129. Grèce, la suite

Nous poursuivons notre route vers le Sud, d’abord en traversant la Grèce centrale, sauvage et oubliée des touristes, puis en explorant la péninsule du Péloponnèse. Sa géographie variée et ses nombreux sites archéologiques, dont celui d’Olympie, s’avèrent en parfait accord avec les très proches J.O. de Paris.

La Grèce sauvage

Quasiment ignorée des touristes, la Grèce centrale mérite pourtant le déplacement. Constituée de massifs montagneux avoisinant les 2000 m d’altitude, elle se traverse sur de petites routes étroites, peu entretenues et parfois dangereuses, nécessitant une grande vigilance dans la conduite. Outre les troupeaux d’animaux qui peuvent surgir à tout instant, il faut slalomer entre les roches tombées des parois non protégées, les effondrements de chaussée, sans s’approcher trop près des bords car aucune barrière de sécurité ne sépare du ravin. En contrepartie, les automobiles se font très rares, les paysages sont splendides et la fraîcheur relative permet d’échapper à la canicule qui sévit actuellement dans le pays.


Le monastère de Kipina

Avec les Météores, nous avions pris l’habitude de rechercher les monastères au sommet des montagnes ou des pics rocheux, mais celui-là est carrément incrusté dans une falaise, à mi-hauteur. Construit au XIIIe siècle par des moines qui se seraient fâchés avec le monastère de la ville juste en face, il est relativement bien conservé. Nous n’étions pas certains de pouvoir y accéder car notre guide parlait d’une clef à récupérer dans un bar à 1 km de là, pas toujours ouvert. Mais de temps en temps, une association locale vient vendre des icônes, rendant donc accessibles les lieux sans la clef, ce qui était le cas le jour de notre passage. Suivant un sentier le long de la falaise, nous avons franchi la porte d’entrée via un pont-levis puis pénétré dans une sorte de caverne aménagée, avec église orthodoxe couverte de fresques et coin habitation. Difficile tout de même d’imaginer comment se passait la vie monastique au XIIIe siècle.


Arapis Beach

Après une dizaine de jours en montagne, nous rejoignons le littoral pour une courte pause nocturne sur une plage. Le sable, la mer et le ciel se confondant dans la même teinte grisâtre, nous n’avons pas été tentés par la baignade, mais la brise marine soutenue nous a permis de bien supporter la température, forcément montée d’un cran depuis que nous sommes retournés dans les plaines.


Missolonghi et sa lagune

Nous arrivons sur la lagune de Missolonghi, la plus grande du pays, intéressante à la fois écologiquement puisqu’hébergeant nombre d’oiseaux migrateurs mais aussi historiquement. En effet, la lagune peu profonde a longtemps protégé la ville des agresseurs par voie maritime dont les bateaux ne pouvaient parvenir jusqu’à la ville, pourtant convoitée en raison de sa situation stratégique aux portes du Péloponnèse. Missolonghi a même été le principal centre de résistance à l’occupant ottoman au début du XIXe siècle, pendant la guerre d’indépendance de la Grèce entre 1821 et. Son attitude héroïque a même réussi à émouvoir quelques associations « philhellènes » européennes qui ont mandaté le poète et voyageur anglais Lord Byron pour aider les résistants. Même si l’intéressé est mort à Missolonghi 4 mois après son arrivée, il a été érigé en héros national grec pour sa participation en tant qu’étranger à la libération du pays.

Aujourd’hui, outre les ornithologues et quelques touristes, la lagune attire les pêcheurs traditionnels ou piscicoles tout en produisant, grâce à ses marais salants, 80% du sel marin du pays. Un musée du sel, unique en son genre en Grèce, raconte l’exploitation de la ressource depuis le XVe siècle, évoque les 14000 usages du sel et expose une intéressante collection de 1500 salières.


Kryoneri, un port au pied d’une falaise

Nous poursuivons la route côtière jusqu’au petit village de Kryoneri, au pied d’une falaise, intégrant un petit port et une plage dont l’eau transparente cette fois nous a conquis. Une halte parfaite pour la nuit.


