61. A la conquête de l’Est

A l’inverse de la majorité des voyageurs français qui, selon les réseaux sociaux et si l’on excepte New York, se visitent principalement l’Ouest américain et notamment ses grands parcs, nous nous sommes concentrés sur la partie Est. Ce n’est pas par esprit de contradiction, c’est juste la route qui nous a semblé la plus logique pour rejoindre le Québec fin mai début juin. Nous prévoyons la partie Ouest en redescendant vers le Mexique cet automne. En attendant voici nos trouvailles à l’Est (de Chicago).

L’Indiana Dunes National Park

Le port de Chicago nous a donné envie d’aller voir à quoi ressemblait le littoral du Lac Michigan. Et justement, un parc au nom évocateur nous attire : l’Indiana Dunes National Park. Nous nous apprêtons à trouver un petit Sahara nord-américain, mais nous tombons sur une grande forêt d’érables et quelques maisonnettes anciennes fabriquant le fameux sirop de façon artisanale. En saison du moins. Nous aurions bien aimé assister au moins à la récolte de la sève, qui se fait théoriquement au printemps, et nous sommes au printemps n’est-ce pas ? Mais pas âme qui vive. Nous lisons tout de même sur des panneaux rangés sans doute depuis l’automne le mode d’emploi pour récolter la sève (l’outil de base est une perceuse…), la réduire par ébullition et filtrer le liquide sucré obtenu. On voit tout le matériel et quelques bonbonnes toutes prêtes au travers des carreaux. C’est frustrant. Peut-être même qu’en saison ils offrent les pancakes…🥞😋 Bon, il nous reste la balade en forêt. L’effort sans réconfort. A part peut-être les champs fleuris de jonquilles sauvages 🌸


Finalement la dune était bien là

Nous n’avons pas eu trop de mal à la trouver, et pourtant elle se déplace tout le temps. En fait pas tout le temps, juste quand le vent souffle assez fort. Elle avancerait de 5 à 10 pieds par an et serait haute de 126 pieds. Je ne sais pas si c’est beaucoup, ça doit dépendre de la taille des pieds. Elle ressemble un peu à la dune du Pilat mais en moins grand. D’ailleurs la hauteur et le déplacement de la dune du Pilat se mesurent en mètres. Et un mètre c’est plus grand qu’un pied, non ? Quoi que. Ça doit dépendre de la taille des mètres.


La cinquième roue du carrosse

Jusqu’à la visite du musée qui lui est dédié, j’avoue que j’ignorais totalement l’existence du constructeur automobile américain Studebaker. Et pourtant, il a joué dans la cour des grands aux côtés de GM, Ford, Chrysler et Chevrolet entre 1900 et 1960. La famille Stutenbecker, dont le nom a été américanisé par l’officier d’immigration américain, a émigré d’Allemagne en 1736. Forgerons de métier, ils ont d’abord prospéré en construisant des chariots hippomobiles, dont les émigrants, fermiers, chercheurs d’or et autres conquistadors de l’ouest avaient sacrément besoin. Au fil du temps, des progrès techniques et de la demande, l’entreprise s’est spécialisée en fabriquant des calèches, puis des carrosseries pour les premières automobiles, puis des automobiles complètes en commençant s’il vous plaît par un modèle électrique. Mais ce sont surtout les berlines à essence qui ont fait leur renommée, du moins aux USA. En parcourant ce musée, on ne peut être qu’admiratif devant l’élégance et la qualité des carrosseries et accessoires, que l’on a du mal à retrouver sur les véhicules modernes. Désolé Roberto.


Une transition facile

Studebaker n’aurait peut-être pas dû cesser sa production de chariots en 1920, car il existe encore une grande communauté d’utilisateurs aux USA : les Amish. Nous avons suivi ou croisé beaucoup de leurs petites calèches hippomobiles dans la région de Middlebury au cœur de l’Indiana. Il est amusant de les voir circuler sur les bandes d’arrêt d’urgence qui leur sont réservées, patienter à un feu rouge entre deux poids-lourds ou s’aligner sur les parkings de supermarchés.

