Sortis d’Autriche, nous filons directement vers Berlin, où nous avons rendez-vous pour Noël avec notre fille aînée. 5 grosses journées sur place nous permettront de bien nous imprégner de la ville et de ses spécificités, avec une mention spéciale pour les évènements de 1989. Après quoi, nous rejoignons nos autres enfants, dans un retour express de 1750 km qui clôturera cette boucle européenne du centre et du Sud-Est.
Notre parcours en Allemagne, qui s’est centré essentiellement sur Berlin. Pour les adeptes du zoom, c’est ici.
Gare à la vignette !
Tout comme la France, de plus en plus de grandes villes en Allemagne ont défini une zone à faible émission de particules où seulement les véhicules les moins polluants peuvent circuler. Comme un fait exprès, l’endroit où nous avons prévu de résider est en plein dans cette zone. Et évidemment, nous ne découvrons cette obligation d’afficher une vignette verte sur son pare-brise qu’au dernier moment. Il est possible de faire faire cette vignette en ligne, mais elle est alors expédiée 3 à 5 jours plus tard à l’adresse indiquée sur la carte grise. Ni le délai ni l’adresse de livraison ne nous arrangent. En fouillant bien sur le net, nous découvrons que les centres Dekra de contrôle technique sont susceptibles de nous fournir la fameuse vignette. Nous tentons le premier centre sur notre route, qui nous fournit le précieux sésame en une dizaine de minutes. Ouf ! A noter que Roberto est aux normes Euro 6. En dessous d’Euro 5, nous n’aurions pas pu circuler dans Berlin.
Berlin by night
Nous arrivons en fin de journée dans la capitale allemande, et profitons au passage des nombreuses illuminations de Noël. Grande roue, manèges et marchés sont bien au rendez-vous pour le plaisir de nos yeux.
Les ours
L’ours est l’emblème de la ville depuis le Moyen-Âge et figure d’ailleurs sur son drapeau. Curieusement les historiens hésitent encore sur l’explication. Le lien provient-il du grand nombre de ces plantigrades dans la forêt sur laquelle s’est construite Berlin, ou bien serait-ce un simple jeu de mots avec le premier nom de la ville, Bärlein ? Bär se prononce « bère » en allemand et signifie ours, tout comme le bear des anglosaxons. En tout cas, on trouve ces ours sympathiques presque à chaque coin de rue.
Tout sur la curry wurst
Ce plat est typiquement allemand et provient de la période après-guerre où les aliments étaient rares et peu goûteux. Le nappage d’une sauce pimentée appelée chilup (mélange de chili et de ketchup) résolut partiellement le problème et l’habitude est restée dans les mœurs, surtout quand on connait l’importance de la saucisse dans la cuisine germanique.
Servie parfois dans les restaurants, la curry wurst est plus souvent consommée dans la rue, préparée par de petits stands. L’un d’eux, dans un marché de Noël, a attiré notre attention par ses combos surprenants. A découvrir dans les photos ci-dessous.
Les tuyaux
Ces tuyaux généralement roses ou bleus, presque aussi nombreux que les ours, surprennent dans une ville moderne. On aurait presque l’impression de se trouver dans une immense usine ! Bien entendu, il ne s’agit pas d’une simple œuvre géante de street-art. La ville ayant été construite sur des marais et une nappe phréatique peu profonde, il est nécessaire de pomper en permanence l’eau proche de la surface, faute de quoi les rues pourraient être inondées tout comme les chantiers de travaux. Cette eau est ensuite rejetée dans les cours d’eau qui traversent la ville.
Désaffection
Le mur
Érigé le 13 août 1961, il a longtemps été le symbole de la division entre l’Est et l’Ouest et de la guerre froide. Je débutais ma carrière professionnelle au moment de la chute le 9 novembre 1989, et les images télévisées occupent encore une place dans ma mémoire. Il reste encore plusieurs tronçons de ce mur dans Berlin, le plus long faisant tout de même 1,3 km et livré aux artistes du monde entier pour la réalisation de fresques célébrant la paix ou commémorant les souffrances passées. En voici quelques échantillons, plus ou moins célèbres.
Le détail qui tue
Berlin au fil de l’eau
Tout sur la rivière Spree qui traverse la ville sur 40 km et les 1500 ponts que compte Berlin
Berl’insolite
Ce sont toutes ces petites choses que l’on remarque en flânant dans la ville, des détails qui intriguent, des œuvres d’art dont on ne découvre l’explication, si elle n’est pas fournie sur place, qu’en consultant le guide ou Internet.
Un petit tour au Musée
Les musées ne manquent pas à Berlin, mais leur visite ampute le programme des découvertes à pied de la capitale. Nous nous sommes limités à un seul, le Musée allemand de la technique. Je ne saurais pas trop vous dire pourquoi celui-là et pas un autre. Peut-être que l’avion au-dessus de la porte d’entrée nous a séduits, peut-être que nous avions besoin de nous réchauffer à ce moment-là ? Qui sait… Le musée lui-même est immense, occupant plusieurs étages de plusieurs bâtiments. Là aussi, il a fallu faire des choix. En voici en tout cas un aperçu en 10 photos.
La voiture du peuple (de la RDA)
Évoquer la Trabant procure des frissons à de nombreux habitants de l’ex-Allemagne de l’Est. Malgré sa carrosserie en résine et carton, malgré ses pannes fréquentes, la persistance de la disponibilité des pièces détachées, malgré l’attente parfois interminable (jusqu’à 15 ans !) pour s’en procurer une, la voiture culte circule encore en plus de 12 000 exemplaires. Nous avons visité le petit musée qui y est dédié et flâné devant le « Trabiworld » qui propose des safaris en ville au volant de Trabant volontiers relookées en zèbres ou en léopards.
Encore du street-art !
La riche histoire de la ville, notamment les évènements des années 90, donne une abondance de sujets exploitables par les artistes de rue. Les vestiges du mur leur donnaient déjà un espace important. Mais sans doute par contagion, les quartiers voisins sont bien décorés aussi. A vous de voir, il y en a pour tous les goûts.
Clap de fin
Après l’agréable découverte de Berlin, qui résume notre parcours en Allemagne, nous gagnons très vite, en 4 jours et beaucoup d’autoroutes, le sud-ouest de la France pour y rejoindre le reste de la famille. Ce dernier tronçon clôt, en même temps que l’année 2024, notre longue boucle en Europe centrale et du Sud-Est. Après les fêtes, nous commencerons à préparer sérieusement notre nouveau voyage qui devrait démarrer au printemps 2025.
N’hésitez pas à lancer la vidéo si Roberto semble scotché à son point de départ !
Merci à tous nos lecteurs, fidèles ou occasionnels, de vivre un peu avec nous cette exploration du monde. A bientôt pour de nouvelles aventures !
Nous quittons Bled et son lac de nouveau sous la pluie, en direction de la capitale qui sera riche en découvertes. De là nous nous dirigerons vers l’Est en direction de la Hongrie, admirant au passage Rogaska Slatina, ses thermes et sa verrerie, puis la charmante ville de Ptuj. Vraiment, la Slovénie nous aura conquis.
Les arcs-en-ciel sont un bon moyen de nous consoler de la pluie
Ljubljana et ses dragons
La capitale de la Slovénie, dont le nom n’est pas si facile à prononcer que ça (i pour j et ou pour u, essayez-donc), se visite facilement à pied en 1 ou 2 jours, d’autant que son centre est largement piétonnier ..et que nous sommes en basse saison. Les façades baroques de nombreux édifices sont plutôt jolies malgré leurs couleurs très pays de l’Est (vert triste et jaune triste) que le temps un peu couvert ne flatte pas.
Nous étions heureusement en pleine éclaircie en passant devant le cyanomètre, un appareil qui mesure le degré de bleu du ciel (pas nouveau, c’est le Genevois Horace Bénédict de Saussure, bien connu de nous autres anciens voisins du Mont Blanc, qui l’a inventé) mais qui est ici une œuvre d’art doublée d’une subtilité technologique puisqu’il est capable d’adapter sa couleur, tel un caméléon, au bleu mesuré du ciel.
En avançant dans la ville, nous allons apercevoir des dragons partout. Ils sont en fait l’emblème de Ljubljana depuis que Jason et les Argonautes en auraient combattu un dans les environs, de retour de leur quête de la Toison d’Or. L’hôtel de ville et le premier pont en béton de Slovénie en furent naturellement ornés, ce qui entraîna ipso facto les restaurants et les boutiques du quartier.
La récupération la plus récente et la plus originale est celle du mystérieux artiste français Invader, dont je reparlerai un peu plus loin. Après quelques découvertes dans la ville et la visite de son château.
Street art au sens propre
Dans cette ruelle de la capitale slovène, le street art n’est pas sur les murs comme à l’accoutumée mais carrément au milieu de la rue. Au lieu de l’habituel caniveau central des rues moyenâgeuses, la rue des forgerons est parcourue de tout son long par une foule de petites têtes qui vous regardent. 700 visages aux expressions toutes différentes, comme les humains selon leur humeur. Il faut se pencher pour les dévisager, c’est peut-être ce qu’a voulu leur auteur, un célèbre sculpteur slovène, Jakov Brdar. A moins qu’il ne se soit contenté qu’on lui serre la main, celle qu’il a placée sur un poteau au début de la rigole. L’action déclenche paraît-il un flux d’eau qui transforme l’œuvre en fontaine, mais ça ne s’est pas produit le jour de notre passage. Le mécanisme était sans doute grippé, c’est de saison.
Vie de château
Présent depuis le XIIème siècle, le château a connu maintes transformations depuis, sous l’influence des différents envahisseurs du pays : Austro-Hongrois, Français (via Napoléon pendant 4 ans), Italiens, Yougoslaves puis touristes internationaux. Il abrite maintenant diverses attractions modernes, certaines incluses dans le billet d’entrée et d’autres pas, mais on peut visiter avec un bon audioguide la partie ancienne et aller au sommet de la tour apprécier le paysage urbain de la capitale.