Naupacte, encore un port, mais vénitien


Andravida Kyllini

Nous sommes parvenus au Péloponnèse, une presqu’île du sud de la Grèce qui n’est séparée du continent que par l’isthme de Corinthe. En fait, depuis le percement du canal en 1893, on pourrait vraiment parler d’une île. Notre premier point de chute est une jolie plage sauvage, difficile d’accès car on roule un peu dans le sable à la fin. Mais Roberto et ses occupants s’en sont bien accommodés. En tout cas nous avons passé là une nuit tranquille, avec une bonne brise qui nous a reposés de la chaleur continentale.


Moni Skafidias, le monastère aux loukoums

C’est un petit monastère orthodoxe comme tant d’autres, que nous sommes allés visiter parce qu’il était sur notre route et notre guide. Ce dernier d’ailleurs évoquait la possibilité qu’une nonne vienne vous faire la visite et vous offre des loukoums. Ça n’a pas raté, une nonne est venue nous faire la visite et nous offrir des loukoums… Nous avons retrouvé cette pratique ultérieurement en Grèce. Sinon le monastère comporte une jolie chapelle couverte de fresques, peu photographiables avec un loukoum entamé dans la main.



Olympie, en phase avec les J.O.

Voici le premier site de l’Antiquité grecque que nous visitons, et il colle plutôt bien à l’actualité. Nous sommes en effet à Olympie, là où furent créés les premiers Jeux Olympiques en 776 avant J.-C. Avant cela, les lieux,  habités depuis la préhistoire, étaient devenus un grand centre religieux axé sur le culte de Zeus, le père des 12 dieux de l’Olympe. On y trouvait une des plus grandes concentrations de chefs-d’œuvre du monde antique. Ce lieu empreint d’inspiration et de créativité a été jugé le plus apte à intégrer des jeux basés sur une harmonie physique et mentale, une saine rivalité. Les jeux olympiques antiques ont duré plus d’un millénaire avant que le site ne tombe dans l’oubli et disparaisse sous la végétation. Il n’a été redécouvert qu’en 1776. Les fouilles se poursuivent encore aujourd’hui. On y retrouve en extérieur des vestiges à la fois de temples et d’installations sportives, puis dans des musées une impressionnante collection de statues, d’éléments architecturaux et autres artefacts, avec bien entendu l’histoire de ces premiers jeux.


Les jeux olympiques antiques

Ils seraient nés de la victoire à Olympie du prince phrygien Pelops sur le roi Oenomaos. Celui-ci organisait régulièrement des courses de chars où il concourait face à un opposant qui gagnait d’épouser la fille du roi en cas de victoire et d’être exécuté en cas de défaite. Le prince Pelops fut le 14ème à tenter sa chance, mais se fit aider à la fois par son copain Poséidon qui lui fit bénéficier d’un char en or attelé de chevaux ailés, et par la fille du roi qui sabota le char de son père, tué dans l’accident, pour être plus sûre d’épouser ce beau prince. Pelops gagna en outre une grande région de Grèce à gouverner, qui prit ensuite le nom de Péloponnèse, et surtout organisa des jeux non truqués afin d’expier la mort du roi Oenomaos, encadrés par la religion antique grecque, notamment le culte de Zeus dont un temple et une statue monumentale étaient érigés au centre d’Olympie.

Les premiers jeux en 776 av. J.-C. ne comportaient qu’une seule épreuve : la course à pied. Mais s’y sont ajoutées rapidement les courses de char (forcément) et d’autres disciplines comme la lutte, le pugilat, le saut en longueur, le lancer de disque ou de javelot. Les femmes en étaient exclues, y compris comme spectatrices. Les athlètes s’entraînaient nus sous la surveillance et les coups de fouets de leurs juges/entraîneurs. C’était spécial… Le rythme quadriennal a été adopté d’emblée. Tout ça a perduré un bon millénaire avant qu’un roi chrétien, Théodose 1er, décide d’abolir toutes les fêtes païennes, dont les jeux, en 393 ap. J.-C.

