98. Le Salvador en images commentées

Le Salvador est le plus petit pays d’Amérique centrale, de la taille de la Gironde et des Landes pour vous donner une idée. Les premières routes que nous parcourons sont en excellent état, ce qui tranche avec le Mexique ou le Guatemala. Les premiers paysages que nous traversons sont montagneux, volcaniques, et aussi très verts avec beaucoup de plantations de café et de fleurs tropicales. Les maisons sont nettement plus soignées qu’au Guatemala, où elles sont curieusement abandonnées à leur état de parpaings bruts. Les couleurs vives sont partout, mais ce n’est pas vraiment une surprise, et les fresques murales sont courantes. D’une manière générale, le Salvador semble avoir un meilleur niveau de vie que ses voisins, et cela se ressent dès la première visite au supermarché. Et ce n’est pas qu’une impression liée au fait que les prix soient en dollars américains, la monnaie officielle du pays.

Plaque minéralogique du Salvador

Pour changer de la présentation habituelle du blog et rompre avec une éventuelle monotonie, cet article sera présenté uniquement en photos ou vidéos commentées


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Passage de frontière : Les formalités n’ont pris qu’une cinquantaine de minutes et nous y avons reçu un accueil plus que chaleureux. De l’autre côté du pont qui sépare le Guatemala du Salvador, des panneaux de bienvenue s’étalent partout et la première démarche, pour l’importation de Roberto, s’est faite sur une petite table en extérieur avec chaise en plastique, où un employé jovial nous a rempli un formulaire que nous aurons  ensuite à remettre à un autre employé plus ordinaire et dans un bâtiment plus conventionnel pour l’établissement du document définitif. Pas de tampons sur nos passeports. Nous savons juste que nous sommes autorisés pour 90 jours sur l’ensemble du territoire allant du Guatemala au Nicaragua. Cela devrait suffire, ces pays ne sont pas bien grands.



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Procession des Rameaux : Une grande église blanche trône devant la place, très fréquentée en ce dimanche des Rameaux. Nous avons la chance d’observer une procession et de pouvoir faire la photo de famille des pénitents du jour.




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L’art est jusque dans l’église, avec de beaux autels sculptés par un des habitants et quelques murs peints aussi.
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Rien de tout cela n’était exceptionnel, mais cela ne nous a pas laissés de glace non plus.

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Notre parking pour la nuit à Juayua, dans une petite cour qu’il fallait atteindre en traversant un couloir. Assez tranquille si ce n’était le gros criquet de 15 cm qui voulait grimper sur Roberto !
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L’église de la ville est rouge et blanche à l’extérieure, tandis que son sol en damier et ses décorations de palmes donnent une petite ambiance caribéenne.

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Là aussi, des murs peints un peu partout

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Les rutilants bus salvadoriens n’ont rien à envier aux chicken bus guatémaltèques. Ils sont tout aussi impétueux et produisent la même fumée bien noire.


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1. Ce palanquin déplacé d’un camion vers la cathédrale par 5 hommes seulement. Et dire qu’il en fallait 80 et qui paraissaient souffrir le martyr pour porter ceux que nous avons vus à Antigua. Certes il y avait quelques statues en plus mais quand même, chiqué !
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2. Cette petite fille que son père amène faire des bulles dans la cathédrale comme s’il s’agissait d’un jardin public. Lui aurait-il parlé des bulles du pape ?
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3. Cette « statue de la liberté » devant le palais municipal devant laquelle on a installé une tente abribus, la privant de toute vue. Mais où est la liberté ?
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4. Santa Ana, la patronne de la ville, aurait inhabituellement les yeux bruns. Mais pas de chance pour nous, impossible de le vérifier en cette unique période de l’année (Rameaux) où les effigies de la cathédrale sont voilées de mauve !

