44. Ship ship ship hourra !

Nous avons donc décidé de partir vérifier les dires de Christophe Colomb comme quoi il y aurait un autre continent de l’autre côté de l’Atlantique. Nous aurions volontiers fait la traversée ensemble, Roberto et nous, sur la Santa Maria ou un équivalent plus moderne, et vivre en immersion la vie des marins pendant 3 ou 4 semaines, mais d’une part cela ne semble se faire que sur les lignes nord-atlantiques (vers Halifax ou Baltimore) et d’autre part c’est suspendu depuis que le Covid 19-20-21-22 sévit. Nous devrons donc nous séparer de notre fidèle monture – cela va être un déchirement – pendant plusieurs semaines, le temps d’une traversée en cargo jusqu’au Mexique, puisque là est notre destination première aux Amériques. Nous autres humains franchirons l’océan grâce à un autre découvreur de génie, Clément Ader.

Mais revenons au shipping de Roberto, qui devra donc voyager en solo. Une façon de parler puisqu’il partagera sans doute sa cale avec plusieurs centaines d’autres véhicules. Nous avions deux possibilités : soit le mettre dans un container soit le faire voyager en RO-RO. La première solution était la plus sûre en termes de sécurité, puisque nous aurions conduit nous-mêmes Roberto à l’intérieur d’un container scellé puis descellé en notre présence aux ports de départ et d’arrivée. Mais, du fait des dimensions de notre fourgon, il aurait fallu utiliser un container long (40 pieds) et réhaussé (dit « high cube ») et le partager avec un autre voyageur qui aurait fait le même trajet au même moment pour compenser le surcoût important. Le coût très fluctuant de ce type de container et l’éventualité que notre partenaire puisse se désister au dernier moment nous a finalement décidés d’abandonner cette solution. Roberto voyagera donc en RO-RO. Ça sonne bien, non ?

RO-RO ça ne veut pas dire Roberto-Roberto, pas plus que AN-AN ne signifie Anaïs-Anaïs, mais ça veut dire Roll-On Roll-Off. En gros vous laissez votre véhicule clés sur le contact et portes ouvertes aux employés portuaires qui se chargeront de le conduire à l’intérieur du navire puis à l’en extraire, tout en leur signant une décharge de responsabilité en cas de disparition de quoi que ce soit à l’intérieur pendant le trajet. Vous avez tout de suite compris que c’est bien moins sécurisé. Il y a bien une assurance pour couvrir le véhicule en cas de « perte complète », ce qui fait peur, d’autant plus quand on sait qu’un grand navire fait naufrage tous les 3 ou 4 jours dans le monde, mais cette assurance ne couvre pas les bosses ou rayures faites lors du rangement en fond de cale, ni les biens intérieurs. Et malheureusement, dans de telles conditions, les vols et dégradations sont fréquents. Il va nous falloir anticiper et protéger un minimum notre intérieur. D’abord emmener le moins de choses possibles puis sécuriser un peu notre habitacle. Nous avons installé une cloison temporaire entre le poste de conduite et la cabine, des protections en bois à l’intérieur de nos fenêtres, et des serrures sur la porte de la salle de bains et 2 tiroirs. Nous avons aussi rajouté quelques autres éléments de sécurité qu’il ne serait pas opportun de dévoiler dans un blog public. Un grand merci en tout cas à Philippe pour son gros coup de main et son précieux outillage.

Sécurisation des portes arrière

Sécurisation du lanterneau

Installation de la cloison de séparation cabine-habitacle

En pleine concentration bricolistique

Merci Philippe pour ton aide précieuse !

