86. Report pour les monarques

Nous avons finalement changé de plan, comme cela nous arrive régulièrement, c’est ça la vie nomade. Nous abandonnons l’idée d’aller voir de suite les papillons monarques qui commencent à arriver sur leur lieu de migration hivernale. Nous reportons cette visite en février, au moment où ils seront les plus nombreux parait-il, après notre retour de France. Car oui, nous allons faire une petite pause pour aller accompagner la naissance de notre première petite-fille. Il nous reste une semaine avant le départ, nous avons largement de quoi l’occuper.

¿ Todo va bien?

La Police mexicaine
La police mexicaine

En route pour notre destination suivante dans l’état d’Hidalgo, nous nous garons le temps du déjeuner sous un pont pour avoir de l’ombre. Pas très glamour mais nous n’avons pas trouvé mieux. Au moment du café, une voiture de police se gare non loin de nous, personne ne descend. Ils semblent comme en embuscade. Au bout d’un moment, l’un finit par sortir et s’approche de notre portière avec un grand sourire. Il nous dit bonjour et nous tend la main. Puis nous demande si tout va bien, si nous avons besoin d’aide en quelque sorte. Nous expliquons que sommes venus là chercher de l’ombre et parlons un peu de notre trajet. Il nous ressert la main et nous souhaite un bon voyage. Ce sympathique policier mexicain est à l’image que tous ceux que nous avons rencontrés jusqu’ici, aimables et serviables. Bien loin de l’image que véhiculent les médias sur les policiers corrompus qui réclament des amendes exorbitantes pour des délits inexistants. Comme toujours, on ne parle que des exceptions et jamais de ce qui est la règle. Je voulais juste dire ici merci à la police mexicaine pour toutes ces attentions.

Plaque de letat dHidalgo
Plaque de l’état d’Hidalgo

Grottes, tunnel et piscines naturelles à Tolantongo

C’est un petit fond de vallée bien perdu dans l’état d’Hidalgo, au centre du Mexique. Pour y arriver il faut traverser un désert de figuiers de barbarie et d’agaves maguey (celles qui donnent le mezcal) puis descendre une petite route aux lacets serrés. Et là, on tombe sur une rivière d’une jolie couleur turquoise aménagée en une multitude de bassins, dans lesquels les gens viennent profiter d’une eau à 30°C environ. Si l’on remonte la rivière, on aboutit à un tunnel et une grotte, accessibles au public également. L’eau qui arrive là, en cascades ou en douches à partir d’un plafond de stalagtites, est à 38°C et c’est un vrai bonheur que de parcourir ces endroits. Il ne faut toutefois être ni claustrophobe (le tunnel étroit et sombre n’est pas éclairé) ni agoraphobe (l’endroit est assez couru). Grâce à ces sources chaudes, l’environnement est assez luxuriant. Un vrai paradis. Nous visiterons demain l’autre partie du domaine, qui s’appelle justement le paradis perdu ? On nous promet une profusion de baignoires étagées à flanc de colline et quelques grottes encore. A suivre.

Arrives le soir dans ce canyon
Arrivés le soir dans ce canyon,
nous garons Roberto au bord de la riviere qui y coule
nous garons Roberto au bord de la rivière qui y coule
Joli spectacle le matin au reveil ca fume
Joli spectacle derrière notre fenêtre le matin au réveil : ça fume !
Et quel bleu
Et quel bleu !

Le plus étonnant est que l’aménagement de cette zone est à la seule initiative de la communauté des habitants du coin, 112 familles qui se sont donné la main et continuent de gérer le site en autonomie. Le seul bémol est le nombre apparemment croissant de constructions en béton qui vont un jour dénaturer complètement le site. Mais il n’y a pas qu’à Tolantongo que ça se passe comme ça hélas.