Pour les curieux, ce lien vous en apprendra davantage


Retour de flamme

A l’heure où vous lirez ces lignes, la flamme olympique aura peut-être terminé son parcours. Elle a été allumée le XX avril dernier à Olympie, sur un site que nous avons pu voir, près du temple d’Hera. Traditionnellement, elle est allumée avec les rayons du soleil mais cette année le temps nuageux n’a pas permis que la magie opère. Une magie toute relative d’ailleurs, car il faut savoir que le parcours de la flamme olympique n’a pas toujours existé, et surtout que c’est une invention de l’Allemagne nazie lors des jeux de Berlin en 1936. Elle devrait rejoindre Paris pour la cérémonie d’ouverture des J.O. 2024 le 26 Juillet. Il faut savoir aussi que si les relayeurs restent bénévoles, les villes paient leur place pour être sur le parcours. Tout comme le tour de France. Business is business.


Etymologie

C’est plus fort que moi, j’aime bien connaître l’origine des noms. Et là, en Grèce, je suis plutôt gâté. La démarche y est même inverse avec, autour de moi, une multitude de noms qui me rappellent quelque chose et qui m’incitent à vérifier s’ils n’en sont pas la racine. Ainsi, dans le joli musée du site d’Olympie, qui héberge toute la statuaire et tout de qui a été retrouvé dans les fouilles sur place, je tombe sur cette élégante statue ailée de la déesse Niké. N’aurait-elle pas inspiré la célèbre marque à la virgule ? Je cherche rapidement et …bingo ! C’est bien la déesse grecque, connue pour sa rapidité à se déplacer grâce à ses ailes, qui est à l’origine du nom de marque, et probablement aussi du logo. Par contre, les dirigeants ont bien fait attention à retirer l’accent final, parce que chez les francophones, courir avec des chaussures Niké, ça ne le fait pas !


Apollon au camping

A des dizaines de kilomètres de toute agglomération d’envergure, au beau milieu d’une chaîne de montagnes verdoyantes, se dressent les pointes de toile blanche de ce qui pourrait apparaître comme un camping. Mais force est de constater, dès que l’on s’approche, que l’abri est unique. Il n’héberge rien moins qu’un temple bâti au Ve siècle av. J.-C. possiblement par l’architecte du Parthénon à Athènes. Depuis tout ce temps, il a perdu de sa superbe et la couverture actuelle permet à la fois d’éviter la poursuite des dégradations et d’entreprendre la restauration. Le chantier est d’envergure puisqu’il faut déplacer des colonnes entières pour remplacer leur base ou les frontons qu’elle soutiennent. Ce temple dédié à Apollon Épicure a la particularité d’associer les 3 types architecturaux de colonnes : dorique, ionique et corinthien, sculptées dans 2 pierres différentes : calcaire pour le péristyle et marbre pour le reste. Malheureusement, toute la statuaire est exposée au British Museum. Nous n’aurons que les photos.

Le gouvernement grec vient d’émettre des pièces de collection de 50 euros portant justement l’emblème du temple d’Apollon Épicure, au prix de 179,50 €. Si vous trouvez ça un peu cher, j’ai une meilleure proposition : je peux vous proposer quelques billets de 50 euros à peine usagés pour le prix modique de 70 euros chacun. Une affaire à ne pas laisser passer !


Colonnes cannelées

Saviez-vous que l’on écrit canelé (avec un seul n donc) lorsque la pâtisserie vient de Bordeaux et cannelé si elle vient d’ailleurs. Un « canelé bordelais », comme on voit souvent sur les boîtes, est donc un pléonasme.


Messène

Ce serait l’une des 3 villes les mieux conservées de la Grèce Antique. Bien que bâtis il y a plus de 2400 ans, théâtre, fontaine, marché, temples, stade, gymnase et habitations possèdent encore de nombreux murs et colonnades debout, un réseau d’irrigation apparent et même des latrines quasi-fonctionnelles ! Quoique manquant un peu d’intimité… (7è photo)


Les cigales et les chacals

Non, ce n’est pas une fable d’Ésope, l’équivalent grec de notre La Fontaine, mais simplement l’environnement sonore de notre lieu de bivouac du jour. En cette fin d’après-midi, nous avons trouvé refuge contre les rayons ardents du soleil sous une oliveraie en pleine campagne. Aucun bruit de voiture audible, mais nous avons été baignés dans le chant des cigales jusqu’à la nuit (n’oubliez pas de mettre le son sur la vidéo ci-dessous), après quoi quelques cris de chacals dorés ont pris le relais. C’était plus épisodique et donc difficile à enregistrer. Et évidemment impossible à photographier. Cet animal intermédiaire entre le loup et le renard commence à se faire rare en Grèce mais ferait quelques apparitions en France. En attendant que son installation hexagonale se confirme, vous pouvez toujours venir l’écouter ici, dans ce lieu appelé Pilos Nestor.

