101. Costa Rica première décade

En contraste avec les pays précédents, le Costa Rica s’affirme d’emblée comme orienté vers la nature. Le tourisme vert est d’ailleurs sa première source de revenus. De fait, après une dizaine de jours, 90% de nos activités auront eu pour thème la nature, une heureuse exception dans notre parcours.

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Quel autre pays peut mettre des paresseux sur ses billets de banque ?!
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Plaque minéralogique du Costa Rica

Frontière chaotique

L’entrée au Nicaragua avait déjà été un peu chaotique, mais la sortie encore plus, confirmant la bureaucratie intense dans ce pays. Sans vouloir entrer dans les détails, la procédure pour quitter le pays aura nécessité 2h40 tandis que l’entrée au Costa Rica ne prendra que 20 mn. Bon, chaque pays fait comme il veut, et la procédure parait plus simple pour les véhicules particuliers, mais nous plaignons les chauffeurs de poids-lourds qui, d’après les longues files de plus d’un kilomètre que nous avons pu observer de part et d’autre de la frontière ont dû perdre au moins une demi-journée à la traverser.

Sur la photo à droite, on peut voir une file de chauffeurs de poids-lourds qui attendaient le passage de leur véhicule au scanner. Assez résignés, ils m’ont gentiment laissé passer devant eux (c’est le cas aussi pour le passage en douane, nous sommes autorisés à doubler les camions). Ils trouvaient d’ailleurs bizarre qu’avec mon véhicule particulier j’aie dû y passer aussi. Apparemment, un petit billet au policier aurait permis d’éviter cette tracasserie, mais nous ne nous sommes pas pliés à ça !

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Premières impressions

Quelquefois, l’entrée dans un nouveau pays se traduit par un choc culturel, comme lorsque l’on passe des USA au Mexique par exemple, mais entre le Nicaragua et le Costa Rica, formalités administratives exclues, c’est le sentiment de continuité qui prédomine. Même végétation abondante, mêmes routes en relativement bon état, même circulation tranquille. Il a fallu attendre de parcourir à pied la première ville, Liberia, pour voir quelques différences. C’est bizarre à dire, mais ce qui frappe le plus est de voir des vitrines devant les magasins, alors que depuis plusieurs mois nous côtoyions des boutiques donnant directement sur la rue ou en en étant séparées d’une simple grille. La plus grande richesse se confirme par la présence de bus électriques, même si les vieux bus scolaires américains retapés sont encore légion, et nous sommes ravis aussi de voir notre carte bancaire refonctionner après un black out au Nicaragua. A l’inverse, les couleurs du pays précédent ont presque disparu, l’église (moderne) est hideuse et le parc central est loin d’être verdoyant. Nous espérons que ce ne seront que des exceptions, la réputation du pays est au-dessus de tout cela.


Sous l’arbre à oreilles d’éléphant

Une première pause dans un petit camping à Liberia, sous les arbres et bien aérés, nous a permis de retrouver une semi-fraîcheur qui nous manquait depuis une quinzaine de jours. Le lendemain, nous avons grimpé à 650m d’altitude vers un premier volcan, pour nous installer sur le parking d’un « lodge » (hôtel isolé en pleine nature) acceptant les voyageurs nomades. De là, nous avons suivi un petit chemin de randonnée dans la forêt tropicale sèche, menant à une source chaude soufrée. Un endroit étonnant où un petit cours d’eau transparent devient brusquement blanc laiteux à la rencontre d’une source chaude émanant du volcan voisin. La balade était bien agréable malgré les 8 km aller-retour, dans l’ombre de la forêt mais accompagnés d’une multitude d’oiseaux, toujours difficiles à photographier. En raison de leur fugacité d’une part et de la modicité de notre équipement (smartphones) d’autre part. Les clichés seront rares mais les souvenirs resteront marqués dans notre tête. Nous avons aussi ramassé quelques fruits dont celui (en étoile) du pommier baumier). Il y a de la post-production à prévoir ! En tout cas, la nuit à l’ombre de notre « guanacaste » (l’arbre national du Costa Rica, appelé aussi arbre à oreilles d’éléphant en raison de la forme de ses fruits) et avec une température descendant enfin sous les 25°C (21° même au plus frais) a été des plus réparatrices.

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Roberto à l’ombre d’un guanacaste

2 ans !

Le 19 avril 2021, nous découvrions notre Roberto pour la première fois chez notre aménageur. Les premiers kilomètres parcourus avec furent un mélange d’appréhension et d’euphorie. L’appréhension de la conduite d’un véhicule de ce format et peut-être celle de réaliser qu’il allait devenir notre nouvelle maison pour plusieurs années. L’euphorie de cette liberté nouvelle et du grand voyage qui nous attendait.

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19 avril 2021, Roberto vient de parcourir son premier kilomètre à Rodez

Ce 19 avril 2023, nous avons fêté les 2 ans de Roberto, nos 2 ans de vie nomade, et si l’on ne peut plus parler d’appréhension ni d’euphorie, nous restons dans une dynamique très positive. Ces deux années se sont écoulées à un rythme intense, parfois trop même au point que nous ressentons régulièrement le besoin de ralentir, de nous poser quelques jours sur un point de notre parcours pour souffler, pour digérer nos découvertes quotidiennes, pour nous reposer physiquement aussi des kilomètres de marche et même des kilomètres de route. Nous restons heureux de vivre notre rêve, notre seul manque étant l’éloignement de la famille et des amis, que nous essaierons de compenser avec des retours peut-être un peu plus fréquents. Le retour technique de Roberto en Europe va sans doute arranger un peu les choses, mais ne changera absolument rien à notre désir de poursuivre notre vie nomade.

Parcoursans
19 avril 2023, Roberto est parvenu au Costa Rica, après un joli parcours de 73 000 km !

