97. Les capitales du Guatemala

Prenant possession du Guatemala en 1523, les colons espagnols installèrent d’abord une Capitainerie générale pour gérer quasiment toute l’Amérique centrale. En raison de soulèvements d’Indiens, elle fut déplacée en 1541 au pied du volcan Agua qui manifesta de suite son mécontentement (à moins que ce ne soit un coup des Indiens) en crachant une énorme coulée de boue. Les Espagnols reconstruisirent l’année suivante leur première capitale appellée Villa de Guatemala à quelques kilomètres de là, hors du passage de la boue. Mais le volcan (ou les Indiens) n’avait pas dit son dernier mot : il attendit que la population se soit bien développée (60 000 personnes) pour générer un beau tremblement de terre en 1773. Dépités, les conquistadors créèrent une nouvelle capitale, Guatemala Ciudad à 40 km de là, tandis que l’ancienne était rebaptisée La Antigua Guatemala (Antigua pour petit nom) et se reconstruisait peu à peu malgré les séismes à répétition qui continuent de l’affecter et qui ne semblent pas inquiéter les touristes qui viennent en nombre. C’est vrai qu’elle a un charme fou.

La Antigua Guatemala, ancienne capitale
La Antigua Guatemala, vue depuis le Cerro de la Cruz. En arrière-plan le volcan Agua (3760m)

Antigua, jour de procession

Antigua est peut-être la ville du Guatemala où les traditions catholiques sont les plus marquées, particulièrement en cette période de Carême, à l’approche de la semaine sainte. Arrivés un samedi après-midi, logés gracieusement à deux pas du centre-ville sur l’agréable parking gazonné et ombragé de la police touristique, nous avons pu assister dès le dimanche matin à une procession d’envergure. Une heure avant le passage du cortège, les trottoirs étaient déjà presque pleins et plusieurs dessins avaient été réalisés au milieu de la rue à l’aide de fleurs fraîches, de sciure de bois colorée, d’aiguilles de pin ou encore de fruits et légumes. Réalisés par les riverains, ces dessins éphémères disparaîtront au passage de la procession, piétinés par la foule.

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La procession du jour a démarré vers 5h ce matin et est en cours de bénédiction dans une église voisine. Vers 9h elle devrait reprendre son circuit qui durera toute la journée pour se terminer vers minuit. Des centaines de personnes vêtues de robes et capuches violettes envahissent peu à peu les rues, bientôt accompagnés par d’autres déguisées en soldats romains. Puis on entend la fanfare et on aperçoit un grand palanquin, chargé d’une couronne et une statue de Jésus, se déplacer avec un balancement régulier, comme flottant sur la foule. De près, on souffre pour les 80 pénitents, la sueur au front et la joue contre le bois du char, totalement investis dans leur tâche de soutenir cette masse énorme. Derrière, ce sont des femmes qui supportent de façon similaire une effigie de la vierge Marie, accompagnées par une fanfare jouant une musique lugubre. Un moment aussi spectaculaire qu’émouvant.

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Très concentrés et investis, les 80 pénitents portent ce grand palanquin de plusieurs centaines de Kg
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La fanfare suit, en jouant des airs lugubres
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Puis vient le palanquin de la Vierge Marie, porté tout aussi péniblement par des femmes, cette fois
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Ils sont arrosés régulièrement pour raviver les couleurs et éviter que le vent les abime

Antigua, le lendemain

La foule du week-end partie, nous pouvons visiter tranquillement la ville. Un joli quadrillage de rues pavées bordées de maisons à un seul étage et de couleurs vives où le jaune domine. L’architecture coloniale espagnole et les bougainvilliers qui débordent des murets, les églises jaune vif décorées de motifs en stuc blanc, les nombreuses ruines teintées de lichens et l’écrin volcanique en arrière-plan ont un charme certain. L’Unesco l’a d’ailleurs reconnue patrimoine mondiale de l’humanité dès 1979.

