124. Bosnie II

Nous revoici donc en Bosnie, et plus particulièrement en Herzégovine, la province la plus au sud du pays dont la capitale régionale est Mostar, la ville la plus visités après Sarajevo. En fait, la majorité des visiteurs du pays se contentent de ces deux villes, ce qui donne une vision vraiment très partielle du pays.


Mostar

1. Les cicatrices de la guerre

Après cette dizaine de jours en Croatie, le contraste saute aux yeux : en dehors du quartier historique qui a manifestement été restauré, la ville – comme Sarajevo d’ailleurs – reste très marquée par la guerre des années 1990. Le conflit a-t-il été plus sévère ici ? Le pays a-t-il moins de moyens pour se reconstruire ? Souhaite-t-on ici ne pas effacer trop vite les traces pour ne pas oublier que tout peut repartir à tout instant ?



2. De la couleur dans la ville

Mostar se rénove peu à peu, et certains quartiers ont été doté de superbes muraux pour sortir de la grisaille ambiante. C’est très réussi.


3. Le business du vieux pont

Centré sur le célèbre pont, symbole de la ville, ce quartier semble avoir été épargné par la guerre. Il a en fait été totalement reconstruit, jusqu’au pont lui-même que les habitants ne croyaient pas pouvoir récupérer. Les petites rues pavées de motifs géométriques, la vieille mosquée, les maisons classées, les plongeurs qui sautent du pont dans l’eau glacée, ont en apparence attiré tous les capitaux pour la réhabilitation, et forcément tous les touristes. Ce quartier que privilégient les vacanciers et tour-opérateurs, avec ses bars bruyants, ses restaurants très moyens et ses boutiques de souvenirs à gogo, c’est celui que j’ai le moins apprécié, pour cause d’envahissement et de perte d’authenticité. Mais bon, le business c’est le business.


4. Descente de Lee

Afin d’éviter aux jeunes de la ville de sombrer dans les conflits de religion, une association locale s’est proposée de leur ériger la statue d’une célébrité qui leur conviendrait à tous, musulmans, catholiques, juifs ou orthodoxes. Le résultat du vote a été des plus étonnant : c’est l’acteur américain Bruce Lee, spécialiste du Kung Fu, qui a dominé tous les suffrages, et dont l’effigie en bronze grandeur nature a été placée en 2005 dans un parc de la ville. Forcément, ça n’a pas plu à tout le monde, il y a eu plusieurs tentatives de vandalisme, des déplacements de sécurité, une disparition mystérieuse finalement attribuée à une restauration volontaire par le sculpteur, avant un dernier positionnement dans un jardin public où la star des arts martiaux faisait le bonheur des promeneurs depuis 2013. Nous ne pouvions rater un tel symbole, mais sur place, impossible de trouver la silhouette familière. Nous avons juste fini par trouver le piédestal libre de tout occupant, si l’on excepte des gamins y faisant circuler des petites voitures. Renseignement pris, la statue avait de nouveau disparu 2 semaines seulement avant notre passage ! Les réseaux sociaux s’émeuvent, la police enquête, et l’on finit par retrouver notre pauvre Bruce Lee démembré, apparemment victime d’un ferrailleur désargenté. Pas sûr que la star s’en remette. 


5. Hommage en cascade

Il a été demandé à un célèbre architecte local de concevoir un mémorial aux partisans yougoslaves morts pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le résultat est surprenant, reproduisant en béton une vaste cascade et un torrent, sur lesquelles sont parsemées des pierres tombales en forme de pièces de puzzle.


6. And the winner is…

Le plus chouette à Mostar, c’est l’environnement. Traversée par la tumultueuse rivière Neretva, la ville est entourée de sommets, dont l’un d’eux nous hébergera pour la nuit. Près d’une petite zone touristique aménagée avec tyrolienne, bar panoramique et plateforme qui s’avance au-dessus du vide pour mieux apprécier le panorama et le slogan écrit en pierres visible de toute la ville. Il affiche aujourd’hui « BiH WE LOVE YOU ». Les 3 lettres signifiant Bosnia i Herzegovina ayant remplacé le « TITO » initial.



Le monastère des Derviches de Blagaj.

Les Derviches, une branche mythique de l’Islam, avaient sans doute besoin d’un challenge pour construire leur monastère. La falaise dans laquelle ils l’ont inclus en 1520 est surplombante et largue régulièrement des rochers sur l’édifice, reconstruit à de multiples reprises. La rivière au bord de laquelle ils l’ont placé, sortant d’une grotte, crée régulièrement des dégâts en débordant. Mais ces moines sont d’une grande tolérance et accueillent volontiers les visiteurs de toutes les confessions, moyennant une petite obole bien sûr. L’endroit est éminemment photogénique et d’un calme relaxant. Enfin nous y étions avant l’heure d’ouverture des restaurants, ceci explique peut-être cela.



Le confluent de la Buna et de la Neretva.

La première prend sa source sous le monastère de Blagaj et, paisible, se jette en petites cascades dans la seconde, tumultueuse, étonnamment canalisée dans la roche à cet endroit. Quand on sait que le débit moyen de ce fleuve est de 250 m3 par seconde, on imagine que le courant doit avoir une sacrée force !


Zitomislici

Ce monastère sur notre route était prometteur : comme beaucoup de lieux de cultes orthodoxes, il était parait-il couvert de fresques de toute beauté. Malheureusement, un évènement officiel était prévu lors de notre passage, 2 voitures noires de vigiles sont venues se garer à côté de Roberto et nous ont demandé de partir. On aurait peut-être du faire le coup de la panne ou de l’anglais de collégien, mais ils n’avaient pas l’air de rigoler, alors nous avons obtempéré…


Pocitelj

C’est une ville toute en pierre et toute en pente, dont on apprécie mieux l’architecture en grimpant jusqu’à sa forteresse par des escaliers bien raides. On plaint les gens qui devaient monter les packs d’eau au XVème siècle.



Stolac

On vient y voir en général les nombreux moulins qui se succèdent sur la rivière Bregava traversant la ville, et, en saison, on se baigne volontiers sous ses jolies cascades. Vu la grisaille et les températures fraîches, nous nous sommes contentés de la balade.


Les stecci de Bjelojevici

La Bosnie compte 22 sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO pour ses stecci, des tombes médiévales d’un genre particulier, gravées de motifs décoratifs encore peu expliqués aujourd’hui. On y trouve aussi bien des motifs géométriques que des soleils, des croissants de lune, des armes ou encore des scènes de chasse. Et plus rarement des inscriptions en cyrillique du genre « Je n’étais déjà pas grand-chose maintenant je ne suis plus rien » ou « Pas touche à mon caillou ». Un sens de l’humour à faire regretter cette époque. Les tombes de Bjelojevici étaient en accès libre, en plein milieu de la nature. Nous avons dormi dans le coin pour profiter de la tranquillité absolue.



Le monastère de Tvrdos

Oui, nous aussi nous avons du mal avec la prononciation. Et encore je vous simplifie la vie, je ne mets pas les accents. Ce monastère serbe orthodoxe date du XVème siècle et il semble parfaitement entretenu. En tout cas l’intérieur est exquis. Les vignes et les oliviers dans les jardins tout autour laissent penser à une production locale des moines. Mais si les bouteilles de vin et d’huile d’olive présentées dans l’immense boutique portent toujours la marque du monastère, il est évident que le petit domaine ne peut pas assurer une telle production. On ne sait pas non plus si ce sont les moines qui ont aménagé le parking pour les bus des tours opérateurs ni rempli les rayons de la boutique de bondieuseries, mais apparemment les affaires marchent. Après tout tant mieux pour eux. Un truc intéressant, si j’ose dire, c’est la main momifiée d’Hélène d’Anjou dans un coin du monastère. Lorsque son père a accepté de donner sa main au roi serbe Stefan Uros Nemanjoc, il n’imaginait certainement pas une fin aussi macabre.


Trebinje la méridionale

Cette ville est la plus au sud de la Bosnie, peuplée principalement de Bosno-Serbes. Elle fait partie d’ailleurs de la République Serbe de Bosnie. C’est compliqué là-bas. Proche de l’Adriatique, elle en récupère le climat doux et ensoleillé avec 260 jours de soleil par an. Elle est toute proche d’ailleurs de Neum, la seule ville maritime du pays (la Bosnie ne compte que 21 km de côtes, enclavées entre 2 territoires croates). Nous avons trouvé Trebinje plutôt agréable avec son étonnant pont de pierre déplacé pour cause de construction de barrage à 7 km de la ville alors qu’il en était distant de 15 (mais alors pourquoi pas directement en ville ?), son opulente cathédrale orthodoxe et des célébrités peintes dans tous les coins de rues.

Ah au fait, Trebinje, qui se prononce « trébinié », tirerait son nom de Napoléon qui, lors de son passage aurait trouvé la ville « très bien ». On s’étonne tout de même d’un vocabulaire aussi pauvre de la part de l’empereur.


La Bosnie, c’est fini

Ce spot où nous passerons la nuit peu avant la frontière avec la Croatie était notre dernière étape en Bosnie-Herégovine. Nous aurons vraiment beaucoup apprécié ce pays qui nous a surpris à bien des égards et touché par son histoire fragile, le tout dans des décors grandioses et sauvages.


Dubrovnik n’est qu’à 33 kilomètres de là. Nous allons la découvrir en famille. Avons-nous gardé le meilleur de la Croatie pour la fin ? A suivre au prochain épisode !

106. La fin des haricots

Eh oui, notre périple Nord et Centro-Américain se termine. Nous avions certes décidé initialement de franchir le Darien Gap par voie maritime, la seule possible pour un véhicule, pour poursuivre notre périple en Amérique du Sud. Et puis plusieurs éléments nous ont fait changer d’avis. En premier, les caprices de l’électronique et des systèmes antipollution de Roberto, qui risquent de s’accentuer avec les hautes altitudes de la cordillère des Andes et la piètre qualité du diesel dans certains pays. En second vient le facteur temps, dans plusieurs sens du terme : comme nous avons un peu traîné, nous risquons d’être à la fois en plein dans la saison des pluies en Colombie ou au Pérou et un peu justes pour arriver vers Ushuaia entre décembre et février, la période la plus propice. En dernier vient, avouons-le, le côté un peu répétitif de la culture latino-américaine, qui fait que les changements ne sont pas énormes d’un pays à l’autre même si tous gardent leur particularité. Et quand on dit culture, cela inclut l’alimentation. Nous sommes lassés de ne trouver dans la majorité des restaurants que des viandes frites accompagnées de riz et de haricots rouges.

La fin des haricots ?

Après plus de 50 000 km parcourus sur ce demi-continent, nous allons repasser par l’Europe. Pas « rentrer » comme certains nous disent, car se sera juste dans la continuité de notre tour du monde. Un « petit » périple en Europe du Sud avant de repartir loin, peut-être vers l’Australie et la Nouvelle Zélande. L’Amérique du Sud, ce sera pour plus tard. Et financièrement, ce n’est pas aussi pénalisant qu’il n’y parait, le shipping entre le Panama est très cher, presque le double que pour aller en Europe alors que le trajet est douze fois plus court. Mais pour l’instant, profitons du Panama, il nous reste une quinzaine de jours avant de quitter le pays.

El Valle de Antón

C’est dans ce cratère volcanique, le deuxième plus grand au monde après celui de Yellowstone, situé à 600 m d’altitude, que viennent se reposer les « capitaleños », nom donné aux habitants de la capitale située à seulement 2 heures de route. Ils viennent y chercher un peu de fraîcheur (tout est relatif) et y pratiquer des activités en extérieur. Nous avons donc suivi leur exemple, nous nous sommes mis au vert quelques jours avant de gagner Panama City.

El Valle de Anton depuis la India Dormida
El Valle de Antón. Tiens, ça m’en rappelle une autre, réservée aux cinéphiles avertis : M. et Mme Mavallée ont 2 filles… Comment se prénomment-elles ? (réponse en légende des photos suivantes)

◊ Le centre-ville

C’est une longue rue principale bordée de boutiques, de restaurants, de petits hôtels, de supérettes, d’un marché permanent et même de voitures-boutiques sur le capot desquelles on vend directement la marchandise. Tout y est à échelle humaine, les bâtiments ne dépassent pas un étage et sont relativement dispersés, laissant une part honnête à la nature. Des routes secondaires s’en éloignent, desservant les habitations plus ou moins riches puis les sentiers de randonnées. La ville recense plusieurs centaines de retraités de nationalités multiples, attirés là par le climat printanier permanent.

Z
Z
Sur les allées latérales, des demeures de toutes sortes, simples aux couleurs locales ou plus huppées, mais toujours dans un environnement plus que verdoyant
Z
Les « voisins vigilants », ça marche ici aussi. Gare au lion qui veille !

◊ Le sanctuaire des grenouilles dorées

Cette petite grenouille de 3 à 5 cm de long ne vit qu’ici, à El Valle, où l’on sauvegarde les derniers représentants de l’espèce menacée d’extinction (elle a été filmée pour la dernière fois à l’état sauvage en 2007). Elle est principalement victime, comme d’autres batraciens, d’un champignon mortel pour cette espèce, mais aussi d’un autre parasite appelé « Homme » qui détruit et pollue son habitat. Pour la petite histoire, le centre qui les recueille est situé juste à côté d’un hôtel. Les travaux ayant pris du retard, deux chambres de l’hôtel (Campestre) ont été réquisitionnées pour héberger 300 grenouilles, avec service d’étage à la clef, jusqu’à la mise en route définitive du centre. Le gouvernement panaméen a décidé d’en faire un symbole national, en votant que le 14 août serait la journée nationale de la grenouille dorée. Sera-ce suffisant pour sauver l’espèce ?

Z
La grenouille dorée panaméenne, hôte VIP de l’Hôtel Campestre

Le centre ne se visite pas, à l’exception d’un petit bureau d’accueil qui possède quelques vivariums, présentés par des naturalistes qui n’hésitent pas à mettre la main euh à la patte pour nous montrer quelques spécimens intéressants. Comme par exemple cette grenouille transparente dont on voyait battre le cœur dans la poitrine.


◊ Les arbres carrés

Ces arbres sont aussi une espèce endémique d’El Valle, on ne les voit nulle part ailleurs dans le monde. Et d’ailleurs ceux qui ont tenté de les faire pousser ailleurs n’ont pu que constater un tronc circulaire. L’arbre appelé Quararibea asterolepis semble pourtant assez commun du Brésil au Costa Rica, mais il ne pousse carré qu’ici. Un vrai mystère ! Pour les découvrir, il faut emprunter un petit chemin près de l’Hôtel Campestre, celui qui a hébergé les grenouilles dorées, et marcher une petite demi-heure dans une forêt, en traversant de petites passerelles au-dessus d’un torrent. Après, difficile de les rater, ils sont munis soit d’un ruban, soit d’une pancarte. Carrément.

