76. Autour de Yellowstone

C’est un long parcours qui nous emmènera de Missoula à Laramie en passant par l’exceptionnel parc Yellowstone, les états du Montana, du Wyoming et du Dakota du Sud jusqu’au célèbre Mont Rushmore. Une dizaine de jours intenses et inoubliables.

Missoula et son carrousel solidaire

Cette attraction est particulière par son histoire : un jour un menuisier du pays est allé voir le maire et lui a dit « I have a dream… » Il a proposé en fait de construire un carrousel pour la ville, à la seule condition qu’on lui promette que le manège ne sera jamais vendu ou déplacé. La ville a accepté, et désormais tout le monde se plaint du grincement infernal du manège, de la musique lancinante du limonaire, des enfants qui tombent ou qui se plaignent de violents maux de tête peu après avoir chevauché l’engin… Non non je blague, tout le monde est ravi, les enfants vont tous bien, le carrousel est magnifique et décoré dans les moindres détails y compris le bâtiment qui l’abrite. Ce qui est surtout marquant, c’est que la générosité de l’homme qui avait un rêve s’est étendue comme par contagion à une grande partie de la ville. Plusieurs milliers de personnes ont ainsi donné un coup de main pour que le projet se réalise, aussi bien pour sculpter et peindre les chevaux, carrosses et autres figurines que pour restaurer et remonter pièce par pièce le mécanisme que le menuisier avait récupéré, ou encore lever les fonds nécessaires aux travaux. Près de 100 000 heures de travaux bénévoles ont été comptabilisées. Le carrousel de Missoula est en service depuis 1995. 4000 volontaires se déclarèrent encore présents en 2001 lorsque le projet se présenta de construire un jardin d’enfants en forme de dragon juste à côté. Avec autant de bras, il ne fallut que 9 jours pour le montage. Un bel exemple de solidarité.


Nuit en forêt près de Garnet

C’est véritablement notre emplacement nocturne préféré car nous y avons en général une paix royale. Les forêts sont loin d’être toutes accessibles, souvent privées ou alors non équipées de voies de circulation. Mais aux USA, les forêts nationales relèvent du domaine public. Il suffit de les repérer sur la carte quand les emplacements de choix n’ont pas déjà été repérés par d’autres voyageurs sur les applications comme iOverlander. On nous demande parfois si nous ne craignons pas pour notre sécurité d’être autant isolés. Mais nous avons plutôt la sensation inverse. Tant mieux, il en faut pour tout le monde !


Garnet, le village fantôme

Vers 1890, des prospecteurs ont découvert de l’or dans la région, attirant de nombreux chercheurs, et, chose inhabituelle, leurs familles. La ville de Garnet a poussé comme un champignon, hébergeant jusqu’à 1000 personnes vers 1895, et disposant alors de 4 magasins généraux, 7 hôtels, 13 saloons, 3 écuries, 2 barbiers, 1 médecin, 1 école, 1 boucher et 1 boutique de confiseries (des familles vous dis-je). Pourtant, rien de tout cela n’a fait long feu. Les filons ont commencé à s’épuiser vers 1900, les exploitants ont commencé à louer à des gogos leurs mines en déclin, et les familles sont parties peu à peu. En 1905, il ne restait plus que 150 habitants. En 1912 un grand incendie en a encore chassé un grand nombre et le peu qu’il restait a été enrôlé dans la 1ère guerre mondiale. Même si la ville a connu quelques réveils provisoires par la suite, elle a fini par s’éteindre et est aujourd’hui abandonnée. Bien entendu, les autorités ont saisi le filon et tentent de maintenir en état les différents bâtiments pour la préservation de l’histoire, ce qui nous permet de les visiter aujourd’hui. Une poignée de baraques en bois dont une partie du mobilier est restée en place, suffisamment pour que l’on s’imprègne de l’ambiance de l’époque. Un petit sentier parcourt aussi la zone minière où l’on trouve du matériel abandonné et des puits de mine condamnés par sécurité mais dont rien que l’entrée en dit long sur les conditions de travail de l’époque.


Nuit au camping, près de Townsen

Après avoir traversé les jolis paysages du Montana, moyennes montagnes recouvertes d’une herbe jaune qu’on croirait sèche et parsemées de quelques sapins, ou champs ondulés de céréales à perte de vue, nous cherchons comme chaque soir un coin tranquille pour dormir. Nous avions repéré un camping gratuit près de la ville de Townsen, mais en faisant le tour de cet emplacement pourtant sympathique, nous découvrons que le seul occupant, une caravane sans son véhicule tracteur, est équipé d’un groupe électrogène en fonctionnement. Pas du tout envieux de supporter cela toute la soirée et encore moins la nuit, nous filons un peu plus loin. Comme il est déjà tard, nous nous rabattons sur un petit camping tout proche, dénué de tout personnel comme nous en avons déjà vu (on met le paiement dans une urne à l’entrée). Pas de groupe électrogène cette fois, mais un groupe de tondeuses à gazon entourant Roberto. Relativement silencieuses, ces vaches noires ne nous laisseront que quelques bouses avant de s’éloigner et nous permettre une nuit paisible.