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Antigua – Façade d’église en ruines et bâtiment restauré à côté

Nous déambulons tranquillement dans les rues pour observer les édifices et les lieux les plus caractéristiques, comme la célèbre Arche Santa Catalina, emblème de la ville ; le Parque Central, quadrilatère verdoyant où viennent discuter les habitants au milieu des cireurs de chaussures et autres vendeurs ambulants ; la Catedral Santiago, logée dans sa chapelle initiale après le séisme de 1773 et dotée d’un Christ noir ; La Merced, dont la façade jaune canari est construite à la manière d’un retable avec colonnades et statues ; les nombreux couvents ; les marchés d’artisanat en nombre adapté à la fréquentation touristique (2,5 millions de visiteurs en 2019).

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L’ancienne Capitainerie générale, sur le Parque Central
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L’église de la Merced et sa façade jaune vif avec décors de stuc
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Derrière cette église, un grand patio avec la plus grande fontaine d’Amérique centrale (à sec…)
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L’hôtel de ville
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Séquence nostalgie

Il y a 25 ans, nous mettions les pieds pour la première fois à Antigua lors de l’adoption de notre fils Achille. Ressortant quelques vieilles photos prises alors, nous avons cherché à retrouver quelques lieux. Pour les édifices à caractère touristique, cela a été relativement simple, mais pour deux photos avec notre fils dans les bras, c’était une autre affaire. L’une d’elles était prise dans le patio d’un restaurant. Il a fallu en explorer quelques uns pour retrouver le lieu précis qui heureusement n’avait pas trop changé en 25 ans. Nous nous sommes faits un grand plaisir d’y déjeuner et de nous y faire prendre en photo par le serveur. Pour l’autre, prise dans la rue, cela a été plus compliqué encore. Une grande porte en bois près d’un mur jaune et de fenêtres grillagées, c’est très commun ici. Après avoir sillonné le centre-ville, nous étions de retour bredouilles vers Roberto quand un passant nous a interpellés, nous entendant parler en Français. Nous apprenons qu’il est Suisse et qu’il vit ici depuis 7 ans avec son épouse guatémaltèque et sa fille de 13 ans. Il n’a guère envie de retourner en Suisse avec la morosité ambiante assez proche de celle de la France. On le comprend ! Misant sur sa connaissance d’Antigua, nous lui soumettons alors la photo. Après examen attentif, il repère quelques détails et nous retrouve la bonne rue. Un petit parcours complémentaire sur Google Maps en version Street View nous permettra d’identifier le lieu précis… et d’aller refaire un cliché similaire.

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A table au Restaurante del Arco, en 1998 et en 2023
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Stand up sous l’Arche de Santa Catalina, en 1998 et en 2023
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L’arche si célèbre n’a pas trop changé en 25 ans
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Cette église très abimée vient de débuter sa restauration !
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Quant à l’église de la Merced, elle est toujours aussi populaire !

Épilogue : à l’aide des quelques informations en notre possession sur le dossier d’Achille, nous avons pu retrouver dans le dédale des rues d’une ville de banlieue de Guatemala Ciudad, la nourrice qui l’a élevé ses 6 premiers mois. Nous tenions avant tout à lui témoigner notre reconnaissance de l’avoir si bien pris en charge pendant cette période et de l’avoir préparé à la perfection, malgré le déchirement que cela a dû entraîner, à l’arrivée de ses nouveaux parents. Nous avons pu rencontrer toute sa famille d’accueil et constater à quel point ils étaient aimants, comprenant que ce sont eux qui ont transmis cette gentillesse et cet amour d’autrui à notre fils, qui l’emploie si bien encore aujourd’hui. Ils se souvenaient tous parfaitement de lui, nous ont dit à quel point ils étaient reconnaissants des nouvelles et photos que nous leur avons envoyées de temps en temps, un retour hélas rare par rapport aux autres enfants qu’ils ont hébergé. L’émotion était perceptible lorsque nous leur avons montré des photos d’Achille à différents âges de sa vie et à son comble lorsque nous avons pu faire une petite visio avec lui. Une émotion partagée, bien évidemment. Mille mercis à cette famille formidable qui a donné tant d’amour à notre fils dans cette période si importante de la vie où tout l’affect se crée.