Pour en savoir plus sur les chacals dorés, cliquez ici


Horaires aléatoires

Nous pourrions nous attendre, en cette période de saison touristique, à trouver la majorité des lieux ouverts. Mais ce n’est pas toujours le cas. Outre les jours de fermeture hebdomadaires officiels, nous nous heurtons volontiers aux fermetures pour sieste (14h-17h en général) ou aux fermetures aléatoires, la raison étant rarement indiquée. Ça a été le cas pour la citadelle médiévale de Methoni, une des plus belles de la Grèce selon le Petit Futé. Nous devrons nous contenter des vues extérieures de cette forteresse avançant sur une mer aux couleurs … euh … grecques.


Koroni la carte postale

Nous avons l’impression ici d’entrer dans une carte postale de la Grèce : maisons blanches, petites ruelles en pente vers une mer azuréenne, boutiques aux façades peintes, églises orthodoxes entourées de bougainvillées et pour finir un très joli port. A noter que la ville a été un site de lancement de fusées entre 1966 et 1989. Koroni … Kourou … y aurait-il un lien ?


T’as de beaux yeux tu sais

La ville de Kalamata est dominée par une ancienne forteresse dont il ne reste plus que les murs et une petite église du VIe siècle qui a plus d’importance qu’elle n’en a l’air. On y a retrouvé en effet, à l’époque où la ville s’appelait Farai, une icône de la Vierge Marie possédant, selon ce qui a été décrit, les plus beaux yeux noirs jamais vus sur une icône. On jeta alors sur la ville un tout autre regard. Reconnaissante de cette célébrité soudaine, la ville décida alors de s’appeler « Beaux Yeux ». Mais oui, c’est la traduction en Français de Kalamata. Nous avons naturellement cherché à voir cette icône, mais impossible de la trouver ni sur place (en théorie dans la cathédrale de la ville où elle aurait été déplacée) ni sur Internet. Le trésor reste bien caché.


Coup franc

Eh oui, la ville grecque de Mystra  a été fondée par des Francs. Pas ceux qui ont précédé l’euro et qu’on a tous oubliés alors qu’on imaginait devoir effectuer la conversion toute notre vie, mais des Francs bien de chez nous venus ici pour les croisades au XIIIe siècle. Guillaume de Villehardouin et ses acolytes ont néanmoins été dépossédés de la ville 10 ans après leur arrivée. Pas de quoi se cocorigausser donc. Les nombreux successeurs ont tenté de faire mieux, faisant tout de même de Mystra le centre spirituel et culturel de l’empire byzantin, mais la ville au passé moyenâgeux a fini par sombrer dans l’oubli jusqu’à ce qu’on lui trouve un intérêt pour le tourisme et qu’on commence à la restaurer. Les restes de ces palais, églises, ou monastères étagés sur les pentes d’une petite montagne ont, outre l’intérêt historique, l’avantage d’être très photogéniques et d’offrir une belle vue sur les environs. À condition d’assumer la grimpette sous 38°C ambiants.


A musée la galerie

Tout près de là, à Sparte, nous avons visité le Musée de l’Olive et de l’Huile Grecque. Un musée, c’est toujours assez difficile à décrire et la description est probablement tout aussi rébarbative à lire. Alors je vous ai fait un petit questionnaire à ma manière.

Juste 3 petites photos de présentation : une œuvre d’art sur le thème de l’olive, un vieux pressoir et la zone géographique de culture des oliviers.

Et donc le fameux questionnaire :

A quel autre usage peu orthodoxe bien qu’orthodoxe a pu servir ce genre de pressoir ?

A quel artiste vous fait penser cette mise en scène ?