Le sentier des casseroles

Nous sommes dans le parc national du volcan Rincon de la Vieja, le premier que nous explorons au Costa Rica. L’organisation est un peu à l’américaine, avec « rangers » à l’entrée, plan des randonnées, parcours parfaitement délimités et cimentés avec points d’observation clairement indiqués, boutique de souvenirs à la sortie. Nous choisissons une boucle de 3 km traversant en grande partie une superbe forêt tropicale avec des arbres magnifiques et quelques animaux, dont des iguanes, quelques oiseaux, des tapirs, des singes araignées et d’autres à tête blanche. L’attraction tourne autour du volcanisme secondaire et nous observerons beaucoup de ces « casseroles » géantes et fumantes emplies de boue ou d’eau en ébullition, dans lesquelles on cuirait bien ses spaghettis ou ses œufs, et qui justifient parfaitement en tout cas l’appellation du sentier (sendero de las pailas). Nul doute que l’activité géothermique est intense ici, et l’on comprend très bien l’installation récente d’une usine pour l’exploiter sur le site. Vraiment un bel endroit, et une fréquentation très raisonnable.

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Le volcan Rincon de la Vieja, 10h38…
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Nous n’apprendrons que le lendemain le réveil soudain de la bête quelques heures après notre passage. Mais à ce moment-là, nous étions déjà à une trentaine de kilomètres de là. Dommage ou pas ?
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Il est vrai que l’activité volcanique secondaire était bien présente
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L’attrait était aussi dans la luxuriance de l’environnement. Pas beaux ces arbres qui s’enlacent ?

Pura vida

riche en animaux sauvages…

et en phénomènes naturels

N’est-elle pas belle notre pura vida ?


Le Rio Celeste

La tentante traduction française, « rivière céleste », pourrait faire penser à une combinaison exceptionnelle du mah-jong ou encore au plat n° 116 du restaurant chinois d’à côté, mais « celeste » en Espagnol signifie bleu ciel. Et le qualificatif n’est en rien usurpé. C’est en traversant un pont que nous découvrons cette rivière d’un bleu étonnant, tranchant sur la végétation environnante. Forcément la couleur attire, et le lieu est quelque peu envahi de touristes et locaux qui viennent s’y rafraîchir, discuter ou même méditer. La concentration humaine et la localisation sous le pont ne sont pas très glamour, nous nous contenterons de deux ou trois photos. Car nous avons prévu de visiter le lendemain le parc national traversé par cette rivière, l’hébergeant sous ses meilleurs aspects. Et nous ne sommes pas déçus ! Un sentier de 6 km aller-retour mène jusqu’à l’origine de la couleur bleue, apparaissant étonnamment à la rencontre de 2 rivières transparentes, l’acidité de l’une se conjuguant aux particules en suspension de l’autre pour les faire gonfler et leur faire réfléchir ainsi la lumière bleue du spectre solaire. Mais vous préférerez peut-être la version plus poétique qui dit que la rivière aurait pris cette couleur lorsque Dieu y trempa ses pinceaux après avoir peint le ciel… Tout au long du sentier traversant une forêt exubérante, nous admirons les méandres bleutés, les petits lacs d’un bleu extraordinaire, des zones en ébullition et une magnifique cascade. Nous croisons aussi un petit lézard dont la queue est aussi bleue que la rivière. Je l’aurais volontiers baptisé « lézard céleste » mais pas sûr que les herpétologues soient d’accord !

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J’espère juste ne pas me transformer en Schtroumf !
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Pour en découvrir davantage, il faut entrer dans le Parc National du volcan Tenorio
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Mais quelles couleurs magnifiques ! Nous n’avions jamais rien vu de tel !
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Puis vient l’endroit où la magie s’opère : 2 rivières transparentes se transforment en 1 rivière bleue !
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La visite se termine par une cascade de toute beauté. On a longtemps accusé ceux qui en diffusaient la photo de truquer les couleurs, mais nous pouvons témoigner qu’il n’en est rien !
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Ah et j’allais oublier mon petit « lézard céleste » dont la queue reproduit tellement bien le Rio !

Aux pieds du volcan Arenal

Ce volcan à l’imposante silhouette cônique est né il y a 7000 ans. Il est considéré comme l’un des plus actifs du Costa Rica. Sa plus grosse manifestation remonte à 1968, comme en France d’ailleurs, alors que de gros pavés incandescents ont été projetés à plus de 5 km, d’où l’expression costaricienne bien connue « sous les pavés la lave » qui a été reprise, un peu déformée, dans l’hexagone à la même époque. Lol. Entre 1968 et 2010, les explosions et coulées pyroclastiques ont été très fréquentes. Depuis, le volcan semble souffler un peu (des fumerolles surtout) mais ne demande qu’à se réveiller, ce qui ne semble inquiéter en rien les villages installés à ses pieds, profitant tous de la manne touristique attirée par la riche faune et flore locale et par les nombreuses sources chaudes.

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Le village de La Fortuna, aux pieds du volcan Arenal

Nous avons trouvé à nous loger pour la nuit dans un camping en cours d’aménagement, mais déjà riche en faune et flore. Le patron nous a montré quelques paresseux accrochés assez haut dans les branches au-dessus de nous et une petite grenouille rouge vif qu’il a tranquillement posée sur son bras tout en nous expliquant qu’elle était vénéneuse. Il suffirait de ne pas la manger et de ne pas mettre les mains à la bouche ou se frotter les yeux pour ne pas avoir d’ennuis… Nous avons aussi rencontré un Français qui fait le chemin du Mexique à la Colombie …en vélo. De quoi donner matière à réflexion à tous ceux qui pensent que nous sommes des aventuriers !


Le lendemain matin, c’était étape sources chaudes. Mais plutôt que d’aller nous tremper comme la plupart de nos congénères dans les bassins artificiels d’un grand hôtel, nous avons choisi la version naturelle en allant tester la rivière Tabacón, plus connue des locaux que des touristes, notamment pour son caractère gratuit. Au premier abord, l’aspect est celui d’un torrent de montagne, assez vif. Mais la grosse différence c’est que l’eau avoisine les 30°C et que se baigner dans ce courant assez puissant est à la fois tonifiant (autant qu’un torrent alpin à 10°C…) et relaxant (comme tout bain chaud). Le réchauffement brusque de la rivière Tabacón avait été l’un des premiers signes de l’éruption de 1968.

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Depuis 2010, l’activité du volcan Arenal se traduit essentiellement par des fumerolles et par des sources chaudes, largement exploitées par les professionnels du tourisme

Alors nous avons trouvé cette rivière d’accès libre, juste à côté d’un grand hôtel, tonifiante de part son courant et relaxante grâce à sa chaleur. Et totalement naturelle bien sûr !