A
C’est parti pour une randonnée à la rencontre des arbres carrés, avec notre guide improvisé. « Il aime se balader avec les gens » nous a dit le gardien à l’accueil !
Sentier agréable dans la forêt le long d’un torrent, avec quelques passerelles pas trop rouillées.
A
De jolis bancs bleu délavé permettent de se reposer. Le chien préfère la méthode Rika Zarai pour se rafraîchir !
Nous arrivons dans une clairière avec des arbres à la base plutôt triangulaire…
B

Et puis les voilà enfin ! Clairement identifiés au cas où l’on aurait des doutes

A
Z
Petite pause bien méritée au retour sous l’oeil vigilant de notre ange-gardien

◊ La Piedra Pintada

C’est un gros caillou accessible avec un bracelet rose qui témoigne que vous avez bien acquitté le droit d’entrée. 3 dollars qui vous donnent droit à acheter des souvenirs aux stands du couloir d’entrée, à déraper sur la boue qui traîne sur le chemin, à barboter sous l’une des cascades qui le jalonnent, à vous faire éclabousser par les autres et enfin à décrypter les pétroglyphes qui ornent l’une de ses faces, régulièrement soulignés de craie par les locaux, faute de quoi ils seraient moins apparents et risqueraient de déclencher un réflexe de demande de remboursement. On n’est apparemment sûr de rien pour ces dessins gravés. Ni de leur ancienneté (sauf pour l’inscription « Bob was here 2004 » qui n’a pas besoin d’être datée au carbone 14*) ni de leur signification. Certains parlent d’une représentation cartographique régionale du conflit entre les autochtones et les espagnols, mais s’il ne fait aucun doute que le conflit a bien eu lieu, comme partout ailleurs en Amérique, rien ne prouve qu’il ne s’agit pas du dessin d’un gamin du coin ayant représenté la tête de sa petite sœur atteinte de la variole.   


◊ La India Dormida

Ayant eu pendant 25 ans, lorsque nous habitions à St Gervais, l’Indien Endormi de la chaîne des Aravis sous nos yeux, nous n’avons pas été plus surpris que ça de trouver une compatriote allongée sur le bord du cratère d’El Valle. Une amérindienne fille de chef tombée amoureuse d’un conquistador. Le prétendant n’a pas supporté et s’est donné la mort. L’indienne bannie par son peuple est allée se réfugier dans la montagne, s’y est allongée pour toujours, imposant sa silhouette en permanence aux habitants du village et offrant son corps à parcourir à tous les randonneurs de passage. Une belle revanche finalement. Et un joli spectacle panoramique au sommet pour ceux qui se donnent la peine de réaliser l’ascension. De plus, ça ravira mon fils, passionné d’histoire de la guerre, de savoir que je suis monté au front.

Z
La voyez vous cette belle indienne endormie avec sa chevelure verte ondulante ?
L’ascension se fait par le bras gauche (il parait qu’elle n’a pas de bras droit, mais chut !)
Z
Le front est un peu plus dégarni mais offre une vue plongeante et panoramique de toute beauté
Z

◊ Une histoire à dormir de boue

Quoi de mieux après une longue randonnée en pleine chaleur qu’un bon bain chaud ? Et comme nous sommes ici dans le cratère d’un volcan, devinez quoi, on trouve quelques sources thermales. Les Pozos Termales d’El Valle sont à courte distance du centre-ville. Les installations sont rudimentaires, quelques bassins de taille modeste emplis d’une eau couleur ocre de 34 à 38°C et richement minéralisée. Mais avant de s’y plonger, il est recommandé d’appliquer sur le visage, ou plus si affinité, un petit pot de boue que l’on vous remet à l’entrée, et de le laisser sécher avant de tout rincer et de profiter enfin du reposant Graal aquatique.


Panama City

Nous avons troqué les vertes montagnes de notre cratère contre les tours bétonnées de la capitale. Un passage utile, pour ne pas dire nécessaire, à notre prochain shipping (je reviendrai plus tard sur ces formalités) auquel nous joindrons j’espère l’agréable, la mégapole possédant tout de même quelques attraits touristiques.

Z

◊ Panama Viejo

Afin de commencer par le commencement, nous visitons d’abord Panama Viejo, les ruines de la ville initiale, construite dès 1519, la toute première bâtie par les Espagnols sur la côte Pacifique de l’Amérique. Entre les conflits avec les autochtones, qui ont défendu bec et ongles leur territoire et leur culture avec la fin malheureuse que l’on connaît, les nombreuses attaques de pirates qui savaient bien que l’or du Pérou transitait par cette ville pour aller en Espagne, les incendies et les tremblements de terre, le site fut jugé insécure et la capitale fut transférée à 8 km de là, renaissant dans le quartier appelé actuellement Casco Viejo en 1671.

Z
Maquette de Panama Viejo telle qu’elle était au XVIIème siècle

Panama Viejo est désormais, malgré ses 500 ans à peine dépassés, un site archéologique classé. Il reste peu de choses de la ville initiale, les habitants s’étant largement servi dans ses murs pour reconstruire la nouvelle ville, mais les travaux de réhabilitation et les panneaux explicatifs permettent d’imaginer la ville telle qu’elle était avant son brutal déclin. La tour de la cathédrale, réaménagée en observatoire, permet d’apprécier le site vu de haut avec la skyline de la City en toile de fond, et de mesurer du coup le contraste saisissant de l’évolution de la technologie et de la civilisation en quelques siècles seulement. Un musée permet de compléter ses connaissances dans une fraîcheur bienvenue (40°C ressentis à l’extérieur).

Z
Z
La cathédrale, dont le clocher en cours de restauration permet d’aller observer le site de haut
Y
Joli panorama en effet. Un dessin au-dessous permet d’imaginer la ville du même point de vue autrefois
Z
Z
La nature est un peu préservée en plein coeur de la ville. Nous avons bien aimé cette visite !

Y
Le parking du site archéologique n’est pas prévu pour y passer la nuit. Mais nous avons tout de même tenté notre chance auprès de l’agent de sécurité. Après un refus initial et des échanges sympathiques sur notre parcours, Carlos a finalement accepté. Après, il est venu rediscuter à plusieurs reprises et est même venu nous demander le lendemain matin si nous avions bien dormi ! Ce qui était le cas avec le site pour nous seuls, une petite brise de mer rafraîchissante et une jolie vue sur la skyline de Panama City en prime
Z

Organisation du shipping

Ah le bon temps des traversées en ferry des fjords de Norvège, où l’on montait directement sur le pont du bateau nous attendant au bout de la route et où l’on débarquait de l’autre côté sans avoir montré le moindre papier ni sorti le moindre argent (la plaque minéralogique était scannée et le montant débité de notre carte bancaire quelques semaines plus tard).

Z
Traversée en ferry du Bjørnafjorden (Norvège) en route vers Bergen en septembre 2021

Ici Roberto va quitter un pays pour un autre, un continent pour un autre pour un parcours de plusieurs semaines, une tout autre logistique.

◊ Choix du mode de transport

La première étape a été de choisir le mode de transport parmi 3 possibles : le container, le flat rack et le RO-RO. La première était à la fois la moins chère et la plus sécuritaire, à condition de trouver un partenaire pour partager le container, la recherche ayant été faite par les réseaux sociaux et un prestataire panaméen. La seconde nécessitant également un partage, était la solution la plus sécuritaire pour un véhicule ne tenant pas dans un container même réhaussé (2,58m de hauteur maximum). Faute d’avoir trouvé à temps quelqu’un pour partager avec nous, nous avons dû nous rabattre sur la 3ème solution, le Roll on – Roll off, alias RO-RO. Au lieu d’expédier le véhicule verrouillé, on confie ici les clés au transporteur pour qu’il puisse le conduire lui-même dans et hors du navire. Et quand tout est ouvert, les véhicules sont malheureusement souvent fouillés et dépouillés, ce qui nous est arrivé à l’aller. Nous avons choisi cette fois de ne rien barricader et de transporter avec nous dans l’avion le plus de biens possibles.

A
Choisir entre container, flat rack et RO-RO… quand c’est possible !
Z
C’est finalement sur un navire de ce type, de la compagnie Wallenius Wilhelmsen, que Roberto va voyager

◊ Choix du transitaire

Une fois le transport déterminé, nous avons fait faire des devis, assez facilement puisque tout se fait en ligne. Entre IVSS, Seabridge et Overland Embassy, c’est la première compagnie qui s’est révélée la plus intéressante. Après, ce sont des échanges de courriels et de documents, la procédure est plutôt bien organisée. On met à notre disposition, moyennant rémunération, un agent portuaire qui nous guidera dans toutes les étapes sur place.

Z
Page d’accueil de la compagnie IVSS

◊ Le certificat de non-gage

Côté paperasse, le plus pénible au Panama est l’établissement de notre équivalent de certificat de non-gage. Mais alors que chez nous l’opération se fait simplement en ligne, il faut commencer là-bas par faire vérifier l’identité de son véhicule, 2 à 3 jours ouvrables avant la date de dépôt au port.

Et il faut y être de bonne heure, entre 6 h et 7h30 du matin, car ils ne vérifient que les véhicules arrivés dans cette tranche horaire-là et pas plus de 25 par jour ! Afin d’assurer nos arrières, nous sommes arrivés à 5h45, il faisait encore nuit, sur un terrain vague devant un bâtiment à moitié délabré. 30mn plus tard, une porte s’est ouverte et j’ai pu m’inscrire sur la liste d’attente, avec le n°1. L’inspection proprement dite n’a démarré que vers 7h30 (des fois c’est plus tard). Deux agents ont sorti un bureau du bâtiment et l’ont amené sur le terrain vague. Puis les candidats du jour se sont présentés un par un pour faire valider leurs papiers. Seulement une fois que tout le monde a été enregistré, les inspections ont commencé, presque dans l’ordre des numéros (nous sommes passés en 3ème…). Vérification rapide du numéro d’identification du véhicule et de la plaque. Moins de 5mn. Après quoi nous sommes invités à revenir le lendemain 10h pour obtenir le document final. De nouveau quelques papiers à remplir et à photocopier, presque 1 heure d’attente et nous voilà en possession de notre sésame. Il paraîtrait qu’en donnant un gros billet au port on pourrait s’en passer mais chut !

Z
Tout ça pour ça ! Et le papier n’est valable que 8 jours. Si le bateau prend du retard, il faudra tout recommencer !

◊ Préparation de Roberto

Nous allons nous poser dans un petit hôtel sympathique entouré de verdure pour préparer Roberto au shipping. Nous prenons une chambre, ce qui va nous permettre à la fois de dormir au frais et d’avoir les coudées franches pour vider nos placards. Nous avons acheté une valise dans un centre commercial voisin pour emporter le maximum de ce qui nous tient à cœur ou qui est difficilement remplaçable. Pour le reste, la compagnie exige que le véhicule ait l’air « vide ». Donc nous enfermons tout ce qui reste dans les placards. Les réservoirs d’eau doivent être au minimum, et nous ne devons laisser qu’un quart de diesel, ce qui est très frustrant compte-tenu du prix du litre à 80 centimes d’euro !

Z
L’Hôtel Amador Familiar à Panama City ; 33$ la chambre, ça va
Z
Le tableau réservé aux visiteurs dans la salle à manger. Mais où est Charlie ?

◊ Abandon des plantes vertes

Difficile de se rappeler où nous avons acheté ce mignon petit cactus dans un pot de céramique à la forme d’un combi VW, symbole parfait du voyageur nomade. Je dirais entre 6 et 12 mois. Nous l’avons choyé, arrosé avec parcimonie, préservé des chaleurs extrêmes et exposé au mieux, notamment en lui trouvant un petit restant de lumière les moments où nous avons abandonné Roberto sur des longues durées. Nous lui avons trouvé une résistance exceptionnelle, nous nous sommes félicités de notre inhabituelle main verte. Et quand il a fallu préparer Roberto pour la grande traversée, nous nous sommes résolus à lui faire nos adieux, tout importation transatlantique de plantes étant prohibée. Nous avons décidé de le remettre en pleine terre, de lui rendre sa liberté en quelque sorte, dans le jardin du petit hôtel où nous avons séjourné pour les préparatifs. Je dépote, donc et découvre sous une mince couche à l’apparence de la terre un morceau de polystyrène expansé. Géniale solution pour éviter les surplus d’eau pensais-je avant de découvrir une tige verte bien cylindrique se terminant par un bord net. Aurais-je arraché malencontreusement les racines ? Le petit être va-t-il réussir à reprendre après ça ? Et puis j’y regarde de plus près, puis, après un doute, d’encore plus près, avant de réaliser que notre cactus si résistant est …en plastique. Une prouesse d’imitation car j’ai quand même caressé le fin duvet des feuilles plus d’une fois pour vérifier sa santé, mais tout de même, une vraie déception !


◊ Dernier repas entre amis

Nous allons maintenant longer le canal du Sud au Nord pour rejoindre Manzanillo, le port de la ville de Colón où nous devons déposer Roberto. Dommage de devoir aller là alors que notre navire faisait escale à Panama City, mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Avant de rejoindre l’endroit où nous allons passer la nuit, nous devons encore trouver un laveur d’autos pour Roberto, qui doit être exempt de salissures et de boues comme il est précisé dans les consignes. Pas facile un dimanche soir, mais rien d’impossible ici. Notre premier choix sur Google Maps, pourtant marqué « ouvert en ce moment » semble abandonné depuis des lustres. Le second n’est pas à l’endroit indiqué, nous le trouvons grâce à un passant que nous prendrons à bord de Roberto pour nous y conduire, sur sa proposition !

Z
Grand lavage pour Roberto. La poutrelle du toit était bien basse, c’est passé à 2 cm du lanterneau !

Nous retrouvons sur un joli spot près de l’écluse de Gatún, la plus proche de l’Atlantique, une famille française que nous avions rencontrée pour la première fois au Nicaragua. Hasard du calendrier, ils rapatrient leur véhicule en Europe sur le même bateau que nous. Joie des retrouvailles, échanges sur nos parcours respectifs et plus largement sur nos aspirations communes, partage des restes alimentaires puisqu’il ne faut rien laisser de tel dans les véhicules. Bref un repas et une soirée en commun bien sympathiques, dans un cadre idyllique au bord de l’eau (on oubliera vite la musique forte du gros camion venu récupérer un bateau sur le bras de mer, ça n’a duré qu’un temps). Et nous ferons une partie de nos formalités ensemble le lendemain avant de nous séparer pour quelques semaines. Eux partent « tromper le temps » de la traversée en allant visiter la Namibie, super projet, tandis que nous choisissons de rester un peu plus longtemps sur le Panama avant de rejoindre la Belgique. Nous devrions nous retrouver à Zeebrugge mi-juillet.

Z
Merci à Julie (de l’autre côté de l’objectif) pour cette belle photo-souvenir avec Victoria, Wil et Zach.
Si vous voulez suivre leur voyage, ils sont @notre_roadtrip sur Instagram
Z
Notre joli spot au bord d’un bras de mer près de Gatún, avec de belles couleurs au lever du soleil
A

◊ Roberto au dépôt

Nous retrouvons au port notre agent facilitateur qui fera toutes les démarches à notre place, ce qui est bien pratique quand on ne connait pas les lieux ni ne maîtrisons la langue. Après 2 heures de formalités, dont inspection douanière, chien sniffeur de drogue, annulation du permis d’importation temporaire et mention ad hoc sur nos passeports (car il y était écrit que nous n’avions pas le droit de quitter le pays sans notre véhicule), tout est réglé. Nous abandonnons Roberto et repartons à la capitale. Nous le reverrons dans un mois en Belgique. Il va voyager avec le Titus, que nous allons suivre à la trace sur le site marinetraffic.com, et qui est localisé au moment de la rédaction de cet article au large des côtes du Nicaragua.

