98. Le Salvador en images commentées

Le Salvador est le plus petit pays d’Amérique centrale, de la taille de la Gironde et des Landes pour vous donner une idée. Les premières routes que nous parcourons sont en excellent état, ce qui tranche avec le Mexique ou le Guatemala. Les premiers paysages que nous traversons sont montagneux, volcaniques, et aussi très verts avec beaucoup de plantations de café et de fleurs tropicales. Les maisons sont nettement plus soignées qu’au Guatemala, où elles sont curieusement abandonnées à leur état de parpaings bruts. Les couleurs vives sont partout, mais ce n’est pas vraiment une surprise, et les fresques murales sont courantes. D’une manière générale, le Salvador semble avoir un meilleur niveau de vie que ses voisins, et cela se ressent dès la première visite au supermarché. Et ce n’est pas qu’une impression liée au fait que les prix soient en dollars américains, la monnaie officielle du pays.

Plaque minéralogique du Salvador

Pour changer de la présentation habituelle du blog et rompre avec une éventuelle monotonie, cet article sera présenté uniquement en photos ou vidéos commentées


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Passage de frontière : Les formalités n’ont pris qu’une cinquantaine de minutes et nous y avons reçu un accueil plus que chaleureux. De l’autre côté du pont qui sépare le Guatemala du Salvador, des panneaux de bienvenue s’étalent partout et la première démarche, pour l’importation de Roberto, s’est faite sur une petite table en extérieur avec chaise en plastique, où un employé jovial nous a rempli un formulaire que nous aurons  ensuite à remettre à un autre employé plus ordinaire et dans un bâtiment plus conventionnel pour l’établissement du document définitif. Pas de tampons sur nos passeports. Nous savons juste que nous sommes autorisés pour 90 jours sur l’ensemble du territoire allant du Guatemala au Nicaragua. Cela devrait suffire, ces pays ne sont pas bien grands.



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Procession des Rameaux : Une grande église blanche trône devant la place, très fréquentée en ce dimanche des Rameaux. Nous avons la chance d’observer une procession et de pouvoir faire la photo de famille des pénitents du jour.




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L’art est jusque dans l’église, avec de beaux autels sculptés par un des habitants et quelques murs peints aussi.
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Rien de tout cela n’était exceptionnel, mais cela ne nous a pas laissés de glace non plus.

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Notre parking pour la nuit à Juayua, dans une petite cour qu’il fallait atteindre en traversant un couloir. Assez tranquille si ce n’était le gros criquet de 15 cm qui voulait grimper sur Roberto !
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L’église de la ville est rouge et blanche à l’extérieure, tandis que son sol en damier et ses décorations de palmes donnent une petite ambiance caribéenne.

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Là aussi, des murs peints un peu partout

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Les rutilants bus salvadoriens n’ont rien à envier aux chicken bus guatémaltèques. Ils sont tout aussi impétueux et produisent la même fumée bien noire.


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1. Ce palanquin déplacé d’un camion vers la cathédrale par 5 hommes seulement. Et dire qu’il en fallait 80 et qui paraissaient souffrir le martyr pour porter ceux que nous avons vus à Antigua. Certes il y avait quelques statues en plus mais quand même, chiqué !
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2. Cette petite fille que son père amène faire des bulles dans la cathédrale comme s’il s’agissait d’un jardin public. Lui aurait-il parlé des bulles du pape ?
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3. Cette « statue de la liberté » devant le palais municipal devant laquelle on a installé une tente abribus, la privant de toute vue. Mais où est la liberté ?
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4. Santa Ana, la patronne de la ville, aurait inhabituellement les yeux bruns. Mais pas de chance pour nous, impossible de le vérifier en cette unique période de l’année (Rameaux) où les effigies de la cathédrale sont voilées de mauve !

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Vous avez sous les yeux le plus haut volcan du Salvador, culminant à 2381 m d’altitude. D’en bas ça fait moins volcan que son jeune copain d’en face (image à droite ci-dessous) mais la pancarte du sentier nous annonce un joli lac de cratère en haut. Et aussi l’accompagnement obligatoire par un guide et des policiers, mais on fera ceux qui n’ont commencé l’Espagnol qu’avant-hier…
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Nous découvrons le spectacle époustouflant de ce lac bleu-vert tout au fond du cratère, bordé de fumerolles dont on entend bien le souffle et parcouru de fines brumes mobiles. Si la température du lac (20°C) est compatible avec la baignade, il n’en est pas de même de l’acidité qui se situe entre le contenu de votre batterie et celui de votre estomac (pH de 1). De toutes façons, il est interdit de s’en approcher et le sol instable incite à la prudence. Pas envie de plonger dans la Trempette !
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Un petit selfie s’impose, à défaut de guide pour prendre la photo (ce doit être son utilité car il est impossible de se perdre sur l’unique sentier)
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Fumerolle sur le rivage jaune

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Nous visitons maintenant un site maya unique en son genre, Joya de Cerén. Unique parce que c’est le seul en Mésoamérique où l’on a retrouvé des maisons d’habitation, à l’inverse des palais princiers et lieux cérémoniels habituels qui d’habitude, étant construits en dur, sont seuls à résister au temps. Si les maisons en bois et torchis ont survécu ici, c’est grâce à l’intervention d’un volcan en l’an 590. Tel le Vésuve, il a recouvert ce petit village d’agriculteurs d’épaisses couches de cendre (14 au total).
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Ici, la maison d’un chamane. On a identifié aussi des entrepôts, une salle de réunion, un sauna, une cuisine. On a trouvé beaucoup d’objets et même des aliments intacts laissés lors de la fuite des habitants.

