Nous l’avions déjà remarqué à Montevideo, une bonne partie des musées est en accès libre, sans droit d’entrée. Dès nos premières visites dans l’intérieur du pays, cela se confirme. Le plus emblématique a été ce parc animalier recueillant principalement la faune autochtone où nous avons été accueillis d’un « Bienvenido, disfruta ! ». Ça nous change du zoo de Beauval où non seulement il avait fallu aligner une quarantaine d’euros par personne, mais en plus sans être gratifiés du moindre sourire… Quelle intelligence que de permettre à tous l’accès à la culture ! Vive l’Uruguay !
Remise en route
Même si le temps reste très couvert, c’est un véritable bonheur que de repartir sur les routes. Mais quelques étapes logistiques préalables s’imposent :
-> d’abord ranger nos affaires dans les placards. Sinon on ne peut pas circuler avec nos sacs de voyage et valises. Il nous faudra compter une bonne heure !
-> ensuite refaire le plein de carburant, car les compagnies maritimes exigent que l’on soit sur la réserve pour pouvoir embarquer. Ce n’est pas si simple que ça en a l’air puisqu’il nous faut trouver une station-service qui vend du gasoil peu chargé en soufre (Roberto est allergique de par son statut Euro 6), ce qui se traduit ici par 10-S, soit un maximum de 10 ppm de soufre. Parce que le gasoil ordinaire contient 50 ppm. Nous risquons de trouver beaucoup plus dans d’autres pays, il faudra faire attention.
-> et puis refaire le plein des réservoirs d’eau. Notre application iOverlander nous permettra de trouver rapidement un robinet public près d’un petit parc. Et zou, près de 200 litres embarqués !
-> évidemment, le frigo et les placards à nourriture sont vides. Nous n’avions le droit d’importer aucune nourriture. Un hypermarché Géant se trouve fortuitement placé notre route. Le caddie sera bien rempli mais pas plein, la taille de notre frigo (130 litres) ne le permettrait pas.
Nous sommes maintenant pratiquement autonomes pour une bonne semaine. Les panneaux solaires tournent à plein régime malgré le ciel gris. Aucune de nos 2 batteries, moteur et cellule, ne semble avoir souffert de l’immobilisation de 6 semaines dans le conteneur. Nous voilà sur la route en direction de l’Est (nous remontons tranquillement vers le Brésil). Il nous faut nous arrêter au premier péage (ce n’est pourtant pas une autoroute) pour prendre le badge de télépéage. Il est gratuit, il faut juste mettre un peu d’argent dessus. Les quelques sections à péage coûtent pratiquement toutes le même prix, l’équivalent de 3,50€. Ce qui est bizarre sur ces sections à péage, c’est qu’on y trouve bon nombre de routes transversales par lesquelles il serait faciles d’entrer sans payer, mais nous n’allons pas jouer à ça !
En milieu d’après-midi, nous trouvons que notre première journée sur la route est suffisamment remplie et nous nous trouvons un petit spot pour nous reposer et passer la nuit. En bord de mer s’il vous plaît. En Uruguay, le faible nombre de véhicules de loisirs fait que nous ne sommes pas considérés comme une gêne. En conséquence il est possible de se garer pratiquement partout !
La brique élevée au rang d’art
Voilà une église peu ordinaire, entièrement bâtie en briques. Ce matériau qui paraît banal, a pourtant ici été érigé en art. L’ingénieur uruguayen Eladio Dieste a réussi à créer des murs et un plafond ondulés, une rampe d’escalier ajourée, des éléments de façade en dents de scie. Il a reçu en retour l’hommage de ses pairs et surtout celui de l’Unesco qui a inscrit son œuvre au patrimoine mondial
La Villa de la Concepción de las Minas
C’était l’ancien nom de la ville de Minas que nous visitons aujourd’hui. Mais comme ça tenait rarement sur les enveloppes et ou que les panneaux à l’entrée de l’agglomération étaient souvent renversés par le vent – en fait ce sont deux hypothèses personnelles – la ville a décidé de s’appeler simplement Minas, en référence à son passé d’extraction de fer et d’argent. Plus rien de tout ça lors de notre visite, mais nous avons aimé nous promener dans des rues qui collent davantage à l’image que nous avions de l’Uruguay que celles de Montevideo.