L’après-midi a été euh …canopique. C’est-à-dire consacrée à la canopée (j’avoue découvrir l’adjectif). Le Costa Rica recueille 6% de la biodiversité mondiale, soit davantage que les USA et énorme par rapport à sa superficie (0,03% de la planère). Les arbres ne sont pas en reste avec 295 espèces différentes au km² contre 35 en Colombie et 6 au Brésil. Alors se promener dans une forêt, c’est déjà écarquiller les yeux devant tant d’espèces végétales que nous n’avons pas l’habitude de voir. Et se tordre le cou pour regarder vers les cimes des arbres souvent très hauts, compétition vers la lumière oblige. Mais il est possible d’agrémenter encore tout cela en regardant la forêt du dessus, à l’aide de passerelles traversant ou surplombant la canopée. C’est très en vogue dans le pays et, même si nous avions déjà vécu ce genre d’expérience, nous avons souhaité la renouveler. Dans ce parc près du superbe volcan Arenal, un parcours de 3 km compte 12 ponts et 6 passerelles suspendues pour observer la nature sous un angle différent. Si nous avons apprécié ces différences de vues et découvert de nouvelles fleurs dont ces héliconies poilus, nous avons bizarrement été déçus par cette attraction, par le manque de faune et flore visible notamment, trouvant que les installations ne justifiaient pas le droit d’entrée assez élevé. Peut-être avons-nous été trop gâtés dans les jours qui ont précédé ?

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Un programme alléchant : pas moins de 18 ponts et passerelles pour aller voir la nature de près !
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La mousse pousse même sur les feuilles, c’est dire…

Puis nous avons repris la route sur les rives du Lac Arenal, de jolis lacets asphaltés et en bon état qui nous ont amenés à un parc accessible gratuitement au public et à tout véhicule en fait. Nous y avons passé une nuit très tranquille, sans personne autour, avec un joli spectacle au réveil.

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Le soleil joue à cache cache avec les nuages en fin d’après-midi au-dessus du lac. Quelques éclairs mais pas de précipitation. Aussi incroyable que cela paraisse, nous n’avons pas eu une goutte de pluie depuis que nous sommes retournés au Mexique début février.
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Nuit super calme au bord de ce lac. Nos seuls « voisins » ont été ces pêcheurs venus mettre leur bateau à l’eau le matin vers 7 h.

La cordillère de Tilarán

Nous poursuivons le tour du lac Arenal dans le sens antihoraire, en direction de cette chaîne de montagne. La route change brusquement de qualité, des trous apparaissent dans le bitume avant que celui-ci ne finisse par disparaître. Sur plusieurs dizaines de kilomètres. Il parait que les habitants s’en plaignent depuis longtemps sans jamais être entendus. Manifestement la « pura vida » n’est pas universelle au Costa Rica… Pas de surprise, nous sommes toujours dans la nature, à une altitude de 1300 m qui fait du bien, au village de Santa Elena plus précisément. C’est très touristique, malgré la difficulté d’accès, et nombreux sont les restaurants, hôtels, magasins de souvenirs et tours-organisateurs. Nous en apprécions d’autant notre liberté de mouvement et notre autonomie en logement et restauration : pas besoin de subir tout ça, nous savons ce que nous voulons et nous nous rendons directement dans les endroits concernés.

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Juste une photo sur la route de Santa Elena (bien trop occupé à éviter les trous…) : le jardin de ce sculpteur végétal qui accueille les automobilistes de passage

Notre premier arrêt est pour une ferme de papillons, élevés dans des serres reproduisant cinq microclimats du pays. Quelques insectes sont aussi collectionnés. Nous avons droit à une visite guidée VIP par une jeune naturaliste. Nous observons bien sûr de jolis spécimens, dont les célèbres morphos bleus, un peu plus faciles à approcher que ceux, fugaces, que nous avons croisé lors de nos balades.


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La présentation au guichet d’accueil laisse penser que plusieurs centaines d’espèces sont présentes. Mais ça sera beaucoup moins !

L’autre attraction du jour est le « ranario », qui pourrait se traduire par « grenouillerie » en Français. Un rassemblement de terrariums où sont élevées et protégées plus de 25 espèces de batraciens locaux, souvent des grenouilles minuscules ne dépassant pas les 2 cm et aux couleurs vives indiquant aux autres espèces leur dangerosité. Le plus est la possibilité avec le même billet de réaliser une double visite permettant dans l’après-midi d’apprécier les espèces diurnes et à la tombée de la nuit celles nocturnes. Nous avons adoré ces mignonnes petites grenouilles multicolores, pas si faciles à photographier toutefois en raison de leur taille.

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Le Ranario de Santa Elena, qui a bien voulu nous accueillir pour la nuit sur son parking

A trop chercher les grenouilles dans les vivariums, on en oublie parfois de regarder autour. Et là, juste devant nous, la lampe-torche tombe sur cette chose. Bon, il paraît que les scorpions costariciens ne sont pas mortels, ça rassure !

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Souvenirs souvenirs (1)

Nous sommes maintenant à Sarchi, une petite bourgade à l’ouest de la capitale San Jose. Spécialisée dans le travail du bois depuis le début du XXe siècle, elle a produit beaucoup de meubles mais aussi les charrettes à traction bovine nécessaires au transport du café à l’époque, typiquement décorées de motifs géométriques en couleurs vives semblables aux mandalas. L’arrivée du train et des camions aurait pu éteindre cette production, mais les artisans ont su se reconvertir et produisent peut-être maintenant davantage de charrettes qu’avant ainsi que beaucoup d’autres objets qui plaisent aux touristes. La ville est inscrite au patrimoine mondial de l’humanité pour avoir été le berceau de l’artisanat costaricien. En tout cas, si vous cherchez des souvenirs à rapporter de votre séjour, vous n’aurez que l’embarras du choix ici !

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Sarchi, berceau de l’artisanat costaricien
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L’entrée des toilettes est particulièrement soignée !
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Sarchi est aussi connue pour sa magnifique église, malheureusement fermée à l’heure de notre passage

Souvenirs souvenirs (2)

La ville suivante, Zarcero, avec son église et ses arches de cyprès si typiques, éveille en nous le souvenir de notre premier voyage au Costa Rica il y a maintenant 14 ans, en compagnie de deux de nos enfants et en mode sac au dos. En fouillant un peu dans nos archives, j’ai retrouvé le blog que nous avions réalisé alors, rédigé à quatre plumes. Sachant qu’il serait tôt ou tard retiré des serveurs faute d’être mis à jour, j’en avais fait une copie sur Word, avec une mise en page sommaire mais qui a le mérite de toujours exister. Elle est disponible en lecture ou au téléchargement ci-dessous pour ceux que cela intéresserait.

