Cette parenthèse de notre voyage est idéale pour nous rendre compte à la fois de ce qui nous manquait en voyage et de ce qui nous pousse à repartir. Concernant les manques, la famille est au premier plan bien sûr avec, outre la joie des retrouvailles, le bonheur que nous procure la naissance de notre petite Mélissandre et nos rencontres quasi-quotidiennes lors de son premier mois de vie. Être avec ses enfants au moment des fêtes de fin d’année vaut largement le déplacement transatlantique et l’abandon temporaire de notre vie nomade. Les retrouvailles d’une partie des amis sont importantes aussi, même si lors de ce séjour plutôt sédentaire (nous n’avons pas de véhicule, peut-être par respect pour Roberto resté tout seul…), nous n’aurons vu que ceux qui auront pu se déplacer ou se seront trouvés sur le chemin de nos enfants.
Son premier Noël à seulement 13 jours !
Mis à part cet élément humain bien compréhensible, qu’avons-nous trouvé ici en France qui finalement nous manquait en voyage ?
Une nourriture saine, goûteuse et raffinée. Quoi qu’en disent certains qui disent se régaler en Amérique du Nord (des adeptes des fast-foods ou des restaurants internationaux ?), nous n’avons pas trouvé dans ce sous-continent de quoi transcender nos palais. Que ce soit dans les restaurants ou les supermarchés, tout ou presque est trop gras et/ou trop sucré à notre goût, seuls les fruits et légumes tenant à peu près la route. Nous avons été ravis de retrouver notre charcuterie et nos fromages nationaux, notre bon pain (la baguette est tout de même depuis cette année inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco, ce n’est pas pour rien !), nos desserts lactés (4 ou 5 variétés en Amérique du Nord contre plusieurs dizaines dans le moindre supermarché français) et tous nos bons petits plats bien cuisinés. Inutile de dire qu’au moment des fêtes c’était le summum du bien-manger…
La praticité d’être au même endroit suffisamment de temps pour commander en ligne de multiples petits accessoires qui nous manquaient dans Roberto. Nous reviendrons sur ces équipements plus tard.
Étonnamment, le fait de se reposer, d’avoir du temps pour rattraper des démarches en retard. Nous savions que nous vivions « à cent à l’heure » mais il faut s’arrêter un peu pour s’en rendre vraiment compte, réaliser à quel point la planification des journées et la rédaction du blog sont chronophages. J’espère qu’en contrepartie, mes articles vous manquent 😉
A l’inverse, qu’avons-nous regretté de notre vie nomade ?
Aussi curieux que cela paraisse, le confort douillet de Roberto, avec tout à portée de main, une grande facilité à chauffer comme à ranger, une sensation de sécurité à bord même si cela ne paraît pas évident.
Notre sentiment de liberté : pouvoir décider à notre guise de nos déplacements, de l’heure de nos repas, du contenu de nos journées, et découvrir chaque jour un environnement différent, un lieu où nous n’avons jamais mis les pieds auparavant sont à l’opposé de notre vie sédentaire actuelle. Notre bougeotte est mise à mal !
Le climat… avec la vague de froid qui nous a cueillis à notre arrivée, même si elle s’est un peu calmée depuis
La froideur concommittante des gens que nous croisons, bien plus indifférents et moroses que le commun des américains, même si les exceptions sont nombreuses, notamment chez les petits commerçants.
Pendant que nous sommes ici, nous continuons de suivre sur les réseaux sociaux les voyageurs que nous avons rencontrés en chemin, et c’est le même sentiment mitigé : si nous rêvons d’être à leur place dans leur parcours de découverte et de liberté, nous sommes persuadés, pour l’avoir déjà vécu, que passer Noël ou le Jour de l’An à l’autre bout du monde n’a pas du tout la même saveur.
Nous avons fait une petite boucle vers l’ouest, passant par Guadalajara, la seconde ville du Mexique, Tequila, qui nous paraissait incontournable culturellement et gustativement, Pazcuaro, le fief du peuple Purépecha, Tzintzuntzan, la ville où passent les colibris et Morelia, la capitale rose de l’état du Michoacan. Au passage nous aurons ascensionné le plus jeune volcan du monde et renoué avec la randonnée équestre. Que du bonheur !
Nous sommes maintenant dans l’état de Jalisco
Moi qui suis le jeune curé…
Partout dans le Mexique on voit des statues, des rues, des musées, des plaques commémoratives et des portraits au nom de Miguel Hidalgo, un écclésiastique peu orthodoxe qui libéra le Mexique de l’emprise hispanico-française.
Miguel Hidalgo, le curé mercenaire
Ordonné prêtre à l’âge de 25 ans, il remettait déjà en question la tradition catholique, jugeant les intérêts de l’église plus politiques que religieux. Il lisait les livres censurés, jouait, dansait, donnait des réceptions somptueuses menées par sa maîtresse dont il eut 5 enfants. Il avait aussi été accusé de détournement de fonds au début de ses fonctions… Il finit par être convoqué par l’église mais, faute de preuves suffisantes, il fut simplement muté dans une petite ville, Dolores, qu’il développa économiquement (ce n’était pas vraiment sa fonction) et surtout qu’il rendit célèbre en y poussant en 1810 son « cri pour l’indépendance ». Aimé de ses paroissiens, il n’eut pas de mal à les convaincre de se lancer avec lui dans son combat. Les Espagnols évidemment l’excommunièrent mais cela ne fit qu’attiser les braises du soulèvement. Alors ils le firent prisonnier puis le fusillèrent et exposèrent sa tête pendant 10 ans au coin d’une rue de Guanajuato. Mais tout se passa comme si la tête du prêtre continuait de guider le peuple : le Mexique devint indépendant en 1821 et voue depuis lors une admiration sans faille à Miguel Hidalgo, considéré comme le « père de la patrie ».
Il est représenté partout, comme au milieu de cette fresque,
ou encore ici sur les billets actuels de 1000 pesos
La communauté vous remercie
C’est le message qui figure sur le mail que m’adresse l’équipe de Park4night après que j’aie inscrit un nouveau lieu dans leur base de données. Ce qui honnêtement n’a pas été très difficile puisque dans la ville concernée, Guadalajara, la seconde ville du Mexique après Mexico, une seule autre adresse était référencée. C’est que Park4night, curieusement, n’est pas encore très développé au Mexique, ni en Amérique en général, largement devancé par un concurrrent qui à l’inverse est peu utilisé en Europe.
Park4night l’application n° 1 des camping-caristes européens
Pourtant j’aime bien Park4night, pour l’avoir largement utilisé à nos débuts en vie nomade, parce que l’application est très ergonomique et que, bien que française, chacun peut s’y exprimer dans sa langue natale (la traduction est accessible en un clic), ce qui reflète bien l’état d’esprit européen. Chez la concurrence, il est plutôt malvenu de s’exprimer autrement qu’en anglais. Alors, depuis que je suis en Amérique et que je cherche un spot, je consulte systématiquement les 2 applications. Et comme Park4night est moins fournie, les endroits indiqués auront moins de risque d’être envahis ou pris en haine par les locaux pour utilisation abusive.
Elle recense les points d’intérêt ajoutés par les utilisateurs
Comme ce parking sécurisé référencé par mes soins
Chercher de nouveaux endroits et ne pas se contenter des applis que tout le monde a, est aussi une démarche excitante, qui a le vrai sens du mot « aventure » (notion d’inconnu) que beaucoup emploient à tort en ne fréquentant que des lieux préalablement déterminés par d’autres.
Alors, voyageurs d’Amérique ou d’ailleurs, êtes vous prêts à vous engager à chercher et publier un nouveau spot sur Park4night, ne serait-ce qu’une fois ou deux par mois ?
Pause jeux de mots laids
Une pou-ponnière ?
Roberto, notre monstre sacrée
Les « évènements » de Guadalajara
Nous avons fait étape deux nuits et une journée dans la seconde ville du Mexique après Mexico, Guadalajara, comptant 4,3 millions d’âmes dans son agloomération. Le centre historique possède encore un caractère colonial marqué, avec des bâtiments publics massifs, des grandes places arborées, de nombreuses églises toujours très fréquentées, etc. Il est assez étendu et il faut bien une journée pour le parcourir. Davantage si l’on souhaite explorer l’intérieur des édifices, encore que.
L’enseigne de la ville, squattée par un touriste
Car nous avons peut-être joué de malchance, mais pas mal de monuments étaient fermés, parfois de façon prévisible (le guide nous prévenant que les horaires n’étaient pas toujours respectés), parfois pour travaux (dans deux musées, nous n’avons pu visiter que 10% des salles, le reste étant soi-disant en rénovation), mais à plusieurs reprises en raison d’ »évènements » dont on nous a parfois donné la durée – de un jour à une semaine – mais jamais donné l’explication. A noter aussi que dans la ville, malgré notre visite un jour de semaine, de nombreuses boutiques semblaient fermées, mais de façon variable selon les quartiers.
Le « Temple Expiatoire du Saint Sacrement » et ses apôtres qui sortent prendre l’air toutes les heures
Nous retiendrons de cette ville les 12 apôtres du Temple Expiatoire du Saint Sacrement, qui sortent du clocher faire un petit tour toutes les heures au son du carillon, les deux flèches bleu et or de la cathédrale, l’immense théâtre de style néo-classique, l’omniprésence des fresques de Jose Clemente Orozco dont nous n’avons pourtant pas apprécié le côté sombre, les curieuses calèches électriques qui baladent sans cheval les touristes (heureusement, quelques vraies hippomobiles restent en circulation), et notre petit restaurant du midi, en balcon au-dessus de la Place des Armes, ou nous avons dégusté un plat de poisson tout en écoutant de la musique populaire mexicaine et en observant les passants.
La Place des Armes et sa belle cathédrale
dont voici l’intérieur
Des portraits sur livres (Guadalajara serait la « capitale du livre 2022 »)
dans l’enceinte du Palais du Gouverneur, dont on admire architecture et fresques
Le théâtre…
Pause restauration
Deux musées à moitié fermés dédiés au muraliste local Jose Clemente Orozco
On n’aime pas trop en fait, mais chut ! les mexicains en sont fiers
Petites fantaisies dans la rue pour finir. Au moins, pas de risque de fermeture pour ces attractions là
Pause ravitaillement
Non ! 25 centimes le litre d’essence ?
Sauf que, l’aspect de la pompe le confirme, elle a cessé de fonctionner en 1940… Dommage !
Le chocolat, un produit de luxe au Mexique !
Les tablettes sont, dans certains magasins, sous double emballage et munies d’un badge antivol. Nous en avons même vu sous cassette plastique comme pour les DVD.
Tequila
Aah, boire de la téquila à Tequila, c’est comme boire du Cognac à Cognac, du Bordeaux à Bordeaux ou du rhum à … euh non ça ne marche pas pour celui-là… Enfin bref, ça laisse un souvenir impérissable, gustativement et olfactivement lié à l’ambiance du lieu de consommation, surtout s’il coïncide comme pour nous avec le lieu de fabrication.
Sur la route de Tequila, les plants d’agave couvrent l’horizon
On en trouve partout, au bord des chemins de terre comme de fer
Nous avons pu en effet visiter l’une des nombreuses distilleries de la région, dénommée La Cofradia (trad. La Confrérie), une entreprise familiale qui produit de la tequila depuis plus de 50 ans. Elle se démarque des autres par son intérêt pour la préservation de l’environnement (récupération des fibres d’agave pour produire la vapeur nécessaire à la cuisson des ananas ou bien pour fabriquer des briques), un respect de la méthode traditionnelle, la fabrication sur place des bouteilles en céramique ou en verre soufflé. Nos connaissances sur le processus de fabrication n’étaient que théoriques. Nous avons pu les mettre en pratique en assistant à toutes les étapes, de la cuisson des ananas d’agave bleue à la distillation, en passant par le broyage et la fermentation. Nous avons dégusté la tequila à plusieurs étapes : fraîchement sortie de la 2nde distillation, blanche (embouteillée sans conservation), reposée (11 à 12 mois en fût) et vieille (2 ans ou plus en fût) et en margarita (tequila, jus de citron, glace pilée dans un verre glacé au sel et au piment).
Après 8 a 10 ans de culture, les « ananas » d’agaves sont récoltés et transportés
jusqu’à l’usine, que nous visitons en pleine activité
L’agave y est cuite à la vapeur dans des fours, puis broyée pour en extraire le jus,
lequel est mis à fermenter pendant quelques jours. Vous n’imaginez même pas l’odeur !
Vient ensuite le temps de la distillation, puis du vieillissement, en tonneaux français s’il vous plaît
Pour l’embouteillage, la distillerie fabrique ses propres flacons en céramique,
mais aussi des bouteilles en verre soufflé
Nous terminons bien entendu par la dégustation de tequilas pures ou en margarita
¡Salud! comme on dit là-bas !
Histoire de ne pas reprendre la route de suite, nous avons visité l’hôtel de la propriété, où l’on dort dans de grands tonneaux entourés de plants d’agaves, avec peut-être un petit shot de tequila sur les tables de chevet. L’immersion quoi.
L’hôtel sur place, avec ses chambres-tonneaux au milieu des agaves
Une grande traversée nous amène dans l’état de Michoacan
A l’assaut du volcan Paricutin
Nous sommes partis sur les pentes de l’un des plus jeunes volcans du Monde, le Paricutin, âgé d’à peine 80 ans. Il est né là, au Mexique, le 20 février 1943, au beau milieu d’un champ de maïs, sous les yeux de son propriétaire qui n’en revenait pas. D’abord la terre qui tremble, puis des fumerolles et de la lave qui sort. Un an après, le volcan atteignait 410m de hauteur et les coulées de lave avaient englouti 2 villages voisins. Seule une église émerge encore partiellement de ces blocs noirs et monstrueux et l’autel préservé par miracle est régulièrement fleuri par les locaux. Le volcan est maintenant calmé et s’ascensionne. Le sentier pour arriver à sa base fait 12km (il faut contourner 20km2 de lave !) et nous avons préféré parcourir la distance à cheval, ayant un excellent souvenir de notre première à Real de Catorce. Nos montures nous ont amené dans un chemin de roches et de sable volcaniques auprès du dernier cratère, dans un environnement de fumerolles, de bouches émettant une vapeur brûlante et de roches chaudes tachées de soufre. De là, il faut encore grimper jusqu’au sommet du volcan. C’est pentu et difficile car les roches roulent sous les pas, mais une triple récompense nous attend au sommet : le panorama splendide sur les environs bien sûr, une vue plongeante sur l’immense caldera entourée de fumerolles, et une coulée de sable rectiligne que l’on descend « en ramasse » et qui permet de rejoindre agréablement et sans effort en 2mn le point de départ quitté 40mn auparavant. Le retour passe par la visite de l’église partiellement ensevelie, un grand moment également. Pour les intéressés, la balade de 7 heures dont 5 à cheval revient à 34€ par personne, guide juste pour nous deux compris ! Quand vous lancez-vous ?
Le volcan Paricutin à l’aube. Cherchez les fumerolles
Roberto bien garé sous les sapins de l’observatoire,
nous enfourchons nos montures et partons à l’ascension du volcan
Vous ne me trouvez pas un petit air de Lucky Luke ?
2 heures 30 plus tard, nous sommes au pied du volcan. Ça fume de partout !
La randonnée se poursuit à pied dans les champs de lave, les éboulis chauds et tachés de soufre, les bouches de vapeur brûlante
Le guide explique à Claudie que son père a vu naître le volcan il y a 80 ans
Ascension finale. On devrait théoriquement suivre les flèches, mais le guide part tout droit…
Au sommet, une superbe caldera encore toute fumante
et bien entendu un panorama splendide
Le chemin du retour, c’est cette grande balafre sur la montagne !
Et c’est encore plus impressionnant vu den haut. Mais pas le temps de réfléchir, on suit le guide !
Descente en « ramasse », en 2 mn chrono
Il est temps de reprendre nos montures
pour aller voir l’église partiellement ensevelie sous 14 m de lave
Seul l’autel en a réchappé et reste très vénéré
Un petit en-cas et retour au parking
Une journée mémorable, vraiment
Pause minimalisme
Le minimalisme est une des clefs de la vie nomade : se limiter à l’essentiel pour occuper le moins de place possible et être léger
Alors là, quand on voit ce gars installer à demeure dans son coffre cette enceinte monstrueuse, on est choqués. Mais chacun son truc.
Le village des purépechas
Au pied du volcan, le village qui en permet l’accès s’appelle Angahuan, ce qui signifie justement « au bas de la pente » en langue purépecha. Du nom du peuple qui y habite, des amérindiens qui étaient là bien avant les Espagnols et qui ne se sont pas laissés envahir. Ils ont gardé du coup une grande partie de leurs traditions. Les deux plus flagrantes sont les jolies tenues aux couleurs éclatantes que portent au quotidien les femmes, et les messages de bienvenue et de santé publique diffusés plusieurs heures par jour sur des haut-parleurs. Vivant essentiellement de l’agriculture (avocat et maïs surtout) et de l’artisanat (poterie, vannerie, sculpture sur bois, tissages, etc.) ils sont d’un niveau économique modestes. Nous avons beaucoup aimé nous balader dans ce village aux rues mi-pavées mi-en terre, aux boutiques sommaires, où règne une animation tranquille. Les gens nous abordent facilement dans les rues et sont toujours agréables, comme presque partout au Mexique. Les poules, les chiens et les chevaux sont partout dans les rues, peu effrayés par les rares voitures. Nous avons visité une jolie petite église datant du XVIème siècle, construite en pierre et en pisé, dotée d’une belle arche de pierre finement sculptée autour de son entrée principale, mélangeant des motifs islamiques, chrétiens et amérindiens (autant ratisser large pour attirer les fidèles). Au centre du retable trône St Jacques l’Apôtre, saint patron du lieu.
Deux rues typiques d’Angahuan, le village purépecha
Les véhicules sont rares, mais les chevaux sont communs (et beaux !)
J’aime beaucoup cette continuité entre les guirlandes et le linge qui sèche
La petite église toute en pierre au portail joliment sculpté mélange les styles mauresque et amérindien
Saint Jacques l’Apôtre, saint patron du lieu
Pour finir quelques jolies mozaïques mexicaines représentant les Purépechas
Pour en savoir plus sur les traditions des purépechas, lire cet article bien documenté.
Pause joies du GPS
500 mètres avant l’arrivée à notre destination, le GPS nous fait prendre un petit chemin de terre. La chose étant assez commune au Mexique, nous ne nous inquiétons pas, jusqu’à ce dernier virage à seulement 137 mètres du but où le chemin se resserre franchement. Je descends tout de même voir si en roulant un peu sur l’herbe on pourrait franchir ce dernier virage, mais je tombe sur ÇA (voir photo ci-dessous). Il faut me rendre à l’évidence et enclencher la marche arrière !
L’embarcadère pour l’île de Janitzio
Après la petite mésaventure précédente, nous avons finalement trouvé ce que nous cherchions, l’embarcadère San Pedrito, d’où partent les week-ends les bateaux pour l’île de Janitzio. Nous étions surtout intéressés par le grand parking gazonné et calme qu’ils mettent à la disposition des visiteurs, sans vérifier s’ils embarquent ou pas. Nous nous y sommes trouvés si bien que nous y avons passé 2 nuits. Nous y avons rencontré juste avant de partir des voyageurs que nous avons cru Français d’après l’immatriculation de leur camping-car. Mais Eric et Nancy sont Belges, émigrés en Namibie …et grands voyageurs autour du monde. Ils ont simplement acheté leur véhicule à des Français avant de traverser l’Altantique en cargo avec. Nous avons bien échangé nos tuyaux, nos parcours, nos téléphones et nous nous suivrons désormais, comme d’autres voyageurs rencontrés en route. La communauté s’aggrandit !
Notre parking sympathique et l’embarcadère San Pedrito
Les bateaux attendant leur cargaison de touristes
qui commencent tout juste à arriver. Très attendus par les marchands de souvenirs.
Pittoresque Patzcuaro
Lorsque les Espagnols ont envahi le nouveau monde, la ville de Patzcuaro existait déjà, créée et habitée par les Purépechas, dont la religion n’avait rien à voir avec le christianisme. C’est pourquoi la grande place centrale fait exception au Mexique : c’est la seule du pays, et pourtant elle est de belle taille, à n’être pas bordée par une église ou une cathédrale. Bien sûr les colonisateurs et leurs fusils ont imposé la religion chrétienne, et la ville comporte plusieurs lieux de culte intéressants, mais l’attrait de la cité est ailleurs : d’une belle unité architecturale, elle est faite d’un quadrillage de rues pavées (le plus souvent de pierres volcaniques) bordées de maisons d’un ou deux étages aux toits de tuiles et poutres apparentes et aux murs d’adobe rouge et blancs, du plus bel effet. L’harmonie est également dans les enseignes, toutes peintes directement au-dessus des commerces et volontiers illustrées. La ville était noire de monde le dimanche de notre passage, en raison d’une fête religieuse combinée à une foire au chocolat et au vin, et peut-être aussi à cause du marché très achalandé dont nous n’avons pas su si c’était le seul jour d’activité dans la semaine. En tout cas, si les touristes étaient nombreux, ils nous ont semblé exclusivement mexicains.
Patzcuaro et son architecture singulière
Derrière les facades rouges et blanches, d’adorables patios
Des petites mammies y vendent un artisanat de qualité
Sur la place centrale, c’était l’effervescence, malgré la pluie
Les arcades autour faisaient le plein
Encore de belles maisons en adobe et toits de tuiles
J’oubliais aussi ce marché très animé. Au fait, connaissez-vous ces fruits à gauche ?
Les rois de la cavale…
…et les reines de la pluie !
Tzintzuntzan
Le nom de cette petite ville est aussi exotique que sa signification : le pays des colibris. Si notre guide papier tente de nous faire croire que c’est parcequ’il y en a eu beaucoup autrefois et que devant leur disparition la municipalité fleurit la ville pour les faire revenir, si l’encyclopédie en ligne qui commence par Wi et finit par dia se contente de donner la signification mais pas l’explication dans sa version française, j’ai dû pour comprendre chercher la version espagnole de ladite encyclopédie. On y apprend que les colibris étaient des messagers pour les dieux du panthéon purépecha, qui communiquaient ainsi entre eux depuis les 5 temples et les 5 pyramides qui leur étaient dédiés. Il s’agissait donc de colibris divins, autant dire que les fleurs du guide ont peu de chance de les attirer. Et puis les dieux sont possiblement allés voir ailleurs, depuis que les Espagnols ont cassé les pyramides des Purépechas qui s’étaient gentiment rendus en espérant le contraire. Vous verrez sur les photos ce qu’il reste de ces étranges pyramides à base ronde.