La riviere a ete amenagee en petits bassins afin dy permettre la baignade
La rivière a été aménagée en petits bassins afin d’y permettre la baignade
Nous profitons de notre piscine individuelle a °C
Nous profitons de notre piscine individuelle à 30°C juste devant Roberto
La riviere est alimentee par des sources thermales un peu plus haut avec cascades et grottes
La rivière est alimentée par des sources thermales un peu plus haut, avec cascades et grottes
dans lesquelles sont peut aussi se baigner Leau y est a °C
dans lesquelles on peut aussi se baigner. La température est de 38°C
La composition de leau est affichee mais la mineralisation parait bien faible par rapport a ce que lon observe
La composition de l’eau est affichée mais la minéralisation parait bien faible par rapport à ce que l’on observe

Le paradis perdu

Les bassins etages du paradis perdu
Les bassins étagés du « paradis perdu »

C’est donc le second site de ce domaine, un peu plus artificiel que le premier mais qui vaut néanmoins le déplacement. Profitant de l’abondance des sources chaudes du coin, les villageois ont aménagé ici une cinquantaine de bassins étagés sur le flanc du ravin, reliés entre eux par de charmants petits escaliers. En moyenne saison comme actuellement, il est encore assez facile d’avoir un bassin rien que pour soi, avec une vue imprenable sur la vallée et les montagnes alentour. L’intérêt de cette source riche en calcaire, c’est qu’elle dépose assez rapidement une couche décorative sur l’ensemble des bassins, leur donnant au final un aspect naturel. Les autres minéraux ajoutent de jolies touches de couleur et l’humidité permet aux plantes environnantes de se développer en abondance. Là aussi, un tunnel où l’on se fait généreusement doucher permet de relier plusieurs endroits du site, mais contrairement à celui vu la veille, celui-ci est totalement artificiel. Bon, on ne va pas dire du mal de cet endroit bucolique qui déplace tant de monde, mais nous avons préféré l’environnement plus naturel de la rivière et des grottes du premier site. Comme ça, il y en a pour tous les goûts.

Chacun sa piscine quel luxe
Chacun sa piscine, quel luxe !
Au debut du beton sans doute qui disparait derriere le calcaire
Au début, du béton sans doute, qui disparaît vite derrière le calcaire
Parmi les autres attraction pont suspendu et tunnel grotte
Parmi les autres attractions, pont suspendu et tunnel-grotte

Intermède eau potable

Leau potable au Mexique

L’eau du robinet n’est pas particulièrement sûre au Mexique. S’il fallait en faire la démonstration, vous l’avez devant les yeux. Nous avons surpris ce camion citerne siglé « agua potable » en train de remplir tout bonnement son réservoir avec l’eau …de la rivière !


Mineral del Chico

Mineral del Chico les lettres

Mineral del Chico est un charmant petit village au cœur d’une zone montagneuse forestière, qui renaît tout juste de son passé minier tombé en désuétude. Grâce à l’effort de ses 500 habitants qui ont su réaménager le centre-ville avec goût et entretenir quelques sentiers de randonnées, le village a pu obtenir son statut de « pueblo magico » en 2011 et attirer ainsi l’attention des touristes sur lui. L’accès n’était pas très simple pour Roberto tant les ruelles pavées du centre étaient étroites, mais nous avons réussi à nous faufiler jusqu’à un petit parking familial pour passer la nuit. De là, nous avons flâné dans le village, puis randonné jusqu’au sommet d’un pic rocheux en pleine forêt offrant un beau panorama. Halte verte et sportive, c’est bon pour la santé ça !