Nous avons entre autres visité la Casa de la Cultura qui abrite la bibliothèque municipale, une galerie d’art, un théâtre et 4 musées dont l’un est hébergé dans la maison natale de l’un des héros de la nation Juan Antonio Lavalleja de l’un des héros de la nation. Les 3 autres concernent les peuples précolombiens, les gauchos, le musicien Eduardo Fabini, l’écrivain Juan José Morosoli, le professeur de médecine Pedro Belou, bref que des inconnus pour nous. Le décor était plutôt joli. Tout était gratuit, mais nous avons dû supporter la guide qui devait s’ennuyer et nous a accompagné tout du long, nous racontant ce que nous pouvions lire sur les affiches. Parfois la gratuité a un coût…
L’inventeur de Minas
Le Géo Trouve-tout de Walt Disney a son équivalent uruguayen : Horacio. Cet homme a commencé à fabriquer ses propres jouets vers l’âge de 5 ans. Un peu plus tard il s’est mis à reproduire les engins agricoles qu’utilisait son père, puis une infinité d’autres véhicules et d’objets utiles au quotidien, fonctionnant comme dans la vraie vie. Horacio, septuagénaire, nous fait la démonstration du fonctionnement d’une douzaine de machines ou de véhicules, ainsi que de quelques jeux qu’il a conçus lui-même ou recréés à partir de modèles photographiés. Et le dernier modèle en cours de construction. Il ne s’arrête jamais !
Ce génial personnage, tout aussi inventeur que pédagogue, nous a bien gardés une heure et demie et aurait même pu faire davantage si son épouse n’était pas venue gentiment l’arrêter.
Une visite passionnante et animée avec passion, nous avons adoré !
La bonne réponse au quiz précédent est 1. (une boutique de biscuits). Il ne fallait pas se laisser influencé par le Mar y Mar ni par les biscoteaux du coach de gym !
Être à tort sur la réserve
Après avoir dormi au bord d’un petit chemin entre deux champs, nous rejoignons, peu après la ville joliment nommée de Pain de Sucre, la Réserve d’élevage et de protection de la faune naturelle autochtone. 100% des réserves de ce type visitées auparavant étaient payantes, les gouvernements favorisant peu leur développement. Mais arrivée au guichet d’entrée, un jeune homme nous accueille d’un grand « Bienvenidos » et d’un « Disfruta » (profitez) en nous indiquant le chemin. En parcourant les allées, nous ne trouvons aucun manque d’entretien que la gratuité aurait pu laisser supposer. Au contraire le sol est balayé, les bas-côtés tondus et les enclos sont bien propres.
Les animaux sont ici en semi-liberté. Cela se traduit par des enclos grillagés, mais de grande taille et comportant pour la plupart des zones de taillis où les bêtes peuvent se cacher s’ils n’ont pas envie de rencontrer des humains. Nous avons vu des condors, des capybaras (de gros rongeurs sympathiques), des coatis, des renards, des caïmans, des pumas et des nandus (genre d’autruches) avec de nombreux petits.
A l’entrée de la réserve, un très grand espace de jeux pour enfants a été aménagé. Il est amusant de le retrouver sur la première page du site internet de la réserve (lien ici). Les petits mammifères humains qui s’ébattent sur les balançoires et autre filets d’escalade sont indéniablement assimilés à la faune autochtone à choyer !
Château express
Peu avant l’heure du déjeûner, nous quittons la route principale pour nous engager sur l’allée bordée de palmiers qui mène au Castillo de Piria, du nom de son premier occupant Francisco Piria, entrepreneur uruguayen et créateur de toutes pièces de la ville voisine de Piriapolis. L’accès est libre, avec juste un gardien qui reste sur sa chaise à l’entrée. Le château est maintenant propriété du département et sert de musée. Le mobilier qui reste est de bonne facture sans être précieux. On trouve quelques informations sur l’entrepreneur et son œuvre avec un plan complet de la ville taillée au cordeau. L’étage et le rez-de-chaussée sont finalement assez vite visités.