Tzintzuntzan le pays des colibris et des yacatas (le nom donné aux pyramides locales)
Sinon Tzintzuntzan (essayez de le prononcer 10 fois de suite et vous comprendrez pourquoi nous avons trouvé un nombre inhabituel de gens porteurs d’appareils orthodontiques) est une ville agréable, avec un grand marché d’artisanat ou l’art de la vannerie excelle plus que tout autre, avec les oliviers pentacentenaires du jardin du couvent franciscain, rivalisant en taille de tronc avec les séquoias vus en Californie.
mais aussi le pays de la sculpture sur bois
et surtout de la vannerie
On aimerait tout rapporter, même les oliviers !
Pause sculpte moi une maison
Au Mexique, on aime bien les arbres ronds, carrés, rectangulaires, et pourquoi pas en forme de maison
Morelia
Pourtant classée au patrimoine mondial de l’humanité pour ses 250 monuments historiques de pierres roses mélangeant adroitement de nombreux genres architecturaux, dont 21 églises, 20 monuments administratifs, 1 acqueduc de 253 arches, Morelia ne nous a pas transcendés. La grande taille du centre historique y était peut-être pour quelque chose. Nous n’avons pas réussi à ressentir l’âme de la ville, comme cela est régulièrement arrivé précédemment. Reconnaissons tout de même avoir vu quelques splendeurs, comme l’enchevêtrement de dorures et de roses sur les murs et plafond du Sanctuaire de la Vierge de Guadalupe, les fresques géantes et les patios du Palais de Justice et du Palais du Gouverneur, les 22000 livres de la bibliothèque universitaire installée dans un ancien temple.
Les lettres géantes de Morelia, la capitale de l’état de Michoacan
La ville est inscrite au patrimoine de l’Unesco pour son architecture particulière
Un bel aqueduc de 253 arches. Et le sanctuaire de la Virgen de Guadalupe, si banal à l’extérieur,
mais si richement décoré à l’intérieur !
Le Palais du Gouverneur est décoré de fresques racontant l’histoire de la ville mieux qu’un livre
Et en parlant de livres, la bibliothèque universitaire c’est tout un poème !
Nous avons découvert aussi à Morelia un autre curé mercenaire, héros de la lutte pour l’indépendance mexicaine, représenté partout la tête recouverte d’un bandeau de pirate, à qui on aurait volontiers confié les commandes du Black Pearl. Au fait, je ne vous ai pas dit son nom : c’est Jose Maria Morelos. La ville a préféré abandonner son ancien nom de Valladolid pour prendre le sien.
Statue équestre de Jose Maria Morelos et moultes peintures à son effigie dans les bâtiments publics
Nous allons bientôt rejoindre l’état de Mexico, car là-bas, dans quelques endroits précis, les papillons monarques arrivent en masse depuis le Canada ou les USA pour passer l’hiver au chaud. Nous avons hâte de vivre ça, et bien sûr de vous le raconter, c’est promis !
Nous poursuivons notre trajet vers le Sud-Est, longeant la Sierra Madre Occidentale sur son versant Est à des altitudes oscillant entre 1500 et 2500m, ce qui nous procure des paysages variés et des températures agréables dans la journée et un peu fraîches la nuit. Le tout avec un soleil omniprésent. C’est exactement ce qui nous convient. Voici le récit de nos visites.
Plaque minéralogique de l’état de Durango
Durango, peu de touristes, beaucoup de scorpions
Cette ville a la malchance de se trouver au milieu de nulle part, à au moins 3 heures de route de l’agglomération similaire la plus proche et à l’écart des circuits touristiques. Considérée de plus comme « zone déconseillée sauf raison impérative » par le ministère français des affaires étrangères, elle a peu de chances de voir sa situation s’améliorer. Nous avons trouvé pourtant une ville paisible, agréable, et attrayante sur le plan touristique.
L’unique mais belle rue piétonne de Durango
Le centre historique et son architecture coloniale (70 bâtiments classés), la longue rue piétonne coiffée de parasols roses et bordée de boutiques et restaurants, les places animées, les groupes de mariachis mettant l’ambiance au coin des rues, la dizaine de musées et le téléphérique ont de quoi occuper les touristes un ou deux jours.
La cathédrale et une vue aérienne depuis le téléphérique
Palais de Zambrano et Museo Francisco Villa
Ruelles colorées et pentues …ou pas !
Petit café sympathique à l’ombre des arches
Encore de la couleur dans la rue, les mexicains ne savent pas faire sans (mais on adore !)
Vestiges du dia de los muertos : un autel géant sous une tente installé par une entreprise de pompes funèbres pour se faire de la pub !
J’adore la moto-remorque…
A l’extérieur, un gamin s’amuse avec les crânes laissés en place
Notre visite préférée a été celle du Museo de la Ciudad qui met en valeur l’histoire de la ville et deux de ses caractéristiques particulières : son importante industrie cinématographique (c’est là notamment que le Masque de Zorro a été tourné) et son lien particulier avec les scorpions. On y décrit la lutte implacable qu’a mené la ville pour en diminuer le nombre (les habitants étaient payés pour les ramasser), pour en réduire la mortalité grâce à des mesures éducatives et la mise au point d’un sérum performant disponible dans le moindre hôpital de la région. Mais pour nous, le clou du spectacle c’était le terrarium éclairé en lumière noire, hébergeant une bonne centaire de spécimens vivants et mobiles. Le scorpion c’est un peu l’emblème de Durango, et on le trouve dans la ville à toutes les sauces (c’est le cas de le dire car il garnirait certains tacos…)
L’industrie du cinéma cartonne à Durango. De nombreux films y sont tournés
Durango est aussi connue pour ses scorpions
On en trouve des faux sur les façades mais aussi des vrais au musée
Connaissez-vous le Sotol ?
Autant les rayons des supermarchés des états du nord du Mexique débordent de marques de Tequila ou de Mezcal, ceux des boutiques de souvenirs ne jurent que par le Sotol. Toutes ces boissons alcoolisées semblent provenir de l’agave. Qu’est ce qui les distingue ?
Le Sotol et ses concurrents
L’agave, c’est ce gros cactus hérissé de feuilles pointues, celui qu’on place en nombre au fond de son jardin pour dissuader les voisins de traverser. A moins qu’ils ne soient tentés de venir couper une ou deux feuilles pour en récolter le jus sucré (aguamiel), le faire fermenter pour produire du Pulque (boisson laiteuse légèrement alcoolisée utilisée depuis longtemps par les amérindiens pour leurs rites sacrés), ou le réduire pour en faire du sirop d’agave, un édulcorant. Les voisins pourraient aussi avoir envie de fabriquer une eau-de-vie d’agave, mais là c’est plus compliqué, car il faut récolter la plante entière, qui peut peser plusieurs dizaines de kilos.
B
Tout est dans le renflement à la base des feuilles, appelé ananas, on voit bien pourquoi. Ces ananas sont cuits puis broyés et additionnés d’eau avant de fermenter quelques jours. Ce sera ensuite l’étape de la distillation puis du vieillissement et de la mise en bouteille.
Le Mezcal est la version la plus ancienne, la plus artisanale, avec une cuisson des ananas dans un four en brique à même le sol, ce qui lui confère une saveur fumée et terreuse, nuancée par l’agave utilisé. La Tequila est le pendant industriel du Mezcal, avec les exigences qui vont avec : uniquement de l’agave bleu, cuisson en étuve et non en four, 40° obligatoires pour l’export, etc. Oubliés les petits producteurs et saveur plus uniforme. Le Sotol se rapproche davantage du Mezcal en termes de fabrication et de saveur, mais utilise un parent de l’agave, le …sotol. De nouveaux venus ont fait leur apparition, comme le Bocanora à base d’agave sauvage (Pacifica) et le Raicilla utilisant 2 sortes d’agaves (lechuguilla et pata de mula) cuites hors sol.
et la dégustation bien sûr !
Voilà, vous savez tout, il ne reste plus qu’à apprécier et consommer avec modération, comme il se doit. ¡ Salud!
Plaque minéralogique de l’état de Zacatecas
Agra, Toulouse, Zacatecas
Quel est le point commun entre ces villes si éloignées ? La couleur rose ! La mexicaine Zacatecas est tout de même la seule à posséder une architecture coloniale, et son large centre historique est magnifique. Le grès rose domine et donne une certaine unité. Il est employé aussi bien pour les nombreux édifices religieux que pour les bâtiments publics, les kiosques des jardins et même l’aqueduc qui traverse une partie de la ville. La majeure partie de cette zone est pavée et parsemée de grandes places et de jardins bien entretenus qui donnent une impression d’espace. Nous avons aussi aimé nous perdre dans le dédale de petites ruelles qui entourent les artères du centre-ville.
Zacatecas, ville rose, comme son acqueduc
Le centre est très animé
Les voitures sont blanches…
…mais les cathédrales et les églises sont roses,
les kiosques sont roses,
les rues sont …euh …partiellement roses
On trouve aussi de jolies places,
des théâtres et hôtels aux façades attrayantes,
une Place des Armes, forcément,
bref, un charme colonial certain
Ici, c’est juste une paroisse (Santo Domingo)
pourtant, quelle déco intérieure !
car côté déco, ils savent vraiment y faire !
Là, c’est l’entrée d’un simple musée. Admirez le travail !
Zacatecas est dotée de nombreux musées. Nous avons prévu d’en visiter deux ou trois. Nous allons nous rendre aussi au Cerro de la Bufa, la montagne qui domine la ville. La Bufa est d’ailleurs le nom du premier hôtel dans lequel nous avons logé à Mexico en arrivant au Mexique en janvier dernier. Nous avions demandé d’où venait le nom. Ils nous avaient répondu que c’était une montagne quelque part dans le Nord.
Le Cerro de la Bufa (traduction La Montagne en forme d’outre à vin…)
Eh bien voilà, nous y sommes !
Étape au sommet
Nous avons finalement adopté ce Cerro de la Bufa, le point culminant de la ville de Zacatecas, au point de passer la nuit sur le parking du téléphérique, à 2600m d’altitude. Bien entendu, nous avons demandé l’autorisation à la police municipale qui tient un petit bureau sur place. « No problem » nous ont-ils dit avec un grand sourire, nous invitant à choisir une place à notre guise, juste devant eux ou bien plus loin. Nous avons opté pour la 2ème solution, un choix judicieux car c’était plutôt la fiesta au poste de police : musique latino, tacos et bières une bonne partie de la soirée ! A signaler un pick-up-cellule garé assez loin de nous, le premier véhicule de loisirs que nous rencontrons depuis notre arrivée au Mexique il y a 12 jours. Des californiens apparemment, à moins que ce ne soit que le lieu de location de leur véhicule.
Coucher du soleil
De notre perchoir, nous avons assisté au coucher du soleil puis au spectacle des lumières de la ville scintillant dans le noir. Après une nuit tranquille bien qu’un peu fraîche (12°C dans Roberto le matin au réveil…) nous sommes allés cette fois contempler le panorama diurne, tout aussi magnifique. Une jolie randonnée en balcon au-dessus de la ville nous a amené en une quarantaine de minutes au cœur de celle-ci. Nous avions rendez-vous avec le musée Rafael Coronel, un peintre et sculpteur local, gendre de Diego Rivera pour ceux qui connaissent, qui présente ici une collection remarquable d’art populaire mexicain accumulée au cours du temps. Notamment une exposition exceptionnelle de 6000 masques mexicains, de nombreuses céramiques préhispaniques et des marionnettes. L’endroit, un ancien couvent, est un délice à parcourir. Plusieurs heures de visite pour 1,60€ l’entrée, c’est donné !
Joli paysage pendant la randonnée du matin, notamment l’inattendue superposition d’un avant-plan de cactus et d’un arrière plan de téléphérique. J’ai imaginé un instant La Plagne en 2050. Mais que fait la COP27 ?
Le Musée Rafael Coronel
Quelques unes des oeuvres de l’artiste, peintures et sculptures,
C’est lui qui a réalisé ces sortes de Merlin l’Enchanteur qui parsèment le jardin
Rien que les extérieurs valaient le déplacement !
A l’intérieur, une incroyable collection de masques mexicains
mais aussi des marionnettes, des céramiques préhispaniques, etc.
Un p’tit coup de peinture
Zacatecas est décidément une ville d’art et nous n’avons que l’embarras du choix en termes de musées ou de galeries. Nous nous sommes rendus cette fois au Museo Francisco Goitia, présentant dans une jolie bâtisse toute rose de 1948 et pour 80 centimes l’entrée une centaine d’œuvres de 6 artistes zacatacanos du XXème siècle, dont le plus ancien qui a donné son nom au musée, respect des anciens oblige, mais aussi Rafael Coronel dont nous avons parlé au chapitre précédent et Enrique Barajas, le petit dernier, né en 1971. Le premier était connu notamment pour ses portraits d’indiens. Le dernier fait dans l’art abstrait. Je ne suis pas toujours fan, mais là j’ai un peu accroché, et surtout je me suis amusé – traducteur à la main – à lire les légendes pour voir si je percevais ne serait-ce qu’un peu la volonté de l’auteur. Je ne résiste pas au plaisir de vous partager l’exercice. A vous d’attribuer aux 4 œuvres ci-dessous la légende qui convient parmi celles proposées. Solutions à la fin du paragraphe suivant…
A
Pharmacies
Se procurer des médicaments en voyage n’est pas toujours évident. J’ai lu récemment sur un forum les difficultés d’un voyageur français aux USA pour se procurer une spécialité qu’il prenait régulièrement. La seule possibilité apparemment était qu’il voit un médecin, avec un coût très élevé là-bas. Pourtant, le nombre de médicaments en accès libre est assez impressionnant aux États-Unis comme au Canada. Ainsi trouve-t-on sur les rayons des supermarchés Walmart des boîtes de 200 comprimés de paracétamol 500mg (en France, c’est maximum 16 par boîte), d’aspirine, d’anti-inflammatoires, d’anti-histaminiques, etc. A noter que dans certaines pharmacies comme les Walgreen, on peut faire ses courses d’épicerie et de fruits et légumes en même temps.
Une pharmacie avec un auvent Coca-Cola et qui vend aussi des glaces…
Nous avons vécu au Mexique une expérience tout aussi étonnante, voire plus : ayant besoin d’un médicament délivrable uniquement sur prescription en France, nous nous présentons à une petite pharmacie de quartier, ouvrant directement sur la rue, et montrons l’emballage de l’ancienne boîte. La pharmacienne nous sort du rayon placé directement derrière elle (là où chez nous on place les anti-rhume et autres bobothérapies) trois flacons vrac du produit en question, en nous disant – et c’est là qu’est l’extraordinaire – que c’est actuellement en promotion et qu’en prenant les trois flacons nous n’en payerions que deux… Pas belle la vie au Mexique ?!
Solutions du quizz : 1C 2B 3D 4A
Plaque minéralogique de l’état d’Aguascalientes
Aguascalientes, l’incontournable
Là, je parle juste pour nous puisque nous sommes fans des stations thermales, y ayant vécu 25 ans de notre vie. Donc nous sommes allés tester le seul établissement du centre-ville, présent tout de même depuis 1831, avec uen eau à 38°C dont la composition n’est pas affichée. L’unique bassin collectif étant en travaux, nous nous sommes rabattus sur les bassins individuels, de la taille d’une baignoire à celle d’une petite piscine, alimentés par un gros tuyau style chantier qui a l’avantage de procurer un bon massage en même temps. A défaut d’avoir des rhumatismes, nous n’avons pas pu vérifier l’efficacité revendiquée, mais nous nous sommes bien relaxés. Et le décor art-déco valait largement la visite.
Les thermes d’Aguascalientes
Couloirs et baignoires au charme désuet,
bassin collectif malheureusement en travaux,
Douche énergique à Aguascalientes
Aguacalientes reste par ailleurs une ville agréable à parcourir, avec un beau centre colonial, une superbe mairie toute décorée de fresques, un musée dédié à un illustrateur local du XIXème siècle, Jose Guadalupe Posada, dont nous avons mesuré la difficulté du travail d’alors, toute image à imprimer devant être gravée sur bois ou zinc au préalable. Nous avons raté le célèbre musée de la mort, qui aurait sûrement été intéressant dans un pays comme le Mexique totalement désinhibé vis-à-vis du sujet, mais un écriteau sur la porte annonçait des travaux pour une durée indéterminée… Ce sera pour une autre fois !
La ville et sa belle cathédrale
La mairie et ses superbes fresques
décrivant toute l’histoire de la ville
sur deux larges étages
Jose Guadalupe Posada était très célèbre au Mexique pour ses illustrations de presse et de livres
Au XIXème siècle, c’était la technique de l’estampe : il fallait tout graver avant de pouvoir imprimer !
Les couvertures de livres pour enfants ne faisaient pas dans la dentelle…
…et les articles de presse non plus si l’on en juge par les traductions Google !
Intermède ou plutôt interlude
Dans un genre de solderie à Aguascalientes, nous avons trouvé au rayon des jouets, à deux pas d’un rayon coquin avec petites culottes en dentelle sexy et vibromasseurs – mais ça n’a rien à voir à part l’électricité – ce surprenant jeu de roulette où l’on s’amuse à prendre des décharges. Je n’ai pas tout lu la notice, mais on peut imaginer que « 2 play ways » c’est 12V ou 2000V, vous en pensez quoi ?
Nous quittons maintenant l’état d’Aguacalientes pour celui du Guanajuato
Plaque minéralogique de l’état de Guanajuato
Guanajuato la colorée
Nous pensions avoir déjà vu tout l’éventail de couleurs possibles sur les façades des maisons mexicaines, mais là il a fallu nous rendre à l’évidence : nous n’avions encore rien vu. L’assortiment est tel qu’il est inscrit au patrimoine mondial de l’humanité, en parallèle avec la configuration de la ville, toute en ruelles pavées tortueuses, pentues et étroites en surface, et creusée d’un dédale de tunnels où circulent voitures comme piétons en profondeur. Les nombreux édifices coloniaux et l’environnement montagneux ont bien sûr joué un rôle aussi dans l’attribution du titre. La visite a été éprouvante physiquement avec les nombreuses montées et descentes à plus de 2100m d’altitude, avec beaucoup de marches, mais elle a été indubitablement un régal pour les yeux et les objectifs de nos smartphones.
Guanajuato ville de couleurs
Roberto a dû être garé rapidement car la circulation était difficile
Les arbres sont bas de plafond,
les rues sont étroites, parfois même trèèèès étroites et pleines de marches,
parfois encombrées aussi, mais tellement belles !
Et on ne parle pas des tunnels, accessibles aux piétons, comportant même des arrêts de bus
Partout ou l’oeil porte, c’est un régal
Il semble faire bon vivre dans ce centre-ville
Côté visites, un intéressant musée des momies, extraites du cimetière voisin parce que les descendants ne payaient pas les taxes. De façon inattendue, les corps exhumés s’étaient momifiés de façon naturelle en raison des conditions particulières de sécheresse et de pauvreté en oxygène du sous-sol à cet endroit. Je ne publie pas de photos pour ne pas choquer les âmes sensibles, mais je peux en envoyer à ceux qui m’en feront la demande. Les Mexicains, détachés vis à vis de la mort, y emmènent volontiers leurs enfants ou se prennent en photo dans le cercueil à la sortie !
Nous avons visité aussi un centre iconographique dédié à Don Quichotte,
le héros de Cervantès y étant décliné à toutes les sauces,
principalement des peintures, dans des genres très différents,
mais aussi des statues en céramique ou en bois,
et des versions internationales de l’oeuvre littéraire
Il reste à comprendre l’intérêt des Mexicains pour Don Quichotte… La nostalgie de l’Espagne ?
Ah et puis entre deux visites, nous nous sommes forcément restaurés. Ce tamales (papillote à base de maïs) au poulet était délicieux et pas cher (1,70 € !)
Nous avons stationné dans l’unique « camping » de la ville, en fait un parking protégé sur les hauteurs de la ville – avec une belle vue donc – équipé tout de même d’un petit bloc sanitaire et de quelques robinets d’eau et prises de courant. Nous y avons fait la rencontre d’un couple du Nord, Elisabeth et Bruno, suffisamment férus de voyages pour partir comme nous mais avant l’âge de la retraite. Ils circulent dans un fourgon VW et ont un peu la même philosophie du voyage que nous : la découverte avant tout et donc rarement plus d’une nuit au même endroit.
Pendant ce temps Roberto nous attendait au « camping«
dans un décor stylé
Et lui aussi nous attendait dans les toilettes de ce camping. La vie nomade n’est pas de tout repos !
Mexiguel-Ange ?
Ce jeu de mots vaseux m’évite de titrer sur le nom peu évocateur du hameau concerné : Atotonilco. Et pourtant, c’est là que se trouve la « chapelle Sixtine mexicaine » bien plus connue et vénérée des locaux que sa version vaticane. Ignacio de Allende, le héros local de la guerre d’indépendance du Mexique s’y est marié avant de s’associer au curé Miguel Hidalgo pour déclencher les hostilités. C’est la Vierge de Guadalupe de cette église qui figura sur le drapeau des insurgés. Le plafond et les murs de la nef principale et des 7 chapelles adjacentes sont entièrement couverts de fresques baroques. Le Michel-Ange local, dénommé Antonio Martinez de Pocasangre mit trente ans à achever son œuvre. C’est splendide. Dommage que la plupart des touristes du Mexique, préférant les plages de la Baja California ou du Yucatan ne passent pas par là.
De l’extérieur l’église ne paie pas de mine…
mais de l’intérieur…
La chapelle voisine n’est pas en reste
L’ensemble est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2008
San Miguel de Allende
Encore une ville formidable ou il fait bon se promener (dans tous les sens du terme d’ailleurs puiqu’avec les 1900m d’altitude, les températures sont idéales et le soleil est omniprésent). La cité a été fondée par le moine franciscain Juan de San Miguel (on dirait presque mon prénom) en 1742 et le nom a été complété en 1826 avec celui de Ignacio Allende dont nous avons parlé ci-dessus. En 2008 elle a été classée au patrimoine mondial de l’Unesco et en 2013, honneur suprême elle a obtenu la 1ère place sur 26 villes touristiques mondiales selon le classement très réputé des lecteurs du Conde Nast Traveller magazine, devant Florence, Budapest et Salzbourg. Ok, nous ne le savions pas avant de venir ici, mais nous sommes heureux d’avoir fait le déplacement ! Si la ville se détache ainsi de ses sœurs mexicaines et internationales, c’est que son climat doux et son architecture mixte de style colonial, baroque et néo-classique ont attiré toute une communauté de résidents étrangers et notamment beaucoup d’artistes.
Après avoir garé Roberto au fond d’une impasse tranquille, nous avons exploré la ville et nous nous sommes imprégnés de son ambiance détendue. Pour une fois, nous avons croisé un certain nombre de touristes, la plupart américains. Ils s’entendent plus qu’ils ne se voient : ce sont les seuls qui parlent très fort : le mexicain, et nous venons de le réaliser, n’élève habituellement pas la voix, c’est tout à son honneur. Difficile de vous détailler tout ce que nous avons découvert pendant ces presque deux jours. Nous avons pris bien trop de photos pour pouvoir les publier toutes. Mais ça, c’est plutôt bon signe !
