141. Berlin

Sortis d’Autriche, nous filons directement vers Berlin, où nous avons rendez-vous pour Noël avec notre fille aînée. 5 grosses journées sur place nous permettront de bien nous imprégner de la ville et de ses spécificités, avec une mention spéciale pour les évènements de 1989. Après quoi, nous rejoignons nos autres enfants, dans un retour express de 1750 km qui clôturera cette boucle européenne du centre et du Sud-Est.

Parcours Allemagne surtout Berlin
Notre parcours en Allemagne, qui s’est centré essentiellement sur Berlin. Pour les adeptes du zoom, c’est ici.

Gare à la vignette !

Tout comme la France, de plus en plus de grandes villes en Allemagne ont défini une zone à faible émission de particules où seulement les véhicules les moins polluants peuvent circuler. Comme un fait exprès, l’endroit où nous avons prévu de résider est en plein dans cette zone. Et évidemment, nous ne découvrons cette obligation d’afficher une vignette verte sur son pare-brise qu’au dernier moment. Il est possible de faire faire cette vignette en ligne, mais elle est alors expédiée 3 à 5 jours plus tard à l’adresse indiquée sur la carte grise. Ni le délai ni l’adresse de livraison ne nous arrangent. En fouillant bien sur le net, nous découvrons que les centres Dekra de contrôle technique sont susceptibles de nous fournir la fameuse vignette. Nous tentons le premier centre sur notre route, qui nous fournit le précieux sésame en une dizaine de minutes. Ouf ! A noter que Roberto est aux normes Euro 6. En dessous d’Euro 5, nous n’aurions pas pu circuler dans Berlin.


Berlin by night

Nous arrivons en fin de journée dans la capitale allemande, et profitons au passage des nombreuses illuminations de Noël. Grande roue, manèges et marchés sont bien au rendez-vous pour le plaisir de nos yeux.


Les ours

L’ours est l’emblème de la ville depuis le Moyen-Âge et figure d’ailleurs sur son drapeau. Curieusement les historiens hésitent encore sur l’explication. Le lien provient-il du grand nombre de ces plantigrades dans la forêt sur laquelle s’est construite Berlin, ou bien serait-ce un simple jeu de mots avec le premier nom de la ville, Bärlein. Bär se prononce « bère » en allemand et signifie ours, tout comme le bear des anglosaxons. En tout cas, on trouve ces ours sympathiques presque à chaque coin de rue.


Tout sur la curry wurst

Ce plat est typiquement allemand et provient de la période après-guerre où les aliments étaient rares et peu goûteux. Le nappage d’une sauce pimentée appelée chilup (mélange de chili et de ketchup) résolut partiellement le problème et l’habitude est restée dans les mœurs, surtout quand on connait l’importance de la saucisse dans la cuisine germanique.

Servie parfois dans les restaurants, la curry wurst est plus souvent consommée dans la rue, préparée par de petits stands. L’un d’eux, dans un marché de Noël, a attiré notre attention par ses combos surprenants. A découvrir dans les photos ci-dessous.


Les tuyaux

Ces tuyaux généralement roses ou bleus, presque aussi nombreux que les ours, surprennent dans une ville moderne. On aurait presque l’impression de se trouver dans une immense usine ! Bien entendu, il ne s’agit pas d’une simple œuvre géante de street-art. La ville ayant été construite sur des marais et une nappe phréatique peu profonde, il est nécessaire de pomper en permanence l’eau proche de la surface, faute de quoi les rues pourraient être inondées tout comme les chantiers de travaux. Cette eau est ensuite rejetée dans les cours d’eau qui traversent la ville.


Désaffection


Le mur

Érigé le 13 août 1961, il a longtemps été le symbole de la division entre l’Est et l’Ouest et de la guerre froide. Je débutais ma carrière professionnelle au moment de la chute le 9 novembre 1989, et les images télévisées occupent encore une place dans ma mémoire. Il reste encore plusieurs tronçons de ce mur dans Berlin, le plus long faisant tout de même 1,3 km et livré aux artistes du monde entier pour la réalisation de fresques célébrant la paix ou commémorant les souffrances passées. En voici quelques échantillons, plus ou moins célèbres.


Le détail qui tue


Berlin au fil de l’eau

Tout sur la rivière Spree qui traverse la ville sur 40 km et les 1500 ponts que compte Berlin


Berl’insolite

Ce sont toutes ces petites choses que l’on remarque en flânant dans la ville, des détails qui intriguent, des œuvres d’art dont on ne découvre l’explication, si elle n’est pas fournie sur place, qu’en consultant le guide ou Internet.




Un petit tour au Musée

Les musées ne manquent pas à Berlin, mais leur visite ampute le programme des découvertes à pied de la capitale. Nous nous sommes limités à un seul, le Musée allemand de la technique. Je ne saurais pas trop vous dire pourquoi celui-là et pas un autre. Peut-être que l’avion au-dessus de la porte d’entrée nous a séduits, peut-être que nous avions besoin de nous réchauffer à ce moment-là ? Qui sait… Le musée lui-même est immense, occupant plusieurs étages de plusieurs bâtiments. Là aussi, il a fallu faire des choix. En voici en tout cas un aperçu en 10 photos.


La voiture du peuple (de la RDA)

Évoquer la Trabant procure des frissons à de nombreux habitants de l’ex-Allemagne de l’Est. Malgré sa carrosserie en résine et carton, malgré ses pannes fréquentes, la persistance de la disponibilité des pièces détachées, malgré l’attente parfois interminable (jusqu’à 15 ans !) pour s’en procurer une, la voiture culte circule encore en plus de 12 000 exemplaires. Nous avons visité le petit musée qui y est dédié et flâné devant le « Trabiworld » qui propose des safaris en ville au volant de Trabant volontiers relookées en zèbres ou en léopards.


Encore du street-art !

La riche histoire de la ville, notamment les évènements des années 90, donne une abondance de sujets exploitables par les artistes de rue. Les vestiges du mur leur donnaient déjà un espace important. Mais sans doute par contagion, les quartiers voisins sont bien décorés aussi. A vous de voir, il y en a pour tous les goûts.


Clap de fin

Après l’agréable découverte de Berlin, qui résume notre parcours en Allemagne, nous gagnons très vite, en 4 jours et beaucoup d’autoroutes, le sud-ouest de la France pour y rejoindre le reste de la famille. Ce dernier tronçon clôt, en même temps que l’année 2024, notre longue boucle en Europe centrale et du Sud-Est. Après les fêtes, nous commencerons à préparer sérieusement notre nouveau voyage qui devrait démarrer au printemps 2025.

Merci à tous nos lecteurs, fidèles ou occasionnels, de vivre un peu avec nous cette exploration du monde. A bientôt pour de nouvelles aventures !

140. Autriche

Hasard de la route, c’est par sa capitale Vienne que nous abordons le pays. Plus nous allons vers l’Ouest de l’Europe, meilleure est la qualité des infrastructures, mais en contrepartie, plus le coût de la vie et du gazole augmente. Et plus la différence avec la France en termes de paysages et de culture s’amenuise. Notre appétit de découverte sera-t-il satisfait ?

Notre parcours en Autriche
Parcours correspondant à cet article, en version zoomable ici

Autri-chiens

Entre la frontière et la capitale, nous faisons un arrêt technique à une laverie en self-service. Nous avons la surprise de constater que la moitié des machines et séchoirs est réservée aux effets des animaux domestiques, ce qui est effectivement une bonne chose car nous avons déjà pu constater dans des séchoirs des boules de poils qui n’avaient rien d’humains, suite à un probable lavage de couverture canine ou féline. Ici les animaux ont même droit à un bac pour se laver. A quand les douches pour humains dans les lavomatiques ? A bien y réfléchir, dans autrichien il y a … chien. Ceci explique peut-être cela.


Roulez vieillesse

Nous abordons Vienne par l’Est, ce qui nous fait passer tout près de la grande roue qui tourne presque sans discontinuer depuis 1897. Cet emblème de la capitale doit sa célébrité au film Le 3ème Homme tourné ici en 1949 et ayant reçu la Palme d’Or du festival de Cannes la même année. Nous avons revu le film à cette occasion, eh bien il n’a pas pris une ride.


Pluie = musée

Notre équation habituelle nous conduit au Palais du Belvédère, joyau de l’art baroque inspiré de Versailles construit au début du XVIIIe siècle, conçu dès le départ pour allier architecture, art et nature. Traversant rapidement les jardins affadis par l’hiver, nous gagnons rapidement l’intérieur. C’est évidemment magnifique, tant les pièces par leur décoration que les collections qu’elles abritent. Les dix photos qui suivent ne résument en aucun cas ce que nous avons vu – rien ne vaut un déplacement sur site – mais s’arrêtent juste sur quelques œuvres qui nous ont marqués.

Gustav Klimt est le peintre préféré des Viennois. Né et mort dans la ville (1862-1918) il a marqué la période Art Nouveau avec ses peintures symbolistes, ses portraits ornés de motifs dorés et ses fresques décoratives. Klimt a créé un style unique marqué par sa sensualité, son symbolisme et son utilisation audacieuse de la couleur et de la texture. Parmi ses œuvres les plus célèbres figurent « Le Baiser », « Portrait d’Adèle Bloch-Bauer I » et « L’Arbre de Vie ». Nous l’avons retrouvé exposé dans au moins 2 lieux distincts, le Palais du Belvédère et le Musée d’Arts Appliqués, mais ce ne sont probablement pas les seuls. Évidemment, les boutiques de ces musées fourmillent d’objets dérivés.


Des schnitzels aux knödels

Nous n’aurons que peu testé la cuisine autrichienne, et peut-être pas dans les restaurants les plus typiques, mais suffisamment pour en avoir une petite idée. En parcourant les menus, on voit bien que l’escalope viennoise, alias schnitzel, n’est pas un mythe et qu’elle peut se décliner avec toutes les viandes, du moment qu’elles sont coupées en tranches minces, panées et frites. Il est difficile de trouver un accompagnement sans pomme de terre, pâtes ou knödels, ces derniers étant proches de nos quenelles et pouvant être servis avec… des patates. Les saucisses sont également très représentées et volontiers servies avec du fromage, particulièrement dans les stands de rue. Les vins servis au verre que nous avons pu tester tiennent la route, tout comme la bière. Côté desserts, c’est l’opulence. Le plus emblématique est la sachertorte, inventée à Vienne en 1832 par un apprenti de 16 ans, Franz Sacher, qui remplaçait son chef pâtissier malade, pour être servie au prince de Metternich. Ce « gâteau de Sacher » est devenu une institution dans tout le pays et s’exporte même dans le monde entier. C’est une génoise au chocolat, fourrée de confiture d’abricot et recouverte d’un glaçage au chocolat, servie avec un peu de crème fouettée. Pour terminer le repas, le café reste incontournable, classiquement servi avec du lait.


Pluie bis = musée bis

Décidément la transition automne-hiver ne nous fait pas de cadeau. Alors nous changeons partiellement de registre pour nous intéresser au MAK, en Français le Musée des Arts Appliqués, installé dans un joli bâtiment néo-renaissance tout en briques. Les expositions sont très variées, aussi bien classées par période que par genre comme cet espace dédié au design ou cet autre à l’écoconstruction. Visite (partielle) en images :


Crèches insolites


Marchés de Noël

De plus en plus commerciaux, de plus en plus envahissants (Vienne en compte tout de même quatorze !), ils restent un endroit convivial et couru, y compris par des touristes étrangers qui débarquent par bus entiers. On vient à toute heure y déguster un vin chaud, ou plus typiquement un punsch de Noël, qui n’a rien à voir avec notre punch antillais. Il s’agit d’une boisson chaude associant un alcool quelconque avec un jus de fruit quelconque ou du thé quelconque, quelques épices et beaucoup de sucre. Elle est servie généralement dans un mug plus ou moins kitsch – les nôtres avaient la forme de bottes et une couleur rouge vif – consigné pour 3 ou 5 euros mais pas échangeable d’un marché à l’autre. Beaucoup de gens les récupèrent pour les collectionner. On grignote volontiers en accompagnement des marrons chauds, des amandes grillées, des galettes à l’ail, des pommes de terre au four ou des saucisses au fromage. Une particularité culturelle est qu’en Autriche, c’est plus souvent l’enfant Jésus, alias Christkindl, qui apporte les cadeaux que le Père Noël.


Sissi, emblème de l’Autriche

Nous visitons à Vienne un musée qui lui est consacré, et nous en donne une vision plus réaliste que le personnage interprété pourtant avec brio par Romy Schneider. Elisabeth von Wittenbach, une jeune fille de la noblesse allemande, épousa à l’âge de 16 ans François Joseph d’Autriche et devint rapidement impératrice d’Autriche et reine de Hongrie. L’adoration initiale des Autrichiens s’estompa quand ils découvrirent les difficultés de Sissi à respecter le protocole et ses fréquentes absences, et éventuellement sa passion pour la poésie, la mythologie grecque et …la gymnastique. L’impératrice ne se remit jamais par ailleurs du suicide de son seul fils (elle avait aussi 3 filles) et sombra dans la dépression avant de se mettre à voyager, notamment à Corfou où nous avions visité son palais : l’Achilleon. C’est après sa mort tragique à Genève que l’opinion publique commença à remonter, aidée en cela par le cinéma et l’analyse positive des historiens. Aujourd’hui les Viennois l’adorent de nouveau !


Crypte impériale

On y trouve les 149 tombeaux de la majorité des membres de la dynastie des Habsbourg, dont 12 empereurs et 19 impératrices (Sissi comprise). Pour tenir tout ce petit monde, il a fallu agrandir la crypte au fil des années et aller au-delà de la surface de l’église des Capucins située juste au-dessus. Les tombeaux largement sculptés, en zinc, cuivre ou fonte, renferment les corps sans le cœur (mis en urne et transporté dans la « crypte des cœurs » d’une autre église) ni les entrailles, inhumées dans les catacombes de la cathédrale de Vienne. L’endroit est évidemment emprunt d’une atmosphère étrange. Des visites nocturnes à la lueur d’une bougie seraient un must…


Cadeau de dernière minute

Les gadgets sont de plus en plus trompeurs. Parmi les cinq objets ci-dessous, lequel n’est PAS un ouvre-bouteille ?


Un petit tour à Steyr

Ni plus ni moins que la ville qui inspira La Truite à Schubert. Descriptif en images.


Steyr est aussi connue pour son musée de Noël, qui rassemblerait la plus grande quantité au monde de décorations de Noël, la collection d’une vie d’une Autrichienne locale : pas moins de 18 200 objets dont 14 000 destinés aux sapins, et 200 poupées et accessoires. Tout ça dans une petite maison de 3 étages dont les 2 derniers ne sont accessibles que par un petit train appelé « train de l’aventure ». Effectivement, les sièges-baquets qui basculent avant de prendre les escaliers sont un peu inquiétants !


Mauthausen

Même en cette période de fêtes, impossible de ne pas s’arrêter sur le site de Mauthausen, l’un des pires camps de la mort orchestrés par les Nazis. On envoyait ici non seulement les Juifs mais aussi les prisonniers politiques des pays occupés dans ce qui était appelé un camp de travail. Il s’agissait en fait de l’exploitation d’une carrière dans des conditions telles que la plupart des travailleurs mouraient pendant le travail, soit d’épuisement, soit par le jeu sadique de leurs gardiens nazis. 150 à 300 000 personnes ont été assassinées ici. Qui pense à eux pendant cette période festive ? Déjà que l’intérêt pour les conflits au Moyen-Orient et en Ukraine s’essouffle, que les morts des deux Guerres Mondiales n’intéressent plus que les cinéastes. Combien de mes lecteurs vont prendre 2 minutes de leur temps si précieux pour lire ce texte jusqu’au bout ?


La crème de la technologie …et du chocolat chaud

Nous voici à Linz, 3ème ville d’Autriche, qui serait à la pointe du secteur des nouvelles technologies. Difficile de le vérifier à notre échelle, mais facile d’imaginer le côté pratique de la chose : ça permet de faire oublier qu’Hitler est né dans le coin et a fréquenté les écoles de la ville. Nous en avons peut-être un aperçu en visitant l’ancienne cathédrale St Ignace où l’on peut avouer ses péchés dans un confessionnal futuriste et probablement bien isolé phoniquement avant d’acquérir de l’eau bénite en mignonettes pour se faire pardonner. A noter que le compositeur et enfant du pays Anton Bruckner y a été organiste pendant une douzaine d’années. La nouvelle cathédrale Ste Marie, la plus grande d’Autriche, nous a valu à la fois l’occasion d’admirer ses superbes vitraux et un PV de 35 € pour avoir dépassé de 5 minutes notre temps de stationnement… Eh oui, les nouvelles technologies servent à ça aussi ! Du côté des bonnes choses, signalons l’association gustative parfaite d’un vrai chocolat chaud viennois (celui que nous avions tenté à Vienne était une misère) et d’une Linzer torte, tarte traditionnelle locale dont la recette date de 1653, faite de pâte brisée additionnée d’amandes et de cannelle, recouverte de confiture de groseilles, d’un quadrillage de pâte puis d’amandes effilées. Pour le plaisir de l’esprit, nous nous sommes régalés des œuvres de street-art parfois géantes du quartier du port de la ville.



Mozartmania

Mozart est à Salzbourg ce que Napoléon est à la Corse : un enfant du pays devenu célèbre, érigé parfois en demi-dieu, surtout lorsque la manne touristique suit. De la maison natale où il a vécu 17 ans à celle où il a déménagé ensuite, de sa statue surveillant sa place, des chaussettes aux Playmobil, des concerts régulièrement donnés à l’académie de musique ou dans les châteaux ou églises, tout rappelle que le compositeur prodige est bien d’ici. On aurait même retrouvé et conservé son crâne quelque part. Et nous autres gourmands avons en tout cas trouvé ses boules. Regardez-vite les photos !

La ville elle-même vaut le déplacement pour son décor de carte postale : nombreux édifices baroques répartis de part et d’autre de la rivière Salzach, montagnes, châteaux et flèches d’églises en arrière-plan. Et plein de petites curiosités détaillées ou pas dans les photos qui suivent.


C’est ainsi que se termine notre parcours autrichien. Il nous restera une bonne partie du pays à visiter, il faut bien en garder un peu pour plus tard. Nous allons passer maintenant en Allemagne pour rejoindre notre fille aînée à Berlin. A bientôt pour cette prochaine étape.

139. Slovaquie

Voici le 37ème pays de notre périple avec Roberto. De taille modeste, la Slovaquie est onze fois plus petite que la France, et nous devrions la traverser assez rapidement. Nous retrouvons ici l’euro, donc la disparition des calculs fastidieux à réaliser pour les achats. Alors, côté touristique, qu’est-ce que cela donne ?

Parcours correspondant à cet article, en version zoomable ici

Première ville slovaque

Notre première étape est Banska Stiavnica, une ancienne cité minière classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. L’exploitation des gisements d’or et d’argent a fait prospérer la ville entre le XIIIe et le XVIIIe siècle, la dotant de belles demeures aux façades décorées. La crainte des invasions ottomanes au XVe siècle lui a fait aussi construire un château et des remparts pour mieux se protéger, tandis que plusieurs églises et un calvaire renforçaient la ferveur catholique. La réputation dans l’exploitation minière a également conduit à la mise en place d’une académie des mines, enseignant l’art de la prospection, de l’extraction et du traitement des minerais. C’est devenu aujourd’hui un musée, que nous n’avons pas manqué de visiter.




