105. Mon Panama paper

Bienvenue au Panama, 23ème pays parcouru par Roberto (plus de 75 000 km au compteur) et dernier pays d’Amérique centrale. Nous ne nous attendons pas à une révolution paysagique ou culturelle par rapport au Costa Rica, d’autant plus que nous connaissons un peu le pays pour l’avoir visité juste avant le premier confinement. Mais c’était sac au dos et transports en commun. Notre fidèle destrier nous permettra sans doute d’élargir un peu le champ de nos anciennes découvertes. A voir…

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Comme toujours, on commence par une plaque minéralogique.
Très sobre ici. Ils auraient pu mettre une photo de nature ou du canal !
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A l’instar d’autres pays, pas de plaque à l’avant : chacun son style !

Chaud et froid

C’est en partie pour retrouver un peu de fraîcheur que nous avons quitté la côte Caraïbe du Costa Rica et même celle du Panama et pris un peu d’altitude dans la Cordillère centrale. Après plusieurs jours à 35°C et autant de nuits à 29-30°C, nous étions heureux de perdre les six degrés et demi inhérents à tout gain d’altitude de 1000 m. Quelques averses ont été aussi les bienvenues, y compris pour le nettoyage des panneaux solaires. Nous nous sommes trouvés un petit coin tranquille dans la verdure et avons savouré une nuit tranquille à 21°C dans Roberto. Le paradoxe, c’est que notre première visite du lendemain a été pour des piscines thermales naturelles, entre 35 et 42°C, et dans lesquelles nous nous sommes immergés avec plaisir. Allez donc comprendre !

Dès l’entrée au Panama, nous gagnons très vite la zone montagneuse pour prendre un peu le frais
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Nous passons la nuit bien au frais, à plus de 1000m d’altitude et seuls au monde dans cette clairière
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Du coup le lendemain, nous sommes en pleine forme et décidons – pourquoi pas – de tester des sources chaudes. C’est près de la petite ville de Caldera. La route est difficile, les ponts sont larges et sonores, et Roberto a un peu sali ses pneus

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Tout ça est sur la propriété d’une famille panaméenne, dans un cadre bucolique

La ville du printemps éternel

Près du volcan Barú, le point culminant du pays (3745m), la petite ville de Boquete jouit d’un climat printanier permanent grâce à ses 1200m d’altitude, et l’humidité élevée permet aux arbres, aux fleurs, mais aussi aux caféiers de pousser sans limites. La ville a eu le malheur d’être classée « meilleur endroit pour prendre sa retraite » par un média américain, dont les compatriotes sont laissé tenter en masse. Les résidences, restaurants et autres commerces ont poussé comme des champignons, remplaçant les champs de caféiers et les petites maisons des indiens Ngäbe, occupants initiaux devenus minoritaires. Les prix aussi ont poussé fort, au point que même les sentiers de randonnée sont payants.

Comme il n’y a pas grand-chose d’autre à faire, nous avons tout de même emprunté avec une famille de voyageurs français le « Pipeline Trail », le moins difficile d’entre eux, qui comme son nom l’indique suit une conduite d’eau venue de la montagne et qui, comme son nom ne l’indique pas permet de temps en temps d’apercevoir des quetzals, oiseaux majestueux et rares d’Amérique centrale. Nous n’aurons pas cette chance, mais la balade était tout de même sympathique, permettant de côtoyer une végétation riche, dont un arbre millénaire, et se terminant par une belle cascade.

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Boquete, ville de montagne verte et fleurie, mais sans grand charme malgré tout
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Les routes alentour sont tout de même bien fleuries, comme celle qui nous a amenés au Pipeline Trail

Les lacs de Volcán

Dit comme ça, ça peut paraître bizarre, mais Volcán est une ville. Son nom est bien lié au volcan Barú qui la surplombe, mais les lacs eux n’ont rien à voir avec une quelconque activité volcanique. Ils sont connus en tant que zone naturelle humide, la première du Panama et la cinquième de l’Amérique centrale, rien que ça. Alors comme nous étions dans le coin, nous sommes allés voir. Étonnamment, cette réserve est sur un territoire privé et nécessite la traversée d’une piste d’aviation pour la rejoindre. L’accès est malgré tout gratuit « du moment que l’on respecte les lieux et que l’on ne laisse rien traîner ».

