112. La révolution d’Octobre

Loin de nous poser lors de cette phase française de notre voyage, nous avons encore avalé pas mal de kilomètres au cours de ce mois d’octobre. La relative dispersion des membres de notre famille ou de nos amis nous a donné l’occasion de découvrir ou redécouvrir quelques jolis coins de notre pays.

a) Miroir ô beau miroir, dis-moi qui est la plus belle…

J’adore les effets miroir. Le reflet parfait d’un paysage sur un plan d’eau tout aussi parfaitement lisse. Ces derniers temps nous avons été gâtés, principalement le matin avant que la brise ne se lève. Voici quelques clichés récents. Saurez-vous reconnaître celui qui volontairement a été placé à l’envers ?

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Les réponses aux différents quiz sont groupées en fin d’article


b) Cyrano de Paris

Les apparences sont trompeuses lorsqu’on visite Bergerac : les effigies et allusions au héros de Rostand sont partout. On pourrait croire que les habitants ignorent que le vrai (Savinien de) Cyrano de Bergerac n’a jamais mis les pieds dans leur ville. Il est né et a grandi dans les Yvelines. Mais ça les arrange quand même bien, car ça fait venir le touriste et c’est plus glorieux que le vrai fonds de commerce de la ville : le tabac et l’alcool. Bon, j’exagère un peu, j’aime bien les vins de la région, la ville ne produit plus de tabac depuis 2015 (mais son musée du tabac en retrace toute l’histoire) et elle possède de vrais attraits touristiques : balades en gabarres sur la Dordogne, centre historique médiéval tout en ruelles tortueuses et maisons à colombages, restaurants gastronomiques, festivals de théâtre, etc.

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Quiz : Le vrai Cyrano de Bergerac fut :
1°) auteur de science-fiction
2°) mousquetaire
3°) navigateur au long cours
Laquelle de ces affirmations est fausse ?


c) Le musée qui fait un vrai tabac

Je ne sais pas vous, mais moi, j’ignorais que Bergerac avait été un haut lieu de production du tabac en France pendant les deux derniers siècles, grâce à des conditions climatiques favorables (hivers doux, étés chauds et humides) et un port bien placé sur la Dordogne. La production était bien sûr très encadrée par l’État. Au musée du tabac de Bergerac, qui n’incite en rien les gens à fumer, on vous raconte toute l’histoire de la plante à nicotine depuis son usage longtemps exclusif par les populations d’Amérique du Sud et d’Océanie jusqu’à ce que Christophe Colomb a ramène le tabac en Europe et pourrisse ainsi les poumons de milliards de personnes. Les différents usages du tabac ont conduit à la réalisation de nombreux accessoires (râpes, pipes, enseignes, porte-cigarettes, etc.) dont certains hautement artistiques sont exposés dans ce musée.

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une pipe créée spécialement pour le musée

Quiz : que signifient les lettres du sigle SEITA ? Ne trichez pas, essayez sans Google…


d) Cantal de Monaco

Ce titre a un petit air de princesse monégasque, mais c’était bien avant Steph de Monac. En 1643 précisément. Louis XIII avait donné à Honoré II de Grimaldi et ses successeurs le droit de percevoir les impôts du Comté de Carlat (encore un fromage et une chanteuse mais je n’y suis pour rien) dont la capitale était Vic-sur-Cère. Et un hôtel particulier en prime. L’affaire dura jusqu’en 1789 jusqu’à ce que les révolutionnaires y mettent fin. Bons princes (c’est le cas de le dire), ils laissèrent tout de même aux monégasques l’hôtel particulier que Louis XIII leur avait offert en prime. Rainier III en 1951 et Albert II en 2014 sont venus y séjourner brièvement. Peut-être pour marquer leur territoire en faisant pipi dans les toilettes, qui sait ?


e) Vic-les-Bains

Si vous connaissez cette ville, vous êtes démasqué(e) : vous êtes un(e) voyageur(euse) du temps. Parce que la ville n’existait qu’au XVIIème siècle. En ce temps-là, la source d’eau minérale aux propriétés fabuleuses attirait du grand monde. Comme par exemple Anne d’Autriche, épouse de Louis XIII, qui après 22 ans de mariage n’avait toujours pas d’enfant. Elle vint faire une cure à Vic-les-Bains en 1637. Louis XIV naquit l’année suivante ! Reconnaissant, il fit embouteiller l’eau dix ans plus tard et s’en faisait livrer à domicile.