Bah pour la première question la réponse en photo est explicite. St Artemios était un Saint orthodoxe mais je n’ai pas pu retrouver ce qu’il a fait pour mériter ça. La croix était mise sur le savon lors de la phase délicate de la solidification pour favoriser celle-ci « avec l’aide de Dieu ». Enfin, ceux qui me connaissent auront peut-être trouvé Jean-Michel Jarre…

Bon ok, tout ça était difficile et un rien tordu. La prochaine fois je vous ferai la description du musée !


Vamos a la playa


Monemvassia

C’est comme pour la face cachée de la lune, il faut savoir faire le tour de cette presqu’île rocheuse pour découvrir une jolie ville médiévale accrochée sur son flanc dirigé vers la mer. Toutes les constructions adoptent exactement la couleur de la roche en arrière-plan. On se demande si c’est intentionnel pour se dissimuler aux intrus ou si tout simplement les matériaux viennent de là. En s’aventurant dans les ruelles étroites, on distingue tantôt la mer bleu azur, tantôt la citadelle qui trône au sommet. A condition de braver la pente, le soleil et le vent, on peut se hisser jusqu’à l’intérieur des murailles et visiter divers bâtiments d’époque dont une magnifique église ou encore observer le superbe panorama. Il ne reste plus qu’à redescendre et regagner la petite route qui relie le rocher au continent.


Mezzé

Ils font partie intégrale de la culture culinaire grecque. Ces entrées que l’on partage sont en général servies au milieu de la table dans de petits récipients pour que chacun puisse se servir à sa guise. Mais les restaurants touristiques ne s’offusqueront pas que nous autres, habitués à l’individualisme occidental, commandions ces mezzé séparément et les serviront dans des assiettes un rien plus grandes. L’huile d’olive, le yaourt grec, le pain pita, les légumes sautés ou macérés et les herbes fraîches sont la base de ces plats délicieux et sains. Dans Roberto, le tzatziki est roi et quasi quotidien (yaourt grec + concombre + ail + huile d’olive + aneth + sel)


Nauplie

Cette ville côtière fut la première capitale de la Grèce après l’indépendance en 1834. Il est resté de cette période quelques bâtiments administratifs dont l’ancien parlement, ainsi que trois édifices fortifiés dont une  forteresse trop haut perchée pour nos petites jambes et un fortin sur une île trop touristique pour nos petites têtes. En plus, ce fortin a servi après l’indépendance grecque à héberger les dirigeants du pays encore fragile puis les bourreaux de l’époque, dans tous les cas des personnages (pas si différents ?) auprès desquels personne ne voulait vivre. Nous avons préféré flâner dans les rues agréables et fleuries du centre et visiter deux curiosités qui ne figuraient pas dans notre guide (par précaution nous multiplions nos sources d’information) : une église construite dans un rocher géant et un lion sculpté dans un rocher géant. La première a la particularité d’avoir été la seule restée ouverte pendant la période ottomane, probablement parce qu’elle était la plus éloignée du centre. Et le second est un hommage aux soldats bavarois venus sécuriser le pays juste après l’indépendance (le premier roi grec était le fils de Louis 1er de Bavière) mais victimes d’une épidémie de typhoïde. Ce lion endormi est une réplique du Lion de Lucerne, érigé lui en mémoire des Bavarois tués à Paris pendant la révolution française. A noter que la France a été l’un des principaux soutiens à la Grèce lors de son indépendance. Un mémorial dans le centre-ville est dédié à nos soldats.


Épidaure, un iceberg grec ?

Le site antique d’Épidaure est célèbre pour son superbe amphithéâtre, remarquablement conservé malgré ses 2000 ans, ce qui n’empêche pas la poursuite des travaux de restauration. Il pouvait et peut encore accueillir 14000 spectateurs, faisant le plein lors du festival annuel de théâtre classique hellénique. L’acoustique est parait-il remarquable : tout ce qui est lâché sur scène, de la pièce de monnaie au discours à voix basse en passant par ce que vous êtes en train d’imaginer, s’entend jusqu’au dernier gradin, grâce au nombre d’or utilisé par les architectes. Le problème est qu’avec les cars de touristes qui débarquent sans cesse, le fait est peu vérifiable. On visite en même temps le sanctuaire d’Asclépios, mieux connu en France sous le nom d’Esculape, le dieu de la médecine. À l’époque, en dehors de quelques plantes et d’un peu de chirurgie, on soignait plutôt par la persuasion : les patients étaient reçus par un prêtre qui vantait les pouvoirs d’Asclépios, et la plupart du temps ça suffisait ! Le dieu de la médecine n’intervenait que pour des problèmes sérieux. Ses pouvoirs allaient jusqu’à ressusciter les morts, mais ne rêvez pas, vous ne le trouverez pas sur Doctolib.