Le centre ville le soir
Le centre-ville, le soir
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Notre parking pour la nuit
Notre parking pour la nuit
La randonnee jusqua la Pena del Cuervo
La randonnée jusqu’à la Peña del Cuervo
Le beau panorama du sommet
Le beau panorama du sommet…
que semblent ignorer ce groupe en pleine meditation et ce lezard
…que semblent ignorer ce groupe en pleine méditation et ce lézard au ventre jaune

Intermède Ducato

Un cousin mexicain de Roberto

Sur la route pour mener au village précédent, nous avons suivi quelques minutes un parent de Roberto, un Fiat Ducato du même modèle immatriculé au Mexique et faisant office de minibus. C’est le tout premier Fiat Ducato local que nous rencontrons depuis notre arrivée en Amérique du Nord il y a 11 mois ! C’est une bonne nouvelle en fait, car cela sous entend une possible maintenance du nôtre en cas de besoin, ce qui semblait particulièrement difficile au Canada et aux USA où Fiat, bien que présent en tant que concessionnaire, ne commercialise pas de Ducato.


Héritages

Real del Monte vue de Roberto
Real del Monte, vue de Roberto
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A une cinquantaine de kilomètres du village précédent, les roues de Roberto nous ont transporté vers une autre cité créée de toutes pièces pour exploiter le minerai d’argent : Real del Monte. La ville est d’ailleurs connue pour avoir eu la primeur de la première grève en Amérique du Nord en 1866. Il faut dire que le propriétaire de la mine avait fait fort : pour compenser des pertes sur un autre site, il a réduit les salaires déjà bas des mineurs tout en augmentant la taille des sacs qu’ils devaient remplir et transporter quotidiennement. Gagner moins pour travailler plus, forcément ça n’a pas plu. Mais ce n’est pas la seule primeur à l’actif de la ville. Elle est aussi réputée, et c’est totalement d’actualité avec ce « mundial » en cours, pour avoir organisé le premier match de foot au Mexique. C’était en 1900, la mine recrutait alors des travailleurs anglais. Trouvant peut-être que le jeu légué par les amérindiens où l’on se lance une balle en caoutchouc d’un coup de hanche ne faisait pas assez viril, ils ont importé leur sport favori, celui qui fait boire le plus de bière au monde. 75 ans auparavant, les premiers anglais à venir avaient amené avec eux la recette du pâté de Cornouailles, un genre de chausson à la viande, que les habitants de Real del Monte ont adopté en ajoutant leur touche personnelle : un peu de haricots rouges par ci, un peu de piment par là, etc. Nous avons d’ailleurs eu l’occasion de fabriquer nos propres « pastes » dans une cafet’-musée où l’on explique tout cela. Avant d’aller profiter de la ville, particulièrement animée en ce samedi, enfin dans le centre, avec des danseurs mexicains, des montreurs d’oiseaux de proies, des vendeurs de michelada (un mélange de bière, de citron, de sel, de bouillon Maggi et autres sauces…), le défilé d’une troupe à cheval que nous n’avons pas su nous faire expliquer. Nous avons enfin rejoint Roberto garé sur un promontoire devant le Musée de la médecine du travail. Ça nous a semblé être un gage de tranquillité un week-end, mais il y a eu pas mal d’animation (mouvements de voitures, musique, gens qui discutent, etc.) jusque tard dans la soirée. Heureusement, la fin de nuit a été très calme.

Capilla Santa Vera Cruz et Parroquia de NS del Rosario
La Capilla Santa Vera Cruz et la Parroquia de Nuestra Señora del Rosario
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Rue principale tres animee
Rue principale très animée
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Vestiges des anciennes mines dargent
Vestiges des anciennes mines d’argent
Au Museo de los pastes nous avons fabrique nos propres empanadas
Au Museo de Los Pastes, nous avons fabriqué nos propres empanadas