San Miguel de Allende, encore une ville aux couleurs chatoyantes
aux ruelles dans lesquelles il fait bon se promener,
particulièrement bien fleuries,
et parsemées de curiosités.
On se régale d’y photographier les portes
avec ou sans personnage devant
Les magasins d’antiquités et d’artisanat sont de qualité
En ce dimanche ensoleillé, les gens cherchent l’ombre
des arcades ou des parcs,
ou encore des églises
Du coup certaines rues peuvent paraître désertes,
mais ce nest qu’illusion : les gens marchent à l’ombre !
Nous, nous nous sommes réfugiés dans ce restaurant
pour un buffet mexicain assez banal
Allez, encore quelques photos de ce joli paysage urbain
qu’on pourrait classer par matières : bambou, carton-pâte ou corne de taureau,
céramique (un puzzle !) ou paille,
métal, os ou noix de coco
Les squelettes étaient bien sûr au rendez vous,
vous connaissez les mexicains…
Mais oui, cette scène d’accident est bien un jouet !
Ah et j’allais oublier ce marché de l’artisanat, aussi coloré qu’achalandé
Pendant tout ce temps, Roberto était garé peinard au fond d’une impasse tranquille
Il nous reste un peu plus de 2 semaines pour rejoindre Mexico, nous obliquons vers l’Est car d’autres sites touristiques nous appellent, Guadalajara et Tequila entre autres. Au plaisir bientôt de vous raconter tout cela. Ci-dessous les boutons pour nous laisser un commentaire, suivre notre parcours sur Instagram ou vous abonner (les trois sont appréciés !) et comme après chaque article la carte du parcours concerné.
Il nous restait encore 2 semaines sur notre visa américain, mais nous avions envie de changer de culture et de décor. Quoi de mieux dans ce cas que de franchir la frontière mexicaine. C’est un tout autre monde qui nous attend !
Passage éclair à la frontière
Nous nous présentons vers 11 h au poste frontière d’Agua Prieta. Aucune file d’attente. Les douaniers nous font garer sur le côté puis inspectent sommairement notre fourgon. La seule question posée est « Combien coûte le véhicule ? ». Moins d’une minute après ils nous montrent la rue qui s’enfonce dans la ville et nous font signe que nous pouvons y aller. Quoi ? Mais non, c’est trop court, ils n’ont même pas ouvert les passeports que nous leur avons présenté ! Le fait est que nous aurions pu passer des États-Unis au Mexique bien plus facilement qu’entre deux pays européens. Mais en risquant d’avoir des ennuis si nos passeports ne sont pas tamponnés. Nous montrons ceux-ci aux douaniers qui nous invitent à aller 2 coins de rue plus loin aux bureaux de l’immigration.
Frontière d’Agua Prieta
Là, nous présentons le document de demande de visa que nous avions rempli en ligne puis fait imprimer la veille. Nous avions prévu initialement de nous présenter sans rien, mais j’ai eu des remords et insisté auprès de Claudie pour obtenir ces documents avant notre passage. Eh bien ça ne s’est pas passé tout à fait comme prévu, parce que l’officier d’immigration avait besoin des reçus des paiements réalisés pour obtenir ces papiers (environ 33 €). Nous les avions sur nos ordis laissés dans Roberto mais pas imprimés. Il a fallu retourner chercher tout ça, les envoyer par e-mail au service d’immigration car présenter le reçu sur écran ne suffisait pas. Bon, cela a pris une dizaine de minutes, pendant lesquelles un motard canadien arrivé après nous, sans avoir rien préparé, a pu obtenir et payer son visa sans s’être donné le mal de remplir ou d’imprimer quoi que ce soit. Claudie jubilait : « Tu vois, je t’avais bien dit qu’il ne fallait rien faire ! ». Au total, 20 minutes après notre arrivée, nous sommes entrés en règle au Mexique, ce que je qualifierais tout de même de passage éclair. Et cela aurait pu être raccourci de 10 minutes !
Moralité pour les futurs candidats au passage : ne vous préoccupez pas du frigo, ne préparez rien, et essayez de privilégier une petite douane.
Reprise de contact
Dès la frontière franchie, nous sentons tout de suite la différence avec les États-Unis. Les rues et les maisons sont en désordre mais leurs couleurs sont chatoyantes. Les boutiques sont nombreuses et variées (aux USA il fallait parfois marcher plusieurs kilomètres avant de trouver la moindre épicerie). Les vendeurs ambulants accueillent les automobilistes aux carrefours. Les chaussées sont quelque peu défoncées mais les rues américaines n’étaient pas exemptes de tout reproche. L’ambiance semble globalement plus détendue. Dans le petit supermarché où nous re-remplissons notre frigo, des produits auxquels nous n’avions plus l’habitude font leur réapparition : patates douces rose vif, tomates emballées dans leur feuille, rayons entiers de piments, tequila à gogo, sauce au chocolat (mole), bougies à caractère religieux, et en cette époque, crânes en sucre en préparation du dia del muerte. Les prix sont nettement plus bas que quelques kilomètres plus au nord côté US. A la reprise de la route, nous refaisons connaissance avec les topes, ces redoutables ralentisseurs non signalés, avec un joyeux mélange de feux tricolores et de stops aux carrefours, avec la circulation à moitié sur la bande d’arrêt d’urgence pour permettre les dépassements à cheval sur la ligne centrale, avec les camions qui clignotent à gauche pour vous faire signe de doubler, que ce soit autorisé ou non d’ailleurs. Des camions qui roulent plutôt lentement d’ailleurs, contrairement à leurs homologues américains qui foncent comme des malades. En résumé, c’est avec un grand plaisir que nous retrouvons le Mexique !
Le contraste dès le supermarché
Sauce au chocolat pour la viande et Téquila
Bougies à caractère religieux
Nous arrivons dans l’état de Chihuahua
Première étape à Casas Grandes
Nous parvenons après 3 bonnes heures d’une route déserte (une seule petite ville au milieu de ces 228 km !) traversant des paysages grandioses de plaines et montagnes à Casas Grandes, un site archéologique. Notre premier spot nocturne au bord d’un lac étant inaccessible en raison de l’inondation d’un secteur de sa route d’accès, nous nous rabattons sur un parking d’un supermarché en centre-ville, après avoir demandé à un employé qui rangeait des caddies si cela était autorisé. Après nous être débarassés d’une bonne couche de poussière sur le pare-brise le lendemain (la moité des rues n’est pas goudronnée) nous nous dirigeons vers le site appelé Paquiné. C’est le nom que lui ont donné les amérindiens qui ont habité là pendant plus de cinq siècles, de 900 à 1475, dans des maisons en adobe allant jusqu’à quatre étages, une performance pour l’époque. Il ne reste aujourd’hui que les murs du rez-de-chaussée, dont la disposition asscociée aux nombreux objets retrouvés lors de fouilles donnent une bonne idée de la façon dont cette civilisation a vécu. Le musée susceptible d’expliquer tout cela était malheureusement en travaux, et nous avons dû nous contenter des extérieurs assez photogéniques tout de même.
A Casas Grandes, pas loin de l’église,
La mairie décorée de jolies fresques
se prépare activement
pour le Dia de los Muertos
Sur le site archéologique de Paquimé,
nous explorons le labyrinthe de pisé
qui constituait autrefois une ville entière
Cuve à cuisiner l’agave, zone d’élevage d’oiseaux exotiques pour le commerce et les sacrifices,
et joli paysage environnant
Il faudra attendre la ville suivante pour avoir quelques représentations de la vie de l’époque
Chihuahua
C’est la vraie grande ville de cette région plutôt désertique, capitale de l’état du même nom, abritant un bon million d’âmes, dont beaucoup travaillent pour les industries légères américaines venues ici pour la main d’œuvre à bas prix. Le nom d’origine aztèque signifie non pas « petite crotte avec de grandes oreilles » mais « lieu aride avec du sable ». Le sable a disparu en ville, englouti dans les milliards de tonnes de béton qui ont servi à ériger les bâtiments de la ville construits un peu n’importe comment. Mais nous aimons ce côté un peu désorganisé et décontracté de la vie mexicaine, surtout quand nous sommes les seuls touristes. L’authenticité à l’état pur. En fait, les touristes étaient peut-être tous réunis à la gare du chemin de fer touristique qui parcourt le canyon du cuivre, mais nous n’irons pas nous joindre à eux, Roberto avait trop envie de faire le trajet.
A Chihuahua comme ailleurs, les gens adorent se faire photographier devant les noms de ville en relief
Un parcours dans le centre, d’un bâtiment colonial à l’autre, nous amène comprendre quelques points-clefs. Au Palacio del Gobiernor, une immense fresque sur 2 étages autour du patio nous aide à réviser l’histoire du Mexique. Au Museo de la Revolucion, ancienne demeure de 48 pièces de Pancho Villa, nous cernons mieux le personnage qu’était ce bandit de grand chemin parvenu à la tête de l’état (je suis sûr qu’il n’y a pas à chercher loin pour trouver chez nous des histoires similaires 😉) grâce à son habilité à soulever les peuples. A la Casa Chihuahua, nous découvrons le passé mouvementé de ce palais du gouvernement transformé tour à tour en maison de la monnaie (une nouvelle saison en perspective pour la Casa de Papel ?), en monastère jésuite, en hopital, en poste puis en musée d’art. Au Museo Casa Juarez, nous visitons la maison où a vécu l’ancien président lorsqu’il était à Chihuahua.
L’architecture est souvent coloniale et les statues nombreuses
Les édifices religieux sont plutôt massifs
et les rues très colorées et animées
L’histoire du Mexique depuis 1530 est peinte tout autour du patio du Palais du Gouverneur
Benito Juarez est en bonne place, tout comme Miguel Hidalgo incarcéré et mort dans ce bâtiment
Une bonne façon de réviser l’histoire !
Au Musée de la Revolution, ancienne demeure de Pancho Villa,
on peut visiter un grand nombre de pièces (ici la salle de musique),
et avoir une idée de la vie opulente
que menait le bandit devenu maître de l’état de Chihuahua
Des armes lui ayant appartenu y sont exposées comme ce Colt et cet iPhone -250 (je blague, mais Pancho Villa savait user et abuser des médias et donc de son téléphone pour assurer sa propagande)
On peut voir ici le fin travail de ce sabre gravé à son nom
Sans aucune pudeur on montre aussi les trous de balles …de la voiture dans laquelle il a été assassiné
et le livre où sa dernière épouse étale sa vie privée (le pendant mexicain de notre « Merci pour ce moment »…)
Dans la maison voisine de Benito Juarez nous serons plus impressionnés par les préparatifs du jour des morts que par les objets personnels de l’ex-président
Au Museo Casa Rotunda enfin,
un ancien plateau tournant pour locomotives reconverti en musée d’art,
Nous aurons plus attirés par la petite expo sur l’histoire du train dans la region que par les oeuvres exposées peu à notre goût
Savez-vous ce que signifient les lettres N de M sur cette casquette de conducteur et à quoi servaient ces « bracelets » ?
Et puis nous nous sommes fondus dans la masse des passants sur la Plaza de Armas et dans les rues piétonnes pour aller prendre le pouls bien battant de la ville.
P.S. Saviez-vous que Chihuahua est la ville de naissance de l’acteur Anthony Quinn ? (1915-2001)
La cascade de Basaseachi
Nous sommes sortis des routes principales pour nous enfoncer dans les canyons de la Sierra Madre Occidentale, creusés dans une vaste couche d’origine volcanique suite à l’érosion. Celui que nous avons suivi jusqu’aux cascades peut atteindre par endroits 1750m de dénivelé, soit davantage que le Grand Canyon du Colorado. La route sinueuse et bordée de roches aux formes étranges et d’une forêt de sapins était magnifique. Il a fallu passer plusieurs contrôles de police (armée jusqu’aux dents) avant d’arriver, mais d’un autre côté, dans cette région où les cartels de la drogue s’affrontent fréquemment, c’était plutôt rassurant. Une dizaine de voitures tout au plus étaient stationnées sur le parking du point de départ de la balade, exclusivement des touristes locaux. Nous n’avons d’ailleurs rencontré aucun touriste non local ni aucun véhicule de loisirs depuis notre arrivée au Mexique. Garés à notre tour, nous sommes allés voir les trois points de vue sur la cascade accessibles depuis ce parking. C’est tout ce qu’il était possible de faire avant la fermeture du parc à 18h. Moyennant un petit pourboire, nous nous sommes laissés enfermer à l’intérieur. Nous avons ainsi profité de l’endroit pour nous seuls toute la nuit !
Roberto seul sur le parking de la cascade
Nous allons y jeter un oeil le soir même par ce joli sentier
Le lendemain, nous partons vers la cascade elle-même, d’abord vers son point de chute, puis jusqu’à sa base en passant par un point de vue intermédiaire appelé « la fenêtre ». Cette cascade est vraiment impressionnante avec ses 246 m de chute libre (la seconde plus haute du Mexique), ses effets d’arcs-en-ciel et son environnement montagneux majestueux. Et pourtant nous étions seuls pendant les 3 heures de cette magnifique randonnée. Tant mieux pour nous, tant pis pour les autres. Nous avons eu une petite pensée pour ceux qui se disent heureux d’avoir gagné à la loterie le droit d’effectuer une randonnée avec une centaine d’autres personnes au parc Yosemite. Mais venez-donc au Mexique !
Le lendemain départ à 8h30 pour la randonnée. Les ombres des falaises se projettent dans la vallée
Un premier point de vue du dessus de la cascade
Aucun souci pour le selfie, à 9h30 nous étions encore seuls dans ce site exceptionnel
A mi hauteur, le point de vue « de la fenêtre »
Et du même point de vue 15 mn plus tard je n’étais plus que ce petit point sous la flèche,
parti observer les 246 m de chute du point le plus bas
La nuit suivante encore seuls dans ce grand camping de Creel : mais où sont les touristes ???
Balade au pays des Tarahumara
Une longue et belle route montagneuse nous a amenés à Creel, une petite ville née avec l’arrivée du chemin de fer en 1907 et qui est à la fois le point de rendez-vous des Tarahumaras et le cœur du Canyon du Cuivre. Le peuple amérindien Taharumara occupait la région bien avant l’arrivée des Espagnols et bien que s’étant convertis officiellement au catholicisme, ce qui leur a épargné l’extermination, a su conserver une grande partie de sa culture. On distingue facilement les femmes dans la rue, vêtues de belles robes multicolores et portant souvent un bébé sur le dos. Les Taharumaras viennent à Creel faire leurs courses et vendre aux touristes qui débarquent du train leur artisanat, notamment une vannerie très fine. Un petit musée leur est consacré, expliquant certaines traditions étonnantes, comme la course à pied longue durée (parfois 20h d’affilée !) en tenue traditionnelle, sandales en pneu et lanières de cuir comprises, ou encore un jeu par équipe consistant à pousser une balle en bois à l’aide de crosses en bois également, similaires à celles du hockey, le long de sentiers de montagne de plusieurs dizaines de kilomètres. On accède à ce musée uniquement en traversant la voie ferrée qui elle-même barre la ville en 2 parties. Les rails servent au transport de marchandises, mais aussi pour le train touristique El Chepe qui relie en traversant le Canyon du Cuivre Chihuahua à Los Mochis sur la côte Pacifique, en 656 km et 15h de trajet.
Creel et les Tarahumaras
La vie autour du chemin de fer
Des décorations très mexicaines
La place centrale, lieu de rencontre
Les abords du musée Tarahumara
et l’intérieur avec quelques petites touches du dia de los muertos en préparation
L’art Tarahumara : quelques sculptures,
Mais surtout beaucoup de vannerie, notamment des paniers gigognes extraordinaires,
et de jolies poupées multicolores
Nous avons adoré l’ambiance authentiquement mexicaine de Creel, nous y avons fait les boutiques rien que par plaisir et sommes bien sûr allés explorer les alentours, en empruntant souvent des chemins orniéreux qui feraient peur aux concepteurs de chez Fiat mais que Roberto a vaincus sans sourcilier ni même déraper. Randonnée avec cascade par ci, petit village Taharumara avec une vieille mission espagnole par là, et pour finir le fameux Canyon du Cuivre, où l’on se sent tout petit entre ces immenses falaises blanches, ocre ou roses, culminant par endroits jusqu’à 1800m au dessus du canyon.
Les routes secondaires alentour nous mènent à la Vallée des Grenouilles,
que l’on distingue ici avec un peu d’imagination,
puis à la Mission San Ignacio, perdue dans le désert,
mais formant un cadre idéal pour la pause déjeuner.
Nous visitons aussi le lac Arareko, bordé de roches aux formes étranges,
comme celle-ci appelée « El Elefante », on se demande bien pourquoi
A l’approche de la Cascade de Cusarare, les vendeurs de souvenirs semblent en vacances…
tandis qu’à la mission du village du même nom, un homme nous a spontanément fait visiter les lieux,
mélange étonnant de peintures aux motifs Tarahumaras et d’objets rituels catholiques et amérindiens
Et pour finir le majestueux Canyon del Cobre
que nous avons traversé au soleil couchant
avant d’y passer la nuit
Le Jour des Morts 007
La tradition remonte aux civilisations précolombiennes, qui honoraient leurs défunts tous les ans au mois d’août. Pour faciliter leur conversion au christianisme, les pères missionnaires ont accepté le maintien de la célébration, mais en imposant la période de la Toussaint. La proximité géographique et temporelle d’Halloween a amené les déguisements de squelettes. Et encore plus étonnant, ce n’est que depuis la sortie en 2015 du film de James Bond, Spectre, que des défilés à la manière de carnavals sont organisés. Forcément, ça plait aux touristes et à tous ceux qui en profitent, mais le lien avec la tradition originelle s’éloigne peu à peu.
Jour des morts : ambiance recueillie dans les cimetières, comme chez nous
La réalité, dans le Mexique profond où nous sommes, est bien différente de ce que diffusent les médias. Il y a du monde dans les cimetières, certes, mais pas davantage qu’en France. Les tombes ont été quelque peu rafraîchies, les familles sont rassemblées autour, certaines se recueillent, d’autres pique-niquent en écoutant de la musique. Dans les centres-villes, pas mal de personnages en carton-pâte, et quelques autels portant la photo d’un défunt et rassemblant à des degrés divers fleurs, fanions en papier découpé, sciure ou sel, bougies, bouteilles d’alcool, nourriture, et messages d’affection. Nous n’avons pratiquement pas croisé de personne déguisée, simplement quelques personnes maquillées, volontiers des enfants.
Personnages fantasques sur les places,
autels dédiés au souvenir d’un ou de plusieurs défunts (à gauche, des motards, souvent morts jeunes…)
toujours dotés d’offrandes, dont le fameux « Pain des Morts », une brioche aromatisée à la fleur d’oranger
Nous avons rencontré quelques personnes déguisées, mais franchement minoritaires
Tout ça est peut-être différent dans les grandes villes, mais est-ce alors vraiment authentique ? Va savoir…
Hidalgo del Parral
Nous arrivons le soir du Dìa de los Muertos dans cette ville de 100 000 habitants. Là encore, l’animation est modérée, même autour de la place centrale où nous tentons de nous garer pour la nuit. Les gens se promènent paisiblement devant les autels disposés tout autour. Notre tranquillité sera de courte durée car un marchand ambulant vient s’installer juste derrière Roberto. Les gens affluent, grignotent leurs tapas appuyés contre notre véhicule et surtout les odeurs de graillon s’infiltrent : nous nous déplaçons quelques rues plus loin dans un secteur plus calme, juste sous une immense statue équestre de Pancho Villa. Tant qu’il ne tente pas de descendre, voire de nous descendre, tout va bien ! ! En fait, il est célèbre dans la ville parce que c’est là qu’il y a été assassiné.
A Hidalgo del Parral, nous avons dormi sous l’imposante statue équestre de Pancho Villa
Le lendemain visite de cette ville coloniale et colorée avec de belle fresques murales, des bâtiments plus que centenaires reconvertis qui en hôtel qui en musée, un théâtre antique, des églises richement décorées, des places et des rues commerçantes animées. La vie ordinaire d’une ville mexicaine de taille moyenne.
Visite de la ville sous un soleil radieux, comme presque chaque jour…
Nous y avons admiré des demeures coloniales et des fresques murales,
un mémorial à une femme locale, Elisa Griensen, s’opposant avec bravoure à l’armée des états-unis, rejointe par les enfants de l’école voisine,
des édifices religieux (cathédrale ND de Guadeloupe et temple San Jose),
(intérieur de la cathédrale)
un théâtre stylé (Teatro Hidalgo),
et cet hommage de Pancho Villa à la ville dans laquelle il a été assassiné
En quittant Hidalgo del Parral, nous quittons l’état du Chihuahua, le plus grand du Mexique. La beauté des immenses paysages semi-désertiques, la richesse des curiosités naturelles, l’animation colorée des villes et la bienveillance des habitants nous ont replongé avec bonheur dans ce pays que nous n’avions fait qu’aborder au début de l’année. Forcément, nous allons approfondir, alors à très bientôt !
En arrivant au Nouveau Mexique, nous qui pensions être déjà dans le désert le touchons vraiment du doigt, ou plutôt des pneus de Roberto. Mais il s’agit d’un désert coloré, collines jaune-vert parsemées de petits buissons ondulant à l’infini, gigantesques falaises roses faites de couches empilées qui ne demandent qu’à s’effondrer, profonds canyons comme celui du Rio Grande qui ne sont pas dûs à l’érosion mais à l’écartement de plaques tectoniques. Avec 6,7 habitants au Km², les villes sont plutôt rares mais ont un caractère mexicain bien affirmé. Normal puisque c’est le Mexique qui a dénommé la région.
Paysage du Nouveau MexiquePlaque minéralogique
Taos Pueblo, un village figé dans le temps
Le village de Taos Pueblo a été bâti voilà un millénaire, bien avant l’arrivée des colons espagnols, par la tribu des indiens Taos (saules rouges) qui y vit encore, du moins environ 200 de ses membres. L’architecture est particulière à la région, avec des bâtiments rectangulaires aux angles arrondis construits en adobe (mélange de boue et de paille séchée au soleil), souvent sur deux ou trois étages reliés entre eux par des échelles. Afin de conserver les traditions, l’eau courante et l’électricité n’y sont pas installés. L’approvisionnement en eau est assuré par une précieuse rivière qui traverse le centre du village. Le lieu est en grande partie sacré et de nombreuses zones ne nous sont pas accessibles : rues excentrées du village, ancienne église et cimetière, ainsi que toute la montagne en arrière-plan qui serait le lieu de naissance de tous les ancêtres. Mais la partie visitable est tout à fait suffisante pour apprécier l’esthétique et la sérénité du lieu. 19 autres villages indiens de ce type sont encore présents au Nouveau Mexique, mais Taos Pueblo est le plus grand et le seul continuellement habité.