Aujourd’hui, la ville est devenue Vic-sur-Cère. L’eau thermale n’est plus exploitée. Au kiosque où elle sourd encore, avec la même composition physico-chimique qu’autrefois, un panneau indique qu’elle n’est pas potable. Certains minéraux auraient déplu aux députés ou aux lobbyistes européens. On me dit que les vicois(es) voteraient volontiers pour un Louis XIV s’il venait à se présenter aux élections…

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f) Cantal’architecture, parlons-en !

A l’occasion d’un week-end réunissant une partie de la famille et des amis, nous avons pu apprécier l’architecture si particulière du Cantal. Notre location était assez typique de la région avec ses murs en pierres volcaniques, son toit pentu couvert de lauzes taillées en écailles de poisson, et sa grande pièce centrale unique qui s’est avérée idéale pour notre petit groupe. La visite du centre-ville de Vic-sur-Cère nous a permis de retrouver beaucoup d’autres éléments construits sur le même modèle. Un régal pour les yeux. Et c’est sans parler de l’environnement montagneux alentour.

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g) L’homme qui inventa la vache rouge

A Salers en Haute Auvergne, le climat d’altitude et les pentes conviennent mieux aux pâturages qu’aux cultures. Vers 1850, une race de vache aux longs poils et aux cornes en forme de lyre, descendante de l’aurochs, pourtant bien adaptée aux conditions locales, perdait peu à peu ses caractéristiques en raison d’un métissage excessif. Un éleveur dynamique de la ville de Salers, Ernest Tyssandier d’Escous s’inspira des Anglais et restaura la race en faisant se reproduire entre eux les meilleurs animaux préalablement sélectionnés. Il organisa même un concours annuel pour récompenser les meilleurs mâles reproducteurs.

Des troupeaux de vaches rouges paissent maintenant partout dans la région, la race s’exporte dans 25 pays du Monde et le buste d’Ernest trône sur la place principale de sa ville reconnaissante.

Quiz : Quelle est la particularité de la vache de Salers (une seule bonne réponse)
1) elle ne se trait qu’en présence de son veau
2) elle ne se nourrit que de foin monté en graines
3) elle rit


h) Avons-nous perçu le bon Salers ?

Le village de Salers, dans le Cantal, est l’un des « plus beaux villages de France ». Même s’il en existe 175 autres, nous ne pouvions le rater. Nous y avons retrouvé la jolie architecture auvergnate de ces derniers jours, rassemblée sur une petite colline de pierre volcanique. Les ruelles étroites, le caractère moyenâgeux, les points de vue sur les volcans d’Auvergne et les spécialités de la région attirent malheureusement les boutiques de souvenirs, les bars, les restaurants et tout le petit monde qui va avec. Même si ce n’était pas la grande foule hors saison, cela enlève de l’authenticité au lieu et, personnellement, j’ai préféré les anonymes petits villages voisins. La rançon du succès.

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i) Derniers à Ré tout le monde descend

C’est tout l’avantage du hors saison que de pouvoir visiter tranquilles des sites habituellement bondés le reste du temps. C’est ainsi que nous avons traversé sans crainte le pont qui mène à l’île de Ré. La circulation très espacée dans la partie la plus proche du continent est devenue presque nulle à l’autre extrémité. Nous avons dormi dans un silence parfait sur un parking en pleine nature près du Phare des Baleines, auprès duquel nous nous sommes rendus le lendemain. Accompagnés de quelques autres visiteurs, nous l’avons vu se dévoiler progressivement de sa brume de mer matinale, tout en appréciant la côte sauvage à cet endroit.

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Plus tard, de passage dans le joli village d’Ars-en-Ré, nous avons encore trouvé des rues désertes. Dommage pour un site faisant partie des « plus beaux villages de France ». Mais tant mieux pour nous !