Le village peint de Cicmany

Il y a 200 ans dans ce petit village de montagne, on protégeait le bois foncé des maisons avec de la chaux. Plutôt qu’un vulgaire barbouillage, les femmes qui fabriquaient en majorité de la dentelle reprirent les motifs de leurs ouvrages pour enjoliver les maisons. La concurrence s’y est mise et presque tout le village a recouvert sa maison de motifs blancs à la chaux. Procurant une harmonie architecturale qui fit classer la ville comme première réserve d’architecture populaire au monde en 1977. Et un afflux de touristes. Encore que lors de notre venue, le froid et le blizzard avaient apparemment dissuadé tous nos congénères et nous étions seuls dans les rues. Mais des maisons noires aux motifs blancs avec un ciel gris, ça rendait plutôt bien.


Bratislava et les 40 voleurs

Stationner dans les grandes villes ne s’improvise pas, surtout si l’on souhaite y rester la nuit et abandonner son véhicule toute la journée pour la découverte. L’application Park4night nous est d’une précieuse aide dans ces cas là. Mais ce que nous lisons sur les commentaires laissés par les précédents visiteurs ne nous rassure pas : les vols avec effraction sont manifestement fréquents sur les véhicules de loisirs. Un peu comme en Italie par exemple, mais nous y avions toujours trouvé des parkings sécurisés, ce qui n’est pas le cas ici. Voulant jouer la sécurité, nous décidons, et c’est la première fois depuis le début de notre périple, d’aller visiter la ville chacun notre tour pendant que l’autre s’occupe dans Roberto et veille sur lui.

Cela dit, même avec un temps plutôt maussade, la ville est plutôt agréable. Les rives du Danube, les bâtiments de styles variés dans le centre historique, les statues, le street-art par endroits et la faible fréquentation en dehors des marchés de Noël donnent une bonne impression qui contrebalance la mise en garde initiale.



À propos des marchés de Noël, peu de gens imaginent qu’ils peuvent avoir des conséquences négatives pour nous autres voyageurs nomades. Outre les places de stationnement occupées par ces cabanes en bois et autres manèges, réduisant donc les places de parking dans la ville, ces marchés défigurent à notre sens les grandes et belles places en masquant les somptueux bâtiments qui les bordent. Ils entraînent enfin un tourisme de masse que l’on ne verrait pas à cette époque de l’année dans les autres attractions des villes, et nous font perdre notre bénéfice de tranquillité hors saison. À l’inverse, nous trouvons les décorations et illuminations des rues et vitrines lors de ces fêtes de fin d’année plutôt avantageuses.


La Slovaquie, c’est déjà fini ! Nous avons maintenant une idée précise de Bratislava qui n’était jusqu’ici pour nous qu’un mythe maintenant transformé en ville modeste et accessible. La capitale du pays suivant devrait être d’une toute autre envergure. Et puis elle est toute proche : seulement 60 kilomètres nous séparent de Vienne. À nous l’Autriche !

137. Roumanie

Tout comme pour la Bulgarie, nous n’avons que quelques clichés en tête avant de découvrir ce pays : austérité liée au passé communiste, dictature de Ceausescu, insécurité, roms, faible niveau économique, manque d’intérêt touristique. Eh bien tout ça va tomber en flèche : nous avons découvert un pays contrasté, avec des villes modernes et des campagnes rustiques, une population accueillante et serviable, quelques pépites touristiques malgré la basse saison et le climat froid qui nous a accompagnés tout du long et provoqué quelques frayeurs avec Roberto.

Parcours en Roumanie
Notre parcours en Roumanie, zoomable ici

On attaque fort d’emblée

Hasard de la route, la première ville roumaine d’importance sur notre parcours se trouve être la capitale, Bucarest. La température est aussi basse et le ciel est aussi gris qu’en Bulgarie, mais au moins il ne pleut plus. La ville est très encombrée, les voitures stationnent volontiers en double ou triple file et même sur les trottoirs. La circulation se fait au pas et à coups de klaxon. Nous arrivons à nous faufiler jusqu’à un parking en plein centre, bien situé donc, et où nous pourrons passer la nuit. Parfait ! Depuis Roberto, nous avons vue sur une belle église orthodoxe, par laquelle nous allons commencer notre visite. Richement décorée comme toutes les églises orthodoxes. Alors nous partons voir si la synagogue voisine – c’est assez rare de pouvoir en visiter – tient la comparaison. Eh bien finalement oui, jugez-en sur les photos. Bucarest a été appelée autrefois le petit Paris, pour ses grands boulevards bordés d’immeubles de style néoclassique, ses multiples statues et son arc de triomphe. Nous trouvons en effet pas mal de bâtiments haussmanniens, mais bon nombre sont décrépits, leur piteuse mine étant encore aggravée par le ciel assombri.


Le palais du parlement le plus lourd au monde

En construction depuis 1984, sous le régime communiste dictatorial de Ceausescu, ce palais initialement baptisé palais du peuple a été rebaptisé palais du parlement, ce qui est plus juste car pendant que des milliards de dollars étaient dépensés pour le bâtiment, le pauvre peuple subissait des pénuries de nourriture, d’électricité et de gaz tandis que 9000 de leurs maisons ont été démolies. Avec 9 étages au-dessus ET au-dessous du sol, 1100 pièces, des milliers de places dans des bunkers au sous-sol, c’est actuellement le bâtiment le plus lourd de la planète. Ces tristes records ne nous ont pas incités à nous lancer dans une visite, qui aurait été très encadrée bien sûr.


Camping artistique

Deux musées étaient au programme avant de quitter la capitale et n’ont pas pu être visités : le premier parce qu’ouvrant beaucoup plus tard que prévu et le second parce qu’après avoir tourné ¾ d’heure dans son quartier, nous n’avons pas trouvé une seule place de stationnement. Dommage pour la ville et dommage pour nous. Alors nous filons au nord et décidons de nous arrêter dans un camping pour recharger la batterie cellule qui n’aime pas trop quand nous stationnons trop longtemps au même endroit. Nous jetons notre dévolu sur un petit camping en rase campagne, que nous trouvons portes closes. J’ai mis le pluriel parce que des portes, il y en a partout, insérées dans la clôture et joliment colorées. Le temps que nous prenions quelques photos, le gérant sort d’un restaurant 200m plus loin et nous rejoint. Pas de problème, il nous ouvre le portail et nous fait la visite des lieux. L’endroit est parsemé d’œuvres d’art, relativement simples mais de bon goût. Nous apprécions. Nous serons les seuls, mais rien d’étonnant pour un mois de novembre. Enfin pas tout seuls, car une gentille chienne toute frisée et aux beaux yeux bleus reste à nos côtés. Nous pensions que c’était pour nous tenir compagnie, mais nous saurons un peu plus tard qu’elle restait là pour s’occuper de sa récente portée, de moins d’une semaine manifestement. La nuit est évidemment très tranquille au milieu de nulle part et nous repartons le lendemain, les pleins d’eau et d’énergie faits.


Bonne mine

Nous faisons étape à Slanic, une ville de Moldavie connue pour sa mine de sel, apparemment la plus belle de Roumanie. A l’approche du lieu, nous passons devant le chevalement caractéristique et embarquons dans un minibus qui va nous conduire dans des boyaux étroits à 210 mètres de profondeur. Le reste de la visite se parcourt à pied, d’abord en longeant un couloir tout de sel vêtu, puis en pénétrant dans une salle incroyable dont les parois parfaitement lisses montent jusqu’à 70 mètres de hauteur. Les strates de sel y dessinent de jolies arabesques. Des escaliers au milieu des murs ne rejoignent ni le sol ni le plafond, témoignant des niveaux successifs de l’exploitation depuis 1943. Une nappe d’eau entoure une sorte de cascade formée de stalactites de sel que rejoint un petit pont, procurant un reflet photogénique. Comme dans la mine que nous avions visitée en Turquie, des tables de pique-nique sont disposées un peut partout. Mais là, l’espace est tellement généreux que l’on trouve aussi une église, un minigolf, un planétarium, des tables de ping-pong et des espaces de jeux avec châteaux gonflables pour les enfants. Nous nous contentons de déambuler dans cet espace immense et impressionnant, avant de reprendre le chemin du retour. A la surface nous attendent bien entendu des vendeurs de sel sous toutes ses formes et les habituels stands de souvenirs et de nourriture.


Le Château de Peles

Entre 1881 et 1947, la Roumanie connut une période de monarchie. Parmi ses dirigeants, le roi Carol 1er décida de se faire construire une résidence d’été près de la station de montagne Sinaia. Ayant goût pour le luxe et apparemment les moyens, il fit ériger un château parmi les plus modernes de l’époque. Il fut le premier château d’Europe à bénéficier de l’eau courante et de l’électricité. Avec un architecte allemand, les extérieurs sont de style germanique, mais cachés le jour de notre passage par des échafaudages. Quant à la décoration intérieure, elle est bien évidemment somptueuse et les visiteurs se pressent pour l’admirer. Pas de chance là encore, nous étions là un dimanche, le jour le plus chargé de la semaine, et il fallait jouer des coudes pour déambuler parmi les nombreuses pièces du château. Tout en ne prenant pas trop de temps pour les admirer afin que les suivants puissent en profiter. Heureusement, il nous reste les photos pour revoir ça en mode débriefing.


Ah oui quand même !


Le fils du dragon

Ne cherchez pas trop loin, c’est comme ça que se traduit Dracula du Roumain au Français. Car oui, nous sommes en Transylvanie, région qu’il est difficile de traverser sans voir le moindre portrait ou la moindre allusion au personnage maléfique de l’auteur irlandais Bram Stoker qui lui-même n’a jamais mis les pieds en Roumanie. L’écrivain s’est inspiré pour son roman à la fois d’un prince local de triste réputation, appelé Vlad III dit l’empaleur et de légendes du folklore local évoquant des vampires. Le premier, fils de Vlad II dit le dragon, avait la triste réputation d’infliger le supplice du pal à ses prisonniers de guerre, voire d’en boire le sang, ce qui faisait parfaitement le lien avec les secondes. La Roumanie exploite à fond le mythe, des gadgets chinois jusqu’aux portraits sur les T-shirts en passant par les enseignes des boutiques et surtout le château de Bran. Celui-là a pour comble de n’avoir jamais reçu ni la visite de Vlad l’empaleur ni bien sûr celle de l’auteur irlandais tout en recevant chaque année plusieurs centaines de milliers de visiteurs sur la base d’une simple ressemblance avec la demeure du comte Dracula décrite dans le livre. Nous nous sommes contentés d’une photo.


En Roumanie il faut des RON


Brasov

Comme un certain nombre de villes que nous allons voir en Roumanie, Brasov possède un centre médiéval bien conservé possédant l’architecture des Saxons qui l’occupaient à cette époque. Outre les remparts et les classiques rues pavées, la richesse des habitants d’alors permit de construire de somptueuses maisons aux tons pastel et des églises luxueusement décorées. Parmi celles-ci, l’Église Noire doit son nom à l’incendie qui a assombri ses murs en 1869. L’extérieur a manifestement été nettoyé depuis. Difficile de savoir pour l’intérieur qui était inhabituellement fermé lors de notre passage. Le cœur de la ville est la place du Conseil, centrée par la maison éponyme qui ressemble à une église avec sa tour de 48 mètres, mais qui abritait autrefois les réunions du conseil, une assemblée de 100 citoyens qui dirigeait la cité.


Le Roumain, une langue latine ?

Déroutés par les caractères cyrilliques utilisés en Bulgarie, nous découvrons avec plaisir que les Roumains utilisent l’alphabet latin, avec quelques cédilles ou accents supplémentaires par rapport au nôtre. Cela vient de l’époque ou l’empire romain a occupé les rives du Danube au 1er siècle ap. J.-C. Mais tandis que les autres pays conquis dans cette région ont récupéré leur langue slave après le départ des Romains, la Roumanie a gardé cette langue. Avec pas mal de termes communs, elle est parait-il assez facile à apprendre par les Français. Quand nous entendons les Roumains nous dire merci ou pardon, ce n’est pas parce qu’ils font l’effort de nous parler Français, mais juste parce que les mots sont les mêmes dans les 2 langues !


L’église fortifiée de Prejmer

Voilà un concept nouveau pour nous : l’église fortifiée, ces deux termes ne nous semblant pas aller de pair au premier abord. Nous apprenons que cette région de Transylvanie a dû au XIIIe siècle se protéger des invasions régulières ottomanes et tatares. Tandis que les grandes villes pouvaient s’entourer de remparts, les plus petites n’avaient d’autres moyens que de protéger leur église par des murs épais aménagés de multiples pièces pour que la population puisse vivre en autonomie jusqu’à la fin de la menace. On y trouve ainsi des habitations, des ateliers d’artisans, des écoles, des greniers à provision, etc. L’église fortifiée de Prejmer serait la plus belle de la région qui en compte plus d’une dizaine.


Point of (no) view


Les plats-pays

Oui je suis vraiment une brèle pour vous proposer un jeu de mots pareil. Vous l’avez compris, nous allons évoquer la cuisine roumaine. Comme souvent dans les pays d’Europe centrale, les plats reflètent l’influence des multiples envahisseurs qui se sont succédé. Le nom change mais le gras mélange de viande hachée turque se retrouve dans des boulettes ou des saucisses, le yaourt et le fromage sont aussi utilisés que chez les Grecs, les légumes servis en entrée ou dans une soupe généreuse comme en Turquie, tandis que les desserts fourrés aux pommes viennent de chez les Austro-Hongrois. Nous n’avons fréquenté que 2 ou 3 restaurants au cours de nos 2 semaines dans le pays, retrouvant avec plaisir une cuisine de qualité sans pour autant être exceptionnelle.


Sighişoara et le chemin des écoliers

Cette ville transylvanienne de 28 000 habitants est encore un bel exemple de cité médiévale bien conservée. Elle est inscrite pour cela au patrimoine mondial de l’Unesco. Nous nous régalons encore une fois de ces ruelles pavées bordées de maisons multicolores très stylées, nous grimpons comme les étudiants jusqu’au lycée situé en haut de la colline, juste pour tester le superbe escalier couvert qui y amène. Depuis 1642, les lycéens grimpent et redescendent les 175 marches de l’ouvrage, pour le plus grand bonheur des profs d’EPS de l’établissement.


Point de fuite

Ce n’est pourtant pas la première fois qu’il fait 6 degrés au-dessous de zéro alors que nous sommes dans Roberto. Nous avons, comme en pareil cas, simplement laissé ouvert le tuyau d’évacuation des eaux grises, contenues dans le seul réservoir qui pourrait geler parce que situé sous le véhicule. Mais en pleine nuit, Claudie est réveillée par le bruit continu de la pompe à eau. Réveillé à mon tour, j’éteins la pompe afin qu’elle ne grille pas, puis teste les robinets et réservoirs, constatant malheureusement que plus rien ne coule. Nous pensons qu’à un endroit de la glace a du se former et décidons d’attendre la journée du lendemain, prévue avec des températures positives. En attendant, nous faisons quelques réserves d’eau dans des poches souples pour nos besoins quotidiens. Mais le soir, alors que je relance la pompe, Claudie me dit qu’une grosse fuite apparaît sous Roberto, en regard de l’un des deux réservoirs, bizarrement pas celui qui est en service. Je ne comprends plus rien et nous décidons de nous rendre le lendemain chez un réparateur de véhicules de loisirs idéalement situé sur notre route à 1h30 de là, craignant qu’il faille refaire toute la tuyauterie gelée. Après quelques investigations, le gars très compétent trouve l’origine de la panne : le levier de la vidange antigel, dont j’ignorais totalement l’existence, s’est mis tout seul en position d’urgence. La « fuite » que nous constations sous Roberto, accentuée par l’enclenchement de la pompe, correspondait tout simplement aux réservoirs qui se vidaient. Donc zéro panne, point de fuite, moral remonté en flèche et, cerise sur le gâteau, zéro frais de réparation. Le technicien n’a rien voulu nous facturer, préférant en retour un commentaire positif sur Google. Ce que nous avons fait bien sûr. Moralité : même 3 ans et demi après, nous en apprenons encore sur le fonctionnement de Roberto.


Encore un monastère (Romanii de Jos, près d’Horezu)

Il est difficile de se lasser de ces monastères, toujours situés dans des endroits reculés, possédant toujours une ou plusieurs églises recouvertes de fresques à l’extérieur comme à l’intérieur, et toujours en activité. Même en dehors des heures de messe, les fidèles défilent toute la journée pour prier quelques instants devant les autels. Celui de Romanii de Jos, l’un des plus grands de la région, est entouré de belles montagnes aux couleurs automnales et les peintures sont magnifiques, restaurées grâce à l’intégration au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco en 1995. Ce sont toujours des scènes religieuses assez expressives, particulièrement celles du Jugement dernier à l’entrée de l’église centrale. Il faut dire qu’autrefois, on se servait beaucoup de ces fresques pour l’éducation religieuse de la population rurale souvent illettrée. Autant qu’elles soient expressives !


Les arbres peints

Au hasard de la route, nous rencontrons ce petit bois ne figurant sur aucun guide, dont tous les arbres ont le tronc peint de couleurs vives. Sous le soleil rasant automnal, l’effet est saisissant.


Târgu Jiu et l’élève de Rodin

Nous avons fait une brève halte dans cette ville sans grand intérêt touristique mais qui est connue des roumains pour avoir hérité de nombreuses œuvres du sculpteur Constantin Brâncusi, né dans un village voisin. Nous parcourons le parc où plusieurs de ses œuvres sont exposées, notamment la Porte du Baiser et la Table du Silence, censées rendre hommage aux morts de la Première Guerre Mondiale. Peu sensibles au style de l’artiste, nous cherchons à en savoir davantage. Nous découvrons qu’il a passé une bonne partie de sa vie en France, au point d’en acquérir la nationalité. Qu’il a produit quelques œuvres « sulfureuses » comme la sculpture appelée « Princesse X » censée être un portrait en buste de la princesse Marie Bonaparte, petite nièce de Napoléon, et retirée juste avant le passage du ministre au Salon des indépendants de 1920, vous comprendrez pourquoi en voyant la photo. Nous apprenons aussi que l’artiste une fois en France a fait un stage chez Auguste Rodin, dont il est reparti au bout d’un mois. A voir ses œuvres, rien d’étonnant. Nous sommes fiers d’avoir Rodin !


Les portes de fer

Sur 135 km, le Danube se rétrécit, emprisonné – d’où le nom – entre deux falaises appartenant au massif des Carpates roumaines au Nord et à celui des Balkans serbes au Sud. C’est le plus long défilé d’un fleuve en Europe et nous allons suivre ses moindres méandres en empruntant la route qui le longe. Le temps n’est pas trop de la partie et ne nous permettra pas de profiter au mieux du paysage et des couleurs de l’automne. Nous aurons tout de même le plaisir de faire une halte devant le gigantesque portrait du roi Décébale, aussi célèbre en Roumanie que l’est pour nous Vercingétorix (ils sont contemporains), taillé dans la roche à la manière des présidents du Mont Rushmore. Et puis une autre devant la forteresse de Golubac, côté Serbe, une ancienne centrale électrique fortifiée qui a résisté à plusieurs guerres mais pas aux ingénieurs serbes qui ont construit une route traversant l’édifice de part en part et un barrage sur le Danube qui fait que la forteresse a maintenant les pieds dans l’eau. La patrie n’est pas très reconnaissante !