La communauté des Amish est basée sur un protestantisme rigoureux, refusant notamment le baptême des nourrissons et sur le principe de vie « Tu ne te conformeras point à ce monde qui t’entoure », ce qui me rappelle d’ailleurs la devise d’un parti politique en vogue 😉). Tel Peter Pan souhaitant rester enfant, les Amish aspirent à vivre indéfiniment comme au XVIIème siècle, sans recours à l’électricité ni aux moyens de communication modernes. Le concept serait intéressant s’il ne s’accompagnait, dans cette société patriarcale, d’une stricte réduction des droits des femmes, limitées aux tâches domestiques et à l’éducation des enfants tout en devant obéissance à leur mari.

Malgré des conditions de vie qui peuvent nous sembler austères, la population Amish connait une croissance forte, de l’ordre de 3% chaque année. Mais, si le choix de rester ou pas dans la communauté existe, est-il vraiment éclairé pour des jeunes éduqués exclusivement sur place ? Les Amish vous répondront qu’ils permettent à leur ados, vers l’âge de 16 ans, de vivre un an ou deux hors de la communauté, sans aucun de leurs interdits. Il semble que la vie de dépravation qui s’en suit (alcool, drogue et sexe à gogo), délicieusement nommée « rumspringa » (tout est dans la première syllabe) ne convainque qu’un dixième des participants puisque tous les autres retournent finir leur vie dans la communauté. Travailler dur la semaine et aller à l’église le dimanche. Mais pour espérer quel paradis : un rumspringa bis ?


J’me présente, je m’appelle Henry…

J’me présente, je m’appelle Henry, j’voudrais bien réussir ma vie, etc. Cette chanson colle tout à fait à l’histoire d’Henry Ford, parti de rien et devenu magnat de l’automobile grâce à un goût prononcé pour la mécanique (à l’âge de 12 ans, il a démonté puis remonté 3 fois la montre que son père lui avait offert), un travail acharné (on n’a rien sans rien) et une organisation du travail révolutionnaire mêlant rationalisation, standardisation et travail à la chaîne. Avec malgré tout quelques travers, notamment une lutte farouche contre les syndicalistes (Henry Ford pactisait avec la pègre de Détroit et mettait 5 mercenaires pour surveiller chaque syndiqué) et surtout un antisémitisme et une collaboration avec l’Allemagne nazie.

Sur l’emplacement de son usine à Dearborn, un grand musée retrace toute l’aventure de l’industrialisation américaine dont Henry Ford était l’un des acteurs principaux. Une visite aussi passionnante que difficile à résumer. Je mets quelques photos commentées, mais n’hésitez pas à poser des questions en commentaires.

Explorant cette exposition, j’ai repéré quelques machines étranges, dont je vous laisse le soin de retrouver la fonction grâce à ce petit quizz. Les solutions sont au bas du chapitre suivant.

A quoi sert cette machine ?
A1. A imprimer des lignes sur le papier ?
A2. A plier les enveloppes ?
A3. A tisser des bulletins de vote ?

Manifestement, cet appareil possède 2 becs, qui servent à séparer…
B1. le bon grain de l’ivraie ?
B2. le jaune et le blanc de l’oeuf ?
B3. la crème du lait ?

Une dernière machine bizarre. A votre avis, c’est…
C1. un moteur à eau ?
C2. un injecteur de caoutchouc pour mouler un pneu ?
C3. un moule à Donut géant ?

La machine à remonter le temps

Henry Ford a sans doute tenté de fabriquer une telle machine, mais n’y parvenant pas il a conçu ce Greenfield Village, tout près de sa première usine. Plus d’une centaine de bâtiments du début du XXème siècle y ont été déplacés ou reconstruits à l’identique pour en préserver leur valeur historique. Ainsi retrouve-t-on la maison, l’école ou l’atelier de l’industriel, mais aussi le laboratoire de son ami Thomas Edison, l’atelier des frères Wright, ou encore le palais de justice dans lequel a plaidé Abraham Lincoln. Mais le must de l’immersion, c’est la circulation de multiples Ford T pétaradantes, de diligences et d’un vrai train à vapeur soufflant et sifflant avec son gros panache de fumée noire. On s’y croirait, vraiment.

