118. Rendez-vous au Bled

Nous voici donc entrés en Slovénie, un pays où nous n’avions jamais mis les pieds ou les pneus. Des premières impressions jusqu’au Lac de Bled, avec une petite incursion stratégique en Croatie, revivez avec nous cette grande boucle slovène.

SLO travel

Après avoir traversé l’Amérique centrale et passé au moins une et parfois plusieurs heures aux frontières entre chaque pays, ça fait du bien de passer d’un pays européen à un autre en ralentissant à peine devant le poste où un douanier lève à peine les yeux de son téléphone portable. Donc nous voilà en Slovénie. Ce qui frappe tout d’abord, c’est que l’on ne comprend plus rien à ce qui est écrit sur les panneaux. Un bon point, ça pour nous autres adeptes de dépaysement. Enfin du moment qu’on a un peu de réseau pour pouvoir utiliser Google traduction. Voulant goûter ce nouveau pays, nous roulons tout doucement en regardant partout, alors que les locaux nous talonnent avant de nous doubler d’un grand coup d’accélérateur, contredisant les lettres SLO qui figurent sur leur plaque minéralogique. OK les pressés, laissez-nous le slow-travel ! Parmi les autres premières impressions figurent le coût réduit du carburant (1,45 €/l de gazole) et des aliments, à contrebalancer avec le coût élevé du stationnement (souvent 3€/h) ou des aires pour camping-cars (minimum 35€/j soit le double de la France ou de l’Italie). Pour l’instant nous avons réussi à contourner ces endroits-là. Nous verrons par la suite.


La magie Koper

Dès le passage en Slovénie, le beau temps est revenu. Ça doit être un hasard, encore que nous avançons vers le Sud par rapport à nos destinations précédentes. Koper est l’une des rares villes côtières d’un pays dont la façade maritime n’a pas plus de 44 km de long. Autant dire que l’été ça doit être bondé. Imaginez la totalité des Français devant se partager les plages entre Narbonne et Perpignan au cœur de l’été ! En réalité, les Slovènes sont 34 fois moins nombreux, mais quand même.

Koper se présente comme un mignon petit port entouré d’un centre ville médiéval aux notes vénitiennes. L’opulence des édifices italiens n’est pas là, mais le charme opère tout de même.


Piran, reine de la reconversion

C’est l’autre ville côtière, sous forme d’une péninsule s’avançant dans la mer terminée par un ancien phare reconverti en clocher d’église. Il a tout de même donné son nom à Piran (ben oui, pyros en Grec ça veut dire feu). Comme à Koper, on retrouve une influence étrangère dans certaines constructions, comme ce palais vénitien, et cette petite statue aux airs danois (si vous séchez, regardez toutes les photos). Comme à Koper, la ville était autrefois construite autour d’un port presque intérieur, mais celui-ci a été reconverti en place parce qu’il en manquait. Quant à la cathédrale et au baptistère, ils semblent eux aussi avoir été reconvertis …en cages pour animaux si l’on en juge par la grille qui barre leur porte. Non sans avoir laissé juste derrière un tronc accessible aux fidèles, pas folle la guêpe !

Question subsidiaire : sur une petite place de Piran, on retrouve une sorte de chérubin portant des objets formant des cylindres creux (photo ci-dessus à droite). A quoi cela pouvait-il bien servir ? Réponse à la fin du sujet suivant.


Incursion en Croatie

Nous sommes loin d’avoir exploré toute la Slovénie. Nous y reviendrons plus tard. Mais nous avons trouvé plus pratique de compléter dès maintenant notre parcours en Istrie, cette péninsule triangulaire au bord de l’Adriatique et dont la majorité du territoire appartient à la Croatie. Le passage de frontière est plus marqué que le précédent, avec une transition brutale d’une zone assez peuplée (les 47 km de côtes slovènes) à un territoire très rural. Ça fait du bien de revoir des forêts, des champs, des montagnes. La première ville où nous faisons étape est de taille modeste et ne tranche pas forcément avec ce que nous avons vu en Slovénie. Un port, de jolies rues étroites et pavées, une basilique aux mosaïques scintillantes, des boutiques de souvenirs dont beaucoup de variétés de miel et de liqueurs.

Solution de l’énigme du paragraphe précédent :


Découverte inattendue

Nous faisons étape pour la nuit sur le parking du cimetière de Vodnjan, trouvé sur l’application Park4night que la plupart des voyageurs nomades utilisent pour trouver des endroits où se garer de jour comme de nuit et pour trouver quelques facilités comme l’eau ou les laveries self-service par exemple. Une fois l’endroit décrit, d’autres voyageurs laissent leur témoignage ou enrichissent la description initiale. C’est l’un de ces commentaires qui nous a incités à visiter la ville le lendemain, alors qu’elle ne figurait pas sur notre guide papier. Objet d’un festival annuel de street art, la petite ville de 6000 habitants, abhorre une trentaine de fresques sur ses murs et de vieux immeubles en pierre en son centre. Il y aurait aussi plusieurs centaines de momies de religieux dans l’église, mais celle-ci était malheureusement fermée. Heureusement, par définition, le street art c’est H24 !


Pula et ses vestiges romains

La pointe Sud de l’Istrie est occupée par la ville de Pula, dont la particularité est d’héberger de nombreux vestiges romains, comme un amphithéâtre, quelques temples, et quelques mosaïques. On pourra regretter que tout ça ne soit pas particulièrement mis en valeur. Ainsi ce chantier qui semble être là depuis un moment dans l’amphithéâtre, ces fondations de la maison d’Agrippine, protégées mais en plein dans la cour d’un immeuble, l’arrière du temple jumeau de celui d’Auguste utilisé comme mur arrière de la mairie, où encore cette mosaïque romaine vieille de 18 siècles, plutôt bien conservée mais que nous avons eu du mal à dénicher. Il a fallu traverser un terrain vague et contourner un parking avant d’oser s’aventurer dans une petite ruelle obstruée par un camion de chantier et un tas de gravats.


Champions de l’inutile


Rijeka

Nous n’avons pas trouvé grand charme à la 3ème ville de la Croatie : pas d’unité architecturale, beaucoup de circulation et peu de choses à visiter. Nous retiendrons tout de même 3 choses : une curieuse Cathédrale de Saint Guy toute en rond (pour danser peut-être ? ;)), un musée de l’informatique (voir plus loin) et la première fabrique mondiale de torpilles qui, faute de préservation, va finir par disparaître dans la mer. Ce serait pourtant dommage d’oublier que c’est ici, à Rijeka qu’ont été mises au point les toutes premières torpilles. La base pour les premiers essais a été bâtie en 1860, suivie de l’usine actuelle qui a fonctionné de 1930 à 1966. Aujourd’hui ce n’est plus qu’une carcasse de béton, mais ce bâtiment a révolutionné en son temps l’armement maritime, tout en étant sans doute responsable de milliers de morts. Alors, on le sauve ou on le sauve pas ?


PEEK & POKE

Ces commandes de programmation ne parlent qu’aux initiés, mais le sous-titre « Musée de l’informatique » est plus évocateur pour les autres. Mais j’estime faire partie des premiers, en ayant vécu toute la progression de l’informatique depuis le début. J’avais 10 ans quand la télévision familiale est passée du noir et blanc à la couleur, 20 ans quand j’ai soudé avec mes frères une centaine de composants sur un circuit imprimé pour en faire un jeu de ping-pong qui se branchait sur sur la télé, 22 ans quand j’ai eu mon premier ordinateur, le ZX81, une sorte de grosse calculatrice programmable en BASIC mais dont le programme, limité à 1000 caractères, s’effaçait lorsqu’on éteignait la machine. D’autres machines ont suivi, avec davantage de mémoire vive (RAM), la possibilité de stocker ou charger un programme sur une cassette audio, puis sur des disquettes et enfin des disques durs. J’avais 29 ans quand je me suis offert mon premier compatible PC (Amstrad PC2086) avec écran intégré et surtout un disque dur de 20 Mo (à l’époque c’était énorme, aujourd’hui le disque dur de mon ordi portable fait 1 To). A 30 ans, j’ai commencé à informatiser mon cabinet médical en développant un programme adapté à un fonctionnement en réseau. J’ai quasiment utilisé toutes les versions de Windows depuis la 3.1. J’ai vu apparaître Internet et les téléphones portables lorsque j’avais 40 ans. Alors oui, je suis vieux, j’ai l’impression d’avoir été un pionnier de l’informatique, et c’est sans doute pour ça que j’ai retrouvé avec plaisir un peu de toute cette progression fantastique dans ce musée, y compris un exemplaire de mon ZX81 !


Bouticocanardophilie


Le lac intermittent

Nous voici de retour en Slovénie, à Cerknika, dans une région au sol karstique, comprenez un gruyère de calcaire. avec beaucoup de grottes et de galeries souterraines. En été, ces formations absorbent bien l’eau et le lac se vide presque complètement. Pendant la saison des pluies, au printemps et à l’automne, le sous sol est vite saturé d’eau et le niveau du lac monte. Il peut passer en une seule journée de 0,1 km2, sa surface minimale, à 38 km2, sa surface maximale. C’est le plus grand lac intermittent d’Europe, et, lorsqu’il est plein, le plus grand lac de Slovénie.