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Quiz : le clocher de l’église du village est inhabituellement bicolore, avec la pointe noire et la base blanche. Pourquoi ?
1) en hommage à Nicéphore Niépce, enfant du pays, inventeur de la photographie
2) pour être vu de loin par les bateaux
3) parce que la partie noire en haut attire moins la foudre que la partie blanche
4) en souvenir du couvreur qui est tombé du toit après avoir posé la moitié des ardoises



j) Spectacle au format PDF

Claudie y était allée il y a une quinzaine d’années. Pour ma part c’était une première. J’étais resté sur l’idée d’un grand son et lumière régional où les habitants du coin, tous bénévoles, défilaient vêtus en paysans devant un château en feu. J’étais vraiment loin de la réalité et remercie vivement nos amis Dominique et Christophe de nous avoir conduits dans ce lieu magique et remis en place nos idées préconçues. Vous avez peut-être reconnu dans le descriptif le Puy Du Fou, un parc à thème créé il y a plus de 40 ans, qui a su se développer au fil des années sans jamais vouloir ressembler aux parcs d’attraction classiques basés sur des dessins animés ou des bandes dessinées.

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Nos enfants étant maintenant de jeunes adultes, nous n’avions pas fréquenté ce genre de parcs depuis longtemps, et nous avons été véritablement scotchés par les progrès technologiques et l’inventivité de la mise en scène des différents spectacles présentés. Il est bien difficile de décrire une journée aussi intense en une dizaine de lignes ou en quelques photos et vidéos, mais soyez-sûr(e)s d’être conquis par une visite sur place et d’être converti(e)s au format PDF.

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k) La ville qui s’appelait Napoléon

Une des premières décisions de Napoléon après s’être autoproclamé empereur a été de destituer de son statut de préfecture de la Vendée la ville de Fontenay-le-Comte au profit d’un petit bourg appelé La Roche-sur-Yon. La nouvelle préfecture, développée et équipée selon les préceptes napoléoniens, porta le nom de l’empereur à plusieurs reprises au cours de son histoire. Des savants de retour de la campagne d’Égypte, sans doute impressionnés, choisirent de conserver dans la ville des modèles mécaniques d’animaux afin de mieux les étudier. Perdus pendant plus d’un siècle, ils ont fini par être retrouvés et furent remis à la disposition du public sur la place principale appelée naturellement « Place Napoléon ». C’est le seul endroit qui porte encore la marque de l’empereur car, curieusement, après Waterloo, la ville reprit son nom original.

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l) On se fait un McDo ?


m) Une bonne base pour Dali

De passage à Bordeaux, nous avons découvert le Bassin des Lumières, une reconversion étonnante d’une base sous-marine germano-italienne construite pendant la guerre en espace de spectacles numériques. Les artistes à l’honneur le jour de notre visite étaient Dali et Gaudi. Nous avons pu apprécier leurs œuvres qui, projetées sur les immenses murs, sols et bassins de l’édifice, enrichies par la pénombre, l’animation et l’accompagnement musical (Pink Floyd pour Dali) étaient vraiment magnifiées par le lieu. Une expérience que nous espérons revivre prochainement avec les futurs invités : Tintin et ses acolytes.

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n) L’effet papillon

Dans nos critères de choix pour notre futur Roberto, la discrétion était importante : une couleur autre que le blanc pour ne pas ressembler à un camping car, et plutôt foncée pour se fondre dans l’environnement. Ici sur ce parking à Agen, l’intégration au décor était maximale, notre sticker de morpho bleu ajouté au Costa Rica étant parfaitement en phase avec la vitrine du magasin devant lequel nous étions garés.


o) Le Karaboudjan, le Requin et la Licorne

Hergé pouvait-il imaginer qu’un jour ses bateaux fétiches se retrouveraient dans une base sous-marine à près de 900 km de sa Belgique natale ? Et pas seulement, puisque, de retour au Bassin des Lumières de Bordeaux, nous avons vu défiler tout l’univers de Tintin, des couvertures aux personnages, jusqu’aux jurons du Capitaine Haddock. En cette période de vacances scolaires, si les enfants étaient nombreux et généralement peu attentifs, le public était majoritairement adulte, chacun retrouvant les lectures de son enfance ou d’une période plus récente. Personnellement, j’ai adoré lire les BD de Tintin. Peut-être que mon envie de voyager et de découvrir le monde vient de là ? Je me souviens encore du premier album que j’ai lu et relu : l’Étoile Mystérieuse. Et vous, vous souvenez-vous de votre tout premier Tintin ?