Nous avons eu plaisir pour notre part à nous replonger dans ce récit et à examiner le parcours d’alors que nous avions un peu oublié. Démontrant au passage l’intérêt au moins personnel à long terme de la rédaction d’un blog de voyage.

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Notre parcours en 2009, essentiellement en transports en commun
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L’église de Zarcero et son étonnant jardin sculpté

Mais voilà que la route nous appelle. Il nous reste encore beaucoup à découvrir au pays de la Pura Vida. Alors à très bientôt pour la suite !

Parcours Costa Rica
Parcours Costa Rica première décade, en version zoomable ici

100. Nicaragua, suite et fin

Pour ce centième article du blog, nous rejoignons le Sud du Nicaragua. Tout aussi riche en paysages volcaniques que la précédente, avec des lacs de cratères et des volcans en activité, dont le célèbre Masaya où nous observerons pour la première fois un superbe lac de lave en fusion. Les villes aussi ont leur intérêt, de la capitale Managua et sa forêt d’arbres lumineux à son ancienne rivale Granada qui n’a pas besoin du miroir de son lac pour dire qu’elle est la plus belle, en passant par les Villages blancs, pas si blancs que ça. Un beau programme, non ?

Managua-la-forêt

C’est depuis le début de notre voyage l’un de nos plus jolis spots urbains pour passer la nuit. Nous sommes sur la Place de la Foi, en plein cœur de Managua, la capitale du Nicaragua. La place a été baptisée ainsi suite aux passages de Jean-Paul II dans le pays en 1983 et 1996, et est centrée par un grand obélisque en l’honneur du pape. Mais la particularité du lieu est liée à l’installation en nombre croissant d’arbres de vie, reproduisant le design créé par l’autrichien Gustav Klimt. Ces structures métalliques géantes, de 12 à 17 m de hauteur, déjà fort esthétiques dans la journée, s’illuminent merveilleusement la nuit.

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D’étranges reflets sur les phares de Roberto…
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…un des plus beaux endroits que nous ayons trouvé en ville pour passer la nuit
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Mais le mieux, c’est le soir. Ces « arbres de la vie » s’éclairent tous les uns après les autres
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et plus le ciel s’assombrit, plus les arbres ressortent, y compris sur la carrosserie de Roberto
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A la nuit noire, quel spectacle ! A 22 000 $ l’arbre, ça peut !

Nous serions admiratifs sans réserves s’il n’y avait LA polémique. Dans l’un des pays les plus pauvres du monde, les détracteurs sont nombreux à dénoncer la multiplication dans toute la ville de ces structures à 22 000 $ pièce, 170 actuellement, et qui consommeraient 1 million de $ en électricité chaque année. Ils sont à l’initiative de la première dame du pays, également vice-présidente, connue pour d’autres excentricités comme la construction de patinoires dans un pays où la température moyenne est de 35°C, son allocution quotidienne de midi sur l’une des 4 chaînes gouvernementales, ou encore la récupération de la religion pour son propre compte. Elle est tantôt surnommée la sorcière, tantôt la seigneure des anneaux en raison de la trentaine de bagues qui ornent ses doigts. Le site elle.fr en fait une description éloquente ici. Ces arbres sont devenus la cible des manifestants dès lors que l’on veut toucher à la sécurité sociale ou aux retraites. 30 d’entre eux ont été abattus ainsi lors des émeutes de 2018. Plus efficace ici que de bloquer les dépôts de carburant ou les incinérateurs d’ordures.

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Si la nuit a été calme, nous avons été réveillés au lever du soleil (5h30…) par une manif qui passait

Du coup le spectacle a un goût amer, tout en étant sublîme à la fois. Étrange sensation…

Le reste de la ville parait fade à côté, entre vieille cathédrale abandonnée suite à 2 tremblements de terre majeurs, grands bâtiments publics et statues en l’honneur de quelques personnalités dont le poète Ruben Dario mais surtout en l’honneur des révolutionnaires et du parti au pouvoir dont on peut même lire le sigle sur une colline voisine. Hollywood en version nicaraguayenne…

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Une avenue de Managua, et encore des arbres de métal
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Ici le palais du gouvernement… transformé en musée
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Un lac de cratère en plein coeur de la capitale. Théoriquement très couru par les habitants. Mais personne ce jour là
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Malgré tout un beau panorama de là-haut, malgré la brume. On voit nos fameux arbres en haut à gauche et les drapeaux de l’assemblée nationale à droite
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Tiens, sauriez-vous déchiffrer cette inscription mystérieuse ?

Un lac de lave accessible au public !

Je ne crois pas qu’il existe beaucoup d’endroits au monde où de la lave incandescente est à la portée de non-vulcanologues comme nous. Malgré nos multiples voyages, jamais nous n’avions rencontré cette situation en tout cas. Et la cerise sur le gâteau est que l’accès est simplissime : une bonne route asphaltée mène directement au bord du cratère, à 600 m d’altitude. Aucun effort !

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Par la route au-dessus, on arrive directement au bord du cratère Santiago du Volcan Masaya

L’entrée se fait en fin d’après-midi, pour un prix modique (compte-tenu de la rareté de la chose) de 10 $ par personne. Une jolie petite route serpentant entre les coulées de lave (la dernière date de 1999) mène d’abord à un petit musée donnant toutes les explications nécessaires, puis à un parking où des employés s’affairent à vous mettre en bonne place. Déjà, juste avant d’arriver, on aperçoit une fumée gris-orangée – elle a pris les couleurs du soleil couchant – s’élever au-dessus du bord du cratère. En s’approchant, nous constatons qu’elle sort d’une espèce de puits cylindrique, bizarrement sans odeur. Il faut dire que le vent souffle dans le bon sens, c’est-à-dire pas vers nous. Il est trop tôt pour voir la lave, alors nous allons faire une petite balade sur les cratères voisins.

