112. La révolution d’Octobre

Loin de nous poser lors de cette phase française de notre voyage, nous avons encore avalé pas mal de kilomètres au cours de ce mois d’octobre. La relative dispersion des membres de notre famille ou de nos amis nous a donné l’occasion de découvrir ou redécouvrir quelques jolis coins de notre pays.

a) Miroir ô beau miroir, dis-moi qui est la plus belle…

J’adore les effets miroir. Le reflet parfait d’un paysage sur un plan d’eau tout aussi parfaitement lisse. Ces derniers temps nous avons été gâtés, principalement le matin avant que la brise ne se lève. Voici quelques clichés récents. Saurez-vous reconnaître celui qui volontairement a été placé à l’envers ?

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Les réponses aux différents quiz sont groupées en fin d’article


b) Cyrano de Paris

Les apparences sont trompeuses lorsqu’on visite Bergerac : les effigies et allusions au héros de Rostand sont partout. On pourrait croire que les habitants ignorent que le vrai (Savinien de) Cyrano de Bergerac n’a jamais mis les pieds dans leur ville. Il est né et a grandi dans les Yvelines. Mais ça les arrange quand même bien, car ça fait venir le touriste et c’est plus glorieux que le vrai fonds de commerce de la ville : le tabac et l’alcool. Bon, j’exagère un peu, j’aime bien les vins de la région, la ville ne produit plus de tabac depuis 2015 (mais son musée du tabac en retrace toute l’histoire) et elle possède de vrais attraits touristiques : balades en gabarres sur la Dordogne, centre historique médiéval tout en ruelles tortueuses et maisons à colombages, restaurants gastronomiques, festivals de théâtre, etc.

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Quiz : Le vrai Cyrano de Bergerac fut :
1°) auteur de science-fiction
2°) mousquetaire
3°) navigateur au long cours
Laquelle de ces affirmations est fausse ?


c) Le musée qui fait un vrai tabac

Je ne sais pas vous, mais moi, j’ignorais que Bergerac avait été un haut lieu de production du tabac en France pendant les deux derniers siècles, grâce à des conditions climatiques favorables (hivers doux, étés chauds et humides) et un port bien placé sur la Dordogne. La production était bien sûr très encadrée par l’État. Au musée du tabac de Bergerac, qui n’incite en rien les gens à fumer, on vous raconte toute l’histoire de la plante à nicotine depuis son usage longtemps exclusif par les populations d’Amérique du Sud et d’Océanie jusqu’à ce que Christophe Colomb a ramène le tabac en Europe et pourrisse ainsi les poumons de milliards de personnes. Les différents usages du tabac ont conduit à la réalisation de nombreux accessoires (râpes, pipes, enseignes, porte-cigarettes, etc.) dont certains hautement artistiques sont exposés dans ce musée.

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une pipe créée spécialement pour le musée

Quiz : que signifient les lettres du sigle SEITA ? Ne trichez pas, essayez sans Google…


d) Cantal de Monaco

Ce titre a un petit air de princesse monégasque, mais c’était bien avant Steph de Monac. En 1643 précisément. Louis XIII avait donné à Honoré II de Grimaldi et ses successeurs le droit de percevoir les impôts du Comté de Carlat (encore un fromage et une chanteuse mais je n’y suis pour rien) dont la capitale était Vic-sur-Cère. Et un hôtel particulier en prime. L’affaire dura jusqu’en 1789 jusqu’à ce que les révolutionnaires y mettent fin. Bons princes (c’est le cas de le dire), ils laissèrent tout de même aux monégasques l’hôtel particulier que Louis XIII leur avait offert en prime. Rainier III en 1951 et Albert II en 2014 sont venus y séjourner brièvement. Peut-être pour marquer leur territoire en faisant pipi dans les toilettes, qui sait ?


e) Vic-les-Bains

Si vous connaissez cette ville, vous êtes démasqué(e) : vous êtes un(e) voyageur(euse) du temps. Parce que la ville n’existait qu’au XVIIème siècle. En ce temps-là, la source d’eau minérale aux propriétés fabuleuses attirait du grand monde. Comme par exemple Anne d’Autriche, épouse de Louis XIII, qui après 22 ans de mariage n’avait toujours pas d’enfant. Elle vint faire une cure à Vic-les-Bains en 1637. Louis XIV naquit l’année suivante ! Reconnaissant, il fit embouteiller l’eau dix ans plus tard et s’en faisait livrer à domicile.