Panorama depuis le pied du château, ça n’est déjà pas malL’ancienne prisonL’escalier pour monter à la tourPanorama du sommet de la tourJeu d’ombres dans un des muséesOeuf gravé, une spécialité du paysUne fresque de Danse Macabre. Pas spécifique de Slovénie mais quelques exemplaires bien restaurés dans ce pays
Puppetry Museum
Pour en connaître toutes les ficelles, nous avons fait un petit tour au musée des marionnettes inclus dans notre visite du château. Car la Slovénie a une riche tradition dans ce domaine. Nous en suivons l’évolution au cours de l’histoire du pays, des marionnettes à gaine aux marionnettes à fils, avec une belle mise en scène des éléments exposés. Normal pour un art du spectacle.
Invader
Depuis le début de notre voyage, Claudie s’est mise à prendre des photos de petites mosaïques souvent discrètes découvertes par hasard en haut d’un mur lors d’une visite urbaine. Pas avec son appareil photo mais avec une application capable de reconnaître si l’œuvre photographiée est authentique, récompensant alors l’utilisatrice de quelques notes joyeuses et de points de bonus.
C’est l’histoire étonnante d’un artiste de rue français dont on connaît le nom mais pas le visage, qui appose sur les murs des mosaïques de Space Invaders, un jeu qu’il avait apprécié dans son enfance, ou d’autres personnages. Depuis 1996, il a « envahi » (c’est comme ça qu’il qualifie sa démarche, généralement faite sans autorisation) les murs d’environ 80 villes du monde entier, mais aussi des endroits insolites comme le Musée du Louvre (10 mosaïques posées en 1 seule journée, retirées depuis), la lettre D du panneau Hollywood à L.A., les fonds marins de la Baie de Cancun, et même dans la Station Spatiale Internationale !
Pour aider les explorateurs en herbe, certaines villes possèdent des cartes où sont localisées les petites céramiques. Celle de Montpellier permet de s’apercevoir (encore un des nombreux clins d’œil de l’artiste) que le parcours qui les relie dessine lui-même un Space Invader. Trop fort !
Ah au fait, l’appli s’appelle FlashInvaders et pour les fans, Invader expose à Paris jusqu’au 5 mai 2024.
Slovenian Ethnographic Museum
Nous terminons notre visite de Ljubljana, décidément très riche, et alors que la pluie commence à tomber, par ce superbe musée ethnographique qui est un excellent résumé de la traversée ce pays et nous donne plein de réponses à des interrogations que nous avions eues en cours de route. Il se présente comme un « musée des identités culturelles, un lien entre le passé et le présent, entre la culture traditionnelle et moderne ».
Fromage Trnič, symbole de l’amour…Tiens, ces masques ne vous rappellent rien ?
Nous y avons retrouvé, entre autres, les greniers à foin trouvés partout dans la campagne, les façades peintes des tiroirs de ruches, des costumes de carnaval, des spécialités culinaires, de l’artisanat, des éléments de l’histoire du pays.
Une cène en céramiqueUn costume de carnaval traditionnelLes plus jeunes doivent bien se demander à quoi ça sert…Une case de ruche, taillée dans un seul tronc, avec sa porte peinteFaces peintes de cases de ruches
Vraiment à conseiller à ceux qui veulent s’en imprégner.
Mon cher Watson (suite)
Voici un petit complément du sujet alimentaire évoqué dans l’article précédent, afin de contenter vos papilles avides.
Pour Claudie à gauche, ce sera filet de boeuf avec cèpes et roulés au fromage faits maison, pour moi à droite ce sera filet de veau avec asperges fraîches et purée aux truffes (la région en regorge !)Les desserts n’étaient pas moins savoureux : gâteau « multicouche » avec graines de pavot, noix et pommes pour garniture, tarte aux pommes et glace vanille (plus classique)
Rogaska Slatina
Cette vile de l’est de la Slovénie est réputée pour son activité thermale et pour son artisanat du verre, autant dire deux grands pôles d’attraction pour nous.
L’établissement thermal Tempel
Si le premier nous a déçus, l’activité en basse saison étant tellement ralentie que nous n’avons même pas pu goûter l’eau (il aurait fallu attendre plusieurs heures l’ouverture de la buvette), nous avons été conquis par le second.
Pavillon et sources (fermées lors de notre passage)Grands hôtels du siècle dernier et parc thermal : de grands classiques, comme en FranceDeux des établissements commercialisent leur eau. Celle de Donat aurait la plus forte teneur mondiale en magnésium. Les bouteilles sont en plastique, un comble pour cette ville spécialisée dans l’art verrier !
Nous avons pu visiter la fabrique de verre en pleine activité, passant par toutes les étapes de l’élaboration du produit final, pour constater que chaque objet proposé ensuite à la vente était une œuvre d’art unique, faite à la main (ou à la bouche pour la partie soufflage) de A à Z. Le travail par équipe nous a semblé à la fois répétitif mais nécessaire pour obtenir le juste enchaînement des actes pour arriver au produit fini. La fabrique aurait la plus forte production mondiale de cristal travaillé à la main (22 à 24 tonnes de verre par jour – 8 millions d’objets par an)
L’iconographie sera réduite, toute photo étant interdite pendant la visite. En consolation, j’ai mis juste après une vidéo YouTube qui est un bon reflet de ce que nous avons vu là-bas
Us et coutumes
En Slovénie, contrairement à la France, on respecte scrupuleusement les feux aux passages piétons. Il faut dire que d’une part la police verbalise facilement, et que d’autre part les slovènes roulent vite et ne s’attendent pas du tout à ce que vous traversiez au rouge. Consolation, vous pouvez mettre ce que vous voulez (dans une certaine limite et en payant) sur votre plaque d’immatriculation.
Pas un chat, ou presque
Poursuivant notre route vers l’Est slovène nous faisons une halte pour la nuit à Ptuska Gora, un village réputé pour sa basilique exceptionnelle.
Nous nous sommes sentis un peu seuls dans l’immense parking, certainement dimensionné pour une fréquentation accrue en haute saison. Et même pour la visite de la basilique le lendemain, nous étions encore seuls. Étonnant quand on lit que cette édifice « constitue le plus bel exemple d’église gothique à 3 nefs de Slovénie, érigée au rang de basilique en 2010 à l’occasion de son 600ème anniversaire ». Elle héberge en outre sur son autel une sculpture unique de la Vierge de miséricorde abritant sous son manteau une multitude de personnages.
A la sortie, heureusement, nous avons trouvé un chat sur les marches, contredisant la solitude exprimée dans le titre.
Ptuj
Cette ville au nom d’onomatopée, peu fréquentée par les touristes, mérite pourtant le déplacement. Elle est réputée pour son château, son carnaval, ses vignes et ses thermes et pourtant nous ne visiterons rien de cela ! La description des intérieurs du château nous a paru ennuyeuse, le carnaval était passé, les thermes ressemblaient sur les photos à des piscines ordinaires. Quant aux vignes, elles étaient encore en hibernation.
Mais nous avons trouvé à la ville bien d’autres attraits. Une situation très photogénique sur la berge d’un fleuve (la Drava), un centre-ville très typé, des vestiges romains comme cette tour utilisée autrefois comme pilori, et un entrelacs de ruelles moyenâgeuses parsemées d’arcs reliant les maisons.
Et nous l’avons bien regardée parce qu’il s’agissait de notre dernière visite en Slovénie.
Terminons avec ces 2 photos en lien avec l’actualité : cette porte avec ses petits lapins qui annonce l’arrivée prochaine de Pâques, et ce drapeau Slovène qui s’accroche désespérément à celui de l’Europe. Avec la guerre en Ukraine, on comprend bien pourquoi !
C’est parti pour la Hongrie, avec pour première étape le Lac Balaton si cher à Michel Jonasz. Mais chut, j’en ai déjà trop dit. Alors à bientôt !
Ci-dessous comme d’habitude la carte du parcours correspondant à cet article et les boutons de liaison si vous voulez nous laisser un petit message, vous abonner pour être prévenu à chaque nouvelle parution, ou encore nous retrouver sur Instagram ou Polarsteps.
Nous voici donc entrés en Slovénie, un pays où nous n’avions jamais mis les pieds ou les pneus. Des premières impressions jusqu’au Lac de Bled, avec une petite incursion stratégique en Croatie, revivez avec nous cette grande boucle slovène.
SLO travel
Après avoir traversé l’Amérique centrale et passé au moins une et parfois plusieurs heures aux frontières entre chaque pays, ça fait du bien de passer d’un pays européen à un autre en ralentissant à peine devant le poste où un douanier lève à peine les yeux de son téléphone portable. Donc nous voilà en Slovénie. Ce qui frappe tout d’abord, c’est que l’on ne comprend plus rien à ce qui est écrit sur les panneaux. Un bon point, ça pour nous autres adeptes de dépaysement. Enfin du moment qu’on a un peu de réseau pour pouvoir utiliser Google traduction. Voulant goûter ce nouveau pays, nous roulons tout doucement en regardant partout, alors que les locaux nous talonnent avant de nous doubler d’un grand coup d’accélérateur, contredisant les lettres SLO qui figurent sur leur plaque minéralogique. OK les pressés, laissez-nous le slow-travel ! Parmi les autres premières impressions figurent le coût réduit du carburant (1,45 €/l de gazole) et des aliments, à contrebalancer avec le coût élevé du stationnement (souvent 3€/h) ou des aires pour camping-cars (minimum 35€/j soit le double de la France ou de l’Italie). Pour l’instant nous avons réussi à contourner ces endroits-là. Nous verrons par la suite.
Grande révélation : les Slovènes parlent une sorte de chinois (enfin pour nous)
La magie Koper
Dès le passage en Slovénie, le beau temps est revenu. Ça doit être un hasard, encore que nous avançons vers le Sud par rapport à nos destinations précédentes. Koper est l’une des rares villes côtières d’un pays dont la façade maritime n’a pas plus de 44 km de long. Autant dire que l’été ça doit être bondé. Imaginez la totalité des Français devant se partager les plages entre Narbonne et Perpignan au cœur de l’été ! En réalité, les Slovènes sont 34 fois moins nombreux, mais quand même.