Antigua, 4 jours et 4 nuits

Pour notre dernière journée sur place, nous avons encore visité de beaux édifices, certains réhabilités, d’autres en cours de reconstruction et d’autres encore restés au stades de ruines qui permettent de bien se rendre compte des forces de la nature. Nous quitterons Antigua après 4 nuits passées sur place, un record en deux années de voyage. La ville le méritait, mais nous nous sommes trouvés très bien logés dans ce jardin apaisant mis à disposition gracieusement par la Police Touristique, très bien situé à deux pas du centre-ville. Cerise sur le gâteau, nous y avons (re)trouvé d’autres voyageurs et échangé chaque soir nos expériences autour d’un verre. Tout comme il est intéressant de comprendre comment les habitants des pays que nous visitons fonctionnent, il est tout aussi enrichissant de dialoguer avec d’autres voyageurs nomades, chacun ayant son histoire, son évènement déclencheur, son rythme de déplacement et ses buts propres.

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Une rue typique d’Antigua, un porteur de palanquin devant un couvent et une petite boutique
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L’église San Francisco, où repose la dépouille de San Hermano Pedro, un moine venu des Canaries qui suite à son oeuvre de dévouement auprès les pauvres et des malades au Guatemala a été canonisé par le Pape Jean-Paul II lors de sa venue en 2002.
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Joli reflet d’un ancien lavoir
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Testez votre Espagnol avec Roberto

Vous avez tous brillamment réussi l’exercice précédent, ce qui vous donne le droit de revenir en deuxième semaine. Rassurez-vous, le niveau ne va pas trop monter. Voici donc 9 images ou logos à traduire en Français. Bonne chance !

Si vous hésitez pour les réponses, n’hésitez pas à demander une correction en commentaires


Un jour « sans »

Nous voici à la (re)découverte de la vraie capitale du pays, Guatemala Ciudad. Nous sommes stationnés pour la nuit dans un « parqueo », sorte de parking privé où les véhicules sont rangés à la manière d’un Tetris, les conducteurs laissant habituellement leur clé au gardien pour que les véhicules les plus au fond puissent sortir le moment venu. Il n’est évidemment pas question pour nous de laisser nos clés, mais pour plusieurs jours, on nous trouvera une place qui ne gêne pas trop de monde. Le parking ferme la nuit, c’est donc totalement sécurisé, ce qui est plutôt bien dans cette ville où la criminalité est élevée, surtout la nuit.

Nous marchons un petit kilomètre pour atteindre la grande place centrale. Elle est couverte de kiosques affreux qui nous privent de belles photos. Nous visitons la cathédrale qui n’a rien d’exceptionnel puis nous dirigeons vers le Palacio Nacional. Ce magnifique bâtiment n’est plus en fonction mais se visite avec guide.

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Le Palacio Nacional très déformé par le grand angle faute de recul suffisant

Sauf que la visite vient de démarrer et on nous demande d’attendre une heure la suivante. Nous déclinons et partons cette fois vers un groupe de musées au Sud de la ville. Bien que marqués « ouverts » sur Google, ils sont tous en travaux. Tous sauf le musée d’histoire naturelle qui n’était pas dans nos choix initiaux mais dans lequel nous nous engouffrons par dépit. Il est à peine 11h et l’employé qui nous vend les billets nous prévient que l’établissement ferme à 17h.

Sauf que le bâtiment est tout décrépit, qu’il n’y a rien à voir, et qu’en 20 minutes tout est visité, y compris les toilettes sans papier et sans eau. L’agent d’accueil se serait-il moqué de nous avec ses 17h ? Allez, nous nous rabattons sur le marché artisanal tout proche.