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Le temps que la nuit tombe, une petite visite au cratère San Fernando, celui par où tout a commencé ici

Une vingtaine de minutes après le coucher du soleil, les premières lueurs rougeâtres apparaissent au fond du cratère, variant en intensité selon la quantité de vapeurs. C’est déjà impressionnant, mais plus la nuit va s’installer, plus le lac de lave va devenir visible. Il est à une cinquantaine de mètres de nous environ, mais on voit bien les mouvements de la lave visqueuse, les fractures plus claires qui se forment. Aux jumelles, c’est encore plus fascinant.

Il ne reste plus qu’à reprendre notre petite route en sens inverse. Les gardiens du site, qui veillent sur l’accès 24h sur 24, autorisent les voyageurs nomades à stationner la nuit juste devant l’entrée, gratuitement qui plus est. Ils ne sont pas venus nous border mais c’était tout comme. Et pas besoin de raconter d’histoire ce soir-là, elle était dans notre tête.

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L’enseigne lumineuse à l’entrée du site
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P.S J’oubliais l’histoire de cet acrobate américain qui en 2020 a traversé le cratère sur un fil tendu au dessus du lac de lave. Moi ce que j’adore, c’est le gilet de sauvetage…

Roberto au château

Le portail de pierre ne déparerait pas dans un village médiéval français, mais une fois franchi, c’est une tout autre affaire. Roberto doit se mouvoir sur une route asphaltée qui a perdu plus de la moitié de son revêtement, heureusement pas très longue, et se garer tant bien que mal sur l’unique place au pied du château, par chance inoccupée. Le château lui-même, la Fortaleza El Coyotepe, n’a strictement rien à voir avec ceux de la Loire. Il s’agit plutôt d’une forteresse en béton érigée à la hâte en 1893 d’abord pour protéger la ville de Masaya des assaillants américains, avant d’être récupérée ensuite par le régime du dictateur Somoza pour incarcérer et torturer ses opposants. Une courte visite guidée nous permet d’imaginer cette période terrible, où des personnes emprisonnées pour leurs seules opinions politiques pouvaient être enfermées en nombre dans des cellules sombres, voire totalement privées de lumière pendant des périodes pouvant aller jusqu’à cinq ans. Roberto et nous en sommes repartis tout tremblants. Et pas seulement à cause des trous sur la route.

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Plusieurs centaines de prisonniers politiques ont été incarcérés ici, dans des conditions épouvantables, sous le régime de Somoza. Cachots infâmes, salles de torture, sang sur les murs, la visite a de quoi émouvoir
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Heureusement un beau panorama en guise de bouffée d’oxygène !

Les villages blancs

C’est un petit groupe de villages dans la région du volcan que nous venons de visiter. Appelés ainsi en raison de la teinte initiale de leurs murs qui ont largement repris depuis les couleurs vives du pays. Chassez le naturel, il revient au galop. En tout cas le blanc était rare, touriste compris. Rien qu’à Catarina, village d’horticulteurs dont les productions multicolores inondent joliment les rues et dont les « miradors » donnent sur le bleu intense du Lac Apoyo. Ses voisins ont tous leur particularité, de ceux spécialisés dans la fabrication des chaises à bascule, d’objets en osier ou de poterie à celui qui s’enorgueillit d’avoir vu naître le « sauveur de la nation » Augusto Sandino, parti en guerre contre les occupants américains avec seulement 29 hommes. Il a fini par gagner, tout en perdant la vie, deux bonnes raisons pour que sa popularité soit au sommet et que les drapeaux rouge et noir de son parti flottent encore largement dans tout le pays. Y compris dans les villages blancs.

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Quant au Lac Apoyo, un lac de cratère, c’est un oeil bleu qu’il partage avec ses villages blancs riverains

Granada, une des plus belles villes coloniales d’Amérique centrale ?

C’est ce qu’en dit notre guide en tout cas, mais rien ne vaut la vérification par soi-même. Déjà la ville a une histoire tumultueuse. Fondée en 1524 par les Espagnols, elle se développa rapidement, du fait d’une position géographique favorable pour le commerce, entre le grand Lac Nicaragua et l’Océan Pacifique. Devenue riche, elle attira malheureusement la convoitise des bandits en tous genres, dont de nombreux pirates qui l’ont occupée tour à tour, l’incendiant à chaque fois qu’ils en furent chassés. Mais la ville est résiliente et, si elle a laissé quelques plumes, comme la perte de sa fonction de capitale ou les traces de fumée sur les façades de ses églises, elle s’est à la fois reconstruite et maintenue. Ce qui nous laisse aujourd’hui un grand nombre d’édifices de style colonial en bon état, des rues larges et colorées à souhait, une ambiance paisible à part peut-être celle du marché, et pratiquement sans touriste occidental, ce qui la distingue d’autres villes de charme comme nous avons pu en voir au Mexique mais dénaturées par le tourisme excessif. Ici pas de magasins de souvenirs ou de bars à gogo(s), pas d’agressivité des marchands, pas de conversations anglo-européennes dans les rues. Nous nous sommes sentis en pleine immersion, et ça nous adorons.

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Il ne faut pas se laisser influencer par le marché en pleine rue passante et très animé,

…au point que ces bus ont du mal à se frayer un chemin dans la foule. Et remarquez à la fin de la vidéo de gauche ce commerçant qui remet sa marchandise à vendre sur la route après le passage du véhicule

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Vraiment, je n’aimerais pas être à la place de cet agent de circulation !
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Mais toutes les rues de Granada ne sont pas si agitées, c’est même plutôt le contraire. La plupart sont très calmes, larges et colorées
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Les guides n’en faisaient pas mention, mais nous avons bien aimé cette Capilla Maria Auxilliadora
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Un petit jardin superbement aménagé aux pieds de l’église
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Nombreux bâtiments coloniaux autour du Parque Central, quelques calèches pour touristes mais peu ou pas de touriste dedans
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La cathédrale de Granada, fermée à l’heure de notre passage
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La mosaïque du patio de la Casa de los Tres Mundos, peu parlante à hauteur d’homme mais si différente vue de haut ! Cette fondation expose des oeuvres contemporaines et possède des ateliers de peinture et une école de musique.
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C’était une belle façon de terminer notre visite du Nicaragua. Un pays plein d’attraits que nous sommes ravis d’avoir découvert. Mais nous avons hâte de rejoindre demain le Costa Rica, d’une part pour le plaisir de changer de pays et d’autre part pour retrouver un peu de fraîcheur en prenant de l’altitude, car en ce dernier mois avant la saison des pluies, les températures très élevées dans la journée, tombant à peine le soir, commencent à nous peser.