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Visitons ensemble la capitale du pays, San Salvador. Avec près de 250 000 habitants, c’est la 2ème ville la plus peuplée d’Amérique centrale après Guatemala Ciudad. Un développement anarchique commun dans la région fait qu’elle a peu d’intérêt pour les touristes, si ce n’est son centre-ville colonial et animé.





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Le marché central. Le seul endroit de la capitale où l’on trouve encore des habitants en tenue traditionnelle. Nous y avons aussi goûté aux « pupusas », la spécialité nationale, une sorte de crêpe à base de farine de maïs ou de yucca fourrée à la viande et/ou aux légumes. Bon mais pas extraordinaire.
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Ah, un cimetière de 35 ha en plein centre-ville. Voyons comment ça se passe. D’emblée, les couleurs n’ont rien à voir avec celles des cimetières guatémaltèques. Les tombes sont d’une grande « diversité », pour ne pas employer un autre mot.

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Des ailes de papillon avec des pinceaux, il fallait y penser…
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Un exemple du travail des enfants. On sait qu’ils adorent crayonner sur les murs !
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Des ailes de papillon avec des photos de gens devant des ailes de papillon, il fallait y penser…

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Il commençait à faire très chaud sur les plaines du Sud (36° C à l’ombre…) alors nous avons pris un peu d’altitude. Ce petit lac dans un cratère près d’Alegria était parfait pour nous. 24°C le soir (1250m d’altitude) et bizarrement pas un chat. En pleine semaine sainte, les locaux étaient peut-être occupés ailleurs. En tout cas la nuit a été super tranquille et quel spectacle le matin au réveil !
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L’image panoramique rend mieux compte de notre solitude…
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J’ai même eu tout loisir de chercher un joli reflet !
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Nous terminons notre parcours salvadorien par la ville d’Alegria, curieusement décorée de passoires en plastique censées sans doute représenter des méduses. Nous n’avons pas osé demander la raison de peur de s’entendre répondre « c’est pour faire joli, pourquoi ? »
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Pour rappel, une pupuseria est une boutique où l’on vend des pupusas, si jamais…
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Sur quelques maisons, on trouve des pensées de l’écrivain local Alberto Masferrer. Du bois aussi mais ça n’a rien à voir. Ça montre juste qu’on est en altitude…
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Les seules choses « inquiétantes », ce sont ces poudres colorées et ces pochoirs, qui signifient que l’on va sous peu décorer les chaussées d’alfombras pour les prochaines processions. Et que Roberto risque d’être coincé dans le centre-ville pour plusieurs jours. Go go go !

En cette période de week-end pascal, très suivi ici, tout ou presque est fermé. C’est le bon moment pour quitter ce pays auquel nous avons trouvé un certain charme, un côté paisible et de jolis paysages. Il aura juste eu la malchance de passer immédiatement après le Guatemala, ce qui nous a fait manquer un peu d’objectivité pour l’apprécier à sa juste valeur.

Notre prochaine étape est de traverser le Honduras en une journée (le pays est réputé peu sûr en ce moment et la plupart des voyageurs nomades n’y passent que très peu de temps) pour parvenir le soir même au Nicaragua. A bientôt !

Parcours au Salvador
Parcours au Salvador, zoomable ici pour les adeptes du détail

J’espère que cette version toute en légendes d’images (et de vidéos) vous a plu. N’hésitez pas à me dire en commentaires si vous préfériez l’ancienne forme.

96. Guatemaya

Nous poursuivons notre parcours dans le Nord puis l’Ouest du Guatemala, toujours à la découverte de ce beau pays. Si les paysages montagneux et volcaniques nous enchantent, nous sommes surtout impressionnés par la résilience des Mayas qui malgré la pression des colons espagnols ont réussi, bien davantage qu’au Mexique, à préserver leur religion et leurs traditions, quitte à intégrer quelques rites dans les églises catholiques.

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Oui, j’avais oublié de publier cette plaque minéralogique, pour ma collection. Ici, pas de province, d’état ou de devise comme en Amérique du Nord, mais la mention « Centro América » pour revendiquer l’identité commune des 7 pays de la région (histoire coloniale, langue espagnole, géographie montagneuse et volcanique)

Incursion chez les Ixil

Ce peuple descendant des Mayas compte moins de cent mille représentants, presque tous rassemblés dans le « triangle ixil », zone reculée du nord du Guatémala formée par les villages de Nebaj, Chajul et Cotzal. Leur histoire comme leur résilience sont tout à fait poignantes. Après être devenus indépendants du groupe maya K’iché qui les avait phagocytés, ils se sont heurtés à la conquête espagnole. Vainqueurs au premier contact grâce à une mobilisation massive, ils ont dû en subir les représailles, décimés par les conquistadores qui ont aussi déporté les survivants dans des colonies. Après l’indépendance du Guatemala, on les a forcés à travailler comme esclaves sur leurs terres confisquées. Mobilisés dans une guérilla contre le gouvernement afin de récupérer leur bien, ils ont subi alors un véritable génocide de la part du dictateur Rios Montt. Pendant cette dure période, ils n’ont jamais renoncé à leurs coutumes ni à leurs terres et, particulièrement résilients, se remettent lentement.