Le Chocolat Dubai

Nous avions été intrigués en Turquie par toutes ces affichettes dans les vitrines des pâtisseries ou chocolateries, disant en gros « ici chocolat Dubai », termes parfois griffonnés à la hâte sur un bout de papier. Et puis en Bulgarie pareil. Et en Roumanie aussi. Alors nous avons fini par craquer pour ce chocolat au lait généreusement fourré à la pistache agrémentée de feuilletine pour un effet croustillant. Effectivement inventé par une pâtissière de Dubai, il a surtout été promu sur le réseau social Tik Tok par une influenceuse. Sa vidéo aurait été vue plus de 100 millions de fois depuis sa mise en ligne il y a un peu plus d’un an et depuis, tout le monde se l’arrache à des prix parfois démentiels (100 € la tablette sur Internet). C’est dingue le pouvoir multiplicateur des réseaux sociaux ! Alors victimes nous aussi du buzz, nous avons testé. C’est bon mais pas exceptionnel. Ça ne vaut pas à mon avis un bon baklava turc. Mais ce n’est que mon avis.


Timişoara et la révolution

Pour le coup, le nom de cette ville nous parlait. Nous nous rappelons précisément où nous étions au moment de la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989. Cet évènement a sonné le glas des régimes communistes en Europe, suscitant rébellions et évolution vers l’indépendance des ex républiques soviétiques. Pour la Roumanie, c’est à Timişoara que ça a commencé, le 16 décembre 1989, peu de temps après une réélection truquée du dictateur Nicolae Ceausescu. Ce dernier n’a pas hésité à ordonner à son armée de tirer dans les foules de manifestants. Cela n’a fait qu’attiser le mouvement de revendication qui s’est rapidement étendu à tout le pays. Alors que Timişoara se déclarait la première ville libérée, Ceausescu et son épouse prenaient la fuite à Bucarest le 22 décembre. Le 25, après un procès expéditif, ils étaient fusillés. Forcément, la ville n’est pas peu fière d’avoir été le berceau de cette révolution pour l’indépendance. Elle a aménagé un musée pour que les évènements ne sombrent pas dans l’oubli. Nous l’avons bien sûr visité.


Mais Timisoara est aussi une ville touristique que nous avons adoré parcourir. Parfois appelée « la petite Vienne », elle possède de nombreux bâtiments de la période austro-hongroise, mais cumule en fait de nombreux styles architecturaux aussi différents qu’exubérants. Nous avons apprécié aussi la grande cathédrale orthodoxe toute en briques, les grandes places bordées de maisons pastel, quelques œuvres d’art dans les rues et un intéressant petit musée gratuit du « consommateur communiste » accumulant dans quelques pièces nombre d’objets insolites que l’on est invités à manipuler tout comme à ouvrir les tiroirs des meubles pour explorer leur contenu.



Oradea, pour finir en beauté

C’est notre dernière étape en Roumanie. Nous sommes accueillis dès le parking par les « Nymphes d’Oradea », une méga peinture murale de 700 m² dans le style Art Nouveau / Mucha et représentant les 4 saisons. Une première approche artistique qui ne va faire que se confirmer au cours de notre visite de la ville qui aurait pour certains le titre de « plus belle ville de Roumanie ». De fait, c’est ici que nous avons rencontré la plus forte concentration de bâtiments de style, mêlant éclectisme, néoclassicisme et art nouveau de la sécession hongroise.

Il a juste manqué un peu de soleil pour rendre plus éclatantes les couleurs de ces édifices dans la vieille ville, mais lorsque l’astre est reparu alors que nous longions la rivière qui traverse la ville, des reflets fantastiques sont apparus dans l’eau. Si je n’avais pas mis mon photophone en mode silencieux, il en aurait crépité de bonheur.

Miroir ô miroir, dis-moi qui est la plus belle ?

Vous pouvez voter en saisissant un commentaire ci-dessous. Si vous êtes nombreux à participer, je mettrai le résultat du vote dans le prochain article qui concernera la Hongrie. A très bientôt !

135. Istanbul

Notre grand tour de la Turquie touche à sa fin. Nous avons gardé la plus grande ville pour la fin essentiellement dans l’intention de partager la visite avec notre amie Françoise venue nous rejoindre depuis la métropole. Allons-nous retrouver dans la ville la plus occidentalisée du pays la Turquie que nous avons connue jusqu’ici ? Vous n’allez pas tarder à le savoir… La carte de ce parcours sera très simple puisque le dernier jour nous rejoindrons directement la frontière turco-bulgare.

Carte Istanbul - frontière turco-bulgare
Carte du dernier parcours en Turquie, en version zoomable ici

En route vers Roberto

Après avoir fait le plein d’amour et d’amitié lors de ce séjour hexagonal de 5 semaines, nous reprenons la direction de la Turquie à bord d’un avion de la Turkish Airlines, compagnie tout à fait recommandable. Ponctualité, bon service à bord, repas copieux pour un vol de 3h et 2244 km, couverts en métal et bouteille de vin en verre, vraiment rien à redire.

Un taxi nous fait traverser tout Istanbul dans une circulation très dense (la ville a été qualifiée comme la plus embouteillée du monde en 2021…) ce qui nous donne le temps d’apprécier le paysage, surtout à l’approche du quartier historique où les multiples mosquées se parent des belles couleurs de l’éclairage nocturne. Mieux vaut regarder à l’extérieur d’ailleurs plutôt que le chauffeur qui passe beaucoup de temps sur son téléphone portable tout en roulant. Malgré la précision de la géolocalisation, il n’arrive pas à trouver l’adresse de notre Airbnb et c’est notre hôte qui, prévenu de la situation, viendra à notre rescousse.

Oui, nous sommes en Airbnb pour une semaine, car notre amie Françoise vient nous rejoindre pour la visite d’Istanbul. C’est avec grand plaisir que nous partagerons avec elle nos découvertes.


La récupération de Roberto

Dès le lendemain de notre arrivée, nous partons récupérer Roberto à la douane. Nous pensions que l’affaire serait plus simple que pour la dépose (voir l’article précédent), mais ça a pris au contraire davantage de temps. Non seulement il a fallu reconstituer tout le dossier, avec les photocopies, les coups de tampons dans les différents bureaux des fonctionnaires qui sirotaient leur thé et grignotaient leur baklava. Et puis quelques compléments inédits où j’ai été mis à contribution : alors que j’étais au bureau 12, on m’a demandé d’aller dire au chef du bureau 1 un truc comme « Araaaatchiquitchi » en roulant bien le « r ». Étonnamment, ça a eu l’air de marcher puisque l’homme du bureau 1 a acquiescé, tout en esquissant un sourire. A se demander s’ils ne se sont pas fichus de moi, du genre demander à un Turc à l’ambassade de France d’aller dire au gardien « Pouet pouet camembert ». Un peu plus tard, on m’a demandé d’emmener la liasse de papiers à Monsieur (nom imprononçable) du bureau du fond. Je dois avoir un bon sens du mimétisme oral car ça a marché aussi. Quand enfin, après 75mn de formalités, on nous a remis les clefs de Roberto, j’ai cru que c’était fini. Mais non, impossible de sortir Roberto du parking, une grosse Mercedes garée devant lui bloque le passage. A ma grande stupéfaction, l’agent de sécurité du parking me demande de photographier le numéro de dossier figurant sur le pare-brise de la Mercedes, puis d’aller récupérer moi-même sa clef au « bureau du fond ». Opération faite en deux temps car la feuille portant le fameux numéro avait glissé à moitié sous le tableau de bord et le numéro ne correspondait pas initialement. A mon encore plus grande stupéfaction, on me demande de déplacer moi-même la Mercédès !!! Je n’aurais pas trop aimé que n’importe qui en fasse de même avec Roberto ! Finalement, c’est un employé qui s’y colle et je sors enfin du parking de la douane au volant de notre compagnon à 4 roues. Ouf !


La visite d’Istanbul

Pendant 4 jours, nous allons arpenter avec Françoise les rues de la ville, parcourant 10 à 15 km par jour tout en empruntant régulièrement les transports en commun, des minibus au métro en passant par les bus classiques et les ferries. Une carte rechargeable unique valable sur presque tous les transports urbains, bateaux compris, facilite bien la tâche. Car oui, la ville est très étendue. Même si les principales attractions sont dans le quartier historique où nous logeons, de nombreux points d’intérêts se trouvent dans d’autres quartiers, voire dans un autre continent… En effet, Istanbul s’est développée de part et d’autre du Bosphore, ce bras de mer qui sépare l’Europe de l’Asie. Prendre un ferry pour passer d’un continent à l’autre en une dizaine de minutes est une expérience intéressante, tout en permettant d’observer le ballet incessant des navires de toutes tailles qui se croisent sur la frontière.

La ville elle-même est assez différente de celles que nous avions pu visiter en Turquie jusqu’ici. Par son animation et sa circulation dense, par le nombre important de ses points d’intérêt, par la modernité de certains quartiers. Mais l’esprit de la Turquie est bien là, comme le remarque davantage que nous notre amie Françoise qui vient ici pour la première fois : l’islam est très présent avec les multiples mosquées, les appels à la prière qui se répondent en écho 5 fois par jour, une partie des femmes voilées, le croissant sur les drapeaux rouges qui flottent partout. Côté boutiques, difficile de ne pas passer à côté d’un kebab, d’un vendeur de simit (sortes de bretzels en forme de donut…), d’une pâtisserie orientale, d’un restaurant aux coussins colorés, d’une vitrine de bijoutier débordante de colliers ou bracelets en or très jaune, d’un presseur de jus d’orange ou de grenade, d’un marchand de tapis ou de souvenirs parmi lesquels le bon œil turc bleu et blanc, celui qui protège contre le mauvais, est rarement absent.

Istanbul étant la seule ville de l’Europe est-orientale à être « envahie » par les petits motifs céramiques de l’artiste Invader (dont j’ai déjà parlé dans le blog), et Françoise en étant une passionnée – c’est elle qui nous en a parlé la première fois – nous décidons de faire de cette recherche notre fil rouge pour visiter une partie de la ville. Munis de la carte qui localise avec une précision toute relative les œuvres, nous empruntons des rues moins connues des touristes et faisons des découvertes intéressantes. Onze petits « Invaders » correctement localisés déclencheront le jingle caractéristique et le bonus de points sur les téléphones de Claudie et Françoise.

Les quelques carrousels de photos glissés entre les paragraphes vous permettront d’avoir une petite idée de la variété de nos découvertes et peut-être de glaner quelques informations ça et là en vue d’un prochain séjour.


Clap de fin

Tandis que Françoise reprend son avion pour la France, nous rejoignons rapidement la frontière turco-bulgare. Nous avons en effet dépassé de 2 jours la période de 90 jours autorisée pour Roberto, ce qui entraîne généralement l’octroi d’une amende. Celle-ci devrait rester raisonnable pour ce modeste dépassement, mais à plus d’un mois, on peut vous réclamer 20 à 25% de la valeur de votre véhicule ! C’est aussi généralement à la douane de sortie du pays que l’on vous fait payer les éventuelles contraventions pour excès de vitesse ou stationnement irrégulier. C’est donc un rien inquiets que nous nous présentons à la douane, mais au final, bonne surprise, rien ne nous sera demandé. Peut-être que le séjour en « fourrière » aura été décompté de la période de validité ? Peut-être que les multiples caméras contrôlant la vitesse moyenne sur des dizaines de kilomètres sont plus tolérantes que je ne le pensais ?

Quoi qu’il en soit, nous quittons blancs comme neige la Turquie, ce beau pays qui nous aura conquis par bien des aspects, notamment par l’accueil chaleureux de ses habitants, la diversité et l’exotisme de ses paysages, la facilité de garer Roberto un peu partout.

A bientôt en Bulgarie !

134. Izmir-Istanbul

Notre parcours turc se termine par le Nord-Ouest, où nous allons refranchir la frontière Asie-Europe en traversant le Bosphore. Nous avons gardé la visite d’Istanbul pour la fin, à la fois pour se synchroniser avec l’arrivée de notre amie Françoise qui partagera nos découvertes, mais aussi pour faire un sas de décompression, la ville étant réputée comme la plus européenne des villes de Turquie. Mais n’allons pas trop vite, il nous reste un peu de chemin à parcourir et aussi une petite escapade en France avant d’aller explorer la vie stambouliote.

Parcours Izmir-Istanbul
Notre parcours d’Izmir à Istanbul, en version zoomable ici

Izmir ou le début de l’automne

Voilà plusieurs semaines voire plusieurs mois que nous bénéficiions d’un soleil continu, jugé parfois trop généreux même, et le temps grisâtre du jour nous rappelle que les meilleures choses ont une fin, que l’automne se rapproche. Ce qui va d’autant plus s’accélérer que nous avons repris une route globalement nord-ouest pour revenir vers la France en début d’année prochaine. Alors les photos s’en ressentent, le contraste chute, la Mer Méditerranée pourrait être rebaptisée la Mer Noire.

Izmir n’a rien d’exceptionnel, ou alors c’est nous qui commençons à saturer de la Turquie. Le bazar nous semble assez banal, l’architecture aussi. La ville aurait été reconstruite après un gros incendie sur les plans de 2 architectes français, les frères Danger (j’ai d’ailleurs failli intituler ce chapitre « La ville de tous les Danger ») mais la patte francophone n’est pas flagrante. Après une grosse demi-journée sur place, nous filons vers la cité phocéenne turque, Foça.


Foça

Les phoques qui ont donné leur nom à la ville (autrefois Phocée) sont en voie d’extinction, seule l’histoire de cette ville fondée par des Grecs entre le Xe et le VIIIe siècle av. J.-C. persiste. Ce peuple possesseur d’un tout petit territoire a fondé des colonies dans toute la Méditerranée orientale, cherchant à exploiter des richesses naturelles ou stratégiques. C’est ainsi qu’ils ont fondé Marseille en 600 av. J.-C. Le vieux port de Foça a  moins de charme que son homologue marseillais, mais la jolie baie et le retour du soleil nous en ont donné une impression agréable. 


La presqu’île d’Erdek

Totalement oubliée de notre guide et presque autant des touristes, la presqu’île d’Erdek située au sud de la Mer de Marmara est pourtant un petit joyau. Couverte d’une forêt manifestement recomposée après un incendie (espèces variées alternées régulièrement), elle se parcourt en empruntant une route côtière qui en épouse tous ses contours, découvrant au détour d’un virage de larges baies habitées comme d’intimes petites plages sauvages. C’est sur l’une d’elle que nous passerons la nuit. Et c’est purement par faute de temps que nous n’avons pas pu prolonger l’expérience. En effet, nous avons un avion à prendre à Istanbul dans quelques jours.


Question de culture


Première autoroute

La circulation dans la banlieue d’Istanbul est réputée difficile et c’est peut-être le seul endroit de Turquie où les autoroutes – qui ne sont pas dans nos habitudes, notre GPS étant même réglé pour les éviter – sont particulièrement conseillée. Seulement voilà, on lit partout qu’à de rares exceptions près, aucun poste de péage n’accepte autre chose que le télépéage, et qu’il faut donc se munir d’une carte magnétique rechargeable qui sera débitée à chaque passage. La carte s’achète, ne riez pas, dans les bureaux de poste. Nous tentons notre chance à Bandirma, juste après notre presqu’île de rêve. Nous avons beaucoup de mal à nous faire comprendre de l’employé qui ne parle pas plus Anglais que nous Turc. Heureusement, un jeune guinéen a reconnu notre accent et s’est proposé de nous aider. Nous obtiendrons finalement la précieuse carte, chargée d’environ 20€ (on nous a dit que c’était suffisant pour les 250 km qui nous séparent d’Istanbul) et partons de suite la tester.

Au premier poste de péage, le feu passe au vert : parfait. Au suivant, même succès, l’écran affiche en outre le montant débité (environ 5 €). Nous imaginons que le poste précédent n’était que l’enregistrement du point d’entrée. Nous continuons. Mais au péage suivant, juste avant un grand pont, le feu reste au rouge et la barrière baissée. Nous sommes sur l’une des files les plus à gauche de ce péage qui comporte une dizaine de postes. Ça klaxonne derrière nous. Un employé nous fait comprendre que nous n’avons pas assez sur notre carte, et qu’il nous faut reculer et passer par le poste 1, le plus à droite. Vous imaginez la manœuvre, reculant puis traversant la quasi-totalité des files de voitures se précipitant sur nous, peu fair-play comme la majorité des Turcs d’ailleurs. Nous apprenons que le prix de passage du pont, environ 34 €, est effectivement bien supérieur au solde de notre carte, mais que nous pouvons payer cette somme en espèces comme en carte. Ce qui va nous donner l’occasion de découvrir que dans tous les péages suivants, la file de droite donne cette possibilité. « On » nous a raconté n’importe quoi, comme d’habitude.


À l’approche d’Istanbul

Nous trouvons un bivouac pour la nuit dans un endroit tranquille et nature, à quelques dizaines de kilomètres de l’aéroport Havalimani, l’un des trois d’Istanbul, situé au nord de la ville. Un peu de repos nous fera du bien, car demain, c’est journée administrative : il va nous falloir trouver un parking pour laisser Roberto pendant nos 5 semaines françaises et faire ce qu’il faut pour être en règle avec l’administration douanière. Et ça ne va pas se passer du tout comme prévu !


Interdiction d’abandonner son véhicule de compagnie

(ou le dernier roman de l’été)

Ce n’est pas la première fois que nous nous interrompons temporairement notre voyage pour faire un petit saut familial en France. A chaque fois nous avons pu trouver sans difficulté un lieu sécurisé pour laisser Roberto pendant ce laps de temps. Mais pour Istanbul, ça s’avère un peu plus compliqué. Les quelques parkings que nous avons trouvés ne répondent pas à nos mails. Claudie lance alors un appel sur un groupe Facebook de francophones en Turquie et recueille des avis très contradictoires. Mais parmi ceux-ci, plusieurs nous mettent en garde sur le risque d’amende importante (25% de la valeur vénale !) si l’on quitte le pays sans son véhicule en négligeant la déclaration aux douanes. On nous parle même de devoir laisser Roberto directement à la douane, dans une sorte de fourrière. Mais qui croire ?

De passage à Antalya, nous nous arrêtons à la douane de l’aéroport pour leur poser la question. Pas de problème, nous disent-ils, faites la déclaration aux douaniers le jour de votre départ. Même à 6h du matin ?, nous inquiétons-nous. Oui, pas de problème, le service fonctionne jour et nuit, assurent-t-ils.

Sur la route de l’aéroport nord d’Istanbul, celui prévu pour notre départ dans un peu plus de 48 heures, nous nous arrêtons à l’un des parkings longue durée que nous avions repérés. Aucun problème, ils peuvent nous prendre pour environ 2 € par jour. C’est déjà ça. Reste à confirmer que les douanes acceptent.

Nous poursuivons jusqu’à la douane de l’aéroport. Nous expliquons notre situation à grands renforts de Google Traduction (l’Anglais des douaniers est très limité, mais c’est tout sauf un reproche), et ils nous renvoient à la douane de l’aéroport Atatürk, tout au sud d’Istanbul, à 56 km de là… Ok…

Une heure et un déjeuner plus tard, nous entrons dans notre 3ème douane depuis Antalya. Après que nous ayons de nouveau expliqué notre situation, on nous confirme qu’il faut bien laisser notre véhicule chez eux et qu’il faut remplir une attestation sur l’honneur certifiant, entre autres, que personne ne conduira Roberto en notre absence. Nous demandons un modèle, on nous envoie vers le service de photocopies …qui nous photocopie effectivement l’imprimé à remplir. Évidemment, tout est en Turc, mais avec l’application de Google nous nous en sortons à peu près. Nous revoyons l’employé des photocopies car il faut joindre des copies du passeport, de la carte grise et de l’assurance de Roberto. Nous lui demandons au passage de vérifier notre attestation. Il nous corrige une date et nous indique dans un anglais approximatif que nous devons faire tamponner tout ça au bureau 15, puis au bureau 12, puis au bureau 14 avant de revenir lui faire photocopier les documents une fois tamponnés.