Allez les bleus !

Sur une colline bordant l’autoroute qui mène à Three Forks dans le Montana, on peut apercevoir un troupeau de chevaux semblant brouter tranquillement l’herbe jaune du coin. Tout de même, quelque chose cloche : ces chevaux semblent d’une taille quelque peu inhabituelle et, si leur crinière vole au vent, eux-mêmes sont immobiles. Qui plus est, en se rapprochant un peu, on distingue une couleur bleutée. S’il est possible de s’arrêter sur un petit terrain vague bordant l’autoroute, rien ne permet d’approcher davantage le troupeau. Il faut sortir les jumelles pour apprécier les 39 sculptures en métal prenant des positions aussi diverses que réalistes, et s’apercevoir que la couleur bleutée est celle de taches peintes sur chaque « animal ». Renseignement pris, il s’agit de l’œuvre d’un artiste local à qui une entreprise de céréales a offert un sommet de colline qu’elle ne pouvait sans doute cultiver. Et il parait que les vrais chevaux bleus, ça existe. Pas comme les éléphants roses.


Il nous en a fait voir de toutes les couleurs

Je parle bien sûr de cette merveille qu’est le parc de Yellowstone. On entre ici dans la cour des grands question parc naturel, le plus ancien du monde d’ailleurs car il a été créé en 1872. Pour les passionnés de thermalisme que nous sommes, c’est un grand waouh toutes les 10 minutes. Nous sommes en effet dans l’immense cratère d’un volcan dont la dernière éruption date de 620 000 ans, gardant depuis une activité géothermique intense. On voit des fumeroles partout, des lacs d’eau ou de boue en ébullition, et bien sûr des geysers. Les 2/3 des geysers du monde sont ici ! Le tout est joliment dispersé, comme si cela ne suffisait pas, dans un décor montagneux époustouflant, grandiose et diversifié. Ce qui a marqué le plus notre première journée, ce sont les couleurs magnifiques des différentes sources que nous avons rencontrées, liées aux micro-organismes qui parviennent miraculeusement à vivre dans ces eaux très chaudes (le record est à 240°C !). Paradoxalement, plus la couleur est froide, plus la température de l’eau est élevée.

A noter que nous avons fait la rencontre d’une famille française ayant tout quitté il y a 4 mois pour partir vivre au moins un an leur rêve de parcourir l’Amérique du Nord. Bien qu’ayant beaucoup voyagé avec nos enfants, nous n’avons jamais dépassé les 2 mois et demi de voyage continu, aussi nous ne pouvons qu’être admiratifs. Leur aventure est très bien racontée sur leur compte Instagram @lilybaroud, n’hésitez pas à jeter un œil.


Yellowstone J2

Ce grand parc mérite au moins 3 jours de visite, davantage si l’on souhaite parcourir d’autres sentiers que ceux qui se présentent tout le long des routes principales pour aller voir les points d’intérêts classiques. Ce qui n’est déjà pas si mal : rien qu’en empruntant ces sentiers, pour la plupart des passerelles en bois pour éviter de s’enfoncer dans les boues très chaudes, nous avons parcouru aujourd’hui 11 kilomètres. Comme hier, nous sommes allés d’émerveillements en émerveillements. Difficile de se lasser devant ces panaches de vapeur qui parsèment l’horizon, ces bassins en ébullition entourés de couronnes multicolores, ces fontaines crachotantes issues de cônes aux formes improbables et cette odeur de soufre omniprésente. Nous avons pu voir ce jour deux des attractions majeures du parc : le fabuleux Grand Prismatic Spring, un lac d’eau thermale formant une sorte de grand œil bleu entouré d’un halo de dégradés oranges du plus bel effet, et le célèbre geyser Old Faithful, dont l’intérêt réside surtout dans la fréquence relativement rapprochée et régulière des éruptions. C’est en conséquence autour de lui que l’on a construit toutes les infrastructures du sud du parc, comme les hôtels, les restaurants, les boutiques de souvenirs et bien entendu le centre des visiteurs. Les horaires probables des éruptions y sont annoncés, mais qu’on ne s’y trompe pas, les fourchettes sont assez larges. Ainsi, pour l’Old Faithful qui jaillit en moyenne toutes les 90 mn, la prochaine éruption était annoncée entre 13h40 et 14h (le spectacle a démarré à 13h40, mieux valait ne pas être en retard), tandis que pour le suivant, le Riverside geyser, c’était entre 15h05 et 16h35 (demandant donc un peu plus de patience). Pour d’autres geysers, l’intervalle entre deux éruptions est annoncé comme pouvant varier entre quelques heures et …quelques années ! Nous avons joué la simplicité en nous contentant de voir l’Old Faithful expulser 20 000 litres d’eau bouillante à une trentaine de mètres de hauteur, pendant environ 2 minutes. Confiants dans les organisateurs, nous n’avions même pas pris de parapluie !