Nous empruntons une jolie route bordée de pâturages en guettant à la fois les nuages sur le volcan  en arrière-plan, dès fois qu’il se découvrirait, et les nids-de-poule sur la chaussée. Nous arrivons bientôt à l’aéroport. Nous traversons la piste après avoir demandé l’autorisation non pas à la tour de contrôle mais à un gentil monsieur qui entretenait le jardin du café attenant. La route s’enfonce ensuite dans une forêt et prend le statut de chemin boueux tandis que les arbres peu à peu se referment sur nous. Quand les branches commencent à frotter sur la carrosserie, nous regrettons de ne pas avoir stoppé plus tôt, mais impossible de toutes façons de faire demi-tour. Nous arrivons enfin au bord du premier lac, joli mais pas extraordinaire et exempt de l’extraordinaire faune aquatique que nous espérions. Tant pis, cela aura sorti un peu Roberto de sa routine.

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Le grand bleu au réveil derrière les bancs bleus. Nous avons passé la nuit ici au parc central de Volcán
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Au loin on aperçoit le volcan Barú, point culminant du Panama
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pour aller voir ce joli lac, sous bonne garde d’une résidence privée. Malgré l’appellation de réserve naturelle, nous ne verrons pas le moindre animal

La ferme de Dracula

De 1400 m d’altitude, nous poursuivons la route principale jusqu’à 2000 m (ah ! la bonne fraîcheur) après la petite ville de Cerro Punta. L’activité agricole y est intense, grâce au climat frais et humide, et les montagnes sont ici recouvertes d’une mosaïque de champs multicolores aux motifs géométriques variés, du plus bel effet. Les bordures de routes sont particulièrement fleuries, comme s’il s’agissait des allées d’un jardin botanique géant. Des stands de vendeurs de fruits et légumes sont alignés tout du long. Avec la petite brume qui stagne sur les sommets alentour, c’est magnifique.

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L’arrivée à Cerro Punta : un environnement plus agricole que tropical
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Mais nous voilà arrivés à la ferme de Dracula. Déjà l’inscription au-dessus d’un portail à la peinture défraîchie en impose. Le portail était fermé, mais à notre arrivée il s’ouvre lentement en grinçant. Une voiture en sort. Les gens ont l’air normaux (je ne sais pas pourquoi je dis ça) et nous invitent à suivre le chemin qui s’enfonce dans une forêt dense et sombre, tandis que leur voiture disparaît et que le portail se referme derrière eux (en grinçant). Le long du sentier, tandis que des lianes nous effleurent le visage et que des feuilles géantes nous frôlent les bras, nous apercevons quelques panneaux inquiétants. L’un dit que les enfants égarés seront donnés en pâture à Dracula. Sur l’autre, apposé sur une grille rouillée et fermée, figurent une espèce de sorcier menaçant, muni d’un bâton et d’une épée, et une inscription dissuadant toute tentative de passage. Nous filons sans même ralentir vers la réception.

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Arrivée à la Ferme de Dracula : l’ambiance change soudain
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Là nous attend un bureau vide, des tables et des chaises vides, une vitrine réfrigérée (heureusement ?) vide. Nous appelons timidement, mais personne ne vient. Sauf un chien, un fox-terrier qui nous rappelle Baxter. Finalement une employée apparaît. Elle est un peu pâle pour le pays, mais sans plus.

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Après que nous ayons acquitté le droit d’entrée (à noter qu’elle n’accepte pas les billets de sang euh de cent) elle nous dit que le comte est bon (lèche-bottes, va) et nous autorise à visiter, mais seulement avec le guide et sans aller dans le couloir sombre avec les grosse feuilles qui pendent ni dans la pièce fermée par une grosse grille fermée par un cadenas et couverte de mousse verdâtre. On se demande bien ce qu’il y a à l’intérieur.