Un château troglodyte

Construit directement dans une falaise à partir du XIIIème siècle, le château de Predjama était quasiment imprenable. Il fut tout de même assiégé vers la fin du XVè siècle par l’armée de l’empereur Frédéric III dont un parent avait été assassiné par l’occupant des lieux, le baron Erazem Lueger. Le siège dura plus d’un an, l’astucieux occupant continuant de s’approvisionner à l’extérieur grâce à un tunnel secret. La plaisanterie se termina le jour où, grâce à une complicité interne, l’armée envoya un boulet de canon sur le mur des toilettes à ce moment occupées par le baron, et qui s’effondra sur ce dernier. Mourir assis sur le siège après un an de siège, c’est un comble !

Nous avons pris plaisir à visiter ce château peu commun, grandement aidés par des audioguides en Français très bien faits.


Les grottes de Postojna

Nous avons pénétré dans le plus grand système de grottes de Slovénie, plus de 700 km de galeries sur une longueur de 20 km. D’abord en empruntant un petit train puis à pied.

Nous avions déjà vu un certain nombre de grottes dans notre vie, mais celles-ci sont véritablement exceptionnelles. D’abord par l’immensité du réseau, telle que dès les premiers mètres de voie ferrée apparait déjà une féérie de stalactites et stalagmites, certains ayant dû être coupés d’ailleurs pour que les têtes des passagers ne frottent pas trop au plafond. On nous a conduit dans des salles immenses, certaines pouvant accueillir des concerts avec 10 000 places assises. Tout est à la fois protégé et bien mis en valeur. Du grand spectacle, assurément.


Bébés dragons ou poissons humains ?

Dans les eaux profondes du réseau de grottes de Postojna, on trouve plusieurs espèces animales qui se sont bien adaptées à l’obscurité. Parmi elles, le protée anguillard, une sorte de salamandre aquatique à la peau rose pâle, dépourvue de tout pigment – devenu inutile dans le noir – et dont les yeux se sont atrophiés pour la même raison. Il arrive régulièrement que des grosses crues fassent remonter ces bestioles à l’extérieur des grottes, qu’à une certaine époque on imaginait peuplées de dragons. Le corps ondulé et les branchies rouge vif ont fait prendre les protées pour les bébés de ces monstres souterrains. Ceux qui ignoraient la légende ont plutôt parlé de poissons humains, en raison de l’aspect et de la couleur de la peau proches de celle des Slovènes.

La bête

A côté des grottes, nous avons pu voir, dans un vivarium plongé dans la quasi-obscurité, plusieurs exemplaires de cette espèce peu connue, capable de rester dix ans sans se nourrir, de régénérer ses membres perdus et de vivre une centaine d’années.

Alors, bébés dragons, poissons humains ou protées anguillards ? Quel nom préférez-vous ?


Le Lac Sauvage

Après le Lac Intermittent de Cerknica, voici le Lac sauvage. En ce jour de beau temps, ce tout petit lac a l’air tout tranquille, mais après une forte pluie, son niveau peut monter brusquement et même un geyser peut se former. C’est qu’il est relié à des galeries karstiques en profondeur, drainant l’eau d’un vaste territoire. Pour le voir dans cette phase, regardez cette vidéo sur Youtube.

Mais pour nous il est resté calme, et nous avons pu nous promener le long de cette rivière qui mène à Idrija, notre prochaine étape.

Juste au-dessus de la rivière, nous avons suivi un canal conduisant une eau limpide jusqu’à un bâtiment dans lequel nous avons pu entrer

A l’intérieur se trouve la roue géante d’un moulin, de 13 mètres de diamètre, dont l’action est d’animer …une pompe à eau. C’est que, juste à côté, se trouve l’entrée d’une mine. Mais une mine de quoi ?


Mercure l’insaisissable

En 1490 à Idrija, un fabricant de seaux a trouvé dans un ruisseau des petites gouttes de métal liquide. Ce fut le début d’une ère minière extraordinaire pour la ville qui a produit en 500 ans 13% du mercure mondial, le récoltant directement sous forme liquide ou le produisant à partir de minerai (cinabre). Si forcément Idrija s’est enrichie et a fait grandement progresser la science, ça n’a pas été aussi bénéfique pour la planète puisque les 2/3 du mercure produit ont servi à l’extraction de l’or et de l’argent en Amérique, avec la pollution qui s’en suit. Et ça n’a pas été si bon non plus pour les mineurs qui ont souffert de la toxicité du vif-argent, autre nom donné au précieux métal liquide. Aujourd’hui encore, les rivières locales restent polluées et la ville menace de s’effondrer sur le gruyère de galeries qui traversent son sous-sol.

Gouttes de mercure dans un cube de résine
(œuvre d’art du musée)
Miroir ô miroir, dis-moi qui est la plus belle…

Quant à l’origine du nom du métal, il aurait été associé des sa découverte à Mercure le messager des dieux romains connu pour sa rapidité qui le rendait insaisissable. Un peu plus tard, on donna le nom du métal à la planète la plus proche du soleil et donc la plus rapide à en faire le tour (88j). Par ailleurs, Mercure est le dieu des voyageurs, ce qui nous conviendrait parfaitement s’il n’était pas aussi le dieu des voleurs et des commerçants… Bizarre cette association !


Faire dans la dentelle

Les progrès technologiques dans l’extraction du mercure au XVIIè siècle a fait chuter la demande en main d’oeuvre à Idrija et, comme dans d’autres cités minières, ce sont les femmes qui ont pris le relais économique de leur famille en produisant de la dentelle, avec la technique des fuseaux qui demande un temps considérable mais offre une qualité exceptionnelle. La première école de dentellerie a ouvert ici en 1876 et est toujours en activité en 2024. On y accueille des jeunes filles de 6 à 15 ans, toutes volontaires, qui suivent une formation gratuite de 3 heures par semaine et qui dure 6 ans ! Une partie du musée municipal d’Idrija est consacrée à cet art et présente des oeuvres magnifiques, comme on peut en juger sur les photos.


…et 27 font douze

La petite ville de Škofja Loka a quelque chose de spécial en Europe : elle fait partie du douzelage (sic) initié par la cité normande de Grandville en 1991, en gros un jumelage avec 11 autres villes de l’Union Européenne. Seulement voilà, l’Europe entre temps s’est élargie à 28 pays, mais le terme de douzelage est resté.

Sinon Škofja Loka serait la ville slovène au centre médiéval le mieux conservé. Ce qui ne saute pas aux yeux d’emblée, mais le tremblement de terre de 1511 qui a dévasté la ville y est peut-être pour quelque chose. Nous y avons trouvé tout de même une architecture originale et visité dans son château un intéressant musée sur le patrimoine culturel slovène.




Alimentaire mon cher Watson

Juste un titre bidon pour introduire quelques spécialités trouvées dans les magasins. On ne peut pas dire pour l’instant que nous ayons été transcendés par la cuisine slovène.


Arrivés au Bled

Nous terminons notre remontée depuis la pointe Sud de l’Istrie avec le Lac de Bled. Une vague pluvieuse nous coince presque 48h dans Roberto, l’occasion de se reposer un peu et de rattraper notre retard qui dans la planification de notre itinéraire qui dans l’avancée du blog. Dès l’accalmie nous partons à la rencontre de ce lac très prisé des touristes en saison, mais quasi désert en février surtout avec la récente pluie. Partant pour un tour du lac à pied (6 km) nous prenons le temps d’apprécier ses éléments emblématiques : l’ilot central avec sa petite église, le château perché sur son rocher, la grande église de la ville et les bateaux au taud en toile rayée qui relient les quais à l’ilot. Notre promenade s’arrête après à peine 1 km, le sentier piéton étant fermé pour travaux sur 200 ou 300 mètres. Nous pensions emprunter la route, mais celle-ci, tout en étant autorisée aux voitures, est interdite aux piétons. En bon français, nous tentons tout de même le passage par la route, mais un vigile dans une voiture banalisée nous rappelle vite à l’ordre. Voilà comment sont traités les piétons à Bled. Est-ce pour nous forcer à reprendre notre voiture et nous garer à l’autre bout du lac pour 6 euros de l’heure ? Qui sait…



Carte


105. Mon Panama paper

Bienvenue au Panama, 23ème pays parcouru par Roberto (plus de 75 000 km au compteur) et dernier pays d’Amérique centrale. Nous ne nous attendons pas à une révolution paysagique ou culturelle par rapport au Costa Rica, d’autant plus que nous connaissons un peu le pays pour l’avoir visité juste avant le premier confinement. Mais c’était sac au dos et transports en commun. Notre fidèle destrier nous permettra sans doute d’élargir un peu le champ de nos anciennes découvertes. A voir…

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Comme toujours, on commence par une plaque minéralogique.
Très sobre ici. Ils auraient pu mettre une photo de nature ou du canal !
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A l’instar d’autres pays, pas de plaque à l’avant : chacun son style !