Aujourd’hui, la ville est devenue Vic-sur-Cère. L’eau thermale n’est plus exploitée. Au kiosque où elle sourd encore, avec la même composition physico-chimique qu’autrefois, un panneau indique qu’elle n’est pas potable. Certains minéraux auraient déplu aux députés ou aux lobbyistes européens. On me dit que les vicois(es) voteraient volontiers pour un Louis XIV s’il venait à se présenter aux élections…

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f) Cantal’architecture, parlons-en !

A l’occasion d’un week-end réunissant une partie de la famille et des amis, nous avons pu apprécier l’architecture si particulière du Cantal. Notre location était assez typique de la région avec ses murs en pierres volcaniques, son toit pentu couvert de lauzes taillées en écailles de poisson, et sa grande pièce centrale unique qui s’est avérée idéale pour notre petit groupe. La visite du centre-ville de Vic-sur-Cère nous a permis de retrouver beaucoup d’autres éléments construits sur le même modèle. Un régal pour les yeux. Et c’est sans parler de l’environnement montagneux alentour.

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g) L’homme qui inventa la vache rouge

A Salers en Haute Auvergne, le climat d’altitude et les pentes conviennent mieux aux pâturages qu’aux cultures. Vers 1850, une race de vache aux longs poils et aux cornes en forme de lyre, descendante de l’aurochs, pourtant bien adaptée aux conditions locales, perdait peu à peu ses caractéristiques en raison d’un métissage excessif. Un éleveur dynamique de la ville de Salers, Ernest Tyssandier d’Escous s’inspira des Anglais et restaura la race en faisant se reproduire entre eux les meilleurs animaux préalablement sélectionnés. Il organisa même un concours annuel pour récompenser les meilleurs mâles reproducteurs.

Des troupeaux de vaches rouges paissent maintenant partout dans la région, la race s’exporte dans 25 pays du Monde et le buste d’Ernest trône sur la place principale de sa ville reconnaissante.

Quiz : Quelle est la particularité de la vache de Salers (une seule bonne réponse)
1) elle ne se trait qu’en présence de son veau
2) elle ne se nourrit que de foin monté en graines
3) elle rit


h) Avons-nous perçu le bon Salers ?

Le village de Salers, dans le Cantal, est l’un des « plus beaux villages de France ». Même s’il en existe 175 autres, nous ne pouvions le rater. Nous y avons retrouvé la jolie architecture auvergnate de ces derniers jours, rassemblée sur une petite colline de pierre volcanique. Les ruelles étroites, le caractère moyenâgeux, les points de vue sur les volcans d’Auvergne et les spécialités de la région attirent malheureusement les boutiques de souvenirs, les bars, les restaurants et tout le petit monde qui va avec. Même si ce n’était pas la grande foule hors saison, cela enlève de l’authenticité au lieu et, personnellement, j’ai préféré les anonymes petits villages voisins. La rançon du succès.

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i) Derniers à Ré tout le monde descend

C’est tout l’avantage du hors saison que de pouvoir visiter tranquilles des sites habituellement bondés le reste du temps. C’est ainsi que nous avons traversé sans crainte le pont qui mène à l’île de Ré. La circulation très espacée dans la partie la plus proche du continent est devenue presque nulle à l’autre extrémité. Nous avons dormi dans un silence parfait sur un parking en pleine nature près du Phare des Baleines, auprès duquel nous nous sommes rendus le lendemain. Accompagnés de quelques autres visiteurs, nous l’avons vu se dévoiler progressivement de sa brume de mer matinale, tout en appréciant la côte sauvage à cet endroit.