Le guide nous fait la visite de la ferme, essentiellement de grands jardins de plantes exotiques. Il est très aimable, ce qui paradoxalement nous inquiète. Sans parler de Baxter qui ne nous lâche pas d’une semelle. J’allais demander des informations sur le propriétaire des lieux quand soudain Dracula apparaît. En tenue sombre avec une note pourpre, le visage menaçant, immobile et silencieux. Le guide se racle la gorge et nous fait finalement les présentations.

Dracula, c’est le nom d’une famille d’orchidées, abhorrant tantôt une tête de chauve-souris tantôt une tête de singe et pourvue de sépales pourpres en imposant pour deux longues canines. Comme son homonyme transylvanien, l’orchidée « dort » le jour, la tête basse, et revit la nuit, se redressant.

Bon, plus de peur que de mal. Mais quand même, à aucun moment dans le jardin je n’ai vu de culture d’ail. C’est un signe, ça, non ?

Vampirisme mis à part, cette Finca Dracula regorge d’espèces végétales tropicales dans un jardin mi-aménagé, laissant une part belle mais semble-t-il partiellement contrôlée à l’improvisation de dame nature. Malgré nos visites récurrentes dans ce type d’établissement, nous arrivons toujours à trouver des plantes que nous n’avions jamais vues. Cela semble presque sans limites.

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Un tout autre San Francisco

Ce village de l’état de Chiriqui, dans ce que l’on pourrait appeler le Panama profond, n’a évidemment rien à voir avec sa mégapole homonyme américaine. Créé en 1621 par une cinquantaine d’indigènes venus exploiter des mines d’or récemment découvertes dans la région, le village s’est peu à peu agrandi autour de son église. Les huttes aux toits de paille sont devenues des maisons de béton entourées de grilles métalliques, les chemins de terre se sont transformés en routes asphaltées (avec trous), les minivans roulant à toute allure ont remplacé les chars à bœufs et les commerces ont poussé, comme ce supermarché Jean XXIII que personne chez nous n’oserait appeler comme ça.

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Une maison typique de San Francisco en 2023. Eh non, elle n’est pas bleue !
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Les maisons sont bien fleuries. Certes le climat aide un peu, mais ne fait pas tout

Mais l’église datant de 1630 est toujours là, juste devenue monument historique national entre temps. Aussi simple à l’extérieur avec ses murs en pierre et son clocher rectangulaire que riche à l’intérieur. Elle recèle de multiples sculptures baroques qui ont la double particularité d’avoir été non pas importées d’Espagne comme cela se faisait habituellement à l’époque, mais au contraire réalisées par des artistes locaux, et d’intégrer une influence indigène dans les sujets, comme ces chérubins dont les têtes représentent celles des artistes eux-mêmes. Malgré la panne d’éclairage le jour de notre passage, nous avons pu admirer ces superbes retables en bois peints, formés chacun de 120 à 480 pièces assemblées.

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L’église San Francisco de la Montaña, sobre à l’extérieur,
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San Francisco de la Montaña (son nom complet) est aussi connue pour ses bains en extérieur, comme le Balneario El Salto. Malgré une enseigne aguichante, le centre d’accueil est tout décrépit, et la zone de baignade se résume à une mare boueuse dans laquelle se déversent quelques petites cascades. Quelques gamins s’y ébattent pendant que leur mère y lave le chien. Nous ne tenterons pas l’expérience…   


Ocu-passions

Claudie notre traceuse d’itinéraire a été attirée par cette petite ville de 7000 habitants pour son artisanat. On y fabrique en effet des costumes traditionnels et des chapeaux proches du vrai panama équatorien, tout en maintenant de nombreuses pratiques folkloriques, notamment lors de la semaine du Manito Ocueño juste après le 15 août. Malheureusement, les boutiques d’artisanat traditionnel sont toutes fermées et nous ne verrons rien de tout ça. Une bonne façon d’en avoir une idée est de consulter la page Instagram de l’association @conoce_ocu.