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Vous avez sous les yeux le plus haut volcan du Salvador, culminant à 2381 m d’altitude. D’en bas ça fait moins volcan que son jeune copain d’en face (image à droite ci-dessous) mais la pancarte du sentier nous annonce un joli lac de cratère en haut. Et aussi l’accompagnement obligatoire par un guide et des policiers, mais on fera ceux qui n’ont commencé l’Espagnol qu’avant-hier…
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Nous découvrons le spectacle époustouflant de ce lac bleu-vert tout au fond du cratère, bordé de fumerolles dont on entend bien le souffle et parcouru de fines brumes mobiles. Si la température du lac (20°C) est compatible avec la baignade, il n’en est pas de même de l’acidité qui se situe entre le contenu de votre batterie et celui de votre estomac (pH de 1). De toutes façons, il est interdit de s’en approcher et le sol instable incite à la prudence. Pas envie de plonger dans la Trempette !
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Un petit selfie s’impose, à défaut de guide pour prendre la photo (ce doit être son utilité car il est impossible de se perdre sur l’unique sentier)
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Fumerolle sur le rivage jaune

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Nous visitons maintenant un site maya unique en son genre, Joya de Cerén. Unique parce que c’est le seul en Mésoamérique où l’on a retrouvé des maisons d’habitation, à l’inverse des palais princiers et lieux cérémoniels habituels qui d’habitude, étant construits en dur, sont seuls à résister au temps. Si les maisons en bois et torchis ont survécu ici, c’est grâce à l’intervention d’un volcan en l’an 590. Tel le Vésuve, il a recouvert ce petit village d’agriculteurs d’épaisses couches de cendre (14 au total).
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Ici, la maison d’un chamane. On a identifié aussi des entrepôts, une salle de réunion, un sauna, une cuisine. On a trouvé beaucoup d’objets et même des aliments intacts laissés lors de la fuite des habitants.

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Visitons ensemble la capitale du pays, San Salvador. Avec près de 250 000 habitants, c’est la 2ème ville la plus peuplée d’Amérique centrale après Guatemala Ciudad. Un développement anarchique commun dans la région fait qu’elle a peu d’intérêt pour les touristes, si ce n’est son centre-ville colonial et animé.





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Le marché central. Le seul endroit de la capitale où l’on trouve encore des habitants en tenue traditionnelle. Nous y avons aussi goûté aux « pupusas », la spécialité nationale, une sorte de crêpe à base de farine de maïs ou de yucca fourrée à la viande et/ou aux légumes. Bon mais pas extraordinaire.
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Ah, un cimetière de 35 ha en plein centre-ville. Voyons comment ça se passe. D’emblée, les couleurs n’ont rien à voir avec celles des cimetières guatémaltèques. Les tombes sont d’une grande « diversité », pour ne pas employer un autre mot.

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Des ailes de papillon avec des pinceaux, il fallait y penser…
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Un exemple du travail des enfants. On sait qu’ils adorent crayonner sur les murs !
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Des ailes de papillon avec des photos de gens devant des ailes de papillon, il fallait y penser…

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Il commençait à faire très chaud sur les plaines du Sud (36° C à l’ombre…) alors nous avons pris un peu d’altitude. Ce petit lac dans un cratère près d’Alegria était parfait pour nous. 24°C le soir (1250m d’altitude) et bizarrement pas un chat. En pleine semaine sainte, les locaux étaient peut-être occupés ailleurs. En tout cas la nuit a été super tranquille et quel spectacle le matin au réveil !
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L’image panoramique rend mieux compte de notre solitude…
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J’ai même eu tout loisir de chercher un joli reflet !
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Nous terminons notre parcours salvadorien par la ville d’Alegria, curieusement décorée de passoires en plastique censées sans doute représenter des méduses. Nous n’avons pas osé demander la raison de peur de s’entendre répondre « c’est pour faire joli, pourquoi ? »
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Pour rappel, une pupuseria est une boutique où l’on vend des pupusas, si jamais…
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Sur quelques maisons, on trouve des pensées de l’écrivain local Alberto Masferrer. Du bois aussi mais ça n’a rien à voir. Ça montre juste qu’on est en altitude…
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Les seules choses « inquiétantes », ce sont ces poudres colorées et ces pochoirs, qui signifient que l’on va sous peu décorer les chaussées d’alfombras pour les prochaines processions. Et que Roberto risque d’être coincé dans le centre-ville pour plusieurs jours. Go go go !