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Plus tard, de passage dans le joli village d’Ars-en-Ré, nous avons encore trouvé des rues désertes. Dommage pour un site faisant partie des « plus beaux villages de France ». Mais tant mieux pour nous !

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Quiz : le clocher de l’église du village est inhabituellement bicolore, avec la pointe noire et la base blanche. Pourquoi ?
1) en hommage à Nicéphore Niépce, enfant du pays, inventeur de la photographie
2) pour être vu de loin par les bateaux
3) parce que la partie noire en haut attire moins la foudre que la partie blanche
4) en souvenir du couvreur qui est tombé du toit après avoir posé la moitié des ardoises



j) Spectacle au format PDF

Claudie y était allée il y a une quinzaine d’années. Pour ma part c’était une première. J’étais resté sur l’idée d’un grand son et lumière régional où les habitants du coin, tous bénévoles, défilaient vêtus en paysans devant un château en feu. J’étais vraiment loin de la réalité et remercie vivement nos amis Dominique et Christophe de nous avoir conduits dans ce lieu magique et remis en place nos idées préconçues. Vous avez peut-être reconnu dans le descriptif le Puy Du Fou, un parc à thème créé il y a plus de 40 ans, qui a su se développer au fil des années sans jamais vouloir ressembler aux parcs d’attraction classiques basés sur des dessins animés ou des bandes dessinées.

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Nos enfants étant maintenant de jeunes adultes, nous n’avions pas fréquenté ce genre de parcs depuis longtemps, et nous avons été véritablement scotchés par les progrès technologiques et l’inventivité de la mise en scène des différents spectacles présentés. Il est bien difficile de décrire une journée aussi intense en une dizaine de lignes ou en quelques photos et vidéos, mais soyez-sûr(e)s d’être conquis par une visite sur place et d’être converti(e)s au format PDF.

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k) La ville qui s’appelait Napoléon

Une des premières décisions de Napoléon après s’être autoproclamé empereur a été de destituer de son statut de préfecture de la Vendée la ville de Fontenay-le-Comte au profit d’un petit bourg appelé La Roche-sur-Yon. La nouvelle préfecture, développée et équipée selon les préceptes napoléoniens, porta le nom de l’empereur à plusieurs reprises au cours de son histoire. Des savants de retour de la campagne d’Égypte, sans doute impressionnés, choisirent de conserver dans la ville des modèles mécaniques d’animaux afin de mieux les étudier. Perdus pendant plus d’un siècle, ils ont fini par être retrouvés et furent remis à la disposition du public sur la place principale appelée naturellement « Place Napoléon ». C’est le seul endroit qui porte encore la marque de l’empereur car, curieusement, après Waterloo, la ville reprit son nom original.

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l) On se fait un McDo ?


m) Une bonne base pour Dali

De passage à Bordeaux, nous avons découvert le Bassin des Lumières, une reconversion étonnante d’une base sous-marine germano-italienne construite pendant la guerre en espace de spectacles numériques. Les artistes à l’honneur le jour de notre visite étaient Dali et Gaudi. Nous avons pu apprécier leurs œuvres qui, projetées sur les immenses murs, sols et bassins de l’édifice, enrichies par la pénombre, l’animation et l’accompagnement musical (Pink Floyd pour Dali) étaient vraiment magnifiées par le lieu. Une expérience que nous espérons revivre prochainement avec les futurs invités : Tintin et ses acolytes.