Sauf que nous sommes les seuls visiteurs d’une centaine de stands et que chaque vendeur tente de nous attirer avec un « pase adelante » que tous les voyageurs en Amérique latine connaissent par cœur. Nous fuyons. Nous reprenons notre marche pour retrouver l’hôtel dans lequel nous avions logé lors de l’adoption de notre fils il y a 25 ans. Le bâtiment est bien là, tel que dans notre imagination, et nous nous apprêtons à redécouvrir les intérieurs avec émotion.

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Feu l’hôtel Casa Grande

Sauf que l’hôtel n’en est plus un. Il a été racheté par une société pour en faire ses bureaux et le gardien à l’entrée n’accepte même pas que nous refaisions la photo devant la fontaine. Nous avons tout de même pris 2 clichés pendant qu’il était occupé avec une voiture qui sortait. Mais quelle déception ! Notre destination suivante est, selon notre guide, une réplique de la Tour Eiffel, construite en hommage à la fin de la guerre civile du pays.

Sauf que l’espèce de structure en fil de fer – vous en jugerez sur la photo – n’a rien à voir avec notre monument national, ni même avec les copies plus fidèles bien qu’à échelle réduite comme on peut en trouver à Macao ou Las Vegas. Il nous reste encore à voir un groupe de bâtiments qui seraient célèbres pour leurs bas-reliefs en façade racontant l’histoire du pays.

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L’histoire du Guatemala en bas-reliefs. Si vous y comprenez quelque chose…

Sauf que la sculpture sur béton n’a jamais été notre tasse de thé et que l’histoire du pays qui y est relatée n’est pas plus évidente à nos yeux que ne l’étaient les premiers hiéroglyphes examinés par Champollion. Nous terminons enfin par le musée du chemin de fer, décrit comme très couru par la population locale qui y pique-niquerait dans les vieux wagons, et comme possédant d’intéressants schémas de déraillements de trains.

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Visite au Museo Del Ferrocaril

Sauf que nous n’avons rien vu de tout cela et que la foule n’était pas plus au rendez-vous que les fameux schémas. Reconnaissons tout de même que la visite n’était pas inintéressante et que nous avons appris 2 ou 3 choses sur l’histoire du chemin de fer guatémaltèque, mais rien d’exceptionnel non plus.

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Allez, devinez ce que signifie le sigle FEGUA, ce n’est pas trop dur
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S’il ne restait qu’une locomotive et un quetzal, que ferais-je, que ferais-je ?

C’était bien une journée « sans ». Demain sera-t-il un autre jour ?


Un jour « avec »

Déjà au petit matin le ciel est d’un joli bleu. Dans notre parqueo, les poules s’égayent joyeusement, ignorant les mouvements des voitures qui entrent et sortent. Nous quittons les lieux vers 9h et nous dirigeons vers un grand espace vert de Guatemala Ciudad qui héberge une carte géante en relief du Guatemala. Chaque voyageur arrivant dans le pays, au lieu de fuir rapidement la capitale, devrait venir ici pour se rendre compte de la grande diversité géographique du pays. Les 170 m² représentent l’intégralité du Guatemala, de l’océan Pacifique à la mer des Caraïbes, et des grandes plaines aux imposantes chaînes volcaniques que l’échelle utilisée (1:2000 à la verticale pour 1:10000 à l’horizontale) met particulièrement en valeur. Ainsi, les plus hauts volcans du pays sont représentés avec plus de 2 m de hauteur. Nous recréons avec plaisir notre itinéraire dans le pays, mesurant les efforts qu’a dû fournir Roberto. Nous admirons aussi le travail de l’ingénieur Francisco Vela à l’origine de l’œuvre, bâtie en 1905 après de multiples expéditions dans le pays pour prendre les mesures adéquates, ne pouvant bien entendu pas compter sur des images aériennes ou satellitaires. Un système hydraulique fonctionnait à l’inauguration pour approvisionner rivières, lacs et océans, mais pas le jour de notre visite. L’œuvre plus que centenaire est en cours de restauration. Nous étions les seuls touristes mais pas les seuls visiteurs : le lieu est très prisé par les scolaires. Et en effet, il n’y a pas mieux pour apprendre la géographie d’un pays.

