Réduire nos biens comme une peau de chagrin…
Déjà, déménager à St Barth n’avait pas été une mince affaire. Quitter une grande maison de 180 m² équipée pour 6 personnes pour partir à 4 vivre dans un appartement de 80 m² avait posé pas mal de dilemmes : Tout ce que nous souhaitions emporter devait tenir dans un container de 40 pieds maximum. Si le choix d’emporter ou non les skis et les pneus contact ne prenait qu’un instant, c’était plus compliqué pour des objets plus personnels comme le piano, la bibliothèque complète de livres, ou encore les bibelots attachés à des évènements particuliers de notre vie. A force de vente en ligne ou aux amis, de dons aussi, de restitution de leurs effets personnels à nos enfants les plus grands, de quelques sacrifices et enfin grâce à l’aide de déménageurs spécialistes du remplissage des conteneurs à la manière d’un jeu de Tetris, nous sommes parvenus à faire tenir 25 ans de notre vie dans un container de 20 pieds seulement. Mais 3 ans plus tard, le problème s’est posé de nouveau lorsque nous avons quitté notre location pour un appartement bien à nous, de 66 m² cette fois. Ce qui a imposé un nouveau tri dans nos affaires, curieusement plus simple que le premier car nous nous sommes principalement débarrassés de ce que nous avions cru indispensable mais qui ne nous avait pas servi pendant ces 3 années. Nous pensions l’affaire terminée, mais ça, c’était il y a 7 ans. Et il y a 7 ans nous étions loin d’imaginer le projet actuel. La problématique était cette fois un peu plus corsée puisqu’il fallait tenir le contenu d’un appartement de 66 m² et dix ans de notre vie à St Barth dans un fourgon de 10 m². La décision de louer notre appartement en meublé nous a déjà tiré une grosse épine du pied. Mais il a fallu de nouveau donner, vendre ou jeter tout un tas de choses qui nous paraissaient importantes à garder. Cela a été une vraie prise de conscience de notre mode de vie consuméristes dans lequel nous accumulons ou achetons à tout va des biens non essentiels. Pourquoi dix paires de chaussures ? Pourquoi 4 téléphones en 10 ans ? Pourquoi garder tous ces outils rouillés ? Pourquoi garder toutes ces factures anciennes alors que la garantie des achats concernés est dépassée depuis bien longtemps ? Après de nouveaux choix drastiques et quelques heures passées devant le scanner, nous avons pu réduire notre vie au contenu d’une dizaine de petits placards laissé sur place, à deux palettes expédiées en métropole principalement destinées à nos enfants, et 2 valises de 23 Kg + 2 bagages cabine de 12 Kg.
Gérer la fin de l’activité professionnelle…
J’imagine que quitter une activité salariée peut se résumer à informer sa caisse de retraite et son patron puis organiser son pot de départ, mais c’est entrer dans un domaine que je ne connais pas. Ce n’est donc qu’une supposition de ma part que clore une activité libérale est beaucoup plus compliqué que ça. Il vaut mieux ne pas trop s’y prendre au dernier moment car certaines formalités prennent du temps. Surtout à St Barth où le courrier prend souvent le chemin des écoliers et où les appels téléphoniques vers la métropole exigent parfois de sacrifier quelques heures de sommeil. J’ai commencé 6 mois avant mon départ, par la dénonciation de mon bail professionnel, puis, après une dernière vérification de mon relevé de carrière, par déclarer ma cessation d’activité sur le site info-retraite.fr. J’ai cru naïvement qu’il suffisait de préciser la date correspondante et de cliquer sur le bouton « Oui je suis d’accord pour me sacrifier et ne pas attendre la réforme des retraites », mais je suis tombé de haut devant la quantité de renseignements à fournir. Mais que peuvent-ils bien faire de l’organisme qui m’a délivré mon livret militaire où de l’âge auquel chacun de mes 4 enfants est devenu autonome financièrement ? Et aussi pas mal de pièces à joindre en ligne et les agacements qui vont avec : alors que ma carte d’identité est déjà scannée recto-verso sur un seul fichier, on me demande d’envoyer le recto et le verso séparément et donc pour moi de scanner à nouveau le document. Info-retraite est censé retransmettre directement à tous les organismes concernés, mais en fait ils renvoient à un autre site qui se charge lui de faire la manip, avec de nouvelles vérifications au préalable. Et puis chaque organisme ensuite vous recontacte et vous redemande d’autres justificatifs ! Mais cela ne concerne que les organismes de retraite, car il faut aussi prévenir l’ordre des médecins, les caisses de sécurité sociale, le centre de formalité des entreprises, la mutuelle et j’en passe.
Le plus problématique et non encore résolu a été de trouver un successeur pour mon activité. Malgré les petites annonces à répétition, la conjoncture n’est probablement pas favorable à l’installation d’un nouveau spécialiste ici. Il restait enfin la même problématique que pour l’appartement, réduire à pratiquement zéro les biens professionnels qui m’ont accompagné pendant trois décennies et demi. J’ai quasiment tout donné en espérant que ça resservira un peu.
Mais je ne suis pas plus attaché que ça à mon passé professionnel. J’ai pourtant adoré mon métier, mais il y a un temps pour tout. Une page se tourne, il est temps désormais de rejoindre Roberto et de profiter de notre nouvelle vie.