Koper se présente comme un mignon petit port entouré d’un centre ville médiéval aux notes vénitiennes. L’opulence des édifices italiens n’est pas là, mais le charme opère tout de même.
Piran, reine de la reconversion
Autrefois cette place était un port…Une envie de piquer une petite tête ?
C’est l’autre ville côtière, sous forme d’une péninsule s’avançant dans la mer terminée par un ancien phare reconverti en clocher d’église. Il a tout de même donné son nom à Piran (ben oui, pyros en Grec ça veut dire feu). Comme à Koper, on retrouve une influence étrangère dans certaines constructions, comme ce palais vénitien, et cette petite statue aux airs danois (si vous séchez, regardez toutes les photos). Comme à Koper, la ville était autrefois construite autour d’un port presque intérieur, mais celui-ci a été reconverti en place parce qu’il en manquait. Quant à la cathédrale et au baptistère, ils semblent eux aussi avoir été reconvertis …en cages pour animaux si l’on en juge par la grille qui barre leur porte. Non sans avoir laissé juste derrière un tronc accessible aux fidèles, pas folle la guêpe !
Style vénitien, assurémentPetites ruelles étroitesLe phare de la ville reconverti en clocher d’église
Question subsidiaire : sur une petite place de Piran, on retrouve une sorte de chérubin portant des objets formant des cylindres creux (photo ci-dessus à droite). A quoi cela pouvait-il bien servir ? Réponse à la fin du sujet suivant.
Incursion en Croatie
Nous sommes loin d’avoir exploré toute la Slovénie. Nous y reviendrons plus tard. Mais nous avons trouvé plus pratique de compléter dès maintenant notre parcours en Istrie, cette péninsule triangulaire au bord de l’Adriatique et dont la majorité du territoire appartient à la Croatie. Le passage de frontière est plus marqué que le précédent, avec une transition brutale d’une zone assez peuplée (les 47 km de côtes slovènes) à un territoire très rural. Ça fait du bien de revoir des forêts, des champs, des montagnes. La première ville où nous faisons étape est de taille modeste et ne tranche pas forcément avec ce que nous avons vu en Slovénie. Un port, de jolies rues étroites et pavées, une basilique aux mosaïques scintillantes, des boutiques de souvenirs dont beaucoup de variétés de miel et de liqueurs.
Solution de l’énigme du paragraphe précédent :
Découverte inattendue
Nous faisons étape pour la nuit sur le parking du cimetière de Vodnjan, trouvé sur l’application Park4night que la plupart des voyageurs nomades utilisent pour trouver des endroits où se garer de jour comme de nuit et pour trouver quelques facilités comme l’eau ou les laveries self-service par exemple. Une fois l’endroit décrit, d’autres voyageurs laissent leur témoignage ou enrichissent la description initiale. C’est l’un de ces commentaires qui nous a incités à visiter la ville le lendemain, alors qu’elle ne figurait pas sur notre guide papier. Objet d’un festival annuel de street art, la petite ville de 6000 habitants, abhorre une trentaine de fresques sur ses murs et de vieux immeubles en pierre en son centre. Il y aurait aussi plusieurs centaines de momies de religieux dans l’église, mais celle-ci était malheureusement fermée. Heureusement, par définition, le street art c’est H24 !
Pula et ses vestiges romains
La pointe Sud de l’Istrie est occupée par la ville de Pula, dont la particularité est d’héberger de nombreux vestiges romains, comme un amphithéâtre, quelques temples, et quelques mosaïques. On pourra regretter que tout ça ne soit pas particulièrement mis en valeur. Ainsi ce chantier qui semble être là depuis un moment dans l’amphithéâtre, ces fondations de la maison d’Agrippine, protégées mais en plein dans la cour d’un immeuble, l’arrière du temple jumeau de celui d’Auguste utilisé comme mur arrière de la mairie, où encore cette mosaïque romaine vieille de 18 siècles, plutôt bien conservée mais que nous avons eu du mal à dénicher. Il a fallu traverser un terrain vague et contourner un parking avant d’oser s’aventurer dans une petite ruelle obstruée par un camion de chantier et un tas de gravats.
Au bout de ce petit chemin, des mosaïques du VIème siècle avant J.-C. !!!
A gauche la maison d’Agrippine, VIème siècle av. J.-C., formant presque la cour d’un immeuble ! Le port de commerce de Pula. Les grues sont illuminées le soir dans le cadre d’un spectacle son et lumière
Champions de l’inutile
Imaginez la solitude de ces feux qui ne voient passer aucune circulation pour cause de route fermée !
Rijeka
Nous n’avons pas trouvé grand charme à la 3ème ville de la Croatie : pas d’unité architecturale, beaucoup de circulation et peu de choses à visiter. Nous retiendrons tout de même 3 choses : une curieuse Cathédrale de Saint Guy toute en rond (pour danser peut-être ? ;)), un musée de l’informatique (voir plus loin) et la première fabrique mondiale de torpilles qui, faute de préservation, va finir par disparaître dans la mer. Ce serait pourtant dommage d’oublier que c’est ici, à Rijeka qu’ont été mises au point les toutes premières torpilles. La base pour les premiers essais a été bâtie en 1860, suivie de l’usine actuelle qui a fonctionné de 1930 à 1966. Aujourd’hui ce n’est plus qu’une carcasse de béton, mais ce bâtiment a révolutionné en son temps l’armement maritime, tout en étant sans doute responsable de milliers de morts. Alors, on le sauve ou on le sauve pas ?
La première usine de torpilles au monde est en ruines
PEEK & POKE
Ces commandes de programmation ne parlent qu’aux initiés, mais le sous-titre « Musée de l’informatique » est plus évocateur pour les autres. Mais j’estime faire partie des premiers, en ayant vécu toute la progression de l’informatique depuis le début. J’avais 10 ans quand la télévision familiale est passée du noir et blanc à la couleur, 20 ans quand j’ai soudé avec mes frères une centaine de composants sur un circuit imprimé pour en faire un jeu de ping-pong qui se branchait sur sur la télé, 22 ans quand j’ai eu mon premier ordinateur, le ZX81, une sorte de grosse calculatrice programmable en BASIC mais dont le programme, limité à 1000 caractères, s’effaçait lorsqu’on éteignait la machine. D’autres machines ont suivi, avec davantage de mémoire vive (RAM), la possibilité de stocker ou charger un programme sur une cassette audio, puis sur des disquettes et enfin des disques durs. J’avais 29 ans quand je me suis offert mon premier compatible PC (Amstrad PC2086) avec écran intégré et surtout un disque dur de 20 Mo (à l’époque c’était énorme, aujourd’hui le disque dur de mon ordi portable fait 1 To). A 30 ans, j’ai commencé à informatiser mon cabinet médical en développant un programme adapté à un fonctionnement en réseau. J’ai quasiment utilisé toutes les versions de Windows depuis la 3.1. J’ai vu apparaître Internet et les téléphones portables lorsque j’avais 40 ans. Alors oui, je suis vieux, j’ai l’impression d’avoir été un pionnier de l’informatique, et c’est sans doute pour ça que j’ai retrouvé avec plaisir un peu de toute cette progression fantastique dans ce musée, y compris un exemplaire de mon ZX81 !
1979 : Premiers pas dans l’informatique via un montage électronique : en soudant une centaine de composants sur un circuit imprimé, je fabrique avec mes frères un jeu de ping-pong que l’on branchait sur la télé
Un bon vieux tourne-disques. Je découvre au passage que certains disques étaient à 16 tours par minute.
Bouticocanardophilie
Le lac intermittent
Nous voici de retour en Slovénie, à Cerknika, dans une région au sol karstique, comprenez un gruyère de calcaire. avec beaucoup de grottes et de galeries souterraines. En été, ces formations absorbent bien l’eau et le lac se vide presque complètement. Pendant la saison des pluies, au printemps et à l’automne, le sous sol est vite saturé d’eau et le niveau du lac monte. Il peut passer en une seule journée de 0,1 km2, sa surface minimale, à 38 km2, sa surface maximale. C’est le plus grand lac intermittent d’Europe, et, lorsqu’il est plein, le plus grand lac de Slovénie.
Un château troglodyte
Construit directement dans une falaise à partir du XIIIème siècle, le château de Predjama était quasiment imprenable. Il fut tout de même assiégé vers la fin du XVè siècle par l’armée de l’empereur Frédéric III dont un parent avait été assassiné par l’occupant des lieux, le baron Erazem Lueger. Le siège dura plus d’un an, l’astucieux occupant continuant de s’approvisionner à l’extérieur grâce à un tunnel secret. La plaisanterie se termina le jour où, grâce à une complicité interne, l’armée envoya un boulet de canon sur le mur des toilettes à ce moment occupées par le baron, et qui s’effondra sur ce dernier. Mourir assis sur le siège après un an de siège, c’est un comble !
Nous avons pris plaisir à visiter ce château peu commun, grandement aidés par des audioguides en Français très bien faits.
Les grottes de Postojna
Nous avons pénétré dans le plus grand système de grottes de Slovénie, plus de 700 km de galeries sur une longueur de 20 km. D’abord en empruntant un petit train puis à pied.
Revivez avec nous un bout de trajet en petit train …et pensez à baisser la tête, le plafond est bas !
Nous avions déjà vu un certain nombre de grottes dans notre vie, mais celles-ci sont véritablement exceptionnelles. D’abord par l’immensité du réseau, telle que dès les premiers mètres de voie ferrée apparait déjà une féérie de stalactites et stalagmites, certains ayant dû être coupés d’ailleurs pour que les têtes des passagers ne frottent pas trop au plafond. On nous a conduit dans des salles immenses, certaines pouvant accueillir des concerts avec 10 000 places assises. Tout est à la fois protégé et bien mis en valeur. Du grand spectacle, assurément.