Le village de Taos PuebloSes ruelles et ses fours, figés dans le tempsSon architecture uniqueMurs en adobe, échelles pour accéder aux étagesIntérieur de l’égliseL’ancienne église et le cimetière
Juste à côté, la petite ville de Taos essaie de conserver les mêmes principes architecturaux, mais le ciment peint a bien souvent remplacé l’adobe et bien sûr l’eau et l’électricité équipent les maisons. Le mélange des styles amérindien, espagnol et anglais lui donne néanmoins un certain charme, attirant pas mal de touristes et un artisanat varié, souvent de qualité.
Eglise St François d’Assise dans la ville voisine de TaosJoli portail et murs vivants
Chimayo et mes blagues un peu Lourdes
Du temps où elle était occupée par les amérindiens, c’était plutôt une station thermale. Mais lorsque les colons espagnols ont importé (imposé) le catholicisme, les miracles sont arrivés comme par miracle. La terre rouge du coin aurait guéri quelques lépreux, déparalysé des paralytiques, sauvé des tas de gens en fait, comme l’attestent les nombreuses photos de remerciements collées sur les murs et la ribambelle de béquilles suspendues dans une chapelle. Il paraîtrait que pour la Covid aussi ça marchait bien. Nous on avait Raoult, chacun son truc. En tout cas, le succès est tel que la municipalité doit ramener chaque année plusieurs camions de terre pour compenser celle que les fidèles ont emportée avec eux. Je rêve du jour où les emballages plastiques auront un pouvoir guérisseur : les rues seraient d’un propre, mais d’un propre ! Sinon c’était beau et, contrairement aux apparences, je respecte tous ces gens qui se recueillent et prient pour eux-mêmes ou pour leurs proches. Et puis la campagne avec ses falaises roses est superbe.
Sanctuaire de ChimayoRecueillement et témoignages photographiques de miseFétichisme et portail sculptéLes esprits indiens ne sont jamais très loinChapelles pour les adultes et les enfants (le plafond de cette dernière est entièrement couvert de chaussures)Et bondieuseries habituelles. Ou pas. Difficile de savoir ce que vend cette boutique…Paysages entre Chimayo et Santa Fe
Santa Fe
Avec ses 2100 m d’altitude, la capitale de l’état du Nouveau Mexique est la plus élevée de toutes les capitales d’état des USA, et sans tricher en plus car elle ne comporte aucun gratte-ciel. De loin, toutes les constructions ont l’air masquées par la verdure. Nous y avons trouvé en conséquence une fraîcheur nocturne bien agréable après les températures élevées de ces dernières semaines.
Centre-ville de Santa Fe
Architecturalement, elle reprend le style amérindien déjà vu à Taos Pueblo deux jours auparavant : constructions cubiques à bords arrondis, sur plusieurs niveaux décalés, avec poutres apparentes. Mais si les indiens du village en question ont su préserver leurs matériaux (terre argileuse mélangée à de la paille) et leurs traditions (pas d’eau courante, pas d’électricité, transmissions uniquement orales) la grande ville s’est bien entendue convertie au béton et à toutes les commodités modernes (8 heures par jour devant un écran, activité physique sur un tapis, repas livrés par Uber Eat, etc. tout ça grâce à la Santa Fe électricité…). A ce style amérindien s’ajoutent des influences hispaniques (ce sont quand même les Espagnols qui ont créé la ville), mexicaines (Santa Fe a appartenu à ce pays pendant 38 ans mais ont dirait beaucoup plus longtemps), et françaises (juste pour la cathédrale, bâtie par des auvergnats sur le modèle de celle de Volvic, l’eau bénite en moins). Beaucoup d’artistes sont venus s’installer ici, profiter des 300 jours de soleil par an et de la manne touristique hébergée dans les hôtels de luxe.
Place centrale de style hispanique et cathédrale d’inspiration françaiseArchitecture PuebloDécorations à la mexicaineLa cuisine aussi est mexicaine !Boutiques d’art partoutet office de tourisme bien fleuri
J’ai pas kiffé Georgia
Georgia O’Keeffe est une peintre américaine de renommée internationale, connue pour ses fleurs et ses paysages peints à la manière « précisionniste », ce qui n’a rien à voir avec l’hyperréalisme, contrairement à ce qu’on pourrait croire et que j’adore. L’artiste ayant fini ses jours à Santa Fe et légué une partie de ses œuvres à la ville, celle-ci reconnaissante lui a ouvert un musée, que nous sommes allés visiter. Claudie a beaucoup aimé, moi pas trop. A vous de juger sur les quelques photos jointes. Il y a quand même quelqu’un qui a payé 44,4 millions de dollars en 2014 pour la grosse fleur blanche sur la dernière photo. Si vos enfants ne savent pas quoi faire plus tard, suggérez-leur de devenir précisionnistes.
Puisque Santa Fe possède cette réputation artistique, nous en avons cherché une expression peu commune et avons déniché ce Muséum International d’Art Folklorique. Outre des expositions temporaires comme celle sur les démons japonais et cette autre sur le masque anti-covid en tant qu’œuvre d’art, nous avons surtout apprécié l’exposition permanente sur les arts folkloriques rassemblant plus de 160 000 figurines du monde entier. Une vraie caverne d’Ali Baba, on ne savait plus où donner de la tête !
Extérieurs du musée d’art folklorique – Hommage aux pionniersExposition temporaire sur les fantômes et démons japonaisExposition temporaire sur l’art du masqueLe masque et la prévention en IndeVariations internationalesAExposition permanente « Visions multiples » : trains du mondeDiorama MexiqueOrchestre mexicainPoupées du monde entierFolklore indienSpécial groupesDiorama péruvienSpécial table d’hôtes…Et une section amulettes. Je n’ai vu ni la version Suédoise ni celle de la mère PoulardPaysage entre Santa Fe et Los Alamos
De la bombe, je vous dis !
Je n’avais jamais entendu parler de Los Alamos auparavant. Ça veut dire que finalement ils ont bien fait leur boulot. De garder secret le lieu où ils ont mis au point la bombe atomique. Enfin maintenant c’est public. Pas le laboratoire où ils font encore des trucs louches, mais la salle où ils exposent des maquettes de Little Boy et Fat Man, les tombeurs respectifs de Hiroshima et Nagasaki. En mettant tous les plans pour qu’on puisse en refabriquer une à la maison. Et en plus c’est gratuit. Comme ça on est moins regardants quand ils disent qu’aux endroits où ils ont fait les essais, il n’y a eu aucune conséquence pour les oiseaux, bien au contraire. C’est sûr qu’avec leur 3 becs ils mangent mieux ! Nan, je blague, la dissuasion nucléaire c’est quand même utile. Du moins tant qu’un fou n’en prend pas les commandes.
On apprend aussi quelques anecdotes dans ce lieu chargé d’histoire. Comme celle du navire qui a transporté l’uranium en provenance de Los Alamos qui a été coulé par une torpille 3 jours seulement après la livraison. Où encore celle du photographe qui a pris l’unique cliché disponible du tout premier essai nucléaire, alors qu’il n’était qu’un amateur, chargé par son patron de prendre quelques photos souvenirs des préparatifs. Et enfin le coup de chance de la ville de Kokura, initialement choisie comme cible, remplacée au dernier moment par Nagasaki en raison du mauvais temps. Pensez-y la prochaine fois que vous vous plaindrez de la météo !
Paysages entre Los Alamos et Chimney Rock
Séquence vérité
Si le ciel est souvent bleu sur les photos, c’est qu’il y a un biais de recrutement comme on dit dans les études scientifiques. Si nous sommes plutôt vernis côté météo depuis le début de l’été, on ne peut pas cacher que la grisaille se montre parfois. Mais dès lors que c’est possible, ce sont ces moments que l’on choisit pour faire les courses, les pleins et les vides de Roberto, les lessives, ou tout simplement profiter d’une petite pause. Mais rien besoin de tout ça cette après-midi là, nous avions bien l’intention de visiter ce petit site appelé Chimney Rocks pas trop éloigneé de notre route prévue. Mais le ciel déjà menaçant depuis quelques heures a confirmé nos craintes, et des trombes d’eau se sont abattues sur nous. Attendant l’accalmie sur le parking du site, nous avons vu un ranger venir se garer à côté de nous et nous faire signe d’ouvrir la vitre. Il venait nous informer que la visite du parc était fermée pour aujourd’hui en raison du risque de foudroiement en altitude, mais que nous pouvions venir dans le centre des visiteurs visionner quelques vidéos et explorer l’exposition. Ce que nous avons fait. Dévoué, non, le ranger ? Nous avons suivi ses conseils et appris que ces constructions rocheuses au sommet de la montagne étaient destinées à des observations astronomiques et notamment lunaires. A défaut de pouvoir nous y rendre, nous ne rapporterons que des photos de l’entrée sous la pluie.
Séquence vérité : Oui, il pleut parfois !
Les dessous de table des indiens Pueblos
La région de Mesa Verde, au sud-ouest du Colorado, est un immense plateau recouvert d’une forêt, d’où le nom de « table verte », sillonné de profonds canyons créant autant de falaises de grès abruptes. Les indiens Anasazi puis Pueblos y ont longtemps vécu à sa surface, cultivant leurs champs et récoltant leurs fruits. Pour des raisons diverses, sans doute liées au climat et peut-être à des périodes de guerre, une partie d’entre eux s’est réfugiée vers le 12ème siècle dans de grandes alcôves naturelles au sein même des falaises. Ils y ont élevé des murs, installé des planchers et autres lieux de vie, créant ainsi de vastes bâtisses troglodytes où pouvaient vivre jusqu’à 200 personnes. Ils étaient protégés ainsi, sans doute mieux qu’à la surface, des températures extrêmes des étés et des hivers tout comme des précipitations. Une longue période de sécheresse une centaine d’années plus tard les incita à quitter les lieux et migrer plus loin.
Carte en relief de Mesa VerdeVue panoramique une fois sur le plateauPremières habitations troglodytiques
Le parc national ouvert depuis 1906, permet d’observer de loin et de près (en visite guidée uniquement) ces habitations étonnantes. Bien sûr, un bon nombre de randonnées sont aménagées. Nous avons opté pour un parcours de 4 km le long d’un canyon, spectaculaire par son tracé inséré dans les falaises, ses vues vertigineuses et les pétroglyphes à son point ultime.
Départ de la randonnée sur un sentier à flanc de canyonLes vues au passage sont magnifiquesIl faut parfois se baisser pour passer, mais pas toujoursAu bout de la balade les fameux pétroglyphes. Saurez-vous retrouver l’intrus ?Puis on repart de l’autre côté du canyon……après une petite pause bien méritée. Même pas le vertige !Un peu plus loin, nouvelles habitations dans la falaiseLa vie n’était pas sans danger au bord de ce canyonAprès une nuit au camping du parc en bonne compagnie, nous repartons visiter l’autre moitiéUne autre habitation troglodytique150 personnes y vivaientavec une jolie vue sur l’extérieur et des échelles pour passer d’un étage à l’autreDommage que cela ait été abandonné !Paysage aride après Mesa Verde
Il est dans tous ces états
Je veux parler du point géodésique qui se trouve à la jonction de l’Utah, du Colorado, du Nouveau Mexique et de l’Arizona. Au carrefour des 2 axes qui servent de séparation (le 37ème parallèle nord et le 109ème méridien ouest). Au USA on fait simple, on n’y va pas par 4 chemins, si on peut dire. Les touristes viennent en masse s’y faire prendre en photo, mais semblent un peu décontenancé au moment de se positionner. C’est sûr qu’au niveau de l’équateur il n’y a pas de question à se poser : un pied dans l’hémisphère Nord, un autre dans l’hémisphère Sud. Mais là, comment faire avec seulement deux pieds ? A défaut d’y mettre les mains, dans une position peu avantageuse, plusieurs tactiques sont employées : un pied chevauchant deux états, photo en couple procurant l’avantage du bon nombre de points d’appui, ou encore mieux à 4 personne, une dans chaque état. Alors que les boutiques de souvenirs autour exigent encore le port du masque, on est loin ici de la distanciation sociale. Pour la petite histoire, sachez que la position exacte a été déplacée à plusieurs reprises par divers scientifiques coupeurs de cheveux en quatre et reste contestée par certains. En tout cas, c’est le seul endroit aux USA où 4 états de rencontrent en un même point.
Le monument au coin des 4 étatsAvec chaque pied chevauchant 2 états, le compte est bon !And the winner is… l’état de l’Arizona, par lequel nous poursuivons notre route pour quelques heures seulement
Monument Valley
Nous avons eu le plaisir de bivouaquer juste à l’entrée de la vallée, une quinzaine de kilomètres avant le célèbre site, entre deux falaises rougeâtres dont les couleurs se sont enflammées au coucher puis au lever du soleil. Spot gratuit avec table de pique-nique fournie, c’était mieux que collés-serrés dans les campings du parc. Nous avons visité ce dernier en milieu de matinée, alors que le soleil n’était pas encore écrasant et que les touristes étaient encore en nombre raisonnable. Les mots manquent pour décrire cet endroit majestueux où l’on se faufile avec Roberto sur une route en terre entre des rocs montagneux géants aux couleurs rougeoyantes. Les photos parleront mieux que les mots.
De notre bivouac près de Monument Valley. Coucher puis lever du soleilRoberto à l’approche de Monument ValleyAvec un panorama magnifique dès l’entréeLes cathédrales minérales se succèdent le long d’une route poussiéreusemais Roberto est plus qu’à son aise dans ce décorChaque édifice a son petit nom : à gauche les « 3 soeurs » ; à droite la « pierre colossale »Ici, c’est la « vue de la fenêtre »…Là, de gauche à droite, la « pierre carrée », le « gros pouce » et « l’élephant »Roberto s’achemine vers la sortie, puis vers la Forrest Gump Hill (l’endroit ou le héros s’est arrêté de courir)Au fait, nous sommes maintenant dans l’Utah !Paysage après Monument ValleyUne belle route en corniche à flanc de falaiseLes passages les plus difficiles étaient les seuls à ne pas être goudronnés !
Deux ponts trop loin
Après une route fantastique grimpant au flanc d’une falaise et procurant des vues magnifiques, nous parvenons au petit Parc des Ponts Naturels (Natural Bridges National Monument pour les intimes). Une route de 14 km en fait le tour et nous arrête devant 4 ponts, permettant de les observer du sommet et pour les plus courageux de descendre dans le canyon les observer par en dessous. Après la matinée à Monument Valley et compte-tenu de la chaleur de ce milieu d’après-midi, nous avons manqué de motivation pour les deux premiers, situés respectivement à 1 et 3 km de la route, et donc le double pour l’aller-retour. Le troisième nous a paru plus sympathique avec son unique kilomètre retour compris, alors nous sommes allés lui rendre une petite visite. Il nous a offert une arche élégante, bien élancée dans le ciel et semblant assez fragile. Nous avons appris que ces ponts naissent au début d’une boucle d’une rivière, ce qui permet une érosion ciblée au creux de la courbe et la formation progressive d’un trou jusqu’à l’autre côté.
Trop loin, on les voyait à peineMais celui-là était juste comme il fautEt voilà la vue de l’autre côtéNuit près du parc en pleine nature
Une journée minérale
Les paysages de l’Utah sont véritablement extraordinaires. Nous avons roulé une grande partie de la journée au milieu de paysages grandioses, montagnes en mille-feuilles minérales ou au contraire en pierres massives que l’érosion transforme en sable pour les premières et en blocs de taille imposante pour les secondes. Les couleurs sont fantastiques, variant d’une région à l’autre entre les gris, les blancs, les jaunes ocre, les mauves et les rouges, sans parler des tons bleutés de certaines parois. Entre les montagnes, des canyons asséchés et façonnés en arabesques ou en champignons par le temps, des couloirs de verdure grâce à l’eau qu’ils recueillent par temps de pluie ou aux rares rivières qui les empruntent, comme le Colorado très boueux à cet endroit. Nous n’avons cessé de nous émerveiller tels des enfants tout au long de la journée et les appareils photo ont bien chauffé. Nous avons terminé par la visite du Capitol Reef National Park, bien dans le ton de ce que nous venions de voir, avec quelques curiosités en plus comme ces pétroglyphes gravés à bonne hauteur sur des falaises. Ce qui les a sûrement préservé du vandalisme dont on a pu constater quelques exemples malheureux au niveau du sol.
Et c’est parti pour un voyage minéraloù les montagnes racontent une histoire de plusieurs millions d’annéesIci un pont sur le Coloradoque Roberto a franchi fièrementLà de hauts plateaux surplombent de larges valléesEn s’approchant de parois rocheuses verticales et presque lisses,On peut distinguer quelques pétroglyphes…Le point d’orgue arrive à Capitol ReefEncore un sublîme parc nationaloù les montagnes ne sont pas toujours rougesUn paysage vraiment fabuleuxNouveau bivouac nouveaux décorsNouveau spectacle sur la route le lendemainDes montagnes multicolores, mais un peu salissantes pour Roberto
Le plus beau des parcs ?
Ce n’est pas nous qui le disons, mais le National Park Service, l’organisme qui gère tous les parcs nationaux des USA. Après chacun en fait son affaire, mais ce Bryce Canyon National Park est véritablement au-dessus du lot et fait partie de nos coups de cœurs de ce voyage. Il s’agit d’un haut-plateau dont l’érosion a créé une multitude de cheminées appelées ici hoodoos. Le phénomène n’est pas unique dans le monde, mais c’est ici qu’il a sa plus forte concentration, rassemblée dans plusieurs zones appelées amphithéâtres. Les multiples tonalités de rose-orangé, la fragilité des édifices, la multiplicité de leurs formes, et leur caractère innombrable en font un spectacle exceptionnel. On commence par les apprécier du dessus, en longeant une falaise, avant de plonger vers leur base, dans des couloirs étroits et impressionnants, afin d’avoir un autre point de vue tout aussi impressionnant du dessous. Tout cela en compagnie de sympathiques chipmunks (de petits écureuils) peu farouches au point de venir tourner autour de vos chaussures. Et bien sûr en compagnie d’autres touristes, mais ce n’était pas le délire non plus. Vraiment un endroit qu’on a adoré.
Les premiers « hoodoos »du Parc National de Bryce Canyon,étranges colonnes sculptées par l’érosionDes forêts de hoodoos en faità perte de vue !Pour aller les voir d’en bas, il faut passer par des canyons étroits, des portes et des escaliers…Mais pas de souci, les chipmunks nous tiennent compagnieEt la vision d’en bas est tout aussi impressionnante que celle du dessusOn peut même y voir la reine Victoria !Bon et vous, ça vous tente un road trip dans l’Utah ?
C’est par ce parc que nous terminons cet article. Il nous reste encore un petit bout d’Utah à parcourir et même encore un parc national avant de rejoindre le Nevada et le célèbre Grand Canyon. Nous allons en avoir encore plein les mirettes et sûrement des choses à vous raconter.
Nous avons retrouvé dans ces montagnes « de couleur rouge » (« colorado » en Espagnol) de cet état de l’Ouest américain celles de nos manuels de géographie. Elles contrastent magnifiquement avec les feuillages des arbres des vallées et les falaises blanches au voisinage. Mais ce grand état possède bien sûr d’autres richesses. Entre les parcs nationaux des montagnes rocheuses et des grandes dunes de sable, la capitale Denver et sa richesse culturelle et nos petites aventures, il n’y a pas de quoi s’ennuyer !
Falaises rouges du ColoradoPlaque minéralogique du Colorado
Allez en prison, ne passez pas par la case départ !
C’est par cette petite affiche malicieuse que débute la visite de l’ancienne prison de Laramie, tout au sud de l’état du Wyoming. Construite en 1872, elle a hébergé pendant 30 ans les plus grands bandits de la région, dont le célèbre Butch Cassidy. On commence par nous montrer la maison du gardien en chef, luxueusement logé pour l’époque, afin que le contraste soit bien net avec les cellules des prisonniers. Tout aussi austères que les règles de l’époque : dépersonnalisation (remplacement du nom par un numéro, rasage complet et tenue rayée unique), lever à 5h30 du matin, interdiction de toute conversation, marche en rangs serrés pour les sorties, travaux forcés, etc. On est loin des parties de Kohlantess de la prison de Fresnes !
Prison de LaramieVue d’ensemble du bâtimentDans la cour, un fourgon aménagé fin XIXème siècle !et le fourgon pénitenciaire avec une prisonnièreLe gouverneur est mieux logé que les prisonniers…
Une salle entière est dédiée à Butch Cassidy, hôte de la prison pendant 18 mois, presque érigé en héros malgré ses nombreux crimes. Il est volontiers comparé à un Robin des Bois alors qu’il n’a jamais rendu un penny de ses larcins à quiconque. Au contraire, traqué par la police et des détectives privés, il a fini par s’enfuir avec son compère Kid Sundance en Amérique du Sud où il aurait probablement été tué quelques années plus tard. Les tests ADN n’ont toutefois pas confirmé que c’était bien lui, laissant la part belle à tous les fantasmes de ses admirateurs.
Butch Cassidy a honoré la prison de sa présenceSon parcours criminel est représenté sur une carte à la légende étonnante
Lovely Loveland
Nous sommes maintenant dans l’état du Colorado. Sur la route du Parc National des Montagnes Rocheuses, nous faisons une petite halte à Loveland. Cette ville a bien sûr tiré parti de son nom – qui est en fait celui du président de la compagnie de chemins de fer qui a permis à la ville de se développer – pour promouvoir ce qui tourne autour de l’amour. Lors de la St Valentin notamment, le must est d’envoyer une carte à l’être cher avec le cachet postal de la ville. Si l’on ne peut se déplacer, il suffit d’envoyer la carte préaffranchie à la poste de la ville où des bénévoles se chargeront d’appliquer le cachet avant de la réexpédier. Le restant de l’année, on peut se faire photographier devant les lettres géantes LOVE du centre des visiteurs ou bien y accrocher un cadenas.
Love is loveL’amour, toujours
L’autre spécialité de la ville, si l’on peut dire, ce sont les scultpures. Outre le concours annuel du mois d’août, 3 parcs exposent plusieurs centaines de ces œuvres. Le premier que nous avons visité est dédié à l’art sculptural du Zimbabwe, le second sert d’accroche à l’office de tourisme, et le troisième, le plus grand, offre au regard des passants plus de 150 sculptures en bronze dont pas mal méritent le détour. Et tout est gratuit, profitez-en !