Fort contraste
Ce titre pourrait évoquer la visite d’un nouveau château, mais c’est surtout son second mot qui est important. Après avoir vu les plans à la symétrie quasi parfaite de la station balnéaire de Piriapolis, que nous n’avons pas jugé bon de visiter, nous découvrons cette Casa Pueblo tout autant l’œuvre d’un seul homme que la précédente, mais où la ligne droite est quasi inexistante. Le terme casa (maison) est à reconsidérer devant la grande surface occupée par ses 72 bâtiments aux formes folles. Son créateur est l’artiste Carlos Páez Vilaró. La construction a pris 36 ans, sans aucun plan préétabli. Si une bonne partie est privée, nous avons tout de même la possibilité de visiter le musée, qui donne un excellent aperçu sur la vie et les motivations de l’artiste et permet de se balader sur les parties accessibles du domaine. Les parois ondulées d’un blanc éclatant rappellent les constructions méditerranéennes, mais les couloirs labyrinthiques et les dômes fantasques rendent le lieu unique. Un hôtel et un restaurant permettent tout comme le musée d’apprécier la Casa Pueblo et sa vue imprenable sur l’océan Atlantique.
La nuit sur la falaise
Tout près de la Casa Pueblo se trouve une pointe rocheuse s’avançant vers la mer. Elle est aménagée de plusieurs parkings et nous nous laissons tenter d’y passer la nuit. Le coucher de soleil sera très beau, mais le vent qui a soufflé toute la nuit a gêné un peu mon sommeil. Pas tant à cause du bruit qu’en raison des oscillations de Roberto qui a une forte prise au vent. Tant pis, la vue valait le coup !
État des routes
Nous n’avions aucune idée du niveau économique et de l’état des routes de l’Uruguay. Eh bien d’une manière générale, les deux sont plutôt bons. Les routes principales sont très larges et possèdent des enrobés parfaitement lisses. Les bas-côtés sont toujours très bien entretenus avec l’herbe tondue à ras et les déchets ramassés. Pour les routes secondaires, c’est plus aléatoire. Parfois c’est excellent, parfois c’est parsemé de nids-de-poule, parfois – et c’est peut-être le pire – c’est un joyeux mélange des deux. Quant aux routes tertiaires, ce sont en général des chemins de terre bien tassée ou des routes garnies de pierres concassées, dont les arêtes vives me font craindre pour les pneus de Roberto. Les ralentisseurs sont assez fréquents et bien plus rudes qu’en France. Les périphéries des villes semblent plus négligées que leur centre, aussi bien pour l’état des routes que pour la propreté. Malgré la présence de poubelles en quantité, des déchets peuvent traîner dans les rues. Les conducteurs semblent prudents. C’est d’autant plus facile que la circulation est très peu dense. Ce qui est sans doute lié à la faible densité de population, environ 19 habitants au km² contre une centaine pour la France et le double en Italie.
Le Mc Do de Maldo
Notre étape suivante s’appelle Maldonado. Nous y trouvons quelques restes historiques intéressants, comme la borne qui marquait la frontière entre le Portugal et l’Espagne (qui s’étaient partagés la région !), une tour de vigie qui servait à surveiller la circulation maritime dans le Rio de la Plata, et un ancien fort datant de la même époque, devenu musée. Le centre-ville est assez joli avec les bâtiments coloniaux et la cathédrale qui entourent la plazza centrale. Le seul édifice qui ne soit pas colonial est …le Mc Donald’s qui m’a inspiré le titre. Nous cherchons en vain une grande fresque décrite sur notre Petit Futé. En visitant une petite galerie d’art, nous posons la question aux employées, qui vont se démener pour nous trouver que la fameuse fresque avait été déplacée sur une autre place il y a … 35 ans ! Bonjour la mise à jour du Petit Futé qui pour le coup ne l’est pas vraiment.