Un peu plus d’une heure plus tard, nos documents sont validés, on nous envoie vers un dernier bureau, sans numéro celui-là. L’ambiance est joyeuse. Les employés se taquinent pour savoir à qui incomberait de traiter notre dossier. L’un d’eux nous prend finalement en charge, tape deux ou trois trucs sur son ordi. Et nous demande les clefs de Roberto. Claudie et moi nous regardons interloqués. Nous sortons vite le traducteur pour expliquer que nous voulions juste faire les papiers, mais que nous ne déposerons notre véhicule que le surlendemain, juste avant de prendre notre avion. L’employé nous ramène alors au premier bureau qui nous avait renseigné. L’homme prend la liasse avec tous les tampons dûment récoltés, écrit une petite phrase en bas et me demande de signer… Le traducteur confirme hélas nos craintes : il nous faut annuler la procédure, elle ne peut se faire que le jour du dépôt effectif du véhicule. Je n’ai pas d’autre choix que de signer, faute d’être à la rue pendant 2 jours, la précieuse liasse qui disparaît à tout jamais de notre vue.

Et donc deux jours après, nous revoilà dans cette fameuse douane. Cette fois nous filons directement au service de photocopie, enchaînant les bureaux 15 et 12, puis directement à celui sans numéro, sans passer par le 14, ça s’améliore on dirait. En 15 mn, nous avons fait le même parcours que l’avant-veille en une heure. Nous sommes presque heureux de donner la clef de Roberto quand on nous la demande, pensant être tout près de la fin. Mais non, l’employé nous rend la clef après y avoir collé une petite étiquette avec un numéro et nous tend une feuille de papier. Il nous mime qu’il nous faut apposer la feuille derrière le pare-brise et conduire notre véhicule à l’intérieur de l’enceinte de la douane. Nous nous exécutons, j’abandonne Claudie près du portail avec les bagages et je poursuis seul les démarches. Je conduis Roberto dans une zone clôturée où il est le dernier à entrer. Chaque véhicule qui voudra sortir nécessitera que le nôtre soit déplacé. Un état des lieux est rempli, comme pour une location et puis j’abandonne avec sa clef notre compagnon à 4 roues, batterie cellule débranchée, frigo vidé et tous bien précieux soit pris avec nous soit laissés au coffre.

Mais ça n’est pas encore fini. La liasse s’est enrichie de l’état des lieux, et il faut donc tout refaire tamponner aux bureaux 14 et 8, tout faire rephotocopier, tout faire valider au bureau sans numéro qui nous renvoie vers le bureau 12. Là, on me tend comme seule preuve de mon dépôt la 3ème copie toute pâle et toute mince de l’état des lieux, me disant que c’est ça qu’il faudra que je présente lors de la récupération de mon véhicule. Pris dans le vertige des numéros, je demande à quel bureau il faudra que je m’adresse. Et là, je n’oublierai pas le sourire ironique et la réponse qui tue de l’employé, balayant d’un bras tout le couloir : « A n’importe quel numéro ! »


Mariage à la turque

Nous avons passé notre dernière nuit avant de déposer Roberto sur le parking d’une salle de mariage. Ces établissements sont en grand nombre dans les périphéries des villes, laissant augurer soit une fréquence particulièrement élevée du mariage en Turquie, soit des cérémonies d’envergure systématiques à cette occasion. Renseignement pris, les deux hypothèses sont valables et se rejoignent. 2/3 des Turcs de plus de 15 ans sont mariés – c’est le chiffre le plus élevé de l’OCDE – contre 47,5% des Français par exemple. Ce qui correspond à environ 9 mariages par an pour 1000 habitants.

La première étape d’un mariage turc est la demande en mariage, faite au père de la jeune fille soit par le prétendant, soit par la personne la plus âgée de sa famille. En cas d’acceptation, la future épouse va servir un bon café à ses invités, mais une version surprise, plus ou moins salée ou poivrée à son futur conjoint. S’il le boit sans sourciller, témoignant ainsi de son total dévouement, s’en suivront des fiançailles avec échanges d’anneaux, signature d’un accord financier et bien sûr festivités.

Le mariage lui-même, financé par les 2 familles, va durer 3 jours (contre 40 jours autrefois, la crise économique est passée par là…), précédés par la cérémonie du henné déposé avec une pièce de monnaie porte-bonheur au creux des mains de la future mariée vêtue d’une robe rouge. Malgré l’importance des traditions en Turquie, le mariage religieux reste facultatif.


La révolution de l’écriture

Lors de notre parcours grec, nous avons eu beaucoup de mal à déchiffrer les menus ou les panneaux routiers en raison des caractères non latins. Nous nous attendions à pire en arrivant en Turquie, mais ça a été exactement l’inverse. En 1928, sous l’impulsion réformatrice d’Atatürk, le pays a troqué en quelques mois seulement ses caractères arabes pour des caractères latins. Imaginez un instant la situation inverse, voir disparaître du jour au lendemain tous les caractères latins de notre langue française transcrits phonétiquement en caractères arabes, devoir les  lire de droite à gauche, et vous comprendrez la difficulté engendrée pour les Turcs. Le caractère autoritaire de la réforme n’a pas permis beaucoup de protestations, mais beaucoup considèrent aujourd’hui que cela a permis une véritable ouverture à l’extérieur pour le pays et Atatürk est encore très vénéré aujourd’hui, bien davantage que le président actuel.


Cuisine turque pour affamés


Blagounette à deu Troie balles

Réparons ici un petit oubli lors du récit de notre visite de la cité antique de Troie, qui est bien en Turquie alors que son histoire a été écrite par le Grec Homère dans l’Iliade. On y trouve notamment le héros Achille, tué d’une flèche dans le talon par Pâris et Apollon, tout cela décrit par la plume d’Homère. 2 ou 3 photos prises dans la boutique ou le musée m’ont inspiré cette petite blagounette à deu euh Troie balles.


Le père des Turcs

Mustafa Kemal est entré de bonne heure dans l’armée Ottomane après ses études en école militaire. Il s’est illustré dans plusieurs conflits au cours de la première guerre mondiale. Après l’armistice et la dislocation de l’empire ottoman, il a senti que son pays ne tenait plus à grand-chose et a tout fait pour le rendre indépendant et moderne. Il en a été le premier président et a œuvré pendant ses 15 ans de règne pour que le pays s’occidentalise socialement, culturellement, économiquement et politiquement. Considérant les religions comme un frein, et notamment l’islam largement majoritaire, il a laïcisé la Turquie, interdisant toute pratique religieuse, fermant les lieux de culte et permettant aux femmes de ne plus se voiler et de porter des vêtements occidentaux. Il a même donné le droit de vote à celles-ci 14 ans avant la France. Sa réforme la plus significative a été le remplacement de l’écriture arabe par des caractères latins. Dans le même esprit, Mustafa Kemal a imposé les patronymes, qui avaient disparu au temps de la période ottomane, montrant l’exemple en se faisant appeler Atatürk, ce qui signifie père de la nation. On n’est jamais si bien servi que par soi-même. Si toutes ces réformes ont transformé positivement la Turquie, en faisant un état à part parmi ses voisins, et en lui donnant une possible porte d’entrée dans l’Union Européenne, l’aspect dictatorial du gouvernement est moins reluisant, et la chasse des populations de religion différente l’est encore moins. Mais à voir les portraits de l’ancien président partout dans les rues, la reconnaissance des Turcs parait définitivement acquise.


Quelque part en Turquie

Sont regroupées ici toutes ces petites choses photographiées ça et là, ne méritant pas un paragraphe à elles-seules mais néanmoins représentatives de la vie locale. Une occasion aussi d’occuper le terrain pendant notre parenthèse française.















En route vers Roberto

Voilà, le temps de ces petits sujets, nous avons passé quelques semaines en France et fait le plein d’amour et d’amitié. Nous retrouvons le chemin de l’aéroport et bientôt celui de la Turquie. Avec bien sûr les retrouvailles avec Roberto.


A bientôt d’Istanbul !

133. Turquie du Sud-Ouest

Après l’Est peu fréquenté et donc authentique, nous nous rapprochons des grands sites touristiques du centre et du Sud-Ouest, comme la Cappadoce, la Riviera turque et Pamukkale. Ces endroits plus visités seront-ils à la hauteur de nos attentes ?

Turquie du Sud-Ouest
Et pourquoi pas la carte du parcours en début d’article ? Toujours en version zoomable ici

Traversée vers la Cappadoce

Il nous faudra deux bonnes journées pour rejoindre la région de la Cappadoce, avec de beaux paysages et de tranquilles spots nature pour seules attractions touristiques. Il est toujours assez difficile de photographier des paysages en roulant, alors que cela représente somme toute une partie importante de notre voyage. A part quelques clichés glanés aux arrêts, le reste restera fixé uniquement dans nos yeux. Il faut bien garder un peu d’intimité ! Nous ferons une halte nocturne intéressante pour la suite devant le Mont Erciyes. C’est l’éruption de ce volcan aujourd’hui endormi qui a permis de former les paysages de la Cappadoce, recouvrant toute la région de diverses couches dont certaines vont donner de la couleur, et d’autres comme le tuf du relief. Cet agglomérat volcanique tendre va permettre à la nature de créer de jolis paysages (canyons, falaises, cheminées de fées, etc.) et aux humains de creuser à peu près n’importe où des abris, des églises voire des villes souterraines complètes pour se protéger des assaillants.


Kayseri

Kayseri est la grande ville la plus proche de la Cappadoce. Nous trouvons la ville plutôt agréable et étonnamment propre comparé au reste du pays. C’est un sujet dont j’ai peu parlé, mais, alors que nous trouvons en Turquie le plus grand nombre de poubelles à disposition de tout notre voyage (en ville c’est quelquefois une tous les cinquante mètres), le pays est jonché de détritus, lingettes canettes et bouteilles de verre loin devant le reste. On ne sait pas si le secret des espaces publics assez nets tient à une politique municipale ou bien à une éducation particulière dans les écoles, mais la preuve est là : quand on veut on peut ! Cette parenthèse mise à part, nous dénichons quelques curiosités dans la ville, comme un mausolée tournant (c’est sa construction en spirale qui donne cet effet mais rien à voir avec le restaurant panoramique de la Tour Montparnasse) dédié à une princesse, la reproduction au milieu d’un rond-point d’une tablette en argile écrite en cunéiforme reprenant le texte d’une lettre de commerce Assyrienne, un bazar animé sans le moindre touriste occidental, pas mal de magasins de tapis (la ville est la capitale turque du tapis) et quelques magasins intéressants de par leur contenu. Nous avons fait aussi un petit stop dans une concession Fiat (présent partout en Turquie) pour faire changer des balais d’essuie-glaces et compléter le niveau du liquide de refroidissement qui baissait, tout ça en quelques minutes sans rendez-vous, à peine le temps de boire le thé offert.


Ozkonak

Le sous-sol de la Cappadoce est un vrai gruyère. La nature y est pour une part, mais l’homme a largement profité de la tendreté du tuff volcanique pour creuser des villes souterraines afin de se protéger de ses agresseurs, et cela a commencé plusieurs siècles avant notre ère. Environ 200 villes sont présentes dans la région, nous avons choisi celle-ci, la première sur notre route. On y trouve diverses cavités correspondant à des habitations, mais aussi des écoles, des églises, des cuisines communes, reliées entre elles par de tout petits couloirs où il faut marcher courbé. Des portes à roue isolent les passages stratégiques. 4 niveaux sont visitables sur les 10 que comporte la ville, et c’est déjà pas mal. Difficile tout de même d’imaginer vivre longtemps là-dedans. A quelques kilomètres de là, le Monastère de Belha (Ve siècle) est totalement creusé dans la roche, sur le même principe. Il comporte même une chambre secrète source d’énergie positive (ce serait la raison de l’installation de moines ici) que nous avons rejointe en nous faufilant dans un couloir à l’obscurité totale. A la lueur près de nos smartphones. Un petit air d’Indiana Jones…


Avanos

A l’entrée nord de la Cappadoce, cette petite ville est renommée pour ses potiers (le fleuve qui la traverse serait riche en argile à certaines saisons) dont la production est affichée à tous les coins de rues et même aux intersections, ainsi que pour son vin (elle est jumelée avec Nuits-Saint-Georges). Nous n’avons acheté ni grande jarre émaillée ni caisse de rouge pour raison de place dans Roberto, nous contentant de flâner dans la ville.


La Vallée de l’Amour

Les cheminées des fées sont légion en Cappadoce. Parmi les plus visitées on trouve celles de la Vallée de l’Amour, dont vous trouverez aisément la signification en regardant les photos. Les fées étaient bien gâtées… En arrière-plan de cette belle randonnée, on aperçoit de grandes falaises aux couleurs roses, blanches ou rouges, qui donnent leur nom à autant de belles balades, nécessitant parfois la journée.


Göreme

C’est le cœur de la zone touristique. Tout ce dont ont besoin (ou pas) les visiteurs y est concentré : distributeurs de billets, marchands de glaces, cireurs de chaussures, pour commencer par les plus indispensables, et bien sûr bars, restaurants et magasins de souvenirs. La particularité, c’est que tout a été intégré dans une zone hérissée de formations plus ou moins coniques. Il a suffi d’y creuser directement les hôtels et les boutiques. Les touristes en redemandent, mais nous avons préféré la nature autour. Il est vrai que nous avons notre maison avec nous et que nous pouvons la déplacer presque partout.


Boycott raté

Difficile d’imaginer la Cappadoce sans montgolfières. L’aspect trop prégnant de l’invasion humaine de ce décor naturel et le paradoxe de photographier d’autres personnes qui photographient ce que vous êtes venus voir me gênait suffisamment pour que je décide a priori de ne pendre aucun cliché de montgolfière. Et puis le matin quand nous nous sommes réveillés avec une multitude de ces engins volant juste au-dessus de Roberto, j’ai craqué. J’ai tout de même réussi au cours de ce bref séjour à éviter toute intrusion de quad dans le champ de mon objectif. Ce qui est un exploit, car à l’approche de l’aube et du crépuscule, de longues files de ces engins bruyants et générateurs de poussière se forment partout. On n’ose à peine imaginer l’ambiance sur les lieux où ils se rejoignent tous. Et encore moins le nombre incalculable de selfies publiés au même moment sur les réseaux sociaux. Oui je sais, moi aussi je publie. Mais pas trop de selfies, hein ?


Concentré de troglodytisme

Dès les 1ers siècles de notre ère, les chrétiens arrivent nombreux dans la région et fondent monastères et églises. Pour le bâti c’est facile, il suffit de creuser dans le tuf qui est en surabondance ici. C’est ainsi que sont concentrées près de Göreme une dizaine de ces lieux de culte, protégés dans ce qui est appelé un « musée à ciel ouvert ». Les portes souvent étroites et parfois au sommet d’escaliers raides et sans rambarde ouvrent sur des salles parfois étonnamment grandes et structurées comme chez nous (nef, autel, chapelles, etc.). Les murs sont volontiers couverts de fresques dont l’état de conservation est variable mais parfois excellent. Dans plusieurs cas, les yeux de tous les personnages ont disparu. On pourrait croire à un vandalisme de la part des Ottomans qui sont arrivés plus tard, mais ce sont en fait les Grecs qui sont responsables de ces énucléations, croyant à un pouvoir miraculeux de la peinture des yeux diluée dans une boisson. Les photos étant interdites à l’intérieur des bâtiments, toutes les fresques que vous verrez ont été « empruntées » sur le net.

Dans la même journée, nous avons gravi le rocher central de la ville d’Uçhisar, tout autant gruyèrisé que les églises précédentes. La différence est dans la laïcité, ce piton ayant abrité une grande partie de la population jusqu’à il y a peu, avant d’être livré à la foule et et à la manne touristique.

Et pour terminer en beauté, nous sommes allés visiter 40 km plus loin la vallée de Soganli, un melting pot d’habitations et d’édifices religieux creusés dans des falaises et des reliefs rocheux. Là encore, nous jouons aux explorateurs dans des lieux abandonnés, aussi bien les habitations initiales évacuées suite au tremblement de terre de 1998 que les maisons construites par le gouvernement pour reloger les habitants qui n’en ont pas voulu. Les lieux sont aussi beaux que peu visités, l’équation étant plutôt rare.


Le caravansérail du sultan

C’est exactement comme cela que se traduit le nom de la ville de Sultanhani, qui comporte pourtant bien d’autres bâtiments. Mais celui-là est d’exception. D’abord parce qu’il est le plus grand caravansérail de Turquie. Dans ce pays, tout au long de la route de la soie, on en trouve un tous les 30 à 40 km, ce qui correspond à une journée de marche. Après quoi, il fallait bien que les caravaniers se reposent et pratiquent leur commerce. Ils étaient, comme leurs animaux de transport, reçus ici gratuitement, nourris et logés, et disposaient même de la mosquée au centre. Du all inclusive en quelque sorte. Aujourd’hui, les touristes sont moins bien traités, puisqu’il leur faut s’acquitter d’un droit d’entrée et payer leurs consommations au bar. Néanmoins, l’architecture vaut le coup d’œil, tout comme les femmes qui se relaient pour tisser un immense tapis, et l’exposition de tapis anciens très bien mise en scène.


Konya, la ville sainte

Cette grande ville de 2 millions d’habitants est à la fois l’un des plus grands centres religieux du pays, respectant les valeurs traditionnelles de l’islam via ses 3000 mosquées, et le lieu de naissance du fondateur d’un ordre dérivé de l’islam, les derviches tourneurs. Nous visiterons en premier le mausolée qui leur est dédié, mais raterons de peu la démonstration hebdomadaire de la fameuse danse au centre culturel. Mais vous n’aurez aucun mal à trouver une vidéo sur le net. Naturellement, nous visiterons quelques mosquées, découvrant au passage les magnifiques céramiques bleu turquoise* seldjoukides (une dynastie turco-persane qui domina l’empire musulman d’Orient du Xie au XIIIe siècle) et finirons par le musée ethnographique, centré sur l’artisanat ottoman. La pause restaurant n’aura pas été exceptionnelle quant aux entrées et plats de résistance dont nous commençons à nous lasser, mais nous aura encore appris 2 ou 3 choses sur les desserts.

* Turquoise signifie « pierre de Turquie ». J’avoue que je n’avais pas fait le rapprochement jusqu’ici !



Au musée ethnographique, en autres, cette arme hydride associant pistolet et hache (deux précautions valent mieux qu’une !) et ce joli set en bois pour la préparation du café turc.


Alanya : les affres du tourisme de masse

Nous rejoignons la Méditerranée à Alanya, en pleine « Riviera turque ». Nous n’avions pas vu la mer depuis que nous avons quitté les rivages de la Mer Noire. Eh bien ça n’est pas folichon. D’Antalya à Antioche, ce sont près de 800 km de littoral qui ont été bétonisés et livrés au tourisme de masse, principalement des Russes et des Allemands en plus des nationaux. Hotels, piscines, plages couvertes de parasols et clubs de loisirs se succèdent sans fin autour d’une 2 fois 2 voies où l’on roule à 110 km/h en pilant tous les 500m à cause des feux rouges. Nous grimpons au sommet d’une péninsule qui domine la ville et gaspillons 12 euros chacun à visiter une citadelle qui ne comporte que des murs. Nous étions sans étonnement les seuls, même les Turcs qui ne paient pourtant que dix fois moins semblaient avoir eu vent de l’arnaque. S’il fallait trouver un point positif, gardons le panorama. Revenus sur les quais en bas, nous longeons une armada de bateaux de pirates amarrés côte à côte, que tentent de remplir les vendeurs en hélant le chaland. Pourquoi des pirates ? Peut-être parce que les sirènes et leurs seins nus sont plutôt mal vues ici ?  