L’esprit et Tula

Le site arqueologique tolteque de Tula
Le site arquéologique toltèque de Tula

Du haut de la grande pyramide de Tula, 10 siècles nous contemplent. C’est moins qu’à Gizeh, mais ça reste impressionnant. La ville antique a été en effet créée au Xème siècle par les Toltèques, des bâtisseurs d’empire qui excellaient dans tant de domaines, techniques et artistiques notamment, que les civilisations ultérieures comme les Aztèques et les Mayas se sont revendiquées comme leurs descendants. Tula était leur capitale et un grand site arquéologique de 14 km² permet d’approcher un peu l’esprit de cette époque. On se balade entre les terrains de jeu de balle, les sites où l’on accrochait les têtes des vaincus et parfois des vainqueurs de ces jeux – quelle époque ! -, les espaces de cérémonies, ou encore le palais du souverain, une pyramide qui a perdu depuis longtemps sa couverture d’or et ses parements de pierres précieuses, mais qui conserve encore d’intéressants bas-reliefs représentant des serpents à plumes dévorant des et ses fameux atlantes au sommet. Ces colonnes sculptées, supportant autrefois la toiture, étaient invisibles du public auparavant, ce qui nous consolerait presque de ne pas voir les décorations dans leur état initial. Enfin, nous nous sommes faufilés entre les demi-colonnes du « palais brûlé », détruit par un incendie gigantesque qui aurait accompagné la fin des Toltèques. Malgré leur technologie en avance pour l’époque, il leur manquait encore l’extincteur.

Sa pyramide principale est entouree de bas reliefs aux motifs religieux
La pyramide principale de Tula est entourée de bas reliefs aux motifs religieux
et surmontee de colonnes dont les fameux atlantes
et surmontée de colonnes, dont les fameux Atlantes
En peripherie le palais brule et ses multiples colonnes residuelles
En périphérie, le palais brûlé et ses multiples colonnes résiduelles
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Au centre les terrains de jeu de balle et leurs sinistres trophees
Au centre, les terrains de jeu de balle et leurs sinistres trophées
Cest tout lesprit de Tula
C’est tout l’esprit de Tula !

Cactacées pour aujourd’hui

Les allees du site arqueologique sont bordees de cactacees
Les allées du site arquéologique bordées de cactacées

L’accès au site arquéologique de Tula se fait en traversant un magnifique jardin de cactacées en tous genres, certains chemins traversent même une véritable forêt de ces plantes grasses. Voic quelques photos pour les amoureux des secteurs « plantes du désert » des jardins botaniques. Saviez-vous que ce qui caractérise les cactacées des autres plantes grasses (ou plutôt « succulentes » car elles ne contiennent pas de graisse) c’est la présence d’excroissances appelées aréoles d’où sortent aussi bien épines, poils ou piquants que fleurs et fruits ? Au Mexique, le cactus raquette (nopal) se consomme comme légume, tandis que ses fruits (figues de barbarie) servent comme desserts (crus ou inclus dans des glaces, confitures, gateaux, etc.). Bon appétit !

dans des couleurs variees
Les couleurs sont variées
et des formes multiples
et des formes multiples
Si les cactus raquettes nont pas de balles les cactus poteaux portent des affiches
Si les cactus raquettes ne portent pas de balles, les cactus poteaux supportent des affiches !
Assez de figues de barbarie pour une confiture
Assez de figues de barbarie pour une bonne confiture
Allee foret et pom pom girls de cactus
Cactus à gogo : en allées, en forêt et même en pom pom girls

Intermède changement d’état

Bain de mousse pour Roberto

A l’occasion de notre passage dans l’état de Mexico, nous essuyons une belle tempête de glace !

Plaque de letat de Mexico

Bon, en réalité, nous avons juste fait laver Roberto qui en avait grand besoin. 45mn aux petits soins avec lavage manuel, désoxydation des jantes, cirage des pneus, nettoyage du tapis de sol, séchage à la peau de chamois (nous n’avions demandé qu’un lavage « extérieur ») pour environ 6 euros.