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Ils se consacrent à l’agriculture qui les a toujours nourris, dans le respect de la vie et de la nature. Ils sont aussi experts dans l’art du tissage, produisant les magnifiques vêtements et coiffes aux couleurs vives que portent les femmes encore aujourd’hui. Leur religion comme chez d’autres Mayas mélange catholicisme et chamanisme. En cas de problèmes de santé, ils font appel aux prêtres ou guérisseurs bien avant les médecins.

Pour nous autres touristes, après l’empathie pour leur histoire difficile, c’est l’immersion dans un autre monde visuel qui nous emplit d’émotion. Ce que nous aimons le plus en voyage, c’est découvrir une culture qui nous ressemble le moins possible. Autant dire qu’ici nous sommes gâtés !

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Religion à la sauce maya

J’en parlais juste avant : les descendants des Mayas se sont officiellement convertis au catholicisme pour des raisons de survie, mais n’ont jamais abandonné leurs traditions religieuses initiales faites de polythéisme, d’une cosmologie à 3 niveaux (ciel, terre et inframonde), de respect de la nature et des ancêtres. Nous en avons trouvé trois exemples en approchant de Quetzaltenango.

D’une part cette église San Andrés de Xecul dont la façade multicolore tranche avec la sobriété habituelle des églises catholiques et dont les motifs, personnages et références à la nature sont franchement Mayas. Au moment de la décoration, les franciscains ont dû faire beaucoup d’efforts pour accepter les jaguars, les quetzals, les singes et le maïs !


A quelques kilomètres de là, et à un coin de rue d’une vieille église coloniale, nous pénétrons dans une petite chapelle après avoir sonné à la porte. A l’intérieur, pas de bancs mais une table au milieu de la pièce où brûlent bougies et encens. En s’approchant de l’autel, on remarque de multiples offrandes peu traditionnelles dans la religion catholique : nombreuses canettes de bière, bouteilles d’alcool, gâteaux, cigarettes. Tous les vices sont là pour vénérer le « Roi San Pascual », un saint folklorique connu comme le roi du cimetière, proche du dieu de la mort des Mayas. Et en effet, il se présente sous forme d’un squelette vêtu d’une cape. Il a aussi pour fonction la guérison des maladies et forcément, les pèlerins sont nombreux à venir prier. Avec la désapprobation de l’église catholique bien sûr.

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L’entrée un peu mystérieuse de la Chapelle du Roi San Pascual
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A l’intérieur, la différence avec une église traditionnelle est évidente

Enfin, à Zunil, nous avons pu assister à une cérémonie quasi-chamanique individuelle autour de San Simon, un dieu Maya devenu Saint, représenté sous forme d’un homme blanc en costume coiffé d’un chapeau et muni de lunettes noires. La personne venue l’invoquer a été coiffée du chapeau de San Simon par un prêtre et lui a fait boire une rasade de rhum donné par ce dernier, avec moultes incantations. Par respect nous n’avons bien sûr pas filmé ni photographié la scène, mais vous trouverez quelques photos du lieu prises juste avant. A noter qu’il existe 2 effigies : l’une fixée au lieu, l’autre mobile d’une maison privée à une autre au moment du 1er novembre de chaque année.

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Une gitane au pays du maïs

Le cimetière de Quetzaltenango est particulièrement riche en diversité de tombes : du simple tumulus pour les plus pauvres à la chapelle baroque pour les plus riches en passant par les cages en béton peintes de couleurs vives (selon les préférences du défunt) pour les autres.

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Il fait près de deux kilomètres carrés et l’on pourrait s’y perdre, mais pas besoin d’aller bien loin pour voir la sépulture la plus visitée. A deux pas de l’entrée, entre deux édifices plutôt ternes, on remarque rapidement cette tombe rose vif sur laquelle semble dormir une belle femme couverte de fleurs et de graffitis : il s’agit de Vanushka, une gitane dresseuse d’animaux dans un cirque hongrois de passage et dont s’était entiché le fils du gouverneur de la ville. Amour impossible sanctionné par l’exil du jeune homme en Espagne. Vanushka se serait donné la mort en désespoir. Nombreux sont ceux qui viennent depuis lui rendre visite car elle aurait le pouvoir de faire retrouver les amours perdues.

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Une autre particularité de ce cimetière est que la plupart des statues ont perdu la tête. Certains parlent de vandalisme, d’autre de trafic d’art. Mais ne serait-ce pas pour la belle gitane ?

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3 sorties volcaniques

La ville de Quetzaltenango est entourée de trois volcans, dont deux sont en activité. Le Santa Maria est le plus haut (3773 m) et entre en éruption à peu près une fois par siècle, les dernières manifestations datant de 1902 et 2012. A l’inverse, son « petit frère » le Santiaguito, né lors de l’éruption de 1902, crache pour sa part cendres, projectiles et lave toutes les 20 minutes depuis cette date. Dans toute la zone, de nombreuses sources chaudes d’origine volcanique sont exploitées, souvent par des particuliers. Nous avons essayé de profiter un peu de tout ça.

