Depuis Orlando, nous avons amorcé notre lente remontée vers le Canada. En nous éloignant de la côte et en gagnant en latitude, nous accumulons les miles et perdons des Fahrenheit. Vous verrez dans cet article comment nous jonglons (ou pas) avec le système de mesures américain, comment nous avons appris en contrepartie que le Coca-Cola était dérivé d’une boisson française. Nous y partageons bien entendu nos autres découvertes de la semaine.
Cocacolacoricoooo !
J’avais promis de revenir sur cette visite un peu ratée du World of Coca-Cola à Atlanta. Peut-être ratée à cause de la visite du Mémorial Martin Luther King le matin-même, les deux sujets étant peu compatibles, mais pas que. Peut-être aussi parce que nous avions une référence, le Dr Peppers Museum, visité quelques semaines plus tôt et vraiment excellent, très informatif et peu publicitaire. Chez Coca-Cola, tout nous a semblé l’inverse. Dès l’accueil, alors que les visites étaient annoncées limitées par des inscriptions en ligne et que celles-ci étaient complètes pour les 2 heures qui suivaient, tous ceux qui se présentaient aux guichets étaient acceptés. Nous avons donc pu rentrer immédiatement, moyennant vingt dollars chacun. Pour être parqués dans une première salle, puis une seconde avec un chauffeur de public, avant d’être invités à visionner un film d’une quinzaine de minutes sur des évènements sportifs ou familiaux tous accompagnés de la célèbre boisson. Que des gens minces bien entendu, très éloignés du profil (dans les sens premier et arrondi du terme) du consommateur moyen de la boisson aux sept morceaux de sucre par canette. Après ce film, nous sommes enfin lâchés dans différentes salles, avançant pas à pas devant les vitrines exposant des objets publicitaires et/ou anciens, sans pouvoir vraiment les regarder parce que ceux de derrière poussent pendant que leurs gamins courent partout et interagissent avec les quelques objets présentés comme s’ils voulaient les détruire ou s’en servir comme instrument de percussion. Nous avons tout de même repéré deux ou trois choses intéressantes, vous les verrez en photo, mais globalement nous n’avons rien appris.
Dommage car l’histoire du Coca-Cola est intéressante, mais c’est ailleurs que j’ai dû la rechercher et surtout pas sur le site très édulcoré de la firme. La boisson a été inventée dans les années 1880 par un pharmacien d’Atlanta. A l’époque, les pharmacies et drugstores disposaient de fontaines à soda, l’eau et les bulles identiques pour tous venant agrémenter un sirop qui lui avait une formule propre. Accro à la morphine qu’il prenait pour soulager ses blessures de guerre, le pharmacien souhaitait fabriquer une potion qui lui permette de se sevrer. Il se basa sur une liqueur française à base de feuilles de coca et de vin de Bordeaux (le Vin Mariani) pour élaborer sa propre formule associant, entre autres, feuilles de coca et noix de kola. Il l’appela sa liqueur alcoolisée French Wine Coca, même si le Bordeaux en était exclus. La boisson ne fut pas lancée à grande échelle pour autant car le maire d’Atlanta l’interdit, la ville étant dans les toutes premières à promouvoir la prohibition. Le pharmacien dut revoir sa copie et exclure l’alcool. Le Coca-Cola était né et allait pouvoir se répandre dans le monde comme une traînée de poudre, ce terme n’étant pas si inapproprié car même sans alcool, la boisson contenait encore 9 mg de cocaïne par litre, de quoi doper la consommation. Abusé par ses associés, le pharmacien dut leur vendre sa marque et sa formule pour 2300 dollars et mourut un an plus tard sans se rendre compte à quel point il avait spolié toute sa descendance. Aujourd’hui, la boisson est la plus consommée dans le monde après le thé et le café, 420 000 bouteilles sont ouvertes chaque seconde ! Les Mexicains en ingurgitent chaque année 160 litres chacun (le record) contre 94 litres pour les Américains et 32 litres pour les Français.
puis la mise en bouteilles et les distributeurs
Et bien sûr exposition d’innombrables objets dérivés.
de deux navettes américaines et de la station Mir !