Tepotzotlan

Teptozotlan

Encore une petite ville Mexicaine bien typique à moins de 50 km de Mexico City. Son joli centre tout jaune et quelques curiosités historiques lui ont permis d’obtenir le label de « Pueblo Magico ». Mais nous nous contenterons d’une visite rapide, car nous sommes là pour une autre raison : c’est là que nous allons laisser Roberto le temps d’une parenthèse de 2 mois dans notre voyage. Afin de combler d’une part notre seul manque au cours de ce périple, le contact avec notre famille et nos amis, et surtout d’accompagner la naissance de notre premier petit-enfant, une immense joie en perspective.

son centre historique et son marche aux tons jaunes
Le centre historique aux tons jaunes et son marché
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ses illuminations de Noel en preparation
Les illuminations de Noël en préparation
Jesus couche sur sa croix et le temple St Francois Xavier
Jésus couché sur sa croix et le temple St Francois Xavier
Je ne sais plus si je vous avais dit que le centre ville etait jaune
Je ne sais plus si je vous avais dit que le centre ville était jaune…
Les garages auxquels nous avons echappe
Les garages auxquels nous avons échappé mais si typiques

Intermède bien-être animal

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Roberto chez Pepe

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Pepe’s RV park est l’un des deux endroits plébicités par les voyageurs nomades pour y laisser leur véhicule le temps d’un retour temporaire au pays. Il se trouve à une cinquantaine de kilomètres de l’aéroport international Benito Juarez et ne nécessite donc pas d’entrer en voiture dans la grouillante capitale, d’autant que celle-ci dispose d’une circulation alternée basée sur le numéro des plaques d’immatriculation. De plus, l’accueil est adorable et le prix très modeste (60€ par mois). C’est une propriété tranquille et sécurisée entourée de hauts murs, avec des emplacements larges. Le jour où nous y sommes arrivés, trois ou quatre véhicules seulement étaient habités, tandis qu’une quinzaine environ étaient manifestement en « storage ». Le gardien nous a expliqué que, malgré la haute saison approchante (décembre-avril), la fréquentation touristique de la ville était restée bien moindre qu’avant la pandémie. Nous avons profité de l’espace pour sortir et étaler toutes nos affaires afin d’effectuer un nettoyage en grand et préparer correctement nos bagages. Et puis accessoirement, je me suis amusé à inventorier par pays les véhicules présents, qui m’ont semblé être assez représentatifs de ceux que nous croisons habituellement.

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Intermède mais que fait la police ?

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Intermède mais que fait la police (2) ?

Après la carrosserie et l’habitacle, Roberto avait besoin de décrasser son moteur. Nous nous sommes permis une petite fantaisie en le poussant à 409 km/h sur une petite route de campagne limitée à 30 km/h puis en réduisant à 396 km/h sur un chemin de forêt (à cause des arbres…). Waouh !

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Ok vous avez compris l’astuce : nous étions dans l’avion à l’approche de Bordeaux…


Nous sommes donc maintenant de retour en France pour 2 mois, après un vol Mexico-Madrid-Bordeaux sur la compagnie Iberia dans des conditions tout à fait satisfaisantes et une ponctualité parfaite. Le blog ne devrait pas être mis totalement au repos pendant cette période, opportune à jeter un œil décalé sur nos choix d’aménagement et notre voyage en général. A bientôt donc !

parcours du au novembre
Parcours du 23 au 30 novembre

P.S. Le van gris est bien français. Il appartient à nos amis les « Pierre qui roulent », rencontrés un peu avant au Mexique

46. Viva Mexico !

Maison de Frida Kahlo, Ciudad de Mexico

Nous voici enfin au Mexique, notre porte d’entrée pour les Amériques. C’est un vrai bonheur que de reprendre le chemin de la découverte. Il n’est pour l’instant pas total car notre compagnon de voyage nous manque. C’est bizarre de le dire mais nous y pensons chaque jour… C’est fou comme on s’attache, non. Pas étonnant en tout cas que la grande majorité des possesseurs de véhicules de loisirs leur attribuent un nom familier.