Aspendos : un bel amphithéâtre mais pas que

Nous nous éloignons de la côte de quelques kilomètres, c’est fou comme on retrouve du beau rapidement : nous sommes sur le site archéologique d’Aspendos. La majorité des visiteurs se limitent au théâtre, l’un des mieux conservés d’Asie mineure, au point d’être couramment utilisé aujourd’hui pour des représentations, dont un festival d’opéra et de ballet. 20 000 places seraient disponibles. Nous étions très peu le jour de notre passage à grimper le petit chemin qui mène à la ville haute, avec de beaux vestiges d’une agora, d’un marché couvert, d’une basilique, d’une fontaine monumentale, d’un aqueduc. Dommage.


Antalya : les affres bis

On se demande ce que trouvent à cette ville les 10 millions de visiteurs annuels. Certes le petit port est mignon, la vieille ville pourrait être charmante si toutes ses maisons anciennes n’étaient pas reconverties en boutiques qui vendent toutes les mêmes souvenirs. Mais le reste n’est qu’un alignement de voitures devant un alignement d’hôtels all-inclusive devant un alignement de parasols sur une longue plage de 18 km au sable douteux. Le pire c’est que beaucoup de ces touristes n’iront pas plus loin que ce séjour balnéaire artificiel et n’auront que cette image de la Turquie.

Nous quittons rapidement cette ville étouffante à bien des égards pour gravir de jolies montagnes, traverser des prairies aux belles couleurs, laisser passer des troupeaux de chèvres. Ça change des moutons de la ville !


Pamukkale : une merveille de la nature

On pourrait se croire en haute montagne, proche d’un domaine skiable, en voyant surgir devant notre pare-brise ces collines d’un blanc éclatant qui tranchent sur celles plus vertes alentour. Mais la vallée dans laquelle nous roulons n’est qu’à 250 m d’altitude et les fameuses collines ne dépassent pas 600, il ne peut donc s’agir de neige à cette saison, d’autant plus qu’en ce milieu d’après-midi, la température ambiante avoisine les 32°C. Nous sommes en fait face à un extraordinaire phénomène naturel : des sources saturées en bicarbonate de calcium déposent depuis plusieurs milliers d’année du calcaire sur le sol. Petit à petit se forment de petits barrages, les travertins, qui retiennent l’eau dans de jolies piscines aux teintes bleu vert. L’afflux non contrôlé des touristes a failli dégrader totalement le site, mais les autorités ont mis un peu d’ordre dans tout ça : interdiction de se baigner (des bassins artificiels ont été créés pour les irréductibles et les selfimaniaques), interdiction de marcher en chaussures, interdiction de gravir les travertins. Une gestion complexe de l’eau est aussi nécessaire pour entretenir la belle couleur blanche et éviter les algues à certaines saisons.

Comme pour la Cappadoce, des montgolfières survolent le site (et Roberto) le matin de bonne heure. Ce n’était pas spécialement anticipé, et cette fois nous étions les seuls à cet endroit.


La visite est couplée avec celle de la station thermale antique de Hiérapolis, perchée juste au-dessus, qui exploitait les fameuses sources entre le IIe siècle av. J-C. et le IVe siècle ap. J.-C., pendant la période gréco-romaine. Encore un joli théâtre, un musée archéologique dans les anciens thermes, la mystérieuse porte de Pluton d’où sort un gaz mortel qui tue les oiseaux et les taureaux mais curieusement pas les prêtres eunuques, et une nécropole qui rassemble les tombes de tous ceux qui espéraient repartir guéris après avoir « pris les eaux ». Au final c’est plutôt la station qui leur a pris les os.

La visite s’est terminée par les Bains de Cléopâtre, une piscine thermale à 36°C d’où s’échappent quelques bulles. La photo aux jolis reflets verts masque une réalité moins reluisante. D’abord rien ne prouve que Cléopâtre soit venue se baigner là. Ensuite une horrible zone commerciale a été construite autour de la piscine, où déambule une foule de touristes occidentaux dont certains en maillots de bain échancrés ou strings assez mal venus dans un pays musulman même tolérant. Les prix y sont exorbitants, le simple thé turc y coûte par exemple 6 fois plus cher que dans la ville à côté, tout en étant servi dans un gobelet en carton au lieu du joli verre tulipe habituel. Bien que plutôt fans des piscines d’eau thermale, nous avons rapidement fui cet endroit pour nous dérangeant.


Boycott réussi !

Le site d’Éphèse avait l’apparence d’un énième site archéologique sur notre route. Les commentaires du guide et les photos ne nous ont pas convaincus, notamment la foule qui traîne dans l’allée principale. Et puis s’est rajouté le ras-le-bol de la taxation des touristes-étrangers-vaches-à-lait. Certes l’inflation galopante que connaît le pays depuis 2022 (ça tourne à environ 50% par an avec des pics dépassant les 80% !) justifiait l’instauration d’un prix en euros qui assurerait la stabilité, mais on observe au contraire une encore plus forte inflation sur les prix en euros : de 11 € en 2022, le prix d’entrée est passé à 23 € en 2023 et 40 € en 2024, hors suppléments ! Alors que les Turcs paieront moins de 2 €. Alors que le gouvernement turc refuse l’inscription d’élèves turcs aux lycées français du pays, prétextant la non réciprocité (refus de la France d’ouvrir des écoles turques pour élèves français) j’aimerais bien voir cette réciprocité appliquée aux musées français exigeant des touristes turcs un droit d’entrée 20 fois supérieur. Agacés par tout ça, nous avons boycotté et pris le chemin de la plage…


La plage

Les plages ne sont pas si attirantes que ne le laissent supposer les guides, principalement en raison de la présence d’innombrables déchets, du moins pour les plages publiques ou sauvages. Il est à espérer que celles quadrillées de parasols à n’en plus finir sont un minimum entretenues, mais ce n’est pas le genre d’endroit que nous avons envie de fréquenter. Nous nous trouvons tout de même une grande plage pas trop abimée, dont le sable à l’arrière est suffisamment tassé pour que Roberto puisse rouler dessus. Une bonne brise compense l’absence d’ombre, et l’eau à peu près claire encourage à la baignade. Nous allons finalement rester deux jours ici, une sorte de week-end de vacances dans notre voyage. Nous en avons besoin régulièrement. Nous observons au passage un joyeux pêle-mêle d’occupants, des pêcheurs assis toute la journée devant leur ligne aux familles entières se baignant en burqa en passant par les couples venant faire faire leurs photos de mariage devant le coucher du soleil. Les chiens sont nombreux sur les plages, comme dans tout le pays d’ailleurs, mais absolument pas agressifs.


Après une nouvelle pause baignade dans un autre port, nous arrivons à Izmir, la ville de tous les Danger. Le plus difficile, c’est qu’il va vous falloir attendre le prochain article pour savoir pourquoi je l’ai appelée comme ça. À bientôt !

132. Noisette – Pistache

Ce titre ambigu évoquant les saveurs combinées d’une crème glacée n’est en fait que le résumé en deux mots de notre second parcours en Turquie. Des plantations de noisetiers des rives sud-est de la Mer Noire à la ville emblème de la pistache, nous aurons encore parcouru plusieurs milliers de kilomètres dans l’Est de la Turquie, frôlant tour à tour les frontières géorgienne, arménienne, azerbaïdjanaise, syrienne, irakienne puis iranienne. Des pays dans lesquels nous aurions bien fait quelques incursions s’ils n’étaient pas déconseillés pour la plupart par les autorités françaises. Mais nous avons eu largement de quoi nous occuper à l’intérieur de la frontière turque.

La saison de la noisette

Lorsque nous arrivons dans la région d’Ordu, toujours sur les rives de la Mer Noire, nous constatons un changement dans le paysage : tous les versants des montagnes sont occupés par une seule espèce d’arbre dont il n’est pas trop difficile de connaître l’origine. Car nos sommes en plein dans la période de récolte, et le moindre espace plat devant les maisons, au bord des routes ou même sur les ronds-points est occupé par les noisettes fraîchement récoltées et mises là à sécher. La plupart du temps gardées par une personne âgée ou au contraire un enfant. Le long des routes, de petits tracteurs sont disposés ça et là. Dans les fossés, des sacs probablement pleins de noisettes attendent le ramassage. En levant les yeux, on voit les arbres bouger et parfois de petites taches colorées mobiles que l’on entend par ailleurs discuter. Manifestement, la cueillette ici est une affaire familiale.

Nous apprenons que la Turquie est le premier producteur mondial de noisettes décortiquées, et loin devant les autres avec une part de marché de 80%. Encore plus surprenant, en fait pas tant que ça finalement, c’est un groupe industriel italien qui achète 80% de leur récolte : l’entreprise Ferrero. Pas besoin de vous donner le nom de leur pâte à tartiner, constituée, il faut le savoir, de plus de 70% de sucre et d’huile de palme.


Il y avait longtemps

Il n’est pas dans l’habitude des musulmans d’aller construire des mosquées au beau milieu de falaises inaccessibles. Aménager ainsi un lieu de culte, c’est plutôt le truc des moines orthodoxes, qui cherchent ainsi à s’isoler pour mieux méditer. Nous voilà donc à explorer au beau milieu de la Turquie, un monastère orthodoxe partiellement troglodyte datant du IVe siècle. Des moines grecs auraient reçu dans leur sommeil un message de la Vierge Marie leur demandant d’aller chercher dans une grotte une icône la représentant. 17 siècles plus tard, c’est dans un photomaton qu’on leur aurait demandé de récupérer la photo perdue, mais la grotte offre davantage de mystère. Toujours est-il qu’ils l’ont trouvée et ont bâti l’édifice que l’on voit aujourd’hui. Fortement remanié par des outrages de la nature et surtout des occupants successifs. Si les constructions paraissent nettement retapées, il reste néanmoins de belles fresques sur les murs extérieurs et intérieurs de l’église initiale. Une foule très majoritairement locale se presse pour admirer tout ça. Après tout ce Monastère de Sumela est une partie l’histoire de la Turquie.


Thé où ?

Certes cela dépend des sources, mais les Turcs seraient les plus gros consommateurs de thé au monde, avec une moyenne annuelle de 3,16 kg par habitant, qui peut passer à 4 kg dans la grosse région productrice que sont les rives sud-est de la Mer Noire. Le climat plus humide est bien adapté à la croissance des arbustes à thé. Nous avons d’ailleurs constaté par nous-mêmes que depuis que nous sommes dans ce secteur, le ciel se couvre constamment les après-midis, ce qui n’était pas le cas précédemment. Dans les montagnes autour de Rize, les plantations de thé sont partout, formant une sorte de tapis ondulé verdoyant quand il ne s’agit pas de reproduire les courbes de niveau de notre carte topographique. Les autres pays gros consommateurs sont l’Irlande, le Royaume-Uni, le Pakistan et l’Iran (respectivement 2,19 ; 1,94 ; 1,50 et 1,50 kg/an/hab. en 2020). Concernant la production, la Chine occupe 40% du marché mondial, suivie par l’Inde (25%), le Kenya (10%), le Sri Lanka (8%) et la Turquie (6%). Mais les Turcs sont les seuls à consommer plus de la moitié du thé qu’ils produisent.


Le rite du thé

Si le thé est connu en Turquie depuis le XIXe siècle, grâce à la position du pays sur la route de la soie, il n’y a été cultivé qu’après la 1ère guerre mondiale, laquelle avait fait grimper le prix du café. Le premier président du pays, Mustafa Kemal Atatürk, a favorisé l’importation de plants venant de la Géorgie voisine afin de favoriser l’autonomie de la Turquie. Depuis, la boisson a largement supplanté le café dans les rites sociaux, qu’ils soient amicaux, familiaux ou professionnels. La pause thé biquotidienne est même obligatoire dans les conventions collectives.

Le thé turc ne se prépare pas de la même manière que le thé occidental. Les feuilles infusent dans le compartiment supérieur d’une théière qui en comporte deux. L’eau bouillante du compartiment inférieur est versée quelques minutes après la fin de son ébullition sur les feuilles de thé, puis remise à chauffer une dizaine de minutes pour maintenir constante la température d’infusion. Le thé, alors assez fort, est versé au tiers d’un petit verre en forme de tulipe, et complété par l’eau du compartiment inférieur. A l’inverse du thé anglais, le thé turc se boit a priori noir et non sucré. A la limite on peut y mettre un peu de sucre, mais ajouter du lait serait mal vu…


A 20 km de la Géorgie

Nous avons quitté les rives de la Mer Noire pour nous diriger vers la région montagneuse du nord-est de la Turquie, longeant la frontière avec la Géorgie à une vingtaine de kilomètres à vol d’oiseau. Nous nous sommes interrogés sur l’opportunité de faire un détour pour visiter ce pays qui paraît intéressant et assez sûr, voire d’enchaîner avec l’Arménie qui n’est pas accessible depuis la Turquie, mais nous risquerions d’être limites en temps pour rejoindre Istanbul vers le 20 septembre, une rare contrainte dans notre voyage. Donc pas de Géorgie, mais de superbes paysages faits de grandes vallées contenant des lacs de barrages et surplombées de montagnes dépassant fréquemment les 2000 m d’altitude. Par moments, la végétation est assez pauvre, mais à d’autres, nous retrouvons des forêts de sapins, de grands pâturages et de jolis petits lacs. Il n’y a que l’embarras du choix pour trouver des sites où passer des nuits tranquilles avec une jolie vue.


Complique le gouvernement (7 lettres)

De Gaulle disait de la France qu’elle était impossible à gouverner en raison de ses 246 sortes de fromages. On comprend alors les difficultés de la Turquie qui en compte 200. C’est en tout cas ce que nous avons appris en visitant le musée du fromage de Kars, une ville perchée sur des hauts plateaux à 1800 m d’altitude et entourée d’alpages où broutent en semi-liberté vaches, brebis et chèvre. Fournissant donc la matière première à de nombreux fromages locaux. Le plus célèbre est le gruyère de Kars, élaboré avec l’aide des Suisses donc très proche du fromage helvétique. Mais de nombreuses autres sortes existent, proches de la feta grecque comme le beyaz peynir ou du gouda comme le kasar, se présentant inhabituellement de façon effilochée ou tressée comme le çeçil ou encore affinées dans des panses de brebis comme le tulum.

Nous avons été étonnés de la qualité et de la modernité de ce musée totalement oublié du Petit Futé qui n’a pas l’air de connaître non plus la ville de Kars. Nous l’avons trouvé par hasard sur Google Maps. Comme quoi il faut toujours diversifier ses sources.


Ani ou le moyen-âge arménien

Habitée dès l’âge de bronze, la ville d’Ani connut son apogée vers le Xe siècle sous le règne arménien, hébergeant alors plus de 100 000 habitants et devenue capitale du pays. On dit qu’elle rivalisait avec Constantinople, Bagdad ou encore Le Caire. Et puis elle est tombée aux mains d’une succession d’envahisseurs, victime alors d’une lente descente aux enfers en cumulant massacres, vandalisme et dégradations liées au temps et à l’absence d’entretien. Quelques tremblements de terre ont fait le reste et « la ville aux mille et une églises » n’est plus que ruines. Les édifices religieux et de défense, les plus solides, sont les seuls à être encore debout, et encore. Ils ont le mérite d’offrir au visiteur une bonne idée de l’architecture arménienne à l’époque médiévale : structures massives pour résister aux séismes, utilisation large de pierres locales en mélangeant les couleurs, coupoles octogonales, croix de basalte, motifs géométriques, floraux ou figuratifs.

Nous avons eu la chance de pouvoir dormir la veille de notre visite sur le parking du site, habituellement interdit la nuit pour des raisons de sécurité (l’Arménie est juste de l’autre côté du ravin). Le réveil a été magique, avec les belles couleurs de l’aube sur les remparts et le passage de toutes sortes d’animaux menés aux champs. Nous aurons malgré tout dû attendre l’ouverture du site à 8h pour pouvoir y pénétrer, soit presque 3h après le lever du soleil !


Mine de rien, mine de sel

C’est le hasard qui nous a fait visiter cette attraction, trouvée par hasard sur notre route. Pourtant ces montagnes blanchâtres et luisantes fournissent du sel à toute la Turquie depuis le moyen-âge. Si l’activité se continue en profondeur, le rez-de-chaussée a été ouvert au public il y a quelques années seulement. On y découvre une succession de salles voûtées éclairées de bleu et d’orange, dont les parois sont recouvertes de cristaux de sels. Fait étrange et typique de la Turquie, des tables de pique-nique sont disposées ça et là, et plusieurs étaient d’ailleurs occupées. Les Turcs adorent pique-niquer !


Bis repetita

C’est encore le hasard qui nous a conduit devant ces collines arc-en-ciel. Nous avions choisi de faire une pause déjeuner au bord d’une petite rivière bordée de falaises déjà un peu colorées, sur un site référencé par l’application Park4night. L’un des commentaires disait que les « vraies » collines arc-en-ciel étaient un peu plus loin. Mais introuvables directement sur Google Maps. C’est en traduisant l’expression en Turc puis en la collant sur Maps que nous avons fini par trouver un départ de randonnée portant ce nom. Mais à l’endroit donné, rien de tel. Un peu avant, nous avions pourtant trouvé quelques montagnes multicolores, sans pouvoir nous y arrêter pour cause de route en travaux. Heureusement, nous avons déniché un peu plus loin un paysage similaire, que nous avons rejoint en quittant la route principale. Magnifique et pourtant référencé nulle part. Les Américains en auraient sûrement fait un parc national et protégé l’accès, mais là non, nous aurions même pu sans doute nous promener dessus. J’en ai fait ma première contribution d’ajout de site sur Google Maps !


Nuit sous le sommet

Un nouveau bivouac sauvage, on ne les compte plus, mais cette fois sous le sommet du célèbre Mont Ararat, celui qui aurait vu débarquer l’Arche de Noé. Selon certaines versions. Ce qui est indiscutable, c’est qu’avec ses 5137 mètres, ce volcan âgé d’1,5 millions d’années est le point culminant de la Turquie, au grand dam des Arméniens qui l’avaient autrefois sur leur territoire et qui aimeraient bien le récupérer. Tout comme leur ancienne capitale Ani d’ailleurs. Pour diverses raisons historiques et politiques, la frontière turco-arménienne est fermée depuis de nombreuses années.


Un palais délicat

Construit sur plus d’un siècle par la famille Pacha pendant la période ottomane, ce palais perché sur une falaise pas très loin de la frontière iranienne en a gardé une certaine influence, des décors parait-il plus sobre que le vrai style ottoman. Bah nous on ne les a pas trouvés si sobres ces décors et surtout nous avons trouvé le lieu particulièrement bien intégré au paysage. Visite en photos.