Statues zimbabwéennesSculptures du Parc Benson (1)Sculptures du Parc Benson (2)Sculptures du Parc Benson (3)Sculptures du Parc Benson (4)Sculptures du Parc Benson (5)
Parc National des Montagnes Rocheuses
Nous n’avions pas prévu de passer par ce parc au début et peut-être avons-nous provoqué de mauvaises ondes qui ont terni notre visite. A moins que ce ne soit lié au fait que nous y étions en plein week-end de fête du travail. La foule était au rendez-vous hélas. Donc pas de camping disponible et la ville à l’entrée du parc, Estes Park, est particulièrement inaccueillante vis-à-vis des véhicules de loisirs, interdisant notamment tout stationnement nocturne, y compris dans les rues. Nous avons passé la nuit sur un parking d’hôtel en centre-ville et avons décollé de bonne heure pour entrer dans le parc avant 9 heures. Car après, il faut un permis qui, comme les hébergements, se réserve plus d’un mois à l’avance. Ensuite, nous avons emprunté la route fétiche du parc, un chemin en terre bordé de quelques précipices mais circulant la plupart du temps en forêt. Le problème c’est que nous étions loin d’être seuls, et circuler ainsi au milieu d’une file de voitures ça gâche fortement le plaisir. Parvenus vers 3700 m d’altitude, ça s’est amélioré. Le paysage s’est dégagé, devenant grandiose, sans être toutefois exceptionnel pour nous qui avons vécu 25 ans à la montagne. Nous avons tout de même suivi quelques sentiers de randonnée au milieu de la toundra, grimpé sur de petits sommets rocheux et glané quelques informations sur les panneaux ou au centre des visiteurs. Un peu déçus quand même, nous sommes ressortis du parc le soir d’y être entrés, sans avoir l’envie d’y retourner.
La route en terreRoberto à 3700m d’altitudePaysage grandiose au sommetSatisfaction après l’ascensionVue sur la vallée et la routeChampignons rocheux et point de vue vertigineuxPanorama des Montagnes RocheusesRemue-méninges 1°) à gauche, quel est ce petit ruisseau qui deviendra grand ? 2°) au centre, pourquoi la forêt est-elle si grise ? 3°) à droite: à quoi servent les rondins sur le toit de cette maison ? Réponses la prochaine fois si au moins 5 participants
L’attaque de l’écureuil
Dès la sortie du parc, nous avons longé le Lac Mountain Shade, qui n’avait pas tant l’air que ça à l’ombre de la montagne. Juste à côté se trouve une forêt nationale, et les forêts nationales c’est pratique pour nous autres voyageurs nomades car il est possible d’y stationner gratuitement et en général paisiblement pour la nuit. Nous nous sommes trouvés un petit coin dans une clairière et avons dormi comme des loirs. Un peu saisis par le froid tout de même le matin (9°C dans Roberto et sans doute 2 ou 3°C dehors). Nous avions juste oublié que nous étions en altitude. Un petit coup de chauffage nous a remontés rapidement à 20°C et le soleil radieux a rapidement pris le relais. Nous sommes donc retournés près du lac, toujours au soleil d’ailleurs, et avons randonné sur une petite boucle de 6,5 km, l’East Shore Trail, moitié au bord de l’eau moitié dans la forêt et les prairies. A la fois joli et tranquille, comme nous aimons. Le seul être vivant qui a troublé notre passage a été un écureuil qui, du haut de son sapin, nous jetait des jeunes pommes de pin et des bouts de branches. A priori il n’avait rien contre nous, il préparait plutôt sa récolte pour se sustenter pendant son hibernation. Tout de même, être canardés par un écureuil, c’est un comble !
Coin tranquille en forêtLe lac Mountain ShadeQuelques embarcationsL’écureuil nous canarde !
Petit coup de pompe
Nous sommes en pleine forme, rassurez-vous, mais ce n’était pas le cas il y a quelques jours de notre pompe à eau qui, après 18 mois de bons et loyaux services nous a brusquement lâchés. De rapides vérifications permettent de s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un problème d’alimentation en eau ou en électricité. Il nous faut donc trouver dans l’idéal un dépanneur, pour avoir au moins un diagnostic précis, ou à défaut une nouvelle pompe, sachant que les raccords des pompes américaines pourraient ne pas être compatibles avec les nôtres. Evidemment, nous sommes en plein week-end de fête du travail, mais c’est toujours comme ça. Nous dénichons un dépanneur à une douzaine de kilomètres de l’endroit où nous sommes, apparemment ouvert d’après Google – qui est loin de la fiabilité à 100%. L’entreprise s’appelle RV Doctor, c’est tout dire. Ils sont plutôt spécialisés dans le dépannage à domicile, ce qui nous parait incongru pour des véhicules plutôt mobiles, mais à la réflexion beaucoup de véhicules de loisirs américains sont scotchés plusieurs mois voire à l’année dans des campings ou ils sont raccordés à tout. Au bureau de RV Doctor, un gars qui semble tout juste sorti de son lit (il est 9h30) nous affirme qu’aucune réparation ne se fait sur place mais qu’il peut nous envoyer dans la journée un dépanneur …à notre domicile. Nous avons beau lui montrer Roberto garé juste devant sa fenêtre, rien à faire. Nous n’allons tout de même pas aller nous installer dans un camping juste pour la réparation ! Nous remontons dans notre véhicule et ressortons nos téléphones pour rechercher un autre dépanneur ou un vendeur de pièces détachées. C’est alors qu’arrive de l’arrière de la maison une autre personne qui nous demande si tout va bien. Nous lui expliquons notre problème et il demande tout de suite à regarder. Après quelques tests il pense que la pompe est grillée et nous propose de la remplacer. Une demi-heure plus tard nous repartons avec une pompe neuve et avec la pensée d’en donner de grands coups (de pompes bien sûr) à notre premier intervenant.
RV DoctorLa nouvelle pompe
Cela pose la question plus générale des pannes en voyage. Pour les problèmes mécaniques, nous pouvons faire appel à l’assistance incluse dans notre contrat d’assurance, encore faut-il avoir du réseau et dans cet immense pays, c’est loin d’être toujours le cas. Et cela ne nous permet que de nous faire transporter au garage le plus proche, car la plus grosse difficulté est de trouver des pièces pour nos véhicules européens. Les concessionnaires Fiat américains ne vendent pas de fourgons Ducato et donc n’ont pas les pièces détachées, ni les valises diagnostiques sans doute. Les autres marques ne sont pas mieux loties et ceux qui espéraient s’en sortir en partant avec un véhicule Ford se cassent tout aussi bien les dents : les Ford Transit européens n’ont pas les mêmes moteurs que leur homologues Yankee. Une panne là-bas est donc souvent synonyme d’attente de l’envoi des pièces détachées. Pour les pièces d’usure, il est toutefois possible d’anticiper. Nous avons ainsi ramené avec nous de notre dernier passage en France un jeu de filtres et de plaquettes de freins. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de passer chez un concessionnaire Fiat pour faire remplacer le filtre à air moteur qui nécessitait un outil spécifique pour le démontage. Ils m’ont remis le nouveau, que j’avais apporté, en me souhaitant bon voyage, sans rien me demander donc.
L’argent a fait son bonheur
Georgetown dans le colorado est née 2 fois : une première fois en 1859 après la découverte de quelques pépites d’or dans le torrent qui la borde, dans une micro-ruée vers l’or qui ne dura que 2 ans. Puis une seconde fois en 1864, grâce à la découverte de filons à forte teneur en argent dans les montagnes et à une loi américaine récemment promulguée qui permettait au dollar de reposer aussi bien sur l’argent que l’or. La ville connut un essor tel que pendant quelques années, elle sera la ville qui produira le plus d’argent au monde.
GeorgetownLa fièvre de l’or et de l’argent
Pour acheminer tout ce minerai il fallait un train, et la ligne fut inaugurée en 1885, transportant aussi des passagers jusqu’à la grande ville de Denver toute proche. La 2ème guerre mondiale porta un coup d’arrêt à la production d’argent et la ville connut une nouvelle récession. C’est le tourisme et l’énergie de plusieurs sociétés conservatrices du patrimoine qui la sauvèrent et permirent la remise en service de la voie désaffectée un siècle plus tard.
Attention au départ !
Nous avons emprunté ce train à vapeur circulant en voie métrique sur de frêles ponts de bois sans parapet, comme à l’époque. Cela nous a rappelé notre voyage itinérant en Inde d’il y a 35 ans (mais que ça passe vite !) où nous voyagions de nuit dans les derniers trains à vapeur en service régulier, nous réveillant le matin le visage et les cheveux couverts de scories. Pas de scorie ici, les huiles recyclées remplacent le charbon.
Et nous voilà partis. Le contrôleur est plutôt avenant.Les wagons d’époque bien restaurés
Nous en avons profité aussi pour visiter la mine d’argent. Mais, si le décor en valait la peine, le discours de la guide était plus orienté sur les anecdotes et les histoires de fantômes (les américains adorent) que sur la vie des mineurs et les technologies employées pour extraire et traiter le minerai.
La visite de la mine un peu décevanteLa loco repart au garage
Les Red Rocks
Ce titre ressemble un peu au nom d’un groupe musical ou d’une équipe de baseball, mais il s’agit bien d’une formation naturelle de roches rouges, des falaises de grès formées il y a 290 millions d’années. En temps ordinaire, c’est un parc de la ville de Denver qui se visite tranquillement. Mais la capitale du Colorado y a aussi installé un amphithéâtre en taillant un peu la montagne, pour y produire des concerts. Les Beatles notamment y ont joué en 1964. Nous avons retrouvé l’affiche à l’hôtel de Denver où ils avaient passé la nuit, laissant la direction totalement débordée par les 5000 fans qui s’étaient rassemblés devant la porte. Le problème des soirs de concert, c’est que les sentiers de randonnées ne sont plus accessibles, et c’était forcément le cas lorsque nous sommes arrivés dans le coin. Il restait heureusement la possibilité de circuler sur la route panoramique, ce qui nous a permis de profiter de ce paysage étonnant et de prendre quelques photos.
Les Red RocksRoberto en arrêtL’amphithéâtre où se sont produits les Beatles en …1964
Denver, du décor !
Ce qui est bien dans les grandes villes, c’est que l’offre culurelle est généralement riche et variée. Et permet de constater que, si la nature nous offre de belles choses, l’humain en est capable aussi. En voyage, nous apprécions d’alterner les deux.
Denver est riche en oeuvres de street art, avec une concentration particulière dans le RiNo Art District. RiNo pour River North et non pas pour la bête à corne ou le nez qui coule. Une ancienne friche industrielle, comme souvent, reconvertie en quartier branché avec tout ce qu’il faut pour boire et manger, notamment dans l’ancien marché central. Nous y étions au moment du festival annuel de street art, et plusieurs peintres étaient en action. Nous avons passé près de 2 heures à déambuler dans le quartier à examiner les murs, les portes de garages, et mêmes les poubelles ! Voici quelques unes de nos trouvailles.
Street art à DenverStreet art à Denver (murs du Marché Central)Street art à Denver (suite)Street art à Denver (suite)Street art à Denver (suite)Street art à Denver (fin)
L’architecture urbaine est par contre assez banale, peu soutenue par le classique quadrillage américain des rues et avenues qui rend la ville monotone. Comme d’habitude aux USA, pas de vrai centre-ville, tout au plus une longue rue semi-piétonne peu fréquentée. La chaleur y était peut-être pour quelque chose, mais les vitrines ne sont pas vraiment accueillantes non plus. A titre indicatif, on peut marcher plus d’une heure sans trouver une épicerie. Sont-elles cachées à l’intérieur des buildings ? Ont-elles disparu au profit des courses en ligne ? On trouve tout de même quelques curiosités en flânant dans les rues, comme ce gros ours bleu debout les yeux collés contre les vitres du Palais des Congrès. Un vrai symbole de la ville, il est baptisé « Je vois ce que vous voulez dire ». Il devait parait-il être brun, mais une erreur dans l’essai de couleur – un comble dans un état qui s’appelle Colorado – lui aurait donné cette teinte surprenante que finalement l’artiste a décidé de garder.
Union Station, la première gare de DenverUne piscine aérienne et le CapitoleLe fameux gros ours bleu et des fauteuils à bascule
Le Denver Art Museum est réputé pour sa grande collection d’art amérindien, mais s’intéresse aussi à l’art de l’ouest américain et à celui du reste du monde. Les peintres impressionnistes français y avaient notamment une belle part. Nous y avons trouvé aussi une section dédiée au design et quelques expositions temporaires plus ou moins à notre goût. Mais la partie sur l’art amérindien vaut à elle seule le déplacement.
Dans un autre registre, le Forney Museum of Transportation mérite également la visite. Sa collection de voitures miniatures est exceptionnelle, tout comme celle des véhicules en tous genres rassemblés dans ses hangars. Des trains aux avions en passant par les vélos, les motos, les voitures, les autobus, les avions et même une auto-tamponneuse. Du matériel parfaitement entretenu avec des carrosseries d’un tel lustre qu’elles auraient fait rougir Roberto s’il avait pu entrer.
Collection de miniatures MatchboxVieux tacots (REO de 1909, Franklin type A de 1905 et Maxwell-Briscoe de 1907)Spécial électriques : auto-tamponneuse de 1955, DE Brougham de 1916 et Sebring Vanguard de 1976Spécial vanlife : le combi VW en vrai et en carton + un break Pontiac de 1957Dédicace HarleyphilesRubrique cycles et jouetsSVP ne dites rien à Roberto !
Nous nous sommes baladés enfin dans le jardin botanique, dans le TOP 5 des USA selon …la ville de Denver. Pas sûr que nous lui aurions donné nous-même cette place, notamment en raison de la faible mise en valeur de la grande serre tropicale, mais nous avons tout de même pris du plaisir à en explorer les différents secteurs, notamment ceux dédiés aux plantes de l’Ouest américain armées pour affronter des écarts climatiques extrêmes. Les grands bassins de nénuphars sont à notre avis le must de ce jardin avec de grandes variétés de fleurs et de feuilles ressortant particulièrement bien sur une eau volontairement assombrie. Une véritable œuvre d’art réalisée par l’équipe de jardiniers. Bravo !
Jardin botanique de DenverJardin botanique de Denver (suite)Jardin botanique de Denver (suite)Jardin botanique de Denver (suite)Jardin botanique de Denver (fin)
Le Jardin des Dieux
Près de Colorado Springs, une ville à laquelle nous n’avons pas trouvé d’intérêt autre que le prix exceptionnellement bas du diesel (1,03 €/l, c’était peut-être une erreur, nous nous sommes dépêchés d’en profiter !), se trouve le Jardin des Dieux. C’est un parc qu’on peut parcourir entièrement à pied, aménagé autour de formations rocheuses étonnantes de grès rose ou rouge. Formées par sédimentation il y a des millions d’années, elles se sont redressées au moment de la formation des Montagnes Rocheuses et l’érosion en a fait des sortes de dalles verticales plus ou moins épaisses d’environ 150 mètres de haut. Chacune a son petit nom, des trois grâces aux chameaux qui s’embrassent. Nous avons cru reconnaître pour notre part un éléphant, non recensé dans la documentation. Mais ça risque d’être compliqué pour le faire homologuer, d’autant que nous l’aurions volontiers fait baptiser Roberto… Nous avons aussi croisé quelques cervidés pas trop farouches mais aussi un serpent à sonnette qui, lui, n’avait pas l’air commode. Un joli lieu un peu trop fréquenté mais qui a le mérite d’être gratuit. Ceci explique peut-être cela.
Le jardin des dieuxFormations de grès rose et rougePointes acérees ou plateaux verticauxet même quelques touches blanches pour le contrasteDes animaux se cachent, gentils ou méchantsUn paradis pour les randonneurs ou les grimpeurs
Rendez-vous manqué
Nous avions prévu de visiter le Parc National des Grandes Dunes de Sable, apparemment spectaculaires puisque les plus hautes d’Amérique du Nord, mais la météo en a décidé autrement. Avec la pluie continue et le brouillard bas, nous n’aurions pas vu grand-chose. Tant pis, ce sera pour une autre fois, nous décidons plutôt qu’attendre l’accalmie d’ »avaler du bitume » et de quitter un jour plus tôt que prévu le Colorado. Mais ce ne sera qu’un au revoir car cet état nous a bien plu et nous y retournerons prochainement. A bientôt pour la suite au Nouveau Mexique !
C’est un long parcours qui nous emmènera de Missoula à Laramie en passant par l’exceptionnel parc Yellowstone, les états du Montana, du Wyoming et du Dakota du Sud jusqu’au célèbre Mont Rushmore. Une dizaine de jours intenses et inoubliables.
Missoula et son carrousel solidaire
Cette attraction est particulière par son histoire : un jour un menuisier du pays est allé voir le maire et lui a dit « I have a dream… » Il a proposé en fait de construire un carrousel pour la ville, à la seule condition qu’on lui promette que le manège ne sera jamais vendu ou déplacé. La ville a accepté, et désormais tout le monde se plaint du grincement infernal du manège, de la musique lancinante du limonaire, des enfants qui tombent ou qui se plaignent de violents maux de tête peu après avoir chevauché l’engin… Non non je blague, tout le monde est ravi, les enfants vont tous bien, le carrousel est magnifique et décoré dans les moindres détails y compris le bâtiment qui l’abrite. Ce qui est surtout marquant, c’est que la générosité de l’homme qui avait un rêve s’est étendue comme par contagion à une grande partie de la ville. Plusieurs milliers de personnes ont ainsi donné un coup de main pour que le projet se réalise, aussi bien pour sculpter et peindre les chevaux, carrosses et autres figurines que pour restaurer et remonter pièce par pièce le mécanisme que le menuisier avait récupéré, ou encore lever les fonds nécessaires aux travaux. Près de 100 000 heures de travaux bénévoles ont été comptabilisées. Le carrousel de Missoula est en service depuis 1995. 4000 volontaires se déclarèrent encore présents en 2001 lorsque le projet se présenta de construire un jardin d’enfants en forme de dragon juste à côté. Avec autant de bras, il ne fallut que 9 jours pour le montage. Un bel exemple de solidarité.
Le carrousel de Missoula
Nuit en forêt près de Garnet
C’est véritablement notre emplacement nocturne préféré car nous y avons en général une paix royale. Les forêts sont loin d’être toutes accessibles, souvent privées ou alors non équipées de voies de circulation. Mais aux USA, les forêts nationales relèvent du domaine public. Il suffit de les repérer sur la carte quand les emplacements de choix n’ont pas déjà été repérés par d’autres voyageurs sur les applications comme iOverlander. On nous demande parfois si nous ne craignons pas pour notre sécurité d’être autant isolés. Mais nous avons plutôt la sensation inverse. Tant mieux, il en faut pour tout le monde !
Nuit en forêt
Garnet, le village fantôme
Vers 1890, des prospecteurs ont découvert de l’or dans la région, attirant de nombreux chercheurs, et, chose inhabituelle, leurs familles. La ville de Garnet a poussé comme un champignon, hébergeant jusqu’à 1000 personnes vers 1895, et disposant alors de 4 magasins généraux, 7 hôtels, 13 saloons, 3 écuries, 2 barbiers, 1 médecin, 1 école, 1 boucher et 1 boutique de confiseries (des familles vous dis-je). Pourtant, rien de tout cela n’a fait long feu. Les filons ont commencé à s’épuiser vers 1900, les exploitants ont commencé à louer à des gogos leurs mines en déclin, et les familles sont parties peu à peu. En 1905, il ne restait plus que 150 habitants. En 1912 un grand incendie en a encore chassé un grand nombre et le peu qu’il restait a été enrôlé dans la 1ère guerre mondiale. Même si la ville a connu quelques réveils provisoires par la suite, elle a fini par s’éteindre et est aujourd’hui abandonnée. Bien entendu, les autorités ont saisi le filon et tentent de maintenir en état les différents bâtiments pour la préservation de l’histoire, ce qui nous permet de les visiter aujourd’hui. Une poignée de baraques en bois dont une partie du mobilier est restée en place, suffisamment pour que l’on s’imprègne de l’ambiance de l’époque. Un petit sentier parcourt aussi la zone minière où l’on trouve du matériel abandonné et des puits de mine condamnés par sécurité mais dont rien que l’entrée en dit long sur les conditions de travail de l’époque.
Garnet le village fantômeLe saloon et la rue principaleLes habitations désertéesLe magasin généralDes portes ouvertes à tous ventsJe n’ose imaginer l’hiver…Une ex-chambre d’hôtel, avec encore un peu de mobilierCe qu’il reste de la mine d’orAu fait, Garnet veut dire « grenat ». Voulait-on éviter d’attirer l’attention ?
Nuit au camping, près de Townsen
Après avoir traversé les jolis paysages du Montana, moyennes montagnes recouvertes d’une herbe jaune qu’on croirait sèche et parsemées de quelques sapins, ou champs ondulés de céréales à perte de vue, nous cherchons comme chaque soir un coin tranquille pour dormir. Nous avions repéré un camping gratuit près de la ville de Townsen, mais en faisant le tour de cet emplacement pourtant sympathique, nous découvrons que le seul occupant, une caravane sans son véhicule tracteur, est équipé d’un groupe électrogène en fonctionnement. Pas du tout envieux de supporter cela toute la soirée et encore moins la nuit, nous filons un peu plus loin. Comme il est déjà tard, nous nous rabattons sur un petit camping tout proche, dénué de tout personnel comme nous en avons déjà vu (on met le paiement dans une urne à l’entrée). Pas de groupe électrogène cette fois, mais un groupe de tondeuses à gazon entourant Roberto. Relativement silencieuses, ces vaches noires ne nous laisseront que quelques bouses avant de s’éloigner et nous permettre une nuit paisible.
Paysages du MontanaNuit au camping. Notre emplacement a du succès !
Allez les bleus !
Sur une colline bordant l’autoroute qui mène à Three Forks dans le Montana, on peut apercevoir un troupeau de chevaux semblant brouter tranquillement l’herbe jaune du coin. Tout de même, quelque chose cloche : ces chevaux semblent d’une taille quelque peu inhabituelle et, si leur crinière vole au vent, eux-mêmes sont immobiles. Qui plus est, en se rapprochant un peu, on distingue une couleur bleutée. S’il est possible de s’arrêter sur un petit terrain vague bordant l’autoroute, rien ne permet d’approcher davantage le troupeau. Il faut sortir les jumelles pour apprécier les 39 sculptures en métal prenant des positions aussi diverses que réalistes, et s’apercevoir que la couleur bleutée est celle de taches peintes sur chaque « animal ». Renseignement pris, il s’agit de l’œuvre d’un artiste local à qui une entreprise de céréales a offert un sommet de colline qu’elle ne pouvait sans doute cultiver. Et il parait que les vrais chevaux bleus, ça existe. Pas comme les éléphants roses.
