101. Costa Rica première décade

En contraste avec les pays précédents, le Costa Rica s’affirme d’emblée comme orienté vers la nature. Le tourisme vert est d’ailleurs sa première source de revenus. De fait, après une dizaine de jours, 90% de nos activités auront eu pour thème la nature, une heureuse exception dans notre parcours.

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Quel autre pays peut mettre des paresseux sur ses billets de banque ?!
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Plaque minéralogique du Costa Rica

Frontière chaotique

L’entrée au Nicaragua avait déjà été un peu chaotique, mais la sortie encore plus, confirmant la bureaucratie intense dans ce pays. Sans vouloir entrer dans les détails, la procédure pour quitter le pays aura nécessité 2h40 tandis que l’entrée au Costa Rica ne prendra que 20 mn. Bon, chaque pays fait comme il veut, et la procédure parait plus simple pour les véhicules particuliers, mais nous plaignons les chauffeurs de poids-lourds qui, d’après les longues files de plus d’un kilomètre que nous avons pu observer de part et d’autre de la frontière ont dû perdre au moins une demi-journée à la traverser.

Sur la photo à droite, on peut voir une file de chauffeurs de poids-lourds qui attendaient le passage de leur véhicule au scanner. Assez résignés, ils m’ont gentiment laissé passer devant eux (c’est le cas aussi pour le passage en douane, nous sommes autorisés à doubler les camions). Ils trouvaient d’ailleurs bizarre qu’avec mon véhicule particulier j’aie dû y passer aussi. Apparemment, un petit billet au policier aurait permis d’éviter cette tracasserie, mais nous ne nous sommes pas pliés à ça !

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Premières impressions

Quelquefois, l’entrée dans un nouveau pays se traduit par un choc culturel, comme lorsque l’on passe des USA au Mexique par exemple, mais entre le Nicaragua et le Costa Rica, formalités administratives exclues, c’est le sentiment de continuité qui prédomine. Même végétation abondante, mêmes routes en relativement bon état, même circulation tranquille. Il a fallu attendre de parcourir à pied la première ville, Liberia, pour voir quelques différences. C’est bizarre à dire, mais ce qui frappe le plus est de voir des vitrines devant les magasins, alors que depuis plusieurs mois nous côtoyions des boutiques donnant directement sur la rue ou en en étant séparées d’une simple grille. La plus grande richesse se confirme par la présence de bus électriques, même si les vieux bus scolaires américains retapés sont encore légion, et nous sommes ravis aussi de voir notre carte bancaire refonctionner après un black out au Nicaragua. A l’inverse, les couleurs du pays précédent ont presque disparu, l’église (moderne) est hideuse et le parc central est loin d’être verdoyant. Nous espérons que ce ne seront que des exceptions, la réputation du pays est au-dessus de tout cela.


Sous l’arbre à oreilles d’éléphant

Une première pause dans un petit camping à Liberia, sous les arbres et bien aérés, nous a permis de retrouver une semi-fraîcheur qui nous manquait depuis une quinzaine de jours. Le lendemain, nous avons grimpé à 650m d’altitude vers un premier volcan, pour nous installer sur le parking d’un « lodge » (hôtel isolé en pleine nature) acceptant les voyageurs nomades. De là, nous avons suivi un petit chemin de randonnée dans la forêt tropicale sèche, menant à une source chaude soufrée. Un endroit étonnant où un petit cours d’eau transparent devient brusquement blanc laiteux à la rencontre d’une source chaude émanant du volcan voisin. La balade était bien agréable malgré les 8 km aller-retour, dans l’ombre de la forêt mais accompagnés d’une multitude d’oiseaux, toujours difficiles à photographier. En raison de leur fugacité d’une part et de la modicité de notre équipement (smartphones) d’autre part. Les clichés seront rares mais les souvenirs resteront marqués dans notre tête. Nous avons aussi ramassé quelques fruits dont celui (en étoile) du pommier baumier). Il y a de la post-production à prévoir ! En tout cas, la nuit à l’ombre de notre « guanacaste » (l’arbre national du Costa Rica, appelé aussi arbre à oreilles d’éléphant en raison de la forme de ses fruits) et avec une température descendant enfin sous les 25°C (21° même au plus frais) a été des plus réparatrices.

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Roberto à l’ombre d’un guanacaste

2 ans !

Le 19 avril 2021, nous découvrions notre Roberto pour la première fois chez notre aménageur. Les premiers kilomètres parcourus avec furent un mélange d’appréhension et d’euphorie. L’appréhension de la conduite d’un véhicule de ce format et peut-être celle de réaliser qu’il allait devenir notre nouvelle maison pour plusieurs années. L’euphorie de cette liberté nouvelle et du grand voyage qui nous attendait.

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19 avril 2021, Roberto vient de parcourir son premier kilomètre à Rodez

Ce 19 avril 2023, nous avons fêté les 2 ans de Roberto, nos 2 ans de vie nomade, et si l’on ne peut plus parler d’appréhension ni d’euphorie, nous restons dans une dynamique très positive. Ces deux années se sont écoulées à un rythme intense, parfois trop même au point que nous ressentons régulièrement le besoin de ralentir, de nous poser quelques jours sur un point de notre parcours pour souffler, pour digérer nos découvertes quotidiennes, pour nous reposer physiquement aussi des kilomètres de marche et même des kilomètres de route. Nous restons heureux de vivre notre rêve, notre seul manque étant l’éloignement de la famille et des amis, que nous essaierons de compenser avec des retours peut-être un peu plus fréquents. Le retour technique de Roberto en Europe va sans doute arranger un peu les choses, mais ne changera absolument rien à notre désir de poursuivre notre vie nomade.

Parcoursans
19 avril 2023, Roberto est parvenu au Costa Rica, après un joli parcours de 73 000 km !

Le sentier des casseroles

Nous sommes dans le parc national du volcan Rincon de la Vieja, le premier que nous explorons au Costa Rica. L’organisation est un peu à l’américaine, avec « rangers » à l’entrée, plan des randonnées, parcours parfaitement délimités et cimentés avec points d’observation clairement indiqués, boutique de souvenirs à la sortie. Nous choisissons une boucle de 3 km traversant en grande partie une superbe forêt tropicale avec des arbres magnifiques et quelques animaux, dont des iguanes, quelques oiseaux, des tapirs, des singes araignées et d’autres à tête blanche. L’attraction tourne autour du volcanisme secondaire et nous observerons beaucoup de ces « casseroles » géantes et fumantes emplies de boue ou d’eau en ébullition, dans lesquelles on cuirait bien ses spaghettis ou ses œufs, et qui justifient parfaitement en tout cas l’appellation du sentier (sendero de las pailas). Nul doute que l’activité géothermique est intense ici, et l’on comprend très bien l’installation récente d’une usine pour l’exploiter sur le site. Vraiment un bel endroit, et une fréquentation très raisonnable.