Z
Roberto à la douane de Manzanillo, avec son copain Las Vegas. Nous les reverrons dans 1 mois

Notre voyage va désormais se poursuivre quelque semaines sans Roberto. Mais pas question de nous laisser aller ! Nous allons rester un peu sur Panama City et, tout en visitant la ville, réfléchir à notre parcours jusqu’à Zeebrugge. Vous saurez ça bientôt. Merci de nous lire !

Parcours Panama
Parcours Panama d’El Valle à Manzanillo via Panama City. En version zoomable ici

73. Le pays de la rose sauvage

Transition entre la région des Plaines et celle des Montagnes Rocheuses, la province de l’Alberta a de quoi attirer les voyageurs avec ses multiples parcs naturels et les paysages à couper le souffle. Son économie principale repose toutefois sur l’agriculture, l’élevage et surtout la production de pétrole. Elle n’est rien moins que la seconde réserve mondiale de pétrole brut, derrière l’Arabie Saoudite. Corollaire pour nous, le diesel à la pompe est l’un des moins chers du pays, en moyenne 1,40 €. De quoi compenser les longues distances à parcourir. Soucieuse de son image, la province a choisi comme emblème sur ses plaques d’immatriculation non pas un puits de pétrole mais une rose sauvage.


L’indien (Walsh)

Le premier village que nous traversons en Alberta s’appelle Walsh. Apparemment, il n’y a rien à voir. Du moins lorsque l’on reste sur le plancher des vaches (ou le bitume des autoroutes dans une version plus moderne). Mais des gens dont c’est la passion de scruter les photos aériennes diffusées par Google Earth ont repéré la tête d’un indien, fort appropriée dans ce pays où les premières nations se battent pour préserver ce qui leur reste de leurs territoires. Tentez l’expérience vous-même en tapant les coordonnées géographiques 50.010611,-110.113422 sur le site ou l’application. Ou regardez simplement la copie d’écran ci-dessous.


Camping 4 (Medicine Hat)

Nous trouvons un coin sympa et plantons la nouvelle tente que nous venons d’acheter chez un marchand indien. Claudie m’aide à planter les piquets – remarquez leur alignement parfait ! – puis, pendant que je décore de quelques assiettes, ma chérie coud nos torchons et serviettes – oui, je sais, il ne faut pas mélanger mais nous n’avions pas trop le choix – pour réaliser la toile.

Bon, vous l’aurez compris, il s’agit d’une blague. Ayons un peu de respect pour le peuple Saami, en l’honneur duquel ce tepee géant a été construit pour les jeux olympiques d’hiver de Calgary en 1988, avant d’être déplacé ici. Peut-être qu’avec ses 65,5 de hauteur il faisait de l’ombre à la tour emblème de la ville ? (voir plus loin)


Défaut de piquant (Lethbridge)

Nous avons fait un détour pour nous rendre dans cette ancienne cité minière charbonnière, non pas pour les vestiges de cette activité, mais pour tenter d’apercevoir des porcs-épics accrochés aux arbres bordant le rivage de la rivière qui traverse la ville. Ce ne devait pas être la saison car aucun n’a montré le bout de ses épines. Nous nous sommes contentés d’admirer le grand viaduc ferroviaire en acier, unique en son genre dans le monde parait-il, et de nous rafraîchir dans la rivière peu profonde. Nous n’étions d’ailleurs pas les seuls en ce jour de canicule, l’activité la plus populaire étant de descendre le cours d’eau sur des bouées de toutes tailles et de toutes formes, du pneu de poids lourd à la licorne géante.


Bisons pas futés (Fort Macleod)

Entre voir ça dans des vieux westerns et être physiquement sur les lieux, cela fait toujours une belle différence. Nous sommes sur le site où il y a 4 800 ans les indiens Black Foot s’organisaient des festins de bisons en les précipitant en masse du haut d’une falaise. En fait c’était leur seul moyen de subsistance. Et la quantité de bisons tués ainsi d’un seul coup, plusieurs centaines parfois, servaient en totalité à nourrir un hiver entier ces populations autochtones.

L’exposition très bien faite nous montre comment les différentes tribus devaient mettre tous leurs moyens en commun pour réussir cette chasse spectaculaire qui nécessitait une coordination et des préparatifs minutieux. A l’aide de cairns, que les bisons évitaient les prenants pour des rochers peu franchissables, des couloirs étaient créés sur les hauts plateaux, menant à un point de chute précis. Certains chasseurs déguisés en bisonneaux attiraient les mères qui pensaient à un animal perdu. D’autres grimés en loups, créaient un état de tension permanent dans le troupeau, afin de déclencher le moment venu la panique finale.

Finalement, ces bisons ont couru à leur perte en se comportant comme des moutons.


Frank Slide Story (Frank)

Le nom de cette histoire rappelle un peu une comédie musicale connue. Mais la musique ici, dans la nuit du 29 avril 1903, ce fut plutôt un énorme roulement de tambour lorsqu’un pan entier de la Turtle Mountain s’effondra en 90 secondes sur la petite ville de Frank qui venait de s’installer imprudemment juste au-dessous. Bravant ainsi l’avertissement des sages indiens qui se gardaient bien, eux, de planter leurs tepees sous la « montagne qui bouge ». Mais l’attrait du travail dans la mine de charbon qui venait d’ouvrir était le plus fort. Et le propriétaire récent de la mine, M. Frank, assurait l’absence de tout danger. On connait la chanson. Elle s’appelle Frank Slide Story. 96 morts et un village rayé de la carte.

119 ans plus tard, nous découvrons la tragédie et les lieux. L’énorme plaie dans la montagne et l’immense coulée de pierres qui couvre les deux versants de la vallée semblent dater d’hier. Plusieurs dizaines de corps restent d’ailleurs ensevelis dans l’éboulis. On surveille désormais la Turtle Mountain comme un volcan, car ses roches très friables menacent de se libérer à nouveau, mais pour l’instant les scientifiques assurent que tout est calme. Comme M. Frank.

Un petit reportage est disponible ici :

Pour finir, nous avons passé la nuit près du site, en choisissant par prudence un emplacement sur le versant opposé et très haut situé. Un joli coin de forêt au milieu d’un troupeau de vaches. Vive la vanlife !


Dîner en ville (Calgary)

La plus grande ville de la province, qui semble avoir totalement oublié son passé olympique, est réputée cosmopolite, et c’est tout à fait en accord avec cet adjectif que nous avons abordé la ville avec une belle rencontre de voyageurs suisses, italiens et franco-canadiens, tous en fourgon aménagé. 3 Fiat Ducato et 1 Mercedes Sprinter que nous avons alignés sur le parking. Une riche et chaleureuse soirée d’échanges en a suivi. Pour certains, c’était une sorte de concrétisation de nos suivis respectifs sur les réseaux sociaux. Merci encore à Blanche et Marielle (@bm.aroundtheworld), Pierre et Pauline (@ras.supernova) et Alex et Serena (@chingonvanlife). J’ai mis les comptes Instagram pour ceux qui s’intéresseraient à leurs parcours de baroudeurs.

Nous avons parcouru en une journée cette ville moderne, dotée de gratte-ciels impressionnants et joliment dessinés, de passages piétons couverts au-dessus des rues, sans doute bien pratiques en hiver, d’intéressantes œuvres d’art urbaines, d’une tour caractéristique et d’un quartier chinois bien établi.


La petite boucle (Canmore)

La ville ça va un temps, nous nous en éloignons rapidement car les montagnes rocheuses toutes proches nous attirent. Nous avons commencé notre mise au vert par un parcours à vélo de 50 km aller-retour en fond de vallée. Très bien pour la mise en jambes, mais pas terrible pour le décor car, malgré les jolis sommets environnants, il longe en permanence l’autoroute. Les cinquante kilomètres aller-retour feraient bien sourire celles et ceux qui ont parcouru la grande boucle au début de l’été, mais ils étaient bien suffisants pour nous. Enfin surtout pour moi car, malgré l’absence d’entraînement depuis des années, j’avais choisi un peu hâtivement un vélo classique. Claudie, plus prudente ou moins téméraire avait renoué avec l’assistance électrique que nous avions testée avec bonheur l’hiver dernier à l’Île d’Yeu.


Les Rocheuses, enfin (Lake Louise)

Après avoir traversé des plaines interminables, nous sommes heureux de voir apparaître les reliefs des Montagnes Rocheuses. Et quels reliefs ! Des sommets aux contours acérés, dépassant couramment les 3000 mètres d’altitude, entrecoupés de glaciers et bien sûr des vallées et des lacs qui vont avec. La route que nous allons traverser, l’une des plus panoramiques de la planète d’après les canadiens – ça vaut ce que ça vaut – s’appelle d’ailleurs la Promenade des Glaciers. Le corollaire de cette nature d’une grande beauté, c’est que nous y avons retrouvé tous les touristes que nous pensions absents. La totalité du Canada semble avoir décidé de passer ses vacances ici ! Et le corollaire des hauts sommets, c’est que ça attire les nuages, et de fait le ciel s’est bien couvert depuis que nous sommes dans le coin.

Notre première étape sur l’Icefields Parkway (c’est la même route que ci-dessus mais les anglophones préfèrent l’appeler comme ça) est le Lac Louise. Randonner autour nécessite de se lever tôt, car le parking d’accès est souvent complet dès 7h30, et c’est encore pire pour le Lac Moraine son voisin dont le parking est clos vers 4h du matin ! Pour les non matinaux, une navette existe, mais il faut la réserver et elle était aussi complète dans notre cas. Pour les non matinaux riches, un service de limousine peut aussi vous emmener au parking. Comme Roberto voulait voir le Lac, nous avons fait un effort et sommes arrivés là-haut vers 6h30. Précaution qui s’est avérée inutile, le mauvais temps annoncé ayant dissuadé pas mal de randonneurs.

Nous avons fini notre nuit sur le parking et pris tranquillement un bon petit-déjeuner avant de nous lancer sur les sentiers à la découverte de ce magnifique lac couleur menthe glaciale. Les photos vous le décriront mieux que moi. Le paysage et le temps pas si désagréable que ça nous ont poussé à parcourir 14 km. Mais on n’est pas obligé d’en faire autant.


Sur la promenade des glaciers (de Lake Louise à Jasper)

Nous nous lançons enfin sur cette route panoramique prometteuse et, malgré un temps toujours un peu mitigé, on peut dire que nous ne serons pas déçus. Du grand spectacle pendant 232 km dans cette longue vallée glaciaire bordée de hauts sommets souvent garnis de glaciers. Des arrêts sont proposés régulièrement, soit pour simplement profiter d’un point de vue, soit pour parcourir une randonnée plus ou moins longue aboutissant sur un point d’intérêt. Parmi les meilleurs, citons :

  • le Lac Herbert, de couleur émeraude, bordé de sapins et reflétant parfaitement les montagnes ;
  • le Lac Bow, qui mérite bien son nom ;
  • le Lac Peyto, avec sa forme en tête de loup, sa couleur bleu turquoise et ses points de vue idéaux pour les selfies
  • le canyon de la rivière Mistayaque où la rivière qui sort du lac Peyto s’engouffre avec furie avant de cheminer calmement, blanche et sinueuse, le long de la vallée
  • le ruisseau Coleman, censé être un repaire à chèvres blanches des montagnes mais que nous avons raté car il n’était pas indiqué
  • la Muraille en Pleurs, une forteresse de roche ou suintent (pas trop fort le jour de notre passage) de multiples ruisseaux
  • le Glacier Athabasca, autrefois accessible dès le bord de la route mais qui se trouve maintenant très haut, reculant de 5 mètres par an, malgré tout encore accessible jusqu’à permettre de marcher dessus
  • et pour terminer cette première journée bien remplie, le petit camping de Jonas, où l’on s’installe et s’inscrit tout seul.

Choc thermique (Jasper et Miette)

La nuit dans le petit camping a été plutôt fraîche, et nous avons anticipé en mettant le chauffage dès le soir sachant que les températures nocturnes descendraient jusqu’à 1°C. Nous avons eu un peu pitié des quelques personnes qui dormaient ce soir-là sous la tente, les espérant néanmoins bien équipées. Grand ciel bleu le matin pour terminer la promenade des glaciers, ça embellissait encore les sommets. Quelques arrêts encore pour admirer d’impressionnants canyons et de tumultueuses cascades, et nous voilà arrivés à Jasper, le point ultime de cette belle route. Nous ne nous arrêtons pas pour autant, notre point de chute du jour étant prévu encore une soixantaine de kilomètres au nord-est de la ville. Il s’agit d’une sorte de village thermal où, entourés de quelques groupes de bungalows, quelques bassins emplis d’eau à 40°C accueillent les touristes du jour venus faire trempette. La source jaillit en fait à 55°C un kilomètre en amont, et nous sommes bien sûr, en thermalistes avertis, allés lui rendre visite, humer sa bonne odeur soufrée et même la goûter. Le chemin passe devant les anciens thermes bâtis en 1938, fermés pour cause de vétusté en 1984. Ici, contrairement à l’Europe, on s’intéresse peu aux vertus médicales de l’eau. La composition n’est en rien affichée et nous avons dû demander pour avoir une composition partielle. Et puis, après un rien d’hésitation, nous sommes allés nous immerger à la fois dans la foule et dans la piscine à 40°C. Nous étions vraiment bien après. Sûrement des vertus cachées à exploiter !


Last but not least (Jasper)

C’est notre dernier jour dans le Parc National de Jasper. Nous quittons de bonne heure le « camping de débordement » – un camping basique avec un minimum de services qui sert de dépannage lorsque les campings classiques sont pleins – de la Rivière Piégeuse (on se demande si c’est pour les poissons ou pour les campeurs) pour arriver avant 9h au parking de notre première randonnée du jour, comme nous l’a recommandé le centre des visiteurs du parc. Nous suivons une jolie route entre montagne et lacs, sur laquelle nous rencontrerons un troupeau de mouflons des Amériques, puis, après avoir garé Roberto, un sentier qui suit d’abord le Lac Maligne avant de s’enfoncer dans la forêt. Ce lac très encaissé est bien plus long que large, 22 km pour 1,5 km au maximum. Il est très touristique et l’ambiance entre queues-leu-leu de camping-cars monstrueux et cars de touristes nous gâche le plaisir. Nous leur laissons les petits bateaux de croisière et les canoës pour tenter de trouver notre bonheur un peu plus loin. Nous reprenons donc la route dans l’autre sens et là, c’est un ours qui traverse tranquillement la chaussée au milieu des voitures. Le plan B pour la randonnée sera le Canyon de la rivière Maligne, au bord duquel on chemine en observant les étroitures et les cascades. Jamais deux sans trois, c’est un cerf de Virginie qui se trouvera sur le bas-côté. 3 animaux sauvages effacent bien 300 touristes, dont très peu ont pu profiter du spectacle d’ailleurs.