Réponses au quiz du paragraphe précédent : A1B3C1
P.S. Avez-vous vu l’écureuil sur la photo du train ?


Nos nuits dans les tonneaux de biscuits

Il n’est pas toujours facile de trouver un endroit où nous garer pour la nuit aux États-Unis. Les campagnes pourtant immenses offrent rarement des endroits propices à la pause nocturne, la moindre voie de circulation en dehors de la route principale est privée, tout comme la plupart des parkings en ville. A de rares exceptions près, il n’est pas autorisé de stationner la nuit devant un supermarché ou un centre commercial. Et Cracker Barrel est l’une de ces exceptions.

Cracker Barrel, ou « tonneau de biscuits » en Français, est une chaîne américaine de restaurants combinés avec une boutique de cadeaux sur le thème de la culture des États du Sud. On y sert une cuisine traditionnelle et relativement bon marché, dont vous pourrez avoir une idée en cliquant sur ce lien. A noter que le petit-déjeuner peut être servi à tout moment de la journée. La décoration est similaire dans chaque restaurant-boutique : véranda à l’entrée où sont alignées des chaises à bascule et bien entendu quelques tonneaux, enseignes et objets anciens sur les murs, cheminée avec une tête de cerf à l’intérieur et petit jeu de solitaire sur les tables, toujours le même depuis 1969. Dans la boutique on trouve un peu de tout, des jouets, des vêtements, des confiseries dont ces bonbons en forme de bouchons d’oreilles, et plein de boules de neige très kitsch (un pléonasme, non ?).

En tout cas, les Cracker Barrel sont une des rares enseignes à être « RV friendly », c’est-à-dire à autoriser les véhicules de loisirs comme le nôtre à passer la nuit sur une partie de leur parking souvent identifiée comme telle. Une politique intelligente qui nous amène en retour à déjeuner volontiers chez eux. Merci à eux !


Nous venons d’arriver en Pensylvannie, un état proche de l’Ohio mais sans le moral à zéro d’Isabelle Adjani. Et vous savez quoi, il y a encore plein de choses à voir. Nous vous raconterons ça au prochain épisode.

En attendant, voici la carte de notre parcours américain mis à jour et au-dessous les liens pour commenter.

56. Mississipi-Alabama-Floride

Voilà bien 10 jours que je n’ai pas donné de nouvelles. C’est que nous tournons à plein régime, A vrai dire, le terme n’est guère adapté, parce que des tournants, il n’y en a pas beaucoup. De quoi s’ennuyer un peu sur la route parfois avec ces longues lignes droites de plusieurs dizaines de kilomètres, à l’image des frontières rectilignes séparant les états. Du coup ces trajets longs raccourcissent les journées, si l’on peut dire. Sans compter qu’en quelques jours nous avons franchi 2 fuseaux horaires et donc perdu 2 heures. Mais heureusement, nos visites n’en ont pas été moins riches, c’est simplement que j’ai manqué un peu de temps pour rédiger. Rappelez-vous nous en étions à notre tornade en Louisiane.


Le Mississipi sans sirène

A peine la frontière entre la Louisiane et le Mississipi franchie, la tempête s’apaise soudain. Le ciel redevient d’un bleu éclatant, le soleil brille de tous ses éclats et, à l’approche du bord de mer, apparaît le long de la route une longue plage au sable plus blanc que blanc. Nous n’y résistons pas, garons Roberto les roues dans le sable et allons marcher au bord de l’eau. En désaccord avec cette description idyllique, la couleur marron-vert et la turbidité de l’eau n’incitent pas à la baignade, d’autant plus que la température est fraîche, juste bonne pour y tremper les pieds. Du coup aucune chance d’apercevoir la sirène. De toutes façons, les cinéphiles savent bien que l’intrigue n’a rien à voir avec cet état. (Mercredi 23 Mars, Pass Christian, Mississipi)