En cette période de week-end pascal, très suivi ici, tout ou presque est fermé. C’est le bon moment pour quitter ce pays auquel nous avons trouvé un certain charme, un côté paisible et de jolis paysages. Il aura juste eu la malchance de passer immédiatement après le Guatemala, ce qui nous a fait manquer un peu d’objectivité pour l’apprécier à sa juste valeur.

Notre prochaine étape est de traverser le Honduras en une journée (le pays est réputé peu sûr en ce moment et la plupart des voyageurs nomades n’y passent que très peu de temps) pour parvenir le soir même au Nicaragua. A bientôt !

Parcours au Salvador
Parcours au Salvador, zoomable ici pour les adeptes du détail

J’espère que cette version toute en légendes d’images (et de vidéos) vous a plu. N’hésitez pas à me dire en commentaires si vous préfériez l’ancienne forme.

97. Les capitales du Guatemala

Prenant possession du Guatemala en 1523, les colons espagnols installèrent d’abord une Capitainerie générale pour gérer quasiment toute l’Amérique centrale. En raison de soulèvements d’Indiens, elle fut déplacée en 1541 au pied du volcan Agua qui manifesta de suite son mécontentement (à moins que ce ne soit un coup des Indiens) en crachant une énorme coulée de boue. Les Espagnols reconstruisirent l’année suivante leur première capitale appellée Villa de Guatemala à quelques kilomètres de là, hors du passage de la boue. Mais le volcan (ou les Indiens) n’avait pas dit son dernier mot : il attendit que la population se soit bien développée (60 000 personnes) pour générer un beau tremblement de terre en 1773. Dépités, les conquistadors créèrent une nouvelle capitale, Guatemala Ciudad à 40 km de là, tandis que l’ancienne était rebaptisée La Antigua Guatemala (Antigua pour petit nom) et se reconstruisait peu à peu malgré les séismes à répétition qui continuent de l’affecter et qui ne semblent pas inquiéter les touristes qui viennent en nombre. C’est vrai qu’elle a un charme fou.

La Antigua Guatemala, ancienne capitale
La Antigua Guatemala, vue depuis le Cerro de la Cruz. En arrière-plan le volcan Agua (3760m)

Antigua, jour de procession

Antigua est peut-être la ville du Guatemala où les traditions catholiques sont les plus marquées, particulièrement en cette période de Carême, à l’approche de la semaine sainte. Arrivés un samedi après-midi, logés gracieusement à deux pas du centre-ville sur l’agréable parking gazonné et ombragé de la police touristique, nous avons pu assister dès le dimanche matin à une procession d’envergure. Une heure avant le passage du cortège, les trottoirs étaient déjà presque pleins et plusieurs dessins avaient été réalisés au milieu de la rue à l’aide de fleurs fraîches, de sciure de bois colorée, d’aiguilles de pin ou encore de fruits et légumes. Réalisés par les riverains, ces dessins éphémères disparaîtront au passage de la procession, piétinés par la foule.