C’est avec ce parc national exceptionnel que nous quittons la province de l’Alberta. Nous n’en avons pas fini pour l’instant avec les Montagnes Rocheuses. Nous allons voir à quoi elles ressemblent du côté de la Colombie Britannique. A très bientôt !

72. Le pays des cieux vivants

Nous traversons cette fois la Saskatchewan, province des prairies canadiennes dont la devise, présente sur toutes les plaques minéralogiques, est « Le pays des cieux vivants ». L’auteure aurait été inspirée par l’aspect souvent spectaculaire du ciel de la région, tant par ses levers et couchers de soleil magnifiques que par ses aurores boréales et ses orages impressionnants.

Entrée en matière

Après avoir quitté notre stationnement nocturne sur l’immense parking déserté d’une station de sports d’hiver, après avoir croisé 2 biches, l’une au bord du chemin et l’autre se frayant un chemin au milieu d’un champ de colza, nous passons de la province du Manitoba à celle de la Saskatchewan sans qu’aucune indication ne définisse la frontière.

Nous nous engageons sur une route en terre, longue et rectiligne, côtoyant d’immenses champs de blé et de colza. La couleur jaune vif de ces derniers ressort magnifiquement sur le sombre ciel orageux. Nous pensions suivre une petite route de liaison entre 2 routes bitumées, mais non, le GPS annonce que le prochain virage est dans 55 kilomètres ! Nous voyons arriver de loin les rares véhicules que nous croisons, des poids lourds principalement, grâce au nuage de poussière qu’ils soulèvent. Je m’arrête en bord de route pour photographier l’un de ces véhicules. Mais au lieu de continuer, celui-ci s’arrête, s’inquiétant sans doute d’une éventuelle panne. Je le rassure, reprends la route et retente ma chance pour le camion suivant. Mais il s’arrête de même ! Bon, j’ai quand même ma photo. Un peu plus loin, nous observerons un petit avion qui croise régulièrement la route assez bas pour aller déverser en rase-mottes des produits chimiques (je me doute que ce n’est pas de l’eau) sur les champs. J’hésite à m’arrêter pour le photographier, craignant qu’il n’atterrisse sur la route pour prendre de mes nouvelles, mais il n’en fera rien. Du coup j’ai ma photo aussi !


Regina, capitale verte

Regina avec ses 200 000 habitants n’est pas la ville la plus peuplée de la province, mais c’en est la capitale. Nous avons d’ailleurs visité son parlement. C’est encadré mais gratuit et l’on peut admirer les belles colonnades en marbre de la rotonde centrale et la salle luxueuse où se réunit l’Assemblée législative deux fois par an, 40 jours au printemps et 25 jours à l’automne. Un chouette métier que d’être député saskatchewanais, non ?

Pour le reste, la capitale est plutôt tranquille, dotée d’un grand lac où se croisent kayaks, canards et pédalos, agréablement verte et fleurie avec ses grands parcs où flânent une multitude d’oies dans l’attente de leur migration automnale. Même sur le parking où nous nous étions garés, pourtant proche du centre-ville, plusieurs lapins sont venus nous rendre visite.

L’offre culturelle est là, avec entre autres la Galerie d’art MacKenzie, spécialisée dans l’art indigène, exposant notamment une magnifique collection d’œuvres en perles, et le Musée royal de la Saskatchewan, dédié à la partie des sciences de la vie et de la terre qui concerne la province. Les dioramas montrant la faune et la flore dans chaque sous-région, chaque saison voire pour certains à différents moments de la journée, sont d’une qualité technique exceptionnelle. A titre d’exemple, des oiseaux sont en suspension dans l’air sans que l’on n’aperçoive aucune attache, et des vues subaquatiques montrent un canard plongeur entouré de bulles alors qu’il n’y a pas d’eau. Pour petits et grands, avec un prix libre.


Enfin, au chapitre des curiosités, notons cet Albert Memorial Bridge qui détiendrait le record mondial du pont le plus long par rapport à la taille du cours d’eau qu’il enjambe, soit 260 m de longueur pour 3 m de rivière. Cela est probablement dû au fait qu’un barrage a été construit pour créer le joli lac du centre-ville juste en amont du pont.


Moose Jaw, l’assagie

Cette ville ayant poussé comme un champignon au moment où la Canadian Pacific y a installé ses rails, on y retrouve une petite ambiance de Far-West, de ruée vers l’or. Aucune mine pourtant, mais l’or local c’était la production céréalière que l’arrivée du chemin de fer a dopée, puis l’alcool au moment de la prohibition qui a amené son lot de malfrats dont Al Capone et le Ku Klux Klan. Elle s’est heureusement assagie depuis et nous avons profité de quelques attractions :

1. Mac the moose

Oublions rapidement cette statue géante d’orignal placée au bord de la route transcanadienne pour arrêter les touristes. Faite de plusieurs couches de ciment déposées sur une grille métallique, elle est en fait assez hideuse. Reconnaissons-lui tout de même le mérite d’être l’orignal le plus haut du monde, dépassant les 10 mètres. En 2019, la Norvège a battu temporairement le record, mais la population de Moose Jaw s’est rapidement cotisée pour rallonger les bois (en ciment, donc) de quelques dizaines de centimètres et sauver ainsi l’honneur.


2. Les tunnels d’Al Capone

La ville est surtout connue pour avoir été très active pendant la prohibition, grâce à un réseau de tunnels souterrains dans lesquels se préparaient les caisses d’alcool et un excellent réseau ferré pour les acheminer ensuite jusqu’à Chicago. Al Capone est censé être venu contrôler son marché ici, et la ville le revendique, mais il n’y aurait pas de preuve formelle. Nous on a bien aimé l’ambiance far-west de la rue principale.


3. Le street-art

Nous nous sommes aussi prêtés au jeu de piste à la recherche des 47 œuvres de street-art dispersées dans le centre-ville, munis d’un petit guide que distribue l’office de tourisme. Vous trouverez ci-dessous quelques-unes de ces fresques murales


4. La galerie Yvette Moore

Dans l’ancien bâtiment où l’on enregistrait les terrains donnés par l’état à tous ceux qui défricheraient et cultiveraient 10 hectares par an pendant 5 ans, une artiste locale renommée expose ses œuvres ou celles de créateurs de la région.


5. Le Western Development Museum

Le but de musée est de recueillir et exposer tout ce qui a trait à l’économie et à la culture de l’ouest du Canada. En pratique, nous sommes passés vite devant la partie concernant l’histoire locale pour avoir le temps d’admirer la jolie collection de, comme dit notre guide, tout ce qui vole, qui roule ou qui glisse.


Gravelbourg et les frankaskois

Nous reprenons la route vers le sud-ouest et les paysages commencent à changer un peu. Quelques champs bleus commencent à apparaître, que nous supposons être du lin. Si vous êtes linologue, n’hésitez pas à vous exprimer en commentaire si besoin. Le plus important pour nous, c’est que ça nous change du jaune et du vert de ces derniers jours. Le relief aussi est un peu différent, avec l’arrivée de collines. Sans doute un peu moins facilement cultivables, les terres se transforment volontiers en pâturages.

Nous rejoignons bientôt Gravelbourg. Cette petite ville de 1000 âmes doit son développement à l’Abbé Louis Gravel, missionnaire québécois qui développa ici une communauté de canadiens francophones. Les 30% de la population qui y parlent encore Français sont appelés les fransaskois, contraction de français et de Saskatchewan, le nom de la province. L’Abbé dépensa beaucoup d’énergie pour faire venir le train et construire des bâtiments religieux et publics, dont une cathédrale, un palais de justice, un théâtre, un lycée. Il voyait grand mais cela parait aujourd’hui démesuré par rapport à la taille de la ville.


Val Marie et le Parc National des Prairies

Et nous voilà repartis sur de longues routes droites dont les intersections sont séparées de trente ou cinquante kilomètres, pour certaines occupées par un petit hameau qui semble tellement isolé du reste du monde.

Nous parvenons finalement à Val Marie, une petite bourgade accueillante, elle aussi partiellement francophone. A moins de vouloir dormir au milieu des champs, le seul endroit acceptable pour la nuit est le petit camping municipal, qui n’est pas si mal finalement. Un camping tout simple comme nous aimons. 13 emplacements dont 3 seulement étaient occupés (nous compris !), un paiement basé sur la confiance (on dépose le règlement dans une enveloppe que l’on glisse ensuite dans une urne) et un calme nocturne parfait.

Si nous sommes venus là, c’est pour le Parc National des Prairies, et nous n’avons pas été déçus. Sur les conseils de la « ranger » au centre des visiteurs, nous avons enchaîné deux randonnées de 2,5km dans un environnement superbe mêlant reliefs rocheux et vue à 360° sur des plaines herbeuses ou des champs à l’infini, puis parcouru avec Roberto l’Ecotour Scenic Drive, une route de 15km qui traverse le parc. Outre l’environnement tout aussi spectaculaire, nous avons craqué pour les colonies de chiens de prairies. Un seul regret : la petite communauté de bisons ne s’est pas montrée.


Une révélation

Nous terminons notre traversée de la Saskatchewan par la petite ville d’Eastend. Son nom semble inadapté pour l’une des villes les plus à l’ouest de la province, mais il fait référence à l’extrémité Est du Parc naturel des Cyprès, si proche qu’il en devient un pléonasme. Mais ce n’est pas ce parc qui nous attire, c’est le T.rex Discovery Centre. On y étudie le squelette de Scotty, le plus grand T.rex du monde découvert dans la région en 1991 par un simple prof d’Eastend qui participait à une sortie fossiles avec des paléontologues renommés. En une demi-journée, alors que les autres n’avaient déterré que quelques ammonites, notre enseignant sortit de terre une grosse dent et une vertèbre rapidement attribuées par les spécialistes à un T.rex. Peut-être vexés, ils n’ont commencé le reste des fouilles que trois ans plus tard et ont appelé la bête Scotty alors que le prof se prénommait Robert. C’est petit.

Après 20 ans de fouilles, 65% du squelette était reconstitué et le chantier fut arrêté, ses dirigeants et surtout ses financeurs jugeant que l’on ne découvrirait plus rien. Nous avions vu une copie complète au Musée Royal de Regina, mais une copie c’était une copie et nous espérions voir quelques os authentiques. De fait 2 vertèbres d’origine sont exposées. 600 000 siècles nous contemplant, c’est toujours mieux que les 40 des pyramides de Napoléon. Et puis même si avec nos 0,6 siècles d’existence nous avons l’impression d’en savoir beaucoup sur les dinosaures, il y a toujours un truc ou deux à glaner. Mais là, ce n’était pas un truc, c’était une claque. J’avais l’impression d’un fait universellement admis que l’extinction des dinosaures était liée à  la chute d’une comète, dont les conséquences atmosphériques ont entraîné la disparition de 75% des espèces sur terre, DONT nos fameux sauriens géants. Il se disait aussi que la plupart d’entre eux n’étaient pas morts directement, mais conséquemment à une raréfaction de la végétation suite à la pénombre durable qui avait suivi le cataclysme. Les petits dinosaures vegan sont morts de faim les premiers, leurs prédateurs ont logiquement suivi.

La réalité de la chute de la météorite semble indiscutable. On a retrouvé son cratère au Mexique et la perturbation des sédiments à l’époque est retrouvée dans tous les sols du monde (couche Crétacé-Tertiaire, appelée aussi K-T dans les pays anglosaxons et третинний крейдяний шар en Ukraine). Selon Wikipédia, les chercheurs se tâteraient entre une influence marginale, partielle ou majeure de la métérorite sur la disparition des dinosaures. Or, comme le souligne le centre, 100% des fossiles de dinosaures ont été retrouvés au-dessous de la couche crétacé-tertiaire. Leur disparition ne peut donc qu’être antérieure à la chute de la météorite. Je regrette que mes profs de sciences-nat aient écrit leur cours avec Wikipédia.


Nous quittons maintenant les saskatchewanais pour aller saluer les albertains. Nous vous en dirons des nouvelles ! Le parcours décrit ci-dessus est illustré ci-dessous et les liens vers les commentaires, le compte Instagram ou l’abonnement sont juste après. Merci de nous suivre et d’avoir la patience de tout lire, le cas échéant.

49. Orizaba ville magique

La ville d’Orizaba est notre dernière étape avant Veracruz, là où nous devons retrouver Roberto. Elle est située dans une vallée entourée de volcans, dont le point culminant du Mexique : le Pico de Orizaba, 5 747 m d’altitude. Nous arrivons dans la brume, avec une température plutôt frisquette, mais il est déjà prévu que cela se lève dès demain. Tant mieux, nous allons pouvoir profiter de ce « Pueblo Mágico », une appellation qui n’a rien à voir avec Houdini ou Copperfield mais qui est décernée par l’office de tourisme mexicain aux villes « offrant aux visiteurs une expérience « magique » en raison de leur beauté naturelle, de leur richesse culturelle, de leurs traditions, de leur folklore, de leur pertinence historique, de leur cuisine, de leur art et de leur hospitalité ». Plus trivialement autre chose que des plages où s’entasser en buvant de la bière.


« Le dimanche c’est un jour autre. Même le soleil est différent » (Yves Montand)

Puisque c’est dimanche et que nous imaginons que tout sera fermé, et qu’en plus il fait grand beau alors que la météo n’est pas très optimiste pour les jours qui viennent, nous décidons de prendre un peu de hauteur et d’aller observer la ville du sommet de son teléferico, Il nous semble en arrivant aux caisses que la moitié de la ville a eu la même idée que nous. Plusieurs files se font puis se défont, ça resquille un peu, l’organisation parait un peu dépassée, mais nous finissons par monter dans l’une des cabines de 6 places qui, par groupe de 3 s’élèvent vers le Cerro del Borrego (la colliine des moutons), une petite montagne qui surplombe Orizaba de 320 m. Le teléferico a été construit par les étasuniens (ici on ne dit pas américains, ça n’a pas de sens) en 2013, mais les cabines sont françaises, cocorico (pourvu que ça tienne).

orizaba  ville magique

De la plate-forme à l’arrivée, nous avons évidemment un joli point de vue sur les environs et pouvons observer le quadrillage parfait de la ville sur lequel se distinguent ça et là quelques édifices religieux. Un petit sentier relie quelques attractions, dont les restes d’un fort et un petit musée historique qui nous apprend qu’à cet endroit, le 14 juin 1862, lors de l’intervention française au Mexique, une troupe de 150 de nos compatriotes « massacra » 2000 mexicains. Pas cocorico, ça, nous nous faisons tout petits et décidons d’être temporairement suisses si l’on nous demandait d’où nous venions. Au retour tout de même, nous vérifions les informations sur Internet. En fait « seulement » 250 militaires mexicains auraient perdu la vie, dont un certain nombre sous les balles amies ou en sautant dans le vide dans la confusion de cette bataille nocturne. La différence est un peu du même ordre que celle du décompte des manifestants en France, selon que l’on se place du côté des organisateurs ou de celui de la police. Pour les passionnés d’histoire et/ou de stratégie militaire, le récit de la bataille est ici.