Bénit soit l’aéroport

Maquette de biplan au Musée de l’Objet (Mexico)

Notre arrivée à l’aéroport Benito Juárez de Mexico s’est déroulée au mieux, en tout cas de façon beaucoup plus simple que nous le craignions. Notre compagnie américaine nous avait demandé de remplir des documents en ligne (une sorte de carte d’immigration et un questionnaire de santé lié à la crise sanitaire) soi-disant exigés à l’arrivée dans le pays, mais la carte d’immigration en ligne était d’un modèle obsolète et nous avons rempli une fiche papier toute simple à l’aéroport. Quant au document sanitaire, nous ne l’avons pas rempli en ligne car le site buggait et de toutes façons il ne nous a pas été demandé. Les internautes sur les réseaux sociaux nous mettaient en garde par ailleurs sur l’obligation de présenter un billet retour pour pouvoir rentrer dans le pays. Nous n’avions évidemment qu’un aller-simple, mais nous avons pris par sécurité juste avant d’embarquer un billet annulable en 48h sur un site spécialisé (bestonwardticket). Pour 12 $, nous avons obtenu un billet Mexico-Amsterdam pour le 21 avril, avec un vrai numéro de réservation. Mais la précaution a été excessive car le douanier ne nous a rien demandé. Nous gardons l’adresse du site précieusement, car cela pourra se reproduire. Enfin, toujours selon les internautes, les officiers d’immigration mexicains feraient de plus en plus de difficultés pour accorder la totalité des 6 mois prévus pour le visa mexicain. Certains voyageurs avec billets de retour auraient même obtenu un visa de durée inférieure à leur durée de séjour ! Mais nous devons avoir une bonne tête puisque notre policier, qui baragouinait un peu de français d’ailleurs, nous a donné un peu plus que les 3 mois que nous demandions. A peine 15 mn après avoir débarqué de l’avion, nous avions déjà franchi l’immigration, et nos bagages nous attendaient sur le tapis. Quelques minutes plus tard nous achetions un billet de taxi prépayé et nous voilà en route pour un hôtel bien situé dans le quartier historique. Quelle organisation ! Au passage soulignons que Benito Juárez fut malgré ses 1,37m un grand président du Mexique (1858-1872), considéré comme le père du libéralisme mexicains, et qu’il a suffisamment marqué les mémoires pour que son anniversaire de naissance, le 21 mars, soit devenu un jour férié, un cas unique dans le pays.

Les présidents du Mexique – Benito Juarez au fond à gauche (Musée d’art populaire, Mexico)

On penche pour Mexico, et réciproquement

Ciudad de Mexico, le Zocalo
La place centrale appelée Zocalo et la Cathédrale métropolitaine, au coeur de la Ciudad De MeXico

Les constructions grimpent sur les montagnes alentour. La zone suburbaine fait 60 x 40 km !

La capitale mexicaine nous apparait d’emblée gigantesque. Vue d’avion, c’est un immense quadrillage qui s’étend à perte de vue. C’est qu’il faut de la place pour loger ses 23 millions d’habitants (en incluant la banlieue). Nous allons pouvoir néanmoins parcourir à pied le quartier où nous résidons, tout en nous rendant dans d’autres secteurs grâce à un métro bien développé. Les rues que nous arpentons sont très animées, plutôt colorées et très sonores. Les vendeurs ambulants installés sur les trottoirs tout comme les commerçants au seuil de leurs boutiques hèlent les passants. La musique latine est omniprésente. Les piétons traversent aux feux guidés par des bruits de coucous ou de rossignols. Les sirènes de police ou d’ambulances hurlent fréquemment. La circulation est dense certes, mais nous ne ressentons pas la pollution ni l’insécurité censées envahir la ville. Au contraire, nous nous y sentons bien et prévoyons d’y rester au moins une semaine. Nous commençons par le quartier historique, là où les Aztèques ont créé la ville sur un lac. Il ne reste quasiment plus rien de cette époque puisque les conquistadores ont tout cassé pour reconstruire à leur manière. Plus haut bien sûr pour impressionner leurs prédécesseurs, négligeant à tort l’histoire du lac. Du coup bon nombre de leurs bâtiments s’enfoncent dans le sol, leur donnant un air penché. Même la grande cathédrale qui a été munie d’une sorte de pendule pour suivre précisément son inclinaison