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Festival de la Manito d’Ocu (2ème quinzaine d’août) exhibant chapeaux et costumes traditionnels
Photos extraites du site panamaamerica.com et de la page instagram @conoce_ocu
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Malheureusement rien de tel le jour de notre passage : que des marchands d’alimentation et de vêtements ordinaires

De mon côté, j’ai été inévitablement attiré par les turlupinades réalisables à partir du nom de la ville. En cherchant peu, j’ai trouvé une enseigne de supermarché, un site internet et une affiche électorale pour illustrer mon propos que vous retrouverez sur les légendes. Quant au nom du festival ci-dessus, sachant que « manito » se traduit par « petite main » et qu' »ocueño » est le gentilé d' »Ocu », je vous laisse la responsabilité de la traduction.

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La dernière, je vous la laisse. Manito ça veut dire « petite main ». A vous de traduire…
Copie d’écran du site educapanama.edu.pa

Les plus pointilleux d’entre vous souligneront volontiers que le u se prononce ou en Espagnol et que mes jeux de mots laids ne valent rien. Alors pour ceux-là, je leur ai déniché un autre document. En Espagnol puisqu’ils savent tout. Lisez donc la légende.

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Indubitablement, ce sont les accords d’Ocu ! (bien prononcer le « ou » final)

La péninsule d’Azuela

Peu visitée par les touristes en dehors du littoral, elle présente tout de même quelques attraits qui méritent le déplacement.

1. Wilfredo Pimentel Campos

C’est juste le maire d’Ocu. C’est pour voir si vous suivez et parce que Ocu fait partie de la péninsule en question.

Notez bien que la municipalité est tout à fait irréprochable financièrement et que le maire d’Ocu n’a rien à voir avec les Panama Papers…

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2. Pesé

C’est là où nous avons passé la nuit, sur un terre plein au-dessus de la route principale trouvé à la tombée de la nuit après avoir fui un autre spot qui paraissait tranquille mais qui a peu à peu été envahi de gens venus faire la fête. Nous avons eu tort – mais c’était la nuit – de ne pas être allés nous présenter aux voisins, qui du coup se sont plaints qu’un véhicule bizarre s’était garé là. Nous avons eu droit à un contrôle de police à 22h, très courtois malgré tout. Nous pensions finir la nuit tranquille mais à 6h du matin, des camions citernes se sont succédé juste au-dessous de nous pour remplir leur engin avec une bonne grosse pompe bien sonore. C’est aussi ça la vie nomade… Pesé c’est enfin le site d’une célèbre distillerie de canne à sucre, qu’on ne transforme pas en rhum ici mais en « seco ». Nous sommes allés tenter notre chance mais les visites n’ont pas repris depuis la pandémie.

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Ci-dessus : Roberto sur son terre-plein. Nuit tranquille entre 22h (passage de la police) et 6h (début du pompage)
Ci-dessous : champs de canne à sucre au bord de la route et bouteilles du produit fini (seco)


3. Los Santos

Comme nous l’apprend le petit musée de la municipalité, cette ville de nature rebelle a été la première à autoproclamer son indépendance de la couronne espagnole le 10 novembre 1821, entraînant par contagion l’ensemble du pays en moins de 3 semaines (le coronavirus a fait moins bien) puisque le 28 du même mois tout était signé. Une copie du document est fièrement affichée dans ce musée aux côtés d’une cuisine fin XIXè reconstituée et dans un joli jardin avec vue sur l’église elle-même pleine de charme.

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4. Parita

Cette ville possède la seule église du pays dont le clocher est au-dessus de la porte et non pas dans un angle pour assurer sa stabilité. Impossible de voir l’intérieur, c’était fermé et en plus la pluie commençait à tomber fort.

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5. Nata

Encore une église mais pas n’importe laquelle : construite en 1522, elle serait la plus ancienne des Amériques côté Pacifique. Bâtie dans la douleur par des esclaves amérindiens qui ont intégré, peut-être pour se consoler, plein de symboles de leur propre religion dans les sculptures catholiques : nombreux motifs floraux et fruitiers, présence de serpents à plumes, etc. Quelques fresques murales dans le centre-ville aussi, mais la pluie battante nous a poussé, là aussi, à repartir assez vite.