Dans la série des rencontres, nous avons fait connaissance avec 2 autres familles de voyageurs français, chacune avec 2 enfants, parties pour un an à la conquête de l’Amérique du Nord et de l’Amérique centrale et complètement conquises par l’expérience. Ceux qui rêveraient d’en faire autant pourront se délecter de leurs aventures sur leurs comptes Instagram @prenezlapause et @nous_5_en_amerique.


Le zoo-camping du parc

Le camping sauvage étant interdit dans tout le parc, nous avons passé la nuit dans l’un de ses « campgrounds ». Les installations sanitaires sont basiques, limitées à des wc et lavabos, mais sans douches. Les emplacements sont par contre agréables avec, comme la plupart du temps en Amérique du Nord, table de pique-nique et foyer de cuisson individuels. Partout des panneaux préviennent de la présence fréquente d’animaux sauvages, ours et bisons entre autres. Nous n’aurons pas eu l’honneur de leur visite, mais en quittant le camping le matin nous sommes tombés sur ce cerf qui broutait tranquillement dans les allées, entre deux caravanes.


Gris et pastel

Troisième et dernier jour à Yellowstone. Nous commençons notre visite le matin par un secteur de géothermie boueuse. Ici, les sources dégagent volontiers de l’hydrogène sulfureux que des bactéries vont transformer en acide sulfurique, capable de dissoudre les roches autour et formant donc de la boue. Dès l’approche de la zone, bien avant de voir ces chaudrons bouillonnants, on sent bien l’odeur caractéritique d’œuf pourri et on entend les échappées de vapeurs, les bruits d’ébullition, et les bulles qui éclatent à la surface. Des geysers de boue, heureusement pour nous non actifs actuellement, ont aspergé puis grillé toute la végétation alentour, créant une grande clairière gris-blanc au milieu de la forêt. Le dernier bassin de boue que nous verrons n’est plus gris mais jaune. C’est de l’acide sulfurique presque pur, avec un pH proche de 1. Il est 10 fois plus acide que le jus de citron par exemple. A ne surtout pas consommer, même avec modération !

Nous traversons ensuite des plaines à bisons (une bonne cinquantaine étaient présents) pour rejoindre le grand canyon de la rivière Yellowstone, l’un des fleurons du parc. Long de 30 km, large de 500 à 1200 m, profond de 300m, il est le résultat de 600 000 ans d’érosion par la rivière et les conditions climatiques. Les parois abruptes où pas grand-chose ne pousse ont pris de jolies couleurs pastel, jaune pâle, vieux rose ou ocre. De frêles colonnes et murs rocheux s’avancent ça et là, procurant un bel effet de relief. Au bord des falaises, que nous avons longées à pied, des arbres au bord du vide exposent leur racines nues tout en s’accochant désespérément avec les autres. Le spectacle est vraiment spendide.


Le rodéo de Cody

Nous quittons Yellowstone en fin d’après-midi, avec l’impression d’avoir vécu quelque chose d’exceptionnel. Heureusement, la jolie route qui sort du parc nous permet une transition en douceur, tout comme celle qui mène ensuite à Cody, bordée de hautes falaises rougeâtres. Cody s’ennorgueillit d’être la capitale mondiale du rodéo, et comme nous n’avons jamais vu ce genre de manifestation, nous nous garons près de l’arène et attendons l’ouverture. Jusqu’à fin août, un show a lieu chaque soir à 20 heures. Nous arrivons en avance pour avoir les meilleures places, juste devant les stalles de départ, d’où nous pouvons assister aux préparatifs. Les cow-boys en tenue complète se bandent le bras qui tiendra le harnais (pour les chevaux) ou la corde (pour les taureaux) et l’entourent d’une attelle. Ils portent des gilets de maintien et des petits coussins protégeant la nuque. Manifestement, ça va être éprouvant pour les articulations. Pour l’épreuve sur les taureaux, ils troqueront en outre leur chapeau pour un casque intégral. Pendant ce temps le public s’installe. Les porteurs de chapeaux, de blousons et bottes en cuir sont nombreux. La musique country diffusée par les haut-parleurs donne l’ambiance. Vers 20h un animateur prend la parole, qu’il partagera avec un clown placé, lui, sur la piste. Les épreuves s’enchaînent, sous les cris et encouragement des spectateurs. D’abord rodéos à cru sur chevaux, puis attrapage de veaux au lasso, en individuel ou en équipe, rodéo sur chevaux mais avec selle, course de vitesse avec obstacles et enfin l’épreuve reine, le rodéo sur des taureaux déchaînés où, je crois, le meilleur a tenu 12 secondes. Du beau spectacle et une ambiance typique far-west.