Blue Horses
Il nous en a fait voir de toutes les couleurs
Je parle bien sûr de cette merveille qu’est le parc de Yellowstone. On entre ici dans la cour des grands question parc naturel, le plus ancien du monde d’ailleurs car il a été créé en 1872. Pour les passionnés de thermalisme que nous sommes, c’est un grand waouh toutes les 10 minutes. Nous sommes en effet dans l’immense cratère d’un volcan dont la dernière éruption date de 620 000 ans, gardant depuis une activité géothermique intense. On voit des fumeroles partout, des lacs d’eau ou de boue en ébullition, et bien sûr des geysers. Les 2/3 des geysers du monde sont ici ! Le tout est joliment dispersé, comme si cela ne suffisait pas, dans un décor montagneux époustouflant, grandiose et diversifié. Ce qui a marqué le plus notre première journée, ce sont les couleurs magnifiques des différentes sources que nous avons rencontrées, liées aux micro-organismes qui parviennent miraculeusement à vivre dans ces eaux très chaudes (le record est à 240°C !). Paradoxalement, plus la couleur est froide, plus la température de l’eau est élevée.
A Yellowstone nous sommes dans le cratère dun immense volcanOn trouve des sources en ébullition un peu partoutd’autres qui fument…ou bien les deux en même tempsOn apprécie tout ça en cheminant sur de petites passerelles en boisLe plus étonnant, c’est la débauche de couleurs2 lacs bleus qui vous rappelleront peut-être un de mes articles (1)Un lac jaune cette fois. Je n’y tremperais même pas le doigt !(1) Le baptême du van, dans « Article en PTHD », septembre 2021On serait tentés de s’y baigner, mais non !Un petit geyserEncore des couleurs et des formes étonnantesEt pour finir un désert blanc
A noter que nous avons fait la rencontre d’une famille française ayant tout quitté il y a 4 mois pour partir vivre au moins un an leur rêve de parcourir l’Amérique du Nord. Bien qu’ayant beaucoup voyagé avec nos enfants, nous n’avons jamais dépassé les 2 mois et demi de voyage continu, aussi nous ne pouvons qu’être admiratifs. Leur aventure est très bien racontée sur leur compte Instagram @lilybaroud, n’hésitez pas à jeter un œil.
La famille @lilybaroud et leur camion Oscar
Yellowstone J2
Ce grand parc mérite au moins 3 jours de visite, davantage si l’on souhaite parcourir d’autres sentiers que ceux qui se présentent tout le long des routes principales pour aller voir les points d’intérêts classiques. Ce qui n’est déjà pas si mal : rien qu’en empruntant ces sentiers, pour la plupart des passerelles en bois pour éviter de s’enfoncer dans les boues très chaudes, nous avons parcouru aujourd’hui 11 kilomètres. Comme hier, nous sommes allés d’émerveillements en émerveillements. Difficile de se lasser devant ces panaches de vapeur qui parsèment l’horizon, ces bassins en ébullition entourés de couronnes multicolores, ces fontaines crachotantes issues de cônes aux formes improbables et cette odeur de soufre omniprésente. Nous avons pu voir ce jour deux des attractions majeures du parc : le fabuleux Grand Prismatic Spring, un lac d’eau thermale formant une sorte de grand œil bleu entouré d’un halo de dégradés oranges du plus bel effet, et le célèbre geyser Old Faithful, dont l’intérêt réside surtout dans la fréquence relativement rapprochée et régulière des éruptions. C’est en conséquence autour de lui que l’on a construit toutes les infrastructures du sud du parc, comme les hôtels, les restaurants, les boutiques de souvenirs et bien entendu le centre des visiteurs. Les horaires probables des éruptions y sont annoncés, mais qu’on ne s’y trompe pas, les fourchettes sont assez larges. Ainsi, pour l’Old Faithful qui jaillit en moyenne toutes les 90 mn, la prochaine éruption était annoncée entre 13h40 et 14h (le spectacle a démarré à 13h40, mieux valait ne pas être en retard), tandis que pour le suivant, le Riverside geyser, c’était entre 15h05 et 16h35 (demandant donc un peu plus de patience). Pour d’autres geysers, l’intervalle entre deux éruptions est annoncé comme pouvant varier entre quelques heures et …quelques années ! Nous avons joué la simplicité en nous contentant de voir l’Old Faithful expulser 20 000 litres d’eau bouillante à une trentaine de mètres de hauteur, pendant environ 2 minutes. Confiants dans les organisateurs, nous n’avions même pas pris de parapluie !
Une source boueuse et bulleuseUne centrale à vapeurLa végétation souffreDes fumeroles partoutIci au contraire l’herbe est très verteC’est que la rivière est chaude et riche en nutrimentsEt puis les couleurs s’accentuentjolies comme un coeurjusqu’à l’apothéose : le Grand Prismatic Spring,la merveille du parcTellement beau !Autres lacs, autres couleursLe plus prévisible des geysers du parcjaillit toutes les 90 +- 10 mn, facile !Pour d’autres c’est plus compliqué. La dernière éruption de celui-là était en mars 2019. A quand la prochaine ?Nous finissons la journée sous les averses, ça n’en reste pas moins esthétique
Dans la série des rencontres, nous avons fait connaissance avec 2 autres familles de voyageurs français, chacune avec 2 enfants, parties pour un an à la conquête de l’Amérique du Nord et de l’Amérique centrale et complètement conquises par l’expérience. Ceux qui rêveraient d’en faire autant pourront se délecter de leurs aventures sur leurs comptes Instagram @prenezlapause et @nous_5_en_amerique.
Le zoo-camping du parc
Le camping sauvage étant interdit dans tout le parc, nous avons passé la nuit dans l’un de ses « campgrounds ». Les installations sanitaires sont basiques, limitées à des wc et lavabos, mais sans douches. Les emplacements sont par contre agréables avec, comme la plupart du temps en Amérique du Nord, table de pique-nique et foyer de cuisson individuels. Partout des panneaux préviennent de la présence fréquente d’animaux sauvages, ours et bisons entre autres. Nous n’aurons pas eu l’honneur de leur visite, mais en quittant le camping le matin nous sommes tombés sur ce cerf qui broutait tranquillement dans les allées, entre deux caravanes.
Le zoo-camping du parc
Gris et pastel
Troisième et dernier jour à Yellowstone. Nous commençons notre visite le matin par un secteur de géothermie boueuse. Ici, les sources dégagent volontiers de l’hydrogène sulfureux que des bactéries vont transformer en acide sulfurique, capable de dissoudre les roches autour et formant donc de la boue. Dès l’approche de la zone, bien avant de voir ces chaudrons bouillonnants, on sent bien l’odeur caractéritique d’œuf pourri et on entend les échappées de vapeurs, les bruits d’ébullition, et les bulles qui éclatent à la surface. Des geysers de boue, heureusement pour nous non actifs actuellement, ont aspergé puis grillé toute la végétation alentour, créant une grande clairière gris-blanc au milieu de la forêt. Le dernier bassin de boue que nous verrons n’est plus gris mais jaune. C’est de l’acide sulfurique presque pur, avec un pH proche de 1. Il est 10 fois plus acide que le jus de citron par exemple. A ne surtout pas consommer, même avec modération !
Debout de bonne heure pour voir des lacs …de boueIci, ça bulle un maxCelui-là est le plus acide de tousDerriere le van officiel du parc, Roberto fait petit. Il pourrait presque rentrer dedans !
Nous traversons ensuite des plaines à bisons (une bonne cinquantaine étaient présents) pour rejoindre le grand canyon de la rivière Yellowstone, l’un des fleurons du parc. Long de 30 km, large de 500 à 1200 m, profond de 300m, il est le résultat de 600 000 ans d’érosion par la rivière et les conditions climatiques. Les parois abruptes où pas grand-chose ne pousse ont pris de jolies couleurs pastel, jaune pâle, vieux rose ou ocre. De frêles colonnes et murs rocheux s’avancent ça et là, procurant un bel effet de relief. Au bord des falaises, que nous avons longées à pied, des arbres au bord du vide exposent leur racines nues tout en s’accochant désespérément avec les autres. Le spectacle est vraiment spendide.
Traversée des plaines à bisonsPuis une autre merveille du parc : le canyon de la rivière YellowstoneUn festival de cascades et de coloris pastelsDe hautes falaises que retiennent à peine les arbres et les fameuses roches jaunes (Yellowstone… vous l’avez ?)Vraiment magnifique. Il faudrait des photos 3D pour mieux rendre le reliefRoberto a bien aimé les routes du parc. Virages, montées, descentes, joli décor : que du bonheur !Quelques uns des paysages traversés dans ce grand parc de 9000 km2
Le rodéo de Cody
Nous quittons Yellowstone en fin d’après-midi, avec l’impression d’avoir vécu quelque chose d’exceptionnel. Heureusement, la jolie route qui sort du parc nous permet une transition en douceur, tout comme celle qui mène ensuite à Cody, bordée de hautes falaises rougeâtres. Cody s’ennorgueillit d’être la capitale mondiale du rodéo, et comme nous n’avons jamais vu ce genre de manifestation, nous nous garons près de l’arène et attendons l’ouverture. Jusqu’à fin août, un show a lieu chaque soir à 20 heures. Nous arrivons en avance pour avoir les meilleures places, juste devant les stalles de départ, d’où nous pouvons assister aux préparatifs. Les cow-boys en tenue complète se bandent le bras qui tiendra le harnais (pour les chevaux) ou la corde (pour les taureaux) et l’entourent d’une attelle. Ils portent des gilets de maintien et des petits coussins protégeant la nuque. Manifestement, ça va être éprouvant pour les articulations. Pour l’épreuve sur les taureaux, ils troqueront en outre leur chapeau pour un casque intégral. Pendant ce temps le public s’installe. Les porteurs de chapeaux, de blousons et bottes en cuir sont nombreux. La musique country diffusée par les haut-parleurs donne l’ambiance. Vers 20h un animateur prend la parole, qu’il partagera avec un clown placé, lui, sur la piste. Les épreuves s’enchaînent, sous les cris et encouragement des spectateurs. D’abord rodéos à cru sur chevaux, puis attrapage de veaux au lasso, en individuel ou en équipe, rodéo sur chevaux mais avec selle, course de vitesse avec obstacles et enfin l’épreuve reine, le rodéo sur des taureaux déchaînés où, je crois, le meilleur a tenu 12 secondes. Du beau spectacle et une ambiance typique far-west.
Depuis l’Est du Parc Yellowstone, nous sommes dans l’état du Wyoming. Pas de devise sur cette plaque minéralogique mais les logos sont suffisamment explicitesLe rodéo de CodyInstallés au 1er rang avec de vrais cow-boys,nous assistons aux préparatifsTout a l’air en ordre,la cérémonie peut commencerLes rodéos s’enchaînentLes veaux n’ont qu’à bien courirà défaut de finir ligotésLe rodéo sur taureau est l’épreuve la plus difficileLe spectacle est terminé, chacun rentre chez soi. Chapeau bas messieurs-dames !
Fatigués de cette grande journée, nous ne chercherons pas bien longtemps un endroit pour passer la nuit : un supermarché Walmart est à deux pas. Pas très glamour mais il fera l’affaire. D’autant que le frigo est vide, nous serons sur place pour les courses du lendemain.
La ville de Buffalo Bill
Si le rodéo est si légendaire à Cody, c’est bien bien grâce au créateur de la ville, William Frederick Cody. Son nom ne vous dit sans doute rien parce qu’il ne s’est appelé comme ça que jusqu’à l’âge de 23 ans où il abattit en une journée 69 bisons dans une sorte de concours stupide avec un autre éclaireur de l’armée qui lui n’en tua « que » 46. A partir de ce jour peu glorieux, mais qui pourtant suscitait l’admiration des gens d’alors, on l’appela Buffalo Bill. Quasiment autodidacte puisqu’il entra dans la vie active dès ses 10 ans, à la mort de son père, il fut particulièrement entreprenant tout au long de son existence. Cavalier et tireur émérite, acteur dans l’âme, il lança à l’âge de 36 ans, en 1882, le Wild West Show, un grand spectacle composé de numéros variés faisant tous l’apologie de la conquête de l’ouest. On y voyait des démonstrations de tir de précision, des courses de chevaux, des scènes de chasse avec de vrais bisons, des attaques de diligences, des batailles historiques et des scènes de la vie quotidienne. Buffalo Bill y participait en personne, aux côtés d’invités célèbres comme Calamity Jane ou le chef indien Sitting Bull. Le succès fut retentisssant et la troupe partit en tournée nationale puis européenne, avec une logistique remarquable pour l’époque. Buffalo Bill créa aussi la ville de Cody et fit beaucoup pour développer ses infrastructures. Nous n’avons pas résisté au plaisir de déjeuner au restaurant de SON hôtel. Ambiance typique garantie pour un prix étonamment raisonnable (15€ le buffet du midi).
A Cody nous sommes chez Buffalo BillNous avons même déjeuné au restaurant de son hôtel, dénommé Irma, prénom de sa dernière filledans une salle atypique …ou typique, comme vous voulez !Le comptoir vaut son pesant d’orMalgré le cadre, le buffet était à prix raisonnable et la bière était bonneLe Buffalo Bill Center of the West est un ensemble de 5 muséesLe premier est bien sûr consacré au personnageet au show qui a été l’oeuvre de sa vieallant en tournée jusqu’à Londres, devant la reine Victoriaet même en France, comme l’atteste cette affiche
Le Buffalo Bill Center of the West est le centre culturel de Cody.5 expositions sont rassemblées dans même bâtiment, avec un billet d’entrée valable 2 jours, ce qui nous a été fort utile. La première est bien sûr dédiée au héros de la ville, tandis que les autres sont consacrées à l’histoire naturelle de la région, aux indiens des plaines, à l’art régional et aux armes à feu. Cette dernière, exceptionnelle, expose 5200 pièces sur les 7000 en possession du musée. Elle semble parfaitement à sa place ici au Wyoming, l’un des états ayant la plus forte proportion de détenteurs d’armes à feu (60% contre 5% pour le Delaware et 33% en moyenne aux USA)
Les autres expos parlent de sciences naturelles,d’histoire et d’art indigène,d’art régional,et d’armes à feu (5200 pièces exposées !)Des grandes et des petites,des armes de poing,et des joliment décorées. Parmi tant d’autres. Un paradis pour les amateurs.
La Tour du Démon
Après avoir de nouveau traversé des paysages superbes, nous arrivons à la Tour du Démon, une étonnante formation rocheuse qui ne ressemble à rien de ce qui l’entoure. Comme une dent qui aurait poussé au milieu de la campagne. En s’approchant un peu, on aperçoit des rayures verticales qui, avec la forme générale en tronc de cône, donnent à la chose l’apparence d’un cannelé bordelais géant. Inévitablement, on se demande comment elle est arrivée là. Au Visitor Center, les hypothèses vont bon train. On parle d’abord d’une origine extra-terrestre. Dailleurs, un alien est exposé à l’entrée, comme s’il avait été capturé puis empaillé en guise de preuve. Plus loin, on affirme, photo et gravure 3D à l’appui, qu’une ourse immense aurait tenté de grimper au sommet de la montagne où s’était réfugié un groupe d’Indiens, provoquant les profondes rainures avec ses griffes, en glissant. La bête ayant échoué, le lieu est devenu sacré pour les tribus du coin. Après, il y a les scientifiques qui ont forcément une explication : de la lave aurait trouvé son chemin il y a 60 000 ans (facile l’hypothèse, il n’y a plus personne pour témoigner) dans des couches sédimentaires, que la rivière autour aurait ensuite érodées. La lave elle-même en séchant lentement aurait produit ces jolies colonnes polyédriques. Pas facile de savoir qui a raison. Moi j’aime bien l’histoire de l’ourse, et vous ?
Les jolies routes du WyomingLa Tour du Démon vue de loin……et de beaucoup plus prèsPremière hypothèse sur les originesUn alien a d’ailleurs été capturé puis empailléEt Spielberg était là pour filmer l’arrivée. Pas des preuves, ça ?L’hypothèse de l’ourse géanteexplique bien les rayuresOn a aussi un spécimenLes scientifiques ont leurs propres hypothèsesmais ils ont oublié celle de l’arbre pétrifié géantEn tout cas ca vaut la visiteNe serait-ce que pour la vue du pied de la tour
Nous passons la nuit à l’orée d’une forêt près du site, évitant volontairement le camping au pied de la tour. Pas seulement en raison du risque d’éboulement mais aussi parce qu’ils diffusent encore chaque soir le film Rencontres du 3ème type. Encore qu’avec en fond le décor qui a inspiré Spielberg ce pourrait être amusant.
Au petit matin près de la tour. Avez-vous vu la biche sur le chemin ?
Des têtes bien faites
Nous poussons jusqu’à l’état du Dakota du Sud pour rendre visite au monument le plus emblématique des USA après la statue de la liberté: le Mont Rushmore. Les têtes des plus méritants présidents du pays gravées dans le granit attirent chaque année plus de 3 millions de visiteurs. Initialement, ce devaient être des personnages célèbres de l’Ouest, mais le sculpteur Gutzon Borglum en a décidé autrement. Vu que l’oeuvre est très connue, je ne vais pas trop faire le savant, mais je vous propose un petit jeu : parmi les affirmations suivantes, une seule est fausse, laquelle ?
Le sculpteur a été formé en France
Les nez des portraits sont de la même taille que Roberto
L’une des têtes a dû être déplacée
Un portrait féminin devait être ajouté mais cela n’a pas pu se faire faute d’argent
Trump a demandé à ce que son portrait soit ajouté
Une sculpture concurrente, plus grande, est en cours de réalisation sur une montagne proche
Aucun décès n’a été à déplorer pendant le chantier
Le sculpteur était membre du Ku Klux Klan
La solution en commentaire dès 5 réponses obtenues
Plaque minéralogique du Dakota du SudLe célèbre Mont Rushmore et les drapeaux de tous les étatsQuatre présidents à l’honneurLe sculpteuret un aperçu des difficultés rencontrées
A point ou bien cuits ?
De passage dans la ville de Hot Springs, nous n’avons pas résisté au plaisir de nous plonger dans les eaux bien chaudes d’un établissement local comportant plusieurs piscines ouvertes entourées de jardins. Rompant ainsi avec la frustration de n’avoir pu nous baigner dans les sources (trop) chaudes du parc Yellowstone. Un délice.
Mocassin SpringsPlusieurs bassins reliés entre eux par des petits pontsNous avons été raisonnables, nous avons pris celui du bas
Nous sommes repassés maintenant dans le Wyoming et venons d’arriver à Laramie. Le voyage se poursuit sereinement. Pas d’incident mécanique à signaler, Roberto est bien vaillant, savourant sans doute comme nous le plaisir de découvrir la suite. Comme vous aussi j’espère.
Les passages de frontières doivent être préparés un minimum, ne serait-ce que pour avoir nos différents documents à portée de main alors que la plupart du temps ils sont enfermés dans notre petit coffre et que nous portons sur nous des photocopies. Nous avons fait aussi un peu de vide dans le frigo, les USA étant assez sensibles aux aliments frais. Nous devons enfin prévoir les questions qui vont nous être posées, du genre « Quelle est votre prochaine destination ? » (Difficile de répondre que l’on ne sait pas – ce qui est la réalité quotidienne de notre voyage) ou « Transportez-vous des armes ? » (Surtout se retenir de plaisanter avec le sujet). Notre seule question à nous sera de savoir combien de jours nous seront octroyés sur le visa. Car la règle n’est pas simple et peut être interprétée différemment d’un douanier à une autre. Et comme nous sommes sortis du pays avant la fin des 90 jours, seule la période restante pourrait nous être accordée, ce qui serait une catastrophe (10 jours pour traverser les USA, imaginez !).
Douane Canada USA Lynden Google street view
Nous voilà fin prêts, nous arrivons à la douane vers 13 heures. Trois files sont disponibles, deux pour les voitures, une pour les camions et « R.V. » (recreational vehicles). Nous empruntons cette dernière. Je tends spontanément nos passeports au douanier, qui nous dit que nous ne sommes pas dans la bonne file, que les R.V. c’est plus gros que ça et que pour lui nous sommes un « van ». J’ai envie de lui répondre que les policiers qui règlent le stationnement en ville pensent autrement mais je me tais. Nous stationnons à l’endroit qu’il nous indique et entrons dans le bâtiment. Une douanière très sympa nous interroge brièvement sur notre parcours, semblant admirative, scanne nos pupilles et nos pulpes de doigts puis nous remet nos passeports. Je vérifie rapidement le tampon : nous sommes autorisés à circuler jusqu’au 12 novembre, soit 90 jours. Yes !
Notre visa pour les USA
L’opération aura pris 10 minutes tout au plus. Aucun papier n’aura été demandé pour Roberto qui n’aura pas non plus été fouillé. Quand on pense à tous les migrants qu’on aurait pu faire passer ! Je blague bien sûr. Hein, la NSA, je plai-san-te !
Et nous voici dans l’état de Washington !
Les écluses de Ballard
Nous avons pris la route de Seattle. Dans la banlieue nord, nous nous arrêtons visiter les écluses de Ballard qui permettent de relier les lacs intérieurs de Seattle (Lac Union et Lac Washington) au détroit qui mène ensuite vers le Canada puis l’Océan Pacifique. Les touristes fluviaux sont nombreux et l’écluse est pleine à chaque remplissage, qu’il est toujours amusant d’observer. Quelques otaries se baladent dans les bassins. L’endroit s’appelle aussi la Baie des Saumons, et ce n’est pas pour rien. Nombre d’entre eux repartent vers la mer à cette époque et, comme ils ne sont pas très friands des écluses, où les attendraient d’ailleurs les otaries et les lions de mer, on leur a installé des échelles pour leur permettre le passage. Avec accessoirement une paroi vitrée pour que les touristes viennent les observer sauter de bassin en bassin. Il n’y a étonamment rien de mercantile là-dedans, l’entrée des écluses est gratuite, y compris les documents d’aide, les visites guidées et le tour d’un petit jardin botanique attenant. En fait c’est géré par la Nation américaine. Il faut bien que les taxes que l’on paye sur le gasoil et l’alimentation servent à quelque chose… Nan, en vrai, merci les USA !
Remplissage de l’écluse dédiée aux bateaux de plaisance. Même des kayaks y passent parfois !Échelle à saumons de dessus et de dessousFlore du jardin botanique attenant
Visite de Seattle
Seattle, vue aérienne
En vrai, la capitale de l’état de Washington n’est ni Washington (ça on le savait) ni Seattle (ça on le savait moins) mais plutôt Olympia (qui tire son nom du Mont Olympe que je pensais en Grèce mais qui existe aussi aux USA tout en n’ayant pas eu la faveur des JO d’hiver de 1960 qui ont eu lieu à Squaw Valley pas très loint de là mais en Californie). Nous avons préféré visiter Seattle pour ne pas créer de confusion et parce que le Lonely Planet lui consacre 14 pages contre une seule à Olympia. Bizarre mais ils doivent avoir leurs raisons.