Bébés dragons ou poissons humains ?
Une entrée quelque peu intrigante
Dans les eaux profondes du réseau de grottes de Postojna, on trouve plusieurs espèces animales qui se sont bien adaptées à l’obscurité. Parmi elles, le protée anguillard, une sorte de salamandre aquatique à la peau rose pâle, dépourvue de tout pigment – devenu inutile dans le noir – et dont les yeux se sont atrophiés pour la même raison. Il arrive régulièrement que des grosses crues fassent remonter ces bestioles à l’extérieur des grottes, qu’à une certaine époque on imaginait peuplées de dragons. Le corps ondulé et les branchies rouge vif ont fait prendre les protées pour les bébés de ces monstres souterrains. Ceux qui ignoraient la légende ont plutôt parlé de poissons humains, en raison de l’aspect et de la couleur de la peau proches de celle des Slovènes.
Un musée dans une grotte et dans la pénombre
La bête
A côté des grottes, nous avons pu voir, dans un vivarium plongé dans la quasi-obscurité, plusieurs exemplaires de cette espèce peu connue, capable de rester dix ans sans se nourrir, de régénérer ses membres perdus et de vivre une centaine d’années.
Forcément, à la boutique, on joue le jeu à fond. Nulle part ailleurs on ne trouve de protées en peluche !
Alors, bébés dragons, poissons humains ou protées anguillards ? Quel nom préférez-vous ?
Le Lac Sauvage
Après le Lac Intermittent de Cerknica, voici le Lac sauvage. En ce jour de beau temps, ce tout petit lac a l’air tout tranquille, mais après une forte pluie, son niveau peut monter brusquement et même un geyser peut se former. C’est qu’il est relié à des galeries karstiques en profondeur, drainant l’eau d’un vaste territoire. Pour le voir dans cette phase, regardez cette vidéo sur Youtube.
Mais pour nous il est resté calme, et nous avons pu nous promener le long de cette rivière qui mène à Idrija, notre prochaine étape.
Juste au-dessus de la rivière, nous avons suivi un canal conduisant une eau limpide jusqu’à un bâtiment dans lequel nous avons pu entrer
A l’intérieur se trouve la roue géante d’un moulin, de 13 mètres de diamètre, dont l’action est d’animer …une pompe à eau. C’est que, juste à côté, se trouve l’entrée d’une mine. Mais une mine de quoi ?
Mercure l’insaisissable
C’est dans ce joli château que nous en apprendrons davantage
En 1490 à Idrija, un fabricant de seaux a trouvé dans un ruisseau des petites gouttes de métal liquide. Ce fut le début d’une ère minière extraordinaire pour la ville qui a produit en 500 ans 13% du mercure mondial, le récoltant directement sous forme liquide ou le produisant à partir de minerai (cinabre). Si forcément Idrija s’est enrichie et a fait grandement progresser la science, ça n’a pas été aussi bénéfique pour la planète puisque les 2/3 du mercure produit ont servi à l’extraction de l’or et de l’argent en Amérique, avec la pollution qui s’en suit. Et ça n’a pas été si bon non plus pour les mineurs qui ont souffert de la toxicité du vif-argent, autre nom donné au précieux métal liquide. Aujourd’hui encore, les rivières locales restent polluées et la ville menace de s’effondrer sur le gruyère de galeries qui traversent son sous-sol.
Le découvreur et les premières galeriesLes deux formes du mercure : le minerai (cinabre) et le métal liquide
Gouttes de mercure dans un cube de résine (œuvre d’art du musée)
Miroir ô miroir, dis-moi qui est la plus belle…
Conteneurs de mercure liquide : à manipuler avec précaution !L’exposition parle bien sûr de la condition difficile des mineurs. Beaucoup y ont laissé la vie à cause de la toxicité du minerai comme du métal. Le médecin de la mine (ci-dessous) était sûrement très occupé. Cette toxicité a incité les états à légiférer et réduire l’usage du mercure, ce qui a entraîné la fin de la production à Idrija en 1980. L’Europe s’y est mise aussi en 2017, laissant quelques usages autorisés comme les lampes à vapeurs de mercure et les amalgames dentaires. Qui disparaîtront à leur tour dans les prochaines années suite à de nouvelles lois récentes, cf. cet article du Figaro du 8 février 2024
Quant à l’origine du nom du métal, il aurait été associé des sa découverte à Mercure le messager des dieux romains connu pour sa rapidité qui le rendait insaisissable. Un peu plus tard, on donna le nom du métal à la planète la plus proche du soleil et donc la plus rapide à en faire le tour (88j). Par ailleurs, Mercure est le dieu des voyageurs, ce qui nous conviendrait parfaitement s’il n’était pas aussi le dieu des voleurs et des commerçants… Bizarre cette association !
Faire dans la dentelle
Les progrès technologiques dans l’extraction du mercure au XVIIè siècle a fait chuter la demande en main d’oeuvre à Idrija et, comme dans d’autres cités minières, ce sont les femmes qui ont pris le relais économique de leur famille en produisant de la dentelle, avec la technique des fuseaux qui demande un temps considérable mais offre une qualité exceptionnelle. La première école de dentellerie a ouvert ici en 1876 et est toujours en activité en 2024. On y accueille des jeunes filles de 6 à 15 ans, toutes volontaires, qui suivent une formation gratuite de 3 heures par semaine et qui dure 6 ans ! Une partie du musée municipal d’Idrija est consacrée à cet art et présente des oeuvres magnifiques, comme on peut en juger sur les photos.
Carte de Slovénie en dentelleL’école de dentellerie est ouverte depuis 1876 et fonctionne toujours. Démarre dès l’âge de 6 ans !
…et 27 font douze
La petite ville de Škofja Loka a quelque chose de spécial en Europe : elle fait partie du douzelage (sic) initié par la cité normande de Grandville en 1991, en gros un jumelage avec 11 autres villes de l’Union Européenne. Seulement voilà, l’Europe entre temps s’est élargie à 28 pays, mais le terme de douzelage est resté.
Sinon Škofja Loka serait la ville slovène au centre médiéval le mieux conservé. Ce qui ne saute pas aux yeux d’emblée, mais le tremblement de terre de 1511 qui a dévasté la ville y est peut-être pour quelque chose. Nous y avons trouvé tout de même une architecture originale et visité dans son château un intéressant musée sur le patrimoine culturel slovène.
Un charme suranné règne sur ces maisons du centre-villeLe château – muséeArmoiries et vêtements traditionnels de la régionMobilier local. Ce n’est pas de la marquèterie, c’est de la peintureDeux fresques. On nous dit de celle de gauche que c’est une reproduction. Celle de droite illustre le défilé annuel de la ville (et ça n’est pas carnaval)Accessoires de cuisine anciens et (sans transition) le célèbre ours brun slovène (pas possible de le voir en ce moment, il dort…)3 jolis coffres traditionnelsUn autre art local est de fabriquer des fleurs en papier, à l’aide d’emporte-pièces et de moules à formesUne autre tradition est la fabrication de petits pains d’épices à l’aide de moules sculptés en creuxLa décoration finale se fait ensuite à la mainA quelques kilomètres au nord de Škofja Loka, nous sommes allés voir cette petite église isolée. Le guide mentionnait des fresques anciennes. Celle sur la photo de droite ne vous rappelle rien ?et pas très loin de là, on trouve dans la campagne de nombreux séchoirs à foin comme celui-ciCelui-là a été joliment reconverti. Les musiciens sauront peut-être lire la portée ?
Alimentaire mon cher Watson
Juste un titre bidon pour introduire quelques spécialités trouvées dans les magasins. On ne peut pas dire pour l’instant que nous ayons été transcendés par la cuisine slovène.
Que diriez-vous de commencer par des spaghetti bolognaise en poudre ou une confiture de poil-à-gratter ?A gauche : surtout ne pas se tromper ! A droite de jolies glaces en forme de rose En fait les 2 paquets de gauche sont le recto et le verso. A priori du sel de la mine de Tuzla. Peut-être que l’une des faces est en Slovène et l’autre en Croate. Mais les traducteurs en ligne ne sont pas très aidants là-dessusNous retrouvons notre pain d’épices traditionnel à l’office du tourisme. A partir du même moule, on peut faire facilement de belles œuvres en chocolat (à droite)Terminons par les boissons. Du yaourt à boire en bouteilles d’un litre (pour servir dans des verres ?) et le petit vin blanc local, probablement proche du gewürtztraminer vu le nom (nous n’avons pas goûté)
Arrivés au Bled
Nous terminons notre remontée depuis la pointe Sud de l’Istrie avec le Lac de Bled. Une vague pluvieuse nous coince presque 48h dans Roberto, l’occasion de se reposer un peu et de rattraper notre retard qui dans la planification de notre itinéraire qui dans l’avancée du blog. Dès l’accalmie nous partons à la rencontre de ce lac très prisé des touristes en saison, mais quasi désert en février surtout avec la récente pluie. Partant pour un tour du lac à pied (6 km) nous prenons le temps d’apprécier ses éléments emblématiques : l’ilot central avec sa petite église, le château perché sur son rocher, la grande église de la ville et les bateaux au taud en toile rayée qui relient les quais à l’ilot. Notre promenade s’arrête après à peine 1 km, le sentier piéton étant fermé pour travaux sur 200 ou 300 mètres. Nous pensions emprunter la route, mais celle-ci, tout en étant autorisée aux voitures, est interdite aux piétons. En bon français, nous tentons tout de même le passage par la route, mais un vigile dans une voiture banalisée nous rappelle vite à l’ordre. Voilà comment sont traités les piétons à Bled. Est-ce pour nous forcer à reprendre notre voiture et nous garer à l’autre bout du lac pour 6 euros de l’heure ? Qui sait…
Au milieu du lac, le célèbre ilot, que l’on peut rejoindre à la nage, comme ce canard, ou en barque localeEn parlant de nage, nous avons vu ce groupe de baigneurs qui se mettaient à l’eau. Température du jour : 6° C. Brrrrrrr !