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Façade ensoleillée à notre arrivée mais le ciel ne présageait rien de bon !
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Intérieur tout en bois, qui parait assez frêle comme ça mais a pourtant bien résisté au temps
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Un rien de street art aussi
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Sortis de la péninsule d’Azuela, nous remontons vers Panama City. Mais pas question de s’immerger de suite dans la fournaise de la capitale, nous prenons le chemin des écoliers et allons vers El Valle, un village entouré de montagnes situé à 600 m d’altitude. Mais ça c’est pour le prochain article !

Panama Ouest
Notre parcours un peu erratique dans l’Ouest du Panama. En version zoomable ici

28. Fête des gosses !

Procréation assistée

Au Danemark comme dans les pays scandinaves, la part de la population âgée augmente dangereusement aussi tout est fait pour encourager la natalité. A commencer par ce congé parental de 52 semaines qui fait beaucoup d’envieux. Mais au cours de nos déplacements, nous voyons bien que les enfants ne sont jamais oubliés. Les parcs de jeux sont omniprésents, les commerces disposent souvent d’espaces pour enfants, de même que les musées qui sont par ailleurs tous gratuits jusqu’à 18 ans. On trouve des tables à langer dans tous les WC, des chaises hautes dans les restaurants et dans les églises, ces dernières proposant à l’entrée des livres d’enfants aux côtés des bibles pour leurs parents. Enfin, le Danemark est célèbre pour permettre depuis 1967 (soit 54 ans avant nous) aux enfants de porter plainte contre leurs parents qui leur auraient administré une fessée.

fête des gosses !
Jeux pour enfants dans l’enceinte d’un château

Livres pour enfants dans une église

Jeux, thèmes à la folie !

Nous nous sommes joints à la frénésie de la dernière semaine avant la rentrée scolaire danoise (eh oui les pauvres, les vacances d’été se terminent entre le 9 et le 11 août) pour visiter quelques attractions concernant les enfants, notamment un parc animalier dédié aux espèces scandinaves, mais aussi la Lego House à Billund, ville danoise dont l’économie est centrée depuis les années 50 sur la célèbre brique inventée par un menuisier natif. A ne pas confondre avec le parc Legoland de la même ville, qui est plutôt un parc d’attraction classique même si le design des manèges s’apparente aux Lego. La Lego House est plutôt orientée créativité. Des œuvres fabuleuses y sont exposées, comme cet arbre de 15,68 m de haut composé de plus de 6 millions de briques au centre de l’escalier principal.

Des familles entières, avec parfois plus d’adultes que d’enfants viennent y jouer aux Lego, mais pas n’importe comment. Ici, on crée uniquement des fleurs jaunes que l’on piquera ensuite sur des supports, la monochromie et la multiplicité des designs rendant le fini particulièrement esthétique. Là, on assemblera des briques pour former des poissons, qui seront ensuite scannés devant un appareil : miraculeusement, le poisson prendra vie dans un grand aquarium numérique, ondulant au fil de l’eau et clignant des yeux. A un autre endroit, il faut créer un bâtiment uniquement en briques Lego blanches et sur un support imposé de 6×6, que l’on insèrera ensuite sur un plateau qui représente une grande ville. A la manière de Sim City, grâce à l’informatique sous-jacente, des routes vont se créer et relier le bâtiment au reste de la ville, des points mobiles simulant le déplacement des habitants ou des véhicules.

Au sous-sol, une exposition retrace toute l’histoire de la création Lego, des jouets en bois ordinaires de la première usine aux boîtes sophistiquées contemporaines, en passant par les premières briques qui tenaient mal entre elles et le procédé ingénieux qui a permis de résoudre ce problème.