Nous nous déplaçons le plus souvent à pied, mais parfois en métro. Les wagons de tête sont réservés aux femmes et enfants. Le prix est dérisoire (25 centimes le trajet)

Le virus pris très au sérieux

Au premier abord, le pays parait d’une grande tolérance puisque son accès est libre sans test pour les étrangers, qu’ils soient vaccinés ou pas. En réalité, il suffit d’arpenter les rues pour s’apercevoir que la pandémie est prise très au sérieux. Le masque est systématiquement porté partout, en intérieur comme en extérieur. A chaque coin de rue des quartiers fréquentés, du personnel distribue gracieusement masques et gel. A l’entrée des boutiques, des restaurants, des expositions, des musées, des marchés, on vous prend la température, on vous asperge d’un spray virucide avant de vous donner du gel hydroalcoolique. Dans de nombreux endroits les efforts pour la désinfection sont très visibles : le personnel se lave souvent les mains, désinfecte les tables, les chaises et les comptoirs dès qu’un client s’en va. Et pas question de pass vaccinal ici, sans doute parce qu’à peine un peu plus de la moitié des gens sont vaccinés, plutôt par manque de moyens je pense. Et nous avons vu aux infos un reportage sur les manifestations anti-pass sanitaire qui semblaient beaucoup amuser les journalistes mexicains. Oui mais tout ça est-il efficace ? Il suffit de regarder les courbes de ourworldindata.com pour voir que le Mexique s’en sort plutôt bien par rapport à la France et aux USA (nos destinations précédente et suivante)


Varios museos

90% des touristes concentreraient leur visite sur le Yucatan, là où sont les plus belles plages, mais du coup ils se retrouvent entre eux dans un milieu aseptisé ou tout est fait pour eux et sans doute peu authentique. Beaucoup arrivent d’ailleurs directement à Cancun et ne visiteront jamais la capitale. C’est dommage car la ville est riche en curiosités et culture. Outre la découverte de la vie quotidienne des mexicains en déambulant dans les rues, nous avons visité un certain nombre de musées, tous de qualité, et par ailleurs gratuits le dimanche. En voici quelques-uns.

1. Musée des peintures murales de Diego Rivera  

On y trouve principalement la fresque « Rêve d’un dimanche après-midi à l’Alameda Central », l’une des plus célèbres œuvres de l’artiste peintre mexicain, époux de Frida Kahlo (voir plus loin). Réalisée sur le mur de la salle à manger de l’Hôtel Del Prado à Mexico, elle a été partiellement endommagée par un tremblement de terre en 1985. Précieuse par son caractère historique – elle relate des évènements marquants survenus dans le parc Alameda Central, juste en face de l’hôtel, elle a été déplacée, y compris évidemment avec le mur sur lequel elle a été peinte, ce qui n’a pas été une mince affaire vu ses dimensions (15 x 5 m) et son poids, dans le musée actuel.


La même fresque en faïence sur le mur extérieur du musée

2. Musée Franz Mayer

Ce financier et esthète mexico-allemand a collectionné des œuvres d’art pendant 50 ans de sa vie. Il s’agirait de la plus grande collection d’arts décoratifs d’Amérique latine. Varié, de qualité, mais difficilement racontable. Nous n’avons fait pratiquement de des photos extérieures, le bâtiment avec son patio arboré et reposant reflétant bien l’ambiance du musée.