Après quelques semaines d’errance dans des villes de taille moyenne et des terres plutôt désertiques, nous rejoignons la troisième ville préférée des Français aux États-Unis et le plus grand océan de la planète, que nous allons longer par la côte Ouest du pays. Le contraste est saisissant.
San Francisco sans brume
Contrairement à ce qui se raconte ou qui se chante, San Francisco n’est pas toujours plongée dans le brouillard. Certes lors de notre arrivée sur les grands ponts du Nord-Est le ciel était un peu couvert, mais cela s’est rapidement dégagé et nous avons profité d’un beau soleil pour notre première journée ici. Nous avons garé Roberto dans une petite rue proche du centre et nous sommes partis à pied prendre le pouls de la ville, sans chercher d’emblée à voir les attractions majeures. Tous les quartiers ne se ressemblent sans doute pas, mais celui de Mission District était plutôt agréable avec ses demeures victoriennes multicolores bordant des rues vallonnées jalonnées de palmiers, ses espaces verts bien occupés en ce dimanche et ses églises-missions témoignant de l’ère espagnole. Car la ville n’est américaine que depuis 1848, vous savez, l’année où Victor Auguste Poulain a créé la célèbre marque de chocolat alors qu’il n’avait que 23 ans et qu’il n’avait été que 3 ans à l’école comme quoi on peut s’en sortir sans mais ça n’a rien à voir avec San Francisco. Nous avons trouvé aussi de jolies fresques murales dans ce quartier, notamment dans des ruelles dédiées mais aussi sur des façades entières de maisons comme sur les 5 étages de cette Maison de la Femme, centre communautaire de soutien à la cause féminine créé en 1971. Au total nous aurons parcouru presque 8 km avec des dénivelés importants vu le relief de la ville, une vraie randonnée !
Arrivée à San Francisco par le Bay Bridge
Découverte de l’architecture de la ville
On les appelle les Painted Ladies
La Mission Dolores
Vues de l’intérieur
Espaces verts tres prisés en ce dimanche
Halloween en préparation partout
Les couleurs vives du quartier rappellent le Mexique
Plusieurs ruelles sont dédiées au street art
La Maison de la Femme
Une autre ruelle un peu plus loin
San Francisco : les classiques
Cette fois nous jouons les touristes de base en allant visiter les grands classiques de la ville : l’emblèmatique Golden Gate Bridge, ses piliers géants de 230m de haut et sa robe orange si caractéristique ; le Quai des Pêcheurs, ancien port de pêche reconverti en quartier touristique avec ses restaurants (nous avons craqué pour un excellent fish & chips), ses musées (dont le Musée Mécanique, dédié aux jeux d’arcade, boîtes à musique, testeurs d’amour ou de muscles et autres flippers du siècle dernier) et ses « sea-lebrities » : une colonie d’environ 300 otaries qui a élu domicile sur quelques pontons du port ; le quartier de Russian Hill avec ses rues très en pente où les voitures garées sont à la limite de basculer tandis qu’au contraire les antiques cable-car y semblent très à l’aise ; et Chinatown où vit la plus importante population chinoise des USA, qui permet de voyager un instant à l’autre bout du Monde. Demain nous avons rendez-vous avec Alcatraz : ne trouvez-vous pas que nous sommes parfaits comme touristes ?
Selfie incontournable devant le Golden Gate Bridge
1. Le Quai des Pêcheurs et toutes ses attractions :
Navires de guerre à visiter – Fish & Chips tout frais sur le port
Les otaries du quai 39, où elles ont élu domicile (certaines partent pour l’été mais pas toutes)
Le Musée Mécanique
2. La Coit Tower, son panorama,
et les rues tres pentues qui y mènent. Je n’irais pas y garer Roberto !
3. Le quartier Chinois…
Même sans la banderole, il est inratable…
…car tellement typique !
Nous visitons une fabrique ancestrale de « gâteaux de la fortune »
A l’intérieur, un ruban avec d’un côté une série de chiffres que beaucoup jouent au loto (avec succès d’après une étude !) et de l’autre un message personnel. Manifestement, ils sont au courant que ma nouvelle carte bancaire est en chemin… mais comment font-ils ?!
4. Et les célèbres cable-cars, que nous avons empruntés pour le retour. Nous y reviendrons un peu plus loin.
Nous avons tout de même eu le temps d’observer le manège des employés qui retournent la voiture lorsqu’elle arrive en bout de ligne, car un seul sens de circulation est possible
Un jour de prison ferme
C’est comme pour aller voir son grand frère aux Baumettes : il faut s’inscrire pour la visite d’Alcatraz, l’établissement pénitenciaire le plus célèbre des États-Unis et la fierté de San Francisco. Mais à l’inverse de la prison marseillaise qui n’a ouvert que quelques jours, pour 2 ou 3000 visiteurs et qui a ensuite été démolie, soutirant au passage 4,5 millions d’euros aux contribuables hexagonaux, ici aux USA on a le sens des affaires : la prison a été réhabilitée, une compagnie maritime a reçu l’exclusivité pour les traversées depuis le port de SF en échange d’on devine quoi et on a créé un produit bien emballé qui attire 2 millions de touristes et génère chaque année 4 millions de dollars de bénéfices. Cherchez l’erreur… Ok, ils avaient Al Capone alors que les Baumettes ont dû se contenter de Mémé Guérini, mais ça ne suffit pas à expliquer la différence.
La baie embrumée de San Francisco donne l’ambiance idéale pour la visite d’Alcatraz
Une visite bien organisée donc, à l’américaine avec un bateau qui part chaque demi-heure, une traversée dans la brume du matin qui permet de voir l’île se dégager progressivement, un ranger chauffeur de foule à l’arrivée puis une visite au choix libre avec audioguides ou en troupeau avec guide tout court. Nous avons préféré la première solution, d’autant que le guide était francophone. Nous parcourons les différents secteurs de la prison tout en écoutant les descriptions et témoignages d’anciens gardiens et détenus. Nous frémissons devant l’exiguïté et l’austérité des différentes cellules, des « classiques » pour prisonniers sages jusqu’au « trou » pour les plus récalcitrants. On nous raconte bien sûr l’histoire de l’évasion la plus célèbre, bien retracée au cinéma, où 3 détenus se sont évadés en agrandissant en secret la minuscule grille d’aération pour accéder au couloir technique derrière les cellules, retardant la découverte de leur cavale à l’aide de fausses têtes placées sur leurs oreillers. Ils n’ont jamais été retrouvés. La version officielle dit qu’ils se sont noyés. Juste pour ne pas perdre la face.
Audioguide à l’oreille, nous nous immergeons dans le quotidien des détenus. De l’inventaire d’arrivée…
à la vie dans les cellules « ordinaires » (au fait, savez-vous à quoi servait le boitier à gauche ?)
en passant par la cuisine, plutôt bonne et abondante, et les douches, toujours chaudes, parce qu’il fallait ne pas donner envie aux prisonniers de partir !
Dans ce bloc bien nommé, on emprisonnait ceux qui ne respectaient pas les règles : plus de sorties, plus de douches chaudes, et, s’il récidivaient, c’était le « trou » (à droite) : plus de lumière !
Bon, ce n’était pas non plus des tendres. Ici quelques hôtes célèbres
L’évasion la plus célèbre de la prison, merci le cinéma, est aussi bien expliquée que mise en scène
Honnêtes (on n’en attend pas moins ici !), ils n’hésitent pas à rappeller que le pays des libertés est aussi celui qui emprisonne le plus
Le seul endroit au monde
En n’y prenant garde, on pourrait passer à côté du Cable Car Museum, l’imaginant à tort comme un hangar vieillot abritant vieux wagons et vitrines poussiéreuses. Il s’agit au contraire d’un endroit passionnant et tout à fait vivant. C’est en effet avant tout le cœur de la machinerie étonnante qui fait se déplacer dans les rues de la ville la quarantaine de voitures en bois qui ne disposent d’aucun moteur. Pour avancer, elles doivent s’accrocher à des câbles qui circulent à longueur de journée sous les routes à l’aide de leviers savamment manipulés par le chauffeur appelé « gripman ». 23 lignes ont été mises en service entre 1873 et 1890, avant d’être remplacées petit à petit par des tramways. Mais grâce à l’action d’un comité de sauvegarde, 3 lignes ont pu être restaurées et mises en service sur les rues les plus pentues du centre-ville, couvrant un parcours cumulé d’un peu plus de 8 km. San Francisco est la seule ville au monde à posséder encore de tels transports en commun. Le musée permet bien sûr de comprendre comment tout ça fonctionne, de l’agrippage des câbles à la résolution ingénieuse des problèmes de croisements et de virages. Dans l’ambiance sonore mais tellement vivante des moteurs qui entraînent les câbles des 3 voies via de grandes roues. Le musée qui décidément ne ressemble à aucun autre sert aussi d’abri à toutes les voitures la nuit.
Le « musée » des célèbres cable cars…
est aussi le lieu où tous les câbles sont mis en mouvement
On apprend tout sur le système d’entraînement
Et bien sûr on y trouve quelques reliques…
…du réseau mis en service en 1873
La force est dans la fontaine
Mais que fait donc là Maître Yoda ?
Devant un ensemble de bâtiments modernes dans ce quartier vert de San Francisco, on aperçoit une silhouette familière. Mais oui, c’est bien Yoda, le maître Jedi, sous la forme d’une modeste fontaine qui ne reflète en rien la force qui est en lui, mais annonce que nous sommes bien chez Lucas Films. Nous collons nos yeux aux portes vitrées du hall d’accueil. La secrétaire nous confirme que nous pouvons en faire le tour, mais que nous n’avons que 15 minutes parce que ça va fermer. Ce sera suffisant pour examiner les figurines de toutes tailles qui décorent cette grande pièce. Je ne crois pas avoir besoin de légender les photos… La Silicon Valley n’est pas très loin d’ici, nous aurions pu tout aussi bien traîner nos basques chez Apple, Intel, Google, Hewlett-Packard, eBay ou Yahoo. Mais la force n’était pas avec nous pour faire ce détour.