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Nous avons commencé par un sauna de vapeur issue directement du volcan à Los Vahos. Un endroit qui ne paie pas de mine (rien ne semble avoir changé depuis plus d’un siècle…) et dont l’accès par un chemin en terre est assez délicat. Roberto s’en est bien sorti car la route était sèche, mais nous ne nous serions pas risqués si elle était boueuse. Sinon une première expérience de sauna fabuleuse dans un lieu hors du commun et sans autre visiteur que nous.

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Le sauna aux vapeurs volcaniques de Los Vahos
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On en sort tout de même bien détendus !

Nous avons poursuivi par la randonnée jusqu’au mirador du volcan Santiaguito. 4 km aller-retour avec une montée très raide au début. Mais en haut, quelle récompense : spectacle permanent de fumerolles puis, après une quinzaine de minutes d’attente, une éruption impressionnante avec un panache de fumée s’élevant très haut et une teinte rougeâtre à la base laissant deviner la lave en fusion, le tout dans un bruit d’avion à réaction. C’est probablement faisable et encore plus spectaculaire la nuit, mais nous n’avons pas tenté.

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La route d’accès à notre camp de base au pied du volcan Santa Maria (qui cache le Santiaguito)
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C’est là que nous passons la nuit, parking fermé dans la cour d’une ferme. Plus pratique qu’exotique
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En 1h40 et 2 km de marche, on atteint le mirador du Santiaguito, à 2700 m d’altitude. Le volcan est là à moins de 2 km et l’on voit bien les fumerolles. Il n’y a plus qu’à attendre l’éruption…
Et soudain le spectacle commence ! C’est une première, je tente une vidéo dans le blog, j’espère que ça chargera bien. N’oubliez pas de mettre le son.
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Il ne reste plus qu’à redescendre. Une petite heure sans s’arrêter

Enfin, rien de tel après l’effort que d’aller se plonger dans des piscines d’eau thermale, là aussi alimentées par le volcan. Cela se passe aux Fuentes Georgina, près de Zunil. On s’y rend par une belle route asphaltée qui traverse un paysage magnifique fait de petits champs de cultures maraîchères, l’activité principale de la région. Peu avant le site, on perçoit nettement l’odeur du soufre. Une fois rendus, c’est un bonheur que de s’immerger dans ces bassins dont l’eau avoisine les 30 à 35°C alors que l’air ambiant tourne plutôt autour de 17°C compte-tenu de l’altitude. Seuls des locaux fréquentent les lieux, guère plus d’une dizaine de personnes, mais c’est probablement beaucoup plus le week-end.

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La belle route qui mène aux sources chaudes
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avant de découvrir ces bassins d’eau sulfureuse. Il s’en dégage une brume permanente, pas vraiment bien rendue sur la photo
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Et bien sûr on s’y plonge avec délice

Encore des rituels mayas

Nous avons passé la nuit dans un écoparc manifestement destiné à la sensibilisation des écoliers à l’écosystème particulier du coin (forêt de pins) et aux conséquences du dérèglement climatique. Pas d’écolier présent mais nous avons suivi le sentier pédagogique pour nous dégourdir les jambes. A un détour du chemin, nous avons aperçu un groupe maya en pleine cérémonie, avançant à genoux vers un autel en récitant des incantations.

Une trentaine de kilomètres plus loin, nous avons visité le site archéologique Q’UMARKAJ, encore assez peu mis au jour mais très utilisé par les Mayas pour leurs rituels. A l’entrée d’ailleurs, des panneaux fixent quelques règles aux candidats à ces cérémonies et donnent la liste exhaustive des offrandes autorisées. Et des Mayas venant prier, nous en avons observé plusieurs, que ce soit devant le temple de la grande place, noirci par les feux régulièrement allumés sur des offrandes disposées en motifs géométriques, ou encore dans la forêt comme dans l’écoparc. Nous nous sommes même engouffrés dans un tunnel sacré (autorisé au public malgré tout) d’une trentaine de mètres de longueur, comportant plusieurs tunnels latéraux dans lesquels nous ne nous sommes pas risqués (l’un d’entre eux se termine par un puits très profond, mais lequel ?) et se terminant par une sorte d’autel où brûlaient un peu d’encens et une bougie, le seul éclairage de tout le conduit.

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Le site de Q’umarkaj. Au prime abord, de simples ruines
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Nous avons même trouvé une grotte sacrée dans laquelle se déroulent manifestement quelques rites

Chichicastenango, le marché

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Chichicastenago : un « chicken bus » (bus scolaire nord-américain recyclé) à l’entrée de la ville

Le marché de cette ville est réputé pour être l’un des plus grands et des plus spectaculaires du Guatemala, voire de toute l’Amérique centrale. Le problème est que cela attire les touristes en masse, venus par bus entiers de la capitale ou des cités voisines, surtout les jeudis et dimanches lorsque sa configuration est étendue. En raison de cet afflux, nous l’avons trouvé un peu moins authentique que les précédents visités. Malgré tout, les chalands locaux restent largement majoritaires et l’explosion de couleurs et la variété des étals est bien là, pour le plus grand plaisir des yeux. On y trouve aussi bien artisanat que produits frais, animaux vivants, accessoires de la vie quotidienne, médicaments, démonstrateurs de potions miracle et autres diseurs de bonne aventure. Quelques édifices religieux se trouvent au sein du marché, notamment cette église San Tomas fusionnée avec le temple maya sur lequel elle a été bâtie et fonctionnant en mode syncrétique (mélange des rites catholiques et mayas). Très active en tout cas le jour de notre présence.