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Le volcan Rincon de la Vieja, 10h38…
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Nous n’apprendrons que le lendemain le réveil soudain de la bête quelques heures après notre passage. Mais à ce moment-là, nous étions déjà à une trentaine de kilomètres de là. Dommage ou pas ?
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Il est vrai que l’activité volcanique secondaire était bien présente
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L’attrait était aussi dans la luxuriance de l’environnement. Pas beaux ces arbres qui s’enlacent ?

Pura vida

riche en animaux sauvages…

et en phénomènes naturels

N’est-elle pas belle notre pura vida ?


Le Rio Celeste

La tentante traduction française, « rivière céleste », pourrait faire penser à une combinaison exceptionnelle du mah-jong ou encore au plat n° 116 du restaurant chinois d’à côté, mais « celeste » en Espagnol signifie bleu ciel. Et le qualificatif n’est en rien usurpé. C’est en traversant un pont que nous découvrons cette rivière d’un bleu étonnant, tranchant sur la végétation environnante. Forcément la couleur attire, et le lieu est quelque peu envahi de touristes et locaux qui viennent s’y rafraîchir, discuter ou même méditer. La concentration humaine et la localisation sous le pont ne sont pas très glamour, nous nous contenterons de deux ou trois photos. Car nous avons prévu de visiter le lendemain le parc national traversé par cette rivière, l’hébergeant sous ses meilleurs aspects. Et nous ne sommes pas déçus ! Un sentier de 6 km aller-retour mène jusqu’à l’origine de la couleur bleue, apparaissant étonnamment à la rencontre de 2 rivières transparentes, l’acidité de l’une se conjuguant aux particules en suspension de l’autre pour les faire gonfler et leur faire réfléchir ainsi la lumière bleue du spectre solaire. Mais vous préférerez peut-être la version plus poétique qui dit que la rivière aurait pris cette couleur lorsque Dieu y trempa ses pinceaux après avoir peint le ciel… Tout au long du sentier traversant une forêt exubérante, nous admirons les méandres bleutés, les petits lacs d’un bleu extraordinaire, des zones en ébullition et une magnifique cascade. Nous croisons aussi un petit lézard dont la queue est aussi bleue que la rivière. Je l’aurais volontiers baptisé « lézard céleste » mais pas sûr que les herpétologues soient d’accord !

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J’espère juste ne pas me transformer en Schtroumf !
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Pour en découvrir davantage, il faut entrer dans le Parc National du volcan Tenorio
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Mais quelles couleurs magnifiques ! Nous n’avions jamais rien vu de tel !
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Puis vient l’endroit où la magie s’opère : 2 rivières transparentes se transforment en 1 rivière bleue !
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La visite se termine par une cascade de toute beauté. On a longtemps accusé ceux qui en diffusaient la photo de truquer les couleurs, mais nous pouvons témoigner qu’il n’en est rien !
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Ah et j’allais oublier mon petit « lézard céleste » dont la queue reproduit tellement bien le Rio !

Aux pieds du volcan Arenal

Ce volcan à l’imposante silhouette cônique est né il y a 7000 ans. Il est considéré comme l’un des plus actifs du Costa Rica. Sa plus grosse manifestation remonte à 1968, comme en France d’ailleurs, alors que de gros pavés incandescents ont été projetés à plus de 5 km, d’où l’expression costaricienne bien connue « sous les pavés la lave » qui a été reprise, un peu déformée, dans l’hexagone à la même époque. Lol. Entre 1968 et 2010, les explosions et coulées pyroclastiques ont été très fréquentes. Depuis, le volcan semble souffler un peu (des fumerolles surtout) mais ne demande qu’à se réveiller, ce qui ne semble inquiéter en rien les villages installés à ses pieds, profitant tous de la manne touristique attirée par la riche faune et flore locale et par les nombreuses sources chaudes.

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Le village de La Fortuna, aux pieds du volcan Arenal

Nous avons trouvé à nous loger pour la nuit dans un camping en cours d’aménagement, mais déjà riche en faune et flore. Le patron nous a montré quelques paresseux accrochés assez haut dans les branches au-dessus de nous et une petite grenouille rouge vif qu’il a tranquillement posée sur son bras tout en nous expliquant qu’elle était vénéneuse. Il suffirait de ne pas la manger et de ne pas mettre les mains à la bouche ou se frotter les yeux pour ne pas avoir d’ennuis… Nous avons aussi rencontré un Français qui fait le chemin du Mexique à la Colombie …en vélo. De quoi donner matière à réflexion à tous ceux qui pensent que nous sommes des aventuriers !


Le lendemain matin, c’était étape sources chaudes. Mais plutôt que d’aller nous tremper comme la plupart de nos congénères dans les bassins artificiels d’un grand hôtel, nous avons choisi la version naturelle en allant tester la rivière Tabacón, plus connue des locaux que des touristes, notamment pour son caractère gratuit. Au premier abord, l’aspect est celui d’un torrent de montagne, assez vif. Mais la grosse différence c’est que l’eau avoisine les 30°C et que se baigner dans ce courant assez puissant est à la fois tonifiant (autant qu’un torrent alpin à 10°C…) et relaxant (comme tout bain chaud). Le réchauffement brusque de la rivière Tabacón avait été l’un des premiers signes de l’éruption de 1968.

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Depuis 2010, l’activité du volcan Arenal se traduit essentiellement par des fumerolles et par des sources chaudes, largement exploitées par les professionnels du tourisme

Alors nous avons trouvé cette rivière d’accès libre, juste à côté d’un grand hôtel, tonifiante de part son courant et relaxante grâce à sa chaleur. Et totalement naturelle bien sûr !