C’est aussi la veille des élections municipales et départementales. De nombreux partisans de l’un ou l’autre des partis en lice distribuent des tracts à tous les carrefours. Nous sommes surtout impressionnés par l’emprise de la publicité murale. Ici on ne colle pas d’affiche, mais on peint les affiches, sur un peu n’importe quel support : une voiture, un bus, la façade d’un bureau du parti ou d’un commerçant affilié, le mur d’enceinte d’un terrain vague ou d’un cimetière, voire même la façade entière d’une maison historique ! Le seul problème est la rémanence de la peinture. Certaines images font référence aux candidats des présidentielles qui se sont déroulées il y a plus de 6 mois…
Ponts design
Juste à l’Est de la commune de Maldonado, nous franchissons un premier pont, le puente de la Barra, très original par le profil ondulé de son tablier. Cette astuce technique permet apparemment de casser la vitesse, procurant une sensation de montagnes russes si on le franchit trop rapidement. Ce sont en réalité deux ponts côte à côte, le second ayant été construit quelques années après le premier sur le même modèle tant il donnait satisfaction.
Sur la même route en longeant la côte, on trouve 30 km plus loin un autre pont tout aussi curieux, celui de la Laguna Garzon. Son tablier unique se présente cette fois comme un cercle posé au milieu de l’eau, sur des piliers de béton. L’ensemble est bien sûr relié aux berges par deux routes droites. Là aussi le cercle a pour effet de faire ralentir les véhicules mais la construction a permis de respecter les normes environnementales pour cette zone protégée. Sans parler d’un esthétisme certain pour ce pont comme pour le précédent.
L’Uruguay en deuil
Les drapeaux du pays sont de nouveau en berne, pour un nouveau décès, qui touche davantage les uruguayens que le pape François : celui de leur ancien président Jose Mujica dit « Pepe ». Si l’on se plonge un peu dans la biographie et la mandature de cet homme d’état, président de l’Uruguay de 2010 à 2015, on comprend mal pourquoi sa personnalité et ses actions n’ont guère traversé l’Atlantique (personnellement je n’en avais jamais entendu parler).
Cet homme très charismatique, ancien guérillero, emprisonné 14 ans pour cette raison, a marqué son quinquennat davantage par son humilité, son intégrité et sa cohérence entre ses valeurs et son mode de vie que par des exploits économiques spectaculaires. Il a commencé par refuser de vivre dans le palais présidentiel comme ses prédécesseurs, continuant d’habiter dans sa petite ferme à la campagne, cultivant des fleurs avec sa femme, conduisant une vielle Coccinelle VW bleue. De plus, il reversait 90% de son salaire présidentiel à des œuvres caritatives et à des projets sociaux, affirmant qu’il n’était pas pauvre, que les pauvres étaient « ceux qui ont besoin de beaucoup pour vivre ». Mais pourquoi n’a-t-on pas de candidat semblable en France ?
Et ce n’est pas tout. Jose Mujica, homme de gauche, a fait légaliser sous sa présidence le mariage homosexuel, l’avortement et le cannabis. Il a réduit le taux de pauvreté, mené une politique d’indépendance aux grandes puissances, critiqué la société de consommation et le capitalisme sauvage. Dans un discours à l’ONU en 2013, il a appelé à repenser notre mode de vie et nos valeurs collectives pour préserver la planète. Dans un monde où beaucoup de dirigeants prônent des valeurs qu’ils n’incarnent pas, Mujica a montré qu’il était possible d’être honnête, simple et efficace, même au sommet de l’État. Pas comme l’autre.
Punta del Este la mal nommée
Ville balnéaire située certes à l’Est de Montevideo, elle n’est pas la ville la plus à l’Est de l’Uruguay. Par contre elle est bien la plus au Sud du pays. Envahie de touristes en saison, elle est tout à fait tranquille quand nous la parcourons. Nous avons trouvé son bord de mer très soigné, avec un long trottoir rayé noir et blanc idéal pour les joggeurs et à plusieurs endroits de jolies mosaïques au sol et des massifs de cactées. Comme à beaucoup d’endroits en Uruguay, les immeubles sont situés très en retrait de la mer, laissant suffisamment de place pour la route côtière et d’immenses parkings, les plages restant protégées par des dunes. Il doit faire bon vivre ici, mais hors saison !