Levons tout de suite un doute : nous parlons bien du célèbre site de la Grèce antique, et non de la non moins célèbre marque d’huile et de biscottes…

Mais le plus surprenant à Épidaure est son site caché, qui nécessite de se rendre sur une plage et d’enfiler son maillot de bain pour être vu. Car à l’image d’un iceberg, le plus spectaculaire est sous la mer. Oh, pas loin, à quelques dizaines de mètres du rivage et à moins de deux mètres sous la surface. Il faut juste bien repérer sur la carte l’endroit à explorer car l’accès est étonnamment libre pour un site de cette valeur et le seul panneau d’information est complètement effacé par le soleil. Là, muni d’un masque et d’un tuba, on découvre de vieux murs engloutis, un alignement d’amphores dont on ne voit plus que la base, et des petits poissons qui se promènent au milieu de tout ça. Arrivés de bonne heure, nous étions les seuls pendant un moment et avons pu lancer le drone pour une autre vision tout aussi magique. Et réfléchir à la cause de l’engloutissement de cette cité. Personne n’a encore trouvé l’explication.


Équation à plusieurs degrés

En ce mois de juillet, les températures sont plutôt élevées en Grèce. Au moins un jour sur deux nous sommes en alerte jaune ou orange canicule avec un mercure qui frise les 38°C à l’ombre en milieu de journée. Si la climatisation de Roberto rend l’ambiance agréable lorsque l’on roule, ce n’est évidemment plus le cas dès que l’on s’arrête. Aucune solution miracle ne peut résoudre cela. La climatisation permanente nécessiterait une seconde batterie de bonne capacité et l’augmentation de nos capacités de recharge, ou alors l’arrêt dans un camping, ce que nous souhaitons éviter. Mais une série de petits moyens nous aide à rendre la température supportable. Se garer à l’ombre d’abord, tout en sachant que cela réduit fortement la production des panneaux solaires, dans un endroit si possible venté comme une colline ou un bord de mer. Et puis quand cela ne suffit pas, le sésame c’est de prendre un peu d’altitude afin de profiter de la chute mathématique de 6,5°C à chaque fois que l’on s’élève de 1000m. C’est la solution que nous avons choisie à l’approche d’Athènes en allant dormir près d’un refuge sur le Mont Mpafi à 20 km au nord de la capitale. Outre le calme et la fraîcheur, nous aurons la visite d’un petit renard.

et puis nous avons eu de la visite !


Athènes

Les J.O. encore et encore

Compte-tenu de l’actualité, notre première visite dans la capitale grecque a été consacrée au Musée de l’Olympisme qui, ouvert à l’occasion des J.O. d’Athènes en 2014, retrace toute l’aventure.

Je passerai brièvement sur les Jeux Olympiques Antiques, dont j’ai parlé plus haut, même si le musée les détaille bien et rappelle qu’à l’époque de l’Antiquité, la Grèce était le seul pays où la promotion du sport de compétition était érigée en institution, chaque ville grecque possédant des installations sportives pour l’exercice quotidien comme pour les compétitions. « Sois toujours premier et devance les autres » disait Pélée à son fils Achille en partance pour la guerre de Troie.

Quand le site d’Olympie a émergé de l’oubli aux XVIIIe et XIXe siècles, quelques tentatives de rétablissement des Jeux ont eu lieu dans divers pays, mais c’est la ténacité de Pierre de Coubertin et ses idéaux de promotion des valeurs éducatives et universelles du sport qui a permis la relance de Jeux Olympiques dits modernes en 1896. Le début était initialement prévu en 1900 à Paris, mais Athènes a eu la préséance 4 ans plus tôt pour des raisons historiques et diplomatiques.