Et à propos de palais…

Comme régulièrement, nous nous offrons un petit repas en ville, pour le plaisir bien sûr, pour l’immersion ensuite et pour approfondir nos connaissances sur la cuisine turque. Le restaurant s’appelle Keravansaray et a été aménagé comme son nom l’indique dans l’un de ces établissements où l’on recevait les commerçants de passage, nombreux sur cette route de la soie. On commence par nous amener des entrées (mezze) bien que nous n’en ayons pas commandé – c’est manifestement inclus avec les plats : salade de crudités, pâte d’aubergines, sauce relevée, pain pita et petit gâteau de semoule pour adoucir tout cela. Pour boisson ce sera de l’ayran, une sorte de lassi salé et mousseux. C’est l’autre boisson nationale avec le thé et le raki. Et puis bien sûr un peu d’eau, de marque (bi)Binpinar, dans ce pays musulman ça ne s’invente pas. Viennent ensuite nos plats de résistance, assortiment de viandes grillées au feu de bois pour Claudie, brochettes de légumes et de viande pour moi. Avant l’addition (très douce, une dizaine d’euros par personne pour tout ça), on nous offrira le thé. Là aussi, c’est une tradition, et pas seulement au restaurant. N’hésitez pas à mettre le son pour la vidéo, vous verrez que l’ambiance sonore était aussi typique que le repas.


La Van life

On pourrait la croire paradis des voyageurs nomades, mais il n’en est rien. A l’Ouest du lac éponyme, le plus grand de Turquie avec ses 3700 km², la ville de Van nous a semblé assez banale. Un centre-ville très encombré, une citadelle vide, un littoral marécageux et des températures élevées. Les habitants d’ailleurs vont se réfugier sur les bords du lac là où c’est possible, hors de la ville, pour prendre le frais. Une file continue de voitures en stationnant le long de la route côtière en témoigne. A certains endroits, l’eau est presque blanche (y aurait-on déversé du sable de carrière pour créer une plage artificielle ?), à d’autres d’un joli bleu. Bref, la Van life ne nous a pas séduits, un énorme paradoxe !


Et si l’on se refaisait un petit monastère ?

Celui de Mor Gabriel, au milieu de grandes collines arides parsemées d’arbres rabougris, nous a tendu les bras. Fondé en 397, après J.-C. forcément, il est l’un des monastères chrétiens les plus vieux au monde (le plus ancien, en Bulgarie, date de 344). Et pourtant, il est toujours en activité, occupé par des moines de l’Église syriaque orthodoxe, des religieuses et des séminaristes. Ce qui fait que l’on n’en visite qu’une partie et accompagnés d’un guide. Alors que l’on s’attend, du fait du grand âge, à voir des murs croulants et des voûtes étayées, on observe au contraire des structures fortement rénovées, un peu trop peut-être. L’harmonie de couleurs du bâti et l’architecture respectent apparemment celles d’origine (nous n’avons pas vérifié…). Des mosaïques datant du Vie siècle ont pu être conservées. Le Dôme de Théodora, construit à l’initiative de la reine byzantine éponyme impressionne. La pierre monolithique qui trône en son centre et que nous prenons d’emblée pour la tombe de l’intéressée n’est en fait que la table de pétrissage de la pâte du monastère, d’après ce qui est écrit dessus en Syriaque. Mais Google Traduction ignorant le Syriaque (mais pas le Ndau ni le Tok Pisin qui comptent pourtant moins de locuteurs) nous ne pouvons que croire notre guide. Dans la même pièce, nous trouvons aussi une reproduction du monastère en allumettes. Mais le plus impressionnant est la Maison des Saints, une pièce où sont enterrés (debout) les saints créateurs du monastère et d’autre personnes valeureuses, dans tous les sens du terme. Ce ne serait qu’anecdotique si la terre dans laquelle reposent ces personnages n’avait acquis, aux yeux des chrétiens syriaques, des propriétés de guérison. Et de fait, nous en avons vu, au cours de la visite, plonger la main dans une ouverture faite dans la tombe et en ressortir une poignée de la précieuse terre immédiatement enveloppée dans un mouchoir en papier. Ne me demandez pas ce qu’ils en font après. J’espère juste qu’ils ne la mangent pas…


Mardin et la jandarmerie

Nous avons trouvé refuge pour la nuit sur une petite colline arborée au-dessus de la ville de Mardin, prévue pour la visite le lendemain. Après une heure ou deux sur place, une voiture marquée « JANDARMA » vient se garer à côté de nous, gyrophare allumé. Nous ne sommes pas inquiets, ce n’est que le 4ème contrôle aujourd’hui. Il est vrai que nous sommes proches de la Syrie et les militaires déjà bien présents dans le pays le sont encore plus ici, difficile de leur reprocher. Le contact est très amical avec les trois policiers, qui s’intéressent de près à Roberto, à notre parcours, nous demandent si nous sommes mariés, quel âge nous avons, nos métiers. Quand je dis que je suis dermatologue retraité, l’un deux me montre des photos de son frère qui présente plusieurs plaques sur la peau que j’identifie. A la demande du policier, je propose un traitement… Ils parlent aussi peu Anglais que nous Turc, mais les échanges via Google Traduction se font finalement de façon assez fluide. Admirant notre parcours passé et prévu sur la carte de Turquie que leur déploie Claudie, ils nous situent leurs villes de naissance respectives et nous conseillent sur certains lieux que nous n’avons pas surligné. Nous leur parlons de la zone frontalière avec la Syrie fortement déconseillée par les Affaires étrangères françaises, ils nous disent que tout est parfaitement sûr. Ils rajoutent qu’ils vont repasser dans la nuit et veiller à notre sécurité, que nous pouvons les appeler à tout moment sur le 112 et qu’ils viendront de suite. Ils vont jusqu’à nous proposer d’aller nous chercher quelque chose à manger si nous avions besoin de quoi que ce soit ! Puis finissent par s’en aller en nous saluant vigoureusement de la main et en donnant un petit coup de sirène pour le fun… Sympas les jandarmas turcs !

Mon sens du respect m’a empêché de leur demander un selfie. Il ne vous restera que la photo nocturne de Roberto dans ce bel endroit où nous avons dormi en toute quiétude.


Mardin à part ça

Nous avons adoré visiter cette ancienne ville assyrienne, essentiellement peuplée de kurdes, construite toute en hauteur – du moins pour la vieille ville – sur une colline dominant l’immense plaine de la Mésopotamie, où circulent le Tigre (proche d’ici) et l’Euphrate (que nous verrons un peu plus loin), deux fleuves bien connus sans lesquels vous et moi ne serions peut-être pas nés puisqu’ils sont le berceau de la civilisation indo-européenne. La ville, classée par l’Unesco pour son histoire et ses nombreux monuments, lieux de cultes très diversifiés compris, possède une architecture d’influence arabe, que nous avions encore peu vue en Turquie. Nous avons aimé nous perdre dans les ruelles tordues et se terminant volontiers en cul-de-sac. Mais un peu moins grimper sous une forte chaleur les multiples escaliers reliant les rues. Globalement, l’ambiance et le style l’ont tout de même emporté. Nous y avons trouvé des gens sont adorables, comme partout en Turquie Et une fois de plus dans cette région, nous avons eu l’impression d’être les seuls touristes occidentaux. Nous avons terminé la visite en auto-récompensant de nos efforts par une boisson chaude prise sur une terrasse panoramique : un çay pour Claudie, et un café syrien pour moi, accompagnés d’un excellent yaourt servi dans un bol.


De l’énergie pour deux

La ville précédente visitée à la fraîche, nous avons pu la quitter en fin de matinée et finalement nous arrêter assez tôt à la suivante, reboostés en énergie grâce à la climatisation de Roberto lorsque l’on roule. C’est ainsi que nous avons parcouru l’après-midi de la même journée la ville de Diyarbakir. Outre un nom plus difficilement prononçable, elle s’est distinguée de la précédente par une animation plus grande. L’heure y était possiblement pour quelque chose, les Turcs nous semblant sortir davantage l’après-midi et le soir que le matin. Nous avons visité tour à tour une grande mosquée pleine de vie, une vieille église syriaque orthodoxe, un bazar à l’agitation extrême, aussi bien que des petites rues très tranquilles dès que nous éloignions un peu du centre. A noter que la ville a été durement touchée par le tremblement de terre de février 2023. Nous en trouvons encore de nombreux stigmates.


La belle vallée de l’Euphrate

Après avoir franchi le Tigre entre les deux villes précédentes, c’est maintenant l’Euphrate que nous traversons puis surplombons. Ces deux fleuves bien connus, notamment pour leur rôle dans l’apparition de l’espèce humaine, sont aussi une source – si j’ose dire – importante de conflit pour les pays situés sur leur parcours. Issus des montagnes turques, le Tigre et l’Euphrate ont leur lit majoritairement sur les territoires syrien et irakien. Comme souvent dans ces cas-là, c’est le pays situé en amont qui fait la loi. La Turquie construit barrage sur barrage pour irriguer ses terres, ne laissant qu’un maigre débit aux pays en aval qui ont tout autant besoin de la ressource. C’est la loi du plus fort, mais le risque existe de déclencher des conflits armés, d’autant que les relations ethniques et politiques du secteurs ne sont pas des plus sereines.


Le mausolée du roi perché

En 64 av. J.-C. l’empire romain contrôlait toute l’Asie Mineure … sauf la région appelée la Commagène. Ça ne vous rappelle pas une autre histoire ? Mais le chef de la Commagène, le roi Antioche 1er, était bien plus orgueilleux que notre Abraracourcix, et se fit construire un mausolée géant au sommet d’une montagne, le Mont Nemrut, qu’il fit même surélever de 150m pour qu’il dépasse en hauteur les cimes voisines. Autour de ce sommet, des terrasses sculptées dans la pierre , ornées pour deux d’entre elles de statues monumentales en position assise de divinités grecques et perses, ainsi que d’aigles et de lions. Toutes les têtes sont tombées après un intense tremblement de terre en 1923, mais offrent, redressées sur le sol en regard de leur buste initial, un spectacle étonnant. Que nous observons seuls à 2150 m d’altitude, ce qui augmentant d’autant l’étrangeté du lieu.


La ville de la pistache

Gaziantep est la 6ème ville de Turquie, mais pas plus encombrée que cela quand on y circule. Elle est la capitale de la pistache turque et produit une variété d’excellente qualité, l’Antep. La Turquie est le 3ème producteur mondial de cette graine oléagineuse, derrière l’Iran et les USA (Californie principalement). Et puis avec la pistache, les pâtissiers de Gaziantep vont fabriquer une version unique de baklava, fourrée et/ou couverte de produit écrasé du plus joli vert. La ville est d’ailleurs réputée pour sa gastronomie. Vous verrez ci-dessous le résultat de nos tests. Nous y avons trouvé aussi un curieux café bi-ton (2 forces de café différentes qui ne se mélangent pas…).


Nous sommes retombés un instant en enfance en visitant le musée du jouet, exposant des spécimens remontant à la fin du XIXe siècle, mais d’origine bien plus souvent allemande que turque. Avec un droit d’entrée de 0,40€ on ne peut pas trop se plaindre.


Le musée suivant nous aura coûté trente fois plus mais s’est révélé exceptionnel : il s’agit tout simplement du plus grand musée de mosaïques au monde. Il est né d’une mission franco-turque de sauvetage des trésors de la cité antique de Zeugma située sur les rives de l’Euphrate, près de la frontière syrienne. Érigée en 300 av. J.-C. par un général d’Alexandre le Grand, elle connut un déclin brutal 6 siècles plus tard suite à l’attaque des Perses qui l’incendièrent. Un archéologue turc qui travaillait sur les ruines apprit en 1990 qu’un barrage allait être construit tout près de là et engloutir la cité antique. Il fit appel à la communauté internationale, et c’est ainsi qu’une équipe franco-turque fouilla les ruines en urgence pendant que la construction du barrage se poursuivait inexorablement. Pendant plusieurs années, ils mirent au jour nombre de bâtiments, mais quelques mois seulement avant le début de la mise en eau, ils découvrirent ces mosaïques extraordinairement bien conservées sous les cendres de l’incendie des Perses. Les riches habitants de cette cité marchande en habillaient les sols et les murs de leurs maisons, quand il ne s’agissait pas de fresques. Malheureusement, tout n’a pas pu être préservé, la montée de l’eau enfouissant à jamais le site dans l’oubli. Toutes ces œuvres sont présentées aujourd’hui dans le récent Musée de Zeugma, inauguré en 2011. Sur deux bâtiments et trois niveaux pour chacun, nous avons pu observer de multiples et superbes mosaïques, présentées dans leur pièce d’origine reconstituée.

Le clou de l’exposition, la « Joconde de Turquie » est la mosaïque appelée « La Bohémienne » presque aussi bien protégée que notre Mona Lisa. Les hypothèses courent sur cette jeune femme mystérieuse. L’une d’entre elles, pas plus farfelue que les autres, soutient qu’il ne s’agirait du visage d’Alexandre le Grand, effectivement passé par là à un moment donné.


Gaziantep, la ville de la pistache, clôture donc cette deuxième section de notre parcours en Turquie. Vous en trouverez le plan ci-dessous. Nous nous dirigeons maintenant vers la Cappadoce, où nous risquons de ne pas être aussi seuls qu’actuellement. Nous le saurons bientôt.

131. Turquie

Premières impressions

Des formalités d’entrée relativement simples et rapides, de belles routes, de l’essence pas chère et même de l’AdBlue à la première pompe venue, des magasins modernes : tout porte à penser que, paradoxalement, la Turquie est économiquement plus développée que la Grèce. Cela va-t-il se confirmer dans la durée ?


Le Mémorial des Dardanelles

La bataille des Dardanelles a été un moment fort du début de la 1ère guerre mondiale. La France et la Grande Bretagne, alors alliés de la Russie, souhaitaient protéger son approvisionnement qui transitaient par le détroit des Dardanelles, entre la Mer Égée et la Mer Marmorata, contrôlé par l’Empire ottoman aidé des Allemands. Tout étant barré côté terrestre, ils organisèrent un débarquement, aidés aussi des Australiens et des Néozélandais. Mais, mal organisés, ils échouèrent et le conflit se termina au profit des Ottomans, chaque camp perdant au passage 56 000 soldats. Le succès permit tout de même à la Turquie de proclamer son indépendance, et en reconnaissance d’élever un grand mémorial en hommage aux victimes. Curieusement, le fait d’avoir participé rendit très fiers les Australiens et Néozélandais fraîchement libérés de l’emprise britannique. Le 25 avril, anniversaire du débarquement, est chez eux un jour férié et bien davantage célébré que le 11 novembre. Nous avons visité aussi l’un des cimetières français, mentionnant notamment la perte des 4 sous-marins et de leurs équipages qui avaient été engagés dans le conflit. Indispensable devoir de mémoire.



Un de Troie

Il nous aura fallu venir en Turquie, aussi bien Claudie que moi, pour apprendre que la ville de Troie était ici, sur la côte Ouest du pays. Et pas en Grèce comme nous le pensions. Et pas dans l’Aube non plus, je vous vois venir. Le site est presque aussi vieux que les pyramides d’Égypte, mais n’a été mis au jour qu’à partir de 1871. Il est bien sûr célèbre pour avoir été le théâtre de l’affrontement entre les rois grecs, dont Achille, venus récupérer la belle Hélène volée au roi de Sparte par le prince troyen Pâris. Après 10 ans de siège et une ruse chevaline que l’on connait tous, les Grecs ont fini par remporter et la guerre et l’épouse du roi.

Il ne s’agirait pas simplement de la légende rapportée par Homère dans l’Iliade, les fouilles archéologiques réalisées à Troie confirmeraient une partie du conflit. Nous avons trouvé sur les lieux un musée moderne mais cher (2 fois le prix du déjeuner que nous avons pris après la visite) et un site archéologique agréable à parcourir sur de petites passerelles en bois. Notre vraie déception a été que la réplique grandeur nature du Cheval de Troie était … en travaux. De quoi ruer dans les brancards.



Nulle autre qu’Assos…

Qu’Assos me fasse sourire n’étonne pas Claudie, habituée à mes jeux de mots vaseux. J’espère tout de même transmettre ce sourire par contagion à quelques lecteurs.

Pour le reste, le site que pourtant notre guide préférait largement à Troie nous a déçus. Accès mal indiqué, longue file de boutiques de souvenirs et de bars-restaurants avant de parvenir à l’entrée, édifices ressortant peu du paysage en raison d’une couleur similaire au sol, stigmates encore très présents du dernier incendie. Quant au « magnifique » temple d’Athéna perché sur sa colline au-dessus de la Mer Égée, il n’avait pas toute la superbe promise.

Dommage pour un site fondé au 1er millénaire av. J.-C. par des Lesbiens et des Lesbiennes. Les habitants de Lesbos, l’île grecque juste en face, vous pensiez quoi ?

Deux heures de route plus tard, nous trouvons un chouette endroit pour dormir. Une aire de pique-nique dans une petite forêt dont les arbres ont les pieds peints en blanc. L’ambiance tranquille à l’arrivée ne durera pas. Vers 19h les voitures ont commencé à défiler, haut-parleurs vrombissants et glacières pleines de bouteilles. Misère…

Nous avons vite laissé ce petit monde à leur soirée animée pour rejoindre un spot plus paisible jouxtant un cimetière. Las, à 21h, deux voitures sont arrivées et ont commencé à sortir les bouteilles et les chaises. Re-misère !

Mais la sono était discrète cette fois, au point que nous nous sommes endormis avant leur départ. À se demander le matin si nous n’avions pas rêvé. Mais les bouteilles et papiers gras étaient bien là sur le sol à l’emplacement des voitures…


Immersion

Parmi les choses que nous aimons le plus en voyage, il y a le fait de se retrouver au milieu d’une population qui ne nous ressemble pas et qui vit sa vie normalement, sans être pervertie par un quelconque attrait touristique, ni éventuellement par nous-mêmes. Cela ne nous était pas encore vraiment arrivés depuis notre arrivée en Turquie, jusqu’à ce que nous visitions Bursa, la 4ème ville du pays. Une journée de marche citadine qui nous aura conquis, nous menant des bazars très animés aux superbes mosquées et mausolées appelés ici turbë. Dans les deux cas nous avons eu l’impression d’être les seuls touristes du jour, du moins non turcs. Avec tous nous sens en éveil car très sollicités. La vision de cette architecture ottomane, d’un grand nombre de femmes voilées, des couleurs vives des boutiques de soie installées dans un ancien caravansérail. L’ambiance sonore des camelots, des klaxons et des appels à la prière mélangés. L’alternance des parfums d’encens, de savons ou encore de café. Alors que les lieux de cultes musulmans nous sont souvent refusés en Europe tout en étant par ailleurs assez austères dans leur décoration jusqu’ici, nous sommes entrés sans problème – du moment que le dress code était respecté – dans de grandes et magnifiques mosquées merveilleusement bien décorées. Une véritable immersion que nous attendions depuis un moment.

Nous prenons la route de la station de ski située au sud de Bursa, sans monter jusqu’au sommet (2545 m d’altitude) pour dormir au frais dans une petite forêt déserte trouvée par hasard à environ 1100 m. Nous décidons d’y rester 2 nuits. La Turquie s’avère aussi hospitalière que la Grèce pour les véhicules aménagés, et c’est une bonne nouvelle.


Cumalikizik

Ce petit village au nom rigolo est l’exemple typique des conséquences désastreuses de la surpopulation touristique. Bien conservé depuis le moyen-âge, il attire forcément les citadins lassés du béton de leurs façades et du bitume de leurs rues. Mais les citadins ça a besoin de manger, de boire et de faire pipi. Alors on leur construit des bars et restaurants. Et puis un ou deux parkings. Et puis pourquoi ne pas les appâter avec des babioles multicolores ou des sirops de fruits locaux ? Alors les boutiques poussent et cachent les façades moyenâgeuses, empiètent sur les rues pavées.