P Parcours Nicaragua
Fin du parcours au Nicaragua. Version zoomable ici

99. Du Honduras au Nicaragua

Traverser 2 frontières en 6 heures…

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Découvrir le Honduras nous tentait bien, mais le pays est déclaré en « État d’exception » jusqu’au 6 octobre 2023 suite à la recrudescence de l’activité de bandes criminelles violentes (maras) liées au trafic de stupéfiants. Le Ministère des Affaires Étrangères déconseillant jusqu’à nouvel ordre tout déplacement dans le pays sauf raison impérative, nous nous sommes donc limités à le traverser pour rejoindre le Nicaragua, en essayant de le faire dans la journée pour ne pas avoir à passer une nuit sur place.

BHonduras carte securite
En orange, tout ce qui est « déconseillé sauf raison impérative par le Ministère des Affaires Etrangères. Autant dire qu’il ne reste plus grand chose. Nous attendrons que le pays se calme pour y retourner un jour.

La difficulté était l’incertitude temporelle non pas tant sur la distance à parcourir (160 km sur des routes réputées plutôt bonnes – relativement à l’Amérique centrale) que sur les formalités administratives aux frontières réputées, elles, plutôt fastidieuses. Comme d’habitude, nous nous étions informés sur l’expérience des autres voyageurs sur les réseaux sociaux, mais pour une fois elles ne semblaient pas standardisées. Nous avons aussi évité la traversée le Vendredi Saint et le Dimanche de Pâques, connaissant l’importance de ces fêtes dans ces pays.

Voici un petit résumé illustré du déroulement de la journée :

8h00 : Nous quittons la station-service où nous avons passé la nuit. Pas très glamour comme stationnement, mais situation idéale à 5 km de la frontière. D’autres voyageurs garés non loin de nous étaient partis 20mn plus tôt. Nous les retrouvons à attendre au premier poste de contrôle. On leur a dit que l’unique douanier était parti prendre son petit déjeuner… Nous en profitons pour faire connaissance. Vanessa et Josh qui habitent dans l’Ouest du Canada ont l’intention de relier Ushuaia en 6 mois. Un beau challenge. L’employé finit par arriver et valide la sortie du pays de nos véhicules (annulation du permis d’importation).

8h20 Nous enregistrons notre sortie du Salvador en tant que personnes cette fois.

8h30 : Nous franchissons le pont qui mène au Honduras et nous nous garons à son extrémité. Dans un petit bâtiment, on nous insère un bout de papier dans notre passeport. C’est censé valider notre conformité vis-à-vis du Covid, mais aucun document ne nous a été demandé…

8h40 : Un poil plus loin, nous faisons la queue à l’immigration. Une dizaine de personnes devant nous mais ça avance assez vite. L’agent prend nos empreintes digitales, une photo de chacun de nous et une taxe de 3$ avant de compléter 2 ou 3 trucs sur son ordi et de nous rendre nos passeports dûment tamponnés.

8h50 : Nous devons maintenant obtenir notre permis d’importation pour que Roberto puisse circuler au Honduras. Nous avions préparé les photocopies et les 35$ nécessaires, mais cela prend un peu plus de temps que pour les visas. Mais au final l’employée nous tend le document et nous gratifie d’un « Bon voyage » en Français. Globalement, tout le monde a été très gentil et accueillant.

9h30 : Nous entamons notre traversée du Honduras. Le pays n’est pas très différent du Salvador dans la petite portion que nous avons pu apercevoir. Pas de bande armée à déplorer sur le bord des routes.

Honduras traversee
Notre itinéraire pour une traversée express du Honduras…

13h00 : Après 2h30 de route et une pause déjeuner, nous parvenons à la frontière avec le Nicaragua. Ça commence par un pré-contrôle de notre permis d’importation de Roberto, puis une fumigation avec un appareil qui ressemble à une soufflette à feuilles. Nous sommes taxés pour cela de 5$ (était-ce le seul but de la manœuvre ?)

13h05 : Nous nous garons un peu plus loin aux douanes honduriennes pour valider notre sortie du pays. Autre coup de tampon sur nos passeports qui sont déjà bien chargés. Nous allons finir par manquer de pages ! Voilà, nous sommes autorisés à quitter le pays.

13h15 : Un km plus loin, nous parvenons à l’immigration nicaraguayenne. Un douanier nous prend en charge et remplit sur son propre téléphone une demande de visa que nous aurions du préparer sur Internet. Il nous pose des questions multiples auxquelles nous ne savons pas toujours répondre, du genre combien de jours resterez-vous dans le pays, quels endroits allez-vous visiter, combien avez-vous d’argent sur vous, etc. Puis il nous renvoie vers les guichets, où nous apercevons nos passeports passer de main en main avant que quelqu’un finisse par nous appeler et nous réclamer 13$ chacun pour les visas. Encore un peu d’attente avant que le reçu soit établi sur une liasse carbonée en 3 exemplaires dont une partie détachable de l’un d’entre eux finira dans nos passeports. Où sera stocké le reste et pendant combien d’années, c’est mystère… Munis de nos précieux documents, nous pouvons passer à l’étape suivante qui concerne Roberto.

13h30 : Arrivés au guichet des permis d’importation de véhicules, on nous envoie directement vers le scanner. Roberto se fait transpercer de rayons X. Je me dis que ça serait bien si ça pouvait accidentellement désactiver le système AdBlue mais nous n’aurons pas cette chance…

13h40 : Retour au guichet. Nous attendons le verdict du scanner. Roberto n’ayant rien à se reprocher, on nous tend maintenant un papier pour l’inspection douanière, charge pour nous de trouver l’inspecteur (tous les agents sont habillés pareil…). Nous finissons par le dénicher. Il demande à entrer dans Roberto, s’asseoit sur le lit, ouvre 2 placards, réclame sans insister un petit pourboire avant de signer le document.