Chaud et froid

C’est en partie pour retrouver un peu de fraîcheur que nous avons quitté la côte Caraïbe du Costa Rica et même celle du Panama et pris un peu d’altitude dans la Cordillère centrale. Après plusieurs jours à 35°C et autant de nuits à 29-30°C, nous étions heureux de perdre les six degrés et demi inhérents à tout gain d’altitude de 1000 m. Quelques averses ont été aussi les bienvenues, y compris pour le nettoyage des panneaux solaires. Nous nous sommes trouvés un petit coin tranquille dans la verdure et avons savouré une nuit tranquille à 21°C dans Roberto. Le paradoxe, c’est que notre première visite du lendemain a été pour des piscines thermales naturelles, entre 35 et 42°C, et dans lesquelles nous nous sommes immergés avec plaisir. Allez donc comprendre !

Dès l’entrée au Panama, nous gagnons très vite la zone montagneuse pour prendre un peu le frais
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Nous passons la nuit bien au frais, à plus de 1000m d’altitude et seuls au monde dans cette clairière
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Du coup le lendemain, nous sommes en pleine forme et décidons – pourquoi pas – de tester des sources chaudes. C’est près de la petite ville de Caldera. La route est difficile, les ponts sont larges et sonores, et Roberto a un peu sali ses pneus

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Tout ça est sur la propriété d’une famille panaméenne, dans un cadre bucolique

La ville du printemps éternel

Près du volcan Barú, le point culminant du pays (3745m), la petite ville de Boquete jouit d’un climat printanier permanent grâce à ses 1200m d’altitude, et l’humidité élevée permet aux arbres, aux fleurs, mais aussi aux caféiers de pousser sans limites. La ville a eu le malheur d’être classée « meilleur endroit pour prendre sa retraite » par un média américain, dont les compatriotes sont laissé tenter en masse. Les résidences, restaurants et autres commerces ont poussé comme des champignons, remplaçant les champs de caféiers et les petites maisons des indiens Ngäbe, occupants initiaux devenus minoritaires. Les prix aussi ont poussé fort, au point que même les sentiers de randonnée sont payants.

Comme il n’y a pas grand-chose d’autre à faire, nous avons tout de même emprunté avec une famille de voyageurs français le « Pipeline Trail », le moins difficile d’entre eux, qui comme son nom l’indique suit une conduite d’eau venue de la montagne et qui, comme son nom ne l’indique pas permet de temps en temps d’apercevoir des quetzals, oiseaux majestueux et rares d’Amérique centrale. Nous n’aurons pas cette chance, mais la balade était tout de même sympathique, permettant de côtoyer une végétation riche, dont un arbre millénaire, et se terminant par une belle cascade.

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Boquete, ville de montagne verte et fleurie, mais sans grand charme malgré tout
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Les routes alentour sont tout de même bien fleuries, comme celle qui nous a amenés au Pipeline Trail

Les lacs de Volcán

Dit comme ça, ça peut paraître bizarre, mais Volcán est une ville. Son nom est bien lié au volcan Barú qui la surplombe, mais les lacs eux n’ont rien à voir avec une quelconque activité volcanique. Ils sont connus en tant que zone naturelle humide, la première du Panama et la cinquième de l’Amérique centrale, rien que ça. Alors comme nous étions dans le coin, nous sommes allés voir. Étonnamment, cette réserve est sur un territoire privé et nécessite la traversée d’une piste d’aviation pour la rejoindre. L’accès est malgré tout gratuit « du moment que l’on respecte les lieux et que l’on ne laisse rien traîner ».

Nous empruntons une jolie route bordée de pâturages en guettant à la fois les nuages sur le volcan  en arrière-plan, dès fois qu’il se découvrirait, et les nids-de-poule sur la chaussée. Nous arrivons bientôt à l’aéroport. Nous traversons la piste après avoir demandé l’autorisation non pas à la tour de contrôle mais à un gentil monsieur qui entretenait le jardin du café attenant. La route s’enfonce ensuite dans une forêt et prend le statut de chemin boueux tandis que les arbres peu à peu se referment sur nous. Quand les branches commencent à frotter sur la carrosserie, nous regrettons de ne pas avoir stoppé plus tôt, mais impossible de toutes façons de faire demi-tour. Nous arrivons enfin au bord du premier lac, joli mais pas extraordinaire et exempt de l’extraordinaire faune aquatique que nous espérions. Tant pis, cela aura sorti un peu Roberto de sa routine.

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Le grand bleu au réveil derrière les bancs bleus. Nous avons passé la nuit ici au parc central de Volcán
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Au loin on aperçoit le volcan Barú, point culminant du Panama
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pour aller voir ce joli lac, sous bonne garde d’une résidence privée. Malgré l’appellation de réserve naturelle, nous ne verrons pas le moindre animal

La ferme de Dracula

De 1400 m d’altitude, nous poursuivons la route principale jusqu’à 2000 m (ah ! la bonne fraîcheur) après la petite ville de Cerro Punta. L’activité agricole y est intense, grâce au climat frais et humide, et les montagnes sont ici recouvertes d’une mosaïque de champs multicolores aux motifs géométriques variés, du plus bel effet. Les bordures de routes sont particulièrement fleuries, comme s’il s’agissait des allées d’un jardin botanique géant. Des stands de vendeurs de fruits et légumes sont alignés tout du long. Avec la petite brume qui stagne sur les sommets alentour, c’est magnifique.

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L’arrivée à Cerro Punta : un environnement plus agricole que tropical
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Mais nous voilà arrivés à la ferme de Dracula. Déjà l’inscription au-dessus d’un portail à la peinture défraîchie en impose. Le portail était fermé, mais à notre arrivée il s’ouvre lentement en grinçant. Une voiture en sort. Les gens ont l’air normaux (je ne sais pas pourquoi je dis ça) et nous invitent à suivre le chemin qui s’enfonce dans une forêt dense et sombre, tandis que leur voiture disparaît et que le portail se referme derrière eux (en grinçant). Le long du sentier, tandis que des lianes nous effleurent le visage et que des feuilles géantes nous frôlent les bras, nous apercevons quelques panneaux inquiétants. L’un dit que les enfants égarés seront donnés en pâture à Dracula. Sur l’autre, apposé sur une grille rouillée et fermée, figurent une espèce de sorcier menaçant, muni d’un bâton et d’une épée, et une inscription dissuadant toute tentative de passage. Nous filons sans même ralentir vers la réception.

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Arrivée à la Ferme de Dracula : l’ambiance change soudain
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Là nous attend un bureau vide, des tables et des chaises vides, une vitrine réfrigérée (heureusement ?) vide. Nous appelons timidement, mais personne ne vient. Sauf un chien, un fox-terrier qui nous rappelle Baxter. Finalement une employée apparaît. Elle est un peu pâle pour le pays, mais sans plus.

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Après que nous ayons acquitté le droit d’entrée (à noter qu’elle n’accepte pas les billets de sang euh de cent) elle nous dit que le comte est bon (lèche-bottes, va) et nous autorise à visiter, mais seulement avec le guide et sans aller dans le couloir sombre avec les grosse feuilles qui pendent ni dans la pièce fermée par une grosse grille fermée par un cadenas et couverte de mousse verdâtre. On se demande bien ce qu’il y a à l’intérieur.

Le guide nous fait la visite de la ferme, essentiellement de grands jardins de plantes exotiques. Il est très aimable, ce qui paradoxalement nous inquiète. Sans parler de Baxter qui ne nous lâche pas d’une semelle. J’allais demander des informations sur le propriétaire des lieux quand soudain Dracula apparaît. En tenue sombre avec une note pourpre, le visage menaçant, immobile et silencieux. Le guide se racle la gorge et nous fait finalement les présentations.

Dracula, c’est le nom d’une famille d’orchidées, abhorrant tantôt une tête de chauve-souris tantôt une tête de singe et pourvue de sépales pourpres en imposant pour deux longues canines. Comme son homonyme transylvanien, l’orchidée « dort » le jour, la tête basse, et revit la nuit, se redressant.

Bon, plus de peur que de mal. Mais quand même, à aucun moment dans le jardin je n’ai vu de culture d’ail. C’est un signe, ça, non ?

Vampirisme mis à part, cette Finca Dracula regorge d’espèces végétales tropicales dans un jardin mi-aménagé, laissant une part belle mais semble-t-il partiellement contrôlée à l’improvisation de dame nature. Malgré nos visites récurrentes dans ce type d’établissement, nous arrivons toujours à trouver des plantes que nous n’avions jamais vues. Cela semble presque sans limites.