Nous redescendons en ville pour flâner en son centre, vers la place principale, un grand jardin bordé par la cathédrale. L’autre moitié de la ville est ici, manifestement. Une personne harangue la foule au micro. Des enfants courent partout. Une vingtaine de stands de cireurs de chaussures est en pleine activité. Des vendeurs de fleurs, d’en-cas ou de confiseries tentent leur chance d’un banc à l’autre. Et les magasins autour de la place sont pour beaucoup ouverts en ce jour du Seigneur. Mais il y a du monde aussi dans la cathédrale, qui n’est pas exceptionnelle. Et aussi dans ce Palacio de Hierro (le palais de fer), un édifice conçu par Gustave Eiffel et acheté par le maire de la ville après l’exposition universelle de 1889 pour en faire (c’est le cas de le dire) une mairie. C’est en fait devenu un musée assez éclectique, exposant d’une salle à l’autre tout aussi bien la géographie locale, l’art préhispanique, les présidents mexicains, les grands scientifiques du monde, un planétarium, que la bière mexicaine et le foot.


« Lundi. Dans les pays chrétiens, lendemain du jour du tiercé » (Ambroise Bierce – Le dictionnaire du Diable)

J’aurais pu choisir en citation « Triste comme un lundi » car ce matin le ciel est tout gris. Toutefois il ne pleut pas et nous partons nous dégourdir les jambes, habillés chaudement car avec l’altitide il ne fait guère plus de 8 ou 10°C dehors. Nous rejoignons le « Paseo del arte », une voie aménagée le long de la rivière qui traverse la ville sur environ 3 km. Sur une bonne portion, les murs sont décorés de fresques. La qualité est variable mais l’ensemble rend bien et l’effort est louable. Vous en retrouverez un certain nombre ci-dessous, commentés ou non.


Nos pas nous amènent ensuite au Jardin botanique, un havre de paix joliment entretenu qui ne figurait pourtant pas dans notre guide papier. Nous nous immergeons dans une volière où circulent librement perruches et perroquets multicolores. Nous visitons la serre à orchidées, décevante par le fait que 3 ou 4 espèces seulement soient en fleurs sur les 1 200 présentes au Mexique, mais bon, quand ce n’est pas la saison… Nous tentons sans succès de nous perdre dans un labyrinthe végétal. Nous traversons un jardin japonais riche d’une cinquantaine de bonsaïs. Nous froissons sous notre nez les feuilles de plusieurs plantes de l’espace médicinal pour en retrouver l’origine (celle surnommée « Vaporub » ne nous laisse aucun doute). Nous rejoignons enfin la sortie sur une passerelle qui serpente entre haies de bambous et sculptures préhispaniques. Un bel endroit.


« Cette semaine, le gouvernement a fait un sans-faute. Il est vrai que nous ne sommes que mardi. » (François Goulard)

La grisaille a évolué en bruine, plus question de sortir sans parapluie, mais une bonne occasion de nous réfugier dans les musées. Ceux-ci sont souvent gratuits au Mexique. Malheureusement cela n’attire pas les foules pour autant, à l’exception peut-être du dimanche. A plusieurs reprises depuis notre arrivée dans le pays nous nous sommes retrouvés seuls à visiter, enfin pas vraiment seuls parce qu’une personne nous surveille dans chaque salle ou encore allume puis éteint les pièces au fur et à mesure de notre passage. Nous commençons par le Musée de l’Art de l’État de Veracruz, dont les façades sont étonnamment décorées de la même façon que l’église qu’il jouxte. Il est principalement consacré aux peintres célèbres de la région, tout en consacrant une salle entière à Diego María de la Concepción Juan Nepomuceno Estanislao de la Rivera y Barrientos Acosta y Rodríguez, qui préféra s’appeler Diego Rivera pour gagner du temps en signant ses toiles. 33 de ses œuvres originales sont exposées ici, permettant d’apprécier l’évolution de l’artiste au fil du temps. Une pièce est aussi consacrée à la construction de la première ligne de chemin de fer reliant Mexico à Veracruz, qui inspira beaucoup les peintres locaux.



Après une pause déjeuner, nous nous intéressons maintenant au musée de l’hôtellerie, installé sur le site où la première auberge du Mexique fut créée le 15 janvier 1525. On y admire les aménagements et les costumes de l’époque puis leur évolution dans le temps, comme ces tenues de « bell-boy », cet ascenseur ramené de New York datant des tout débuts de l’invention, ce vieux standard téléphonique dont on imagine l’ambiance sonore de son utilisation.


« Le conseil des sinistres, c’est le mercredi, le jour des gosses. Ils vont au sable, ils font des pâtés, c’est sympa. Le garde des sceaux est là. » (Coluche)

Mercredi est le jour des enfants peut-être en France, mais pas au Mexique puisque l’école est ouverte ici du lundi au vendredi, et plutôt assez tôt comme dans tous les pays chauds (7-8h à 13-14h, le repas se prenant au retour à la maison). Pour nous c’est jour de transfert puisque nous allons maintenant rejoindre Veracruz. Comme d’habitude, nous nous rendons simplement à la gare routière et prenons un ticket pour le prochain bus disponible. Départ 40 mn plus tard, à peine le temps de grignoter un sandwich. Le trajet de 136 km nous coûte 11 euros et nous prend environ 3 heures. Pas très rapide, mais il y a eu 3 arrêts en route. Une douce chaleur (enfin !) nous attend à l’arrivée et nous rejoignons notre hôtel en taxi pour 2,50€ et laissons généreusement 50 centimes de pourboire. Pas par radinerie mais pour ne pas casser le marché. Nous sommes logés près du port. Nous serons aux premières loges pour voir arriver Roberto. Nous ne sommes pas loin non plus du centre-ville, marqué par une petite place bordée par une cathédrale. Tiens, ça ne vous rappelle pas quelque chose ?



« Si la bourse continue à baisser, vendredi ça va être un jeudi noir » (Jean-Marie Gourio)

Eh bien justement, ça commence presque comme un jeudi noir. C’est aujourd’hui que nous avons rendez-vous avec notre agent portuaire, qui nous a convoqué à l’agence ce jour-là mais sans nous donner d’horaire précis. Vers 8h30, nous sommes prêts à partir tranquillement vers l’agence située à 3 km de notre hôtel. Une petite balade à pied nous fera le plus grand bien. Mais nous recevons un mail de Claudia, la responsable de l’agence, qui nous informe qu’après nous avoir attendus à 8h elle est déjà à la banque (probablement celle où nous devons régler le montant de notre permis de transit), que demain elle ne pourra pas s’occuper de nous, mais que peut-être nous avons encore une chance si nous allons tout de suite à l’agence sinon ce ne sera pas avant mardi (dans 5 jours !). Nous sautons dans un taxi et rejoignons l’agence en 10 mn. Là une autre employée nous prend en charge, photocopie en plusieurs exemplaires nos passeports, visas, carte grise et permis de conduire, puis nous emmène à toute berzingue à la fameuse banque. Une bonne cinquantaine de personnes attendent dehors. Les premiers sont arrivés à 7 heures alors que l’établissement n’ouvrait qu’à 8h30. Nous allons devoir faire preuve de patience.

Le dernier message inquiétant de notre agent portuaire…

Heureusement nous n’aurons pas à faire 3 heures de queue, l’assistante appelle Claudia qui est à l’intérieur avec un autre client et lui passe nos papiers. 20 à 30 mn plus tard, nous sommes invités à entrer, doublant la foule, pour aller à petit guichet apparemment dédié aux fameux permis. L’enregistrement prend du temps, il faut donner notre prochaine destination (on l’improvise car difficile de dire juste « vers le nord »), corriger les erreurs du premier projet qui nous est imprimé (il y en avait une sur mon prénom, une lettre en trop qui pouvait nous bloquer à une douane, on ne rigole pas là-bas) et revérifier la liste de tout ce que contient Roberto, que nous avions établie en anglais mais qui a été traduite en espagnol. Notamment nous avons beaucoup hésité à savoir si nous avions un « gato » ou pas. La seule traduction que nous connaissons pour ce mot est « chat » mais la description de la chose que nous fait l’assistante ne correspond pas. Elle nous fait le geste de soulever. Nous pensons à un toit ouvrant, un lanterneau mais ce n’est pas ça. L’assistante s’aperçoit que nous avons pourtant déclaré ce « gato » dans la liste initiale. Après une double traduction en passant par l’anglais, nous trouvons enfin que ce terme signifie aussi « cric ». Bien sûr que nous avons un cric ! Claro que sí (j’adore cette expression…). Après avoir réglé la somme de 55,68 € à la caisse, là aussi en shuntant la foule, nous voilà munis du précieux sésame : Roberto est autorisé à circuler librement au Mexique pendant une durée de 10 ans. Cela devrait suffire.

El Permiso de Importación Temporal de Casa Rodante, ou permis d’importation temporaire de maison roulante. Pour une voiture ou un fourgon non homologué, nous aurions dû payer une caution de 400$ et n’aurions eu le permis que pour 6 mois.

De retour à l’hôtel, une autre bonne nouvelle nous attend. Nos permis de conduire internationaux établis à Saint-Barth sont arrivés, grâce à l’aide de notre grand copain Laurent. Ils ne sont pas exigés au Mexique, mais seront nécessaires aux États-Unis.


La journée se termine avec Kilian, notre ami néerlandais dont le van fait chambre commune avec Roberto en ce moment et qui est donc venu attendre comme nous la livraison de son véhicule. Nous échangeons nos expériences avec plaisir. J’en profite pour rappeler le blog qu’il partage avec son amie Marcia et leur chat Binkie, accessible ici.

Le palais municipal, sur la place centrale, près duquel nous avons dîné.

Roberto se trouve au moment où nous écrivons, d’après le suivi réalisé sur le site MarineTraffic, quelque part entre les îles Caïman et la pointe du Yucatan. L’arrivée est prévue à Veracruz le 12 février, ou peut-être le 13. Nous devrions pouvoir vous décrire la réception dans le prochain article. D’ici là, nous allons devoir l’assurer, car bien entendu notre assurance française ne va pas au-delà des limites de l’Europe. Nous cherchons une compagnie qui couvre au moins les trois pays d’Amérique du Nord, mais ce n’est pas très simple. Nous vous raconterons. A très bientôt !

Le Yokohama et son passager Roberto en approche

47. Comida mexicana

La comida mexicana, c’est notre pain quotidien si j’ose dire. Car dans l’attente de notre fourgon, nous prenons nos repas à l’extérieur trois fois par jour. L’expression peut se traduire tout aussi bien par gastronomie mexicaine que par nourriture mexicaine selon le contenu de notre assiette. Les adeptes de la street food riche en graisses et féculents trouveront vite leur bonheur, tandis que de notre côté nous sommes encore en recherche d’un peu de subtilité. Mais il est bien sûr trop tôt pour juger, nous sommes encore en phase de découverte et les surprises sont nombreuses.  

¤ La Bufa

La Bufa, c’était le nom du restaurant de notre hôtel à Mexico. Vérifications faites sur mon dictionnaire espagnol-français de base, ça ne se traduit pas par « la bouffe », ce qui aurait pu paraître déplacé pour un restaurant, mais par …rien. A la limite, le verbe espagnol « bufar » signifiant « renifler », l’expression pourrait se traduire par « (quelqu’un) la renifle », mais ce serait encore plus déplacé ! La poursuite des recherches permet de trouver au Mexique une colline appelée el Cerro de la Bufa et dans sa description Wikipédia une traduction aragonaise du mot « bufa » en « vessie de porc », la colline ayant cette forme. Nous voilà revenus à la vraie restauration, et voilà une bonne occasion de parler de nos premières expériences avec la cuisine mexicaine.

El Cerro de la Bufa (près de Zacatecas, Mexique) © wikipedia

¤ Où l’on teste le menu du jour

comida mexicana
Restaurant populaire dans un marché

C’est notre premier jour à Mexico. Alors que nous nous frayons un chemin dans les allées étroites d’un marché, hélés par les commerçants qui veulent chacun nous faire visiter leur boutique, nous débouchons dans l’aire de restauration, plus paisible. Ça tombe bien, c’est l’heure du déjeuner. Les petites échoppes proposent des menus del dia à composition fixe. Prêts à toutes les expériences, nous tentons le coup. Nous passons commande. Pour la boisson, c’est soda ou aqua fresca. Nous choisissons la seconde solution. Claudie demande con gas mais ça fait sourire l’employée. On comprend pourquoi quelques minutes plus tard lorsque, une fois attablés, on nous apporte un broc d’environ 2 litres empli d’un liquide laiteux. Les autres tables ont la même chose d’ailleurs. Nous goûtons. C’est texturé, un peu sucré et la saveur ressemble un peu au Smecta, pour ceux qui connaissent. Bon, on se dit que c’est une façon comme une autre de prévenir la tourista… En fait, nous avons bu une horchata, faite d’eau de riz, de vanille, de lait et de cannelle.

Les plats arrivent. D’abord une sopa de la casa, bouillon de poulet avec des légumes, des cubes de fromage fondu et quelques aromates. Le plat principal arrive ensuite. Nous avons de la chance, c’est le plat national mexicain, le pollo con mole, poulet à la mole, une sauce typique d’ici à base de chocolat, de fruits secs et de piments doux. C’est accompagné sans trop de surprise de riz et d’une purée de haricots rouges. Enfin vient le dessert, une gelée parfumée chimiquement à l’orange. Rien d’extraordinaire sur le plan gustatif, mais il est difficile d’en demander davantage pour le prix : entrée + plat + dessert + Smecta euh boisson à volonté pour 3 euros. Qui dit mieux ?



¤ La Habana

Café La Habana

Après notre expérience du marché, nous souhaitons terminer ce repas par un petit café (dans sa culotte comme ajouterait notre ami Lolo, que nous embrassons). Quelques pâtés de maisons plus loin, nous nous rendons au café La Habana, un lieu empli d’histoire puisque ce serait ici que Che Guevara et Fidel Castro auraient planifié la révolution cubaine et que Gabriel Garcia Marquez aurait écrit une partie de Cent ans de solitude. Nous y dégustons un café « La Habana », servi en 2 parties : une grande tasse emplie de lait mousseux dans laquelle le serveur verse la moitié (sinon ça déborde) du contenu d’une plus petite tasse de café expresso. Il ne reste plus qu’à consommer dans l’ambiance rétro du café, inchangée depuis les années 50 et essayer à notre tour de refaire le monde ou d’écrire un nouveau paragraphe de ce blog (restons modestes !). Pour la petite histoire, le café nous a coûté presque le prix du menu du jour dans le marché. Mais pour avoir peut-être été assis à la place des célébrités ci-dessus, c’était donné !