Si l’on a l’impression que le déroulement des J.O. modernes suit depuis toujours un rite bien précis (parcours de la flamme, allumage, cérémonies d’ouverture et de fermeture, défilé et mixité des athlètes, etc.) il n’en est rien et l’exposition nous rappelle ces avancées une par une, jeux par jeux.

Des panneaux fourmillent d’informations et d’anecdotes sur chacun des Jeux Olympiques depuis 1896

Vous avez déjà lu que les tout premiers J.O. ne comportaient qu’une seule épreuve, réservée aux riches mâles Grecs de pure souche, mais saviez-vous qu’il a fallu attendre :
– 1900 pour que les premières femmes puissent concourir (Paris – qui aura aussi la primeur de la parité parfaite en 2024)
– 1904 pour qu’apparaissent les médailles destinées aux 3 premiers (St Louis)
– 1908 pour la première parade des athlètes derrière leur bannière (Londres)
     – 1912 pour que les cinq continents soient représentés (Stockholm)
     – 1912 pour qu’une épreuve d’art et littérature soit introduite (Stockholm)
     – 1920 pour que le serment olympique soit prononcé par un seul athlète au nom des autres (Anvers)
     – 1920 pour que les médailles d’or ne soient plus en or massif
     – 1924 pour la première tenue de J.O. d’hiver (Chamonix)
     – 1924 pour que le pays organisateur n’obtienne aucune médaille (Chamonix – France…)
     – 1924 pour que les J.O. soient retransmis à la radio (Paris)
     – 1928 pour que lors de la parade les Grecs défilent en 1er et le pays organisateur en dernier (Amsterdam)
     – 1932 pour qu’une femme soit porte-drapeau (Lake Placid – Les seules athlètes anglaises étaient 4 femmes…)
     – 1932 pour que les médaillés d’or écoutent leur hymne national sur un piédestal (Los Angeles)
     – 1936 pour que la flamme olympique soit allumée lors de jeux d’hiver (Garmisch Partenkirchen)
     – 1936 pour que le relais de la flamme olympique soit instauré (Berlin)
     – 1948 (il n’y a pas eu de jeux pendant 12 ans à cause de la guerre) pour qu’un athlète américain gagne une médaille d’or à des J.O. d’hiver
     – 1948 pour que les jeux soient retransmis à la télévision (Londres)
     – 1952 pour que l’Union Soviétique et Israël participent (Helsinki)
     – 1956 pour que l’Union Soviétique participe à des jeux d’hiver (et rafle la majorité des médailles)
     – 1960 pour qu’on utilise des skis autrement qu’en bois (Jean Vuarnet, Squaw Valley)
     – 1960 pour qu’un Africain remporte une médaille (en courant pieds nus au marathon)(Rome). On attend encore qu’un pays africain organise les J.O.
     – 1964 pour que les J.O. se tiennent en Asie (Tokyo)
     – 1968 pour l’apparition de la première mascotte olympique (Grenoble)
     – 1976 pour voir instaurer un marathon féminin (Los Angeles)
     – 1981 pour que les premiers professionnels soient admis à participer
     – 1988 pour la première annulation de médaille pour cause de dopage (Séoul)
     – 1992 pour que les J.O. d’hiver et d’été alternent tous les 2 ans (Albertville)
     – 2000 pour la première épreuve de triathlon (Sidney)
     – 2002 pour que des athlètes chinois, australiens ou noirs remportent l’or à des J.O. d’hiver (Salt Lake City)
– 2024 pour qu’une cérémonie d’ouverture se déroule en dehors d’un stade (vous savez où…)

On y trouve aussi quelques anecdotes. Parmi d’autres :
      – En 1924 à Paris, un athlète participera et jouera peu après au cinéma le rôle de Tarzan. Vous avez reconnu Johnny Weissmuller
      – Lors des J.O. de Berlin en 1936, Hitler voulait démontrer sa théorie de la suprématie aryenne. Ne lui en déplaise, Jesse Owens, un sprinter afro-américain, remporta 4 médailles d’or et devint très populaire lors de ces Jeux
      – Aux J.O. de St Moritz, juste après la guerre, les Américains prêteront des skis aux Norvégiens pour qu’ils puissent concourir
      – En pleine guerre des Balkans, la Bosnie-Herzégovine a envoyé aux J.O. de Lillehammer (1994) un équipe de bobsleigh composée d’un Croate, de 2 Bosniens et d’un Serbe, faisant triompher le sport sur la guerre. Après notre visite de ces pays, ça nous parle bien.