Par chance, le village est assez grand et en pente. Vers l’extérieur et les hauteurs, les chalands se font plus rares et les maisons redeviennent accessibles. Et les boutiques sont plus intimes, comme celle où nous avons pris notre premier thé turc. Une seule table au milieu d’une grande pièce en désordre, à laquelle sont déjà attablés la patronne et quelqu’un de la maison. Mais ils s’écartent un peu et nous rajoutent 2 chaises, nous invitant à leurs côtés. Nous avons échangé un peu et bu notre thé, servi noir et dans de tout petits verres. 35 centimes le çay, comme on l’appelle là-bas. L’expérience valait le jus, si on peut dire.


Ça rime

Oui, Iznik ça rime avec céramique. L’activité a été prédominante entre le XVIe et le XVIIe siècle, au point que l’on retrouve de jolies faïences créées dans la ville sur les plus grandes mosquées du pays. La demande est moindre maintenant, mais de nombreuses boutiques restent dédiées à l’activité, dont un pôle de créateurs dans une ancienne école coranique. Du très beau travail qu’on aimerait rapporter avec nous. Mais il faudrait atteler une remorque à Roberto.


Limite : 82 km/h

Impressionnés par la qualité du réseau routier au départ, nous révisons peu à peu notre opinion. Il est vrai que le large temps dont nous disposons et notre quête des bivouacs en altitude et en nature nous conduisent fréquemment à emprunter les axes secondaires. Et là force est de constater que le niveau d’entretien n’est pas extraordinaire et rejoint en bien des points, on pourrait même dire en bien des trous, celui des derniers pays traversés. L’absence de revêtement est par ailleurs fréquente sur ces routes, et Roberto est presque en permanence recouvert de poussière. Le côté amusant de ces petites routes, c’est le nombre d’animaux qui y circulent en liberté, vaches principalement, mais aussi moutons, chèvres, chiens et chats. Il faut être vigilant.

Sur les grands axes, nous empruntons habituellement la route à 2×2 voies qui longe l’autoroute – que par principe nous ne prenons pas, même si en Turquie le coût est modeste. La limite de vitesse y est extrêmement variable, passant de 110 km/h par défaut à 50 km/h au moindre croisement, les deux panneaux correspondants pouvant se suivre à quelques mètres seulement. Autant dire que personne ne respecte, d’autant plus que la fin du 50 n’est jamais annoncée. Le plus compliqué, c’est que la limite est variable selon les véhicules. Apparemment, c’est 100 pour les fourgons comme le nôtre ou 90 pour les camions. Quand la 2×2 voies traverse des villes, la limite descend à 82 km/h pour les voitures (il parait que c’est pour pouvoir flasher à 90…) et 50 à 60 km/h selon la ville et la taille du véhicule pour les autres.

Mais le pire, c’est la mise en place depuis quelques années du contrôle de la vitesse moyenne, qui peut se faire sur plusieurs dizaines de kilomètres avec aussi des sections plus restrictives. On trouve des portiques avec caméras un peu partout, difficile de savoir si elles sont juste pour le contrôle de sécurité ou pour celui de la vitesse. Nous n’avons pas perçu de flash pour le moment, il n’y en a peut-être pas d’ailleurs. Mais il parait que pour les étrangers, la note tombe à la frontière, au moment de quitter le pays…


La ville du safran

Difficile de cacher son passé quand on s’appelle Safranbolu. Cette ville a été un poste caravanier important entre l’Orient et l’Occident du XIIIe au XVIIIe siècle, où l’arrivée du chemin de fer a mis fin à ce type d’activité. Entre autres commerces, on y vendait du safran, la ville en étant le principal producteur en Turquie. De ce passé, Safranbolu garde une architecture ottomane remarquablement conservée, qui l’a faite inscrire au patrimoine mondial de l’Unesco.

Nous n’aurons pas le plaisir de voir les champs de crocus en fleur ni d’assister à la récolte, le tout se produisant à l’automne, mais nous pourrons déguster un « thé » au safran chez Mehmet, un commerçant réputé de la vieille ville. J’ai mis thé entre guillemets car de thé il n’y en a point : l’eau chaude est directement versée sur une pincée de pistils rouges de safran au fond d’un petit verre, le liquide prenant immédiatement une magnifique couleur jaune d’or.  En parlant d’or, le safran est l’épice la plus chère du marché, se vendant entre 30 et 45 000 € le kilo, soit à peine moins que le métal précieux (54 000 € le lingot)


Thé ou café ?


Le repos du gosier

Bien sûr, nous avons craqué pour un petit assortiment….


Noir c’est bleu

Nous voici arrivés sur le littoral de la Mer Noire, et vous savez quoi ? Eh bien elle est toute bleue, parfois même d’un joli turquoise dans les zones de hauts fonds ! Encore un mythe qui tombe… Certes, tard le soir ou même la nuit, une couleur sombre apparait, mais la nuit, toutes les mers sont grises, c’est bien connu. Le pire, c’est que l’origine du nom n’a pas été élucidée. Il se pourrait que « noire » désigne le « nord », cette mer se situant au nord de la Turquie, mais ça n’est qu’une hypothèse parmi d’autres. Ce qui est admis, c’est que cette mer était autrefois un lac d’eau douce, 150 m au-dessous du niveau actuel. L’élévation suite à une fonte glaciaire aurait fait monter le niveau de la Méditerranée, qui se serait déversée par le détroit des Dardanelles dans la Mer de Marmara, qui se serait déversée par le détroit du Bosphore dans la Mer Noire. En profondeur, c’est toujours ce qui se passe d’ailleurs : l’eau y est très salée alors que très peu en surface.

Nous avons longé la Mer Noire d’Ouest en Est sur plusieurs centaines de kilomètres. C’est parfois très sauvage avec une petite route tranquille qui se faufile entre une végétation abondante – favorisée par le microclimat – et de jolies petites criques, ou plus urbanisé avec des cités portuaires ou des stations balnéaires aux constructions quelconques, reliées par une route côtière à 2 x 2 voies souvent envahie de camions.


Sinop, en bref


Les mythes tombent comme des mouches

Après la Mer Noire toute bleue, nous découvrons la ville de Samsun, qu’on imaginait plutôt sud-coréenne que turque. D’accord, c’est juste pour rire, il manque quand même le g final. Mais dans un parc de la ville, en bord de mer, nous tombons sur la statue d’une jeune guerrière, arc à la main, jupe et mocassins en daim, et la mention « Amazone » en dessous. Mais les Amazones ne sont-elles pas originaires d’Amazonie ? Eh bien non, je me suis encore fait piéger. Un panneau explicatif nous apprend qu’un peuple de femmes guerrières aurait vécu ici entre 2000 et 1000 av. J.-C. ce que les historiens jugent peu probable selon d’autres sources, aucun vestige archéologique correspondant n’ayant été retrouvé. Par contre, des traces tangibles de femmes guerrières ont été retrouvées en Ukraine et en Russie. Autant dire que le conflit actuel remonte à loin. Ç’est quand même drôle de voir réunis ici Samsun et Amazon.

Et un petit chez soi reconstitué. Admirez au passage l’intégration du déshumidificateur d’air ! Tout ça était un peu kitsch et sujet à controverse historiquement parlant, mais bon à 0,40 € l’entrée, on n’a pas demandé à être remboursés !


Ainsi s’achève cette première partie de la Turquie. Le pays est grand, prévoyez au moins 2 ou 3 autres articles sur le sujet. Alors à bientôt !

Le parcours correspondant à cet article, en version zoomable ici pour les passionnés et ci-dessous les boutons pour commenter, pour vous abonner ou pour nous retrouver sur les réseaux sociaux

129. Grèce, la suite

Nous poursuivons notre route vers le Sud, d’abord en traversant la Grèce centrale, sauvage et oubliée des touristes, puis en explorant la péninsule du Péloponnèse. Sa géographie variée et ses nombreux sites archéologiques, dont celui d’Olympie, s’avèrent en parfait accord avec les très proches J.O. de Paris.

La Grèce sauvage

Quasiment ignorée des touristes, la Grèce centrale mérite pourtant le déplacement. Constituée de massifs montagneux avoisinant les 2000 m d’altitude, elle se traverse sur de petites routes étroites, peu entretenues et parfois dangereuses, nécessitant une grande vigilance dans la conduite. Outre les troupeaux d’animaux qui peuvent surgir à tout instant, il faut slalomer entre les roches tombées des parois non protégées, les effondrements de chaussée, sans s’approcher trop près des bords car aucune barrière de sécurité ne sépare du ravin. En contrepartie, les automobiles se font très rares, les paysages sont splendides et la fraîcheur relative permet d’échapper à la canicule qui sévit actuellement dans le pays.


Le monastère de Kipina

Avec les Météores, nous avions pris l’habitude de rechercher les monastères au sommet des montagnes ou des pics rocheux, mais celui-là est carrément incrusté dans une falaise, à mi-hauteur. Construit au XIIIe siècle par des moines qui se seraient fâchés avec le monastère de la ville juste en face, il est relativement bien conservé. Nous n’étions pas certains de pouvoir y accéder car notre guide parlait d’une clef à récupérer dans un bar à 1 km de là, pas toujours ouvert. Mais de temps en temps, une association locale vient vendre des icônes, rendant donc accessibles les lieux sans la clef, ce qui était le cas le jour de notre passage. Suivant un sentier le long de la falaise, nous avons franchi la porte d’entrée via un pont-levis puis pénétré dans une sorte de caverne aménagée, avec église orthodoxe couverte de fresques et coin habitation. Difficile tout de même d’imaginer comment se passait la vie monastique au XIIIe siècle.


Arapis Beach

Après une dizaine de jours en montagne, nous rejoignons le littoral pour une courte pause nocturne sur une plage. Le sable, la mer et le ciel se confondant dans la même teinte grisâtre, nous n’avons pas été tentés par la baignade, mais la brise marine soutenue nous a permis de bien supporter la température, forcément montée d’un cran depuis que nous sommes retournés dans les plaines.


Missolonghi et sa lagune

Nous arrivons sur la lagune de Missolonghi, la plus grande du pays, intéressante à la fois écologiquement puisqu’hébergeant nombre d’oiseaux migrateurs mais aussi historiquement. En effet, la lagune peu profonde a longtemps protégé la ville des agresseurs par voie maritime dont les bateaux ne pouvaient parvenir jusqu’à la ville, pourtant convoitée en raison de sa situation stratégique aux portes du Péloponnèse. Missolonghi a même été le principal centre de résistance à l’occupant ottoman au début du XIXe siècle, pendant la guerre d’indépendance de la Grèce entre 1821 et. Son attitude héroïque a même réussi à émouvoir quelques associations « philhellènes » européennes qui ont mandaté le poète et voyageur anglais Lord Byron pour aider les résistants. Même si l’intéressé est mort à Missolonghi 4 mois après son arrivée, il a été érigé en héros national grec pour sa participation en tant qu’étranger à la libération du pays.

Aujourd’hui, outre les ornithologues et quelques touristes, la lagune attire les pêcheurs traditionnels ou piscicoles tout en produisant, grâce à ses marais salants, 80% du sel marin du pays. Un musée du sel, unique en son genre en Grèce, raconte l’exploitation de la ressource depuis le XVe siècle, évoque les 14000 usages du sel et expose une intéressante collection de 1500 salières.


Kryoneri, un port au pied d’une falaise

Nous poursuivons la route côtière jusqu’au petit village de Kryoneri, au pied d’une falaise, intégrant un petit port et une plage dont l’eau transparente cette fois nous a conquis. Une halte parfaite pour la nuit.


Naupacte, encore un port, mais vénitien


Andravida Kyllini

Nous sommes parvenus au Péloponnèse, une presqu’île du sud de la Grèce qui n’est séparée du continent que par l’isthme de Corinthe. En fait, depuis le percement du canal en 1893, on pourrait vraiment parler d’une île. Notre premier point de chute est une jolie plage sauvage, difficile d’accès car on roule un peu dans le sable à la fin. Mais Roberto et ses occupants s’en sont bien accommodés. En tout cas nous avons passé là une nuit tranquille, avec une bonne brise qui nous a reposés de la chaleur continentale.


Moni Skafidias, le monastère aux loukoums

C’est un petit monastère orthodoxe comme tant d’autres, que nous sommes allés visiter parce qu’il était sur notre route et notre guide. Ce dernier d’ailleurs évoquait la possibilité qu’une nonne vienne vous faire la visite et vous offre des loukoums. Ça n’a pas raté, une nonne est venue nous faire la visite et nous offrir des loukoums… Nous avons retrouvé cette pratique ultérieurement en Grèce. Sinon le monastère comporte une jolie chapelle couverte de fresques, peu photographiables avec un loukoum entamé dans la main.



Olympie, en phase avec les J.O.

Voici le premier site de l’Antiquité grecque que nous visitons, et il colle plutôt bien à l’actualité. Nous sommes en effet à Olympie, là où furent créés les premiers Jeux Olympiques en 776 avant J.-C. Avant cela, les lieux,  habités depuis la préhistoire, étaient devenus un grand centre religieux axé sur le culte de Zeus, le père des 12 dieux de l’Olympe. On y trouvait une des plus grandes concentrations de chefs-d’œuvre du monde antique. Ce lieu empreint d’inspiration et de créativité a été jugé le plus apte à intégrer des jeux basés sur une harmonie physique et mentale, une saine rivalité. Les jeux olympiques antiques ont duré plus d’un millénaire avant que le site ne tombe dans l’oubli et disparaisse sous la végétation. Il n’a été redécouvert qu’en 1776. Les fouilles se poursuivent encore aujourd’hui. On y retrouve en extérieur des vestiges à la fois de temples et d’installations sportives, puis dans des musées une impressionnante collection de statues, d’éléments architecturaux et autres artefacts, avec bien entendu l’histoire de ces premiers jeux.


Les jeux olympiques antiques

Ils seraient nés de la victoire à Olympie du prince phrygien Pelops sur le roi Oenomaos. Celui-ci organisait régulièrement des courses de chars où il concourait face à un opposant qui gagnait d’épouser la fille du roi en cas de victoire et d’être exécuté en cas de défaite. Le prince Pelops fut le 14ème à tenter sa chance, mais se fit aider à la fois par son copain Poséidon qui lui fit bénéficier d’un char en or attelé de chevaux ailés, et par la fille du roi qui sabota le char de son père, tué dans l’accident, pour être plus sûre d’épouser ce beau prince. Pelops gagna en outre une grande région de Grèce à gouverner, qui prit ensuite le nom de Péloponnèse, et surtout organisa des jeux non truqués afin d’expier la mort du roi Oenomaos, encadrés par la religion antique grecque, notamment le culte de Zeus dont un temple et une statue monumentale étaient érigés au centre d’Olympie.

Les premiers jeux en 776 av. J.-C. ne comportaient qu’une seule épreuve : la course à pied. Mais s’y sont ajoutées rapidement les courses de char (forcément) et d’autres disciplines comme la lutte, le pugilat, le saut en longueur, le lancer de disque ou de javelot. Les femmes en étaient exclues, y compris comme spectatrices. Les athlètes s’entraînaient nus sous la surveillance et les coups de fouets de leurs juges/entraîneurs. C’était spécial… Le rythme quadriennal a été adopté d’emblée. Tout ça a perduré un bon millénaire avant qu’un roi chrétien, Théodose 1er, décide d’abolir toutes les fêtes païennes, dont les jeux, en 393 ap. J.-C.

Pour les curieux, ce lien vous en apprendra davantage


Retour de flamme

A l’heure où vous lirez ces lignes, la flamme olympique aura peut-être terminé son parcours. Elle a été allumée le XX avril dernier à Olympie, sur un site que nous avons pu voir, près du temple d’Hera. Traditionnellement, elle est allumée avec les rayons du soleil mais cette année le temps nuageux n’a pas permis que la magie opère. Une magie toute relative d’ailleurs, car il faut savoir que le parcours de la flamme olympique n’a pas toujours existé, et surtout que c’est une invention de l’Allemagne nazie lors des jeux de Berlin en 1936. Elle devrait rejoindre Paris pour la cérémonie d’ouverture des J.O. 2024 le 26 Juillet. Il faut savoir aussi que si les relayeurs restent bénévoles, les villes paient leur place pour être sur le parcours. Tout comme le tour de France. Business is business.


Etymologie

C’est plus fort que moi, j’aime bien connaître l’origine des noms. Et là, en Grèce, je suis plutôt gâté. La démarche y est même inverse avec, autour de moi, une multitude de noms qui me rappellent quelque chose et qui m’incitent à vérifier s’ils n’en sont pas la racine. Ainsi, dans le joli musée du site d’Olympie, qui héberge toute la statuaire et tout de qui a été retrouvé dans les fouilles sur place, je tombe sur cette élégante statue ailée de la déesse Niké. N’aurait-elle pas inspiré la célèbre marque à la virgule ? Je cherche rapidement et …bingo ! C’est bien la déesse grecque, connue pour sa rapidité à se déplacer grâce à ses ailes, qui est à l’origine du nom de marque, et probablement aussi du logo. Par contre, les dirigeants ont bien fait attention à retirer l’accent final, parce que chez les francophones, courir avec des chaussures Niké, ça ne le fait pas !


Apollon au camping

A des dizaines de kilomètres de toute agglomération d’envergure, au beau milieu d’une chaîne de montagnes verdoyantes, se dressent les pointes de toile blanche de ce qui pourrait apparaître comme un camping. Mais force est de constater, dès que l’on s’approche, que l’abri est unique. Il n’héberge rien moins qu’un temple bâti au Ve siècle av. J.-C. possiblement par l’architecte du Parthénon à Athènes. Depuis tout ce temps, il a perdu de sa superbe et la couverture actuelle permet à la fois d’éviter la poursuite des dégradations et d’entreprendre la restauration. Le chantier est d’envergure puisqu’il faut déplacer des colonnes entières pour remplacer leur base ou les frontons qu’elle soutiennent. Ce temple dédié à Apollon Épicure a la particularité d’associer les 3 types architecturaux de colonnes : dorique, ionique et corinthien, sculptées dans 2 pierres différentes : calcaire pour le péristyle et marbre pour le reste. Malheureusement, toute la statuaire est exposée au British Museum. Nous n’aurons que les photos.

Le gouvernement grec vient d’émettre des pièces de collection de 50 euros portant justement l’emblème du temple d’Apollon Épicure, au prix de 179,50 €. Si vous trouvez ça un peu cher, j’ai une meilleure proposition : je peux vous proposer quelques billets de 50 euros à peine usagés pour le prix modique de 70 euros chacun. Une affaire à ne pas laisser passer !


Colonnes cannelées

Saviez-vous que l’on écrit canelé (avec un seul n donc) lorsque la pâtisserie vient de Bordeaux et cannelé si elle vient d’ailleurs. Un « canelé bordelais », comme on voit souvent sur les boîtes, est donc un pléonasme.