¤ Y’a pas d’heure

Nous avons eu à plusieurs reprises la surprise de nous voir proposer la carte des petits-déjeuners alors que nous nous attablions à la terrasse d’un restaurant après l’heure de midi. C’est qu’ici, tout est quelque peu décalé par rapport à nos habitudes européennes. Le petit-déjeuner se prend entre 8h et 13h – parfois même jusqu’à 16h comme sur l’ardoise ci-dessus, le déjeuner entre 14h et 16h30, tandis que le dîner ne vient guère qu’entre 21h et 22h. Mais à vrai dire, on peut manger un peu n’importe quand, il n’y a qu’à traverser la rue comme dirait l’autre


¤ Les petites envies

C’est la traduction du mot antojitos qui désigne tous les en-cas que l’on peut se faire servir à toute heure dans les nombreux étals de rue ou les restaurants, au gré des petites faims. La base de tout est la tortilla, une petite galette de maïs, plus rarement de blé, que l’on va garnir de mélanges divers. Simplement pliée en U, c’est le taco que tout le monde connaît. Fermée aux extrémités, c’est un burrito. Poêlée ou grillée, c’est une  quesadilla. Légèrement frite et recouverte d’une sauce, c’est une enchilada. Davantage frite au point de devenir croquante, c’est une tostada. En empilement alterné avec des couches de fromage, c’est une sincronizada. Lorsque le contenu est coupé en longues lamelles, une fajita, etc. Parmi les autres petites envies, on trouve aussi les tortas ou cemitas, sortes de sandwiches préparés dans un petit pain blanc, les tamales, où la farce est enveloppée et cuite dans des feuilles de maïs, les chicharrones, sortes de beignets croustillants faits de peau de porc. Les variantes sont tellement nombreuses qu’il est parfois difficile de s’y retrouver !



¤ Les faux amis

L’expérience de l’agua fresca qui n’avait rien à voir avec l’eau fraîche (voir ci-dessus) n’a pas été unique. Nous nous sommes aussi fait surprendre avec le sope qui n’est pas du tout une soupe mais un taco frit, tandis que le menudo au contraire est bien une soupe (aux tripes et au piment, miam) et non pas un menu. Nous avons aussi évité de justesse le serrano, un piment force 6 loin du jambon montagnard que nous connaissons. Et loin de l’usage que l’on pourrait imaginer, le jamaïca est une …boisson à base d’hibiscus.


¤ Les desserts

A la fin du repas, on vient volontiers vous tenter en vous présentant un plateau sous cloche garni de pâtisseries diverses. Nous avons craqué une ou deux fois, avouons-le, mais nous sommes plutôt adeptes des excellentes salades de fruits, parfois garnies de yaourt, de granola ou de glace. Les pâtisseries dans les boutiques sont particulièrement colorées, mais l’on en trouve aussi qui ressemblent furieusement aux nôtres. Il s’agit peut-être d’un souvenir de cette période d’entre deux guerres (indépendance vis-à-vis de l’Espagne en 1821 et guerre avec les Etats-Unis en 1846) où de nombreux commerçants français – dont des pâtissiers – étaient venus s’installer au Mexique, et qui s’est mal terminée d’ailleurs, justement par la Guerre des Pâtisseries. Les Français, pas très bien vus alors, voyaient leurs boutiques fréquemment pillées. Lorsque le même sort arriva à pâtisserie Remontel en 1832, son gérant réclama, via le gouvernement français, des dommages et intérêts, ce que le Mexique refusa. En réponse, la France organisa en 1838 un blocus naval du port de Veracruz et d’une partie de la côte est du Mexique. Après 11 mois, le gouvernement mexicain fini par promettre de régler la dette, ce qui mit fin au blocus, mais il ne s’en acquitta jamais. Ceci fut un argument pour le déclenchement de l’occupation française au Mexique quelques décennies plus tard, de 1861 à 1867. Tout ça pour des gâteaux !


¤ Chocolatomanie

Dès qu’un musée du chocolat se présente, nous sommes attirés irrésistiblement. Celui de Mexico n’a pas échappé à la règle, d’autant plus que c’est dans ce pays (et dans quelques autres d’Amérique centrale) que le cacao a été découvert il y a plus de 3000 ans. A l’époque, les boissons réalisées avec les fèves comme avec le mucilage servaient aux rituels religieux comme aux mariages, et les fèves elles-mêmes servaient de monnaie d’échange. Avec 100 fèves par exemple, on pouvait acquérir un canoé, pour 3000 un esclave… De nombreuses taxes étaient payées en cacao. Lors de son premier voyage, bien plus tard, Christophe Colomb a complètement sous-estimé l’intérêt des fèves de cacao puisqu’il a jeté par-dessus bord, au moment du retour, tous les sacs qu’on lui avait offerts. Il faudra attendre le second voyage pour que l’Europe puisse enfin en profiter. Le musée fourmille d’infos sur les usages précolombiens du chocolat, expose une belle collection d’objets anciens liés à son emploi et possède une pièce extraordinaire dont les murs en sont entièrement couverts et dont vous pouvez imaginer le parfum. Tout ceci se termine bien entendu par la boutique et par la dégustation d’un bon chocolat chaud assorti d’un gâteau à vous devinez quoi. Miam !




et l’inévitable dégustation !

¤ Nourriture intellectuelle

Nos découvertes gastronomiques ne doivent pas occulter celles de nos visites quotidiennes puisque nomades et explorateurs nous sommes. En voici quelques-unes pour que vous puissiez voyager un peu avec nous.









¤ Nouvelle étape

Nous quittons Mexico pour la ville de Puebla. Le trajet se fera en bus. Nous aurions adoré celui ci-dessus, mais nous devrons nous contenter d’un bus moderne. Il n’a pas été nécessaire de réserver quoi que ce soit, nous nous sommes juste fait conduire à la gare routière dédiée au secteur sud-est. De là des bus partent pour toutes les directions toutes les 20 à 30 mn. Nous avons pris le premier venu, qui nous a conduit en deux heures à Puebla pour une douzaine d’euros. Il a été amusant d’observer le manège du chauffeur qui, après s’être signé deux fois au moment de partir (pas trop rassurant ça…) a salué de la main, un peu comme on ferait les marionettes, la totalité des bus que nous avons croisé !

A bientôt pour la suite et merci de nous suivre !

40. VIPs

a. Very Important Polish

Maintenant que nous sommes en Pologne, il est temps de s’intéresser aux Polonais célèbres. Certains sont à l’évidence incontournables, leur présence se sent et se voit dans la vie de tous les jours. D’autres ont suffisamment marqué la mémoire du pays pour y susciter l’installation de multiples statues ou musées. Pour ceux de la dernière catégorie, l’appartenance au pays n’est pas toujours évidente de prime abord, qu’ils y soient simplement nés et partis vivre ailleurs par exemple. Une fois n’est pas coutume,nous vous proposerons de tester vos connaissances sous forme d’un quizz.


Jean-Paul II

Jean-Paul II, le premier de nos VIPs
Le trio de choc…

Premier pape non italien élu, il fait évidemment la fierté de la Pologne, d’autant plus que ses habitants sont particulièrement pieux, comme nous avons pu le constater. Pas une église ou une cathédrale que nous ayons visité n’omet d’afficher au minimum son portrait, sinon une statue ou le récit étendue de sa vie ou de ses œuvres, voire de sa visite car il est passé un peu partout. Le pays est d’autant plus dévoué au grand homme que celui-ci a activement participé au grand mouvement de solidarité qui a permis de soustraire la Pologne à l’occupant communiste.


Lech Walesa

Il aurait volontiers été élu pape après Jean-Paul II s’il avait été donné au peuple Polonais d’en décider. L’électricien moustachu créateur du mouvement Solidarnosc, a réussi a fédérer le pays entier et permis dans un mouvement pacifiste qui lui a valu le prix Nobel de la paix d’obtenir les premières élections démocratiques dans les pays de l’Est sous domination soviétique. L’aéroport de Gdansk, la ville coeur de la rébellion, porte son nom, c’est dire. Et ce n’est pas seulement pour le court mandat qu’il a passé à la tête de la République.


Nicolas Copernic

Cet homme aux multiples talents (il fut tour à tour astronome, chirurgien, économiste, politicien, cartographe, homme de droit, ecclésiastique et j’en passe) fut le premier à découvrir au XVème siècle que la Terre tournait autour du Soleil et non l’inverse comme on le pensait jusqu’alors selon la théorie de Ptolémée. Il a pour cela patiemment mesuré les distances des différents objets célestes de notre système solaire à l’aide d’instruments en bois dont la simplicité parait dérisoire aujourd’hui. Deux siècles plus tard, son compatriote Johannes Hevelius se distinguera en dessinant l’une des premières cartes de la surface lunaire.


Frédéric Chopin

Bien qu’ayant passé la moitié de sa vie à Paris, ce musicien de génie reste ancré dans le cœur des Polonais qui ont baptisé de son nom l’aéroport de Varsovie. Compositeur romantique, il fut aussi un pianiste virtuose. Un concours mondial de piano est d’ailleurs organisé chaque année sur 3 semaines dans la capitale. La moitié des 87 candidats seraient asiatiques. Chopin serait-il encore plus populaire là-bas que dans sa patrie natale ?


Marie Curie

Co-découvreuse du radium, elle contribua largement au développement de la physique atomique et de la médecine nucléaire. Elle obtint pour cela pas moins de deux prix Nobel, l’un de physique et l’autre de chimie. Le radium pour sa part contribua aussi bien à la popularité de cette Polonaise qu’à son décès, la poursuivant jusque dans la tombe puisque sa dépouille encore radioactive pour longtemps repose dans un cercueil plombé. Au Panthéon tout de même, c’est classe! A noter pour les amis Savoyards qui nous suivent que Marie Curie est décédée à Passy. Nous avons habité à moins de 10 km de là pendant 25 ans et nous l’ignorions complètement !


Andrzej Wajda

Considéré comme le père du cinéma polonais moderne, et malgré son prénom inprononcable (je blague, hein ?) il reçut un Oscar d’honneur pour l’ensemble de son œuvre, essentiellement consacrée à l’histoire de la Pologne. Parmi ses films les plus célèbres : Cendres et diamants, L’Homme de marbre et l’Homme de fer, Le Chef d’orchestre, Danton (avec G. Depardieu), Un amour en Allemagne, ou encore Les possédés. C’est lui qui aurait poussé son compatriote Roman Polanski vers la réalisation. Ce dernier, malgré ses déboires avec la justice américaine reste très populaire auprès des Polonais. Nous avons profité de notre passage aux chantiers navals de Gdansk pour revoir le film « L’homme de fer » où l’on plonge dans l’intimité de cette période et où nous avons retrouvé de nombreux lieux symboliques visités le matin même. Ne manquait plus que la rencontre avec le réalisateur, scénariste et metteur en scène, mais malheureusement il est décédé en 2016.


Et les autres…

Qu’ils fassent partie de l’importante diaspora ou qu’ils soient restés chez eux, d’autres Polonais ont acquis une certaine célébrité. Vous allez pouvoir tenter de les retrouver au sein du quiz suivant et aussi pouvoir tester vos connaissaisances sur la Pologne. Bon test !

1°) Parmi les journalistes suivants, lequel (laquelle) est d’origine polonaise ?
A – Natacha Polony ; B – Michel Polac ; C – Laurent Romejko,

2°) Parmi les politiciens suivants, lequel (laquelle) n’est pas d’origine polonaise ?
A – Agnès Buzyn ; B – Nathalie Kosciuszko-Morizet ; C – Henri Krasucki ; D – Nicolas Sarkozy

3°) Parmi les acteurs suivants, lequel n’est pas d’origine polonaise ?
A – Sidney Pollack ; B – Klaus Kinski ; C – Charles Denner ; D – Ross Martin

4°) Quel langage a inventé le polonais Ludwik Zamenhoff ?
A – l’espéranto ; B – le morse ; C – la langue des signes ; D – le Javascript

5°) Comment traduisez-vous le mot polonais « biżuteria » ?
A – bizutage ; B – maison close ; C – bijouterie ; D – vélo à assistance électrique

6°) Parmi les drapeaux suivants, lequel est celui de la Pologne ?

A
B
C
D

7°) Parmi les sportifs suivants, lequel n’a pas une famille polonaise ?
A – Jean-Claude Skrela ; B – Yannick Stopyra ; C – Raymond Kopa, D – Cédric Pioline

8°) Parmi les plats ci-dessous, lequel est le plat national polonais ?
A – le bigos ; B – les cepelina ; C – le räim ; D – les sarmale

9°) Quel est l’intrus (ce n’est pas une Polonaise) ?
A – pâtisserie ; B – danse ; C – vêtement ; D – position du Kamasutra

10°) Question subsidiaire : Quel est l’intrus (pas besoin d’aide, hein) ?
A – carmagnole ; B – campagnol ; C – croquignol ; D – Rubinstein

Notez vos réponses et comparez les à la solution en bas d’article.


b. Voyage Itinérant Polonais

Voici venu le temps de l’éphéméride de la semaine, avec nos petites découvertes illustrées et commentées

Jeudi


Vendredi



La maison où Copernic a vécu une grande partie de sa vie et surtout là où il a construit sa théorie sur le mouvement héliocentrique de la Terre, ridiculisant Ptolémée qui pensait que le Soleil tournait autour de la Terre, le ballot. Le ciel étant rarement favorable à l’observation en Pologne, c’est surtout à l’aide de mesures avec ces instruments en bois que Copernic a travaillé. A noter qu’outre l’astronomie, il a aussi étudié le droit, la médecine, les mathématiques, qu’il a été chanoine, chirurgien, politicien, cartographe et j’en passe. Quel homme !


Samedi

Réveil le matin au bord de la Vistule, sur une ancienne marina désaffectée. Seuls au monde


Dimanche







Lundi


Mardi



Mercredi






c. Varsovia In Poland

C’est là que nous sommes parvenus ce Jeudi 4 Novembre. Nous avons depuis le début parcouru 21 500 km, Roberto est en pleine forme. Nous avons traversé 10 pays et restons avides de découvertes. Donc suite au prochain épisode !

Réponses au quiz : 1C2D3A4A5C6D7D8A9D10D

39. La Lituanie à tous les temps

Juste à temps !

Aussitôt la frontière franchie, les portes de la Lettonie se sont refermées derrière nous, le pays venant d’annoncer un nouveau confinement de 3 semaines en raison d’une explosion du nombre de cas de covid. L’incidence atteignait en effet ce jour-là les 1180 cas par million d’habitants (contre 80 pour la France), ce qui constituait le record mondial du jour. Nous nous en tirons fort bien mais restons inquiets pour la suite devant ce réveil de la pandémie en Europe centrale : la Lituanie et la Pologne connaissent également une forte augmentation de l’incidence de la maladie et pourraient bien refermer leurs portes du jour au lendemain. Ce qui serait un problème dans le cas de la Pologne, car c’est le seul pays qui nous permet de rejoindre l’Europe de l’ouest par voie terrestre. Nous pourrions toutefois gagner l’Allemagne en ferry dans le pire des cas.


Un temps en arrière

Salle de bains de la Duchesse de Courlande (Château de Rundale – Lettonie)

Un courrier de lecteur nous est parvenu. La parution dans l’article précédent d’une photo dans le Château de Rundale, montrant la salle de bains de la Duchesse de Courlande, a en effet attisé la curiosité de Raymond, un de nos lecteurs fidèles, camping-cariste de surcroît, qui pose la question suivante : « Les toilettes de l’archiduchesse sont-elles sèches ? ». Nous ne pouvons que répondre par l’affirmative : « Oui, archi-sèches ! ». N’hésitez-pas vous aussi à poser des questions aussi pertinentes.