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Une carte en relief du Guatemala sur 170 m² réalisée il y a presque 120 ans
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il ne manque plus que l’eau…

Notre seconde visite du jour a été celle du Musée Ixchel, situé dans le domaine d’une université privée, à l’environnement aussi verdoyant que soigné qui donnerait presque envie de reprendre des études. Ce musée a pour vocation de collectionner les types de vêtements portés par toutes les communautés indigènes du Guatemala à différentes époques. Aussi bien pour l’usage quotidien que cérémoniel. Actuellement, 181 de ces communautés sont représentées et chacune a créé des motifs spécifiques permettant de l’identifier. L’exposition est vraiment de qualité, et les tissus sont tous plus beaux les uns que les autres. Si les photos de Claudie ne vous suffisent pas, allez jeter un œil sur le site du musée.

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Le musée est dans un domaine universitaire verdoyant qui donne envie d’étudier… et d’y garer Roberto
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Les textiles guatémaltèques dans toute leur splendeur, de l’usage cérémoniel à celui du quotidien
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Une salle était dédiée aux peintures de Carmen Lind Pettersen, une artiste guatémaltèque connue pour ses aquarelles de costumes traditionnels du Guatemala. Elle a aussi écrit un livre qui fait référence sur le sujet.

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Superbes oeuvres de Carmen Lind Pettersen

Nous terminons notre parcours guatémaltèque sur un petit « camping » au bord du « Lac du Pin », curieusement le plus cher (38 €) et le moins aménagé (les sanitaires sont en travaux…) de tous ceux que nous avons visités dans le pays. Mais avec un joli bout de pelouse au bord du lac, pour nous seuls comme d’habitude. Une courte pause avant de franchir la frontière vers le Salvador. Vous traverserez bien avec nous ?

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Le Lac du Pin, vu de Roberto
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P Parcours Guatemala
Dernière partie de notre parcours au Guatemala. Pour zoomer c’est ici
Parcours Guatemala
… et le parcours complet du pays en un peu plus de 3 semaines

56. Mississipi-Alabama-Floride

Voilà bien 10 jours que je n’ai pas donné de nouvelles. C’est que nous tournons à plein régime, A vrai dire, le terme n’est guère adapté, parce que des tournants, il n’y en a pas beaucoup. De quoi s’ennuyer un peu sur la route parfois avec ces longues lignes droites de plusieurs dizaines de kilomètres, à l’image des frontières rectilignes séparant les états. Du coup ces trajets longs raccourcissent les journées, si l’on peut dire. Sans compter qu’en quelques jours nous avons franchi 2 fuseaux horaires et donc perdu 2 heures. Mais heureusement, nos visites n’en ont pas été moins riches, c’est simplement que j’ai manqué un peu de temps pour rédiger. Rappelez-vous nous en étions à notre tornade en Louisiane.


Le Mississipi sans sirène

A peine la frontière entre la Louisiane et le Mississipi franchie, la tempête s’apaise soudain. Le ciel redevient d’un bleu éclatant, le soleil brille de tous ses éclats et, à l’approche du bord de mer, apparaît le long de la route une longue plage au sable plus blanc que blanc. Nous n’y résistons pas, garons Roberto les roues dans le sable et allons marcher au bord de l’eau. En désaccord avec cette description idyllique, la couleur marron-vert et la turbidité de l’eau n’incitent pas à la baignade, d’autant plus que la température est fraîche, juste bonne pour y tremper les pieds. Du coup aucune chance d’apercevoir la sirène. De toutes façons, les cinéphiles savent bien que l’intrigue n’a rien à voir avec cet état. (Mercredi 23 Mars, Pass Christian, Mississipi)