Art de rue à Seattle
L’aiguille de l’espace
C’est ainsi que s’appelle la tour emblème de Seattle, comme il en existe dans beaucoup d’autres villes. Celle-ci, installée pour l’exposition universelle de 1962, culmine à 184 m. Ce qui est peu par rapport à notre Tour Eiffel, mais dans cette région à haut risque sismique il vaut mieux être prudent. Alors nous n’avons pas hésité à emprunter l’ascenseur qui mène au sommet en 41 secondes. D’abord une plate-forme fixe en extérieur, avec des parois de verre obliques sur lesquelles il faut oser s’adosser pour la photo-souvenir. Ensuite une plate-forme mobile sur laquelle il faut cette fois oser marcher car là c’est le plancher qui est transparent et permet d’observer directement sous ses pieds les microscopiques voitures et piétons se déplaçant bien au-dessous. Le seul plancher transparent mobile au monde parait-il. Et nous étions dessus !
L’Aiguille de l’Espace (Space Needle)Spectacle vu d’en hautEt aussi quand on regarde en bas. Avez-vous vu l’araignée sur le toit ?
Le jardin de verre de Chihuly
Dave Chihuly est un artiste-verrier local, formé à Murano. Il présente l’œuvre de toute une vie dans une suite de pièces tantôt claires tantôt sombres mais qui attirent chacune un émerveillement renouvelé. Une débauche de couleurs et de formes improbables, de fleurs géantes, de véritables forêts de verres. Alors que l’on croit avec regret la visite terminée, la collection se poursuit, toujours aussi impressionnante, dans une grande serre puis à l’extérieur dans un jardin où le verre sublime les massifs végétaux pour le plus grand plaisir de nos yeux. Une exceptionnelle pépite de Seattle qu’il ne fallait pas manquer.
Le jardin de verre de ChihulyL’artiste à l’oeuvre, tel un pizzaiolo mais avec du verre en fusion !A
Tout ça est magnifique… faut-il vraiment des commentaires ?
Plafond persan… une merveilleEt ça continue sous une serre, puis encore à l’extérieurPour finir à la boutique !
Troll et bus
Ce titre jouant sur les mots ne sert qu’à accrocher deux curiosités :
La première est un véritable troll, tapi sous un pont de voie rapide, pourrait effrayer les passants qui le découvrent au dernier moment. D’autant qu’en y regardant de près, il broie une coccinelle VW dans sa main. Les explications manquent sur place pour comprendre le pourquoi du comment, mais les trolls c’est comme ça.
Le troll de Seattlequi attend les passants au tournant
L’autre curiosité, c’est un petit groupe de personnages attendant sous un abribus un train interurbain qui ne passera jamais, la ligne étant abandonnée depuis 1930. Ils sont là bien évidemment pour revendiquer la réouverture, mais sans grand succès apparemment. Ce qui est amusant, c’est que le chien qui les accompagne possède, lorsqu’on y regarde de près, des traits humains. Une revanche du sculpteur qui a immortalisé ainsi la tête du maire de l’époque qui s’opposait à l’installation de l’œuvre en ville. Bien fait !
Ils attendent l’interurbainLa tête du chien un peu spéciale…
La ruée vers l’or de Klondike
La ville de Seattle, alors peu développée, fut touchée par un incendie géant en 1889 qui détruisit 90% des habitations alors en bois, sans faire de victime. Tout était à refaire. La ville commençait à se reconstruire, en dur cette fois, lorsqu’une seconde catastrophe, financière cette fois, la toucha : le krach de 1893 lié à un mouvement de panique des investisseurs qui voulurent soudain récupérer l’or sur lesquels leurs billets verts étaient basés. C’est dire si l’arrivée au port de Seattle d’un navire ramenant des hommes soudainement enrichis après la découverte d’un site aurifère au Yukon était un espoir pour une grande partie de la population tombée dans la misère. Plus de 100 000 personnes de la région se lancèrent soudain dans l’aventure, la plupart sans avoir aucune idée des difficultés qu’ils rencontreraient : coût élevé d’un voyage où il fallait emmener avec soi 1 an de vivres et matériaux, difficultés inimaginables sur le trajet comportant des mers gelées, des pistes enneigées et pentues et la quasi absence de toute infrastructure, durée très longue puisqu’avec les moyens de l’époque il fallait entre 6 et 18 mois pour parvenir sur les rives de la rivière Klondike, lieu de découverte de la première pépite. Pour les 40% des candidats qui parvenaient malgré tout à Dawson, la ville soudainement créée la plus proche du site aurifère, leur état d’épuisement était tel que beaucoup repartaient dégoutés ou se contentaient d’un emploi subalterne sur place. Seulement la moitié des arrivants partaient réellement chercher de l’or et au final 300 personnes seulement se sont réellement enrichies sur les cent mille partants. Les vrais gagnants, ce sont les commerçants qui ont su exploiter ce filon – c’est le cas de le dire – comme les hôteliers, les vendeurs de nourriture ou d’accessoires, les intermédiaires dans le marché de l’or et, de façon plus générale, la ville de Seattle qui était le vrai centre logistique de l’opération.
Une tonne d’or exposée devant la fenêtre. Pas de risque de vol, il y a un couvercle en plastique…L’annonce qui a tout déclenché et la roue de la fortune pour refléter la dure réalité
Re-verre dans le port de Tacoma
C’est tout près du célèbre port chanté par Hugues Aufray et par moi-même en colonie de vacances – c’est dire si c’est vintage – que Claudie nous a déniché un YAGM (yet another glass museum). Si vous ne savez pas que nous sommes fans de l’art du verre, reprenez la lecture du blog depuis le début 😉. Nous avons trouvé de belles pièces, mais il ne sera pas dans notre top 10. Je vous mets quelques photos pour marquer le coup.
L’accès au musée de verre de Tacoma est de bonne augureSa coiffe particulière abrite des démonstrations en direct
Quelques oeuvres parmi d’autres…
A
A fond la gomme
Roberto nous a bien roulés, il nous avait caché que ses pneus avant étaient presque lisses. Pour s’en apercevoir, il a fallu un stationnement roues tournées d’un côté, car l’usure se fait au centre. Je ne sais pas à quoi c’est dû. Je pensais à un surgonflage mais la pression est celle recommandée. Le premier jeu avait fini comme ça, après 25 000 km, et là nous en sommes à 50 000. Une certaine règle semble s’installer. Nous trouvons facilement un spécialiste du pneu dans cette grande zone commerciale qu’est la banlieue de Seattle, possédant en stock le modèle que nous souhaitions, ce qui n’était pas donné d’avance avec notre véhicule français. Ce qui est amusant et motive l’écriture de ce chapitre, c’est que l’ouvrier qui a changé les pneus de Roberto s’appelait lui-même …Roberto ! Vous n’aurez pas sa photo car il a refusé mais je vous assure que c’est vrai.
Roberto aux soins de Roberto
Les chutes sèches
En plein cœur de l’état de Washington, entre les villes de George (on imagine le patronyme à l’origine) et de Coulee City (une coulée est ici un ravin glaciaire), nous sommes presques seuls à suivre cette belle route panoramique n°17 circulant au fond d’un canyon bordé de falaises ocres et abruptes. L’Ouest américain tel que nous l’imaginions. Nous cédons à l’invite d’un panneau à nous arrêter pour observer un point de vue. Et quel point de vue ! Un encorbellement de plus de 5 km de falaises surplombe de 120 m quelques plans d’eau. Aurions-nous l’occasion de nous téléporter au moment ou les cascades se déversaient du haut de ces falaises, il y a vingt mille ans, que nous nous trouverions devant les plus grandes chutes d’eau ayant jamais existé, dix fois la taille de celles du Niagara et dix fois le débit actuel de toutes les rivières du monde réunies. Ça laisse rêveur, mais aussi rageur de ne pas avoir la machine (à téléporter)
Les « chutes sèches » de Coulee CityDix fois plus grandes que celles du Niagara (Claudie donne l’échelle)
Au grand dam
Quelques dizaines de kilomètres plus loin, après avoir longé le lac Bank, une grande retenue d’eau dédiée à l’irrigation de cette région aride, nous parvenons à la 7ème merveille du génie civil américain, le barrage de Grande Coulée. C’est l’une des plus grandes structures jamais construites par l’humanité. Un kilomètre et demi de large sur 170 mètres de hauteur, 12 millions de mètres cube de béton, soit la quantité nécessaire pour fabriquer une route qui relierait Seattle à Miami. Après 8 années de travaux, le barrage (dam en anglais) a commencé à produire de l’électricité en 1942. En raison de la guerre, ce fut sa seule fonction pendant plusieurs années, mais par la suite les aménagements furent complétés pour que l’installation assure aussi le contrôle des inondations provoquées par la rivière Columbia et l’irrigation de la région grâce à la retenue du lac Bank mentionné ci-dessus, entièrement constituée par la station de pompage de l’eau du barrage. En 1967, une intervention audacieuse (il a fallu dynamiter une partie des installations en activité – on parle de chirurgie à la tronçonneuse…) a permis d’installer des turbines complémentaires et de porter ainsi la capacité de production à 21 milliards de kilowattheures d’électricité par an. Le Grand Coulee Dam reste aujourd’hui le premier producteur d’hydroélectricité aux États-Unis.
Le barrage de Grande CouléeModèles de turbines utilisées et pylônes pour mettre les gens au courant
Nous avons passé la nuit au bord du lac Roosevelt, le lac de retenue du barrage, qui s’étend jusqu’à la frontière canadienne, à plus de 250 km de là. Le ciel du soir n’était pas terrible mais l’aurore était magnifique.
Ces couleurs le matin au réveil !Ce paysage dans lequel se fond Roberto !Ce spectacle différent chaque jour ! Vive la vie nomade !
La machine à jeter son argent.
Nous avons trouvé cette étonnante machine dans un centre commercial. Une sorte de grand yoyo noir un peu mystérieux posé perpendiculairement à son axe. Au centre une sorte d’entonnoir dont on ne voit pas le fond. Sur le bord supérieur, deux « lanceurs de pièces » qui envoient la monnaie tourbilloner avant de disparaître à tout jamais dans le trou central. Pour ceux qui ne savent pas quoi faire de leur argent et qui hésitent encore, une plaque les informe qu’ils auront l’énorme avantage de savoir, à condition de jeter plusieurs pièces en même temps, vous saisissez la perversité de la chose, si celle de 2$ disparaîtra avant celle de 1$ ou bien l’inverse. N’ayant pas d’argent à jeter, j’ai tout de même sacrifié une pièce d’1 centime pour prendre la photo, tout en n’essayant pas de la rattraper avant l’issue finale, au risque de paraitre pingre.
La machine à jeter son argent et son mode d’emploi pour ceux qui ont des états d’âme
J’ai bien regardé, je n’ai pas trouvé de machine similaire pour jeter ses billets, avec qui sait un gros ventilateur et la question de savoir si le billet de 100 s’envole avant le billet de 50. Mais ça ne saurait tarder 😉
Du port au bison
Si ce titre de chapitre vous fait penser par erreur au dernier plat à la mode des anti-vegan, c’est totalement volontaire. Mais il est juste là pour relier le début et la fin de cet article. Après avoir franchi brièvement l’état de l’Idaho (nous y reviendrons dans quelques semaines), nous sommes parvenus à celui du Montana. Pas besoin de vous faire un dessin sur l’origine du nom. Notre première visite est consacrée à un parc de bisons, réserve faunique créée dès 1908 pour tenter de sauver l’espèce quasi-exterminée par les conquérants américains officiellement parce que ces paisibles animaux gênaient la construction de leur chemin de fer et officieusement parce qu’ils étaient la source de vie principale des indiens. Même si la réserve a été lancée sous l’égide de l’état, on sait bien qui a fait pression pour son ouverture et ce n’est que depuis le début de cette année que la gestion en a enfin été confiée aux tribus indiennes Salish et Kootenai qui la revendiquaient depuis plusieurs décennies. Nous sommes contents pour eux.
Environ 500 bisons sont éparpillés dans ce parc de 76 km2, dans lequel on ne peut circuler qu’en voiture sur une route en gravier. Les chances de les trouver paraissent bien minces, mais les gardes du parc renseignent chaque jour la position approximative des différents animaux (aussi des ours, des lynx, des cerfs, des loups, etc.) sur un plan à l’entrée. Les conseils de bison futé en quelque sorte.
Par bonheur, les bisons préfèrent la vie en communauté et quelques groupes sont censés se trouver sur notre route. Nous nous lançons donc à leur recherche dans un décor magnifique, et nous allons effectivement en trouver. Les premiers d’ailleurs sont impossibles à rater puisque, immobilisés au plein milieu de la route, ils provoquent un embouteillage (de 4 voitures, n’imaginez pas la grande foule non plus). Les visiteurs sont sages et respectent bien les consignes, comme ne pas descendre de voiture par exemple. Les américains me semblent à ce sujet plus respectueux que les canadiens qui poursuivent volontiers les ours enfant sous le bras et appareil photo à la main alors que c’est le meilleur moyen de se faire croquer. Bref, nous passons une belle journée et rentrons avec des images de bisons plein les yeux. Et plein la carte-mémoire pour vous en faire profiter.
Nous nous lançons enfin sur la route en gravier qui traverse le parcNous n’aurons pas à chercher bien longtemps, les bisons bloquent les voitures !De toutes facons, ils sont plus gros et plus nombreux que nousEt celui-là, traverse ou traverse pas ? Il ne s’est pas décidé, nous avons repris la routeEn profitant de somptueux paysagesC’était vraiment une belle journée !
Cette seconde entrée aux USA nous comble. Le seul bémol est la chaleur qui reste assez élevée en permanence. Nous compensons en nous garant le plus possible à l’ombre et en prévoyant bien le secteur d’apparition du soleil le lendemain matin. Avec la conséquence que nos panneaux solaires fournissent bien moins d’électricité. Si nous roulons une heure ou deux, l’alternateur suffit pour compenser, mais cela n’a pas été le cas à Seattle où nous avons dû surveiller la batterie qui commençait à perdre un peu de tension. Mais tout s’est bien passé, le roulage jusqu’au Montana passant brièvement par l’Idaho lui a redonné son plein d’énergie. Nous venons d’arriver à Missoula. La suite pour bientôt.
Après les forêts et les lacs de l’Ontario, après la route de Thunder Bay à Kenora, nous abordons les plaines fertiles du Manitoba. D’immenses champs de blé alternent avec ceux de colza formant de superbes damiers jaunes et verts, entrecoupés de lacs. Il y en aurait plus de 150 000 dans cette province grande comme la France mais peuplée comme la moitié de Paris. Autant dire que nous ne la parcourrons pas en long et en large, mais seulement en travers, de sa capitale animée Winnipeg aux « sentinelles des prairies » d’Inglis.
La baie du tonnerre
C’est comme ça que se traduit en français le nom de la ville de Thunder Bay, située à l’extrémité nord-ouest de la partie canadienne du Lac Supérieur. Elle est née en 1970 du regroupement de deux villes plus petites, Fort Williams et Port Arthur et a peut-être été baptisée ainsi en hommage à la montagne sacrée des indiens Ojibwés, la « montagne du tonnerre » ou « thunder mountain ». Les anglais avaient alors préféré donner à la montagne sacrée le nom d’un commerçant en fourrures écossais, histoire d’effacer un peu plus la mémoire des autochtones.
Roberto se réveille devant le Mont McKay
Le Mont McKay est une sorte de cheminée des fées géante, que la coiffe rocheuse protectrice au sommet a protégée de l’érosion. Du coup le massif est maintenant 300m au-dessus de la vallée pour une altitude par rapport à la mer de 483m. Malgré les falaises, on peut gagner le sommet par un petit sentier bien escarpé. Mais la vue du plateau en haut récompense les efforts. C’est aussi devant cette montagne entourée de falaises, au bord d’une rivière assez fréquentée par les locaux, que nous avons garé Roberto pour y passer deux nuits.
Le Mont McKay est la montagne sacrée des Indiens OjibwésL’aigle en témoigneLa balade est raide,Mais quel spectacle au sommet ! Vue à 360° malgré la photoLa descente parait encore plus raide,il n’y a pourtant aucune raison !
Il y a deux siècles, l’activité dominante était la « traite », les indiens venant troquer les fourrures résultant de leur chasse dans le grand Nord contre des biens occidentaux (tissus, armes, ferblanterie, tabac, etc.). Les fourrures étaient ensuite acheminées par canoë jusqu’à Montréal. De là elles étaient expédiées sur de plus gros bateaux vers le monde entier. Toute cette activité se situait au Fort Williams où elle est aujourd’hui très bien mise en scène dans des bâtiments parfaitement reconstitués avec des acteurs costumés qui jouent leur rôle comme s’ils sortaient d’une machine à remonter le temps.
Entrée du Fort Williams, qui malgré son nom n’a rien de militaireNos guides jouent des personnagesqui vivaient 2 siècles plus tottant du côté des traders européensque de celui des IndiensExtérieur d’un wigwamet intérieur douilletNos voisins de parking, un couple d’allemands avec un enfant de 2 ans. Leur « Roberto » (« Hans » ?) fait 9 tonnes !A côté, Roberto parait bien petit…
Faites-moi un signe
La poursuite de la route transcanadienne vers l’ouest va comporter de longs trajets où les forêts, les roches sédimentaires et les lacs se succèdent, tandis que les villes se font plutôt rares. Afin que le paysage, même splendide, ne risque pas de tourner à la monotonie, nous nous occupons. Notre activité principale est l’écoute de podcasts, souvent sur les sujets locaux mais pas toujours. J’aime bien aussi lire les panneaux sur le bord de la route. Ils peuvent annoncer des points d’intérêts non mentionnés dans nos guides, mais aussi informer sur les coutumes du pays, ou encore tout simplement donner le nom des voies de circulation. Un panneau indiquant sur ma droite « Yellow Brick Road » m’a tout de suite fait penser à cette chanson d’Elton John. Je n’ai pas eu le temps de le photographier, mais vous trouverez bien cette route sur Google Map du côté de Thunder Bay.
Un panneau routierYellow brick road
Mais toute occasion étant bonne à saisir, j’ai imaginé un petit jeu consistant à trouver des noms de rues jouant bien sûr sur les mots. Je vous en propose quelques-uns, saurez-vous en trouver d’autres ? Une image avec des panneaux vierges est à votre disposition, vous pouvez aussi metttre vos propositions en commentaires. Allez, soyez créatifs !
Ma versionA vous de jouer
Orage ô désespoir
A l’approche de notre dernière ville ontarienne, Kenora, le temps devient orageux avec un ciel vraiment très sombre. Aurons-nous le temps de visiter cette cité touristique basée au bord du Lac des Bois ? Nous nous y aventurons, le parapluie à la main pour Claudie, mes jambes prêtes à courir en ce qui me concerne. En une heure de marche rapide, nous aurons un bon aperçu du centre-ville assez animé malgré le temps menaçant. Au final, le ciel sombre ne rend pas si mal sur certaines photos, mettant en valeur la couleur blanche du navire de croisière qui emporte son lot de touristes sur le lac ou de celle de la flotte d’hydravions plus prudemment restée ancrée au quai. En revanche, les autres clichés, comme celui du brochet géant de 12m de haut censé attesté de la qualité des eaux du lac, ou encore ceux des fresques murales, gagneraient à être plus contrastés.
La flotte d’hydravionsLe Kenora quitte le porttout près de son enseigneOn trouve aussi des bateaux de taille plus modeste. Ça fait baroudeur, non ?Cet ours un peu triste rêve sans douted’avaler ce brochet géantPour terminer,quelques fresques muralesau hasard de nos déambulationsdans la ville
Et puis la pluie nous a rattrapés. Aucune chance de voir un hydravion décoller devant Roberto. Nous avons repris la route, ça occupe… Avant de quitter l’Ontario, nous nous arrêtons pour la nuit sur une halte routière un peu en retrait de la transcanadienne. Comme d’habitude, il n’y avait que nous …et les moustiques !
Halte routière tranquille
Paysages urbains
Après plusieurs centaines de kilomètres dans une nature superbe parsemée de rares villages, nous arrivons dans la province du Manitoba, où se situe le centre longitudinal du Canada. En serions-nous pour autant à la moitié de notre périple canadien ? La suite nous le dira.
Centre du pays et plaque minéralogique du Manitoba. Remarquez les moustiques collés !
Nous arrivons assez rapidement à Winnipeg, la capitale de la province et 7ème ville du pays. Winnipeg, Manitoba, ça fleure bon les racines autochtones, non ? Après avoir traversé la banlieue, dans une circulation dense mais sans embouteillage, nous stationnons pour la nuit et probablement davantage sur le parking de la gare. Si celle-ci est étonnamment déserte, les trains ne manquent pas, transportant principalement des marchandises.
Le parking de la gareLa gare étonnament déserte
Nous retrouvons donc sans enthousiasme ces côtés négatifs de la ville : bruits en tous genres, des vrombissements des motos aux sirènes des ambulances en passant par les klaxons prolongés des trains, circulation rapide de gens pressés, mendiants ou personnes dans des états seconds, parkings payants, immeubles de béton rarement esthétiques, petit brin d’insécurité, etc.
Winnipeg, la grande ville
Mais le positif domine avec les beaux bâtiments au charme suranné du quartier historique, le design des ponts et bâtiments publics, les sculptures au coin des rues, les fresques murales un peu partout, les accueillantes terrasses des cafés devant le « cube », une petite scène en plein centre-ville, un quartier français qui mérite de s’y arrêter, des beaux musées et bien sûr des boutiques qu’on ne trouve pas dans les villages de campagne. Et puis, cerise sur le gâteau, les moustiques semblent avoir déserté. Apparemment, une politique active de la ville en ce sens y serait pour quelque chose.
1. Le centre-ville et le quartier historique
La ville moderne,ses sculptures,ses façades d’une autre époque,ses vrais et faux escaliers (à droite ce ne sont que les ombres des balcons)ses entréesde clubset boutiquesses expressionsmuralesvariées
2. La Winnipeg Art Gallery
On y trouve des oeuvres classiques bien sûr, mais ce musée présent depuis 1912 s’est spécialisé dans l’art Inuit et met en valeur parallèlement l’art Métis et ses magnifiques broderies de perles.
détail de la précédentedétail
3. La cathédrale Saint-Boniface
Saint-Boniface, autrefois ville indépendante, est maintenant un quartier francophone de Winnipeg. Sa cathédrale de 1906 a été ravagée par un incendie en 1968, il n’en reste guère que la façade percée d’un trou béant à la place de la rosace, que l’on a choisi malgré tout de garder. Tout en reconstruisant une nouvelle cathédrale beaucoup plus moderne dans sa sobriété intérieure et le design de ses vitraux.
L’ancienne cathédrale Saint-Bonifaceet la nouvelleaux vitraux particulièrement modernesPortique à l’entréeDétail de vitrail
4. Parc de la Fourche
Il y a 6000 ans, les Premières Nations du Canada se sont installées là, au confluent de la Rivière Rouge et de la Rivière Assiniboine, pour profiter de terres fertiles, d’eaux poissonneuses et de bons moyens de communication avec les régions environnantes. L’état en a fait un lieu historique, l’a aménagé avec de nombreuses oeuvres d’art et y a édifié son Musée des droits de la personne (voir plus loin).