Dans le hall d’accueil de Lucas Films, quelques « goodies »
Dernières lueurs du soleil à SF
Nous retournons au parking où nous avons dormi la veille, juste au sud du Golden Gate Bridge. Un bon endroit pour assister au coucher du soleil. Mais finalement pas un bon endroit pour dormir. Nos rideaux à peine tirés, vers 21h, nous devinons des phares braqués sur nous. Personne ne vient frapper à notre porte mais un haut-parleur annonce que nous ne sommes pas autorisés à passer la nuit ici, puis la voiture repart. Pas d’interdiction explicite pourtant, mais nous devons partir. Nous passons de l’autre côté du pont, dont le triste éclairage nocturne est très loin de ce qu’on voit sur les cartes postales, pour rejoindre une aire un peu plus fréquentée, un peu plus proche de la circulation, mais connue pour être autorisée. Nous passerons finalement une nuit relativement tranquille. Réveil dans la brume le matin. Nous tentons 2 petites randonnées dans le secteur en attendant que ça se lève (vers midi nous disait la météo) puis décidons de quitter la ville vers 15 heures, estimant que notre programme de visites était suffisant et que le brouillard toujours présent ne nous donnait pas envie de « faire du rab ».
Coucher de soleil sur le Golden Gate Bridge
Number One… c’est à voir !
Nous suivons désormais la route numéro 1 qui longe toute la côte ouest de la Californie. Contrairement au littoral français, elle est assez sauvage et l’on peut parcourir plus de 100 km sans rencontrer la moindre ville. Elle est bordée de nombreuses plages, qui attirent davantage les surfeurs grâce à de belles zones de rouleaux que de baigneurs qui doivent affronter des températures entre 12 et 18°C. Ces courants froids attirent aussi des brumes nocturnes et matinales, comme nous l’avons constaté. Les campeurs potentiels s’étant peut-être montrés envahissants par le passé, toutes les aires le long de cette route n°1 sont interdites au stationnement nocturne, ce qui ne fait pas notre affaire. Si l’on termine par le fait que le carburant en Californie est l’un des plus chers des États-Unis, nous ne sommes pas vraiment incités à rester dans la zone. Mais nous sommes là, alors visitons et forgeons-nous notre propre opinion.
La route numéro 1 de l’état de Californie, brouillardeuse à souhait
Les râleurs de Santa Cruz
La baie de Santa Cruz
A l’approche du grand ponton s’élançant dans la baie de cette petite cité balnéaire, on entend des bruits bizarres et répétés. La ville étant réputée pour avoir une population des plus à gauche et des plus contestataires du pays, assisterions-nous bientôt à quelque réunion politique animée ? Mais le ponton de bois, lorsqu’on s’y avance, semble désert. Le panneau interdisant à la fois les chiens, l’alcool, les vélos et les skateboards pourrait bien avoir aussi fait fuir les touristes et les politiciens en herbe, mais la moyenne ou basse saison est aussi une bonne explication. Sur le ponton, et au-dessus aussi, les mouettes, goélands et autres pélicans passent en nombre, sans être toutefois particuilièrement bruyants. En fait, plus l’on s’approche et plus le bruit vient manifestement du dessous. Il faut alors se pencher un peu pour apercevoir toute une colonie d’otaries, la moitié dans l’eau et l’autre se prélassant sur les poutres qui relient les poteaux, ce qui correspond d’ailleurs au partage de leur temps dans la journée. Tout ce petit monde, des mâles en majorité d’après le panneau informatif – non je ne suis pas allé vérifier, est très bruyant et ne cesse d’aboyer. Impossible de savoir s’il s’agit d’un débat d’idées de gauche, d’une conversation sur les spots alimentaires du jour ou d’une simple lutte de mâles dominants pour conserver une place au sec pendant que les autres tentent désespérément de grimper. A quand le langage « Otarie » dans Google Traduction ?
Le grand ponton n’est pas très achalandé. Les panneaux seraient-ils trop dissuasifs ?
Claudie à la recherche de l’origine des bruits : fausse alerte
En fait, c’est sous le ponton que ça se passe
Près d’une centaine d’otaries vivent là. Certaines sont très actives et d’autres plutôt cool
Capitola, une histoire haute en couleurs
Nous nous sommes arrêtés dans cette petite cité balnéaire au sud de Santa Cruz pour aller jeter un œil aux appartements multicolores d’une résidence hôtelière sur la plage. L’éclairage du soir, en contrejour, étant décourageant pour les photos, nous décidons de passer la nuit sur place. Au matin, si le soleil venait cette fois du bon côté, il était bien voilé par la brume épaisse que nous avions oubliée. Ça ne fait rien, le spectacle restait assez photogénique, surtout avec la colonie d’oiseaux de mer stationnée devant, que je me suis amusé à faire s’envoler.
La « Cour Vénitienne » de Capitola
Une petite recherche sur l’histoire du lieu nous apprend que l’activité initiale de pêche ayant périclité, le propriétaire du terrain au bord de la plage décida de le louer. Son locataire voulait le cultiver, mais finalement laissa s’y installer les tentes des touristes qui fréquentaient la plage : la première station balnéaire de la côte ouest était née avec le « Camp Capitola ». Le succès fut tel que le proprio récupéra rapidement son terrain et construisit les mignons petits appartements actuels dans un style dit « méditerrannéo-hispano-missionnaire », mais que les locaux appelèrent « cour vénitienne ». Le nom est resté et le lieu est désormais inscrit au registre national des lieux historiques.
Le vrai nom actuel est le Capitola Beach Hotel, moitié hôtel classique moitié appartements à louer
Internet nous apprend aussi que la ville a été en 1961 l’objet d’une attaque inhabituelle d’oiseaux de mer, devenus agressifs en raison d’une algue toxique qu’ils avaient ingérée. Et que c’est cette histoire qui a décidé Hitchcock, hôte régulier de la ville voisine, à tourner son film.
L’ambiance tourne au cauchemar, non ?
Finalement, j’ai peut-être pris un risque en courant après les oiseaux…
Number One… c’est confirmé !
Le brouillard matinal était bien au rendez-vous pour nous accompagner presque tout au long de cette Route N° 1 de l’état de Californie, mais il n’a pas été si gênant et s’est même révélé être un atout. Sans jamais rendre la circulation dangereuse sur cette route longeant sur plus de 100 km le bord de falaises abruptes, il a donné au contraire une ambiance évanescente au paysage, faisant surgir çà et là de jolies petites plages entourées de cactées colorées, des rochers hérissés d’oiseaux et bouquets d’herbe de la pampa. Lorsque la route s’est enfin mise au niveau du littoral, tandis que la brume s’était un peu écartée au large, nous avons côtoyé des plages couvertes de lions de mer alanguis sur le sable. Après une chasse intensive vers la fin du 19ème siècle, ils avaient totalement disparu du paysage, et c’est un miracle qu’une petite colonie de rescapés sur une plage isolée de Basse-Californie ait pu reconstituer l’espèce dans la région. Maintenant protégée, elle peut profiter de ses jolies plages en toute sérénité tandis que les humains sont confinés derrière des barrières. Un juste retour des choses.
Bon, ça, ça ne change pas : la route Number One est toujours dans la brume
Mais quand ça se lève… des paysages magnifiques se découvrent au dernier moment,
les plages ont des couleurs étonnantes,
et la centaine de kilomètres en corniche est un régal
Voici une plage très fréquentée… Comment dire… une plage « notariste » ?
So American
Au gré de notre route, nous faisons parfois quelques trouvailles improbables, qui nous semblent inenvisageables dans un autre pays que les États-Unis d’Amérique. En voici trois, trouvées étonnament dans un même lieu à consonnance hispanique : San Luis Obispo
La Bubble Gum Alley : c’est une petite ruelle en plein cœur de la ville dont les murs sont depuis les années 50 entièrement couverts de chewing-gums. Il y a bien eu deux nettoyages complets dans les années 70, mais le phénomène est réapparu… Une troisième séance de karscher a été proposée 20 ans plus tard, mais de nombreuses voix s’y sont opposées. Car malgré son caractère peu ragoutant, la scène attire malgré tout pas mal de touristes. Dont nous, avouons-le !
La Bubble Gum Alley
Le Madonna Inn : c’est aussi une institution de la ville. Cet hôtel-restaurant figure parmi les plus kitsch que l’on connaisse. Le décor est criard à souhait, les couleurs ne sont pas en reste malgré le rose qui domine. Chacune des 110 chambres a son propre thème, du safari à l’homme des cavernes en passant par le nid d’amour et le rocher de la jungle. Nous n’avons pas visité les chambres, mais beaucoup sont en photo sur leur site internet. Mais le rez-de-chaussée était bien suffisant, et surtout les toilettes masculines avec cet urinoir-cascade tout à fait déroutant. Au fait, rien à voir avec la star du show-bizz, Madonna c’est le nom de famille des proprios.
Le Madonna Inn
Le restaurant…
Les escaliers…
Les toilettes…
Et la boutique. Tout est kitsch, vous dis-je, tout !
La mise en garde qui tue : Que diriez-vous si vous étiez obligé d’apposer sur votre voiture une affichette de mise en garde sur tous les risques occasionnés par la conduite automobile, cancer lié aux gaz d’échappement compris. En tout cas l’état Californien le fait. Heureusement pas sur tous les véhicules. Celui que nous avons repéré était peut-être un véhicule de location. Mais quand même. Allons-nous voir bientôt des photos d’accidentés de la route scotchées sur les pare-brises ?