Les 9 étoiles de l’USS Alabama

L’un des plaisirs de la vanlife, c’est d’avoir chaque jour un paysage différent devant ses fenêtres. Là nous étions particulièrement gâtés, garés juste devant l’USS Alabama, un croiseur américain ayant brillé au cours de la 2ème guerre mondiale : 9 victoires, aucune défaite et aucune perte de l’équipage (2500 personnes tout de même) sous un feu ennemi. Seuls 5 décès sont attribuables à une erreur interne, l’un de ses canons antiaériens en ayant visé accidentellement un autre… c’est ballot. Le navire se visite des ponts supérieurs au plus profond des cales. 210m de long sur 33 de large, ça prend du temps à explorer. Après, le confort à bord en 1945 n’avait rien à voir avec celui d’aujourd’hui, mais bon, à la guerre comme à la guerre ! (Jeudi 24, Mobile, Alabama)


Ses majestés carnaval

La ville de Mobile est aussi connue pour avoir été la première ville à célébrer le carnaval aux Etats-Unis en 1703, alors qu’elle était la capitale de la Louisiane française. N’étant pas là au bon moment, nous n’en verrons que quelques traces, comme l’entrée du musée du carnaval (fermé) et quelques statues amusantes des premiers rois et reines couronnés autour de la place centrale. (Jeudi 24, Mobile, Alabama)


Au pays des Anges Bleus

Cette fois, c’est sous un avion de chasse de l’US Navy que Roberto se pavane, affichant presque le même bleu. Nous venons en effet d’arriver en Floride, tout près de la base aéronavale de Pensacola, fleuron de la ville. Malheureusement, pour des raisons qui ne sont pas expliquées, nous ne pourrons la visiter car elle est réservée jusqu’à nouvel avis aux personnels de l’armée et à leurs invités. Dommage car nous aurions aimé en savoir davantage sur les Blue Angels, cette patrouille de démonstration acrobatique qui fait la fierté du pays, un peu comme l’est notre Patrouille de France. Nous devrons nous contenter de voir passer quelques avions de loin et de visiter dans le centre-ville un bar célèbre empli d’objets insolites où les Marines avaient leurs quartiers. Tout proche de la base se trouve le parc naturel de Big Lagoon dans lequel nous avons suivi le Sand Pine Trail, une randonnée sur un chemin de sable blanc qui traverse une forêt de pins et des marais. Le lagon lui-même n’est plus accessible depuis le passage d’un ouragan il y a quelques années. La région est fréquemment touchée. (Vendredi 25, Pensacola, Alabama)


L’oublié de Wikipédia

José Antonio Ponte, artiste révolutionnaire. Parcourant un musée d’art à Pensacola, nous découvrons le talent artistique méconnu (au minimum de Wikipédia) de ce personnage étonnant. A l’image de mon copain Laurent, jardinier-pâtissier, José Antonio Ponte associe des talents que l’on n’imagine pas aller ensemble. Cet ancien esclave arraché à son Éthiopie natale était d’abord charpentier, avant de devenir prêtre une fois affranchi puis organisateur d’une insurrection anti-esclavagiste à Cuba. Quand il fut arrêté pour cela, en 1812, les investigateurs espagnols trouvèrent dans ses affaires ce qu’ils appelèrent « un livre de dessins », jugé subversif en raison de la présence de scènes de batailles et d’empereurs noirs. Ponte eut beau jurer qu’il avait prévu d’en faire cadeau au Roi d’Espagne, les policiers durent lui répondre un truc du genre « Mais oui c’est ça » en Espagnol et on finit par le pendre et lui couper la tête (l’inverse aurait été trop compliqué). En réalité il utilisait bien ses œuvres dans un but de propagande, ses dessins à dessein en quelque sorte. L’artiste n’a pas totalement sombré dans l’oubli, n’en déplaise à Wikipédia, des cérémonies lui rendent hommage et des rues portent son nom à Cuba, et d’autres artistes prolongent son œuvre, comme sur ce tableau construit sur les peintures de son livre et les explications que José Antonio Ponte en a donné au tribunal (J. Bedia), ou encore cette porte multicolore (J.M. St Jacques) censée permettre le passage de l’esprit de l’artiste depuis l’au-delà afin de continuer de soutenir la défense des droits de l’homme. (Samedi 26, Pensacola, Alabama)