A la croisée des temps

La Colline des Croix – Siauliai – Lituanie

Nous avons abordé la Lituanie par un site incontournable, la Colline des Croix, au nord de la ville de Siauliai. Cette colline fortifiée était déjà un lieu de culte au XIVème siècle et les Lituaniens venaient y déposer des croix, des crucifix, des effigies de la Vierge Marie et des rosaires. Les envahisseurs successifs du pays, à commencer par les Russes en 1795 ont interdit toute forme d’expression de la religion et détruit les lieux à plusieurs reprises. Mais les Lituaniens, prenant cela comme une forme de résistance ont continué, parfois au péril de leur vie, à en déposer. Et plus les bulldozers passaient, plus le lieu devenait important et plus les Lituaniens apportaient de croix. Aujourd’hui, leur nombre dépasserait les cent mille, autant dire l’ambiance qui règne lorsque l’on s’approche puis que l’on s’immerge dans ce lieu magique.


Des chats tant et tant

A peine une heure plus tard, nous changions complètement de registre, incapables de résister à l’affiche annonçant un musée du chat. Établi depuis une trentaine d’année, ce musée a largement eu le temps d’étoffer sa collection et de décliner le thème presque à l’infini. Comme au cours de nos dernières visites, mais là c’était un comble, il n’y avait pas un chat. C’est-à-dire pas d’humains, appelons un chat un chat. Mais par contre des chats il y en avait plein, aussi bien des représentations sur les murs, les plafonds et dans les vitrines que de vrais chats qui allaient d’une pièce à l’autre, venaient se frotter contre nos jambes, cherchaient à se faire caresser ou faisaient la sieste confortablement installés sur des coussins. Ceux-là, connaissant le proverbe, nous avons fait bien attention de ne pas les réveiller. A un moment dans une vitrine garnie de chats en céramique, nous avons repéré une souris (de la même matière). Que faisait-elle ici ? Vous donnez votre langue au chat ? Eh bien elle a été donnée par le musée de la souris… Bon je sais, pas de quoi fouetter un chat. En fin de visite, j’ai un peu les yeux qui piquent et vous devinez quoi dans la gorge, une allergie peut-être qui me donne en effet l’idée de partir. Mais la personne de l’accueil nous fait sortir par une autre porte qui mène elle à une sorte de zoo en appartement accueillant une vingtaine d’espèces diverses. D’abord quelques oiseaux exotiques, certains très sociaux comme ces touchants perroquets faits l’un pour l’autre partageant la même volière, d’autres à l’inverse installés séparément car s’entendant comme chien et chat, s’échangeant même des noms d’oiseaux. Ensuite quelques reptiles dont un iguane d’un mètre de long, quelques insectes dont des phasmes se dissimulant dans une sorte d’herbe-à-chat. Enfin une floppée de petits rongeurs dont de gentils chinchillas et de bons rats (à bon chat…). Tout cela nous a été présenté en visite guidée VIP par un jeune homme sympathique. Une belle surprise. Nous avons fini par retrouver Roberto en suivant les empreintes de chats dessinées sur le sol, heureux de ce guidage car la nuit commençait à tomber. Mieux valait en profiter avant car comme vous le savez, la nuit ils sont tous gris.






Au temps de la Guerre froide

Portes ouvertes à la base de lancement de missiles nucléaires (Plafellai)

Grâce au traité de non-prolifération des armes nucléaires signé par 191 pays en 1970, les bases de lancement de missiles ont été démantelées petit à petit, les cinq bases Russes installées en Lituanie comme les autres. C’est l’une d’entre elles que nous avons visitée. Un lieu étonnant et rarement exposé au public, laissé dans son état naturel afin que l’on s’imagine bien l’ambiance de l’époque. Tout est bien sûr en souterrain, le grand bâtiment technique de 2 étages comme les 4 silos de 30 mètres de profondeur ayant hébergés des missiles munis de têtes nucléaires. Des mannequins rappellent les équipes qui se relayaient jour et nuit pour pouvoir en 48 minutes lancer un missile à l’autre bout du monde dès que l’ordre en serait parvenu. Heureusement, cela n’est jamais arrivé, même si la guerre froide a bien eu lieu.





Heureusement, même si cette installation a joué un rôle stratégique lors de la Guerre Froide, aucun missile n’en a jamais été lancé !


Les sculptures de l’étang

De premier abord, ces quelques scupltures au bord de l’eau ne payaient pas de mine, mais …

Le Jardin Orvydas, près de la ville de Salantai, héberge une multitude de sculptures en pierre ou en bois réalisées par un maçon et son fils (Orvydas est leur nom de famille) à partir des années 1920. Initialement destinées au cimetière de la ville, elles furent cachées dans la ferme de leurs créateurs pour échapper à la furie destructrice vis-à-vis des objets religieux des occupants soviétiques dans les années 60. Aujourd’hui la famille peut bien sûr exposer librement ces œuvres dans une sorte de grand jardin agrémenté de quelques pièces d’eau. Le truc, c’est que tout est disposé un peu n’importe comment, dans une nature qui reprend peu à peu ses droits et que cela donne un charme fou. Le mélange sculptures, assemblage de pierres, troncs d’arbres moussus et lianes pendantes nous a beaucoup rappelé Angkor Wat. Un lieu surréaliste et intemporel que nous avons adoré.






Quand le taon s’est figé

C’était il y a 50 millions d’années. A cause du réchauffement climatique d’alors (et on veut nous faire croire que c’est tout nouveau !) la résine qui dégoulinait des sapins de Scandinavie a été emportée au large par la mer Baltique qui montait et s’est déposée au fond. Personne ne venant la récupérer, elle a fini par se fossiliser et venir s’échouer sur les plages de la côte ouest de la région allant de l’actuelle Lituanie à l’actuelle Pologne. Les hommes préhistoriques ont ramassé ces cailloux bizarres et ont trouvé que ça ferait de jolis cadeaux pas chers pour leurs femmes préhistoriques qui adoraient les petites bestioles piégées dedans. Le problème est qu’elles en voulaient toujours plus et qu’il a fallu pour les satisfaire aller en chercher davantage directement au fond de la mer. C’est à ce moment que l’exploitation de l’ambre a commencé. Nous avons appris tout ça ou presque au musée de l’ambre de Palanga. Grâce à eux, nous sommes moins bêtes et savons maintenant que, contrairement à ce qu’affirme L’Oréal, l’ambre ne vient pas du soleil.





Le temps d’une pause

Palanga est aussi une station balnéaire déjà très prisée à l’époque soviétique et dont la tradition a été reprise sans état d’âme par les Lituaniens. Une grande rue perpendiculaire à la plage héberge moult restaurants, boîtes de nuit, attractions foraines (avec autos-tamponneuses et autres tirs aux ballons de baudruche) et magasins de souvenirs, bref tout ce qui propage le covid. Heureusement qu’il y a la bière pour tuer les microbes. Les locaux en boivent 160 litres par an tout de même. Nous sommes allés au tester le breuvage national et la cuisine locale au restaurant, avant de nous dégourdir les jambes jusqu’au bout de la jetée qui s’avance dans la mer, au milieu des kite-surfers. Vivifiant.



Mesurer le temps

C’est en arrivant dans la ville suivante, Klaipedia, que nous nous sommes précipités avant sa fermeture dans le musée de l’horlogerie. Nous avions déjà abordé ce thème à Cluses en Haute-Savoie, où l’accent était plutôt porté sur la technologie, ce qui semblait normal dans la vallée du décolletage idéale pour trouver toutes les machines-outils et les pièces nécessaires. Ici l’histoire de la mesure du temps et l’aspect artistique sont davantage pris en compte que la technique elle-même, et c’était tout à fait intéressant. Vous trouverez les informations nécessaires en commentaires des photos





Un port tant important

Car il fut la raison d’être de la ville dès le XVème siècle alors qu’elle appartenait à la Prusse. Idéalement située au bord de la Mer Baltique, Klaipédia a assuré les fonctions de port de commerce, de construction navale, de point de traversée pour l’isthme de Courlande la reliant à la Russie et de base stratégique pour les sous-marins nazis. Les trois premières fonctions sont encore assurées aujourd’hui. On ne sait pas si le « fantôme noir » que l’on voit sortir de l’eau sa lanterne à la main est là pour rappeler la dernière


Ces sculptures que les Lituaniens aiment tant

C’est une véritable passion. Qu’elles soient de bois ou de pierre, on en voit partout en campagne comme en ville. Klaipėda ne déroge pas à la règle et en héberge un certain nombre. Plus d’une centaine dans ce parc du centre-ville, la plupart identifiées par un nom qui ne nous a pas convaincus et que je me suis autorisé à rebaptiser ci-dessous. Et quelques autres ça et là dans les rues, comme cet homme aux airs de KGB qui guette sa proie ou cette femme devant la gare avec son petit garçon et sa valise, offerte au pays par les Allemands en souvenir de la douleur des familles germaniques qui ont dû quitter le pays lorsqu’il a été rendu à la Lituanie. Étonnant que l’œuvre soit encore debout vu ce qu’on subi les Lituaniens pendant l’occupation nazie

Qui veut la baballe ?

Un grand pas pour la femme, un petit pas pour l’humanité

La princesse Léïa de Milo
Zz*$uh&igt xù§km tout le monde !

Quand je veux courir plus vite j’enlève l’enclume

La Vénus de Milo enlève le bas
Ze veux pas Zansen, ze veux Fizer!

Le premier qui rigole je lui en donne aussi du Propecia

La Vénus de Milo juste avant l’accident


La plus belle ville, je t’en fiche !

C’est le guide qui le dit : « Compacte et pavée, la vieille ville (de Kédainiai) est une des plus jolies du pays ».  « Compacte », ok, cette vieille ville ne doit guère dépasser le kilomètre carré. « Pavée », si on veut, mais je dirais plutôt « cailloutée », car les galets de tailles variables disposés sur le sol à des profondeurs irrégulières et sur lesquels il est difficile de marcher sans se tordre les chevilles n’ont rien des pavés bien taillés qui enjolivent les rues moyenâgeuses. Quant à « jolies », à part de rares maisons originales bien que pas trop entretenues, ce centre de la vieille ville comporte surtout des édifices sans charme quand ils ne sont pas à moitié en ruines. Allez, mettons tout de même en valeur quelques éléments qui sortent du lot. A noter que cette ville, ceci explique peut-être cela, est la capitale lituanienne du concombre…


Pas une injure pour autant

Street-art près du centre de Kaunas

Mon père est de la génération où l’on apprenait par cœur non seulement les départements français avec leurs préfectures et sous-préfectures, mais aussi les pays du monde avec leurs capitales. Lorsque je lui ai dit que nous étions en Lituanie, il m’a demandé si j’avais visité sa capitale Kaunas. Je lui ai répondu qu’il devait se tromper, que la capitale c’était Vilnius. Pendant que nous discutions d’autres choses, Claudie a brièvement recherché sur Internet et confirmé que Kaunas avait bien été la capitale temporaire de la Lituanie de 1920 à 1940, entre le début de son indépendance et son annexion par l’URSS. Quelque part mon père avait donc raison et je le lui ai confirmé. Il aurait pu me répondre « Je te l’avais bien dit, Kaunas ! » sans pour autant faillir à sa politesse habituelle. Cela dit, la capitale déchue nous a fortement déçus. A de rares exceptions près, elle n’est qu’un immense chantier avec ses rues retournées (dont la rue la plus typique de la vieille ville, totalement inaccessible) et ses façades bardées d’échafaudages ou enveloppées de plastique. Des panneaux nous apprenant que la ville sera la « capitale européenne de la culture » en 2022, nous avons peut-être là la raison de ce grand chamboulement.



Un jour épatant

Société philharmonique nationale (Vilnius) : enfin un beau bâtiment, de style classique

Les capitales (les vraies) déçoivent rarement. Vilnius n’a pas dérogé à la règle. Nous avons surtout visité la vieille ville, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1994, miraculeusement préservée malgré les guerres et les occupations successives du pays. Le beau temps était de la partie, les distances raisonnables : nous avons tout fait à pied. Nous trouvons là enfin les beaux bâtiments du pays, dans une vieille ville assez aérée avec de grandes places et pas mal d’espaces verts, relativement préservée de la circulation automobile mais aussi de la prolifération des multinationales de la mode ou de la technologie. Nous grimpons apprécier la vue au sommet de la colline du château (en ruines pour sa part), visitons la belle cathédrale et allons nous restaurer dans un établissement qui sert une cuisine authentique et fraîche, un peu comme celle de nos maîtres-restaurateurs. Nous voulions rendre visite ensuite au musée d’art moderne (MO muziejus) malheureusement en fermeture hebdomadaire ce mardi. Nous nous sommes reportés sur le Iliuzijų muziejus, que vous aurez traduit pas le musée des illusions. Toujours amusant de voir comment notre cerveau et notre vue son bernés par quelques procédés simples. Nous y étions peu nombreux et avons été chouchoutés par le personnel qui donnait volontiers le mode d’emploi et les explications pour certaines illusions, nous aidant même à réaliser quelques photos surprenantes.








Une curiosité enfin que ce quartier de Vilnius auto-proclamé pas ses habitants République d’Uzupis en 1998. Elle est dotée d’un drapeau, d’un hymne national, d’une monnaie (l’eurouz), d’une armée de 12 hommes, d’une constitution (écrite par des poètes et affichée en de nombreuses langues dans une rue), d’un président élu à vie et d’une reine élue chaque année. Le 1er Avril, jour de la fête nationale, les ponts autour du quartier sont fermés et les « passeports » des locaux sont contrôlés pour éviter tout débordement. Car en effet ce jour-là, il y a distribution gratuite de bière pour tout le monde. La population est constituée en grande partie d’artistes et de squatteurs. Les ateliers et galeries y sont légion.


Le charme d’antan

Nous terminons notre parcours lituanien par la ville de Druskininkai, toute proche de la frontière avec la Biélorussie. Elle a la particularité d’être une station thermale réputée. Son eau chloro-sulfatée sodique et calcique, ses vieux bâtiments des années 1900 et même sa télécabine nous ont fait replonger un instant dans notre ville thermale d’attache, Saint-Gervais, où nous avons résidé 25 ans.


La Pologne nous attend…

Eh oui, vous l’avez deviné, c’est notre étape suivante. Alors à bientôt et merci de nous lire. Les liens pour commenter ou s’abonner sont dans le menu.

Parcours en Lituanie

Notre trajet depuis le 19 Avril dernier, soit 20 300 km parcourus.

33. Tout à gogo

Sans aucunement être monotones, certaines observations se répètent au cours de notre voyage et attirent inévitablement notre attention. Voici l’occasion d’en rassembler ici quelques-unes.