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n) L’effet papillon

Dans nos critères de choix pour notre futur Roberto, la discrétion était importante : une couleur autre que le blanc pour ne pas ressembler à un camping car, et plutôt foncée pour se fondre dans l’environnement. Ici sur ce parking à Agen, l’intégration au décor était maximale, notre sticker de morpho bleu ajouté au Costa Rica étant parfaitement en phase avec la vitrine du magasin devant lequel nous étions garés.


o) Le Karaboudjan, le Requin et la Licorne

Hergé pouvait-il imaginer qu’un jour ses bateaux fétiches se retrouveraient dans une base sous-marine à près de 900 km de sa Belgique natale ? Et pas seulement, puisque, de retour au Bassin des Lumières de Bordeaux, nous avons vu défiler tout l’univers de Tintin, des couvertures aux personnages, jusqu’aux jurons du Capitaine Haddock. En cette période de vacances scolaires, si les enfants étaient nombreux et généralement peu attentifs, le public était majoritairement adulte, chacun retrouvant les lectures de son enfance ou d’une période plus récente. Personnellement, j’ai adoré lire les BD de Tintin. Peut-être que mon envie de voyager et de découvrir le monde vient de là ? Je me souviens encore du premier album que j’ai lu et relu : l’Étoile Mystérieuse. Et vous, vous souvenez-vous de votre tout premier Tintin ?

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p) Faites-le vous-même, mais pas tout seul

Ce slogan d’une grande enseigne de bricolage tombe à pic pour légender ma photo. Petite surprise en démontant un luminaire dans la maison que viennent de louer mon fils et sa compagne. Ces punaises dérangées pendant leur sommeil ont retrouvé la liberté après un transport dans une tasse à café, le premier récipient à portée de main. Aucun animal n’a été maltraité, comme ils disent à la fin des films où l’on pourrait en douter.

Quiz : De quelle enseigne est le slogan du titre ?
1. Mr Bricolage ?
2. Leroy Merlin ?
3. Castorama ?
4. Brico Dépôt ?


C’est avec ces peu sympathiques mais inoffensives bébêtes que se termine le parcours d’octobre de Roberto et de ses occupants, que l’on peut qualifier de révolution tellement nous tournons autour du même secteur. Et puis la révolution d’Octobre, ça sonne bien, non ? A bientôt !

P.S. Les solutions des différents quiz : a2 ; b3 ; g1 ; i2 ; p1

57. La Floride et les Rameaux

Au fait, pourquoi la Floride s’appelle-t-elle ainsi ?

La question est fort à propos (je suis fier de me l’être posée 😉) à proximité du Dimanche des Rameaux. Ce jour-là en effet, les chrétiens doivent apporter à l’église des branches fleuries telles que celles brandies par la foule accueillant Jésus sur son âne à Jérusalem. On appelle cela les Pâques fleuries. Vous l’avez deviné, c’est un jour de Rameaux, en 1513, que les Espagnols ont débarqué en Amérique, à Saint-Augustine précisément, dans une région que le conquistador appela Floride, en raccourci de Pascua florida, Pâques fleuries. Ok, mais alors pourquoi ne pas avoir donné ce nom à la ville ? Vous le saurez un peu plus loin, mais d’ici là, j’ai quelques autres (bonnes 😉) questions.

Quel est le fruit emblème de la Floride ?

Facile, il figure sur toutes les plaques d’immatriculation des voitures de l’état. Avec d’ailleurs la fleur emblème de celui-ci, la fleur d’oranger. Et les Visitors Centers à l’entrée des principales routes de Floride vous en offriront volontiers un jus fraîchement pressé. La production de ces agrumes, autrefois majeure dans l’économie régionale, est aujourd’hui en déclin, à cause de la concurrence mondiale bien sûr, mais surtout de la « maladie du dragon jaune » importée – volontairement diront les complotistes – d’Asie. Tiens, ça ne vous rappelle pas quelque chose ?

Pourtant autrefois, le marché fut prospère. Les producteurs de plus en plus nombreux devaient se démarquer en personnalisant les boîtes en bois de leur production par un slogan marquant, autre que le « Ici on vend de belles oranges pas chères » de Fernand Raynaud. Nous avons retrouvé quelques-unes de ces étiquettes promotionnelles au musée d’histoire de la Floride, dont on peut se demander pour certaines si elles faisaient vraiment vendre. La belle-mère ou les soldats ennemis font plutôt sourire maintenant, tandis que l’indien offrant ses fruits au conquistador ferait plutôt grincer des dents. Après tout est question de goût. Je ne sais pas vous, mais moi, ma préférée c’est la dernière… Et vous, puisque nous sommes en période électorale, vous auriez voté pour laquelle ?