L’attentat d’Atlanta
Les anneaux olympiques du Parc du Centenaire nous rappellent bien qu’Atlanta a été la ville organisatrice des Jeux Olympiques en 1996. Des jeux marqués entre autres par l’explosion d’une bombe au beau milieu du village olympique faisant 2 morts et 111 blessés. Mais nous autres Français retiendrons la performance de Marie-José Pérec, double médaillée d’or aux 200m et 400m. Elle reste encore détentrice du record de France dans ces deux disciplines.
C’est le printemps !
Les rues des beaux quartiers d’Atlanta sont déjà un petit jardin botanique en soi, avec leurs belles pelouses parfaitement tondues encadrées ou parsemées d’arbres fleuris et de massifs impeccables, mais nous avons voulu voir le must au vrai Jardin Botanique de la ville. Et nous n’avons pas été déçus. Rien de mieux que d’observer la diversité que la nature nous offre, même si dans ce genre d’endroit elle est entretenue artificiellement. Dans une serre, un climat tropical humide avec brume permanente donne l’illusion de se trouver en pleine jungle, entourés de palmiers et bananiers géants dont on distingue à peine les feuilles et de racines tombantes qui vous effleurent le visage. On ne serait pas étonnés de voir surgir un gorille de ce brouillard. Mais comme dans la vraie forêt, les animaux se montrent peu et les seuls que nous verrons sont des petites grenouilles bien protégées derrière la vitre de leur vivarium. Une précaution pas inutile car elles sont vénéneuses !
et puis une explosion de fleurs
Tout dans la mesure
Le système d’unités Américain, dit « impérial » est assez compliqué à intégrer pour nous autres adeptes du système métrique. Ça commence sur la route dès le franchissement de la frontière par les panneaux de limitation de vitesse, libellés en miles par heure (mph), alors que le tachymètre de votre véhicule continue d’afficher des km/h. Pas le temps de sortir la calculette, il faut convertir mentalement pour adapter sa conduite. 1 mile valant 1,6 km, on rajoute la moitié et un « chouïa ». Exemple : si le panneau mentionne 40, la limite en km/h est de 40 + 20 + disons 4 = 64 km/h. Pour compliquer les choses, les panneaux de limitation de vitesse affichent souvent des multiples de 5. Ainsi, à l’arrivée dans les villes se succèdent rapidement des limitations à 45 puis 35 puis 25 puis 15 mph. Il faut s’adapter vite ! Une autre astuce est de jeter un œil à la vitesse instantanée affichée par le GPS qui s’est mise automatiquement en miles dès notre entrée sur le territoire américain. C’est bien pour la vitesse et la distance restant à parcourir, sauf lorsque nous approchons d’un changement de direction, car à ce moment les distances s’affichent …en pieds ! Qu’il faut alors diviser environ par 3 pour savoir, en mètres, là où il faut tourner.
Les hauteurs quant à elles, indispensables pour savoir si Roberto passe ou non sous tel pont ou telle porte de garage, sont affichées en pieds et pouces. Dur dur pour des décisions qui doivent en général se prendre très rapidement ! Les altitudes aussi sont exprimées en pieds, et l’altitude c’est important en voyage, ça donne une idée des températures auxquelles il faut s’attendre. Car on perd 3 degrés Fahrenheit et demi à chaque fois que l’on monte de mille pieds. Vous suivez ? Sinon nous achetons le diesel au gallon, l’eau et le lait en onces liquides et nous jonglons pour les recettes de cuisine avec les pintes, les tasses, les shots, les cuillers de table, les cuillers à thé et même les gouttes. Mais ça c’est tout simple, il suffit de savoir que 2 pintes valent 4 tasses, qu’un shot vaut 3 cuillers de table ou 2/3 d’onces fluides et qu’une cuiller à thé contient 80 gouttes. Pour finir, les fruits et légumes se vendent à la livre (453,59 g)( avant de s’en rendre compte, on trouvait qu’ils n’étaient pas chers…) et le sucre ou les pâtes en onces solides (28,35g) à ne surtout pas confondre avec les onces liquides. La confusion est si facile que l’on pourrait s’y prendre les 30,47 cm …euh je voulais dire les pieds.