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Les rites mayas devant et à l’intérieur de l’église San Tomas au beau milieu du marché. Ambiance !

Chichicastenango, le cimetière

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Ce cimetière tout proche du marché est presque tout autant coloré que lui. Les couleurs sont généralement rénovées lors de la fête des morts, mais restent assez vives toute l’année. Elles peuvent refléter la couleur préférée du défunt, honorer les morts et célébrer la vie, ou encore représenter les énergies et les différentes forces de la nature (rouge = sang, vie, amour, passion ; bleu = eau, ciel, sagesse, spiritualité ; etc.). Il est plaisant de se promener dans les allées loin de la foule du marché voisin et d’observer, outre le paysage en arrière-plan, la diversité des tombes, des épitaphes et des décorations. On y trouve également en plusieurs lieux de cérémonies mayas, avec des offrandes disposées sur des supports en pierre de forme arrondie et que l’on brûle ensuite en récitant des incantations. A signaler enfin que beaucoup de caveaux en béton possèdent encore des fers apparents. Comme pour les maisons, c’est une façon d’anticiper la croissance de la famille et les futurs étages qui vont en découler…

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Une journée au lac Atitlan

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Ce lac très réputé au Guatemala résulte de l’explosion il y a 85 000 ans d’un volcan géant, qui a laissé un cratère de 8 km sur 18 et profond de 350 m accumulant eaux de pluie et de ruissellement. Trois autres volcans se sont formés ensuite, dépassant tous les 3000 m d’altitude, agrémentant le lieu d’un panorama exceptionnel. Douze villages se sont installés autour, la plupart n’étant accessibles que par bateau ou par une route de montagne éprouvante que peu de touristes se risquent à emprunter. Le bateau est de toutes façons bien plus plaisant et permet d’explorer à sa guise les villages de son choix. Chacun a sa personnalité. De Panajachel, excessivement touristique en raison de sa situation de plaque tournante vers les autres villages, à Santa Catarina, le plus intime car hors du circuit courant des lanchas publiques, en passant par Santiago Atitlan le plus peuplé, San Pedro envahi par les hippies, San Marcos par ceux du yoga et San Juan le plus authentique. Il y en a pour tous les goûts, mais à moins de rester une grosse semaine ici, il faut faire des choix. Nous avons suivi les conseils d’une agence de voyage qui nous a concocté un petit circuit accompagné d’un guide. Nous avons passé une excellente journée et découvert pas mal de curiosités. A découvrir en photos.

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Chacun a son style propre, mais toujours bien coloré
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tous ces petits grains de maïs blanc sont en relief !
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Notre guide nous emmène déjeuner vers 16h30… c’est rarement plus tôt là-bas !
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Quand vient l’heure du retour, le soleil est presque couchant.

Notre route se poursuit vers les capitales, d’abord l’ancienne, La Antigua, puis la nouvelle Guatemala Ciudad, les deux seules villes que nous connaissions (un peu) au Guatemala. Nous avons avoir le plaisir d’approfondir. A bientôt !

Parcours Guatemala
Le parcours correspondant à cet article, en version zoomable ici

60. Du Kentucky à l’Illinois

Depuis Nashville qui clôturait notre visite du Tennessee, nous avons fait un bout de chemin puisque nous sommes maintenant à Chicago. A vol d’oiseau, la distance séparant les 2 villes est de 640 km, mais le compteur de Roberto en a compté 1300. Il est vrai qu’à défaut de 4X4 tout terrain nous évitons la ligne droite, qui pourrait d’ailleurs être intéressante, prenant plutôt le temps de faire des détours, au gré des renseignements fournis par notre guide papier et quelques sites Internet. Voici donc les étapes qui nous ont marqué au fil de ce trajet, état par état.


KENTUCKY



1°) Le Mammoth Cave National Park

C’est une grande forêt de feuillus de 400 km2 parcourue de multiples chemins de randonnées mais qui est surtout connue pour son immense réseau de galeries souterraines, le plus grand du monde parait-il avec près de 700 km répertoriés à ce jour. Une partie se visite, mais seulement avec guide et réservation obligatoire. Le parking du Visitor Center bien rempli nous a confirmé nos craintes : en cette période de vacances scolaires américaines, tout était complet pour les jours qui viennent. Nous nous sommes donc contentés de l’exposition pour la partie intellectuelle et des chemins de randonnée pour la détente.

Une disparition inquiétante et l’autre pas

Les centres d’accueil des parcs nationaux sont en général riches de renseignements et proposent généralement des expositions dignes d’un musée d’histoire naturelle sur la flore et la faune du parc. Nous n’y trouverons pas de mammouth puisque comme chacun sait ils ont disparu depuis longtemps. Le nom du parc est en fait lié à la forme particulière de l’une des salles souterraines. Mais la faune ce sont aussi des êtres vivants beaucoup plus petits, comme les araignées. Un microscope braqué sur un porte-lame était d’ailleurs censé nous en montrer un exemplaire, mais le champ de vision restait vierge et un petit message au-dessous nous donnait cette explication étonnante et inquiétante à la fois : « Nous regrettons que l’araignée ait disparu ». Mais où diable était-elle donc passée ?