Quoi ? Encore un musée Dali ?

Oui mais celui-là il est privé, et c’est la plus importante collection mondiale privée d’œuvres de Salvador Dali. Elle a été assemblée par un couple de collectionneurs fous de l’artiste (et non du chocolat comme dans la pub) et suffisamment riches pour acquérir au fil des années plus de 200 œuvres. On y trouve notamment 7 des 18 toiles géantes réalisées par Dali dans sa vie, dont les célèbres « Découverte de l’Amérique par Christophe Colomb », reflétant sa propre découverte du continent sous un angle artistique, et « Gala nue devant la mer » qui se transforme en portrait d’Abraham Lincoln dès lors que l’on s’éloigne à l’autre bout de la pièce. Figurent aussi les tableaux « Les marché des esclaves avec le buste invisible de Voltaire » et « Les persistances de la mémoire » avec ses montres molles, montres que l’on retrouve aussi bien dans le jardin attenant au musée, sur un banc mou bien sûr, qu’en grandes quantités dans la boutique, business oblige. Tout ça se trouve à St Petersburg, enfin la version américaine, pas l’autre.


Mais qui donc était en vedette américaine ?

Le musée Dali accueille toujours une exposition temporaire. Cette fois-ci l’invité n’était rien d’autre que son ami Picasso. Bon, j’avoue que le cubisme m’impressionne moins que le surréalisme, je ne suis donc pas un grand fan de l’invité. Je vous mets quand même quelques œuvres qui ont accroché mon regard. J’ai été interrogé aussi par les titres d’un certain nombre de dessins pas toujours évidents à relier avec le visuel. Sauriez-vous retrouver par exemple les titres des 3 œuvres ci-dessous ? Vous trouverez les bonnes réponses en bas de ce chapitre, après mes 2 portraits. Je cherchais en effet un moyen informatique de convertir ma photo en portrait style cubiste. Je n’ai pas trouvé, mais grâce au site Google Art & Culture, j’ai pu me confectionner deux bouilles sympathiques en mode Van Gogh ou Vermeer.


Légende à retrouver :
A1 : Vent arrière ?
A2 : Homme assis ?
A3 : Prière d’été ?
Légende à retrouver :
B1 : Buste de Céretane ?
B2 : Serveuse Céretane ?
B3 : Boulangère Céretane ?
Légende à retrouver :
C1 : Maître d’école ?
C2 : Chasseur ?
C3 : Accordéoniste ?


Que feriez-vous un week-end à Orlando ?

Loin d’aller grossir les files d’attente des parcs d’attraction, nous sommes allés à la rencontre de notre famille-sœur américaine. Nous étions en relation depuis des années, après qu’ils aient généreusement accepté de recevoir notre fils Achille plusieurs étés de suite, de façon totalement bénévole. Des séjours d’immersion linguistique au départ, encadrés par l’association Horizons du Monde tout à fait recommandable, qui auraient pu s’arrêter là si ne s’était créée une relation intime entre cette famille au grand cœur et notre fils. Qu’ils appellent « notre fils français » tout comme le nôtre les appelle « ma famille américaine ». Le père, Tim, professeur de musique, est  tout aussi facétieux que grand amateur de sauces pimentées qu’il fabrique lui-même et qui ont ravi le palais exigeant de notre Achille. La mère, Chris, travaille dans un diocèse où elle est aussi choriste. Elle nous a paru à la fois très sensible et forte de caractère. Leur fils, Ben, grand copain du nôtre et très complice avec lui lors de ses séjours, est malheureusement décédé brutalement dans un accident de la route où son véhicule a été percuté par un chauffard de 17 ans sans permis. Nous avons vécu cette période tragique par réseaux sociaux interposés et admiré alors la dignité de cette famille très croyante qui s’est appuyée sur la religion pour se relever. Tim et Chris ont aussi deux filles, que nous connaissons moins, mais dont notre fils nous dit beaucoup de bien. Notre traversée des USA était l’occasion idéale de concrétiser notre souhait d’aller les rencontrer en vrai. Et ce week-end a comblé nos attentes. Le samedi pluvieux nous a octroyé des heures de discussion (en anglais, oui, oui) où nous avons échangé nos expériences et ouvert nos cœurs. Un grand moment émotionnel. Le dimanche était plus détendu et, avec le retour du soleil, Tim et Chris nous ont emmené faire une belle balade nature aux environs du Lac Monroe. Comme vous pourrez le constater sur les photos, la nature était au rendez-vous, dont cette source bien à l’image de cette amitié qui venait de (re)naître. Dommage que les photos ne montrent pas réellement le côté humain, pourtant le plus important ces deux jours-là, Merci à nos hôtes que nous espérons vraiment revoir très bientôt.