Les 9 étoiles de l’USS Alabama

L’un des plaisirs de la vanlife, c’est d’avoir chaque jour un paysage différent devant ses fenêtres. Là nous étions particulièrement gâtés, garés juste devant l’USS Alabama, un croiseur américain ayant brillé au cours de la 2ème guerre mondiale : 9 victoires, aucune défaite et aucune perte de l’équipage (2500 personnes tout de même) sous un feu ennemi. Seuls 5 décès sont attribuables à une erreur interne, l’un de ses canons antiaériens en ayant visé accidentellement un autre… c’est ballot. Le navire se visite des ponts supérieurs au plus profond des cales. 210m de long sur 33 de large, ça prend du temps à explorer. Après, le confort à bord en 1945 n’avait rien à voir avec celui d’aujourd’hui, mais bon, à la guerre comme à la guerre ! (Jeudi 24, Mobile, Alabama)


Ses majestés carnaval

La ville de Mobile est aussi connue pour avoir été la première ville à célébrer le carnaval aux Etats-Unis en 1703, alors qu’elle était la capitale de la Louisiane française. N’étant pas là au bon moment, nous n’en verrons que quelques traces, comme l’entrée du musée du carnaval (fermé) et quelques statues amusantes des premiers rois et reines couronnés autour de la place centrale. (Jeudi 24, Mobile, Alabama)


Au pays des Anges Bleus

Cette fois, c’est sous un avion de chasse de l’US Navy que Roberto se pavane, affichant presque le même bleu. Nous venons en effet d’arriver en Floride, tout près de la base aéronavale de Pensacola, fleuron de la ville. Malheureusement, pour des raisons qui ne sont pas expliquées, nous ne pourrons la visiter car elle est réservée jusqu’à nouvel avis aux personnels de l’armée et à leurs invités. Dommage car nous aurions aimé en savoir davantage sur les Blue Angels, cette patrouille de démonstration acrobatique qui fait la fierté du pays, un peu comme l’est notre Patrouille de France. Nous devrons nous contenter de voir passer quelques avions de loin et de visiter dans le centre-ville un bar célèbre empli d’objets insolites où les Marines avaient leurs quartiers. Tout proche de la base se trouve le parc naturel de Big Lagoon dans lequel nous avons suivi le Sand Pine Trail, une randonnée sur un chemin de sable blanc qui traverse une forêt de pins et des marais. Le lagon lui-même n’est plus accessible depuis le passage d’un ouragan il y a quelques années. La région est fréquemment touchée. (Vendredi 25, Pensacola, Alabama)


L’oublié de Wikipédia

José Antonio Ponte, artiste révolutionnaire. Parcourant un musée d’art à Pensacola, nous découvrons le talent artistique méconnu (au minimum de Wikipédia) de ce personnage étonnant. A l’image de mon copain Laurent, jardinier-pâtissier, José Antonio Ponte associe des talents que l’on n’imagine pas aller ensemble. Cet ancien esclave arraché à son Éthiopie natale était d’abord charpentier, avant de devenir prêtre une fois affranchi puis organisateur d’une insurrection anti-esclavagiste à Cuba. Quand il fut arrêté pour cela, en 1812, les investigateurs espagnols trouvèrent dans ses affaires ce qu’ils appelèrent « un livre de dessins », jugé subversif en raison de la présence de scènes de batailles et d’empereurs noirs. Ponte eut beau jurer qu’il avait prévu d’en faire cadeau au Roi d’Espagne, les policiers durent lui répondre un truc du genre « Mais oui c’est ça » en Espagnol et on finit par le pendre et lui couper la tête (l’inverse aurait été trop compliqué). En réalité il utilisait bien ses œuvres dans un but de propagande, ses dessins à dessein en quelque sorte. L’artiste n’a pas totalement sombré dans l’oubli, n’en déplaise à Wikipédia, des cérémonies lui rendent hommage et des rues portent son nom à Cuba, et d’autres artistes prolongent son œuvre, comme sur ce tableau construit sur les peintures de son livre et les explications que José Antonio Ponte en a donné au tribunal (J. Bedia), ou encore cette porte multicolore (J.M. St Jacques) censée permettre le passage de l’esprit de l’artiste depuis l’au-delà afin de continuer de soutenir la défense des droits de l’homme. (Samedi 26, Pensacola, Alabama)