La Fondation Pablo Atchugarry
Sans une habitante Uruguayenne ayant consulté le blog grâce à l’adresse inscrite sur Roberto et nous ayant contacté pour nous informer de l’existence de ce lieu, nous aurions raté la Fondation Pablo Atchugarry, absente de notre guide papier alors qu’elle a été créée il y a 18 ans, en 2007 ! Une nouvelle fois cela pose le problème de la mise à jour des guides. Il s’agit d’une institution à but non lucratif créée par l’artiste uruguayen Pablo Atchugarry, visant à promouvoir les arts visuels, la littérature, la musique, la danse et d’autres formes d’art auprès de sa communauté et de ses visiteurs. La visite est gratuite. Elle fait la part belle bien entendu aux œuvres de l’auteur, mais il faut bien montrer l’exemple. Outre une galerie classique dans plusieurs bâtiment, la fondation dispose d’un grand jardin de 2 km de longueur réservé aux sculptures. Le style est résolument moderne, donc pas forcément adapté à tous les goûts, mais rien ne vaut la visite pour en juger.
Vamos a la playa
Poursuivant vers le Nord-Est, nous essayons tant bien que mal de longer la côte, mais de nombreuses lagunes nous en empêchent ou nous obligent à des détours importants. Mais arrivés sur le littoral, nous trouvons de belles plages désertes. Ce n’est malheureusement pas la saison de se baigner, mais à 3 reprises, nous passerons la nuit derrière une dune, profitant du calme absolu de la basse saison et d’environnements magnifiques. Les oiseaux migrateurs ou non semblent également apprécier l’endroit. Quand nous ne les voyons pas, ce sont les traces de pas sur le sable ou dans l’eau qui trahissent leur présence.
La ville qui s’appelait 33
Forcément, ça intrique, d’autant plus que dans plusieurs villes que nous avons visitées, une rue portait ce nom. On trouve vite l’explication sur le net : il s’agit d’un hommage aux 33 héros nationaux ayant joué un rôle crucial dans l’indépendance du pays en 1825. Cela dit, Treinta y Tres n’est pas la seule ville du monde à porter un nom de chiffre ou de nombre. Comme par exemple 1770 en Australie (année de découverte du pays par James Cook), 84 en Pennsylvanie (voulait s’appeler Smithville mais le nom était déjà pris), 88 au Kentucky (le directeur de la poste souhaitait simplifier l’écriture des adrresses) et 56 dans l’Arkansas (nom proposé lors de la création refusé par le gouvernement fédéral. Et en France alors ? Eh bien nous avons Dreux, Troyes, Castres, Sète…
La vieille poste
Repartis vers l’intérieur des terres, nous faisons halte à l’ancienne poste de Chuy. Une ancienne auberge à diligences bâtie par 2 Basques français nommés Etcheverry. Tailleurs de pierres, ils ont construit ce bâtiment en pierres sèches, sans aucun mortier. Tout comme le pont à meurtrières juste à côté, recevant en retour de leurs efforts un droit de péage à chaque passage. On s’amuse à relever les tarifs pratiqués et à déchiffrer le « passe-port à l’étranger » délivré par l’Empire français à nos deux basques.
Car oui, le nombre de bérets en atteste, de nombreux Basques ont participé parmi les premiers à la grande phase d’immigration européenne vers 1835. En 1843, ils étaient le groupe le plus nombreux (environ 10 000 âmes) parmi les immigrants en Uruguay. Par la suite, les Espagnols puis les Italiens les ont largement dépassés. Aujourd’hui, leurs descendants représentent 10% de la population uruguayenne, y compris les Basques espagnols.