Et vous, auriez-vous voté vert ou verre ?

Nous avions le choix ce matin-là entre un jardin botanique et une galerie d’œuvres d’art en verre. Nous avons finalement voté verre, ce qui s’est avéré un excellent choix puisque la galerie était dotée d’un jardin tropical exquis. Nous avons laissé Roberto avec un peu d’appréhension sous des peintures murales effrayantes avant de nous engouffrer dans cet atelier où l’on expose aussi bien que l’on travaille le verre. Les œuvres magnifiques nous ont laissé sans voix. Enfin juste de quoi discuter un peu avec le responsable de l’exposition. Nous ajoutons volontiers à notre carnet d’adresses cette Duncan McClellan Gallery de St. Petersburg en Floride pour y refaire un petit tour dans quelques années lorsque nous aurons terminé notre tour du monde et que nous aurons éventuellement une maison à aménager.

La bonne surprise donc, c’était le petit jardin attenant, associant avec un goût certain plantes tropicales, orchidées magnifiques, sculptures et œuvres en verre, le tout gardé par un chat accueillant. Le vert au service du verre en quelque sorte, nous étions comblés.


Docteur Jekyll ou Mister Hyde ?

C’est la question que l’on peut se poser devant les automobilistes américains. Très courtois lorsque nous sommes piétons, attendant même de l’autre côté du carrefour que nous ayons fini de traverser. Très patients aux carrefours munis de 4 stops, laissant chacun s’avancer tour à tour dans l’ordre d’arrivée, ce qui est parfois compliqué lorsqu’une dizaine de voitures sont présentes. Mais les mêmes (ou pas ?) peuvent être déchaînés sur les grands axes et les voies rapides, circulant bien au-delà des limites de vitesse autorisées, doublant par la droite sans prévenir, zig-zaguant entre les files de voitures, traversant soudain en venant d’une rue à droite 4 files d’un coup pour se mettre sur celle de gauche. Et je ne parle pas de la circulation sur les zébras ou encore des dépassements sur double ligne jaune. Je sens parfois que Roberto, en bon italien fougueux, aimerait en faire de même !


Les Américaines sont-elles aussi belles qu’on le dit ?

Nous sommes allés le vérifier dans ce musée qui leur est dédié. Et nous ne pouvons que le confirmer devant ces citadines aux châssis rutilants, aux pare-chocs astiqués, aux amortisseurs souples, aux bas de caisse avantageux, aux lève-vitres impulsionnels. Ou encore devant ces sportives aux airbags contenus mais aux filtres à air et à particule développés, capables, promptes à l’allumage, de démarrer au quart de tour et de jouer leur rôle de convertisseur de couple. Et encore, souhaitant limiter nos crit’air de jugement, ne pas risquer de vanne EGR ni de se prendre un soufflet de cardan dans la tête de delco, nous éviterons de parler des pompes à huiles et de tout ce qui est décapotable, les vices cachés, quoi. Ah oui, quelles Belles Américaines !