Le pont de la rivière quoi ?
Ce pont métallique ressemble un peu à celui du film sur la célèbre rivière thaïlandaise, sauf qu’il n’y passe pas de trains mais uniquement des piétons et des vélos, et qu’il est d’un joli bleu azur. C’est aussi, avec ses 724 m l’un des plus longs ponts piétonniers au monde. Restauré il y a une trentaine d’années après dix ans de décrépitude, il fait maintenant le bonheur des habitants de Chattanooga – une ville au nord-est d’Atlanta – qui viennent y marcher ou y courir sur ses traverses en bois datant de 1860. Le pont offre une jolie vue sur la ville, sur le Hunter Museum of American Art (j’en reparlerai juste après) perché sur une falaise à l’une de ses extrémités, et bien entendu sur la rivière Tennessee qu’il enjambe.
Tableaux de chasse
Compte-tenu du nom, c’est effectivement le thème de la chasse que nous pensions voir développer dans ce Hunter Museum of American Art où nous nous sommes réfugiés pour échapper à la pluie. Si la première œuvre présentée, un joli tableau de chasse sur une porte en trompe l’œil, la première acquisition du musée en 1952, semblait confirmer cette impression, nous avons compris rapidement que « Hunter » était le nom du créateur de ce musée. L’histoire ne dit pas s’il était chasseur, mais il fut en tout cas directeur de la première usine d’embouteillage de Coca-Cola à Atlanta, ce qui l’a conduit à amasser une petite fortune. Les bâtiments du musée à l’architecture osée, mélangeant les genres, hébergent des œuvres d’artistes américains datant du XVIIIème siècle à nos jours, dans des styles aussi divers que la peinture, la sculpture, la photographie, le travail du verre, le patchwork, etc. Je vous ai mis mes œuvres préférées avec quelques commentaires, mais le choix était difficile. Si vous en voulez davantage, le site offre une visite virtuelle, en anglais bien sûr, mais l’art n’a pas de frontières.
Le portrait d’une actrice allemande par un admirateur de Renoir, et donc dans son style
par Jules Pascin (1885-1930)
Je ne sais pas pourquoi mais ce portrait m’a plu. La belle harmonie des couleurs, de la peinture jusqu’au mur ? Le côté Petit-beurre LU du cadre ? Va savoir…,
Les grandes montagnes enfumées
voici celle du site officiel des parcs nationaux nps.gov
Ce territoire appartenait aux indiens Cherokee mais tout comme eux est tombé dans le domaine public. Ni la célèbre marque de 4X4 ni le gouvernement américain ne versent de royalties aux indiens pour avoir baptisé leur modèle ou leur parc avec le nom de leur tribu. Et encore moins les 12 millions de touristes qui viennent le visiter chaque année (3 fois plus que Monument Valley) mais il faut dire que, exceptionnellement, l’entrée de ce parc national est gratuite. C’est l’une des plus grandes forêts primaires tempérées de feuillus d’Amérique du Nord, avec une altitude variant entre 275m et 2025m et une surface de 2108 km2. Autant dire que le climat y est très varié et toujours très humide. Si le soleil a fait quelques apparitions dans les vallées lorsque nous y étions, les nuages n’ont jamais quitté les sommets, justifiant bien le nom du parc. La plupart des routes sont fermées l’hiver. Elles venaient juste de réouvrir lorsque nous sommes passés. Nous avons fait quelques randonnées, toutes deux aboutissant à une petite cascade. Nous avons bien ouvert les yeux à la recherche d’ours noirs, les animaux emblèmes du parc, mais avec 1 animal au km2 la rencontre était peu probable. Très peu de photos à vous montrer du coup pour cette pause nature malgré tout agréable.