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p) Faites-le vous-même, mais pas tout seul

Ce slogan d’une grande enseigne de bricolage tombe à pic pour légender ma photo. Petite surprise en démontant un luminaire dans la maison que viennent de louer mon fils et sa compagne. Ces punaises dérangées pendant leur sommeil ont retrouvé la liberté après un transport dans une tasse à café, le premier récipient à portée de main. Aucun animal n’a été maltraité, comme ils disent à la fin des films où l’on pourrait en douter.

Quiz : De quelle enseigne est le slogan du titre ?
1. Mr Bricolage ?
2. Leroy Merlin ?
3. Castorama ?
4. Brico Dépôt ?


C’est avec ces peu sympathiques mais inoffensives bébêtes que se termine le parcours d’octobre de Roberto et de ses occupants, que l’on peut qualifier de révolution tellement nous tournons autour du même secteur. Et puis la révolution d’Octobre, ça sonne bien, non ? A bientôt !

P.S. Les solutions des différents quiz : a2 ; b3 ; g1 ; i2 ; p1

96. Guatemaya

Nous poursuivons notre parcours dans le Nord puis l’Ouest du Guatemala, toujours à la découverte de ce beau pays. Si les paysages montagneux et volcaniques nous enchantent, nous sommes surtout impressionnés par la résilience des Mayas qui malgré la pression des colons espagnols ont réussi, bien davantage qu’au Mexique, à préserver leur religion et leurs traditions, quitte à intégrer quelques rites dans les églises catholiques.

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Oui, j’avais oublié de publier cette plaque minéralogique, pour ma collection. Ici, pas de province, d’état ou de devise comme en Amérique du Nord, mais la mention « Centro América » pour revendiquer l’identité commune des 7 pays de la région (histoire coloniale, langue espagnole, géographie montagneuse et volcanique)

Incursion chez les Ixil

Ce peuple descendant des Mayas compte moins de cent mille représentants, presque tous rassemblés dans le « triangle ixil », zone reculée du nord du Guatémala formée par les villages de Nebaj, Chajul et Cotzal. Leur histoire comme leur résilience sont tout à fait poignantes. Après être devenus indépendants du groupe maya K’iché qui les avait phagocytés, ils se sont heurtés à la conquête espagnole. Vainqueurs au premier contact grâce à une mobilisation massive, ils ont dû en subir les représailles, décimés par les conquistadores qui ont aussi déporté les survivants dans des colonies. Après l’indépendance du Guatemala, on les a forcés à travailler comme esclaves sur leurs terres confisquées. Mobilisés dans une guérilla contre le gouvernement afin de récupérer leur bien, ils ont subi alors un véritable génocide de la part du dictateur Rios Montt. Pendant cette dure période, ils n’ont jamais renoncé à leurs coutumes ni à leurs terres et, particulièrement résilients, se remettent lentement.

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Ils se consacrent à l’agriculture qui les a toujours nourris, dans le respect de la vie et de la nature. Ils sont aussi experts dans l’art du tissage, produisant les magnifiques vêtements et coiffes aux couleurs vives que portent les femmes encore aujourd’hui. Leur religion comme chez d’autres Mayas mélange catholicisme et chamanisme. En cas de problèmes de santé, ils font appel aux prêtres ou guérisseurs bien avant les médecins.

Pour nous autres touristes, après l’empathie pour leur histoire difficile, c’est l’immersion dans un autre monde visuel qui nous emplit d’émotion. Ce que nous aimons le plus en voyage, c’est découvrir une culture qui nous ressemble le moins possible. Autant dire qu’ici nous sommes gâtés !

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Religion à la sauce maya

J’en parlais juste avant : les descendants des Mayas se sont officiellement convertis au catholicisme pour des raisons de survie, mais n’ont jamais abandonné leurs traditions religieuses initiales faites de polythéisme, d’une cosmologie à 3 niveaux (ciel, terre et inframonde), de respect de la nature et des ancêtres. Nous en avons trouvé trois exemples en approchant de Quetzaltenango.