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La procession du jour a démarré vers 5h ce matin et est en cours de bénédiction dans une église voisine. Vers 9h elle devrait reprendre son circuit qui durera toute la journée pour se terminer vers minuit. Des centaines de personnes vêtues de robes et capuches violettes envahissent peu à peu les rues, bientôt accompagnés par d’autres déguisées en soldats romains. Puis on entend la fanfare et on aperçoit un grand palanquin, chargé d’une couronne et une statue de Jésus, se déplacer avec un balancement régulier, comme flottant sur la foule. De près, on souffre pour les 80 pénitents, la sueur au front et la joue contre le bois du char, totalement investis dans leur tâche de soutenir cette masse énorme. Derrière, ce sont des femmes qui supportent de façon similaire une effigie de la vierge Marie, accompagnées par une fanfare jouant une musique lugubre. Un moment aussi spectaculaire qu’émouvant.

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Très concentrés et investis, les 80 pénitents portent ce grand palanquin de plusieurs centaines de Kg
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La fanfare suit, en jouant des airs lugubres
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Puis vient le palanquin de la Vierge Marie, porté tout aussi péniblement par des femmes, cette fois
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Ils sont arrosés régulièrement pour raviver les couleurs et éviter que le vent les abime

Antigua, le lendemain

La foule du week-end partie, nous pouvons visiter tranquillement la ville. Un joli quadrillage de rues pavées bordées de maisons à un seul étage et de couleurs vives où le jaune domine. L’architecture coloniale espagnole et les bougainvilliers qui débordent des murets, les églises jaune vif décorées de motifs en stuc blanc, les nombreuses ruines teintées de lichens et l’écrin volcanique en arrière-plan ont un charme certain. L’Unesco l’a d’ailleurs reconnue patrimoine mondiale de l’humanité dès 1979.

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Antigua – Façade d’église en ruines et bâtiment restauré à côté

Nous déambulons tranquillement dans les rues pour observer les édifices et les lieux les plus caractéristiques, comme la célèbre Arche Santa Catalina, emblème de la ville ; le Parque Central, quadrilatère verdoyant où viennent discuter les habitants au milieu des cireurs de chaussures et autres vendeurs ambulants ; la Catedral Santiago, logée dans sa chapelle initiale après le séisme de 1773 et dotée d’un Christ noir ; La Merced, dont la façade jaune canari est construite à la manière d’un retable avec colonnades et statues ; les nombreux couvents ; les marchés d’artisanat en nombre adapté à la fréquentation touristique (2,5 millions de visiteurs en 2019).

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L’ancienne Capitainerie générale, sur le Parque Central
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L’église de la Merced et sa façade jaune vif avec décors de stuc
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Derrière cette église, un grand patio avec la plus grande fontaine d’Amérique centrale (à sec…)
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L’hôtel de ville
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Séquence nostalgie

Il y a 25 ans, nous mettions les pieds pour la première fois à Antigua lors de l’adoption de notre fils Achille. Ressortant quelques vieilles photos prises alors, nous avons cherché à retrouver quelques lieux. Pour les édifices à caractère touristique, cela a été relativement simple, mais pour deux photos avec notre fils dans les bras, c’était une autre affaire. L’une d’elles était prise dans le patio d’un restaurant. Il a fallu en explorer quelques uns pour retrouver le lieu précis qui heureusement n’avait pas trop changé en 25 ans. Nous nous sommes faits un grand plaisir d’y déjeuner et de nous y faire prendre en photo par le serveur. Pour l’autre, prise dans la rue, cela a été plus compliqué encore. Une grande porte en bois près d’un mur jaune et de fenêtres grillagées, c’est très commun ici. Après avoir sillonné le centre-ville, nous étions de retour bredouilles vers Roberto quand un passant nous a interpellés, nous entendant parler en Français. Nous apprenons qu’il est Suisse et qu’il vit ici depuis 7 ans avec son épouse guatémaltèque et sa fille de 13 ans. Il n’a guère envie de retourner en Suisse avec la morosité ambiante assez proche de celle de la France. On le comprend ! Misant sur sa connaissance d’Antigua, nous lui soumettons alors la photo. Après examen attentif, il repère quelques détails et nous retrouve la bonne rue. Un petit parcours complémentaire sur Google Maps en version Street View nous permettra d’identifier le lieu précis… et d’aller refaire un cliché similaire.