Messène

Ce serait l’une des 3 villes les mieux conservées de la Grèce Antique. Bien que bâtis il y a plus de 2400 ans, théâtre, fontaine, marché, temples, stade, gymnase et habitations possèdent encore de nombreux murs et colonnades debout, un réseau d’irrigation apparent et même des latrines quasi-fonctionnelles ! Quoique manquant un peu d’intimité… (7è photo)


Les cigales et les chacals

Non, ce n’est pas une fable d’Ésope, l’équivalent grec de notre La Fontaine, mais simplement l’environnement sonore de notre lieu de bivouac du jour. En cette fin d’après-midi, nous avons trouvé refuge contre les rayons ardents du soleil sous une oliveraie en pleine campagne. Aucun bruit de voiture audible, mais nous avons été baignés dans le chant des cigales jusqu’à la nuit (n’oubliez pas de mettre le son sur la vidéo ci-dessous), après quoi quelques cris de chacals dorés ont pris le relais. C’était plus épisodique et donc difficile à enregistrer. Et évidemment impossible à photographier. Cet animal intermédiaire entre le loup et le renard commence à se faire rare en Grèce mais ferait quelques apparitions en France. En attendant que son installation hexagonale se confirme, vous pouvez toujours venir l’écouter ici, dans ce lieu appelé Pilos Nestor.

Pour en savoir plus sur les chacals dorés, cliquez ici


Horaires aléatoires

Nous pourrions nous attendre, en cette période de saison touristique, à trouver la majorité des lieux ouverts. Mais ce n’est pas toujours le cas. Outre les jours de fermeture hebdomadaires officiels, nous nous heurtons volontiers aux fermetures pour sieste (14h-17h en général) ou aux fermetures aléatoires, la raison étant rarement indiquée. Ça a été le cas pour la citadelle médiévale de Methoni, une des plus belles de la Grèce selon le Petit Futé. Nous devrons nous contenter des vues extérieures de cette forteresse avançant sur une mer aux couleurs … euh … grecques.


Koroni la carte postale

Nous avons l’impression ici d’entrer dans une carte postale de la Grèce : maisons blanches, petites ruelles en pente vers une mer azuréenne, boutiques aux façades peintes, églises orthodoxes entourées de bougainvillées et pour finir un très joli port. A noter que la ville a été un site de lancement de fusées entre 1966 et 1989. Koroni … Kourou … y aurait-il un lien ?


T’as de beaux yeux tu sais

La ville de Kalamata est dominée par une ancienne forteresse dont il ne reste plus que les murs et une petite église du VIe siècle qui a plus d’importance qu’elle n’en a l’air. On y a retrouvé en effet, à l’époque où la ville s’appelait Farai, une icône de la Vierge Marie possédant, selon ce qui a été décrit, les plus beaux yeux noirs jamais vus sur une icône. On jeta alors sur la ville un tout autre regard. Reconnaissante de cette célébrité soudaine, la ville décida alors de s’appeler « Beaux Yeux ». Mais oui, c’est la traduction en Français de Kalamata. Nous avons naturellement cherché à voir cette icône, mais impossible de la trouver ni sur place (en théorie dans la cathédrale de la ville où elle aurait été déplacée) ni sur Internet. Le trésor reste bien caché.


Coup franc

Eh oui, la ville grecque de Mystra  a été fondée par des Francs. Pas ceux qui ont précédé l’euro et qu’on a tous oubliés alors qu’on imaginait devoir effectuer la conversion toute notre vie, mais des Francs bien de chez nous venus ici pour les croisades au XIIIe siècle. Guillaume de Villehardouin et ses acolytes ont néanmoins été dépossédés de la ville 10 ans après leur arrivée. Pas de quoi se cocorigausser donc. Les nombreux successeurs ont tenté de faire mieux, faisant tout de même de Mystra le centre spirituel et culturel de l’empire byzantin, mais la ville au passé moyenâgeux a fini par sombrer dans l’oubli jusqu’à ce qu’on lui trouve un intérêt pour le tourisme et qu’on commence à la restaurer. Les restes de ces palais, églises, ou monastères étagés sur les pentes d’une petite montagne ont, outre l’intérêt historique, l’avantage d’être très photogéniques et d’offrir une belle vue sur les environs. À condition d’assumer la grimpette sous 38°C ambiants.


A musée la galerie

Tout près de là, à Sparte, nous avons visité le Musée de l’Olive et de l’Huile Grecque. Un musée, c’est toujours assez difficile à décrire et la description est probablement tout aussi rébarbative à lire. Alors je vous ai fait un petit questionnaire à ma manière.

Juste 3 petites photos de présentation : une œuvre d’art sur le thème de l’olive, un vieux pressoir et la zone géographique de culture des oliviers.

Et donc le fameux questionnaire :

A quel autre usage peu orthodoxe bien qu’orthodoxe a pu servir ce genre de pressoir ?

A quel artiste vous fait penser cette mise en scène ?

Bah pour la première question la réponse en photo est explicite. St Artemios était un Saint orthodoxe mais je n’ai pas pu retrouver ce qu’il a fait pour mériter ça. La croix était mise sur le savon lors de la phase délicate de la solidification pour favoriser celle-ci « avec l’aide de Dieu ». Enfin, ceux qui me connaissent auront peut-être trouvé Jean-Michel Jarre…

Bon ok, tout ça était difficile et un rien tordu. La prochaine fois je vous ferai la description du musée !


Vamos a la playa


Monemvassia

C’est comme pour la face cachée de la lune, il faut savoir faire le tour de cette presqu’île rocheuse pour découvrir une jolie ville médiévale accrochée sur son flanc dirigé vers la mer. Toutes les constructions adoptent exactement la couleur de la roche en arrière-plan. On se demande si c’est intentionnel pour se dissimuler aux intrus ou si tout simplement les matériaux viennent de là. En s’aventurant dans les ruelles étroites, on distingue tantôt la mer bleu azur, tantôt la citadelle qui trône au sommet. A condition de braver la pente, le soleil et le vent, on peut se hisser jusqu’à l’intérieur des murailles et visiter divers bâtiments d’époque dont une magnifique église ou encore observer le superbe panorama. Il ne reste plus qu’à redescendre et regagner la petite route qui relie le rocher au continent.


Mezzé

Ils font partie intégrale de la culture culinaire grecque. Ces entrées que l’on partage sont en général servies au milieu de la table dans de petits récipients pour que chacun puisse se servir à sa guise. Mais les restaurants touristiques ne s’offusqueront pas que nous autres, habitués à l’individualisme occidental, commandions ces mezzé séparément et les serviront dans des assiettes un rien plus grandes. L’huile d’olive, le yaourt grec, le pain pita, les légumes sautés ou macérés et les herbes fraîches sont la base de ces plats délicieux et sains. Dans Roberto, le tzatziki est roi et quasi quotidien (yaourt grec + concombre + ail + huile d’olive + aneth + sel)


Nauplie

Cette ville côtière fut la première capitale de la Grèce après l’indépendance en 1834. Il est resté de cette période quelques bâtiments administratifs dont l’ancien parlement, ainsi que trois édifices fortifiés dont une  forteresse trop haut perchée pour nos petites jambes et un fortin sur une île trop touristique pour nos petites têtes. En plus, ce fortin a servi après l’indépendance grecque à héberger les dirigeants du pays encore fragile puis les bourreaux de l’époque, dans tous les cas des personnages (pas si différents ?) auprès desquels personne ne voulait vivre. Nous avons préféré flâner dans les rues agréables et fleuries du centre et visiter deux curiosités qui ne figuraient pas dans notre guide (par précaution nous multiplions nos sources d’information) : une église construite dans un rocher géant et un lion sculpté dans un rocher géant. La première a la particularité d’avoir été la seule restée ouverte pendant la période ottomane, probablement parce qu’elle était la plus éloignée du centre. Et le second est un hommage aux soldats bavarois venus sécuriser le pays juste après l’indépendance (le premier roi grec était le fils de Louis 1er de Bavière) mais victimes d’une épidémie de typhoïde. Ce lion endormi est une réplique du Lion de Lucerne, érigé lui en mémoire des Bavarois tués à Paris pendant la révolution française. A noter que la France a été l’un des principaux soutiens à la Grèce lors de son indépendance. Un mémorial dans le centre-ville est dédié à nos soldats.


Épidaure, un iceberg grec ?

Le site antique d’Épidaure est célèbre pour son superbe amphithéâtre, remarquablement conservé malgré ses 2000 ans, ce qui n’empêche pas la poursuite des travaux de restauration. Il pouvait et peut encore accueillir 14000 spectateurs, faisant le plein lors du festival annuel de théâtre classique hellénique. L’acoustique est parait-il remarquable : tout ce qui est lâché sur scène, de la pièce de monnaie au discours à voix basse en passant par ce que vous êtes en train d’imaginer, s’entend jusqu’au dernier gradin, grâce au nombre d’or utilisé par les architectes. Le problème est qu’avec les cars de touristes qui débarquent sans cesse, le fait est peu vérifiable. On visite en même temps le sanctuaire d’Asclépios, mieux connu en France sous le nom d’Esculape, le dieu de la médecine. À l’époque, en dehors de quelques plantes et d’un peu de chirurgie, on soignait plutôt par la persuasion : les patients étaient reçus par un prêtre qui vantait les pouvoirs d’Asclépios, et la plupart du temps ça suffisait ! Le dieu de la médecine n’intervenait que pour des problèmes sérieux. Ses pouvoirs allaient jusqu’à ressusciter les morts, mais ne rêvez pas, vous ne le trouverez pas sur Doctolib.

Levons tout de suite un doute : nous parlons bien du célèbre site de la Grèce antique, et non de la non moins célèbre marque d’huile et de biscottes…

Mais le plus surprenant à Épidaure est son site caché, qui nécessite de se rendre sur une plage et d’enfiler son maillot de bain pour être vu. Car à l’image d’un iceberg, le plus spectaculaire est sous la mer. Oh, pas loin, à quelques dizaines de mètres du rivage et à moins de deux mètres sous la surface. Il faut juste bien repérer sur la carte l’endroit à explorer car l’accès est étonnamment libre pour un site de cette valeur et le seul panneau d’information est complètement effacé par le soleil. Là, muni d’un masque et d’un tuba, on découvre de vieux murs engloutis, un alignement d’amphores dont on ne voit plus que la base, et des petits poissons qui se promènent au milieu de tout ça. Arrivés de bonne heure, nous étions les seuls pendant un moment et avons pu lancer le drone pour une autre vision tout aussi magique. Et réfléchir à la cause de l’engloutissement de cette cité. Personne n’a encore trouvé l’explication.


Équation à plusieurs degrés

En ce mois de juillet, les températures sont plutôt élevées en Grèce. Au moins un jour sur deux nous sommes en alerte jaune ou orange canicule avec un mercure qui frise les 38°C à l’ombre en milieu de journée. Si la climatisation de Roberto rend l’ambiance agréable lorsque l’on roule, ce n’est évidemment plus le cas dès que l’on s’arrête. Aucune solution miracle ne peut résoudre cela. La climatisation permanente nécessiterait une seconde batterie de bonne capacité et l’augmentation de nos capacités de recharge, ou alors l’arrêt dans un camping, ce que nous souhaitons éviter. Mais une série de petits moyens nous aide à rendre la température supportable. Se garer à l’ombre d’abord, tout en sachant que cela réduit fortement la production des panneaux solaires, dans un endroit si possible venté comme une colline ou un bord de mer. Et puis quand cela ne suffit pas, le sésame c’est de prendre un peu d’altitude afin de profiter de la chute mathématique de 6,5°C à chaque fois que l’on s’élève de 1000m. C’est la solution que nous avons choisie à l’approche d’Athènes en allant dormir près d’un refuge sur le Mont Mpafi à 20 km au nord de la capitale. Outre le calme et la fraîcheur, nous aurons la visite d’un petit renard.

et puis nous avons eu de la visite !


Athènes

Les J.O. encore et encore

Compte-tenu de l’actualité, notre première visite dans la capitale grecque a été consacrée au Musée de l’Olympisme qui, ouvert à l’occasion des J.O. d’Athènes en 2014, retrace toute l’aventure.

Je passerai brièvement sur les Jeux Olympiques Antiques, dont j’ai parlé plus haut, même si le musée les détaille bien et rappelle qu’à l’époque de l’Antiquité, la Grèce était le seul pays où la promotion du sport de compétition était érigée en institution, chaque ville grecque possédant des installations sportives pour l’exercice quotidien comme pour les compétitions. « Sois toujours premier et devance les autres » disait Pélée à son fils Achille en partance pour la guerre de Troie.

Quand le site d’Olympie a émergé de l’oubli aux XVIIIe et XIXe siècles, quelques tentatives de rétablissement des Jeux ont eu lieu dans divers pays, mais c’est la ténacité de Pierre de Coubertin et ses idéaux de promotion des valeurs éducatives et universelles du sport qui a permis la relance de Jeux Olympiques dits modernes en 1896. Le début était initialement prévu en 1900 à Paris, mais Athènes a eu la préséance 4 ans plus tôt pour des raisons historiques et diplomatiques.

Si l’on a l’impression que le déroulement des J.O. modernes suit depuis toujours un rite bien précis (parcours de la flamme, allumage, cérémonies d’ouverture et de fermeture, défilé et mixité des athlètes, etc.) il n’en est rien et l’exposition nous rappelle ces avancées une par une, jeux par jeux.

Des panneaux fourmillent d’informations et d’anecdotes sur chacun des Jeux Olympiques depuis 1896

Vous avez déjà lu que les tout premiers J.O. ne comportaient qu’une seule épreuve, réservée aux riches mâles Grecs de pure souche, mais saviez-vous qu’il a fallu attendre :
– 1900 pour que les premières femmes puissent concourir (Paris – qui aura aussi la primeur de la parité parfaite en 2024)
– 1904 pour qu’apparaissent les médailles destinées aux 3 premiers (St Louis)
– 1908 pour la première parade des athlètes derrière leur bannière (Londres)
     – 1912 pour que les cinq continents soient représentés (Stockholm)
     – 1912 pour qu’une épreuve d’art et littérature soit introduite (Stockholm)
     – 1920 pour que le serment olympique soit prononcé par un seul athlète au nom des autres (Anvers)
     – 1920 pour que les médailles d’or ne soient plus en or massif
     – 1924 pour la première tenue de J.O. d’hiver (Chamonix)
     – 1924 pour que le pays organisateur n’obtienne aucune médaille (Chamonix – France…)
     – 1924 pour que les J.O. soient retransmis à la radio (Paris)
     – 1928 pour que lors de la parade les Grecs défilent en 1er et le pays organisateur en dernier (Amsterdam)
     – 1932 pour qu’une femme soit porte-drapeau (Lake Placid – Les seules athlètes anglaises étaient 4 femmes…)
     – 1932 pour que les médaillés d’or écoutent leur hymne national sur un piédestal (Los Angeles)
     – 1936 pour que la flamme olympique soit allumée lors de jeux d’hiver (Garmisch Partenkirchen)
     – 1936 pour que le relais de la flamme olympique soit instauré (Berlin)
     – 1948 (il n’y a pas eu de jeux pendant 12 ans à cause de la guerre) pour qu’un athlète américain gagne une médaille d’or à des J.O. d’hiver
     – 1948 pour que les jeux soient retransmis à la télévision (Londres)
     – 1952 pour que l’Union Soviétique et Israël participent (Helsinki)
     – 1956 pour que l’Union Soviétique participe à des jeux d’hiver (et rafle la majorité des médailles)
     – 1960 pour qu’on utilise des skis autrement qu’en bois (Jean Vuarnet, Squaw Valley)
     – 1960 pour qu’un Africain remporte une médaille (en courant pieds nus au marathon)(Rome). On attend encore qu’un pays africain organise les J.O.
     – 1964 pour que les J.O. se tiennent en Asie (Tokyo)
     – 1968 pour l’apparition de la première mascotte olympique (Grenoble)
     – 1976 pour voir instaurer un marathon féminin (Los Angeles)
     – 1981 pour que les premiers professionnels soient admis à participer
     – 1988 pour la première annulation de médaille pour cause de dopage (Séoul)
     – 1992 pour que les J.O. d’hiver et d’été alternent tous les 2 ans (Albertville)
     – 2000 pour la première épreuve de triathlon (Sidney)
     – 2002 pour que des athlètes chinois, australiens ou noirs remportent l’or à des J.O. d’hiver (Salt Lake City)
– 2024 pour qu’une cérémonie d’ouverture se déroule en dehors d’un stade (vous savez où…)

On y trouve aussi quelques anecdotes. Parmi d’autres :
      – En 1924 à Paris, un athlète participera et jouera peu après au cinéma le rôle de Tarzan. Vous avez reconnu Johnny Weissmuller
      – Lors des J.O. de Berlin en 1936, Hitler voulait démontrer sa théorie de la suprématie aryenne. Ne lui en déplaise, Jesse Owens, un sprinter afro-américain, remporta 4 médailles d’or et devint très populaire lors de ces Jeux
      – Aux J.O. de St Moritz, juste après la guerre, les Américains prêteront des skis aux Norvégiens pour qu’ils puissent concourir
      – En pleine guerre des Balkans, la Bosnie-Herzégovine a envoyé aux J.O. de Lillehammer (1994) un équipe de bobsleigh composée d’un Croate, de 2 Bosniens et d’un Serbe, faisant triompher le sport sur la guerre. Après notre visite de ces pays, ça nous parle bien.


L’impossible Bercy Madeleine


Τι άλλο (What else en Grec)

Athènes est une ville immense, comptant plus de 4 millions d’habitants sur son aire urbaine. La circulation y est dense et peu adaptée à Roberto, aussi nous avons choisi, comme en pareil cas, de laisser notre maison roulante dans un « storage » en périphérie et de gagner le centre par le métro. Nous avons joué les touristes lambda (l’adjectif grec s’imposait) et visité les grands classiques : le quartier pittoresque d’Anafiotika et ses petites maisons cubiques colorées ; la Tour des Vents, une horloge hydraulique antique ; la Stoa d’Attale, un précurseur antique des centres commerciaux ; le quartier des antiquaires, graffité à tous les goûts mais plein de curiosités ; la colline de Philopappos offrant une superbe vue sur la ville et l’Acropole ; l’église orthodoxe Saint-Dimitri, sauvée d’un commandant turc qui voulait la détruire au canon mais périt juste avant dans l’explosion par la foudre de la poudrière stockée dans l’Acropole ; la « prison de Socrate », une grotte où le philosophe n’aurait jamais mis les pieds mais dans laquelle on a muré les trésors du musée national pour les préserver d’Hitler ; le restaurant Mélina, dédié à l’actrice ; la Porte d’Hadrien, érigée à l’occasion de la visite de l’empereur romain, et bien entendu l’Acropole, dont nous avions réservé une tranche horaire pour la visite dès le matin. J’ai été personnellement déçu par le Parthénon, défiguré par les grues et les échafaudages – permanents paraît-il – et les mélanges de pierres neuves et anciennes. J’ai préféré l’Érechtéion et ses caryatides, ainsi que l’Odéon d’Hérode, mieux restaurés à mon goût et sans grue.

On termine par une petite vidéo d’un duo musical, comme on en trouve beaucoup dans les rues du centre et qui complètent parfaitement l’ambiance. N’oubliez pas de lancer le film et de mettre le son !


Pause-enfants

Le moment est venu de faire une petite pause. Voilà plusieurs mois que nous n’avons pas vu nos enfants et notre petite fille. Tous nous manquent et nous sommes très heureux d’aller les retrouver pendant 3 semaines, tout en donnant un coup de main à divers évènements, déménagements et lancements d’entreprises entre autres. Nous laissons Roberto dans notre parking sécurisé et ombragé de la banlieue d’Athènes, non sans lui avoir fait un petit cadeau de consolation : de beaux pneus tout neufs à l’avant. Nous voilà donc partis pour la France. 3 petites heures de vol. Nous nous retrouverons au retour. A très bientôt !

Parcours correspondant à cet article, en version zoomable ici