Bateau-taxi sur la Rivière RougeNimaamaa, femme enceinte mère des nations autochtonesCet amoncellement de vélos ravirait tous les spectateurs du Tour de France !
5. The Rolling Stones Unzipped
Cette exposition internationale sur l’inusable groupe de rock nous a consolés de ne pas être en France pour leur tournée mondiale actuelle. Histoire complète, costumes de scène, musicologie, graphisme des pochettes de disques, scénographie, vidéos grand format de concerts. Difficile d’entrer davantage dans les détails, mais vu que c’est international, peut être avez-vous ça à côté de chez vous si vous êtes fan.
Le célèbre logoPortraits par Andy Warhol
Musée canadien des droits de la personne
C’est à Winnipeg une visite incontournable. Ce musée géré par l’état, très réussi architecturalement, a été bâti sur le site où les premières nations autochtones se sont installées avant de devoir gérer l’envahissement par le monde occidental. Même si leurs droits s’améliorent timidement d’année en année, nous sommes loin de l’égalité promue par la déclaration des droits de l’homme dont l’un des premiers rédacteurs était Canadien. Le musée aborde tous les aspects des droits de la personne, d’une manière universelle mais aussi sur ce qui touche particulièrement le Canada. Notamment la lutte pour les droits des autochtones, des femmes, des francophones, des travailleurs. On porte aussi un regard sans concession sur les abominations commises par le pays : déportation des acadiens, internement des canadiens d’origine japonaise, surtaxation des immigrés chinois, refus d’accueillir les juifs pendant la 2ème guerre mondiale, déplacement forcé des Inuits, génocide culturel des autochtones dont les enfants ont été enlevés pour être placés dans des orphelinats pour « effacer l’Indien qui était en eux ». Un étage entier est consacré aux génocides mondiaux, juif, arménien, rwandais, cambodgien, ukrainien, bosniaque et au racisme en général. Heureusement on développe aussi tous les moyens mis pour lutter contre tout ça. Nous y avons passé 4 ou 5 heures sans voir le temps défiler.
Belle architectureGandhi bien en accord avec le thèmeRampes intérieures accessibles aux fauteuilsToilettes non genréesQuelques unes des thématiques abordées…L’immense hall
A propos du génocide physique et culturel des autochtones dans les pensionnats indiens, lire le bel article de France Info qui vient de paraître, à l’occasion de l’actuelle visite du pape au Canada, venu entre autres y réitérer les excuses de l’église catholique. Cliquez sur ce lien.
Déclarés revenus
Colonie de pélicans blancs dAmérique
Les pélicans blancs d’Amérique étaient en voie d’extinction il y a une vingtaine d’années, essentiellement parce que les humains détruisaient leurs lieux de nidification. Une fois ces zones protégées sur les rives du Lac Winnipeg, ils sont revenus, et en masse qui plus est, pour le plus grand plaisir de nos yeux. Nous les avons trouvés un peu par hasard, en étant garés pour la nuit juste au-dessus de leur plage favorite !
Nous avons dormi sur ce joli petit balcon
Chasse, pêche, traditions …et camping
Le magasin Cabela’s
Les Canadiens sont férus d’activités à l’extérieur, comme le camping, la chasse, la pêche, la randonnée à pied à vélo ou en kayak, etc. Et pas seulement l’été ! Alors ce magasin Cabela’s doit être leur paradis. Décoré d’animaux empaillés dans tous ses recoins, il semble répondre de A à Z aux besoins de chaque activité. Pour les chasseurs par exemple, outre l’équipement vestimentaire de base, on y trouve des affûts en tous genres, des animaux-cibles équipés de capteurs pour s’entraîner au tir, des appeaux pour toutes les proies possibles, des pièges à ours ou à renard, des sprays pour enlever sa propre odeur, pour en rajouter des trompeuses genre urine de coyote ou d’orignal, de la poudre pour voir d’où vient le vent (si si) et bien sûr toutes les armes possibles et les munitions qui vont avec. J’oublie les arcs, arbalètes et pistolets vendus sous blister. Pour ceux qui dépècent et cuisinent le résultat de leur chasse, des rayons entiers de couteaux, des outils à éviscérer, des machines à fabriquer les saucisses et des barbecues pour les faire griller combleront leur bonheur.
Déco intérieureSafety first : bombes anti ours etfusils anti mouches (surtout ne pas se tromper !)Pistolets sous blistersCibles électroniques pour l’entraînementPièges pour petitset gros animauxAppeaux,urine de coyote en lotion,ou encens à l’urine d’orignalPoudre pour voir d’où vient le vent et coin littéraire
Gimli, capitale de la Nouvelle Islande
Le nom de cette petite ville n’a rien à voir avec le personnage de Tolkien. Il signifie tout simplement « paradis » en langue Viking, car c’est là que se sont installés en 1875 plusieurs centaines d’immigrants islandais, fuyant leur pays en pleine crise économique suite à une éruption volcanique. Le gouvernement a mis à leur disposition des terres sur les rives du Lac Winnipeg. Un petit musée raconte les difficultés des premiers arrivants, la façon dont ils ont bâti toute une vie à partir de zéro, la malchance d’avoir perdu un tiers de leurs effectifs en raison d’une épidémie de variole la 2ème année, puis le développement progressif de la ville, l’intégration choisie au gouvernement Canadien qui leur avait pourtant laissé beaucoup d’autonomie, l’ouverture à d’autre communautés par la suite, ukrainiennes et polonaises en premier. De quoi nous faire réfléchir les jours où l’on trouve sa propre vie difficile.
Emblème de la villeMobilier urbainAttribution des terreset règlement pour en jouirPas un drakkar, certes,mais un joli prénom !
Le planeur de Gimli
Un oiseau blessé…
La ville est aussi célèbre pour l’atterrissage d’urgence en 1983 d’un Boeing 767 d’Air Canada sur une piste militaire désaffectée, à la grande surprise des festivaliers qui s’y étaient rassemblés pour suivre une course de dragsters. La surprise était d’autant plus grande que l’avion est arrivé dans un silence total, tous moteurs coupés, en panne sèche en fait. Une bête erreur de conversion de litres en livres. Tout le monde s’en est sorti heureusement. Je vous invite à lire l’histoire en détail ici.
L’expression « to pull a Gimli glider » est depuis utilisée au Canada pour dire « faire une erreur spectaculaire et embarrassante ». Ça fait une belle jambe aux passagers !
La jetée de Gimli, d’où vient l’image ci-dessus
Pas que sous les ponts
L’eau est partout ici, ou presque. Elle couvrirait 10% de la surface de la province du Manitoba (contre 0,5% de la France) et plutôt à un niveau assez élevé, ce qui embellit les paysages mais nous cause quelques petits problèmes de fermetures de sentiers de randonnées. C’était le cas pour le parc provincial d’Hecla, dans lequel nous avons simplement dormi et circulé, mais les deux chemins que nous avions envisagés de suivre étaient bloqués par l’eau.
Parc provincial d’HeclaBeaucoup d’eauMême un peu tropMais nuit paisible sur place (aucun candidat pour randonner sur ces chemins noyés)Tour du parc le lendemain matin avant d’aller tenter notre chance au site suivant
Le lendemain, après un petit tour en voiture jusqu’au bout de la presqu’île, nous avons roulé jusqu’au parc national des Riding Mountains. Pour les mêmes raisons de hautes eaux, la moitié des randonnées étaient inaccessibles, y compris celle qui traversait un parc de bisons, quel dommage. Heureusement, nous avons pu trouver notre bonheur dans les parcours qui restaient. Une jolie balade dans une forêt de bouleaux puis de pin qui s’est terminée sur le ponton d’un petit lac.
Parc national des Riding Mountains – Lac ClairBalade en forêt sous les bouleauxbeaux papillons (non je ne parlerai pas des moustiques !)et repos bien mérité au bord du lac dans un calme absolu.
Camping 2
Rassurez-vous, je ne vais pas vous raconter le film, encore que ce pourrait être drôle étant donné que je ne l’ai pas vu. Je voulais juste vous parler de notre seconde nuit en camping depuis le début de notre circuit au Canada fin mai, ce qui nous fait une moyenne d’une nuit par mois. Et c’est généralement parce que nous ne pouvons pas faire autrement. La première fois, c’était à Percé en Gaspésie. Toutes les villes de cette côte très touristique interdisaient le stationnement nocturne, même sur des parkings ordinaires. L’exceptionnel camping sur la falaise devant le rocher percé et les baleines nous a rapidement convaincu de ne pas chercher très loin un emplacement ce jour-là. Et aujourd’hui, le motif principal est le remplissage de nos réservoirs d’eau. La plupart du temps, c’est assez facile de trouver de l’eau, mais là, avec les villes très éloignées les unes des autres, nous arrivions au bout de nos 200 litres. Les campings au Canada sont pourtant en général plutôt cool, avec des emplacements spacieux, relativement privatisés, et quasi toujours munis d’une table de pique-nique et d’un barbecue. Pour un prix raisonnable, entre 25 et 50 € dirons-nous. Le problème avec les campings, ce sont les voisins. Ils sont pour la plupart du temps discrets ou agréablement causants, mais il y a toujours le risque d’avoir un entourage bruyant (conversation, musique, enfants, etc.) ou d’être sous le vent des odeurs des barbecues, qui servent là-bas dès le petit-déjeuner. Nos premiers critères pour le choix d’un stationnement nocturne sont 1°) le calme, 2°) la situation par rapport à nos activités du lendemain et 3°) la vue. Nous réussissons la plupart du temps à conjuguer les trois.
On dirait un peu les spots précédents…Mais nous sommes bien au camping, avec des voisins tout partout !Ce n’est pas comme autrefois…Aaaah le camping d’autrefois !
Les sentinelles des prairies
Les élevateurs à grain d’Inglis
C’est par cet alignement étrange de hautes bâtisses de bois que nous terminons notre traversée du Manitoba. On dirait de grands moulins sans ailes, mais on n’y meulait pas les céréales qu’on leur confiait, on les y stockait. Car ce sont des élévateurs à grain, installés là à partir de 1880 pour simplifier le transport des récoltes qui se faisait jusqu’ici uniquement par sacs transportés à dos d’homme. Le grain apporté par les agriculteurs était déversé au sol dans une trémie puis hissé à plus de 20m de hauteur grâce à une courroie munie de godets. De là, il était réparti à l’aide de tuyaux mobiles dans l’une des 16 cellules de stockage. Lorsque le moment du transport était venu, la cellule était vidée dans un camion sur la route devant ou dans un wagon sur la voie ferrée à l’arrière. En 1953, 260 élévateurs de ce type étaient en fonctionnement au Manitoba. L’arrivée des silos en béton puis en inox a conduit peu à peu à leur déclin. Ceux d’Inglis ont heureusement été restaurés pour préserver la mémoire de ces « sentinelles des prairies ».
Une des sentinellesLa voie ferrée de chargementLe déclinSilos modernes
Et, voilà, à l’heure où vous lirez ces lignes, si vous n’êtes pas trop en retard par rapport aux publications, nous serons dans la province peu prononçable de la Saskatchewan, dont la plus grande ville s’appelle Saskatoon. Peut-être la patrie de Roger Rabbit ? Merci de nous lire et à bientôt !
Depuis North Bay, nous longeons le Lac Nissiping dont je n’avais jamais entendu parler auparavant alors qu’il est pourtant 1 fois et demie plus grand que le Lac Léman, le plus grand d’Europe. Mais ce joli lac devient ridicule dès que l’on parvient un peu plus loin au Lac Supérieur, 94 fois plus grand que le Lac Nissiping… De Sault-Ste-Marie à Thunder Bay, il va nous falloir plus d’une semaine pour parcourir sa rive canadienne d’est en ouest. Mais commençons par là où nous nous étions arrêtés.
Diogénial ?
Tout à fait par hasard, nous sommes passés à North Bay devant cette maison étonnante, accumulant à l’excès (et le mot est faible) une foule d’objets hétéroclites, à mi-chemin entre le pop’art et la déchetterie. Le propriétaire, Daniel Séguin, explique sur YouTube, comment il a constitué cette collection depuis 25 ans, en hommage à son père qui poussait loin la décoration de Noël devant sa propre maison et lui demandait d’observer avec lui la réaction des passants : « Regarde, je leur ai donné de la joie ! ». Daniel a lui-même commencé son œuvre au moment de Noël, avant de l’enrichir au fil des fêtes suivantes. Il revendique vouloir embellir la ville et attirer des touristes, mais naturellement cela ne plait pas toujours à ses voisins ni à la ville qui lui a intenté plusieurs procès. Mais la collection poursuit sa croissance, à tel point que notre artiste, manquant de place, a dû acheter la maison voisine. Avec un voisin comme lui, le prix avait peut-être chuté. Gageons qu’il finira par acquérir tout le quartier. Il s’est d’ailleurs présenté aux dernières élections municipales, c’est un signe !
Maison Daniel SeguinFaçade 1Façade 2AccueilEntrée
La côte publique
Nous suivons pendant une journée la rive nord du Lac Huron. Une jolie route côtière peu urbanisée qui nous fait réaliser à quel point nos routes françaises sont éloignées des plans d’eau dont les abords sont largement privatisés. Il semble ici que la nature soit privilégiée, règlementairement du moins. Pour le plaisir de nos yeux.
Places assises publiques au bord du Lac Huron
Loon et thune
La petite ville d’Echo Bay est fière de son résident célèbre, Robert-Ralph Carmichael et le fait savoir en arborant une réplique géante du premier dollar canadien, dont il a dessiné la gravure en 1986. L’esquisse du peintre n’avait pourtant été retenue qu’en seconde position au concours organisé par la Monnaie Royale Canadienne. Mais le moule de l’œuvre initialement choisie ayant été perdue lors du transport, pour ne pas courir de risque de contrefaçon, c’est le canard de M. Carmichael qui a été finalement reproduit à des milliards d’exemplaires. La pièce a été surnommée « huard » par les francophones (l’espèce de ce canard plongeur présent partout au Canada) et « looney » ou « loonie » par les anglophones, loon étant la traduction de huard. La statue d’Echo Bay, reposant sur un piédestal en pierres locales, a également été réalisée par le peintre. On n’est jamais si bien servi que par soi-même !
Le dollar géant, appelé aussi « huard », « loonie » ou « looney » AnecdoteDétail du socle en pierres localesnotamment ce conglomérat ressemblant à une glace parsemée de morceaux de cerise
P.S. Le huard aurait le cri d’un fantôme. A vous d’en juger en l’écoutant ci-dessous :
Le lac de tous les superlatifs
Depuis la petite ville de Sault-Ste-Marie, nous avons commencé à longer le Lac Supérieur. La rive d’en face s’écarte rapidement pour disparaître bientôt à l’horizon et le lac se présente alors dans toute son immensité, cumulant les records :
C’est le plus grand lac d’eau douce du monde, avec ses 82 000 km², soit le double de la surface de la Suisse par exemple. S’il vous prend l’envie d’en faire le tour, le sentier qui le borde dépasse les 4 000 km, bon courage !
C’est le plus profond des Grands Lacs, atteignant un maximum de 406 m. Car il est né d’un rift, c’est-à-dire de l’éloignement de plaques tectoniques. Son fond initialement abyssal et en fusion a été peu à peu recouvert de sédiments.
Contenant 12 billiards de litres, il représente à lui seul 10% des réserves d’eau douce en surface de la planète. Le Canada est par ailleurs le pays du monde qui a la plus grande réserve d’eau douce par habitant, soit plus de 78 000 m3/habitant/an, contre 3 247 pour la France. Cela explique peut-être qu’ils boivent un peu moins d’alcool que nous ?
C’est le plus froid des Grands Lacs, avec une température moyenne à sa surface de 4,4°C. Les moins frileux pourront toujours s’y essayer à la baignade au mois d’août lorsqu’il culmine à 14,5°C.
Le Lac Supérieur, une vraie mer intérieure
L’oie de Wawa
Pour les jeunes ou moins jeunes qui ne connaîtraient pas le sketch culte « Ouï dire » de Raymond Devos, retrouvez-le en cliquant sur ce lien. Ce pourrait être ici à Wawa que, comme dans l’œuvre de notre humoriste national, « l’oie de Louis a ouï ce que toute oie oit ». Le nom de la ville a été attribué par les Obijwés, une des premières nations du Canada et signifie « pays de la grande oie ». Quoi de mieux pour le promouvoir que d’ériger cette grande statue de 8,5m de hauteur, bien visible de l’autoroute et invitant les touristes à en sortir pour visiter la ville. A noter que le volatile initial, installé en 1963, a dû être remplacé en 2017 en raison de la rouille qui le rongeait et du risque conséquent d’effondrement sur un ou plusieurs des 60 000 visiteurs venus partager un selfie avec lui. 300 000 dollars canadiens ont été dépensés pour l’opération, soit 150 dollars du kilo pour cette statue de 2 tonnes. Contre 4 dollars le kilo pour la précédente. Quand on vous dit que la viande coûte de plus en plus cher !
Wawa, cité des oiseauxL’oie en questionInévitablesproduitsdérivésEt une dernière pour la route !
Erratum
La version ci-dessus est celle de nos guides et d’un recoupement de plusieurs sites Internet dont Wikipédia. Après l’avoir écrite, en triant mes photos, je relis attentivement le texte des pancartes apposées par la ville sous la statue. Pour la petite histoire, je ne les ai pas lues immédiatement car nous subissions une attaque en règle de moustiques, j’ai juste dans un premier temps photographié les informations pour les lire à l’abri de nos moustiquaires. Ces pancartes nous apprennent que si le nom « wawa » a bien été attribué par les Objiwés, il signifiait « sources d’eaux claires ». Rien à voir avec les oies donc. Le mot aurait été mal traduit par les premiers européens arrivés sur place et confondu avec « wewe » qui signifie « oie sauvage » dans la langue indienne, et qui collait somme toute assez bien à cette ville située sur le point de passage de la migration saisonnière des oies entre la baie d’Hudson et le sud-ouest des États-Unis. Lorsque la construction d’une statue a été décidée pour l’inauguration du dernier tronçon de la route transcanadienne en 1960, c’est bien l’oie qui a été choisie par les officiels pensant que l’oiseau était la vraie origine du nom de la ville, faisant bien rire les locaux qui connaissaient la vérité. Cette première statue, faite de plâtre appliqué sur une armature en grillage, n’a tenu qu’un an face au climat rude de la région et a de l’être remplacée en 1963. L’oie actuelle est donc la 3ème œuvre et non la seconde. Comme quoi il faut toujours vérifier ses sources et n’accorder qu’une confiance limitée à Wikipédia.
Pancarte n° 1Pancarte n° 2
Chute, on dort !
Ce n’est pas Niagara mais on peut se garer et passer la nuit au pied des chutes Magpie High Falls, près de Wawa, et nous ne nous en sommes pas privés. Nous avons pu observer en soirée l’eau qui déferlait sur 38 m de large et 23 m de hauteur, dans un vrombissement qui, pensions-nous, nous bercerait la nuit. Eh bien nous n’avons pas entendu grand-chose, attribuant cela à l’efficacité de l’isolation sonore de Roberto. Mais au petit matin, il fallut se rendre à l’évidence devant le pipi de chat qui s’écoulait alors devant les rochers : les chutes avaient été coupées pendant la nuit ! Le débit reprenant toute sa vigueur une heure plus tard, nous pouvions imaginer qu’une sorte d’extinction des feux avait été mise en place par la ville pour permettre à ses visiteurs de passer une nuit tranquille. Mais l’explication la plus probable est davantage liée aux manœuvres d’une usine hydro-électrique placée en amont pour réguler sa production d’énergie.
Un joli endroit pour dormir, non ? (et nous étions encore tout seuls)Dimanche soir au coucherLundi matin au lever
C’est une fille !
J’aurais pourtant parié que l’ourson le plus célèbre de Disney était de sexe masculin. Heureusement, de passage dans sa ville natale de White River, j’ai pu me rendre compte de mon erreur : Winnie était bien une oursonne. Elle a été vendue par un trappeur à un vétérinaire de cavalerie canadien provenant de Winnipeg et en partance pour Londres au tout début de la 1ère guerre mondiale. Affecté sur le front français, celui-ci a préféré laisser son oursonne au zoo de Londres. On laissait apparemment jouer quelques enfants avec, dont le jeune fils d’un écrivain qui baptisa ensuite ses peluches du nom des animaux du zoo. Le père, Alan Alexander Milne en a tiré l’histoire que vous connaissez en 1926 et que les studios Disney ont adaptée bien plus tard. Le vétérinaire est retourné vivre au Canada sans récupérer son ourse. On ne sait pas s’il a eu connaissance du roman tiré de cette histoire.
Winnie dans son arbre à White RiverA l’âge où elle a été récupérée (6 mois), Winnie devait ressembler à çaLa vraie Winnie avec son vétérinaireLà non plus, les produits dérivés ne manquent pas
Quatre pour le prix d’une
Les rives canadiennes du Lac Supérieur, déjà majoritairement en zones naturelles, comptent en outre 7 parcs naturels protégés, dont 6 sont gérées par la province de l’Ontario et 1 par l’état canadien. C’est ce dernier que nous sommes allés voir, guidés essentiellement par la clémence de la météo. Il s’agit du Parc National de Pukaskwa, une immense réserve qui ne compte que 4 km de routes pour une surface de 1 878 km². Écartant d’emblée le sentier côtier et ses 65km et sa version en canoë de longueur identique, écartant aussi les descentes en canoë sur les rapides qui sont assez techniques et se font sur plusieurs jours, nous nous penchons sur les randonnées qui entourent le centre d’accueil des visiteurs. Incapables de choisir entre les 4 parcours proposés, nous décidons de les suivre tous. Et nous ne regretterons pas notre choix car cette balade d’un peu plus de 8 km nous fera passer par des zones très variées, aussi bien des chemins forestiers ou lacustres munis de passerelles en bois aux endroits délicats que des parcours sur des rochers au sommet de petites falaises en passant par des plages aussi couvertes de bois flotté que pauvres en visiteurs. Un fait notable est l’absence de toute signalisation directionnelle à l’exception des départs ou croisements de sentiers. Aucune trace de peinture ne souille ainsi les roches ou les arbres. Nous avons parfois hésité sur la route la route à suivre, mais sans jamais nous perdre. Un grand bol d’air dans cette région magnifique. A noter le droit d’entrée modique, un peu moins de 5 € pour la journée, que l’on suive le sentier de 65 km ou bien le plus court qui n’en fait qu’un.
Le paysage à l’état purSentiers de toutes sortes, mais jamais balisésPlages quelque peu encombréesDu bois flotté à profusionGravure naturelle