L’après-midi a été euh …canopique. C’est-à-dire consacrée à la canopée (j’avoue découvrir l’adjectif). Le Costa Rica recueille 6% de la biodiversité mondiale, soit davantage que les USA et énorme par rapport à sa superficie (0,03% de la planère). Les arbres ne sont pas en reste avec 295 espèces différentes au km² contre 35 en Colombie et 6 au Brésil. Alors se promener dans une forêt, c’est déjà écarquiller les yeux devant tant d’espèces végétales que nous n’avons pas l’habitude de voir. Et se tordre le cou pour regarder vers les cimes des arbres souvent très hauts, compétition vers la lumière oblige. Mais il est possible d’agrémenter encore tout cela en regardant la forêt du dessus, à l’aide de passerelles traversant ou surplombant la canopée. C’est très en vogue dans le pays et, même si nous avions déjà vécu ce genre d’expérience, nous avons souhaité la renouveler. Dans ce parc près du superbe volcan Arenal, un parcours de 3 km compte 12 ponts et 6 passerelles suspendues pour observer la nature sous un angle différent. Si nous avons apprécié ces différences de vues et découvert de nouvelles fleurs dont ces héliconies poilus, nous avons bizarrement été déçus par cette attraction, par le manque de faune et flore visible notamment, trouvant que les installations ne justifiaient pas le droit d’entrée assez élevé. Peut-être avons-nous été trop gâtés dans les jours qui ont précédé ?

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Un programme alléchant : pas moins de 18 ponts et passerelles pour aller voir la nature de près !
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La mousse pousse même sur les feuilles, c’est dire…

Puis nous avons repris la route sur les rives du Lac Arenal, de jolis lacets asphaltés et en bon état qui nous ont amenés à un parc accessible gratuitement au public et à tout véhicule en fait. Nous y avons passé une nuit très tranquille, sans personne autour, avec un joli spectacle au réveil.

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Le soleil joue à cache cache avec les nuages en fin d’après-midi au-dessus du lac. Quelques éclairs mais pas de précipitation. Aussi incroyable que cela paraisse, nous n’avons pas eu une goutte de pluie depuis que nous sommes retournés au Mexique début février.
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Nuit super calme au bord de ce lac. Nos seuls « voisins » ont été ces pêcheurs venus mettre leur bateau à l’eau le matin vers 7 h.

La cordillère de Tilarán

Nous poursuivons le tour du lac Arenal dans le sens antihoraire, en direction de cette chaîne de montagne. La route change brusquement de qualité, des trous apparaissent dans le bitume avant que celui-ci ne finisse par disparaître. Sur plusieurs dizaines de kilomètres. Il parait que les habitants s’en plaignent depuis longtemps sans jamais être entendus. Manifestement la « pura vida » n’est pas universelle au Costa Rica… Pas de surprise, nous sommes toujours dans la nature, à une altitude de 1300 m qui fait du bien, au village de Santa Elena plus précisément. C’est très touristique, malgré la difficulté d’accès, et nombreux sont les restaurants, hôtels, magasins de souvenirs et tours-organisateurs. Nous en apprécions d’autant notre liberté de mouvement et notre autonomie en logement et restauration : pas besoin de subir tout ça, nous savons ce que nous voulons et nous nous rendons directement dans les endroits concernés.

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Juste une photo sur la route de Santa Elena (bien trop occupé à éviter les trous…) : le jardin de ce sculpteur végétal qui accueille les automobilistes de passage

Notre premier arrêt est pour une ferme de papillons, élevés dans des serres reproduisant cinq microclimats du pays. Quelques insectes sont aussi collectionnés. Nous avons droit à une visite guidée VIP par une jeune naturaliste. Nous observons bien sûr de jolis spécimens, dont les célèbres morphos bleus, un peu plus faciles à approcher que ceux, fugaces, que nous avons croisé lors de nos balades.


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La présentation au guichet d’accueil laisse penser que plusieurs centaines d’espèces sont présentes. Mais ça sera beaucoup moins !

L’autre attraction du jour est le « ranario », qui pourrait se traduire par « grenouillerie » en Français. Un rassemblement de terrariums où sont élevées et protégées plus de 25 espèces de batraciens locaux, souvent des grenouilles minuscules ne dépassant pas les 2 cm et aux couleurs vives indiquant aux autres espèces leur dangerosité. Le plus est la possibilité avec le même billet de réaliser une double visite permettant dans l’après-midi d’apprécier les espèces diurnes et à la tombée de la nuit celles nocturnes. Nous avons adoré ces mignonnes petites grenouilles multicolores, pas si faciles à photographier toutefois en raison de leur taille.

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Le Ranario de Santa Elena, qui a bien voulu nous accueillir pour la nuit sur son parking

A trop chercher les grenouilles dans les vivariums, on en oublie parfois de regarder autour. Et là, juste devant nous, la lampe-torche tombe sur cette chose. Bon, il paraît que les scorpions costariciens ne sont pas mortels, ça rassure !

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Souvenirs souvenirs (1)

Nous sommes maintenant à Sarchi, une petite bourgade à l’ouest de la capitale San Jose. Spécialisée dans le travail du bois depuis le début du XXe siècle, elle a produit beaucoup de meubles mais aussi les charrettes à traction bovine nécessaires au transport du café à l’époque, typiquement décorées de motifs géométriques en couleurs vives semblables aux mandalas. L’arrivée du train et des camions aurait pu éteindre cette production, mais les artisans ont su se reconvertir et produisent peut-être maintenant davantage de charrettes qu’avant ainsi que beaucoup d’autres objets qui plaisent aux touristes. La ville est inscrite au patrimoine mondial de l’humanité pour avoir été le berceau de l’artisanat costaricien. En tout cas, si vous cherchez des souvenirs à rapporter de votre séjour, vous n’aurez que l’embarras du choix ici !

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Sarchi, berceau de l’artisanat costaricien
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L’entrée des toilettes est particulièrement soignée !
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Sarchi est aussi connue pour sa magnifique église, malheureusement fermée à l’heure de notre passage

Souvenirs souvenirs (2)

La ville suivante, Zarcero, avec son église et ses arches de cyprès si typiques, éveille en nous le souvenir de notre premier voyage au Costa Rica il y a maintenant 14 ans, en compagnie de deux de nos enfants et en mode sac au dos. En fouillant un peu dans nos archives, j’ai retrouvé le blog que nous avions réalisé alors, rédigé à quatre plumes. Sachant qu’il serait tôt ou tard retiré des serveurs faute d’être mis à jour, j’en avais fait une copie sur Word, avec une mise en page sommaire mais qui a le mérite de toujours exister. Elle est disponible en lecture ou au téléchargement ci-dessous pour ceux que cela intéresserait.