Le cimetière de Miles Davis

Puisque nous voilà décidés pour une randonnée, Claudie me propose une boucle de 12 km dont le point ultime est le cimetière de Miles Davis. Ah, on va chercher des trompettes de la mort, lui réponds-je malicieusement. Après avoir pris une petite route et même un bac (Roberto a adoré) pour rejoindre le point de départ de la randonnée, nous voilà partis par un temps de soleil voilé et plutôt frais sur un chemin s’enfonçant dans une forêt d’arbres très hauts dont on devine tout juste le feuillage vert tendre naissant au niveau de la canopée. Un calme absolu règne, aucun chant d’oiseau ne vient troubler le silence, aucun écureuil ne vient nous saluer. Même les insectes sont absents. Nous avançons péniblement, ayant fréquemment à contourner des zones boueuses placées comme un fait exprès juste sur notre chemin. Après environ 7 km, nous arrivons enfin à notre cimetière, une zone perdue en plein cœur de la forêt mais tout de même délimitée sur les 4 côtés par un grillage rouillé. J’aperçois une vingtaine de pierres tombales, cherche en vain du regard celle qui dominerait les autres, avec peut-être une statue du célèbre jazzman ou une trompette fleurie. Mais je ne trouve que de vieilles pierres moussues de tailles diverses, visiblement non entretenues. L’épitaphe la plus récente date de 1915. Devant ma perplexité, Claudie comprend ma méprise et m’explique qu’il ne s’agit là que du cimetière de 2 familles, les Miles et les Davis, qui ont vécu dans ce coin perdu de la forêt pendant quelques décennies. A lire les inscriptions gravées, on imagine des conditions de vie difficiles. Ainsi ce couple Georges et Sarah dont la petite Mary est morte en 1892 le jour de sa naissance. C’est sûr, pas de service de néonatalogie au milieu de la forêt. La tragédie familiale se confirme en observant les stèles les plus récentes, près de l’entrée, de plus en plus petites et bancales. Le dernier des Miles-Davis n’aurait-il pas eu d’autre choix que de s’enterrer tout seul ? 😥




2°) Louisville et les Bourbon

Nous avons fait un stop dans la ville la plus peuplée du Kentucky non pas pour compter ses habitants mais pour y découvrir quelques curiosités. Le musée consacré à Mohamed Ali (le célèbre boxeur étant originaire d’ici) étant malheureusement fermé, nous effectuerons à la place un petit parcours urbain où nous découvrirons quelques surprises. La journée du lendemain sera consacrée à la visite d’une distillerie de bourbon.   


Ils ont re-décapité Louis XVI !

Au cours de notre balade, nous remarquons sur notre carte Osmand (notre appli GPS) la mention d’une statue de Louis XVI juste devant la mairie de la ville. Nous ne sommes pas loin et décidons d’y faire un tour, par curiosité. Mais déception, après avoir cherché et bien cherché, nous ne trouvons qu’un carré de bitume au sol. Mais qu’a-t-il bien pu se passer et pourquoi y avait-il une statue de Louis XVI à cet endroit ? Et y aurait-il un lien avec le nom de la ville ? Internet, en ressource inépuisable, nous apprend déjà que la Louisville a été baptisée ainsi en hommage au soutien de Louis XVI pendant la guerre d’indépendance américaine. C’est sans doute pour les mêmes raisons que nous ne sommes qu’à quelques dizaines de kilomètres de Versailles ou encore mieux Paris. On nous dit par ailleurs que c’est la ville de Montpellier qui a généreusement offert à sa jumelle américaine cette imposante statue en marbre de Carrare. En fait, la cité languedocienne se serait plutôt débarrassée d’une statue encombrante qui traînait dans ses réserves depuis longtemps. Commandée en 1815, en plein rétablissement de la monarchie en France, elle ne resta exposée que 23 mois à Montpellier après les émeutes parisiennes conduisant à la monarchie de Juillet. Après une période de calme sur son nouveau territoire, la statue redevient l’objet de l’hostilité des foules : on lui casse un bras, puis on la tague : le maire de Louisville craignant davantage la déboulonne et la met en réserve. Il lui reste maintenant à déterminer à qui va-t-il refiler la patate chaude 😉


Au palais, bourbon !

Nous parlons ici de la boisson reine du Kentucky et non pas du bâtiment qui héberge l’Assemblée Nationale. Mais il y a tout de même un petit lien entre les deux puisque la boisson américaine tient son nom du Comté de Bourbon, lui-même baptisé ainsi en hommage aux héritiers de Louis-Philippe qui, chassés de France, se sont engagés aux côtés de l’Union pendant la Guerre de Sécession. Le siège du Comté de Bourbon est la petite ville de Paris, 8 500 habitants. Oui, je sais c’est compliqué. Mais revenons à notre bourbon. Nous n’avons pas laissé s’échapper l’occasion de visiter la distillerie Buffalo Trace, l’une des 4 (sur 183) qui a survécu à la prohibition. Une visite comme on aime, gratuite qui plus est, dans une usine superbe et en activité, merveilleusement odorante et toutes cheminées fumantes, où l’on apprend tout sur le processus de fabrication de ce whisky américain. Contrairement au scotch (le whisky écossais), la purée de céréales mise en fermentation comporte au moins 51% de maïs et le vieillissement se fait toujours en fûts de chêne neufs (ils sont ensuite revendus aux Écossais). La visite se termine bien entendu par une dégustation de 5 de leurs spécialités. Pas les mêmes d’un jour à l’autre, c’est incitatif à revenir, ça !