13h50 : 3ème passage au guichet. Cette fois tout est saisi sur l’ordi, validé par l’employée juste à coté puis par un supérieur (on imagine) dans une autre pièce. On nous remet enfin le précieux sésame, valide pour 30 jours, gratuit si on ne le perd pas : on nous prévient que cela nous coûtera 100$ si nous ne le présentons pas à la sortie !

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Libéréééés…

14h00 : Un dernier contrôle à la barrière de sortie des douanes et nous voilà enfin libres de circuler au Nicaragua ! Tout compris, la traversée du Honduras nous aura donc pris 6 heures, formalités, route et repas compris. Pas trop mal. En son temps, Jules Vernes en aurait peut-être fait un roman !

Désolé si cette énumération vous a paru longuette. Ce n’était pas pour nous plaindre mais juste pour vous donner un aperçu des joies des formalités douanières, très variables d’une frontière à l’autre. Un bon point est que le visa nous est accordé à chaque frontière sans avoir besoin de passer par une ambassade. C’est déjà ça !

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plaque minéralogique nicaraguayenne, pour ma collection…

Nous nous arrêtons quelques kilomètres après la frontière chez Michel, un Français retraité venu s’expatrier ici avec son épouse nicaraguayenne après avoir fait sa fin de carrière dans un établissement universitaire au Mexique. Il a ouvert une petite maison d’hôtes et fait un peu de place dans son jardin pour accueillir quelques véhicules de loisir. Nous y rencontrons une famille française avec 2 enfants, partis en vadrouille dans leur camping car pour une durée initialement prévue de 2 ans. Comme nous, ils ont fait un bout d’Europe avant de traverser l’Atlantique pour découvrir les Amériques. Nous avons passé de bons moments ensemble et avec notre hôte et il est probable que nous nous reverrons avant le Panama.


Une faille dans le système

Il y a 5 à 10 millions d’années, une activité volcanique intense dans cette région frontalière avec le Honduras a laissé une épaisse couche de lave. Elle a eu largement le temps de refroidir et de sécher, au point de se fissurer. Juste une petite faille de 6 km de long sur quelque centaines de mètres de large au fond de laquelle s’est infiltré le Rio Coco, une rivière dont le nom ne fait pas très sérieux mais qui est pourtant la plus longue du Nicaragua. Ce Cañon de Somoto, puisque c’est son nom, nous allons l’appréhender de 2 façons différentes : d’abord par le dessus, via le chemin des miradors, une belle randonnée de 2h aller-retour, puis par le dessous, si l’on peut dire, en suivant le cours de la rivière à pied …et à la nage. Courageusement, nous commençons par le chemin…


Caminadar

Le site du Cañon de Somoto, s’il était connu par les locaux depuis bien longtemps, n’est exploité que depuis 2004, pour son intérêt archéo-géologique d’une part, et pour son attrait touristique actuellement croissant. C’est vrai que la randonnée aquatique – le titre de ce post en est une tentative personnelle de traduction, contraction de caminar (marcher) et nadar (nager) – est à la mode, comme nous avions pu le constater au parc de Zion aux États-Unis. Sauf que là-bas, la foule était dense et l’eau glacée et nous nous sommes contentés de regarder s’enfiler les touristes à la queue-leu-leu dans le canyon. Ici c’est complètement différent. Sur la plupart du parcours nous sommes restés seuls avec notre guide, rencontrant sur la fin une famille locale, un père qui y apprenait à nager à ses 2 enfants !

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Notre parcours au fond du canyon de Somoto

Nous avons donc parcouru les 7 kilomètres, pour moitié à pied et pour l’autre moitié à la nage, le chemin disparaissant lorsque les parois devenaient abruptes. Il a même fallu à un moment se jeter dans l’eau d’une petite plateforme …d’un mètre de hauteur. Mine de rien c’était assez éprouvant physiquement, notamment lors des marches sur les rochers glissants. Mais l’expérience en valait la peine et le spectacle de cette rivière émeraude encadrée de falaises de basalte était à la hauteur. C’est le cas de le dire 😉

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et quand il n’y a plus pied, il faut nager !
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Une toute petite partie se fait en barque, mais nous aurons tout de même marché 3 km et nagé tout autant. C’était au final assez physique. Mais nous avons adoré le concept !

Écoroutes ?

Notre pause cañon tout près de la frontière ne nous ayant pas vraiment permis de nous faire une idée sur le Nicaragua, la reprise de la route aujourd’hui va nous donner un meilleur aperçu du pays. Et la première impression est excellente : les routes sont non seulement bonnes, mais aussi très belles. On dirait presque des allées avec leurs bordures d’arbres un peu en tonnelle qui à la fois agrémentent le paysage et procurent un peu d’ombre. Les bas-côtés sont bien entretenus, l’herbe est tondue et les déchets brillent par leur absence après plusieurs mois en Amérique latine. Tout est relatif, on en trouve quand même quelques-uns par moments, mais la différence est flagrante par rapport aux pays antérieurement visités. Les alentours des maisons et les places des centres-villes suivent la même règle, ce qui signifie soit une incitation politique, soit une volonté spontanée des habitants. Puisqu’on parle de politique, la propagande est très présente dans les rues. C’est un sujet à éviter sur les réseaux sociaux – du moins tant qu’on est dans le pays – et, paraît-il, dans la conversation avec les habitants. Les peintures murales abondent dans les rues, tandis que le décor de la campagne est constitué de champs de caféiers et de plants de tabac sur un fond de montagnes et de volcans, du moins dans la région nord-ouest où nous sommes. Il ne pleut pourtant pas (encore) mais tout est plus vert que dans les pays précédents. L’accueil de la population est toujours aussi chaleureux, au risque de ne plus nous étonner. Au total nous nous sentons vraiment bien dans ce pays. J’espère que la suite confirmera cette première impression. Le seul bémol est l’impossibilité pour l’instant de retirer de l’argent (des Cordobas ici) ou de régler les commerçants avec notre carte Visa habituelle. Mais notre carte American Express de secours heureusement fonctionne, avec davantage de frais toutefois.