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A table au Restaurante del Arco, en 1998 et en 2023
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Stand up sous l’Arche de Santa Catalina, en 1998 et en 2023
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L’arche si célèbre n’a pas trop changé en 25 ans
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Cette église très abimée vient de débuter sa restauration !
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Quant à l’église de la Merced, elle est toujours aussi populaire !

Épilogue : à l’aide des quelques informations en notre possession sur le dossier d’Achille, nous avons pu retrouver dans le dédale des rues d’une ville de banlieue de Guatemala Ciudad, la nourrice qui l’a élevé ses 6 premiers mois. Nous tenions avant tout à lui témoigner notre reconnaissance de l’avoir si bien pris en charge pendant cette période et de l’avoir préparé à la perfection, malgré le déchirement que cela a dû entraîner, à l’arrivée de ses nouveaux parents. Nous avons pu rencontrer toute sa famille d’accueil et constater à quel point ils étaient aimants, comprenant que ce sont eux qui ont transmis cette gentillesse et cet amour d’autrui à notre fils, qui l’emploie si bien encore aujourd’hui. Ils se souvenaient tous parfaitement de lui, nous ont dit à quel point ils étaient reconnaissants des nouvelles et photos que nous leur avons envoyées de temps en temps, un retour hélas rare par rapport aux autres enfants qu’ils ont hébergé. L’émotion était perceptible lorsque nous leur avons montré des photos d’Achille à différents âges de sa vie et à son comble lorsque nous avons pu faire une petite visio avec lui. Une émotion partagée, bien évidemment. Mille mercis à cette famille formidable qui a donné tant d’amour à notre fils dans cette période si importante de la vie où tout l’affect se crée.


Antigua, 4 jours et 4 nuits

Pour notre dernière journée sur place, nous avons encore visité de beaux édifices, certains réhabilités, d’autres en cours de reconstruction et d’autres encore restés au stades de ruines qui permettent de bien se rendre compte des forces de la nature. Nous quitterons Antigua après 4 nuits passées sur place, un record en deux années de voyage. La ville le méritait, mais nous nous sommes trouvés très bien logés dans ce jardin apaisant mis à disposition gracieusement par la Police Touristique, très bien situé à deux pas du centre-ville. Cerise sur le gâteau, nous y avons (re)trouvé d’autres voyageurs et échangé chaque soir nos expériences autour d’un verre. Tout comme il est intéressant de comprendre comment les habitants des pays que nous visitons fonctionnent, il est tout aussi enrichissant de dialoguer avec d’autres voyageurs nomades, chacun ayant son histoire, son évènement déclencheur, son rythme de déplacement et ses buts propres.

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Une rue typique d’Antigua, un porteur de palanquin devant un couvent et une petite boutique
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L’église San Francisco, où repose la dépouille de San Hermano Pedro, un moine venu des Canaries qui suite à son oeuvre de dévouement auprès les pauvres et des malades au Guatemala a été canonisé par le Pape Jean-Paul II lors de sa venue en 2002.
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Joli reflet d’un ancien lavoir
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Testez votre Espagnol avec Roberto

Vous avez tous brillamment réussi l’exercice précédent, ce qui vous donne le droit de revenir en deuxième semaine. Rassurez-vous, le niveau ne va pas trop monter. Voici donc 9 images ou logos à traduire en Français. Bonne chance !

Si vous hésitez pour les réponses, n’hésitez pas à demander une correction en commentaires


Un jour « sans »

Nous voici à la (re)découverte de la vraie capitale du pays, Guatemala Ciudad. Nous sommes stationnés pour la nuit dans un « parqueo », sorte de parking privé où les véhicules sont rangés à la manière d’un Tetris, les conducteurs laissant habituellement leur clé au gardien pour que les véhicules les plus au fond puissent sortir le moment venu. Il n’est évidemment pas question pour nous de laisser nos clés, mais pour plusieurs jours, on nous trouvera une place qui ne gêne pas trop de monde. Le parking ferme la nuit, c’est donc totalement sécurisé, ce qui est plutôt bien dans cette ville où la criminalité est élevée, surtout la nuit.