Fatigués de cette grande journée, nous ne chercherons pas bien longtemps un endroit pour passer la nuit : un supermarché Walmart est à deux pas. Pas très glamour mais il fera l’affaire. D’autant que le frigo est vide, nous serons sur place pour les courses du lendemain.


La ville de Buffalo Bill

Si le rodéo est si légendaire à Cody, c’est bien bien grâce au créateur de la ville, William Frederick Cody. Son nom ne vous dit sans doute rien parce qu’il ne s’est appelé comme ça que jusqu’à l’âge de 23 ans où il abattit en une journée 69 bisons dans une sorte de concours stupide avec un autre éclaireur de l’armée qui lui n’en tua « que » 46. A partir de ce jour peu glorieux, mais qui pourtant suscitait l’admiration des gens d’alors, on l’appela Buffalo Bill. Quasiment autodidacte puisqu’il entra dans la vie active dès ses 10 ans, à la mort de son père, il fut particulièrement entreprenant tout au long de son existence. Cavalier et tireur émérite, acteur dans l’âme, il lança à l’âge de 36 ans, en 1882, le Wild West Show, un grand spectacle composé de numéros variés faisant tous l’apologie de la conquête de l’ouest. On y voyait des démonstrations de tir de précision, des courses de chevaux, des scènes de chasse avec de vrais bisons, des attaques de diligences, des batailles historiques et des scènes de la vie quotidienne. Buffalo Bill y participait en personne, aux côtés d’invités célèbres comme Calamity Jane ou le chef indien Sitting Bull. Le succès fut retentisssant et la troupe partit en tournée nationale puis européenne, avec une logistique remarquable pour l’époque. Buffalo Bill créa aussi la ville de Cody et fit beaucoup pour développer ses infrastructures. Nous n’avons pas résisté au plaisir de déjeuner au restaurant de SON hôtel. Ambiance typique garantie pour un prix étonamment raisonnable (15€ le buffet du midi).

Un excellent article sur le Wild West Show ici


Cinq pour le prix d’un

Le Buffalo Bill Center of the West est le centre culturel de Cody.5 expositions sont rassemblées dans même bâtiment, avec un billet d’entrée valable 2 jours, ce qui nous a été fort utile. La première est bien sûr dédiée au héros de la ville, tandis que les autres sont consacrées à l’histoire naturelle de la région, aux indiens des plaines, à l’art régional et aux armes à feu. Cette dernière, exceptionnelle, expose 5200 pièces sur les 7000 en possession du musée. Elle semble parfaitement à sa place ici au Wyoming, l’un des états ayant la plus forte proportion de détenteurs d’armes à feu (60% contre 5% pour le Delaware et 33% en moyenne aux USA)


La Tour du Démon

Après avoir de nouveau traversé des paysages superbes, nous arrivons à la Tour du Démon, une étonnante formation rocheuse qui ne ressemble à rien de ce qui l’entoure. Comme une dent qui aurait poussé au milieu de la campagne. En s’approchant un peu, on aperçoit des rayures verticales qui, avec la forme générale en tronc de cône, donnent à la chose l’apparence d’un cannelé bordelais géant. Inévitablement, on se demande comment elle est arrivée là. Au Visitor Center, les hypothèses vont bon train. On parle d’abord d’une origine extra-terrestre. Dailleurs, un alien est exposé à l’entrée, comme s’il avait été capturé puis empaillé en guise de preuve. Plus loin, on affirme, photo et gravure 3D à l’appui, qu’une ourse immense aurait tenté de grimper au sommet de la montagne où s’était réfugié un groupe d’Indiens, provoquant les profondes rainures avec ses griffes, en glissant. La bête ayant échoué, le lieu est devenu sacré pour les tribus du coin. Après, il y a les scientifiques qui ont forcément une explication : de la lave aurait trouvé son chemin il y a 60 000 ans (facile l’hypothèse, il n’y a plus personne pour témoigner) dans des couches sédimentaires, que la rivière autour aurait ensuite érodées. La lave elle-même en séchant lentement aurait produit ces jolies colonnes polyédriques. Pas facile de savoir qui a raison. Moi j’aime bien l’histoire de l’ourse, et vous ?


Nous passons la nuit à l’orée d’une forêt près du site, évitant volontairement le camping au pied de la tour. Pas seulement en raison du risque d’éboulement mais aussi parce qu’ils diffusent encore chaque soir le film Rencontres du 3ème type. Encore qu’avec en fond le décor qui a inspiré Spielberg ce pourrait être amusant.