Nous avons eu plaisir pour notre part à nous replonger dans ce récit et à examiner le parcours d’alors que nous avions un peu oublié. Démontrant au passage l’intérêt au moins personnel à long terme de la rédaction d’un blog de voyage.

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Notre parcours en 2009, essentiellement en transports en commun
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L’église de Zarcero et son étonnant jardin sculpté

Mais voilà que la route nous appelle. Il nous reste encore beaucoup à découvrir au pays de la Pura Vida. Alors à très bientôt pour la suite !

Parcours Costa Rica
Parcours Costa Rica première décade, en version zoomable ici

90. Parenthèse fermée

Eh oui, après cette escapade familiale et amicale d’environ 2 mois, il nous tardait de reprendre les routes du Mexique et notre vie nomade. Voilà qui est fait !

Retour à la maison

C’est effectivement la sensation que nous avons eue en prenant ce vol de retour, un peu comme lorsque nous avions déménagé à St Barthélemy. Là où auparavant la traversée de l’Atlantique vers l’Ouest était synonyme de route des vacances, elle était devenue le symbole du retour à la maison. Mais quand on parle de maison aujourd’hui, la première qui nous vient à l’esprit est notre maison roulante Roberto.

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Après un vol long et sans fioriture sur Iberia – reconnaissons tout de même à la compagnie le mérite de sa ponctualité – nous voici donc arrivés à l’aéroport Benito Juarez de Mexico, où nous avons décidé de passer la nuit vue l’arrivée tardive. L’immigration nous octroie le visa sans problème, sans exiger comme parfois de billet d’avion de sortie. La douane à la sortie décidera par contre de fouiller nos bagages. Après 16 heures de trajet depuis Bordeaux, à 23 h heure locale et 7 h du mat heure du départ, nous n’avions pas besoin de ça ! Bon, ils n’ont rien trouvé, vous croyiez quoi ? 😉

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Le taxi pasjusqu’auboutiste

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Dans le taxi pour Tepotzotlan

Le lendemain, nous prenons un taxi depuis l’aéroport pour rejoindre Tepotzotlan là où nous attend Roberto. Le trajet prépayé coûte 37 € pour 55 km, c’est raisonnable. Sauf que pour une raison inconnue, le taxi est censé nous déposer au centre-ville, et non pas à notre destination qui en est éloignée de 2 km. Au guichet de l’aéroport, on nous propose un supplément de 20 € pour ces 2 km restants. Nous déclinons cette offre généreuse et partons avec l’idée de négocier avec le chauffeur une fois rendus sur place. Bizarrement (peut-être avait-il été mis au courant de notre refus ?) il nous propose le même supplément. Nous refusons et le laissons nous déposer au centre-ville. De là, nous appelons un Uber qui finira notre trajet pour 3,50 €


Roberto : les retrouvailles !

Nous retrouvons enfin notre Roberto, sagement stationné là où nous l’avions laissé (manquerait plus que ça qu’il se soit déplacé ne serait-ce qu’à la place voisine !), couvert d’une épaisse couche de poussière, de feuilles et d’épines de pin. Quelques mois de plus et les arbres avoisinants auraient pu l’entourer de leurs racines à la manière d’un temple cambodgien. Je m’installe au volant et lance le démarreur, sans grand espoir que le moteur se lance au quart de tour. Il faudra effectivement plusieurs essais et quelques toussotements avant que le doux bruit (du moment que ça marche c’est doux à nos oreilles) du moteur diesel ne se fasse entendre. Je déplace Roberto de quelques mètres vers Claudie, le sourire jusqu’aux oreilles. Nous sommes tellement contents de le revoir ! Nous l’aurions volontiers embrassé, mais il y avait quand même la poussière.

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La joie des retrouvailles !

Le reste de la journée et une partie du lendemain sont consacré à la remise en service : déballage et rangement de nos affaires, dépoussiérage et lavage, reprise de nos repères. Nous profitons de la propreté de la carrosserie pour installer nos nouveaux autocollants (voir la fin de l’article précédent).

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La remise en route est nécessaire

Mexique : les retrouvailles

Nous ne résistons pas au plaisir de partir en vadrouille vers le centre-ville de Tepotzolan. C’est dimanche mais presque tout est ouvert. Nous tombons d’abord sur un défilé d’une centaine de cavaliers, puis sur une sorte de fête sur la place centrale. De nombreux stands proposent artisanat et surtout nourriture et boisson. La foule est dense et presque tous ont un verre à la main et une friture à grignoter. Les terrasses des restaurants autour de la place affichent complet. Il est pourtant plus de 16h. Un groupe de métal anime un kiosque au milieu, mais n’arrive pas à estomper la musique latino des stands. Un grand Christ couché de 16 tonnes marque l’entrée de l’église très achalandée elle aussi. Les touristes locaux viennent se faire photographier devant la cathédrale ou les lettres en couleurs du nom de la ville. Nous sommes en pleine (ré)immersion !

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Procession de cavaliers et grand Christ couché : nous sommes en pleine immersion !
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Stands de maïs, arbres carrés, drapeaux géants…
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En fait juste un dimanche ordinaire à Tepotzotlan

Monarchie absolue

La dernière génération des papillons monarques née à la fin de l’été au Canada ou dans le nord des USA a reçu de son peuple (de son programme génétique en vrai) des privilèges extraordinaires : non seulement elle va pouvoir partir en voyage vers le Sud et passer l’hiver au chaud au centre du Mexique, mais en plus sa durée de vie a été sextuplée, passant de 5 semaines à 6 mois. Comme quoi les monarques peuvent être les élus du peuple et comme quoi les voyages forment la jeunesse. La contrepartie est que leur système reproducteur a été mis en sommeil afin d’économiser de l’énergie pour ce périple. Ce n’est qu’à la fin de leurs vacances mexicaines, vers le mois de Mars, que cette génération va pouvoir se reproduire avant de mourir heureuse. La route du retour sera plus complexe pour les jeunes, qui n’auront pas les mêmes privilèges et devront sacrifier plusieurs générations pour revenir à leur point de départ. Étonnant comme tout cela colle à l’ambiance politique actuelle, vous ne trouvez pas ?

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Les photos ne rendent pas hommage à l’ambiance vécue, mais bon…
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Il y avait possibilité de faire une partie du trajet à cheval. Nous commençons à y prendre goût !