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Les abords des églises sont bien entretenus aussi, les façades un peu moins…
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Nous vous emmenons maintenant visiter l’église la plus vieille du Nicaragua selon le Petit Futé, terminée en 1878. Mais d’autres sources plus futées disent que c’est celle de la Merced à San Jorge, construite entre 1560 et 1570. Y a pas photo ! Sinon, dans le beau jardin, les voyageurs nomades auront peut-être remarqué le détail qui tue. Et vous ? (solution après les photos du paragraphe)
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A part les portes, l’intérieur ne fait pas son âge

Bon, le « détail qui tue » dans le jardin c’est le robinet d’eau. L’un de nos réservoirs était vide, alors nous avons gentiment demandé au jardinier si nous pouvions nous servir et il a accepté. Sûrement pas de l’eau potable mais nous rajoutons 2 comprimés de chlore à chaque plein et un désinfectant spécial quand nous souhaitons boire cette eau.


A l’assaut de la « colline noire »

En fait de route, elle a fini par se transformer un chemin de sable volcanique. Sans 4×4 c’était un peu gonflé, mais nous nous sommes fiés sur d’autres qui y étaient passés avant nous. Maintenant, chaque véhicule est différent et chaque conducteur aussi. Nous avons parcouru 25 km sur ce genre de piste en priant pour que ça ne s’aggrave pas ou que ça ne grimpe pas trop !
Nous n’avons pas rencontré beaucoup de véhicules, mais croisé plusieurs charrettes comme celle-ci et pas mal d’animaux de ferme
Le summum a été ceux-là. Indubitablement, ils étaient prioritaires !
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Mais avec patience et doigté, nous sommes arrivés sains et saufs au parking du centre des visiteurs du Cerro Negro. Nous avons été le seul véhicule de loisirs à dormir ici ce soir-là. Des fois on se demande si nous ne sommes pas trop inconscients… Enfin je parle de la piste, pas du lieu qui était parfaitement sûr.
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En tout cas, après ces émotions, la petite bière locale bien fraîche et le chausson à la goyave ont été très appréciés. Mais l’aventure ne fait que commencer, nous sommes venus ici pour ascensionner le volcan et le redescendre d’une façon originale.
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Éruption du Cerro Negro en 1968 (image d’archives Wikipedia)
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Le petit cratère dans le grand. Ce n’est toutefois pas le plus récent qui est à l’extérieur.

Mais la cerise sur le gâteau, c’était la redescente en luge en 2 minutes chrono (un peu trop court d’ailleurs !). Voilà la raison de notre étrange équipement à la montée. Nous avions aussi une combi en jean, des gants et des lunettes car la descente soulève pas mal de poussières et de gravillons. Un must !

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Et le plus d’avoir dormi sur place, c’est que nous avons pu prendre une bonne douche au refuge pour éliminer tout le sable volcanique qui avait bien pénétré partout malgré les combis. Et puis nous avons pris la même route sablonneuse du retour, en essayant de ne pas surfer avec Roberto !

León, première capitale du Nicaragua

Lorsque le Nicaragua a proclamé son indépendance en 1821, deux villes s’autodéclarèrent capitale du pays : León, plutôt libérale voire révolutionnaire et Granada, plutôt tranquille et conservatrice. Elles se partagèrent le pouvoir pendant plusieurs années, sans que l’une ou l’autre prennent franchement le dessus. Granada, opulente, était fréquemment prise pour cible par les pirates, tandis que León, mal située, était victime …des volcans. Devait arriver ce qui arriva, en 1852, le gouvernement désigna comme capitale Managua, alors un petit village de pêcheurs ayant l’avantage de se trouver pile entre les 2 villes rivales qui avaient par trop pêché !

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León reste une ville agréable à parcourir au travers de ses rues aux maisons basses et colorées, aux ouvertures parées de grilles en fer forgé, dans le plus pur style colonial espagnol. Elle possède pas moins de 16 églises richement décorées, plusieurs musées intéressants dont ce musée d’art détenu par une fondation privée, présentant une collection de qualité notamment d’artistes latino-américains. Fief de la révolution sandiniste, la ville en met à l’honneur tous ses acteurs dans les rues ou quelques salles d’exposition dédiées. Les couleurs noir et rouge du parti sont omniprésentes. Stendhal serait venu qu’il en aurait sûrement fait un bouquin…

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15 églises et une cathédrale, toute de blanc vêtue, et sur le toit de laquelle on peut monter pour apprécier le panorama sur la ville. On ne sait pas si Jean-Paul II (en effigie à l’intérieur) ou ses collègues y sont montés. D’après Renaud, « p’têtre qu’être trop près du ciel y z’aiment pas »
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La ville recèle beaucoup de portes de ce genre. Nous sommes entrés pour voir ce qu’il y avait derrière…
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eh bien un joli musée d’art très bien aménagé avec de ravissants patios fleuris
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pas mal d’oeuvres de peintres locaux,
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encore d’autres patios,
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Ici, cette autre façade d’un ancien hôpital cache un bel intérieur, si l’on veut bien se donner le mal d’y entrer (assez souvent, il suffit de demander…)

Rafraîchissement

La température ambiante est torride, dans les 36 à 38°C en début d’après-midi, et nous avons fréquemment besoin de nous hydrater et/ou de nous rafraîchir. La tentation est grande devant les marchands de glace ou de smoothies, mais les risques ne sont pas négligeables, comme ont pu le constater amèrement plusieurs familles de voyageurs que nous suivons, victimes d’amibiase, et qui nous font redoubler de prudence. Au vendeur de jus de fruits frais qui a précédé celui de la photo, nous avons demandé innocemment si l’eau utilisée pour la boisson ou la glace mixée dedans était purifiée, et la réponse a été négative ! Ils utilisaient de l’eau du robinet, réputée peu sûre ici… Nous avons décliné la commande et sommes allés voir ailleurs. Ici chez Jugoso, il est clairement explicité sur la machine à glaçons que l’eau est 100% purifiée. Nous avons dégusté en confiance de délicieux cocktails de jus de fruits frais mixés avec de la glace (alias smoothies) et nous y sommes même retournés le lendemain tellement c’était bon. A recommander aux voyageurs qui passent à León, c’est à deux pas de la cathédrale.

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Après cette bienfaisante pause artistique, nous nous dirigeons maintenant vers la vraie capitale, Managua. Surprise de la découverte d’une ville dans laquelle nous n’avons jamais mis les pieds et dont nous n’avions gère entendu parler jusqu’ici. A suivre…

ere semaine au Nicaragua
Carte du parcours décrit ci-dessus, en version zoomable ici