Churchill Downs

C’est l’hippodrome le plus célèbre des États-Unis, où se déroule chaque année en mai depuis 1875, sans avoir jamais failli à la règle, y compris pendant les guerres, le Derby du Kentucky, une course qui attire plus de 170 000 personnes. Une autre course a lieu à l’automne, le Kentucky Oaks, réservée aux pouliches, tandis que la première concerne les poulains et hongres (chevaux castrés), dans tous les cas âgés de 3 ans. Le restant de l’année, on s’y entraîne et les bâtiments sont ouverts à la visite. Nous en avons profité pour recueillir quelques connaissances sur ce milieu qui nous est peu familier. A noter que la région est depuis longtemps vouée à l’élevage des chevaux, que l’on envoyait volontiers depuis l’Europe pour paître dans la blue grass, une herbe épaisse et longue appelée ainsi pour la teinte qu’elle prend au printemps. La route entre Louisville et Lexington est d’ailleurs particulièrement pittoresque, bordée de grands champs entourés de multiples barrières en bois, parfois doublées ou triplées, ou encore formant des cercles autour des arbres.


Batte-man

On peut appeler ainsi M. Hillerich qui confectionna la première* batte de base-ball en bois en 1884 et continue avec sa société à en fabriquer aujourd’hui à Louisville. Les locaux et un petit musée se visitent, annoncés depuis la rue par une batte géante qui dépasse le toit de l’immeuble.
* à regarder de près le gourdin tenu par les hommes préhistoriques lorsqu’on les représente, je me demande si l’invention n’est pas antérieure…


3°) Lexington

Encore une ville axée sur le cheval et le bourbon. Si l’envie de visiter une autre distillerie de bourbon nous a effleurés, nous avons préféré voir une petite exposition artistique, de la Lexington Art League, située dans une demeure de style néogothique américain au charme certain. Les lieux étaient quasi-déserts, nous avons attendu un peu dans l’entrée avant qu’une dame vienne nous accueillir, nous dire qu’ils étaient normalement fermés aujourd’hui mais que puisque nous étions là nous pouvions jeter un œil. Une exposition assez éclectique mais avec de jolies trouvailles, comme vous verrez sur les photos.


OHIO



1°) Cincinnati

C’est notre première ville dans cet état. On y accède depuis Covington au Kentucky en franchissant le Roebling suspension bridge, construit en 1867, précurseur du pont de Brooklyn du même architecte. Sa chaussée très particulière faite d’une grille métallique le rend très sonore, faisant « chanter » les voitures. D’un côté, une jolie frise historique raconte l’histoire de la région et de la construction du pont. De l’autre, le National Underground Railroad Freedom Center relate la période des années 1830 à 1860 ou la population s’érigeant en passeurs bénévoles permit à environ 100 000 esclaves de rejoindre la liberté de l’autre côté de la rivière. Les états du Nord avaient aboli l’esclavage en 1833. Les pays du Sud y rechignaient et c’est l’une des raisons principales de la Guerre de Sécession.




2°) Dayton : 1 musée, 2 frères, 3 axes

A Dayton dans l’Ohio se trouve le Musée National de l’US Air Force. Sous 4 hangars géants sont exposés plus de 300 avions, des missiles, des fusées et même une navette spatiale. L’entrée est gratuite, le vétéran du Vietnam qui nous a donné le plan de visite à l’entrée nous a même présenté une bonne vingtaine des avions que nous allions trouver sur notre parcours. Nous n’avons pas tout compris mais nous l’avons remercié chaleureusement. Allez, parlons du premier avion présenté, celui des frères Wright, le tout premier à voler muni d’un moteur en 1902. Toutefois, l’appareil devant être propulsé sur un rail au décollage, les 2 frères n’ont pas eu la primauté de l’invention qui fut attribuée au français Clément Ader pour avoir fait décoller du sol de façon autonome 3 engins volants motorisés entre 1895 et 1897, même si c’était sur des distances limitées (300m pour le dernier). Le mérite des frères Wright reste d’avoir été les premiers à contrôler le vol dans ses 3 axes (tangage, roulis et lacet). Pour les 299 avions qui restent, je vous laisse voir quelques photos et prendre votre billet pour les États-Unis.



INDIANA



1°) Indianapolis

N’étant pas trop fan des grandes villes, nous ne sommes pas restés très longtemps dans la capitale de l’état d’Indiana, juste le temps de visiter 2 attractions : le Museum of Art, centré sur l’art européen, africain et asiatique, et l’incontournable Motor Speedway, circuit culte des 500 miles d’Indianapolis, avec toute l’histoire et les voitures de la course automobile qui a lieu chaque année depuis 1911.