Nous marchons un petit kilomètre pour atteindre la grande place centrale. Elle est couverte de kiosques affreux qui nous privent de belles photos. Nous visitons la cathédrale qui n’a rien d’exceptionnel puis nous dirigeons vers le Palacio Nacional. Ce magnifique bâtiment n’est plus en fonction mais se visite avec guide.

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Le Palacio Nacional très déformé par le grand angle faute de recul suffisant

Sauf que la visite vient de démarrer et on nous demande d’attendre une heure la suivante. Nous déclinons et partons cette fois vers un groupe de musées au Sud de la ville. Bien que marqués « ouverts » sur Google, ils sont tous en travaux. Tous sauf le musée d’histoire naturelle qui n’était pas dans nos choix initiaux mais dans lequel nous nous engouffrons par dépit. Il est à peine 11h et l’employé qui nous vend les billets nous prévient que l’établissement ferme à 17h.

Sauf que le bâtiment est tout décrépit, qu’il n’y a rien à voir, et qu’en 20 minutes tout est visité, y compris les toilettes sans papier et sans eau. L’agent d’accueil se serait-il moqué de nous avec ses 17h ? Allez, nous nous rabattons sur le marché artisanal tout proche.

Sauf que nous sommes les seuls visiteurs d’une centaine de stands et que chaque vendeur tente de nous attirer avec un « pase adelante » que tous les voyageurs en Amérique latine connaissent par cœur. Nous fuyons. Nous reprenons notre marche pour retrouver l’hôtel dans lequel nous avions logé lors de l’adoption de notre fils il y a 25 ans. Le bâtiment est bien là, tel que dans notre imagination, et nous nous apprêtons à redécouvrir les intérieurs avec émotion.

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Feu l’hôtel Casa Grande

Sauf que l’hôtel n’en est plus un. Il a été racheté par une société pour en faire ses bureaux et le gardien à l’entrée n’accepte même pas que nous refaisions la photo devant la fontaine. Nous avons tout de même pris 2 clichés pendant qu’il était occupé avec une voiture qui sortait. Mais quelle déception ! Notre destination suivante est, selon notre guide, une réplique de la Tour Eiffel, construite en hommage à la fin de la guerre civile du pays.

Sauf que l’espèce de structure en fil de fer – vous en jugerez sur la photo – n’a rien à voir avec notre monument national, ni même avec les copies plus fidèles bien qu’à échelle réduite comme on peut en trouver à Macao ou Las Vegas. Il nous reste encore à voir un groupe de bâtiments qui seraient célèbres pour leurs bas-reliefs en façade racontant l’histoire du pays.

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L’histoire du Guatemala en bas-reliefs. Si vous y comprenez quelque chose…

Sauf que la sculpture sur béton n’a jamais été notre tasse de thé et que l’histoire du pays qui y est relatée n’est pas plus évidente à nos yeux que ne l’étaient les premiers hiéroglyphes examinés par Champollion. Nous terminons enfin par le musée du chemin de fer, décrit comme très couru par la population locale qui y pique-niquerait dans les vieux wagons, et comme possédant d’intéressants schémas de déraillements de trains.

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Visite au Museo Del Ferrocaril

Sauf que nous n’avons rien vu de tout cela et que la foule n’était pas plus au rendez-vous que les fameux schémas. Reconnaissons tout de même que la visite n’était pas inintéressante et que nous avons appris 2 ou 3 choses sur l’histoire du chemin de fer guatémaltèque, mais rien d’exceptionnel non plus.