Expédier un véhicule par mer est un rien plus compliqué que d’envoyer un colis par la poste. Le processus commence par la demande de devis auprès d’agences maritimes spécialisées, les compagnies de navires ne traitant pas directement avec les particuliers. Trois agences se partagent le marché européen du transport de véhicules de loisirs, une allemande (Seabridge), une anglaise (IVSS) et une belge (Belgaco). Nous leur avons demandé des devis en indiquant les dimensions de notre fourgon, la facturation se faisant au mètre cube et non pas au poids. Puis des renseignements complémentaires pour préciser certains détails, notamment sur les frais portuaires pas faciles à comparer d’un devis à l’autre et sur les assurances proposées. La compagnie la moins chère était IVSS, mais il a fallu les relancer à plusieurs reprises pour obtenir devis et renseignements. Belgaco s’est avérée bien plus réactive, avait l’avantage d’être dans le pays de départ, mais imposait un transit par le Panama. C’est donc la compagnie Seabridge que nous avons retenue, un rien plus chère mais offrant l’avantage de la réactivité, de l’ancienneté et bénéficiant d’un bon retour de la part des utilisateurs.

Le port d'Anvers
Le port d’Anvers, d’une mocheté absolue mais incontournable

Aujourd’hui 10 janvier, c’est le jour J pour la dépose de Roberto au port d’Anvers. Après l’avoir briqué comme un sou neuf, rangé tout à l’intérieur pour qu’il apparaisse « comme vide », après avoir vidé les réservoirs d’eau et laissé juste ¼ de réservoir de gasoil, nous traversons l’immense port d’Anvers dans le froid et la grisaille pour rejoindre le point de dépôt. Les formalités sont assez simples, l’inspection du véhicule est quasi inexistante, et déjà on me sépare de Claudie pour aller conduire seul Roberto sur sa zone d’embarquement. Tout cela va finalement trop vite. Je pensais avoir un peu de temps pour fignoler mes protections et mes dernières inspections. Je voulais faire une vidéo de l’intérieur et de l’extérieur du fourgon à toutes fins utiles. Je voulais en quelque sorte dire aurevoir à Roberto avant son long voyage, mais non. La zone portuaire étant sécurisée, il me faut repartir rapidement avec l’employé qui doit me ramener à l’entrée du port. Le temps du trajet, je me dis que j’ai sûrement dû oublier 2 ou 3 bricoles. Ai-je bien éteint le chauffage ? Ai-je bien éteint toutes les lumières ? Une chose est sûre, je n’ai pas oublié de fermer le gaz puisque nous n’en avons pas. En tout cas je rejoins Claudie un peu dépité de cette précipitation.

Il nous reste à regagner l’hôtel que nous avons pris à côté de la gare d’Anvers, afin de rejoindre Paris-Charles de Gaulle demain. L’immense zone portuaire n’étant desservie par aucun transport en commun, nous appelons un taxi qui mettra plus d’une heure à arriver. Il s’est perdu, c’est un comble alors qu’il nous a suffi de taper l’adresse sur Google Map pour trouver l’endroit. Mais il est possible que les taxis n’aiment pas Google Map parce qu’on pourrait croire qu’il fait le boulot à leur place ? Nous profitons de l’attente puis du parcours en taxi pour discuter avec un couple de voyageurs néerlandais venus gentiment déposer un compagnon de traversée pour Roberto. Sur les routes pour une durée indéterminée (comme nous 😉) ils reviennent d’Europe du Sud et partent pour les Amériques via le Mexique, avec leur chat Binkie. Si vous lisez l’Anglais, n’hésitez pas à jeter un œil sur leur site https://gatogoesglobal.com.

Voilà, les dés pour l’Amérique sont lancés. Pendant que Roberto attend sagement son embarquement le 15 janvier sur le Yokohama, lequel devrait rallier Veracruz aux alentours du 14 février après sans doute quelques escales qui nous sont encore inconnues, nous nous envolerons le 12 pour faire un petit coucou à nos amis de Saint-Barth, judicieusement placés sur notre route entre Paris et Mexico City. Nous allons jouer les routards pendant quelques semaines.

Bye bye l’Europe ! (Merci à Max pour les photos)

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