La petite puce des Mexicains

Nous croisons sans cesse au Mexique des exemplaires plus ou moins bien entretenus de la voiture la plus vendue de tous les temps, la coccinelle Volkswagen. Si sa longévité semble plus grande ici, c’est parce que l’usine de Puebla en a fabriqué jusqu’en 2019, soit plus de 40 ans après la fin de la production en Europe. Elle avait alors l’exclusivité mondiale.

La « voiture du peuple » voulue par Hitler a rapidement trouvé des surnoms, peut-être pour faire oublier ses origines. Ainsi, quand les Français ou les Portugais l’appellent « coccinelle », les Italiens et les Belges préfèrent la dénommer « hanneton », tandis que les Allemands et les Américains emploient le terme « scarabée ». Les Mexicains ont choisi l’affectueux « petite puce ».

Mais qui se rappelle du prénom attribué par les studios Disney à sa célèbre coccinelle ?

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Deux amours de coccinelles ?

Valle de Bravo

Ce lieu de villégiature très prisé des habitants de la capitale (il n’en est distant que de 156 km) a vu grandir Arielle Dombasle et Emiliano Zapata. Curieusement 😉 personne ne nous a parlé de la première. La ville est entourée de montagnes, mais les touristes mexicains viennent davantage pour les activités nautiques sur son lac artificiel et la vie nocturne parait-il intense. Nous avons été attirés pour notre part par la promesse de jolis paysages et surtout par un centre historique colonial bien conservé, avec toits de tuiles rouges reposant directement sur des chevrons en bois brut, rues pavées, balcons garnis de pots de fleurs multicolores et d’oiseaux en cage, et bien sûr l’immanquable grand-place centrale. J’y ai pour la première fois de ma vie fait cirer mes chaussures, bien empoussiérées par la balade de la veille à la rencontre des monarques. Après 10 mn de soins intensifs, elles brillaient tellement que l’on aurait pu se voir dedans. Et puis, blague à part réservée aux hispanophones, le cirage de chaussures au pays de Zapata, ça me parlait…

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Le sanctuaire des monarques est sur le territoire de la ville, normal qu’elle en reprenne le thème
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Les jolies rues du centre historique
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Deux religions locales…
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La classique place centrale, toujours animée
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Décors et personnages hauts en couleur
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J’allais oublier de parler du lac, qui concentre la plupart des touristes (mexicains)

Taxco

Classée monument historique national, cette ville entièrement construite à flanc de colline a commencé à se développer lors de la découverte de mines d’argent en 1528 par les colons espagnols. Son nom signifie « lieu du jeu de balle » en nahualt, la langue des aztèques. Ces derniers devaient avoir beaucoup d’humour, car pratiquer un jeu de balle quel qu’il soit dans une ville aussi pentue était une gageure. Circuler avec Roberto dans les rues pentues et étroites du centre historique a tout autant relevé du défi. Il a fallu à plusieurs reprises rentrer les 2 rétroviseurs pour nous faufiler au centimètre près au milieu des étals de marché, des piétons et des taxis-coccinelles VW (encore !) jusqu’à notre lieu de stationnement. La suite s’est faite à pied, et l’exploration du centre colonial parfaitement conservé grâce à des règles strictes d’urbanisme nous a ravis. Les petites ruelles tortueuses du marché tout en étages également. Nous avons pu visiter 2 petits musées, l’un consacré à l’art sacré et l’autre aux collections précolombiennes et créations en argent de l’orfèvre William Spratling, très connu dans la ville pour y avoir développé le travail de l’argent, encore très actif aujourd’hui même si les mines ont cessé leur activité. Aucune photo n’était autorisée dans ce dernier musée mais vous trouverez tout ce qu’il faut sur votre moteur de recherche préféré.

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La ville de Taxco, toute à flanc de colline, avec ses toits en tuiles
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Ancienne mine d’argent, elle possède encore beaucoup de joailleries spécialisées. A droite argent et quartz souvent liés.
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Derrière les vitrines des boutiques ou des églises, de belles pièces
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L’église sur la place centrale et une coccinelle à la manœuvre dans les petites rues
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Oui, des coccinelles partout ! Elles sont utilisées comme taxis en fait.
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Architecture sympathique. La terrasse de La Parroquia nous tente bien pour le déjeuner…
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Une petite visite de l’église et voilà qui est fait !
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Là, c’est la façade du musée d’art sacré
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Encore un aperçu des animations de la ville

Notre cabane au Canada au Mexique

Il est probable que nous n’allons pas parcourir le monde toute notre vie et qu’un jour nous allons nous poser. Notre périple nous donne l’occasion de réfléchir à la fois au lieu où nous aimerions habiter, mais aussi à l’aménagement de notre future maison. Et celle de Robert Brady à Cuernavaca nous a bien plu. Cet artiste et collectionneur américain ayant vécu ici 24 ans après avoir parcouru de nombreux pays. Sa maison aux styles multiples bien que majoritairement hispaniques est décorée des nombreux objets, tableaux, sculptures qu’il a ramené de ses voyages ou acquis au Mexique. On y trouve notamment des peintures de Diego Rivera ou Frida Kahlo. Les jardins et la piscine sont des plus réussis. Nous n’irions pas vivre à Cuernavaca, mais toutes les idées sont notées !

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Dans une rue bien tranquille se trouve la Casa del Torre, la demeure de Robert Brady
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Il est mort le pauvre mais est toujours là pour nous accueillir. Avec de belles plantes aussi dans l’entrée.
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On commence la visite par une belle salle de bains
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Ce canapé donne envie de s’y asseoir
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De beaux tableaux aussi, dont cet autoportrait de Frida Kahlo
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On parle de la piscine ?
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La cuisine n’est pas mal non plus
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A l’étage, c’est une chambre au style oriental. Vous avez vu le prénom sur le coffre ?
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On s’y verrait bien…
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La salle de bains attenante a son propre style. J’aime bien les grenouilles sur le lavabo.
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Quant au jardin, une pure merveille
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Et pour finir un portrait de Joséphine Baker par Robert Brady. Ils ont été mariés quelque temps…

Triple arnaque

Nous cheminons au gré de nos envies et pas toujours dans les lieux les plus touristiques. Cela nous amène parfois à dénicher des pépites, mais parfois à des déceptions, c’est le risque. Nous venons d’en expérimenter trois coup sur coup.