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Un tout autre San Francisco

Ce village de l’état de Chiriqui, dans ce que l’on pourrait appeler le Panama profond, n’a évidemment rien à voir avec sa mégapole homonyme américaine. Créé en 1621 par une cinquantaine d’indigènes venus exploiter des mines d’or récemment découvertes dans la région, le village s’est peu à peu agrandi autour de son église. Les huttes aux toits de paille sont devenues des maisons de béton entourées de grilles métalliques, les chemins de terre se sont transformés en routes asphaltées (avec trous), les minivans roulant à toute allure ont remplacé les chars à bœufs et les commerces ont poussé, comme ce supermarché Jean XXIII que personne chez nous n’oserait appeler comme ça.

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Une maison typique de San Francisco en 2023. Eh non, elle n’est pas bleue !
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Les maisons sont bien fleuries. Certes le climat aide un peu, mais ne fait pas tout

Mais l’église datant de 1630 est toujours là, juste devenue monument historique national entre temps. Aussi simple à l’extérieur avec ses murs en pierre et son clocher rectangulaire que riche à l’intérieur. Elle recèle de multiples sculptures baroques qui ont la double particularité d’avoir été non pas importées d’Espagne comme cela se faisait habituellement à l’époque, mais au contraire réalisées par des artistes locaux, et d’intégrer une influence indigène dans les sujets, comme ces chérubins dont les têtes représentent celles des artistes eux-mêmes. Malgré la panne d’éclairage le jour de notre passage, nous avons pu admirer ces superbes retables en bois peints, formés chacun de 120 à 480 pièces assemblées.

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L’église San Francisco de la Montaña, sobre à l’extérieur,
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San Francisco de la Montaña (son nom complet) est aussi connue pour ses bains en extérieur, comme le Balneario El Salto. Malgré une enseigne aguichante, le centre d’accueil est tout décrépit, et la zone de baignade se résume à une mare boueuse dans laquelle se déversent quelques petites cascades. Quelques gamins s’y ébattent pendant que leur mère y lave le chien. Nous ne tenterons pas l’expérience…   


Ocu-passions

Claudie notre traceuse d’itinéraire a été attirée par cette petite ville de 7000 habitants pour son artisanat. On y fabrique en effet des costumes traditionnels et des chapeaux proches du vrai panama équatorien, tout en maintenant de nombreuses pratiques folkloriques, notamment lors de la semaine du Manito Ocueño juste après le 15 août. Malheureusement, les boutiques d’artisanat traditionnel sont toutes fermées et nous ne verrons rien de tout ça. Une bonne façon d’en avoir une idée est de consulter la page Instagram de l’association @conoce_ocu.

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Festival de la Manito d’Ocu (2ème quinzaine d’août) exhibant chapeaux et costumes traditionnels
Photos extraites du site panamaamerica.com et de la page instagram @conoce_ocu
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Malheureusement rien de tel le jour de notre passage : que des marchands d’alimentation et de vêtements ordinaires

De mon côté, j’ai été inévitablement attiré par les turlupinades réalisables à partir du nom de la ville. En cherchant peu, j’ai trouvé une enseigne de supermarché, un site internet et une affiche électorale pour illustrer mon propos que vous retrouverez sur les légendes. Quant au nom du festival ci-dessus, sachant que « manito » se traduit par « petite main » et qu' »ocueño » est le gentilé d' »Ocu », je vous laisse la responsabilité de la traduction.

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La dernière, je vous la laisse. Manito ça veut dire « petite main ». A vous de traduire…
Copie d’écran du site educapanama.edu.pa

Les plus pointilleux d’entre vous souligneront volontiers que le u se prononce ou en Espagnol et que mes jeux de mots laids ne valent rien. Alors pour ceux-là, je leur ai déniché un autre document. En Espagnol puisqu’ils savent tout. Lisez donc la légende.

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Indubitablement, ce sont les accords d’Ocu ! (bien prononcer le « ou » final)

La péninsule d’Azuela

Peu visitée par les touristes en dehors du littoral, elle présente tout de même quelques attraits qui méritent le déplacement.

1. Wilfredo Pimentel Campos

C’est juste le maire d’Ocu. C’est pour voir si vous suivez et parce que Ocu fait partie de la péninsule en question.

Notez bien que la municipalité est tout à fait irréprochable financièrement et que le maire d’Ocu n’a rien à voir avec les Panama Papers…

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2. Pesé

C’est là où nous avons passé la nuit, sur un terre plein au-dessus de la route principale trouvé à la tombée de la nuit après avoir fui un autre spot qui paraissait tranquille mais qui a peu à peu été envahi de gens venus faire la fête. Nous avons eu tort – mais c’était la nuit – de ne pas être allés nous présenter aux voisins, qui du coup se sont plaints qu’un véhicule bizarre s’était garé là. Nous avons eu droit à un contrôle de police à 22h, très courtois malgré tout. Nous pensions finir la nuit tranquille mais à 6h du matin, des camions citernes se sont succédé juste au-dessous de nous pour remplir leur engin avec une bonne grosse pompe bien sonore. C’est aussi ça la vie nomade… Pesé c’est enfin le site d’une célèbre distillerie de canne à sucre, qu’on ne transforme pas en rhum ici mais en « seco ». Nous sommes allés tenter notre chance mais les visites n’ont pas repris depuis la pandémie.

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Ci-dessus : Roberto sur son terre-plein. Nuit tranquille entre 22h (passage de la police) et 6h (début du pompage)
Ci-dessous : champs de canne à sucre au bord de la route et bouteilles du produit fini (seco)


3. Los Santos

Comme nous l’apprend le petit musée de la municipalité, cette ville de nature rebelle a été la première à autoproclamer son indépendance de la couronne espagnole le 10 novembre 1821, entraînant par contagion l’ensemble du pays en moins de 3 semaines (le coronavirus a fait moins bien) puisque le 28 du même mois tout était signé. Une copie du document est fièrement affichée dans ce musée aux côtés d’une cuisine fin XIXè reconstituée et dans un joli jardin avec vue sur l’église elle-même pleine de charme.

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4. Parita

Cette ville possède la seule église du pays dont le clocher est au-dessus de la porte et non pas dans un angle pour assurer sa stabilité. Impossible de voir l’intérieur, c’était fermé et en plus la pluie commençait à tomber fort.

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5. Nata

Encore une église mais pas n’importe laquelle : construite en 1522, elle serait la plus ancienne des Amériques côté Pacifique. Bâtie dans la douleur par des esclaves amérindiens qui ont intégré, peut-être pour se consoler, plein de symboles de leur propre religion dans les sculptures catholiques : nombreux motifs floraux et fruitiers, présence de serpents à plumes, etc. Quelques fresques murales dans le centre-ville aussi, mais la pluie battante nous a poussé, là aussi, à repartir assez vite.

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Façade ensoleillée à notre arrivée mais le ciel ne présageait rien de bon !
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Intérieur tout en bois, qui parait assez frêle comme ça mais a pourtant bien résisté au temps
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Un rien de street art aussi
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Sortis de la péninsule d’Azuela, nous remontons vers Panama City. Mais pas question de s’immerger de suite dans la fournaise de la capitale, nous prenons le chemin des écoliers et allons vers El Valle, un village entouré de montagnes situé à 600 m d’altitude. Mais ça c’est pour le prochain article !

Panama Ouest
Notre parcours un peu erratique dans l’Ouest du Panama. En version zoomable ici

103. Costa Rica troisième décade

De taille modeste puisqu’il ne représente qu’un dixième de la surface de la France, le Costa Rica est assez vite traversé. Nous parcourons cette fois la région au Sud-Est de la capitale, avec sa zone montagneuse à plus de 3000 m d’altitude, avant de revenir vers la capitale pour y prendre l’avion. Car oui, nous allons faire une courte escapade vers la France pour aller voir grandir notre petite fille.

La colline de la mort

Nous poursuivons notre route vers le sud-est du pays, toujours dans la chaîne montagneuse de la cordillère de Talamanca. Roberto décroche même son record d’altitude au point de stationnement du Cerro de la Muerte à 3440m, tout près du point le plus élevé de la route panaméricaine à 3335 m

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Posés tranquilles au milieu de nulle part, à 3400 m d’altitude…

Nous allons passer là une nuit très tranquille au milieu de nulle part, profitant d’un paysage sublime à 360° et de couleurs extraordinaires au coucher du soleil. En l’absence de brume à l’horizon, on peut apercevoir ici à la fois l’Océan Pacifique et la Mer des Caraïbes. Mais nous n’aurons pas cette chance, bien que le ciel au-dessus de notre tête ait été parfaitement dégagé.

Le Cerro de la Muerte, ou colline de la mort, tient son nom des pionniers venus de la vallée centrale, autour de San José, planter du café et élever du bétail dans la vallée d’El General de l’autre côté du col. Mais le froid lié à l’altitude en a tué quelques-uns.

De notre côté, nous avons survécu, mais nous avons préféré mettre le chauffage pendant la nuit, ce qui n’était pas arrivé depuis le nord des États-Unis !


Justin Schmidt, l’homme un peu beaucoup piqué

C’est en visitant l’insectarium du Jardin des Papillons de Santa Elena que l’on peut remarquer cette affiche posée pas loin d’un bocal à scorpion, intitulée « Index de la douleur par piqûre d’hyménoptères de Schmidt ». Cette échelle insolite a été créée par un entomologiste américain qui, pour la science et par curiosité personnelle (il aurait débuté dès l’âge de 5 ans…) s’est laissé piquer par plus d’un millier d’insectes aux fins de classifier et d’en décrire la douleur ressentie.