Ours blanc au Scandinavian Park

Un des espaces de jeux de la Lego House

Arbre central géant et salle des dinosaures

Le conte est bon, j’espère

A Odense, sa patrie natale, nous ne pouvions manquer de rendre visite à Hans Christian Andersen. Nous avons tenté notre chance à sa première demeure, mais il n’y était plus depuis longtemps. Sa seconde était fermée depuis le début de l’été, pour être remplacée par une autre, un musée flambant neuf exposant tout de long en large sur le célèbre conteur danois, mais le musée était fermé précisément aujourd’hui en raison d’un problème électrique. Vraiment pas de chance. Après une courte visite dans la ville, nous sommes allés voir le Jardin d’Andersen. Il n’y était pas non plus, mais nous avons quand même vu sa statue. Nous avions rendez-vous avec une petite troupe de conteurs amateurs qui selon nos guides et Internet se produisaient devant la Maison des Contes de Fées, au centre de ce jardin, tous les jours jusqu’à mi-août à 11h et 13h. Eh bien ils n’étaient pas là non plus, la mi-août ne doit pas tomber en même temps au Danemark qu’en France. Visite complètement ratée, quoi. En l’absence d’Andersen, je me permets de vous conter une petite mésaventure qui vient de nous arriver.

Il était une fois une princesse qui vivait dans un carrosse tout bleu, un fiacre « Du Château » italien qu’elle avait fait aménager par un menuisier réputé de Macronie, avec tout le confort dû à son rang. Le mobilier était fait de bois précieux (si l’on en juge par son prix), les fenêtres s’ornaient de draperies coulissantes capables aussi bien d’occulter la lumière du soleil que le passage éventuel d’insectes, les tapis avaient été brodés par Saint Maclou en personne. Les réserves en eau courante pouvaient tenir des lustres, tandis que ceux-ci, étonnamment non vénitiens pour un fiacre italien, avaient été remplacés par des luminaires plus modernes que l’on appelle à led, même si l’on en n’a pas besoin. Quant à ces derniers, le carrosse avait été équipé du très performant système « pro secco », plus conforme au pays d’origine. Point de gaz dans ce véhicule, ce qui avait l’avantage d’éviter d’acheter des allumettes aux petites filles traînant dans la rue. La cuisinière et l’eau de la baignoire (verticale faute de place) étaient chauffées grâce à la même énergie que celle mouvant les 160 chevaux tractant le carrosse. Tout cela n’était-il pas merveilleux ?

Un jour alors qu’ils se trouvaient à voyager dans la belle région du Danemark, la princesse et son prince charmant firent halte pour s’approvisionner en eau fraîche. Tandis que le prince vaquait au remplissage, la princesse déplaçait quelques provisions dans la soute, possiblement une boîte de petits pois qui la gênait. Là il est nécessaire d’expliquer, faute de comprendre l’allusion, que dans les carrosses la soute est située sous le lit. En déplaçant cette fameuse boîte, elle heurta un autre objet placé là on ne sait pourquoi (enfin si, on sait, c’est parce qu’il n’y avait pas d’autre place ailleurs). L’objet, une sorte de cylindre muni d’une valve à l’extrémité d’un petit tuyau qui en sortait, avait été acquis apparemment pour restaurer rapidement la pression d’un pneu du carrosse qui viendrait à la perdre brutalement. Le choc provoqua d’abord à peu près le même bruit que l’on produit en ouvrant une bouteille de cette boisson à base de houblon fermenté si répandue au Royaume du Danemark. Ce qui se produisit ensuite pourrait être décrit comme une sorte de gros chamallow en expansion rapide après un de big bang imaginaire, gagnant promptement une bonne portion de la soute, dissimulant à la vue de nos infortunés voyageurs tout ce qui s’y trouvait, conserves de petits pois compris. La princesse eut tout de même le réflexe, craignant que le véhicule ne disparaisse en entier, de plonger sa main dans le gros chamallow pour en extraire l’objet générateur. La suite fut plutôt affaire d’éponge et d’huile de coude, le prince faisant malicieusement remarquer à la princesse qu’elle ressemblait tantôt à la reine des neiges, lorsqu’elle ressortait de la soute le visage et les bras couverts de mousse, tantôt à la petite sirène lorsqu’elle plongeait tout cela dans son seau. Une fois le dernier coup de torchon passé, on s’aperçut que, contrairement à ce que l’on croit généralement, la mousse ne tache pas tant que ça. La princesse et le prince reprirent leur route heureux, riant du comble auquel ils étaient parvenus : crever une bombe anti-crevaison.