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Allez, devinez ce que signifie le sigle FEGUA, ce n’est pas trop dur
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S’il ne restait qu’une locomotive et un quetzal, que ferais-je, que ferais-je ?

C’était bien une journée « sans ». Demain sera-t-il un autre jour ?


Un jour « avec »

Déjà au petit matin le ciel est d’un joli bleu. Dans notre parqueo, les poules s’égayent joyeusement, ignorant les mouvements des voitures qui entrent et sortent. Nous quittons les lieux vers 9h et nous dirigeons vers un grand espace vert de Guatemala Ciudad qui héberge une carte géante en relief du Guatemala. Chaque voyageur arrivant dans le pays, au lieu de fuir rapidement la capitale, devrait venir ici pour se rendre compte de la grande diversité géographique du pays. Les 170 m² représentent l’intégralité du Guatemala, de l’océan Pacifique à la mer des Caraïbes, et des grandes plaines aux imposantes chaînes volcaniques que l’échelle utilisée (1:2000 à la verticale pour 1:10000 à l’horizontale) met particulièrement en valeur. Ainsi, les plus hauts volcans du pays sont représentés avec plus de 2 m de hauteur. Nous recréons avec plaisir notre itinéraire dans le pays, mesurant les efforts qu’a dû fournir Roberto. Nous admirons aussi le travail de l’ingénieur Francisco Vela à l’origine de l’œuvre, bâtie en 1905 après de multiples expéditions dans le pays pour prendre les mesures adéquates, ne pouvant bien entendu pas compter sur des images aériennes ou satellitaires. Un système hydraulique fonctionnait à l’inauguration pour approvisionner rivières, lacs et océans, mais pas le jour de notre visite. L’œuvre plus que centenaire est en cours de restauration. Nous étions les seuls touristes mais pas les seuls visiteurs : le lieu est très prisé par les scolaires. Et en effet, il n’y a pas mieux pour apprendre la géographie d’un pays.

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Une carte en relief du Guatemala sur 170 m² réalisée il y a presque 120 ans
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il ne manque plus que l’eau…

Notre seconde visite du jour a été celle du Musée Ixchel, situé dans le domaine d’une université privée, à l’environnement aussi verdoyant que soigné qui donnerait presque envie de reprendre des études. Ce musée a pour vocation de collectionner les types de vêtements portés par toutes les communautés indigènes du Guatemala à différentes époques. Aussi bien pour l’usage quotidien que cérémoniel. Actuellement, 181 de ces communautés sont représentées et chacune a créé des motifs spécifiques permettant de l’identifier. L’exposition est vraiment de qualité, et les tissus sont tous plus beaux les uns que les autres. Si les photos de Claudie ne vous suffisent pas, allez jeter un œil sur le site du musée.

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Le musée est dans un domaine universitaire verdoyant qui donne envie d’étudier… et d’y garer Roberto
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Les textiles guatémaltèques dans toute leur splendeur, de l’usage cérémoniel à celui du quotidien
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Une salle était dédiée aux peintures de Carmen Lind Pettersen, une artiste guatémaltèque connue pour ses aquarelles de costumes traditionnels du Guatemala. Elle a aussi écrit un livre qui fait référence sur le sujet.

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Superbes oeuvres de Carmen Lind Pettersen

Nous terminons notre parcours guatémaltèque sur un petit « camping » au bord du « Lac du Pin », curieusement le plus cher (38 €) et le moins aménagé (les sanitaires sont en travaux…) de tous ceux que nous avons visités dans le pays. Mais avec un joli bout de pelouse au bord du lac, pour nous seuls comme d’habitude. Une courte pause avant de franchir la frontière vers le Salvador. Vous traverserez bien avec nous ?

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Le Lac du Pin, vu de Roberto
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P Parcours Guatemala
Dernière partie de notre parcours au Guatemala. Pour zoomer c’est ici
Parcours Guatemala
… et le parcours complet du pays en un peu plus de 3 semaines