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L’échelle de Schmidt (désolé pour les non anglophones)

On part du niveau 1 avec par exemple la fourmi de feu, que Claudie et moi avons expérimentée aux Antilles, et dont la piqûre est décrite comme « pointue, soudaine et légèrement alarmante ». Au niveau 2, celle des abeilles est vécue comme « riche, copieuse et légèrement croustillante ». Un cran au dessus, la fourmi rouge moissonneuse provoque une douleur « audacieuse et implacable, comme un ongle incarné attaqué à la perceuse ». Enfin au niveau 4, le maximum, on trouve la guêpe Pepsis, avec sa piqûre « aveuglante, féroce, électriquement choquante ». Plus de 80 espèces différentes d’hyménoptères ont été comparées ainsi pour établir cette échelle.

L’auteur s’est évidemment piqué au jeu et a cherché tout au long de sa vie professionnelle le rôle et les mécanismes des piqûres et de la douleur provoquée chez les insectes piqueurs. Ce grand homme est décédé au début de cette année à l’âge de 75 ans, d’une maladie indolore. Dans le cas contraire, il n’aurait certainement pas hésité à demander à se faire piquer,


Flora Rica

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Décor floral en bordure d’un champ de caféiers

Le Costa Rica ne brille pas tant par sa population, qui nous semble perdre ses traditions pour adopter celles des occidentaux, que par la richesse de sa nature, vraiment exceptionnelle. Pour rappel, 6% de la biodiversité de la Terre est concentrée ce petit pays qui n’en occupe que 0,0003% de sa surface émergée. Et qui fait maintenant beaucoup d’efforts pour préserver ce patrimoine après avoir laissé s’étendre la déforestation pendant des décennies. Tant mieux pour nous qui profitons de cette nature exubérante et belle, qui découvrons chaque jour des espèces que nous ne connaissions pas, et pas seulement animales. Les arbres ici sont géants, les feuilles sont immenses au point de servir d’abri en cas de pluie, les fleurs sont plus belles les unes que les autres. Et nous découvrons encore, malgré nos multiples voyages antérieurs, des fruits que nous ne connaissions pas. Mais pourquoi partout ailleurs fait-on pousser du béton ?


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Série feuilles géantes : ici, pas de risque de perte en eau, mais par contre forte compétition pour recevoir de la lumière, donc tout est grand. Celles du milieu s’appellent le « parapluie du pauvre »




Le grand bleu

En cette période festivalière à Cannes, le sujet aurait pu concerner le célèbre film de Luc Besson qui y a été présenté en 1988 (toute ma jeunesse…), pour y être plutôt mal accueilli d’ailleurs par les professionnels alors que le public en fera un film culte et que 33 ans plus tard nous en tirerons le nom de notre fourgon (si vous avez oublié pourquoi, revenez sur le menu A propos/Qui sommes-nous ? ou cliquez directement ici)

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Le film Le Grand Bleu présenté à Cannes en 1988 (photo du site premiere.fr)

Non, le grand bleu c’est le Morpho, ce grand papillon si typique de l’Amérique centrale avec ses ailes brunes et parées d’yeux de rapaces lorsqu’on les regarde de dessous, et d’un bleu étincelant et métallique en vue du dessus. C’est le plus souvent en vol solitaire qu’on le voit en randonnant en forêt ou près d’un cours d’eau, apparition magique et furtive qui ne laisse que rarement la possibilité de sortir son appareil photo. Heureusement pour nous, mais un peu moins pour lui, les fermes à papillons permettent de l’observer de plus près, et elles sont nombreuses dans le pays.

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Le fameux Morpho bleu

Le plus étonnant est que ce papillon ne possède pas l’once d’un pigment bleu sur lui. La si jolie couleur est due à la réflexion spécifique des rayons bleus du spectre solaire par des couches d’écailles microscopiques espacées précisément de la longueur d’ondes correspondant à cette couleur. Si vous voulez en savoir plus, cliquez ici.

Un vol de Morpho capturé en pleine nature
La face ventrale des ailes : ce n’est pas le même bleu !

Escapade

Notre seul souci dans ce périple est d’être éloigné de la famille et des amis. Les économies réalisées (involontairement) lors de notre vie nomade nous permettent de rentrer de temps en temps en France et de compenser ce manque. Nous nous sommes donnés une grosse semaine pour voir notre seconde fille, notre gendre et notre petite-fille de 5 mois à Saint-Etienne. Que du bonheur de voir grandir cette petite merveille, si tonique et si sage à la fois, et de la voir maintenant nous rendre nos sourires. Nous rentrons reboostés sur San José, prêts pour reprendre la route.

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Nous dormirons ici les nuits qui précèdent et suivent notre vol. Peu glamour par rapport aux spots nature de ces derniers jours, cet endroit s’est avéré étonnamment tranquille (il n’y passe aucun train la nuit, et assez peu dans la journée).
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A l’arrivée à St Etienne, l’ambiance est loin du Costa Rica ! Bon, c’est juste la vue de notre logement. En vrai la ville a quand même de beaux atouts…
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Mais nous ne sommes pas venus pour l’ambiance, nous sommes venus voir notre petite merveille. Mélissandre a maintenant 5 mois. Elle est aussi sage que tonique, nous parle et nous sourit volontiers
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Bref nous sommes des grands-parents comblés !
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Escapade terminée, c’est déjà l’heure du retour et de la reprise du voyage
Parcours Costa Rica 3
Le parcours modeste de Roberto pour cette 3ème décade, en version zoomable ici

100. Nicaragua, suite et fin

Pour ce centième article du blog, nous rejoignons le Sud du Nicaragua. Tout aussi riche en paysages volcaniques que la précédente, avec des lacs de cratères et des volcans en activité, dont le célèbre Masaya où nous observerons pour la première fois un superbe lac de lave en fusion. Les villes aussi ont leur intérêt, de la capitale Managua et sa forêt d’arbres lumineux à son ancienne rivale Granada qui n’a pas besoin du miroir de son lac pour dire qu’elle est la plus belle, en passant par les Villages blancs, pas si blancs que ça. Un beau programme, non ?

Managua-la-forêt

C’est depuis le début de notre voyage l’un de nos plus jolis spots urbains pour passer la nuit. Nous sommes sur la Place de la Foi, en plein cœur de Managua, la capitale du Nicaragua. La place a été baptisée ainsi suite aux passages de Jean-Paul II dans le pays en 1983 et 1996, et est centrée par un grand obélisque en l’honneur du pape. Mais la particularité du lieu est liée à l’installation en nombre croissant d’arbres de vie, reproduisant le design créé par l’autrichien Gustav Klimt. Ces structures métalliques géantes, de 12 à 17 m de hauteur, déjà fort esthétiques dans la journée, s’illuminent merveilleusement la nuit.

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D’étranges reflets sur les phares de Roberto…
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…un des plus beaux endroits que nous ayons trouvé en ville pour passer la nuit
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Mais le mieux, c’est le soir. Ces « arbres de la vie » s’éclairent tous les uns après les autres
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et plus le ciel s’assombrit, plus les arbres ressortent, y compris sur la carrosserie de Roberto
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A la nuit noire, quel spectacle ! A 22 000 $ l’arbre, ça peut !

Nous serions admiratifs sans réserves s’il n’y avait LA polémique. Dans l’un des pays les plus pauvres du monde, les détracteurs sont nombreux à dénoncer la multiplication dans toute la ville de ces structures à 22 000 $ pièce, 170 actuellement, et qui consommeraient 1 million de $ en électricité chaque année. Ils sont à l’initiative de la première dame du pays, également vice-présidente, connue pour d’autres excentricités comme la construction de patinoires dans un pays où la température moyenne est de 35°C, son allocution quotidienne de midi sur l’une des 4 chaînes gouvernementales, ou encore la récupération de la religion pour son propre compte. Elle est tantôt surnommée la sorcière, tantôt la seigneure des anneaux en raison de la trentaine de bagues qui ornent ses doigts. Le site elle.fr en fait une description éloquente ici. Ces arbres sont devenus la cible des manifestants dès lors que l’on veut toucher à la sécurité sociale ou aux retraites. 30 d’entre eux ont été abattus ainsi lors des émeutes de 2018. Plus efficace ici que de bloquer les dépôts de carburant ou les incinérateurs d’ordures.