Des têtes bien faites

Nous poussons jusqu’à l’état du Dakota du Sud pour rendre visite au monument le plus emblématique des USA après la statue de la liberté: le Mont Rushmore. Les têtes des plus méritants présidents du pays gravées dans le granit attirent chaque année plus de 3 millions de visiteurs. Initialement, ce devaient être des personnages célèbres de l’Ouest, mais le sculpteur Gutzon Borglum en a décidé autrement. Vu que l’oeuvre est très connue, je ne vais pas trop faire le savant, mais je vous propose un petit jeu : parmi les affirmations suivantes, une seule est fausse, laquelle ?

  1. Le sculpteur a été formé en France
  2. Les nez des portraits sont de la même taille que Roberto
  3. L’une des têtes a dû être déplacée
  4. Un portrait féminin devait être ajouté mais cela n’a pas pu se faire faute d’argent
  5. Trump a demandé à ce que son portrait soit ajouté
  6. Une sculpture concurrente, plus grande, est en cours de réalisation sur une montagne proche
  7. Aucun décès n’a été à déplorer pendant le chantier
  8. Le sculpteur était membre du Ku Klux Klan

La solution en commentaire dès 5 réponses obtenues


A point ou bien cuits ?

De passage dans la ville de Hot Springs, nous n’avons pas résisté au plaisir de nous plonger dans les eaux bien chaudes d’un établissement local comportant plusieurs piscines ouvertes entourées de jardins. Rompant ainsi avec la frustration de n’avoir pu nous baigner dans les sources (trop) chaudes du parc Yellowstone. Un délice.


Nous sommes repassés maintenant dans le Wyoming et venons d’arriver à Laramie. Le voyage se poursuit sereinement. Pas d’incident mécanique à signaler, Roberto est bien vaillant, savourant sans doute comme nous le plaisir de découvrir la suite. Comme vous aussi j’espère.

58. De la Géorgie au Tennessee

Depuis Orlando, nous avons amorcé notre lente remontée vers le Canada. En nous éloignant de la côte et en gagnant en latitude, nous accumulons les miles et perdons des Fahrenheit. Vous verrez dans cet article comment nous jonglons (ou pas) avec le système de mesures américain, comment nous avons appris en contrepartie que le Coca-Cola était dérivé d’une boisson française. Nous y partageons bien entendu nos autres découvertes de la semaine.


Cocacolacoricoooo !

Où ailleurs qu’à Atlanta peut-on trouver une rue Coca-Cola ?

J’avais promis de revenir sur cette visite un peu ratée du World of Coca-Cola à Atlanta. Peut-être ratée à cause de la visite du Mémorial Martin Luther King le matin-même, les deux sujets étant peu compatibles, mais pas que. Peut-être aussi parce que nous avions une référence, le Dr Peppers Museum, visité quelques semaines plus tôt et vraiment excellent, très informatif et peu publicitaire. Chez Coca-Cola, tout nous a semblé l’inverse. Dès l’accueil, alors que les visites étaient annoncées limitées par des inscriptions en ligne et que celles-ci étaient complètes pour les 2 heures qui suivaient, tous ceux qui se présentaient aux guichets étaient acceptés. Nous avons donc pu rentrer immédiatement, moyennant vingt dollars chacun. Pour être parqués dans une première salle, puis une seconde avec un chauffeur de public, avant d’être invités à visionner un film d’une quinzaine de minutes sur des évènements sportifs ou familiaux tous accompagnés de la célèbre boisson. Que des gens minces bien entendu, très éloignés du profil (dans les sens premier et arrondi du terme) du consommateur moyen de la boisson aux sept morceaux de sucre par canette. Après ce film, nous sommes enfin lâchés dans différentes salles, avançant pas à pas devant les vitrines exposant des objets publicitaires et/ou anciens, sans pouvoir vraiment les regarder parce que ceux de derrière poussent pendant que leurs gamins courent partout et interagissent avec les quelques objets présentés comme s’ils voulaient les détruire ou s’en servir comme instrument de percussion. Nous avons tout de même repéré deux ou trois choses intéressantes, vous les verrez en photo, mais globalement nous n’avons rien appris.