D’une part cette église San Andrés de Xecul dont la façade multicolore tranche avec la sobriété habituelle des églises catholiques et dont les motifs, personnages et références à la nature sont franchement Mayas. Au moment de la décoration, les franciscains ont dû faire beaucoup d’efforts pour accepter les jaguars, les quetzals, les singes et le maïs !


A quelques kilomètres de là, et à un coin de rue d’une vieille église coloniale, nous pénétrons dans une petite chapelle après avoir sonné à la porte. A l’intérieur, pas de bancs mais une table au milieu de la pièce où brûlent bougies et encens. En s’approchant de l’autel, on remarque de multiples offrandes peu traditionnelles dans la religion catholique : nombreuses canettes de bière, bouteilles d’alcool, gâteaux, cigarettes. Tous les vices sont là pour vénérer le « Roi San Pascual », un saint folklorique connu comme le roi du cimetière, proche du dieu de la mort des Mayas. Et en effet, il se présente sous forme d’un squelette vêtu d’une cape. Il a aussi pour fonction la guérison des maladies et forcément, les pèlerins sont nombreux à venir prier. Avec la désapprobation de l’église catholique bien sûr.

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L’entrée un peu mystérieuse de la Chapelle du Roi San Pascual
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A l’intérieur, la différence avec une église traditionnelle est évidente

Enfin, à Zunil, nous avons pu assister à une cérémonie quasi-chamanique individuelle autour de San Simon, un dieu Maya devenu Saint, représenté sous forme d’un homme blanc en costume coiffé d’un chapeau et muni de lunettes noires. La personne venue l’invoquer a été coiffée du chapeau de San Simon par un prêtre et lui a fait boire une rasade de rhum donné par ce dernier, avec moultes incantations. Par respect nous n’avons bien sûr pas filmé ni photographié la scène, mais vous trouverez quelques photos du lieu prises juste avant. A noter qu’il existe 2 effigies : l’une fixée au lieu, l’autre mobile d’une maison privée à une autre au moment du 1er novembre de chaque année.

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Une gitane au pays du maïs

Le cimetière de Quetzaltenango est particulièrement riche en diversité de tombes : du simple tumulus pour les plus pauvres à la chapelle baroque pour les plus riches en passant par les cages en béton peintes de couleurs vives (selon les préférences du défunt) pour les autres.

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Il fait près de deux kilomètres carrés et l’on pourrait s’y perdre, mais pas besoin d’aller bien loin pour voir la sépulture la plus visitée. A deux pas de l’entrée, entre deux édifices plutôt ternes, on remarque rapidement cette tombe rose vif sur laquelle semble dormir une belle femme couverte de fleurs et de graffitis : il s’agit de Vanushka, une gitane dresseuse d’animaux dans un cirque hongrois de passage et dont s’était entiché le fils du gouverneur de la ville. Amour impossible sanctionné par l’exil du jeune homme en Espagne. Vanushka se serait donné la mort en désespoir. Nombreux sont ceux qui viennent depuis lui rendre visite car elle aurait le pouvoir de faire retrouver les amours perdues.

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Une autre particularité de ce cimetière est que la plupart des statues ont perdu la tête. Certains parlent de vandalisme, d’autre de trafic d’art. Mais ne serait-ce pas pour la belle gitane ?

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3 sorties volcaniques

La ville de Quetzaltenango est entourée de trois volcans, dont deux sont en activité. Le Santa Maria est le plus haut (3773 m) et entre en éruption à peu près une fois par siècle, les dernières manifestations datant de 1902 et 2012. A l’inverse, son « petit frère » le Santiaguito, né lors de l’éruption de 1902, crache pour sa part cendres, projectiles et lave toutes les 20 minutes depuis cette date. Dans toute la zone, de nombreuses sources chaudes d’origine volcanique sont exploitées, souvent par des particuliers. Nous avons essayé de profiter un peu de tout ça.

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Nous avons commencé par un sauna de vapeur issue directement du volcan à Los Vahos. Un endroit qui ne paie pas de mine (rien ne semble avoir changé depuis plus d’un siècle…) et dont l’accès par un chemin en terre est assez délicat. Roberto s’en est bien sorti car la route était sèche, mais nous ne nous serions pas risqués si elle était boueuse. Sinon une première expérience de sauna fabuleuse dans un lieu hors du commun et sans autre visiteur que nous.