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Si la nuit a été calme, nous avons été réveillés au lever du soleil (5h30…) par une manif qui passait

Du coup le spectacle a un goût amer, tout en étant sublîme à la fois. Étrange sensation…

Le reste de la ville parait fade à côté, entre vieille cathédrale abandonnée suite à 2 tremblements de terre majeurs, grands bâtiments publics et statues en l’honneur de quelques personnalités dont le poète Ruben Dario mais surtout en l’honneur des révolutionnaires et du parti au pouvoir dont on peut même lire le sigle sur une colline voisine. Hollywood en version nicaraguayenne…

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Une avenue de Managua, et encore des arbres de métal
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Ici le palais du gouvernement… transformé en musée
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Un lac de cratère en plein coeur de la capitale. Théoriquement très couru par les habitants. Mais personne ce jour là
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Malgré tout un beau panorama de là-haut, malgré la brume. On voit nos fameux arbres en haut à gauche et les drapeaux de l’assemblée nationale à droite
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Tiens, sauriez-vous déchiffrer cette inscription mystérieuse ?

Un lac de lave accessible au public !

Je ne crois pas qu’il existe beaucoup d’endroits au monde où de la lave incandescente est à la portée de non-vulcanologues comme nous. Malgré nos multiples voyages, jamais nous n’avions rencontré cette situation en tout cas. Et la cerise sur le gâteau est que l’accès est simplissime : une bonne route asphaltée mène directement au bord du cratère, à 600 m d’altitude. Aucun effort !

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Par la route au-dessus, on arrive directement au bord du cratère Santiago du Volcan Masaya

L’entrée se fait en fin d’après-midi, pour un prix modique (compte-tenu de la rareté de la chose) de 10 $ par personne. Une jolie petite route serpentant entre les coulées de lave (la dernière date de 1999) mène d’abord à un petit musée donnant toutes les explications nécessaires, puis à un parking où des employés s’affairent à vous mettre en bonne place. Déjà, juste avant d’arriver, on aperçoit une fumée gris-orangée – elle a pris les couleurs du soleil couchant – s’élever au-dessus du bord du cratère. En s’approchant, nous constatons qu’elle sort d’une espèce de puits cylindrique, bizarrement sans odeur. Il faut dire que le vent souffle dans le bon sens, c’est-à-dire pas vers nous. Il est trop tôt pour voir la lave, alors nous allons faire une petite balade sur les cratères voisins.

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Le temps que la nuit tombe, une petite visite au cratère San Fernando, celui par où tout a commencé ici

Une vingtaine de minutes après le coucher du soleil, les premières lueurs rougeâtres apparaissent au fond du cratère, variant en intensité selon la quantité de vapeurs. C’est déjà impressionnant, mais plus la nuit va s’installer, plus le lac de lave va devenir visible. Il est à une cinquantaine de mètres de nous environ, mais on voit bien les mouvements de la lave visqueuse, les fractures plus claires qui se forment. Aux jumelles, c’est encore plus fascinant.

Il ne reste plus qu’à reprendre notre petite route en sens inverse. Les gardiens du site, qui veillent sur l’accès 24h sur 24, autorisent les voyageurs nomades à stationner la nuit juste devant l’entrée, gratuitement qui plus est. Ils ne sont pas venus nous border mais c’était tout comme. Et pas besoin de raconter d’histoire ce soir-là, elle était dans notre tête.

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L’enseigne lumineuse à l’entrée du site
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P.S J’oubliais l’histoire de cet acrobate américain qui en 2020 a traversé le cratère sur un fil tendu au dessus du lac de lave. Moi ce que j’adore, c’est le gilet de sauvetage…

Roberto au château

Le portail de pierre ne déparerait pas dans un village médiéval français, mais une fois franchi, c’est une tout autre affaire. Roberto doit se mouvoir sur une route asphaltée qui a perdu plus de la moitié de son revêtement, heureusement pas très longue, et se garer tant bien que mal sur l’unique place au pied du château, par chance inoccupée. Le château lui-même, la Fortaleza El Coyotepe, n’a strictement rien à voir avec ceux de la Loire. Il s’agit plutôt d’une forteresse en béton érigée à la hâte en 1893 d’abord pour protéger la ville de Masaya des assaillants américains, avant d’être récupérée ensuite par le régime du dictateur Somoza pour incarcérer et torturer ses opposants. Une courte visite guidée nous permet d’imaginer cette période terrible, où des personnes emprisonnées pour leurs seules opinions politiques pouvaient être enfermées en nombre dans des cellules sombres, voire totalement privées de lumière pendant des périodes pouvant aller jusqu’à cinq ans. Roberto et nous en sommes repartis tout tremblants. Et pas seulement à cause des trous sur la route.

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Plusieurs centaines de prisonniers politiques ont été incarcérés ici, dans des conditions épouvantables, sous le régime de Somoza. Cachots infâmes, salles de torture, sang sur les murs, la visite a de quoi émouvoir
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Heureusement un beau panorama en guise de bouffée d’oxygène !

Les villages blancs

C’est un petit groupe de villages dans la région du volcan que nous venons de visiter. Appelés ainsi en raison de la teinte initiale de leurs murs qui ont largement repris depuis les couleurs vives du pays. Chassez le naturel, il revient au galop. En tout cas le blanc était rare, touriste compris. Rien qu’à Catarina, village d’horticulteurs dont les productions multicolores inondent joliment les rues et dont les « miradors » donnent sur le bleu intense du Lac Apoyo. Ses voisins ont tous leur particularité, de ceux spécialisés dans la fabrication des chaises à bascule, d’objets en osier ou de poterie à celui qui s’enorgueillit d’avoir vu naître le « sauveur de la nation » Augusto Sandino, parti en guerre contre les occupants américains avec seulement 29 hommes. Il a fini par gagner, tout en perdant la vie, deux bonnes raisons pour que sa popularité soit au sommet et que les drapeaux rouge et noir de son parti flottent encore largement dans tout le pays. Y compris dans les villages blancs.

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Quant au Lac Apoyo, un lac de cratère, c’est un oeil bleu qu’il partage avec ses villages blancs riverains

Granada, une des plus belles villes coloniales d’Amérique centrale ?

C’est ce qu’en dit notre guide en tout cas, mais rien ne vaut la vérification par soi-même. Déjà la ville a une histoire tumultueuse. Fondée en 1524 par les Espagnols, elle se développa rapidement, du fait d’une position géographique favorable pour le commerce, entre le grand Lac Nicaragua et l’Océan Pacifique. Devenue riche, elle attira malheureusement la convoitise des bandits en tous genres, dont de nombreux pirates qui l’ont occupée tour à tour, l’incendiant à chaque fois qu’ils en furent chassés. Mais la ville est résiliente et, si elle a laissé quelques plumes, comme la perte de sa fonction de capitale ou les traces de fumée sur les façades de ses églises, elle s’est à la fois reconstruite et maintenue. Ce qui nous laisse aujourd’hui un grand nombre d’édifices de style colonial en bon état, des rues larges et colorées à souhait, une ambiance paisible à part peut-être celle du marché, et pratiquement sans touriste occidental, ce qui la distingue d’autres villes de charme comme nous avons pu en voir au Mexique mais dénaturées par le tourisme excessif. Ici pas de magasins de souvenirs ou de bars à gogo(s), pas d’agressivité des marchands, pas de conversations anglo-européennes dans les rues. Nous nous sommes sentis en pleine immersion, et ça nous adorons.

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Il ne faut pas se laisser influencer par le marché en pleine rue passante et très animé,

…au point que ces bus ont du mal à se frayer un chemin dans la foule. Et remarquez à la fin de la vidéo de gauche ce commerçant qui remet sa marchandise à vendre sur la route après le passage du véhicule

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Vraiment, je n’aimerais pas être à la place de cet agent de circulation !
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Mais toutes les rues de Granada ne sont pas si agitées, c’est même plutôt le contraire. La plupart sont très calmes, larges et colorées
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Les guides n’en faisaient pas mention, mais nous avons bien aimé cette Capilla Maria Auxilliadora
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Un petit jardin superbement aménagé aux pieds de l’église
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Nombreux bâtiments coloniaux autour du Parque Central, quelques calèches pour touristes mais peu ou pas de touriste dedans
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La cathédrale de Granada, fermée à l’heure de notre passage
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La mosaïque du patio de la Casa de los Tres Mundos, peu parlante à hauteur d’homme mais si différente vue de haut ! Cette fondation expose des oeuvres contemporaines et possède des ateliers de peinture et une école de musique.
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C’était une belle façon de terminer notre visite du Nicaragua. Un pays plein d’attraits que nous sommes ravis d’avoir découvert. Mais nous avons hâte de rejoindre demain le Costa Rica, d’une part pour le plaisir de changer de pays et d’autre part pour retrouver un peu de fraîcheur en prenant de l’altitude, car en ce dernier mois avant la saison des pluies, les températures très élevées dans la journée, tombant à peine le soir, commencent à nous peser.

P Parcours Nicaragua
Fin du parcours au Nicaragua. Version zoomable ici

86. Report pour les monarques

Nous avons finalement changé de plan, comme cela nous arrive régulièrement, c’est ça la vie nomade. Nous abandonnons l’idée d’aller voir de suite les papillons monarques qui commencent à arriver sur leur lieu de migration hivernale. Nous reportons cette visite en février, au moment où ils seront les plus nombreux parait-il, après notre retour de France. Car oui, nous allons faire une petite pause pour aller accompagner la naissance de notre première petite-fille. Il nous reste une semaine avant le départ, nous avons largement de quoi l’occuper.