Dommage car l’histoire du Coca-Cola est intéressante, mais c’est ailleurs que j’ai dû la rechercher et surtout pas sur le site très édulcoré de la firme. La boisson a été inventée dans les années 1880 par un pharmacien d’Atlanta. A l’époque, les pharmacies et drugstores disposaient de fontaines à soda, l’eau et les bulles identiques pour tous venant agrémenter un sirop qui lui avait une formule propre. Accro à la morphine qu’il prenait pour soulager ses blessures de guerre, le pharmacien souhaitait fabriquer une potion qui lui permette de se sevrer. Il se basa sur une liqueur française à base de feuilles de coca et de vin de Bordeaux (le Vin Mariani) pour élaborer sa propre formule associant, entre autres, feuilles de coca et noix de kola. Il l’appela sa liqueur alcoolisée French Wine Coca, même si le Bordeaux en était exclus. La boisson ne fut pas lancée à grande échelle pour autant car le maire d’Atlanta l’interdit, la ville étant dans les toutes premières à promouvoir la prohibition. Le pharmacien dut revoir sa copie et exclure l’alcool. Le Coca-Cola était né et allait pouvoir se répandre dans le monde comme une traînée de poudre, ce terme n’étant pas si inapproprié car même sans alcool, la boisson contenait encore 9 mg de cocaïne par litre, de quoi doper la consommation. Abusé par ses associés, le pharmacien dut leur vendre sa marque et sa formule pour 2300 dollars et mourut un an plus tard sans se rendre compte à quel point il avait spolié toute sa descendance. Aujourd’hui, la boisson est la plus consommée dans le monde après le thé et le café, 420 000 bouteilles sont ouvertes chaque seconde ! Les Mexicains en ingurgitent chaque année 160 litres chacun (le record) contre 94 litres pour les Américains et 32 litres pour les Français.


L’attentat d’Atlanta

Les anneaux olympiques du Parc du Centenaire nous rappellent bien qu’Atlanta a été la ville organisatrice des Jeux Olympiques en 1996. Des jeux marqués entre autres par l’explosion d’une bombe au beau milieu du village olympique faisant 2 morts et 111 blessés. Mais nous autres Français retiendrons la performance de Marie-José Pérec, double médaillée d’or aux 200m et 400m. Elle reste encore détentrice du record de France dans ces deux disciplines.


C’est le printemps !

Les rues des beaux quartiers d’Atlanta sont déjà un petit jardin botanique en soi, avec leurs belles pelouses parfaitement tondues encadrées ou parsemées d’arbres fleuris et de massifs impeccables, mais nous avons voulu voir le must au vrai Jardin Botanique de la ville. Et nous n’avons pas été déçus. Rien de mieux que d’observer la diversité que la nature nous offre, même si dans ce genre d’endroit elle est entretenue artificiellement. Dans une serre, un climat tropical humide avec brume permanente donne l’illusion de se trouver en pleine jungle, entourés de palmiers et bananiers géants dont on distingue à peine les feuilles et de racines tombantes qui vous effleurent le visage. On ne serait pas étonnés de voir surgir un gorille de ce brouillard. Mais comme dans la vraie forêt, les animaux se montrent peu et les seuls que nous verrons sont des petites grenouilles bien protégées derrière la vitre de leur vivarium. Une précaution pas inutile car elles sont vénéneuses !


Tout dans la mesure

La hauteur de votre véhicule est de 2,60m.
Vous passez ou pas ?
A quelle vitesse devez-vous rouler ?
(Vous avez 5 secondes pour prendre la décision)

Le système d’unités Américain, dit « impérial » est assez compliqué à intégrer pour nous autres adeptes du système métrique. Ça commence sur la route dès le franchissement de la frontière par les panneaux de limitation de vitesse, libellés en miles par heure (mph), alors que le tachymètre de votre véhicule continue d’afficher des km/h. Pas le temps de sortir la calculette, il faut convertir mentalement pour adapter sa conduite. 1 mile valant 1,6 km, on rajoute la moitié et un « chouïa ». Exemple : si le panneau mentionne 40, la limite en km/h est de 40 + 20 + disons 4 = 64 km/h. Pour compliquer les choses, les panneaux de limitation de vitesse affichent souvent des multiples de 5. Ainsi, à l’arrivée dans les villes se succèdent rapidement des limitations à 45 puis 35 puis 25 puis 15 mph. Il faut s’adapter vite ! Une autre astuce est de jeter un œil à la vitesse instantanée affichée par le GPS qui s’est mise automatiquement en miles dès notre entrée sur le territoire américain. C’est bien pour la vitesse et la distance restant à parcourir, sauf lorsque nous approchons d’un changement de direction, car à ce moment les distances s’affichent …en pieds ! Qu’il faut alors diviser environ par 3 pour savoir, en mètres, là où il faut tourner.