A Cuernavaca, nous avons commencé par le Jardin Borda, présenté comme une « extravagante propriété inspirée de Versailles, jouxtée d’une demeure donnant une idée de l’aristocratie mexicaine au XIXème siècle ». Malgré un droit d’entrée assez significatif pour le Mexique, nous avons trouvé un jardin dont le dernier entretien semble remonter à la période ante-covid, des fontaines asséchées et rouillées, un grand bassin à l’eau douteuse et plusieurs zones de travaux. La demeure en question était inaccessible. Restait une exposition très moyenne d’artistes locaux. Arnaque totale !

Le lendemain, dans la même ville, nous nous sommes rendus au site arquéologique de Teopanzolco. D’après le registre que nous signons à l’entrée, nous sommes les premiers visiteurs depuis 3 jours. Cela aurait dû nous mettre la puce à l’oreille. Nous entrons néanmoins. Là encore, l’entretien est très moyen. Les panneaux d’information sont presque effacés par le soleil. L’accès au sommet de la modeste pyramide est interdit alors que son intérêt réside justement dans l’incorporation d’un second édifice à l’intérieur visible seulement du sommet. La visite éclair durera moins d’un quart d’heure. Arnaque encore !

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La pyramide de Teopanzolco ne mérite pas le déplacement

Nous quittons la ville et partons vers Cuautla, impatients de visiter le Balneario Agua Hedionda (« bains d’eau malodorante »), en fait une piscine d’eau thermale soufrée possédant des propriétés thérapeutiques. Nous acquittons les 100 pesos de droit d’entrée alors que le guide et le site internet mentionnaient 50, et nous entrons dans l’édifice. Un bassin plus grand qu’une piscine olympique s’offre à nos yeux, dans lequel barbote une vingtaine de personnes : ça va, ça n’est pas la foule. Un panneau indique la composition détaillée de l’eau, effectivement riche en soufre, et sa température de 26,5°C. Pas de vestiaire (il aurait fallu louer une cabine à l’entrée mais nous n’avons pas envie de ressortir) alors nous nous changeons dans les douches. Puis nous allons faire trempette. L’eau n’a pas l’odeur annoncée, ni la température (qui frise plutôt les 20°C) : il s’agit vraisemblablement d’eau du robinet, la source étant peut-être tarie, qui sait. Nous faisons quelques brasses et ressortons vite fait. Troisième arnaque !

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L’enseigne n’était pas si moche…
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Grand bassin accueillant, baignade surveillée même…
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La composition de l’eau et la température affichées en toute transparence… mais c’était juste de l’eau ordinaire !

Heureusement, au Sud de la ville se trouve la maison natale d’Emiliano Zapata, entourée de jardins bien entretenus, d’une sorte de porche abritant une magnifique fresque décrivant la vie du révolutionnaire, et d’un petit musée exposant divers objets lui ayant appartenu ou le représentant. Nous étions heureux de terminer la journée par une attraction de qualité. Et, le croirez-vous, c’était gratuit !

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Le Museo y Casa Emiliano Zapata
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A l’entrée, une série de portraits du révolutionnaire
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Dans la cour sa maison natale et une superbe fresque retraçant les moments clés de sa vie
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…jusqu’à sa mort au cours d’une embuscade. La vie des révolutionnaires n’est pas un long fleuve tranquille !

Une bonne journée de route nous a amenés à Oaxaca, 500 km plus au Sud. Nous passons la nuit juste devant l’entrée du site archéologique, juste devant la voiture patrouille de la Garde Nationale. Question sécurité, difficile de faire mieux. A très bientôt pour la suite !

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Stationnement pour la nuit sous bonne garde (et je ne parle pas des chiens)
parcours du au fevrier
Notre parcours du 6 au 12 fevrier : Tepotzotlan – Piedra Herrada (monarques) – Valle de Bravo – Taxco – Cuernavaca – Cuautla – Izucar – Oaxaca

53. Conduire au Mexique

Pour conduire au Mexique, le permis français suffit. Mais on parle là du carton rose ou de la carte à puce. Pour le reste, il faut oublier la plupart de nos bonnes pratiques et repartir sur de nouvelles règles, et surtout composer avec un certain nombre de pièges qui nécessitent de la part du conducteur une attention de tous les instants. En voici quelques-uns.

Les topes

Ils sont véritablement le cauchemar de tout conducteur au Mexique. Le gouvernement n’a sans doute pas trouvé mieux pour calmer les ardeurs des automobilistes, mais c’est peut-être allé un peu loin. Vous l’avez compris, ce sont des ralentisseurs et pas n’importe quels ralentisseurs. D’abord ils sont partout. Par paires sur les routes avant chaque carrefour, chaque chemin, chaque pont, et même devant chaque échoppe, construits peut-être même par le propriétaire de la boutique. Par groupes d’une douzaine à l’entrée et à la sortie des villes, des autoroutes, des stations-services. Tous les 30 à 50 mètres dans chaque ville et chaque village. Et parfois tout seuls à un endroit dans lequel on ne les attend pas.

Ensuite vient le problème de leurs profils extrêmement variés, allant du petit tas de terre étalé par les ouvriers des travaux publics aux redoutables hémisphères quasi infranchissables sans contact – reconnaissables aux stries multiples qui les labourent, en passant par les carrés, les cloutés, et ceux qui n’ont l’air de rien mais qui vous font toucher la tête au plafond même à petite allure.

Enfin, pour corser la difficulté, ils ne sont que rarement signalés à l’avance et tout semble fait pour les rendre invisibles : absence de peinture évidemment mais au contraire présence d’une teinte qui est exactement celle de la route ou encore dissimulation par l’ombre d’un arbre ou d’un panneau routier qui se superpose exactement, à tel point qu’on se demande même s’ils n’ont pas été plantés ou posés là exprès. Une bonne manière de les repérer ou de les évaluer est d’observer les véhicules devant vous. Si le coffre de la voiture s’ouvre au passage ou si le camion laisse échapper une dizaine d’oranges (évènements constatés personnellement), alors il faut les franchir à allure d’escargot.

Les trous

Seulement un tiers du réseau routier est revêtu, et si l’on ne se fait aucune illusion pour les deux tiers restants, on pourrait s’attendre à un état correct pour le premier tiers. Mais il n’en est rien. Même sur les « autoroutes  » (voir plus loin pour les guillemets) il faut s’attendre à tout moment à trouver devant soi un trou dans la chaussée, du classique nid-de-poule au véritable nid-d’autruche (je ne sais pas si ce mot existe mais il me parait bien représenter ces énormes creux véritablement infranchissables).