3. Musée des arts populaires

La salle de spectacle du musée

Il y avait de la musique, et bien que nous soyions sur le retour vers notre hôtel après avoir marché une dizaine de kilomètres, nous y sommes rentrés un peu par hasard. Bien nous en a pris car ce musée regorge d’une multitude de curiosités, exposant l’art mexicain à tous ses âges et dans tous les domaines, des poteries précolombiennes jusqu’aux chars de carnaval. Une véritable floraison de couleurs vives et même des danses populaires ce jour-là.


4. La maison de Frida Kahlo et celle de Trotsky

La maison de Frida Kahlo ne se visite que sur réservation

Les mexicains vouent à cette artiste peintre réputée un véritable culte. Elle a produit une œuvre variée mais ou s’exprime souvent la souffrance liée à plusieurs traumatismes physiques et à sa vie mouvementée avec le peintre Diego Rivera avec qui elle s’est mariée 2 fois. Lui était plus spécialisé dans les grandes fresques murales. Leur histoire croise aussi celle de Trotsky, que le couple a hébergé quelques années pendant son exil. Une liaison entre Frida et lui a obligé le politicien russe à se loger quelques pâtés de maisons plus loin. Sa maison se visite aussi. On y trouve notamment les multiples impacts de balles sur le mur de sa chambre, témoins d’un attentat raté. Il sera néanmoins assassiné quelques mois plus tard. Dans le jardin de la maison, un monument abrite ses cendres. Nous avons visionné juste avant la visite le film biographique « Frida », totalement recommandable si vous voulez en savoir davantage sur le trio Frida Kahlo, Diego Rivera et Léon Trotsky.



Le lieu où les dieux sont créés

La pyramide de la Lune, Teotihuacan

C’est la traduction aztèque (merci Wikipédia car je n’ai pas réussi à télécharger le langage correspondant sur Google Traduction) de Teotihuacan, le premier site archéologique mexicain que nous avons visité. Il n’est situé qu’à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Mexico et a été le centre de la civilisation mexicaine entre les années 100 et 650 après JC. Sa pyramide du Soleil est la 3ème plus haute du monde après Keops et Chichen Itza. La pyramide de la Lune, celle du Serpent à Plume (Quetzalcoatl) et beaucoup d’autres plus petites bordent une allée appelée la chaussée des morts, non pas parce que les accidents de la route y sont fréquents mais parce que les Aztèques ont pensé que ces pyramides étaient des tombeaux. Effectivement cette partie-là avait été construite par une civilisation antérieure, peut-être les Toltèques ou les Zapotèques, les archéologues se tâtent. Ils éliminent en tout cas les Mayas, ce peuple qui n’élevait que des chiens et des dindes – et pourquoi pas des abeilles, craignant sans doute de se faire appeler Biftèques s’ils avaient élevé des bœufs.

Plus sérieusement la visite était impressionnante, un plongeon a pic dans l’histoire, une promenade en toute quiétude au milieu de ces bâtiments majestueux qu’on essaie d’imaginer habités. Nous craignions d’être enserrés dans une foule de touristes, mais nos congénères étaient moins nombreux que les vendeurs de souvenirs.




Et Roberto alors ?

A vrai dire nous ne savons plus vraiment où il se trouve. Les sites de suivi utilisent les informations AIS qui reposent sur des échanges radio de bateaux entre eux ou entre les autorités portuaires. Mais au milieu de l’Atlantique, cela ne fonctionne pas. Nous savons juste que notre fourgon fait route vers Pointe-à-Pitre, et qu’il devrait y parvenir le 3 février. L’escale suivante, qu’on espère toujours être la dernière, ne sera connue qu’au départ de la Guadeloupe.

Copie d’écran du parcours prévu par le Yokohama entre Vigo et Pointe-à-Pitre, sur le site MarineTraffic. On remarque avec satisfaction qu’il évite le triangle des Bermudes

Nous restons à Mexico pendant encore quelques jours, avant de prendre un bus pour Puebla. A bientôt et merci de nous suivre !