Manque ou excès de mesure…
Les Twinkies : il s’agit d’une pâtisserie typiquement américaine qui s’exporte timidement aux pays alentour. Rien de spécifique à San Luis Obispo donc, mais c’est là que nous l’avons découverte. Cette génoise fourrée à la crème, vendue généralement par deux, est une institution aux USA depuis 1930. La faillite de l’entreprise fabricante en 2012 a créé une véritable panique, avec des ventes des stocks restants à prix d’or sur eBay, des moqueries de la part du Mexique dont les propres usines n’étaient pas touchées et qui malicieusement proposait à ses ressortissants de faire le bien en offrant un twinkie à un américain… Mais qu’a donc ce gâteau de si extraordinaire au point de créer cette panique ? Eh bien il est, selon Wikipedia, « l’archétype de l’aliment contenant des ingrédients malsains et dénué de toute valeur nutritive ». De fait, tout ce qui pouvait freiner la conservation comme les œufs ou le beurre présents initialement a été remplacé par des produits chimiques (39 ingrédients au total) au point de rendre le produit quasiment impérissable. Les créateurs du film Wall-E s’en sont même amusés : dans le film, se déroulant 700 ans après que les hommes aient quitté la Terre, le petit robot sort d’une boîte un twinkie qui semble intact pour l’offrir à son ami cafard. La dégustation était obligatoire pour se faire une idée. L’un de nous deux n’a pas aimé et ce n’était pas Claudie…
Les fameux Twinkies. 190 Kcal chaque …sans l’enrobage chocolat
Votre mission si vous l’acceptez…
C’était un peu le langage que tenaient les prêtres évangélistes des premières missions espagnoles auprès des Indiens Chumash dont ils occupaient le territoire et après que les soldats aient détruit leurs maisons, leurs lieux de culte et massacré un grand nombre d’entre eux. Alors, comme dans les interrogatoires policiers où alternent le bon et le méchant, les prêtres ont joué le rôle des gentils et proposé aux indiens qui n’avaient plus de maison d’être hébergés dans la leur, d’être nourris et éduqués (à l’occidentale bien sûr), en contrepartie d’un sérieux coup de main pour l’agrandissement des locaux et d’une adhésion à la foi chrétienne. Tout ça était bien enrobé et les indiens n’avaient plus trop le choix. L’opération a été un succès selon les organisateurs… mais les Chumash ne sont plus aujourd’hui qu’une poignée d’individus sous aide alimentaire tentant de se reconstruire dans une unique réserve. Pour autant, la Mission Purisima de Lompoc n’est pas un lieu triste, personne n’y a été exterminé. Elle est la mieux restaurée des 21 missions espagnoles de la Californie et la vie de l’époque y est bien mise en scène. Un bon petit plongeon dans l’histoire.
Avant toute chose, parlons du parking : 3 américaines, 1 anglaise et un bel italien : du beau monde, non ?
La Mission Purisima, de Lompok (Californie)
Les extérieurs, plutôt bien restaurés
Les intérieurs, des lieux de prières aux logements et pièces à vivre
Les indiens Chumash heureux d’être convertis. Mais ce ne sont pas eux qui ont fait le dessin. Je vous fais un dessin ?
Téléportation
Un paysage urbain pas très californien
Devant le pare-brise de Roberto apparaît un paysage étrange, comme un air de déjà-vu : des maisons à colombages, des toureiles aux toits pointus, des moulins à vent et même une silhouette agenouillée sur son rocher qui nous paraît familière. La Petite Sirène de Copenhague aurait-elle pris quelques vacances ici aux États-Unis ? Un panneau indicateur confirme que nous sommes à Solvang, Californie et non pas dans la capitale du Danemark. Une sorte de Danishtown, colonisée par des émigrés scandinaves en 1911 et qui ont fortement pris racine ici, mais pas au point d’en oublier leurs coutumes. Encore que les menus des restaurants proposent davantage de hamburgers que de smørrebrød. Ça s’appelle de l’assimilation.
L’architecture est typique …mais pas d’ici !
Tiens! Tous les rois du Danemark sont là…
Et même la Petite Sirène. Oui mais ce n’est pas Copenhague, c’est Solvang, c’est écrit !
El Camino Cielo
Cela faisait un moment que nous dormions en ville la nuit. Car bizarrement, et j’en ai déjà parlé un peu plus haut, alors que la longue route côtière est en grande partie en pleine nature, les possibilités de passer la nuit au voisinage sont rares. Mais là, sur les hauteurs de Santa Barbara, nous repérons une forêt nationale, a priori accessible au public, avec quelques spots repérés par des voyageurs nomades précédents. Des panneaux indiquent que la route est fermée pour cause de non entretien, mais les commentaires de nos prédécesseurs nous encouragent à passer outre, affirmant que « ça passe » et que le chemin est juste cahoteux. Nous nous lançons donc sur cette route dont une longue partie est terreuse et ornièreuse, appelée Forest Route 5N12 par les Américains mais beaucoup plus poétiquement Camino Cielo par les Mexico-Espagnols. Roberto s’en sort plutôt bien malgré son absence d’équipement pour le tout terrain et notamment de 4X4 et se hisse lentement mais sûrement vers les sommets de cette forêt. Avec la double récompense de trouver un peu de goudron et surtout une vue magnifique, avec à nos pieds l’Océan Pacique qui va se transformer au cours de la nuit en mer de nuages (le voilà notre fameux brouillard matinal !). Nous avons dormi comme des loirs, la tête dans les étoiles et les pieds dans les nuages. Et imaginez le spectacle au réveil, dont les photos ne donnent qu’une petite idée.
Nonobstant les contraintes techniques,
Roberto parvient à se hisser sur le « Chemin du Ciel »
Quelle route ! Quel spectacle !
Et une nuit tellement paisible, la tête dans les étoiles et les roues dans les nuages
Nous restons ce dimanche dans la forêt, un peu plus bas pour profiter de l’ombre. Nous retrouverons la côte et l’agitation demain, à Santa Barbara. A bientôt pour la suite !
La ville d’Orizaba est notre dernière étape avant Veracruz, là où nous devons retrouver Roberto. Elle est située dans une vallée entourée de volcans, dont le point culminant du Mexique : le Pico de Orizaba, 5 747 m d’altitude. Nous arrivons dans la brume, avec une température plutôt frisquette, mais il est déjà prévu que cela se lève dès demain. Tant mieux, nous allons pouvoir profiter de ce « Pueblo Mágico », une appellation qui n’a rien à voir avec Houdini ou Copperfield mais qui est décernée par l’office de tourisme mexicain aux villes « offrant aux visiteurs une expérience « magique » en raison de leur beauté naturelle, de leur richesse culturelle, de leurs traditions, de leur folklore, de leur pertinence historique, de leur cuisine, de leur art et de leur hospitalité ». Plus trivialement autre chose que des plages où s’entasser en buvant de la bière.
Le Pic d’Orizaba (peinture de Joaquin Clausell) et le logo Pueblos Magicos
« Le dimanche c’est un jour autre. Même le soleil est différent » (Yves Montand)
Puisque c’est dimanche et que nous imaginons que tout sera fermé, et qu’en plus il fait grand beau alors que la météo n’est pas très optimiste pour les jours qui viennent, nous décidons de prendre un peu de hauteur et d’aller observer la ville du sommet de son teléferico, Il nous semble en arrivant aux caisses que la moitié de la ville a eu la même idée que nous. Plusieurs files se font puis se défont, ça resquille un peu, l’organisation parait un peu dépassée, mais nous finissons par monter dans l’une des cabines de 6 places qui, par groupe de 3 s’élèvent vers le Cerro del Borrego (la colliine des moutons), une petite montagne qui surplombe Orizaba de 320 m. Le teléferico a été construit par les étasuniens (ici on ne dit pas américains, ça n’a pas de sens) en 2013, mais les cabines sont françaises, cocorico (pourvu que ça tienne).
De la plate-forme à l’arrivée, nous avons évidemment un joli point de vue sur les environs et pouvons observer le quadrillage parfait de la ville sur lequel se distinguent ça et là quelques édifices religieux. Un petit sentier relie quelques attractions, dont les restes d’un fort et un petit musée historique qui nous apprend qu’à cet endroit, le 14 juin 1862, lors de l’intervention française au Mexique, une troupe de 150 de nos compatriotes « massacra » 2000 mexicains. Pas cocorico, ça, nous nous faisons tout petits et décidons d’être temporairement suisses si l’on nous demandait d’où nous venions. Au retour tout de même, nous vérifions les informations sur Internet. En fait « seulement » 250 militaires mexicains auraient perdu la vie, dont un certain nombre sous les balles amies ou en sautant dans le vide dans la confusion de cette bataille nocturne. La différence est un peu du même ordre que celle du décompte des manifestants en France, selon que l’on se place du côté des organisateurs ou de celui de la police. Pour les passionnés d’histoire et/ou de stratégie militaire, le récit de la bataille est ici.
Peinture représentant la bataille et ses protagonistes
Nous redescendons en ville pour flâner en son centre, vers la place principale, un grand jardin bordé par la cathédrale. L’autre moitié de la ville est ici, manifestement. Une personne harangue la foule au micro. Des enfants courent partout. Une vingtaine de stands de cireurs de chaussures est en pleine activité. Des vendeurs de fleurs, d’en-cas ou de confiseries tentent leur chance d’un banc à l’autre. Et les magasins autour de la place sont pour beaucoup ouverts en ce jour du Seigneur. Mais il y a du monde aussi dans la cathédrale, qui n’est pas exceptionnelle. Et aussi dans ce Palacio de Hierro (le palais de fer), un édifice conçu par Gustave Eiffel et acheté par le maire de la ville après l’exposition universelle de 1889 pour en faire (c’est le cas de le dire) une mairie. C’est en fait devenu un musée assez éclectique, exposant d’une salle à l’autre tout aussi bien la géographie locale, l’art préhispanique, les présidents mexicains, les grands scientifiques du monde, un planétarium, que la bière mexicaine et le foot.