¿ Todo va bien?

La Police mexicaine
La police mexicaine

En route pour notre destination suivante dans l’état d’Hidalgo, nous nous garons le temps du déjeuner sous un pont pour avoir de l’ombre. Pas très glamour mais nous n’avons pas trouvé mieux. Au moment du café, une voiture de police se gare non loin de nous, personne ne descend. Ils semblent comme en embuscade. Au bout d’un moment, l’un finit par sortir et s’approche de notre portière avec un grand sourire. Il nous dit bonjour et nous tend la main. Puis nous demande si tout va bien, si nous avons besoin d’aide en quelque sorte. Nous expliquons que sommes venus là chercher de l’ombre et parlons un peu de notre trajet. Il nous ressert la main et nous souhaite un bon voyage. Ce sympathique policier mexicain est à l’image que tous ceux que nous avons rencontrés jusqu’ici, aimables et serviables. Bien loin de l’image que véhiculent les médias sur les policiers corrompus qui réclament des amendes exorbitantes pour des délits inexistants. Comme toujours, on ne parle que des exceptions et jamais de ce qui est la règle. Je voulais juste dire ici merci à la police mexicaine pour toutes ces attentions.

Plaque de letat dHidalgo
Plaque de l’état d’Hidalgo

Grottes, tunnel et piscines naturelles à Tolantongo

C’est un petit fond de vallée bien perdu dans l’état d’Hidalgo, au centre du Mexique. Pour y arriver il faut traverser un désert de figuiers de barbarie et d’agaves maguey (celles qui donnent le mezcal) puis descendre une petite route aux lacets serrés. Et là, on tombe sur une rivière d’une jolie couleur turquoise aménagée en une multitude de bassins, dans lesquels les gens viennent profiter d’une eau à 30°C environ. Si l’on remonte la rivière, on aboutit à un tunnel et une grotte, accessibles au public également. L’eau qui arrive là, en cascades ou en douches à partir d’un plafond de stalagtites, est à 38°C et c’est un vrai bonheur que de parcourir ces endroits. Il ne faut toutefois être ni claustrophobe (le tunnel étroit et sombre n’est pas éclairé) ni agoraphobe (l’endroit est assez couru). Grâce à ces sources chaudes, l’environnement est assez luxuriant. Un vrai paradis. Nous visiterons demain l’autre partie du domaine, qui s’appelle justement le paradis perdu ? On nous promet une profusion de baignoires étagées à flanc de colline et quelques grottes encore. A suivre.

Arrives le soir dans ce canyon
Arrivés le soir dans ce canyon,
nous garons Roberto au bord de la riviere qui y coule
nous garons Roberto au bord de la rivière qui y coule
Joli spectacle le matin au reveil ca fume
Joli spectacle derrière notre fenêtre le matin au réveil : ça fume !
Et quel bleu
Et quel bleu !

Le plus étonnant est que l’aménagement de cette zone est à la seule initiative de la communauté des habitants du coin, 112 familles qui se sont donné la main et continuent de gérer le site en autonomie. Le seul bémol est le nombre apparemment croissant de constructions en béton qui vont un jour dénaturer complètement le site. Mais il n’y a pas qu’à Tolantongo que ça se passe comme ça hélas.

La riviere a ete amenagee en petits bassins afin dy permettre la baignade
La rivière a été aménagée en petits bassins afin d’y permettre la baignade
Nous profitons de notre piscine individuelle a °C
Nous profitons de notre piscine individuelle à 30°C juste devant Roberto
La riviere est alimentee par des sources thermales un peu plus haut avec cascades et grottes
La rivière est alimentée par des sources thermales un peu plus haut, avec cascades et grottes
dans lesquelles sont peut aussi se baigner Leau y est a °C
dans lesquelles on peut aussi se baigner. La température est de 38°C
La composition de leau est affichee mais la mineralisation parait bien faible par rapport a ce que lon observe
La composition de l’eau est affichée mais la minéralisation parait bien faible par rapport à ce que l’on observe

Le paradis perdu

Les bassins etages du paradis perdu
Les bassins étagés du « paradis perdu »

C’est donc le second site de ce domaine, un peu plus artificiel que le premier mais qui vaut néanmoins le déplacement. Profitant de l’abondance des sources chaudes du coin, les villageois ont aménagé ici une cinquantaine de bassins étagés sur le flanc du ravin, reliés entre eux par de charmants petits escaliers. En moyenne saison comme actuellement, il est encore assez facile d’avoir un bassin rien que pour soi, avec une vue imprenable sur la vallée et les montagnes alentour. L’intérêt de cette source riche en calcaire, c’est qu’elle dépose assez rapidement une couche décorative sur l’ensemble des bassins, leur donnant au final un aspect naturel. Les autres minéraux ajoutent de jolies touches de couleur et l’humidité permet aux plantes environnantes de se développer en abondance. Là aussi, un tunnel où l’on se fait généreusement doucher permet de relier plusieurs endroits du site, mais contrairement à celui vu la veille, celui-ci est totalement artificiel. Bon, on ne va pas dire du mal de cet endroit bucolique qui déplace tant de monde, mais nous avons préféré l’environnement plus naturel de la rivière et des grottes du premier site. Comme ça, il y en a pour tous les goûts.

Chacun sa piscine quel luxe
Chacun sa piscine, quel luxe !
Au debut du beton sans doute qui disparait derriere le calcaire
Au début, du béton sans doute, qui disparaît vite derrière le calcaire
Parmi les autres attraction pont suspendu et tunnel grotte
Parmi les autres attractions, pont suspendu et tunnel-grotte

Intermède eau potable

Leau potable au Mexique

L’eau du robinet n’est pas particulièrement sûre au Mexique. S’il fallait en faire la démonstration, vous l’avez devant les yeux. Nous avons surpris ce camion citerne siglé « agua potable » en train de remplir tout bonnement son réservoir avec l’eau …de la rivière !


Mineral del Chico

Mineral del Chico les lettres

Mineral del Chico est un charmant petit village au cœur d’une zone montagneuse forestière, qui renaît tout juste de son passé minier tombé en désuétude. Grâce à l’effort de ses 500 habitants qui ont su réaménager le centre-ville avec goût et entretenir quelques sentiers de randonnées, le village a pu obtenir son statut de « pueblo magico » en 2011 et attirer ainsi l’attention des touristes sur lui. L’accès n’était pas très simple pour Roberto tant les ruelles pavées du centre étaient étroites, mais nous avons réussi à nous faufiler jusqu’à un petit parking familial pour passer la nuit. De là, nous avons flâné dans le village, puis randonné jusqu’au sommet d’un pic rocheux en pleine forêt offrant un beau panorama. Halte verte et sportive, c’est bon pour la santé ça !

Le centre ville le soir
Le centre-ville, le soir
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Notre parking pour la nuit
Notre parking pour la nuit
La randonnee jusqua la Pena del Cuervo
La randonnée jusqu’à la Peña del Cuervo
Le beau panorama du sommet
Le beau panorama du sommet…
que semblent ignorer ce groupe en pleine meditation et ce lezard
…que semblent ignorer ce groupe en pleine méditation et ce lézard au ventre jaune

Intermède Ducato

Un cousin mexicain de Roberto

Sur la route pour mener au village précédent, nous avons suivi quelques minutes un parent de Roberto, un Fiat Ducato du même modèle immatriculé au Mexique et faisant office de minibus. C’est le tout premier Fiat Ducato local que nous rencontrons depuis notre arrivée en Amérique du Nord il y a 11 mois ! C’est une bonne nouvelle en fait, car cela sous entend une possible maintenance du nôtre en cas de besoin, ce qui semblait particulièrement difficile au Canada et aux USA où Fiat, bien que présent en tant que concessionnaire, ne commercialise pas de Ducato.


Héritages

Real del Monte vue de Roberto
Real del Monte, vue de Roberto
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A une cinquantaine de kilomètres du village précédent, les roues de Roberto nous ont transporté vers une autre cité créée de toutes pièces pour exploiter le minerai d’argent : Real del Monte. La ville est d’ailleurs connue pour avoir eu la primeur de la première grève en Amérique du Nord en 1866. Il faut dire que le propriétaire de la mine avait fait fort : pour compenser des pertes sur un autre site, il a réduit les salaires déjà bas des mineurs tout en augmentant la taille des sacs qu’ils devaient remplir et transporter quotidiennement. Gagner moins pour travailler plus, forcément ça n’a pas plu. Mais ce n’est pas la seule primeur à l’actif de la ville. Elle est aussi réputée, et c’est totalement d’actualité avec ce « mundial » en cours, pour avoir organisé le premier match de foot au Mexique. C’était en 1900, la mine recrutait alors des travailleurs anglais. Trouvant peut-être que le jeu légué par les amérindiens où l’on se lance une balle en caoutchouc d’un coup de hanche ne faisait pas assez viril, ils ont importé leur sport favori, celui qui fait boire le plus de bière au monde. 75 ans auparavant, les premiers anglais à venir avaient amené avec eux la recette du pâté de Cornouailles, un genre de chausson à la viande, que les habitants de Real del Monte ont adopté en ajoutant leur touche personnelle : un peu de haricots rouges par ci, un peu de piment par là, etc. Nous avons d’ailleurs eu l’occasion de fabriquer nos propres « pastes » dans une cafet’-musée où l’on explique tout cela. Avant d’aller profiter de la ville, particulièrement animée en ce samedi, enfin dans le centre, avec des danseurs mexicains, des montreurs d’oiseaux de proies, des vendeurs de michelada (un mélange de bière, de citron, de sel, de bouillon Maggi et autres sauces…), le défilé d’une troupe à cheval que nous n’avons pas su nous faire expliquer. Nous avons enfin rejoint Roberto garé sur un promontoire devant le Musée de la médecine du travail. Ça nous a semblé être un gage de tranquillité un week-end, mais il y a eu pas mal d’animation (mouvements de voitures, musique, gens qui discutent, etc.) jusque tard dans la soirée. Heureusement, la fin de nuit a été très calme.

