compte-tenu de son avance dans le domaine du numérique et des nouvelles technologies. Skype est un pur produit Estonien et les habitants de la petite république balte utilisent depuis longtemps Internet pour déclarer leurs revenus ou signer des documents en ligne. Les enfants apprennent même à coder à l’école primaire. En 2014, l’Estonie fut le premier pays à proposer le statut de résidence électronique aux non-résidents. Si vous voulez en savoir plus sur les avantages de ce statut, si vous souhaitez pour une centaine d’euros créer votre entreprise domiciliée en Estonie, c’est ici.

Nous avons pour notre part expérimenté cette avance numérique en visitant un musée. Le ticket d’entrée, imprimé à notre nom et intégrant notre langage, permet lorsqu’il est apposé sur le commentaire de tel ou tel objet exposé de le convertir en Français. Simple et efficace, beaucoup moins fastidieux qu’avec Google traduction. De plus, apposer le ticket permet, si on le souhaite, de télécharger ce commentaire et des références sur un carnet numérique que l’on peut récupérer en ligne pendant un mois. Vive le progrès !


E comme Estonia

Monument en hommage aux victimes de l’Estonia, en forme de trajectoire interrompue (Tallin)

Si nous avons pu traverser sans souci la mer Baltique dans notre ferry, cela n’a pas été le cas pour les pauvres 989 passagers de l’Estonia, qui sombra en 15 mn au milieu d’une nuit de tempête au cours de sa traversée de l’Estonie vers la Suède en 1994. 852 personnes y ont laissé la vie, la pire catastrophe maritime jamais observée en Europe. Le rapport d’enquête conclut en 1997, après avoir envoyé un sous-marin examiner l’épave à 85m de profondeur et après avoir remonté la porte avant qui s’était détachée à une erreur de conception du ferry. En 2000, une équipe américano-allemande réexamina les données et re-plongea sur l’épave, concluant pour sa part que la porte ne s’était pas simplement détachée en raison de la tempête mais qu’elle avait cédé à une explosion, supposée liée à des munitions que transportait le ferry. Le gouvernement Suédois mit fin à cette théorie du complot en déclarant l’épave « sanctuaire marin » (650 personnes s’y trouveraient encore), en y interdisant toute plongée et en larguant du sable dessus pour officiellement la stabiliser, ce qui évidemment attisa davantage les suspicions. En juillet dernier, une nouvelle équipe dirigea un sous-marin sur l’épave et identifia un trou béant dont ne parlait aucunement le rapport d’enquête initial, attribuant la cause à la rencontre avec un sous-marin. Terriblement d’actualité alors que nous sommes en plein dans le procès du Bugaled Breizh. Le dossier pourrait être réouvert. A suivre. Pour en savoir plus, vous pouvez lire cet article.


E comme Envers

Renversant, non ?

Parlons tout d’abord de cette attraction amusante bien que non spécifiquement Estonienne, une maison construite exprès à l’envers juste pour le fun et réaliser quelques clichés surprenants. Pour nous autres ayant vécu l’ouragan Irma, elle n’est pas sans rappeler la cabane des surfeurs de la plage de Lorient jusqu’au cimetière situé 200 mètres plus haut.


Plus typique est le kiiking, une manière bien Estonienne d’utiliser les balançoires en s’y mettant debout, les pieds attachés sur le siège et en intensifiant le balancement jusqu’à faire un tour complet au-dessus de la barre. Plus la corde est longue, plus c’est difficile à réaliser. Le record est de 7 mètres… Pour en savoir plus, consultez le site dédié kiiking.ee


E comme Ephemeride

Terminons cet article comme la dernière fois par nos découvertes journalières au cours de la semaine qui vient de s’écouler. Une petite semaine cette fois, à l’image de la taille du pays.

Vendredi 8/10 : Tallin la capitale


Samedi 9/10 : Randonnée dans les tourbières et visite d’une galerie d’art



Dimanche 10/10 : Visite d’un manoir, balade dans son grand parc puis sur le « chemin des castors » et enfin marche en bord de mer




Lundi 11/10 : réveil ensoleillé sur la plage puis visite de Narva, poste frontière avec la Russie, et enfin d’un couvent orthodoxe

Roberto prend de belles couleurs près de la plage de Toila. Oui, nous avons osé coucher à Toila !

Un couple Estonien refait le monde devant la forteresse Russe juste de l’autre côté de la frontière



Mardi 12 : La vraie et la fausse vierge de Mustvee, un autre cimetière et la maison à l’envers de Tartu




Mercredi 13/10 : Tartu, son musée de pointe, son université, les ruines de son ancienne cathédrale, son couple d’étudiants qui s’embrassent devant la mairie



Jeudi 14/10 : dernier jour en Estonie


Le château de Sangatte

Voilà, j’ai pu caser tous mes E sans trop m’embrouiller. Nous sommes passés en Lettonie et c’est une autre histoire. A bientôt !



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