Peut-on tout mettre en boîte ?

Les épinards, d’accord, parce que ça rend plus fort et du coup on peut ouvrir la boîte en l’écrasant avec une seule main. J’ai essayé, mais comme je n’avais pas encore mangé d’épinards, je n’ai pas eu la force suffisante pour ouvrir la boîte. Euh ça ne marche pas le truc de Popeye ! Mais le vin… Oh non pas le vin ! Et pourtant ils l’ont fait. Ici on trouve des rouges, des blancs, des rosés et des champagnes …en canettes. Sacrilège !

Et les gens ? Allez, sardinons-nous dans la grosse caravane en forme de boîte de conserve que nous venons d’offrir à Roberto. Ah, vous doutez et vous vous dites que nous n’avons pas pu en arriver là ? Vous avez raison, le véhicule devant la caravane ce n’est pas Roberto, même s’il y ressemble. Et les gens dans la caravane ce n’est pas nous. Ouf !


Connaissez-vous la coquina ?

Rien d’irrévérencieux là-dedans, c’est le nom de la matière première du Castillo de San Marcos, le fort qui a permis à la ville de Ste. Augustine de rester la plus ancienne ville des États-Unis après sa fondation en 1565. La coquina, c’est une roche sédimentaire calcaire formée essentiellement de fragments de coquilles et de limon, présente sur les côtes du Golfe du Mexique. Une fois extraite de la mer, on la fait sécher pendant trois ans avant de la découper en parpaings. Les constructions réalisées ainsi étaient à la fois solides et résistantes aux boulets de canons dont elles amortissaient les impacts, une qualité indéniable pour les forts. Celui de Ste. Augustine n’a d’ailleurs jamais cédé sous le coup des assaillants. Son artillerie a sûrement joué un rôle aussi. En tout cas, une chose est sûre, on n’a rien sans faire des forts.


Une haie d’honneur pour Roberto ?

Pourquoi pas, mais plutôt la majestueuse allée de chênes couverts de mousse espagnole menant à une ancienne plantation près de la ville de Savannah en Géorgie. La ville elle-même est charmante, dotée en son centre de rues toutes aussi arborées et bordées de somptueuses demeures victoriennes. De quoi donner envie de se poser quelque part. Mais non.


Do you have a dream ?

Martin Luther King l’avait, lui, et l’a en grande partie réalisé. Nous avons dormi dans son quartier natal d’Atlanta, près de sa maison, près de l’église où il prêchait la déségrégation auprès de son père, près du mémorial qui rapporte toute sa lutte basée sur la ténacité et la non-violence. Une magnifique histoire. Une vie de lutte difficilement racontable en dix lignes de texte, mais si vous en avez l’occasion, ça fait du bien de se replonger dans cette histoire. A l’opposé total du célèbre pasteur qui était aussi anticapitaliste, un pharmacien d’Atlanta avait lui aussi un rêve qu’il a concrétisé, celui de devenir riche en concevant une boisson pétillante et sucrée dont plus personne ne peut ignorer le nom. C’était probablement une erreur que de visiter le même jour le Mémorial Martin Luther King et le World of Coca-Cola. Le plus significatif est que le premier était gratuit alors que nous avons dû payer 20$ pour regarder les films publicitaires du second (n’y allez pas) dans un bâtiment « noir de monde ». Un qualificatif par contre qui aurait plu à Martin Luther King.

Bon, allez, pour les fans de Coca-Cola je vous promets un paragraphe dans le prochain article. La firme est tout de même un symbole incontournable des États-Unis.


Mais la route nous attire, c’est plus fort que nous, alors nous quitterons juste après la publication de cet article Atlanta et la Géorgie pour le Tennessee, vers le Nord-Ouest. Ci-dessous comme d’habitude la carte du parcours actualisée et les boutons pour communiquer. A bientôt chers lecteurs !