Les quelques apparitions du soleil le lendemain nous ont permis de nous risquer sous la cascade
Le sens de la mise en scène
Les 2 villes à l’entrée du parc sont vouées à l’accueil de ses visiteurs. Elles possèdent d’une part tout ce qu’il faut pour les héberger et les nourrir, mais aussi tout pour les occuper et alléger leur porte-monnaie (on grimpe plus aisément les poches vides) par le biais d’attractions multiples qui s’enchaînent sur plusieurs kilomètres sur les rues centrales. Les enseignes et façades rivalisent d’extravagance pour attirer les visiteurs, tels ce Titanic accueillant un musée dédié, ce King Kong accroché à sa tour fétiche, cette reconstitution du Mont Rushmore avec des têtes d’acteurs remplaçant celles des présidents, ce restaurant aux allures de vieille maison de trappeur avec tous les accessoires qui vont bien, ou encore ces maisons renversées, une attraction maintenant classique mais qui plaît toujours beaucoup. Qu’elles soient retournées ou pas n’y change rien : les Américains ont un excellent sens de la mise en scène.
Music City
Nashville mérite bien son qualificatif de « Music City », autrement dit ville mondiale de la musique, nous l’avons vérifié. C’est ici qu’a été développée la music country après l’arrivée des premiers émigrants, mélangeant les instruments et les genres musicaux de leurs pays respectifs. L’association pour le meilleur de la guitare espagnole, du banjo africain, de la lap-steel hawaïenne (une sorte de guitare à plusieurs manches qui se joue à plat), de la mandoline italienne, de l’harmonica, et par ailleurs des musiques folkloriques celtiques, du gospel des noirs américains, du yodel autrichien, de la musique cadienne ou encore du blues. Bien sûr tout cela a évolué au fil du temps, pour devenir un genre mineur en Europe alors qu’aux USA, au Canada et en Australie cela reste encore très développé. Nous l’avons compris en visitant à Nashville le centre culturel dédié à la musique country et en voyant là les visiteurs se pâmant devant le disque de platine de tel chanteur ou faisant un selfie devant le portrait de tel autre, quasiment tous inconnus pour nous. Nous avons approfondi notre culture en la matière en nous baladant dans les rues de la capitale du Tennessee, où le moindre restaurant ou bar accueille des musiciens en live, en déjeunant dans l’un de ces restaurants, et même en allant voir un concert dans le célèbre auditorium Ryman qui fonctionne en continu depuis 1892 et sur la scène duquel s’est produit Elvis Presley. C’est la plus mythique des salles de spectacle parmi les 120 que compte la ville. Nashville vaut aussi largement la visite pour son animation diurne comme nocturne, avec ses belles enseignes en néons, sa musique omniprésente, et le défilé de ses passants habillés de vestes brodées ou en daim à franges, coiffés de chapeaux et chaussés de bottes en cuir. Nous y étions un vendredi, difficile de dire s’ils sont habillés de même en semaine, mais pourquoi pas ?
et une multitude d’objets associés à la musique country
J’vous ai apporté des bonbons
Avant de quitter pour de bon le Tennessee, dérogeons à la règle des lapins en chocolat de ce dimanche pascal avec cette boutique très colorée de Pigeon Forge (vous savez, la ville du Titanic et de King Kong réunis). Rien en chocolat, tout en sucre et colorants. Si l’on se contente du plaisir des yeux c’est inoffensif. Pas de mal à se faire plaisir, non ?
Dans quel état sommes-nous ?
Pour ceux qui demandent de nos nouvelles, Roberto et nous allons très bien à l’approche de nos 1 an de vie nomade, toujours aussi motivés à de nouvelles découvertes. Pour ceux qui voudraient juste savoir où l’on est, nous venons d’arriver dans l’état du Kentucky. Pour l’instant ça évoque surtout pour nous le poulet frit, mais nul doute que nous en aurons une autre idée dans les jours qui viennent. A bientôt pour la suite donc. N’hésitez pas à commenter, ça fait toujours plaisir. Les boutons sont sous le parcours mis à jour.