Spots dodos

A Pensacola, nous avons fait deux haltes nature pour la nuit, ce qui est assez rare pour être signalé. Car bizarrement, il n’est pas si facile que cela de stationner pour la nuit aux États-Unis. En effet, si l’on souhaite comme nous éviter au maximum les campings, il faut composer avec le caractère privé de nombreux terrains et parkings. En Europe par exemple, nous nous garions volontiers sur les parkings des églises, des cimetières, des équipements sportifs ou tout simplement à l’orée d’une forêt, sur le bas-côté d’un chemin de campagne, etc. Ici, rien de tout cela n’est possible, la grande majorité des terrains et parkings sont privés, y compris ceux d’installations municipales. De plus, les aires aménagées au bord des routes ou autoroutes sont à la fois rares et envahies de poids-lourds qui laissent leur moteur allumé des heures voire toute la nuit. Certaines enseignes sont connues pour être « RV friendly », c’est-à-dire qu’elles permettent aux véhicules de loisirs de passer la nuit sur leur parking. C’est le cas en général des supermarchés Walmart et des restaurants Cracker Barrel. Nous avons plusieurs fois séjourné sur des parkings Walmart et nous efforçons en contrepartie d’y faire nos courses, mais ça reste du dépannage. Les deux nuits passées à Pensacola l’ont été pour l’une sur une aire de pique-nique avec rampe pour bateaux au bord d’une rivière, dans un joli environnement boisé, et l’autre en plein milieu d’une forêt, les forêts d’état étant en général libres d’accès au public, à l’inverse des parcs d’état. Surtout ne pas se tromper, sinon réveil nocturne assuré par la police avec amende à la clef ! (Dimanche 27, Pensacola, Alabama)


Le grand-père de Roberto

Incroyable, nous avons retrouvé le grand-père de Roberto ! Nous l’avons déniché dans le musée de l’histoire de la Floride, à Tallahassee, capitale de cet état. C’est un camping-car monté sur une Ford T de 1923, âgé de 99 ans et déjà très en avance pour son époque. Muni d’une ingénieuse capucine qui se déplie verticalement après avoir ouvert latéralement les 2 volets qui forment le pare-brise. Ensuite il n’y a plus qu’à déplier la banquette-lit qui se pose sur le volant. Pour le reste, la kitchenette est bien présente, ainsi que le réservoir d’eaux grises. Cela dit, on ne cuisinait pas beaucoup à l’époque, ces voyageurs nomades étaient d’ailleurs dénommés les « touristes aux boîtes de conserve » (tin can tourists). Ils avaient même fondé une association qui vit toujours aujourd’hui et possède aussi bien un compte Instagram qu’un site Internet. Vous trouverez sur ce dernier toute l’histoire des Recreational Vehicles américains.


Ce beau musée entièrement gratuit nous a occupé deux bonnes heures, bien documenté sur l’histoire de la région, des us et coutumes des premiers habitants (les tribus indiennes Apalaches et Séminoles) jusqu’à la seconde guerre mondiale, en passant par l’arrivée des Espagnols, des Anglais puis des Américains, sans oublier toute la période esclavagiste et la guerre de sécession. Nous l’avons découvert un peu par hasard, au fil d’un parcours piéton guidé dans la ville, dont voici quelques étapes :





Nous terminons la journée et passons la nuit cette fois dans une ancienne gare de la ville reconvertie en centre artistique et récréatif, avec notamment des œuvres de street-art un peu partout. Quelques photos s’imposaient (Lundi 28, Talahassee, Floride)