Le musée de géosciences de Tacuarembo
Ayant aperçu un groupe d’élèves en tenue de sport sur la place centrale, nous nous sommes dits que les musées ne seraient pas envahis, alors nous sommes entrés dans le musée de géosciences, sans trop savoir ce que nous allions voir tant le sujet est vaste. Nous avons été accueillis chaleureusement – comme partout ailleurs en Uruguay – par la conservatrice, qui nous a présenté rapidement les collections avant de retourner à son maté. Ça démarre par une allée de minéraux, avec beaucoup de fossiles, authentiques et présentés directement à la vue. C’est assez rare pour le signaler, car habituellement soit nous avons à faire à des copies, soit les items sont présentés dans des vitrines. Parmi ces fossiles se trouvent des mollusques d’eau douce géants, qui seraient une exclusivité mondiale. En dehors de cela, de nombreux tableaux muraux présentent plus classiquement les périodes d’évolution de la Terre et la tectonique des plaques, les différentes couches des sols etc. On arrive ensuite à une section de paléontologie, avec des spécimens rares (bien que nous en ayons vu à Colonia del Sacramento, de squelettes de glyptosaures ou de paresseux géants. Et puis bien sûr quelques modèles en plastique de dinosaures, il faut bien attirer l’attention des enfants.
Nuit au bord du lac
Fuyant l’agitation de la ville, nous sommes allés nous stationner pour la nuit sur les berges d’un grand lac tout calme. Pas besoin de davantage de commentaires, les photos prises au drone parlent d’elles-mêmes.
Le musée et le train du paradis
C’est à Valle Edén, d’où le titre, que nous allons visiter le musée Carlos Gardel. Surnommé le roi du tango, celui-ci a excellé dans l’art de chanter le tango, au point que sa voix et son œuvre sont maintenant classés par l’Unesco. S’il ne fait nul doute que Carlos Gardel ait fait carrière en Argentine, son lieu de naissance reste très discuté, les Uruguayens le situant ici à Valle Edén, tandis que la France le fait naître à Toulouse. Forcément, pour ce musée, le doute n’est pas permis !
Si l’on descend le talus en sortant du musée, on tombe sur une charmante gare désaffectée. Des trains à vapeur puis diesel ont circulé là jusqu’au milieu du XXe siècle. La gare relativement bien conservée a servi de décor à plusieurs fils uruguayens.
À ciel ouvert
Le nom complet est Musée ouvert des arts ibéro-américains de San Gregorio de Polanco, mais ça faisait un peu long pour le titre du paragraphe. C’est en 1993 avec 26 peintures murales réalisées par des artistes locaux et avec le soutien de la population que cette petite ville située au bord d’un lac de barrage est devenue le premier musée d’arts visuels à ciel ouvert en Uruguay et en Amérique latine. Le succès aidant, près de 150 œuvres sont exposées en permanence dans la ville, les plus récentes remplaçant ou rénovant les plus anciennes. La première photo du carrousel montre une œuvre peinte sur le réservoir d’eau de la ville en février 2024, qui a obtenu le prix du mois de l’association internationale d’art urbain Street Art Cities, récompensant les efforts de la ville de San Gregorio qui compte moins de 4000 habitants et attirant ainsi davantage de touristes, dont nous !
Et un petit bonus !
L’article arrive à son terme
Oui le jeu de mots était facile puisque nous voilà arrivés dans une région qui multiplie les sources chaudes et donc les établissements qui vont avec. Nous avons choisi ceux de Daymàn, près de la ville de Salto, essentiellement parce qu’ils proposaient un vaste parking herbeux dédié aux « casa rodantes » juste à côté. L’ensemble se compose d’une dizaine de piscines de tailles et formes variables, mais aussi avec des températures d’eau différentes afin que chacun en trouve une à son goût ou adaptée à sa santé (les plus chaudes approchent les 44°C, l’eau étant puisée à 2000 m de profondeur à 46°C°. Il parait qu’en été, quand la température de l’air avoisine les 30°C, ils réduisent la température des bassins afin de ne pas cuire leurs visiteurs. Nous sommes allés en profiter pour le prix modique de 4,50 € et avons trouvé l’expérience très relaxante sur le moment, tout en éprouvant tous les deux un léger mal de tête un peu plus tard. Peut être sommes-nous restés un peu trop longtemps à 44°C, notre préférée ? Et pour les mauvaises langues : non, nous n’avons pas commandé de cocktail !
Nous avons maintenant rejoint la frontière avec le Brésil à Artigas, pour un franchissement le lendemain matin. A très bientôt !