La place centrale et la cathédrale avant l’arrivée de la foule, et le « Palais de fer »
« Lundi. Dans les pays chrétiens, lendemain du jour du tiercé » (Ambroise Bierce – Le dictionnaire du Diable)
J’aurais pu choisir en citation « Triste comme un lundi » car ce matin le ciel est tout gris. Toutefois il ne pleut pas et nous partons nous dégourdir les jambes, habillés chaudement car avec l’altitide il ne fait guère plus de 8 ou 10°C dehors. Nous rejoignons le « Paseo del arte », une voie aménagée le long de la rivière qui traverse la ville sur environ 3 km. Sur une bonne portion, les murs sont décorés de fresques. La qualité est variable mais l’ensemble rend bien et l’effort est louable. Vous en retrouverez un certain nombre ci-dessous, commentés ou non.
Le Paseo del Arte et ses multiples peintures muralesHommage au chemin de fer et au seul mexicain ayant voyagé dans l’espace, Rodolfo Neri VelaUn peu …de toutY aurait-il derrière ce mur quelque temple Maya ou alors l’Ambassade Ruche ?
Nos pas nous amènent ensuite au Jardin botanique, un havre de paix joliment entretenu qui ne figurait pourtant pas dans notre guide papier. Nous nous immergeons dans une volière où circulent librement perruches et perroquets multicolores. Nous visitons la serre à orchidées, décevante par le fait que 3 ou 4 espèces seulement soient en fleurs sur les 1 200 présentes au Mexique, mais bon, quand ce n’est pas la saison… Nous tentons sans succès de nous perdre dans un labyrinthe végétal. Nous traversons un jardin japonais riche d’une cinquantaine de bonsaïs. Nous froissons sous notre nez les feuilles de plusieurs plantes de l’espace médicinal pour en retrouver l’origine (celle surnommée « Vaporub » ne nous laisse aucun doute). Nous rejoignons enfin la sortie sur une passerelle qui serpente entre haies de bambous et sculptures préhispaniques. Un bel endroit.
L’entrée du Jardin Botanique d’Orizaba et la maison aux oiseauxDes sculptures et une ambiance reposantes, avant la serre aux orchidées trop peu fleurie en cette saisonLe Japon et l’Amérique précolombienne réunis, le jardin médicinal
« Cette semaine, le gouvernement a fait un sans-faute. Il est vrai que nous ne sommes que mardi. » (François Goulard)
La grisaille a évolué en bruine, plus question de sortir sans parapluie, mais une bonne occasion de nous réfugier dans les musées. Ceux-ci sont souvent gratuits au Mexique. Malheureusement cela n’attire pas les foules pour autant, à l’exception peut-être du dimanche. A plusieurs reprises depuis notre arrivée dans le pays nous nous sommes retrouvés seuls à visiter, enfin pas vraiment seuls parce qu’une personne nous surveille dans chaque salle ou encore allume puis éteint les pièces au fur et à mesure de notre passage. Nous commençons par le Musée de l’Art de l’État de Veracruz, dont les façades sont étonnamment décorées de la même façon que l’église qu’il jouxte. Il est principalement consacré aux peintres célèbres de la région, tout en consacrant une salle entière à Diego María de la Concepción Juan Nepomuceno Estanislao de la Rivera y Barrientos Acosta y Rodríguez, qui préféra s’appeler Diego Rivera pour gagner du temps en signant ses toiles. 33 de ses œuvres originales sont exposées ici, permettant d’apprécier l’évolution de l’artiste au fil du temps. Une pièce est aussi consacrée à la construction de la première ligne de chemin de fer reliant Mexico à Veracruz, qui inspira beaucoup les peintres locaux.
Similarité de l’entrée de l’église et du musée, jolie cour intérieure de ce dernierPortaits réalisés par José Justo Montiel, José Obregon et Diego RiveraEvolution de l’oeuvre de Diego Rivera de 1904 à 1918Scènes de la 1ère ligne de chemin de fer Veracruz-Mexico
Après une pause déjeuner, nous nous intéressons maintenant au musée de l’hôtellerie, installé sur le site où la première auberge du Mexique fut créée le 15 janvier 1525. On y admire les aménagements et les costumes de l’époque puis leur évolution dans le temps, comme ces tenues de « bell-boy », cet ascenseur ramené de New York datant des tout débuts de l’invention, ce vieux standard téléphonique dont on imagine l’ambiance sonore de son utilisation.
Musée de l’hôtellerie à Orizaba
« Le conseil des sinistres, c’est le mercredi, le jour des gosses. Ils vont au sable, ils font des pâtés, c’est sympa. Le garde des sceaux est là. » (Coluche)
Mercredi est le jour des enfants peut-être en France, mais pas au Mexique puisque l’école est ouverte ici du lundi au vendredi, et plutôt assez tôt comme dans tous les pays chauds (7-8h à 13-14h, le repas se prenant au retour à la maison). Pour nous c’est jour de transfert puisque nous allons maintenant rejoindre Veracruz. Comme d’habitude, nous nous rendons simplement à la gare routière et prenons un ticket pour le prochain bus disponible. Départ 40 mn plus tard, à peine le temps de grignoter un sandwich. Le trajet de 136 km nous coûte 11 euros et nous prend environ 3 heures. Pas très rapide, mais il y a eu 3 arrêts en route. Une douce chaleur (enfin !) nous attend à l’arrivée et nous rejoignons notre hôtel en taxi pour 2,50€ et laissons généreusement 50 centimes de pourboire. Pas par radinerie mais pour ne pas casser le marché. Nous sommes logés près du port. Nous serons aux premières loges pour voir arriver Roberto. Nous ne sommes pas loin non plus du centre-ville, marqué par une petite place bordée par une cathédrale. Tiens, ça ne vous rappelle pas quelque chose ?
Le port de Veracruz, avec à droite un transporteur de véhiculesLa place de l’Indépendance, coeur de l’animation du centre-ville
« Si la bourse continue à baisser, vendredi ça va être un jeudi noir » (Jean-Marie Gourio)
Eh bien justement, ça commence presque comme un jeudi noir. C’est aujourd’hui que nous avons rendez-vous avec notre agent portuaire, qui nous a convoqué à l’agence ce jour-là mais sans nous donner d’horaire précis. Vers 8h30, nous sommes prêts à partir tranquillement vers l’agence située à 3 km de notre hôtel. Une petite balade à pied nous fera le plus grand bien. Mais nous recevons un mail de Claudia, la responsable de l’agence, qui nous informe qu’après nous avoir attendus à 8h elle est déjà à la banque (probablement celle où nous devons régler le montant de notre permis de transit), que demain elle ne pourra pas s’occuper de nous, mais que peut-être nous avons encore une chance si nous allons tout de suite à l’agence sinon ce ne sera pas avant mardi (dans 5 jours !). Nous sautons dans un taxi et rejoignons l’agence en 10 mn. Là une autre employée nous prend en charge, photocopie en plusieurs exemplaires nos passeports, visas, carte grise et permis de conduire, puis nous emmène à toute berzingue à la fameuse banque. Une bonne cinquantaine de personnes attendent dehors. Les premiers sont arrivés à 7 heures alors que l’établissement n’ouvrait qu’à 8h30. Nous allons devoir faire preuve de patience.
Le dernier message inquiétant de notre agent portuaire…
Heureusement nous n’aurons pas à faire 3 heures de queue, l’assistante appelle Claudia qui est à l’intérieur avec un autre client et lui passe nos papiers. 20 à 30 mn plus tard, nous sommes invités à entrer, doublant la foule, pour aller à petit guichet apparemment dédié aux fameux permis. L’enregistrement prend du temps, il faut donner notre prochaine destination (on l’improvise car difficile de dire juste « vers le nord »), corriger les erreurs du premier projet qui nous est imprimé (il y en avait une sur mon prénom, une lettre en trop qui pouvait nous bloquer à une douane, on ne rigole pas là-bas) et revérifier la liste de tout ce que contient Roberto, que nous avions établie en anglais mais qui a été traduite en espagnol. Notamment nous avons beaucoup hésité à savoir si nous avions un « gato » ou pas. La seule traduction que nous connaissons pour ce mot est « chat » mais la description de la chose que nous fait l’assistante ne correspond pas. Elle nous fait le geste de soulever. Nous pensons à un toit ouvrant, un lanterneau mais ce n’est pas ça. L’assistante s’aperçoit que nous avons pourtant déclaré ce « gato » dans la liste initiale. Après une double traduction en passant par l’anglais, nous trouvons enfin que ce terme signifie aussi « cric ». Bien sûr que nous avons un cric ! Claro que sí (j’adore cette expression…). Après avoir réglé la somme de 55,68 € à la caisse, là aussi en shuntant la foule, nous voilà munis du précieux sésame : Roberto est autorisé à circuler librement au Mexique pendant une durée de 10 ans. Cela devrait suffire.
El Permiso de Importación Temporal de Casa Rodante, ou permis d’importation temporaire de maison roulante. Pour une voiture ou un fourgon non homologué, nous aurions dû payer une caution de 400$ et n’aurions eu le permis que pour 6 mois.
De retour à l’hôtel, une autre bonne nouvelle nous attend. Nos permis de conduire internationaux établis à Saint-Barth sont arrivés, grâce à l’aide de notre grand copain Laurent. Ils ne sont pas exigés au Mexique, mais seront nécessaires aux États-Unis.
La journée se termine avec Kilian, notre ami néerlandais dont le van fait chambre commune avec Roberto en ce moment et qui est donc venu attendre comme nous la livraison de son véhicule. Nous échangeons nos expériences avec plaisir. J’en profite pour rappeler le blog qu’il partage avec son amie Marcia et leur chat Binkie, accessible ici.
Le palais municipal, sur la place centrale, près duquel nous avons dîné.
Roberto se trouve au moment où nous écrivons, d’après le suivi réalisé sur le site MarineTraffic, quelque part entre les îles Caïman et la pointe du Yucatan. L’arrivée est prévue à Veracruz le 12 février, ou peut-être le 13. Nous devrions pouvoir vous décrire la réception dans le prochain article. D’ici là, nous allons devoir l’assurer, car bien entendu notre assurance française ne va pas au-delà des limites de l’Europe. Nous cherchons une compagnie qui couvre au moins les trois pays d’Amérique du Nord, mais ce n’est pas très simple. Nous vous raconterons. A très bientôt !