Spots dodos

A Pensacola, nous avons fait deux haltes nature pour la nuit, ce qui est assez rare pour être signalé. Car bizarrement, il n’est pas si facile que cela de stationner pour la nuit aux États-Unis. En effet, si l’on souhaite comme nous éviter au maximum les campings, il faut composer avec le caractère privé de nombreux terrains et parkings. En Europe par exemple, nous nous garions volontiers sur les parkings des églises, des cimetières, des équipements sportifs ou tout simplement à l’orée d’une forêt, sur le bas-côté d’un chemin de campagne, etc. Ici, rien de tout cela n’est possible, la grande majorité des terrains et parkings sont privés, y compris ceux d’installations municipales. De plus, les aires aménagées au bord des routes ou autoroutes sont à la fois rares et envahies de poids-lourds qui laissent leur moteur allumé des heures voire toute la nuit. Certaines enseignes sont connues pour être « RV friendly », c’est-à-dire qu’elles permettent aux véhicules de loisirs de passer la nuit sur leur parking. C’est le cas en général des supermarchés Walmart et des restaurants Cracker Barrel. Nous avons plusieurs fois séjourné sur des parkings Walmart et nous efforçons en contrepartie d’y faire nos courses, mais ça reste du dépannage. Les deux nuits passées à Pensacola l’ont été pour l’une sur une aire de pique-nique avec rampe pour bateaux au bord d’une rivière, dans un joli environnement boisé, et l’autre en plein milieu d’une forêt, les forêts d’état étant en général libres d’accès au public, à l’inverse des parcs d’état. Surtout ne pas se tromper, sinon réveil nocturne assuré par la police avec amende à la clef ! (Dimanche 27, Pensacola, Alabama)


Le grand-père de Roberto

Incroyable, nous avons retrouvé le grand-père de Roberto ! Nous l’avons déniché dans le musée de l’histoire de la Floride, à Tallahassee, capitale de cet état. C’est un camping-car monté sur une Ford T de 1923, âgé de 99 ans et déjà très en avance pour son époque. Muni d’une ingénieuse capucine qui se déplie verticalement après avoir ouvert latéralement les 2 volets qui forment le pare-brise. Ensuite il n’y a plus qu’à déplier la banquette-lit qui se pose sur le volant. Pour le reste, la kitchenette est bien présente, ainsi que le réservoir d’eaux grises. Cela dit, on ne cuisinait pas beaucoup à l’époque, ces voyageurs nomades étaient d’ailleurs dénommés les « touristes aux boîtes de conserve » (tin can tourists). Ils avaient même fondé une association qui vit toujours aujourd’hui et possède aussi bien un compte Instagram qu’un site Internet. Vous trouverez sur ce dernier toute l’histoire des Recreational Vehicles américains.


Ce beau musée entièrement gratuit nous a occupé deux bonnes heures, bien documenté sur l’histoire de la région, des us et coutumes des premiers habitants (les tribus indiennes Apalaches et Séminoles) jusqu’à la seconde guerre mondiale, en passant par l’arrivée des Espagnols, des Anglais puis des Américains, sans oublier toute la période esclavagiste et la guerre de sécession. Nous l’avons découvert un peu par hasard, au fil d’un parcours piéton guidé dans la ville, dont voici quelques étapes :





Nous terminons la journée et passons la nuit cette fois dans une ancienne gare de la ville reconvertie en centre artistique et récréatif, avec notamment des œuvres de street-art un peu partout. Quelques photos s’imposaient (Lundi 28, Talahassee, Floride)