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Le sauna aux vapeurs volcaniques de Los Vahos
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On en sort tout de même bien détendus !

Nous avons poursuivi par la randonnée jusqu’au mirador du volcan Santiaguito. 4 km aller-retour avec une montée très raide au début. Mais en haut, quelle récompense : spectacle permanent de fumerolles puis, après une quinzaine de minutes d’attente, une éruption impressionnante avec un panache de fumée s’élevant très haut et une teinte rougeâtre à la base laissant deviner la lave en fusion, le tout dans un bruit d’avion à réaction. C’est probablement faisable et encore plus spectaculaire la nuit, mais nous n’avons pas tenté.

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La route d’accès à notre camp de base au pied du volcan Santa Maria (qui cache le Santiaguito)
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C’est là que nous passons la nuit, parking fermé dans la cour d’une ferme. Plus pratique qu’exotique
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En 1h40 et 2 km de marche, on atteint le mirador du Santiaguito, à 2700 m d’altitude. Le volcan est là à moins de 2 km et l’on voit bien les fumerolles. Il n’y a plus qu’à attendre l’éruption…
Et soudain le spectacle commence ! C’est une première, je tente une vidéo dans le blog, j’espère que ça chargera bien. N’oubliez pas de mettre le son.
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Il ne reste plus qu’à redescendre. Une petite heure sans s’arrêter

Enfin, rien de tel après l’effort que d’aller se plonger dans des piscines d’eau thermale, là aussi alimentées par le volcan. Cela se passe aux Fuentes Georgina, près de Zunil. On s’y rend par une belle route asphaltée qui traverse un paysage magnifique fait de petits champs de cultures maraîchères, l’activité principale de la région. Peu avant le site, on perçoit nettement l’odeur du soufre. Une fois rendus, c’est un bonheur que de s’immerger dans ces bassins dont l’eau avoisine les 30 à 35°C alors que l’air ambiant tourne plutôt autour de 17°C compte-tenu de l’altitude. Seuls des locaux fréquentent les lieux, guère plus d’une dizaine de personnes, mais c’est probablement beaucoup plus le week-end.

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La belle route qui mène aux sources chaudes
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avant de découvrir ces bassins d’eau sulfureuse. Il s’en dégage une brume permanente, pas vraiment bien rendue sur la photo
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Et bien sûr on s’y plonge avec délice

Encore des rituels mayas

Nous avons passé la nuit dans un écoparc manifestement destiné à la sensibilisation des écoliers à l’écosystème particulier du coin (forêt de pins) et aux conséquences du dérèglement climatique. Pas d’écolier présent mais nous avons suivi le sentier pédagogique pour nous dégourdir les jambes. A un détour du chemin, nous avons aperçu un groupe maya en pleine cérémonie, avançant à genoux vers un autel en récitant des incantations.

Une trentaine de kilomètres plus loin, nous avons visité le site archéologique Q’UMARKAJ, encore assez peu mis au jour mais très utilisé par les Mayas pour leurs rituels. A l’entrée d’ailleurs, des panneaux fixent quelques règles aux candidats à ces cérémonies et donnent la liste exhaustive des offrandes autorisées. Et des Mayas venant prier, nous en avons observé plusieurs, que ce soit devant le temple de la grande place, noirci par les feux régulièrement allumés sur des offrandes disposées en motifs géométriques, ou encore dans la forêt comme dans l’écoparc. Nous nous sommes même engouffrés dans un tunnel sacré (autorisé au public malgré tout) d’une trentaine de mètres de longueur, comportant plusieurs tunnels latéraux dans lesquels nous ne nous sommes pas risqués (l’un d’entre eux se termine par un puits très profond, mais lequel ?) et se terminant par une sorte d’autel où brûlaient un peu d’encens et une bougie, le seul éclairage de tout le conduit.