Capilla Santa Vera Cruz et Parroquia de NS del Rosario
La Capilla Santa Vera Cruz et la Parroquia de Nuestra Señora del Rosario
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Rue principale tres animee
Rue principale très animée
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Vestiges des anciennes mines dargent
Vestiges des anciennes mines d’argent
Au Museo de los pastes nous avons fabrique nos propres empanadas
Au Museo de Los Pastes, nous avons fabriqué nos propres empanadas

L’esprit et Tula

Le site arqueologique tolteque de Tula
Le site arquéologique toltèque de Tula

Du haut de la grande pyramide de Tula, 10 siècles nous contemplent. C’est moins qu’à Gizeh, mais ça reste impressionnant. La ville antique a été en effet créée au Xème siècle par les Toltèques, des bâtisseurs d’empire qui excellaient dans tant de domaines, techniques et artistiques notamment, que les civilisations ultérieures comme les Aztèques et les Mayas se sont revendiquées comme leurs descendants. Tula était leur capitale et un grand site arquéologique de 14 km² permet d’approcher un peu l’esprit de cette époque. On se balade entre les terrains de jeu de balle, les sites où l’on accrochait les têtes des vaincus et parfois des vainqueurs de ces jeux – quelle époque ! -, les espaces de cérémonies, ou encore le palais du souverain, une pyramide qui a perdu depuis longtemps sa couverture d’or et ses parements de pierres précieuses, mais qui conserve encore d’intéressants bas-reliefs représentant des serpents à plumes dévorant des et ses fameux atlantes au sommet. Ces colonnes sculptées, supportant autrefois la toiture, étaient invisibles du public auparavant, ce qui nous consolerait presque de ne pas voir les décorations dans leur état initial. Enfin, nous nous sommes faufilés entre les demi-colonnes du « palais brûlé », détruit par un incendie gigantesque qui aurait accompagné la fin des Toltèques. Malgré leur technologie en avance pour l’époque, il leur manquait encore l’extincteur.

Sa pyramide principale est entouree de bas reliefs aux motifs religieux
La pyramide principale de Tula est entourée de bas reliefs aux motifs religieux
et surmontee de colonnes dont les fameux atlantes
et surmontée de colonnes, dont les fameux Atlantes
En peripherie le palais brule et ses multiples colonnes residuelles
En périphérie, le palais brûlé et ses multiples colonnes résiduelles
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Au centre les terrains de jeu de balle et leurs sinistres trophees
Au centre, les terrains de jeu de balle et leurs sinistres trophées
Cest tout lesprit de Tula
C’est tout l’esprit de Tula !

Cactacées pour aujourd’hui

Les allees du site arqueologique sont bordees de cactacees
Les allées du site arquéologique bordées de cactacées

L’accès au site arquéologique de Tula se fait en traversant un magnifique jardin de cactacées en tous genres, certains chemins traversent même une véritable forêt de ces plantes grasses. Voic quelques photos pour les amoureux des secteurs « plantes du désert » des jardins botaniques. Saviez-vous que ce qui caractérise les cactacées des autres plantes grasses (ou plutôt « succulentes » car elles ne contiennent pas de graisse) c’est la présence d’excroissances appelées aréoles d’où sortent aussi bien épines, poils ou piquants que fleurs et fruits ? Au Mexique, le cactus raquette (nopal) se consomme comme légume, tandis que ses fruits (figues de barbarie) servent comme desserts (crus ou inclus dans des glaces, confitures, gateaux, etc.). Bon appétit !

dans des couleurs variees
Les couleurs sont variées
et des formes multiples
et des formes multiples
Si les cactus raquettes nont pas de balles les cactus poteaux portent des affiches
Si les cactus raquettes ne portent pas de balles, les cactus poteaux supportent des affiches !
Assez de figues de barbarie pour une confiture
Assez de figues de barbarie pour une bonne confiture
Allee foret et pom pom girls de cactus
Cactus à gogo : en allées, en forêt et même en pom pom girls

Intermède changement d’état

Bain de mousse pour Roberto

A l’occasion de notre passage dans l’état de Mexico, nous essuyons une belle tempête de glace !

Plaque de letat de Mexico

Bon, en réalité, nous avons juste fait laver Roberto qui en avait grand besoin. 45mn aux petits soins avec lavage manuel, désoxydation des jantes, cirage des pneus, nettoyage du tapis de sol, séchage à la peau de chamois (nous n’avions demandé qu’un lavage « extérieur ») pour environ 6 euros.


Tepotzotlan

Teptozotlan

Encore une petite ville Mexicaine bien typique à moins de 50 km de Mexico City. Son joli centre tout jaune et quelques curiosités historiques lui ont permis d’obtenir le label de « Pueblo Magico ». Mais nous nous contenterons d’une visite rapide, car nous sommes là pour une autre raison : c’est là que nous allons laisser Roberto le temps d’une parenthèse de 2 mois dans notre voyage. Afin de combler d’une part notre seul manque au cours de ce périple, le contact avec notre famille et nos amis, et surtout d’accompagner la naissance de notre premier petit-enfant, une immense joie en perspective.

son centre historique et son marche aux tons jaunes
Le centre historique aux tons jaunes et son marché
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ses illuminations de Noel en preparation
Les illuminations de Noël en préparation
Jesus couche sur sa croix et le temple St Francois Xavier
Jésus couché sur sa croix et le temple St Francois Xavier
Je ne sais plus si je vous avais dit que le centre ville etait jaune
Je ne sais plus si je vous avais dit que le centre ville était jaune…
Les garages auxquels nous avons echappe
Les garages auxquels nous avons échappé mais si typiques

Intermède bien-être animal

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Roberto chez Pepe

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Pepe’s RV park est l’un des deux endroits plébicités par les voyageurs nomades pour y laisser leur véhicule le temps d’un retour temporaire au pays. Il se trouve à une cinquantaine de kilomètres de l’aéroport international Benito Juarez et ne nécessite donc pas d’entrer en voiture dans la grouillante capitale, d’autant que celle-ci dispose d’une circulation alternée basée sur le numéro des plaques d’immatriculation. De plus, l’accueil est adorable et le prix très modeste (60€ par mois). C’est une propriété tranquille et sécurisée entourée de hauts murs, avec des emplacements larges. Le jour où nous y sommes arrivés, trois ou quatre véhicules seulement étaient habités, tandis qu’une quinzaine environ étaient manifestement en « storage ». Le gardien nous a expliqué que, malgré la haute saison approchante (décembre-avril), la fréquentation touristique de la ville était restée bien moindre qu’avant la pandémie. Nous avons profité de l’espace pour sortir et étaler toutes nos affaires afin d’effectuer un nettoyage en grand et préparer correctement nos bagages. Et puis accessoirement, je me suis amusé à inventorier par pays les véhicules présents, qui m’ont semblé être assez représentatifs de ceux que nous croisons habituellement.

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Intermède mais que fait la police ?

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Intermède mais que fait la police (2) ?

Après la carrosserie et l’habitacle, Roberto avait besoin de décrasser son moteur. Nous nous sommes permis une petite fantaisie en le poussant à 409 km/h sur une petite route de campagne limitée à 30 km/h puis en réduisant à 396 km/h sur un chemin de forêt (à cause des arbres…). Waouh !

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Ok vous avez compris l’astuce : nous étions dans l’avion à l’approche de Bordeaux…


Nous sommes donc maintenant de retour en France pour 2 mois, après un vol Mexico-Madrid-Bordeaux sur la compagnie Iberia dans des conditions tout à fait satisfaisantes et une ponctualité parfaite. Le blog ne devrait pas être mis totalement au repos pendant cette période, opportune à jeter un œil décalé sur nos choix d’aménagement et notre voyage en général. A bientôt donc !

parcours du au novembre
Parcours du 23 au 30 novembre

P.S. Le van gris est bien français. Il appartient à nos amis les « Pierre qui roulent », rencontrés un peu avant au Mexique