Certaines routes en sont truffées, au point que tout le monde roule en zig-zag pour les éviter. Voire roule sur la chaussée opposée, ce qui peut paraitre inquiétant lorsque vous avez un énorme semi-remorque qui fonce droit sur vous avant de se rabattre au dernier moment. On apprend d’ailleurs rapidement à observer soi-même ce comportement lorsque l’état de la route le nécessite. Tout comme à s’inquiéter en permanence de savoir si un véhicule vous suit, afin de connaitre sa marge de manœuvre : possibilité de faire un écart brusque ou de freiner brutalement si un de ces cratères se présente soudain droit devant. De temps en temps, un homme au milieu de la route une pelle à la main vous réclame un peu d’argent. C’est qu’il s’est trouvé comme occupation de remplir de terre quelques-uns de ces trous, compensant ainsi partiellement les carences du gouvernement. Cela dit, c’est illusoire, la terre doit partir à la première pluie.



Les voies de circulation

Le terme « autoroute » n’a pas tout à fait le même sens que chez nous. Il désigne une route avec des accès relativement protégés et qui contourne les villages, assez souvent payante et même d’un coût très élevé pour le pays. On distingue d’une part les carreteras, comportant 2 voies, où l’on circule donc à double sens, et parfois deux sortes de bandes d’arrêt d’urgence sur lesquelles on doit circuler, à cheval sur la bande blanche, afin de permettre les dépassements à cheval sur les pointillés centraux, trois véhicules pouvant donc circuler en même temps dans la largeur (voir photo). C’est un peu déroutant mais l’on s’y fait. On trouve d’autre part les autopistas, caractérisées par un nombre de voies supérieur à deux, avec séparation centrale ou non et des zones de retournement, pratiques si l’on s’est trompé mais exposant en contrepartie à retrouver devant soi un véhicule à petite vitesse après son demi-tour. Concernant les péages, la bonne nouvelle c’est que nous sommes ici dans la même classe tarifaire que les voitures, alors qu’en France nous sommes taxés comme les camions.

En ville, les rues peuvent bien sûr être à plusieurs voies, pas faciles à dénombrer d’ailleurs compte-tenu de l’absence fréquente de marquage au sol. Inutile de vous dire la pagaille que ça crée. Une particularité est que parfois, pour tourner à gauche à un carrefour, il faut se placer sur la file de droite… Pas évident à comprendre au début.


Les signaux lumineux

Les feux tricolores sont la plupart du temps situés de l’autre côté du carrefour, parfois dans un coin peu visible, et c’est d’autant plus perturbant qu’aucun marquage au sol ne vient vous prévenir ou tout simplement vous dire là où il faut s’arrêter. Les clignotants ne sont quasiment jamais utilisés, ou alors à contre-courant de nos habitudes : quand le véhicule devant vous vous propose de le dépasser, il met son clignotant à gauche, soit l’inverse de ce que nous faisons. Du coup on ne sait jamais s’il va tourner à gauche ou si l’on peut doubler. Les feux stops des véhicules sont volontiers customisés pour clignoter, parfois c’est l’ensemble des feux qui clignotent comme une guirlande de Noël. Enfin, certains véhicules mettent les warnings avant chaque tope. Il parait que c’est obligatoire, mais tous ne le font pas. Vu le nombre de ces ralentisseurs, autant garder les warnings allumés en permanence alors 😉


Les panneaux de circulation

Tout comme les feux tricolores, les stops et cédez le passage peuvent être situés de l’autre côté du carrefour. Sans marquage au sol, on peut vite se faire piéger ! En contrepartie, le feu rouge autorise à tourner à droite, et le feu vert autorise à ne pas s’arrêter devant le panneau stop s’il s’en trouve un. Aux carrefours, en l’absence d’indication, la priorité est un peu particulière. Elle est à droite si deux véhicules arrivent en même temps. Mais si ce n’est pas le cas, c’est le véhicule qui arrive le premier qui a priorité. Premier arrivé premier servi ! Et ensuite c’est chacun son tour. Les panneaux de limite de vitesse comme ceux interdisant de doubler semblent là juste pour le décor… De plus ils ne sont quasiment jamais suivis de panneaux de fin d’interdiction. Si vous tombez sur une limitation à 20 km/h, c’est théoriquement jusqu’à la limite suivante, mais ce n’est pas bien grave puisque personne ne respecte. Après, on trouve des panneaux intéressants, annonçant la traversée d’ours en cas d’incendie (ils doivent sortir des forêts à toute allure) ou limitant la vitesse à 60 km/h en cas de traversée …de papillons (explication : migration massive des papillons monarques vers le Mexique en hiver). Enfin, je me suis amusé une fois, sans avoir eu le temps de prendre la photo, d’un panneau annonçant sur une voie rapide un numéro à appeler en cas d’urgence, dix chiffres sans aucun lien, comme un numéro ordinaire, très difficiles à mémoriser. De quoi paniquer en situation difficile !


Les fils électriques

Les yeux fixés vers le sol pour éviter les creux et les bosses, vers les rétroviseurs pour s’assurer des possibilités de freiner ou de faire un écart brusque, on en oublierait de regarder en l’air. Pourtant, le danger peut venir de là aussi. Dans certains quartiers de ville ou sur des chemins reculés, on peut trouver des fils électriques ou téléphoniques qui pendent à hauteur d’homme, ou des branches d’arbres très basses ou encore dépassant latéralement. Rien de bon pour notre Roberto.


Et le reste

L’attention doit enfin être portée aux autres véhicules dont le comportement peut être imprévisible (traversée brusque d’une route, doublement par la droite, etc.), aux énormes camions très hauts ou très longs (doubles ou triples remorques), à ce qui peut en tomber à cause des topes, aux piétons qui peuvent traverser à tout moment, et aux nombreux animaux qui errent sur les routes : chiens surtout, mais aussi poules, chevaux et sûrement bien d’autres que nous n’avons pas encore croisés. Nous attendons les ours avec impatience !


Heureusement la route n’est pas que galère et toutes ne sont pas en si mauvais état. Comme nous roulons beaucoup, nous traversons des paysages variés, des champs de maïs en espalier, des orangeraies géantes, des forêts tropicales, des montagnes embrumées, des déserts immenses hérissés de yuccas et de cactus à perte de vue. C’est juste un régal. Et puis nous serions malvenus de blâmer ces routes qui nous permettent de nouvelles découvertes comme celles décrites ci-dessous.