La mission était bien remplie

Nous quittons notre quartier artistique pour aller visiter une ancienne mission espagnole, où de 1656 à 1704 ont cohabité indiens Apalaches fraîchement christianisés et colons Espagnols aussi bien religieux que militaires. Chacun logeait de son côté, mais tous se rassemblaient soit dans le « bâtiment civique » une immense hutte pouvant accueillir de 2000 à 3000 personnes et où se prenaient les grandes décisions, soit sur une grande place centrale où se tenaient entre autres des jeux de balle assez violents pouvant aboutir à la mort de compétiteurs. La vie de la mission a pris fin 2 jours avant l’arrivée des Anglais. Les occupants se sont dispersés en brûlant tout derrière eux.


Après un déjeuner dans Roberto sur le parking tranquille de la mission, nous repartons sur les routes de la Floride vers le Sud-Est. Nous allons loger cette fois dans un camping au bord d’une rivière où nous prévoyons une sortie canoé pour le lendemain. (Mardi 29, de Tallahassee à Otter Springs, Floride)


Aux « sources des loutres »

C’est un petit camping sympa que nous avons trouvé là, au milieu d’une étendue marécageuse qui se parcourt principalement …en kayak. Un parcours de toute beauté dans un calme absolu, entre les arbres les pieds dans l’eau et sous les arches formées par leurs branches. L’eau est tantôt noire tantôt couverte complètement de lentilles d’eau que notre embarcation écarte lentement. Nous n’avons pas vu de loutre, elles doivent être assez farouches ou ce n’était peut-être pas la bonne heure, mais par contre nous avons rencontré quelques bébêtes sympathiques, des farouches tortues, des alligators, une grosse araignée et même une sorte de boa de presque deux mètres de long. J’aurais aimé être plus précis mais j’avais oublié d’emporter mon mètre ruban. (Mercredi 30, Otter Springs, Floride)


A la recherche des lamantins

Ces mammifères aquatiques adorables ont pris l’habitude de venir passer l’hiver au chaud en Floride, dans cette région de Crystal River. En haute saison, c’est-à-dire en janvier et février, ils sont plusieurs centaines, mais sans doute moins nombreux que les touristes qui se pressent pour aller nager avec eux, une activité qui ne serait permise aux États-Unis qu’ici. Dès que les températures se réchauffent, ils repartent plus au nord et se raréfient. Autant dire que fin mars, ils sont déjà presque tous partis et sont beaucoup plus difficiles à apercevoir. Le bon côté c’est que c’est pareil pour les touristes. Devenus adeptes du kayak, c’est par ce moyen que nous sommes allés à leur recherche. Et nous en avons trouvés. Des moments furtifs qui n’ont duré que quelques minutes sur les deux heures de notre sortie. D’abord des gros museaux qui sortent respirer et des nageoires caudales toutes rondes qui sortent de l’eau, puis de grosses masses qui paraissent énormes glissant sous notre kayak et leurs têtes sympathiques qui s’approchent de la surface comme pour nous saluer avant de reprendre de la profondeur. Des moments trop brefs pour être pris en photo, mais qui resterons gravés dans nos mémoires. Nous vous mettons quand même quelques photos de lamentins qui ne sont pas de nous, afin de vous consoler ! (Jeudi 31, Crystal River, Floride)


Nous poursuivons notre route vers St Petersburg, ville de la côte Ouest de la Floride qui n’a rien à voir avec l’ancienne capitale impériale Russe – en plus ça ne s’écrit pas pareil – et qui peut se visiter en toute sécurité sans demander l’autorisation à qui-vous-savez. Le musée Dali nous tente bien, ainsi qu’un autre renommé sur le travail du verre. Forcément, nous vous en reparlerons !

Ci-dessous, notre trajet depuis le Mexique. Roberto a maintenant plus de 32 000 Km au compteur et se porte comme un charme. Pourvu que ça dure !