Les hauteurs quant à elles, indispensables pour savoir si Roberto passe ou non sous tel pont ou telle porte de garage, sont affichées en pieds et pouces. Dur dur pour des décisions qui doivent en général se prendre très rapidement ! Les altitudes aussi sont exprimées en pieds, et l’altitude c’est important en voyage, ça donne une idée des températures auxquelles il faut s’attendre. Car on perd 3 degrés Fahrenheit et demi à chaque fois que l’on monte de mille pieds. Vous suivez ? Sinon nous achetons le diesel au gallon, l’eau et le lait en onces liquides et nous jonglons pour les recettes de cuisine avec les pintes, les tasses, les shots, les cuillers de table, les cuillers à thé et même les gouttes. Mais ça c’est tout simple, il suffit de savoir que 2 pintes valent 4 tasses, qu’un shot vaut 3 cuillers de table ou 2/3 d’onces fluides et qu’une cuiller à thé contient 80 gouttes. Pour finir, les fruits et légumes se vendent à la livre (453,59 g)( avant de s’en rendre compte, on trouvait qu’ils n’étaient pas chers…) et le sucre ou les pâtes en onces solides (28,35g) à ne surtout pas confondre avec les onces liquides. La confusion est si facile que l’on pourrait s’y prendre les 30,47 cm …euh je voulais dire les pieds.


Le pont de la rivière quoi ?

Ce pont métallique ressemble un peu à celui du film sur la célèbre rivière thaïlandaise, sauf qu’il n’y passe pas de trains mais uniquement des piétons et des vélos, et qu’il est d’un joli bleu azur. C’est aussi, avec ses 724 m l’un des plus longs ponts piétonniers au monde. Restauré il y a une trentaine d’années après dix ans de décrépitude, il fait maintenant le bonheur des habitants de Chattanooga – une ville au nord-est d’Atlanta – qui viennent y marcher ou y courir sur ses traverses en bois datant de 1860. Le pont offre une jolie vue sur la ville, sur le Hunter Museum of American Art (j’en reparlerai juste après) perché sur une falaise à l’une de ses extrémités, et bien entendu sur la rivière Tennessee qu’il enjambe.


Tableaux de chasse

Compte-tenu du nom, c’est effectivement le thème de la chasse que nous pensions voir développer dans ce Hunter Museum of American Art où nous nous sommes réfugiés pour échapper à la pluie. Si la première œuvre présentée, un joli tableau de chasse sur une porte en trompe l’œil, la première acquisition du musée en 1952, semblait confirmer cette impression, nous avons compris rapidement que « Hunter » était le nom du créateur de ce musée. L’histoire ne dit pas s’il était chasseur, mais il fut en tout cas directeur de la première usine d’embouteillage de Coca-Cola à Atlanta, ce qui l’a conduit à amasser une petite fortune. Les bâtiments du musée à l’architecture osée, mélangeant les genres, hébergent des œuvres d’artistes américains datant du XVIIIème siècle à nos jours, dans des styles aussi divers que la peinture, la sculpture, la photographie, le travail du verre, le patchwork, etc. Je vous ai mis mes œuvres préférées avec quelques commentaires, mais le choix était difficile. Si vous en voulez davantage, le site offre une visite virtuelle, en anglais bien sûr, mais l’art n’a pas de frontières.

Un magnifique cheval en bois flotté,
à l’entrée du musée

William Glackens (1870-1938) « Miss Olga D. »
Le portrait d’une actrice allemande par un admirateur de Renoir, et donc dans son style

Portrait de Georges Washington par Gilbert Stuart. S’il vous rappelle quelque chose, c’est normal, il figure encore sur tous les billets de 1 dollar

Une ville que j’aimerais visiter…

Du verre, encore du verre…

Un grand tableau de plus de 2 mètres de hauteur intitulé « Black Star Family. First Class Tickets to Liberia » et réalisé par Bisa Butler, tout en patchwork. Un travail magnifique !
Le hall d’entrée du musée,
donnant sur la rivière Tennessee

« Portrait d’une jeune fille assise »
par Jules Pascin (1885-1930)
Je ne sais pas pourquoi mais ce portrait m’a plu. La belle harmonie des couleurs, de la peinture jusqu’au mur ? Le côté Petit-beurre LU du cadre ? Va savoir…,

Portrait de Jimmy Carter par Andy Wharol, utilisé pour sa campagne présidentielle. C’est quand même mieux qu’un hologramme, non ?