Paysages grandioses à gogo

La route est un émerveillement permanent. Nous traversons régulièrement des paysages magnifiques, qu’il n’est pas souvent facile de prendre en photo car on ne peut s’arrêter à tout moment faute de risquer le carambolage derrière nous ou le couchage de Roberto sur le flanc en raison des accotements « non stabilisés » comme ils disent. Voilà pourquoi vous verrez plus souvent des villes, plus enclines à poser sagement devant nos objectifs. Mais nous avons tout de même pu capturer de beaux paysages, que nous vous livrons ici.

lacs et forêts a gogo en norvège

Tunnels à gogo

Il n’est pas rare que sur certaines routes on passe la moitié de son temps dans les tunnels. C’est même quelquefois frustrant de voir un joli paysage s’interrompre toutes les dix minutes. Et ce ne sont pas de petits tunnels. Déjà à Stavanger, nous avions, après un tunnel « classique » de 6,5 Km, enchaîné de suite avec un tunnel sous-marin de 14,5 Km, plus long que celui du Mont-Blanc. Assez impressionnant car au début on ne fait que descendre pendant plusieurs kilomètres. Mais deux jours plus tard, nous avons parcouru sans le savoir le tunnel routier le plus long du monde, s’étirant sur pas moins de 24,5 Km. Laerdal de son petit nom. Inutile de vous dire que l’on est content de revoir le jour à la sortie. L’avantage avec Roberto, c’est que nous aurions pu nous faire un petit café pendant le trajet. Il faut ajouter que les tunnels en Norvège n’ont pas de parois régulières comme les nôtres. Ils donnent l’impression d’avoir été taillés à la main. L’éclairage est souvent à minima. Parfois les parois sont légèrement peintes jusqu’à mi-hauteur, ce qui donne l’impression de circuler dans un glacier. Mais la plupart du temps c’est de la roche brute et sombre. Pour tromper l’ennui dans ces longs tunnels, souvent une zone éclairée différemment (ou tout court) marque le milieu du tunnel ou chaque étape de 5 Km. Mais le plus perturbé dans l’affaire, c’est notre GPS qui finit volontiers par abandonner lors des plus longs trajets, sans même reprendre à la sortie. Je suis sûr que s’il pouvait soupirer et hausser les épaules, il le ferait !


Façades multicolores à gogo

Dire que nous avions dû faire un gros détour à pied à Oslo pour trouver les deux seules rues encore composées de ces vieilles maisons colorées en bois. C’était sans imaginer que par la suite la plupart des villes que nous visiterons comporteront au minimum tout un quartier historique empli de ces seules maisons, voire la totalité d’un village dans certains endroits. C’est un régal pour les yeux, notre seul regret étant que le soleil ne soit pas toujours présent pour sublimer les couleurs de ces façades.


Églises en bois debout à gogo

Nous sommes en plein dans la région et elles sont effectivement légion. Elles datent du XIIe ou XIIIe siècle, vers la fin de la période Viking, un peuple qui maîtrisait la construction en bois si l’on en juge par les bateaux dessinés par Uderzo. Ceux qui les ont christianisés leur ont demandé de construire plein d’églises d’un coup, des églises qui résistaient aux tempêtes qui plus est, alors ils ne se sont pas privés. Il en existait plus de 2000 à l’époque, il en subsiste 28 aujourd’hui. Chaque étage est constitué de piliers d’angle reliés par des poutres, lesquelles supportent d’épaisses planches verticales, d’où le nom. La patine du bois permet de mesurer les années d’intempéries de toutes sortes.


Toits végétalisés à gogo

Peu aperçus en Suède, ils sont de l’ordre de la banalité en Norvège. Recouverts de mousse luisante comme de sapins de noël, d’herbes folles comme de longs cheveux bien peignés, ils intègrent magnifiquement les maisons qui les arborent (c’est le cas de le dire) dans le paysage, surtout quand tous les voisins s’y mettent. Allez, en voici quelques-uns : le grand touffu, le petit joufflu, le grand ridé, le mont pelé, ça vous rappelle sûrement un truc.


Décorations kitsch à gogo

Les norvégiens aiment bien placer tout un tas de bricoles derrière leurs fenêtres, que celles-ci donnent sur la rue ou non. Ils aiment tout autant installer dans leur jardin des statuettes en tout genre, de vieux vélos munis d’un pot de fleurs sur le porte-bagages. Ils aiment aussi décorer leurs boîtes aux lettres et, très nationalistes, orner leurs maisons d’un drapeau. Au moins quand on passe on est sûr de ne pas s’être trompé de pays !


Marches à gogo

Si nous marchons facilement des kilomètres en ville, nous nous lançons plus rarement sur les chemins de randonnées. Mais celle-là était incontournable. Nous avons même fait un bon détour dont un long tunnel sous-marin aller-retour pour y aller. Je parle de l’ascension de la falaise de Preikestolen. Elle se fait par un sentier de 4 kilomètres, soit environ 2 heures pour s’élever d’environ 500m. C’est assez raide, et surtout une bonne partie de la balade est constituée de marches taillées dans la roche avec des hauteurs très inégales qui limitent la régularité des pas. De temps en temps on se repose en traversant des tourbières sur de petites passerelles en bois qui nous ont beaucoup rappelé St Pierre et Miquelon. Et puis les marches reprennent, jusqu’à la dernière aux parois on ne peut plus verticales qui donne enfin la vue sur le fjord 604m plus bas. L’effet wouah est garanti.


Mais la récompense au sommet !
Et quelle vue de là-haut !
La grande marche vue du dessus. Vous voyez comme moi la fissure ???

Animaux sur la route à gogo

Plus nous allons vers le nord, plus il faut faire attention aux animaux qui traversent ou s’installent volontiers sur la route. Les panneaux mettant en garde contre ces incursions sont presque aussi fréquents que ceux annonçant des virages. Tout spécialement ceux annonçant des traversées de rennes, particulièrement frustrants parce que jusqu’ici nous n’en voyions jamais, du moins ailleurs que dans un zoo ou dans notre assiette. Mais nos voeux ont été exaucés il y a quelques jours lorsque nous avons aperçu un petit troupeau broutant le bitume – ou donnant cette impression – à une centaine de mètres devant le capot de Roberto. Personne derrière nous heureusement. Nous avons pu approcher lentement sans trop les effrayer et sortir les smartphones à temps.


Visites à gogo

Ce dernier chapitre est un peu fourre-tout, certes, mais ces visites jalonnent notre voyage. Elles n’ont pas toujours de rapport entre elles, alors je vous les livre comme ça, dans un ordre plutôt chronologique. Bonne balade !

Stavanger, son musée de la conserverie (fermé) et ses maisons de pêcheurs devenues chic

Mélange de moderne et d’ancien sur le port de Stavanger

Musée norvégien de la conserve…

Les bars en terrasse équipés pour le froid
Les maisons des pêcheurs sont devenues très recherchées

…malheureusement fermé le jour de notre passage !

Un food-truck qui doit servir des hamburgers au saumon

Bergen, et ses entrepôts en bois du XIIIème inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco

Il s’agit des dix dernières maisons ayant résisté…

Le quartier du vieux port lui aussi est renommé
…aux multiples incendies de la ville

Le port accueille tout de même des bateaux modernes

Flåm, son étrange bateau de croisière au fond du fjord et son petit train aux 20 tunnels

Le grand et le petit
Restaurant viking
Arborisculpture

Ce train est entré en gare, au sens propre,

20km sur 900m de dénivelée, la voie la plus raide du monde sur rails classiques

Forcément des vues spectaculaires. Voyez-vous les 3 niveaux de voie ferrée et la route en virages que n’aurait pas aimé Roberto ?
Mais nous avons préféré prendre celui-là !

20 tunnels dont 18 creusés à la main (1 mois de travail par mètre !)

Le train s’arrête à plusieurs reprises pour laisser apprécier le paysage. Ce n’est pourtant pas qu’un train touristique, il fait le lien avec la gare voisine

Laerdal, ses vieilles maisons et son centre du saumon norvégien

Tiens, des maisons grises, ça change…

Un vieil hôtel de charme
Bon, il y a aussi des rouges, peuvent pas s’empêcher !

dans un quartier pas tout neuf
Les saumons abondent paraît-il dans beaucoup de rivières norvégiennes, mais comme nous ne sommes adeptes ni de la baignade en eau glacée ni de la pêche à la ligne, nous n’avons pas pu vérifier. Nous sommes seulement allés en rencontrer dans un centre qui, grâce à des échelles à saumons judicieusement placées au bord d’une rivière, détourne quelques spécimens de leur chemin montant sablonneux et malaisé. Ils arrivent ainsi dans un pseudo bras de la rivière, alimenté par celle-ci, dont l’une des rives est vitrée ce qui nous permet accessoirement de les apercevoir. L’objectif principal est cependant de vérifier qu’ils sont en bonne santé et de garder les femelles pour récupérer le frai le moment opportun afin de constituer un stock d’alevins. En effet, l’espèce est actuellement victime d’un parasite qui, contrairement au coronavirus, tue principalement les sujets jeunes. Pour assurer le maintien de l’espèce, la seule solution trouvée en cas de contamination d’une rivière est de balancer de la roténone, ce qui tue tous les poissons. Il n’y a plus qu’à remettre les alevins que l’on avait mis de côté, d’où l’intérêt du centre.

Lillehammer, la ville olympique mais pas que

Les pistes de saut sont encore actives depuis 1994, enfin pas le jour où nous y étions !

Lillehammer a aussi un beau musée d’art, avec des
Faute de skieurs, nous nous sommes rabattus sur le musée consacré à l’histoire olympique de la Norvège

peintures locales hyper-réalistes,

La mine de cuivre de Roros

Elle n’est plus en activité depuis 1974, mais les

bâtiments servent encore pour expliquer le processus


Tronheim, ses maisons sur pilotis, sa cathédrale


Saltfjellet, où l’on franchit le cercle polaire

66°33 de latitude nord mais seulement 4° C de température extérieure. Plus l’on monte plus ça baisse !

En attendant Bodø…

…nous sommes allés observer le « Saltstraumen » (ruisseau salé en Norvégien) un courant de marée qui se forme dans un chenal entre 2 îles, paraît-il impressionnant, pouvant circuler jusqu’à 20 noeuds. Bien que nous ayons attendu le meilleur moment (la marée haute), ni nous ni la mouette (terme générique) n’avons été impressionnés. C’est peut-être la basse saison… Il ne nous restait plus qu’à rejoindre Bødo, notre port d’embarquement pour les Iles Lofoten, bien plus joli.


J’écris maintenant ces lignes dans le ferry qui nous transporte vers les îles Lofoten. Ça va nous changer des Caraïbes, tiens !

31. Au fil des jours

L’écume du jour

Mais quelle est donc cette écume mousseuse au bord de cet étang ? Pour en savoir plus, il faut évidemment s’approcher de plus près…

Eh bien on dirait qu’une véritable bataille de polochons vient de se dérouler ici. Cette écume bizarre est bien constituée de plumes, probablement celles perdues par les volatiles qui colonisent en nombre cette zone de l’étang. Simple renouvellement estival ou mue nuptiale, difficile à dire. Quant à l’espèce en question, ni Claudie ni moi n’étant bien forts en noms d’oiseaux, nous attendrons que les spécialistes le disent (d’eider bien sûr… Oui je sais ça ne casse pas trois pattes à un canard).


Le marché du jour

Il y a des trucs bizarres dans les magasins, c’est sûr.

Déjà l’absence de yaourts en pots individuels nous pose problème, nous devons nous contenter des briques d’un litre forcément assez liquides. Depuis notre arrivée en Suède, nous n’avons encore pas trouvé de lait longue conservation et devons acheter du lait frais, et donc forcément nous approvisionner à flux tendu.

Nous sommes très peu consommateurs de sauces, mais là par contre le choix est gigantesque, avec notamment des rayons entiers de sauces en tubes, comme pour la mayonnaise chez nous. Et tout ça dans un rayon intitulé trompeusement « kaviar ». A craindre qu’ils ne montent leur mayonnaise avec des œufs …d’esturgeons !

Les crevettes sont en vrac dans des frigos bahuts. Mais le pire c’est peut-être ces choses douteuses qui flottent dans on ne sait quoi comme ces aliens orangés ou ces gros cornichons jaunes, à prendre en seau complet ou au détail. D’ailleurs la confiture aussi se conditionne en seau ou en boudins souples.

Enfin, les confiseries sont particulièrement abondantes. Les Suédois en sont parait-il les premiers consommateurs en Europe. Pour autant, le rayon le plus coloré n’est pas celui des bonbons mais plutôt celui des fruits, particulièrment bien mis en valeur par des miroirs, comme vous pourrez en juger sur la photo ci-dessous.

marché du jour

Un beau jour à Stockholm

Il ne faut pas croire, le soleil n’est caché en moyenne que 13 jours au mois d’août à Stockholm. Notre séjour dans cette ville a été conforme aux statistiques : une première journée très ensoleillé et une seconde avec de la grisaille et parfois des averses. La capitale est vraiment agréable, très aérée avec sa multitude d’îles qui communiquent par des ponts ou des ferries, lesquels se prennent comme on prendrait un bus (le ticket fait la correspondance avec le métro par exemple). Nous avons joué les touristes classiques. Le récit de nos visites est en photos. Deux attractions font l’objet de chapitres séparés.

stockholm aux beaux jours

Ce n’était pas son jour

Le Vasa avait coulé dans le port de Stockholm 20 minutes après sa mise à l’eau en l’an 1628. Ce navire de guerre devait être à la hauteur de son commanditaire Roi Gustave II Adolphe : richement décoré, richement armé, plus haut que large pour être rapide et efficace. Avec sans doute un peu trop de tout ça, il a perdu l’équilibre à la première brise, s’est couché sur le côté et a sombré en quelques minutes.

Il est resté au fond du port pendant 333 ans avant que l’on réussisse enfin à trouver la technique pour le renflouer. Mais aussi pour le conserver. Il a encore fallu 17 ans d’arrosage au polyéthylène glycol pour que le bois finisse par trouver une certaine solidité et que l’épave puisse enfin être exposée au public. Mais grâce à tous ces efforts, c’est une merveille qui s’offre à nous, unique en son genre. 95% du bateau est d’origine. Difficile de croire quand on voit cette masse impressionnante devant nous, avec tous ces détails dans les sculptures que tout cela est resté plus de trois siècles sous l’eau.

Le vrai Vasa… tel que sauvé des eaux
…et sa maquette au 1/10 avec les couleurs originales

Les ABBA-jours heureux

Le groupe suédois le plus célèbre bénéficie d’un musée dans Stockholm depuis 2013. On y apprend tout sur l’histoire de leur formation, concrétisée en 1970, leur carrière fabuleuse pendant seize années où ils ont vendu plus de 160 millions de disques avant de se séparer en 1986 et de mener chacun une carrière solo. Mais le phénomène ABBA ne s’éteint pas pour autant, de nombreux groupes le font revivre, la comédie musicale puis le film Mamma Mia relancent les ventes. Un projet de spectacle avec les hologrammes des artistes est en cours. Le plus étonnant c’est que le site qui est dédié à ce projet vient tout juste de sortir, pile le lendemain de notre visite. Nous avons peut-être déclenché un truc en faisant une fausse manip sur nos audioguides ? Le lien pour les fans : https://abbavoyage.com/


Deux jours plus tard…

Partis au petit jour sous une pluie battante, nous avons fait une traversée express du sud de la Suède pour rejoindre Göteborg, deuxième ville la plus peuplée du pays. Mais nous vous raconterons cela plus tard, demain est un autre jour.