La mission était bien remplie

Nous quittons notre quartier artistique pour aller visiter une ancienne mission espagnole, où de 1656 à 1704 ont cohabité indiens Apalaches fraîchement christianisés et colons Espagnols aussi bien religieux que militaires. Chacun logeait de son côté, mais tous se rassemblaient soit dans le « bâtiment civique » une immense hutte pouvant accueillir de 2000 à 3000 personnes et où se prenaient les grandes décisions, soit sur une grande place centrale où se tenaient entre autres des jeux de balle assez violents pouvant aboutir à la mort de compétiteurs. La vie de la mission a pris fin 2 jours avant l’arrivée des Anglais. Les occupants se sont dispersés en brûlant tout derrière eux.


Après un déjeuner dans Roberto sur le parking tranquille de la mission, nous repartons sur les routes de la Floride vers le Sud-Est. Nous allons loger cette fois dans un camping au bord d’une rivière où nous prévoyons une sortie canoé pour le lendemain. (Mardi 29, de Tallahassee à Otter Springs, Floride)


Aux « sources des loutres »

C’est un petit camping sympa que nous avons trouvé là, au milieu d’une étendue marécageuse qui se parcourt principalement …en kayak. Un parcours de toute beauté dans un calme absolu, entre les arbres les pieds dans l’eau et sous les arches formées par leurs branches. L’eau est tantôt noire tantôt couverte complètement de lentilles d’eau que notre embarcation écarte lentement. Nous n’avons pas vu de loutre, elles doivent être assez farouches ou ce n’était peut-être pas la bonne heure, mais par contre nous avons rencontré quelques bébêtes sympathiques, des farouches tortues, des alligators, une grosse araignée et même une sorte de boa de presque deux mètres de long. J’aurais aimé être plus précis mais j’avais oublié d’emporter mon mètre ruban. (Mercredi 30, Otter Springs, Floride)


A la recherche des lamantins

Ces mammifères aquatiques adorables ont pris l’habitude de venir passer l’hiver au chaud en Floride, dans cette région de Crystal River. En haute saison, c’est-à-dire en janvier et février, ils sont plusieurs centaines, mais sans doute moins nombreux que les touristes qui se pressent pour aller nager avec eux, une activité qui ne serait permise aux États-Unis qu’ici. Dès que les températures se réchauffent, ils repartent plus au nord et se raréfient. Autant dire que fin mars, ils sont déjà presque tous partis et sont beaucoup plus difficiles à apercevoir. Le bon côté c’est que c’est pareil pour les touristes. Devenus adeptes du kayak, c’est par ce moyen que nous sommes allés à leur recherche. Et nous en avons trouvés. Des moments furtifs qui n’ont duré que quelques minutes sur les deux heures de notre sortie. D’abord des gros museaux qui sortent respirer et des nageoires caudales toutes rondes qui sortent de l’eau, puis de grosses masses qui paraissent énormes glissant sous notre kayak et leurs têtes sympathiques qui s’approchent de la surface comme pour nous saluer avant de reprendre de la profondeur. Des moments trop brefs pour être pris en photo, mais qui resterons gravés dans nos mémoires. Nous vous mettons quand même quelques photos de lamentins qui ne sont pas de nous, afin de vous consoler ! (Jeudi 31, Crystal River, Floride)


Nous poursuivons notre route vers St Petersburg, ville de la côte Ouest de la Floride qui n’a rien à voir avec l’ancienne capitale impériale Russe – en plus ça ne s’écrit pas pareil – et qui peut se visiter en toute sécurité sans demander l’autorisation à qui-vous-savez. Le musée Dali nous tente bien, ainsi qu’un autre renommé sur le travail du verre. Forcément, nous vous en reparlerons !

Ci-dessous, notre trajet depuis le Mexique. Roberto a maintenant plus de 32 000 Km au compteur et se porte comme un charme. Pourvu que ça dure !