Papantla

Du haut de cette ville identifiée comme la plupart de ses sœurs mexicaines par ses lettres colorées, le joueur de flûte, tel le Christ de Corcovado, semble appeler les habitants. C’est lui qui en fait orchestre la cérémonie des voladores (voir plus loin)


El Tajin

Nous assistons à la cérémonie des voladores à El Tajin. En tenue d’apparat et guidés par le son envoutant de la flûte, les voladores grimpent un à un le long de ce mat de 30 m de haut puis s’élancent tête première rejoignant majestueusement le sol en tournoyant tandis que leur corde se déroule peu à peu. C’est juste à l’entrée du site préhispanique d’El Tajin où de nombreuses pyramides et temples aux niches en pierre caractéristiques nous invitent à réfléchir aux cérémonies politico-religieuses et au séances de jeu de balle qui s’y déroulaient vers l’an 800, toutes sujettes parfois à des sacrifices humains.


Las Pozas, Xilitla

Sous une pluie fine continue, nous suivons le guide (imposé) au travers des Jardins surréalistes de Las Pozas. Un mélange intime de forêt tropicale humide et d’architecture loufoque. Aménagé dans les années 60 par un riche poète anglais, Sir Edward James, admirateur passionné de Dali, Magritte et Picasso dont il finançait les œuvres. La mousse et les lianes recouvrent peu à peu des structures en béton aux formes bizarres, colonnes ventrues ou imitant le bambou s’élançant vers le ciel sans rien supporter, escaliers ne menant nulle part, portes ouvertes sur une grande cascade. Un étrange mélange de Sagrada Familia et d’Aventuriers de l’Arche Perdue. A voir assurément.


Rio Verde et la Laguna de la Media Luna

Le soleil étant timidement de retour, nous tentons la baignade dans la Lagune de la demi-lune à Rio Verde. Un petit lac en forme de croissant alimenté par 6 sources chaudes (27 à 30°C) et le bras de rivière qui en sort, tous deux aux jolis tons bleu à turquoise. Même les canards sont assortis ! L’eau est particulièrement transparente, mais on profite encore mieux des fonds en nageant avec masque et tuba : apparaissent alors une multitude de poissons, de plantes aquatiques ainsi que des arbres pétrifiés. Il paraît qu’à 36m de profondeur on trouverait des statuettes préhispaniques. Je ne suis pas allé vérifier !


Real de Catorce

Le village de Real de Catorce se mérite. Après 24 km à tressauter sur une route de pavés rocheux concassés, mais en traversant des paysages somptueux, il faut encore franchir un tunnel de 2 km à voie unique et hauteur variable (non indiquée – nous nous sommes seulement fiés au fait que l’employée du péage nous ait laissés passer) mais guère au-dessus des 2m60 de Roberto.

Après, ce n’est que du bonheur que de découvrir cette petite ville habillée de pierres, située à 2760m d’altitude, qui dut sa création à l’exploitation d’une mine d’argent. Tout a fermé depuis, une partie de la ville est devenue fantôme et se visite volontiers à cheval. Nous n’avons pas résisté à tenter l’expérience, qui était une première pour moi ! Sans le dire à Roberto qui aurait peut-être été vexé que l’on troque ses huit chevaux par seulement deux. Nos montures nous ont mené sagement, sans s’énerver sur les rochers glissants du chemin, vers ce village fantôme bien au-dessus de la ville. On y retrouve diverses ruines dont celles d’une église et de divers bâtiments utilitaires qu’on imagine en actitivé. On pénètre même dans un ancien filon dont les murs scintillent encore devant la lampe de poche.

Et puis il faut repartir. Souhaitant éviter de reprendre le tunnel et la route pavée, nous sommes redescendus par la route de l’autre côté. Tout aussi tressautante que la première, mais surtout nous aurions bien pu y rester bloqués. Voie unique étroite au bord du ravin, où nous avons pourtant dû croiser 3 véhicules. Pont à angle droit dans un virage où il a fallu manœuvrer à plusieurs reprises pour passer sans toucher. Petites montées bien raides par moment, un peu limites pour un véhicule ni réhaussé ni 4×4. Le salaire de la peur à côté c’était une promenade de santé ! A refaire nous prendrions le tunnel…


Saltillo

Après avoir failli sauter dans le vide, plongeons nous dans l’univers plus reposant des traditions mexicaines, et plus particulièrement sur cette tenue typique qu’est le sarape, un tissu aux motifs colorés qui se porte aussi bien comme un poncho que comme une couverture, depuis l’époque de la révolution. Un petit musée à Salpotillo en retrace l’histoire et le mode de fabrication. Même Elvis en a décoré l’un de ses albums. Le sarape est un vêtement masculin, mais les tenues féminines traditionnelles ne sont pas en reste dans ce musée qui en expose de magnifiques spécimens. Et encore une visite gratuite, merci au ministère de la culture !


Passage également au Musée du Désert, centre scientifique pédagogique rassemblant un parc de dinosaures animés et sonorisés, un petit zoo, une grosse collection de cactus, une belle exposition sur la façon dont les déserts se créent et se déplacent, sur les particularités des plantes qui y vivent, sur les minéraux et fossiles qu’on y trouve et sur les animaux qui y vivent, en commençant par les dinosaures. A recommander aux familles, mais intéressant à tout âge !


Saltillo possède aussi une mairie peu commune ou toute l’histoire de la ville est racontée sous forme d’une fresque qui fait le tour entier de sa cour intérieure. Il a fallu trois ans à l’artiste Elena Huerta pour la peindre.


A noter enfin une imposante cathédrale aux façades richement sculptées.


Cuatro Cienagas

Le sable de ces dunes de gypse à Cuatro Ciénegas est d’un blanc étincelant et s’enfonce peu sous les pieds. En fait il s’agit de cristaux de sulfate de calcium, formés par l’évaporation d’une ancienne mer. Selon les endroits, ils se présentent sous la forme d’une poudre, de roches compactes ou même de cristaux de plusieurs cm de longueur. Mais le plus agréable est de marcher sur cette immense lagune …craquante !


Notre première phase au Mexique est terminée, nous venons de franchir la frontiière vers les Etats-Unis. D’emblée, si les premiers paysages du Texas sont similaires à ceux du nord mexicain, les routes sont d’un lisse, mais d’un lisse…

Ci-dessous le parcours effectué au Mexique du 20 janvier au 7 mars 2022.