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Le site de Q’umarkaj. Au prime abord, de simples ruines
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Nous avons même trouvé une grotte sacrée dans laquelle se déroulent manifestement quelques rites

Chichicastenango, le marché

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Chichicastenago : un « chicken bus » (bus scolaire nord-américain recyclé) à l’entrée de la ville

Le marché de cette ville est réputé pour être l’un des plus grands et des plus spectaculaires du Guatemala, voire de toute l’Amérique centrale. Le problème est que cela attire les touristes en masse, venus par bus entiers de la capitale ou des cités voisines, surtout les jeudis et dimanches lorsque sa configuration est étendue. En raison de cet afflux, nous l’avons trouvé un peu moins authentique que les précédents visités. Malgré tout, les chalands locaux restent largement majoritaires et l’explosion de couleurs et la variété des étals est bien là, pour le plus grand plaisir des yeux. On y trouve aussi bien artisanat que produits frais, animaux vivants, accessoires de la vie quotidienne, médicaments, démonstrateurs de potions miracle et autres diseurs de bonne aventure. Quelques édifices religieux se trouvent au sein du marché, notamment cette église San Tomas fusionnée avec le temple maya sur lequel elle a été bâtie et fonctionnant en mode syncrétique (mélange des rites catholiques et mayas). Très active en tout cas le jour de notre présence.

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Les rites mayas devant et à l’intérieur de l’église San Tomas au beau milieu du marché. Ambiance !

Chichicastenango, le cimetière

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Ce cimetière tout proche du marché est presque tout autant coloré que lui. Les couleurs sont généralement rénovées lors de la fête des morts, mais restent assez vives toute l’année. Elles peuvent refléter la couleur préférée du défunt, honorer les morts et célébrer la vie, ou encore représenter les énergies et les différentes forces de la nature (rouge = sang, vie, amour, passion ; bleu = eau, ciel, sagesse, spiritualité ; etc.). Il est plaisant de se promener dans les allées loin de la foule du marché voisin et d’observer, outre le paysage en arrière-plan, la diversité des tombes, des épitaphes et des décorations. On y trouve également en plusieurs lieux de cérémonies mayas, avec des offrandes disposées sur des supports en pierre de forme arrondie et que l’on brûle ensuite en récitant des incantations. A signaler enfin que beaucoup de caveaux en béton possèdent encore des fers apparents. Comme pour les maisons, c’est une façon d’anticiper la croissance de la famille et les futurs étages qui vont en découler…

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Une journée au lac Atitlan

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Ce lac très réputé au Guatemala résulte de l’explosion il y a 85 000 ans d’un volcan géant, qui a laissé un cratère de 8 km sur 18 et profond de 350 m accumulant eaux de pluie et de ruissellement. Trois autres volcans se sont formés ensuite, dépassant tous les 3000 m d’altitude, agrémentant le lieu d’un panorama exceptionnel. Douze villages se sont installés autour, la plupart n’étant accessibles que par bateau ou par une route de montagne éprouvante que peu de touristes se risquent à emprunter. Le bateau est de toutes façons bien plus plaisant et permet d’explorer à sa guise les villages de son choix. Chacun a sa personnalité. De Panajachel, excessivement touristique en raison de sa situation de plaque tournante vers les autres villages, à Santa Catarina, le plus intime car hors du circuit courant des lanchas publiques, en passant par Santiago Atitlan le plus peuplé, San Pedro envahi par les hippies, San Marcos par ceux du yoga et San Juan le plus authentique. Il y en a pour tous les goûts, mais à moins de rester une grosse semaine ici, il faut faire des choix. Nous avons suivi les conseils d’une agence de voyage qui nous a concocté un petit circuit accompagné d’un guide. Nous avons passé une excellente journée et découvert pas mal de curiosités. A découvrir en photos.

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Chacun a son style propre, mais toujours bien coloré
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tous ces petits grains de maïs blanc sont en relief !
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Notre guide nous emmène déjeuner vers 16h30… c’est rarement plus tôt là-bas !
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Quand vient l’heure du retour, le soleil est presque couchant.

Notre route se poursuit vers les capitales, d’abord l’ancienne, La Antigua, puis la nouvelle Guatemala Ciudad, les deux seules villes que nous connaissions (un peu) au Guatemala. Nous avons avoir le plaisir d’approfondir. A bientôt !

Parcours Guatemala
Le parcours correspondant à cet article, en version zoomable ici