2°) Fairmount

Cette petite ville d’à peine 2800 habitants s’enorgueillit d’être le lieu de naissance de deux héros : James Dean et Jim Davis. Si vous connaissez forcément le premier, l’acteur prometteur de la Fureur de Vivre décédé prématurément à l’âge de 24 ans dans un accident de voiture, le second vous parle sûrement moins. Mais le chat qu’il dessine, Garfield, est plus connu aux États-Unis que celui de Geluck. Nous avons (re)découvert leur vie dans un petit musée et roulé dans un cimetière avec Roberto (oui, là bas c’est comme ça qu’on fait !) jusqu’à la tombe de James Dean, toujours maculée parait-il de rouge à lèvres.



ILLINOIS



A la découverte de Chicago

Ce sera notre seule étape dans l’Illinois, mais Chicago, n’est rien moins que la 3ème ville des États-Unis. Le centre-ville a la particularité d’être délimité par une vieille ligne de métro aérienne formant une boucle et appelée pour cette raison le « loop ». Ce métro et les vieilles arches métalliques qui le supportent tranchent par leur charme désuet avec les gratte-ciels qui l’entourent. Beaucoup. La ville en compte presque autant que New York. Elle a même eu le plus haut du continent américain jusqu’en 1998, la Willis Tower, 442 m sans l’antenne, et quelques originalités comme ces immeubles jumeaux de l’entreprise Wrigleys (vous savez, les chewing-gums) aux contours polyédriques et reliés par une élégante passerelle. Ou encore ce bâtiment construit pour les 75 ans du journal Chicago Tribune à la base duquel ont été incluses des pierres rapportées du monde entier (Pearl Harbor, Fort Alamo, mais aussi Antarctique, Taj Mahal ou cathédrale de Reims. Curieuses aussi sont ces deux tours en forme d’épis de maïs. Vive la biodiversité urbaine !

Les halls d’entrée de ces beaux immeubles sont parfois accessibles à la visite et réservent des trésors. Les oeuvres d’art sont tout aussi fabuleuses à l’extérieur, dans les parcs ou au coin des rues, comme cette sculpture de Picasso qui n’a pas réussi à trouver de nom, cette mosaïque géante de Chagall représentant les 4 saisons avec parait-il un nombre de nuances de couleurs inégalé pour une telle oeuvre, ou encore la « porte des nuages » d’Anish Kapor, une structure réfléchissante en forme de haricot qui reflète aussi bien la skyline de Chicago que les visiteurs qui la contemplent et s’y prennent en photo.

Enfin, Chicago est aussi une cité portuaire, bordant l’immense Lac Michigan. Bien qu’il ne s’agisse que d’une mer fermée, les mouettes, les phares et les navires de plaisance sont là pour donner l’ambiance. On imagine les foules rassemblées sur les jetées et le ballet incessant des bateaux pendant la saison estivale. Mais rien de tout cela lors de notre visite. A moins de 10°C dehors, personne en maillot de bain !


Remettre les pendules à l’heure

L’expression fait sens ici car depuis notre arrivée aux États-Unis, nous avons changé d’heure 7 fois. 6 fois en raison de la traversée de la ligne de séparation entre les zones horaires du centre et de l’est du pays, 1 fois en raison du passage à l’heure d’été. Et nous le découvrons le plus souvent par surprise, devant un coucher de soleil plus précoce ou plus tardif que d’habitude. Car rien n’est simple. Les États-Unis comportent 9 fuseaux horaires, dont 3 concernent la vaste étendue continentale. La démarcation pourrait se faire sur les frontières entre les états, mais si c’est souvent le cas, c’est loin d’être la règle. Notamment, parmi les 11 états que nous avons traversés, 3 sont coupés en 2 par cette ligne, que nous avons dû franchir à plusieurs reprises en raison de nos trajets zig-zaguants. Pour que vous vous rendiez mieux compte, la carte de notre trajet inclut pour cet article au moins les fuseaux horaires.

Mais tout ceci ne serait rien s’il n’y avait en plus le problème du passage à l’heure d’été. Certes cela n’arrive que deux fois par an, mais, si le gouvernement fédéral conseille l’adoption de l’heure d’été, il laisse le soin à chaque état d’en décider. Et bien entendu, les nations indiennes font ce qu’elles veulent. L’exemple le plus significatif est celui de l’état de l’Arizona, qui a décidé contrairement à ses voisins de ne pas adopter l’heure d’été. Mais dans le coin Nord-Ouest de l’Arizona se trouve le territoire indien Navajo qui, lui, choisit de l’appliquer. Mais au sein du territoire Navajo se trouve le territoire indien Hopi qui ne veut pas entendre parler de l’heure d’été. Vous suivez ? Ah, j’oubliais un truc, les jours de changement ne sont évidemment pas les mêmes qu’en Europe et ont été modifiés à deux reprises dans les 20 dernières années. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

Heure appliquée dans les différents comtés de l’Indiana. En jaune, UTC -5h. En rouge, UTC -6h.
En vieux rose, les parties de l’Arizona refusant le changement d’heure, en jaune celles qui l’appliquent. Les états autour l’appliquent tous, mais avec un décalage horaire d’une heure pour les états en bleu (Nevada et Californie)

Désolé d’avoir été si long, mais la séquence anniversaire m’a fichu dedans. Le prochain article devrait être plus restreint territorialement parlant. A très bientôt !