Un escalier qui donne envie de grimper pour aller voir ce qui se passe…



Les grandes montagnes enfumées

Aucune photo d’ensemble ne nous ayant été permise par la météo,
voici celle du site officiel des parcs nationaux nps.gov

Ce territoire appartenait aux indiens Cherokee mais tout comme eux est tombé dans le domaine public. Ni la célèbre marque de 4X4 ni le gouvernement américain ne versent de royalties aux indiens pour avoir baptisé leur modèle ou leur parc avec le nom de leur tribu. Et encore moins les 12 millions de touristes qui viennent le visiter chaque année (3 fois plus que Monument Valley) mais il faut dire que, exceptionnellement, l’entrée de ce parc national est gratuite. C’est l’une des plus grandes forêts primaires tempérées de feuillus d’Amérique du Nord, avec une altitude variant entre 275m et 2025m et une surface de 2108 km2. Autant dire que le climat y est très varié et toujours très humide. Si le soleil a fait quelques apparitions dans les vallées lorsque nous y étions, les nuages n’ont jamais quitté les sommets, justifiant bien le nom du parc. La plupart des routes sont fermées l’hiver. Elles venaient juste de réouvrir lorsque nous sommes passés. Nous avons fait quelques randonnées, toutes deux aboutissant à une petite cascade. Nous avons bien ouvert les yeux à la recherche d’ours noirs, les animaux emblèmes du parc, mais avec 1 animal au km2 la rencontre était peu probable. Très peu de photos à vous montrer du coup pour cette pause nature malgré tout agréable.


Le sens de la mise en scène

Les 2 villes à l’entrée du parc sont vouées à l’accueil de ses visiteurs. Elles possèdent d’une part tout ce qu’il faut pour les héberger et les nourrir, mais aussi tout pour les occuper et alléger leur porte-monnaie (on grimpe plus aisément les poches vides) par le biais d’attractions multiples qui s’enchaînent sur plusieurs kilomètres sur les rues centrales. Les enseignes et façades rivalisent d’extravagance pour attirer les visiteurs, tels ce Titanic accueillant un musée dédié, ce King Kong accroché à sa tour fétiche, cette reconstitution du Mont Rushmore avec des têtes d’acteurs remplaçant celles des présidents, ce restaurant aux allures de vieille maison de trappeur avec tous les accessoires qui vont bien, ou encore ces maisons renversées, une attraction maintenant classique mais qui plaît toujours beaucoup. Qu’elles soient retournées ou pas n’y change rien : les Américains ont un excellent sens de la mise en scène.


Music City

Nashville mérite bien son qualificatif de « Music City », autrement dit ville mondiale de la musique, nous l’avons vérifié. C’est ici qu’a été développée la music country après l’arrivée des premiers émigrants, mélangeant les instruments et les genres musicaux de leurs pays respectifs. L’association pour le meilleur de la guitare espagnole, du banjo africain, de la lap-steel hawaïenne (une sorte de guitare à plusieurs manches qui se joue à plat), de la mandoline italienne, de l’harmonica, et par ailleurs des musiques folkloriques celtiques, du gospel des noirs américains, du yodel autrichien, de la musique cadienne ou encore du blues. Bien sûr tout cela a évolué au fil du temps, pour devenir un genre mineur en Europe alors qu’aux USA, au Canada et en Australie cela reste encore très développé. Nous l’avons compris en visitant à Nashville le centre culturel dédié à la musique country et en voyant là les visiteurs se pâmant devant le disque de platine de tel chanteur ou faisant un selfie devant le portrait de tel autre, quasiment tous inconnus pour nous. Nous avons approfondi notre culture en la matière en nous baladant dans les rues de la capitale du Tennessee, où le moindre restaurant ou bar accueille des musiciens en live, en déjeunant dans l’un de ces restaurants, et même en allant voir un concert dans le célèbre auditorium Ryman qui fonctionne en continu depuis 1892 et sur la scène duquel s’est produit Elvis Presley. C’est la plus mythique des salles de spectacle parmi les 120 que compte la ville. Nashville vaut aussi largement la visite pour son animation diurne comme nocturne, avec ses belles enseignes en néons, sa musique omniprésente, et le défilé de ses passants habillés de vestes brodées ou en daim à franges, coiffés de chapeaux et chaussés de bottes en cuir. Nous y étions un vendredi, difficile de dire s’ils sont habillés de même en semaine, mais pourquoi pas ?


J’vous ai apporté des bonbons

Avant de quitter pour de bon le Tennessee, dérogeons à la règle des lapins en chocolat de ce dimanche pascal avec cette boutique très colorée de Pigeon Forge (vous savez, la ville du Titanic et de King Kong réunis). Rien en chocolat, tout en sucre et colorants. Si l’on se contente du plaisir des yeux c’est inoffensif. Pas de mal à se faire plaisir, non ?


Dans quel état sommes-nous ?

Pour ceux qui demandent de nos nouvelles, Roberto et nous allons très bien à l’approche de nos 1 an de vie nomade, toujours aussi motivés à de nouvelles découvertes. Pour ceux qui voudraient juste savoir où l’on est, nous venons d’arriver dans l’état du Kentucky. Pour l’instant ça évoque surtout pour nous le poulet frit, mais nul doute que nous en aurons une autre idée dans les jours qui viennent. A bientôt pour la suite donc. N’hésitez pas à commenter, ça fait toujours plaisir. Les boutons sont sous le parcours mis à jour.