L’impossible Bercy Madeleine


Τι άλλο (What else en Grec)

Athènes est une ville immense, comptant plus de 4 millions d’habitants sur son aire urbaine. La circulation y est dense et peu adaptée à Roberto, aussi nous avons choisi, comme en pareil cas, de laisser notre maison roulante dans un « storage » en périphérie et de gagner le centre par le métro. Nous avons joué les touristes lambda (l’adjectif grec s’imposait) et visité les grands classiques : le quartier pittoresque d’Anafiotika et ses petites maisons cubiques colorées ; la Tour des Vents, une horloge hydraulique antique ; la Stoa d’Attale, un précurseur antique des centres commerciaux ; le quartier des antiquaires, graffité à tous les goûts mais plein de curiosités ; la colline de Philopappos offrant une superbe vue sur la ville et l’Acropole ; l’église orthodoxe Saint-Dimitri, sauvée d’un commandant turc qui voulait la détruire au canon mais périt juste avant dans l’explosion par la foudre de la poudrière stockée dans l’Acropole ; la « prison de Socrate », une grotte où le philosophe n’aurait jamais mis les pieds mais dans laquelle on a muré les trésors du musée national pour les préserver d’Hitler ; le restaurant Mélina, dédié à l’actrice ; la Porte d’Hadrien, érigée à l’occasion de la visite de l’empereur romain, et bien entendu l’Acropole, dont nous avions réservé une tranche horaire pour la visite dès le matin. J’ai été personnellement déçu par le Parthénon, défiguré par les grues et les échafaudages – permanents paraît-il – et les mélanges de pierres neuves et anciennes. J’ai préféré l’Érechtéion et ses caryatides, ainsi que l’Odéon d’Hérode, mieux restaurés à mon goût et sans grue.

On termine par une petite vidéo d’un duo musical, comme on en trouve beaucoup dans les rues du centre et qui complètent parfaitement l’ambiance. N’oubliez pas de lancer le film et de mettre le son !


Pause-enfants

Le moment est venu de faire une petite pause. Voilà plusieurs mois que nous n’avons pas vu nos enfants et notre petite fille. Tous nous manquent et nous sommes très heureux d’aller les retrouver pendant 3 semaines, tout en donnant un coup de main à divers évènements, déménagements et lancements d’entreprises entre autres. Nous laissons Roberto dans notre parking sécurisé et ombragé de la banlieue d’Athènes, non sans lui avoir fait un petit cadeau de consolation : de beaux pneus tout neufs à l’avant. Nous voilà donc partis pour la France. 3 petites heures de vol. Nous nous retrouverons au retour. A très bientôt !

Parcours correspondant à cet article, en version zoomable ici

69. Bonjour (au revoir) Québec

Du zoo sauvage de St Félicien aux rives du lac Témiscamingue, des mines d’or aux mines de cuivre, des longues forestières du nord aux zones agricoles colorées du sud, nous profitons jusqu’au bout de cette fin de parcours au Québec dont la francophonie si particulière et la gentillesse des gens nous auront enchanté. Nous laisserons le qualificatif « libre » à De Gaulle mais nous pouvons dire sans hésiter : vive le Québec !

Des humains pour distraire les animaux

C’est un peu la philosophie de ce « zoo sauvage de St Félicien ». Préserver un gros bout de nature avec forêts, prairies, rivières, etc. pour y placer en demi-pension (certains repas sont fournis, d’autre pas) des animaux adaptés au climat du coin. Et pour que les animaux ne s’ennuient pas, on met des grappes d’humains dans des cages et on fait circuler ces cages pas trop loin d’eux. Certes, le concept n’est pas unique, mais il correspond bien à notre façon d’aller à la rencontre des animaux. Si un gorille me tendait une banane, j’en serais ravi… Alors nous sommes montés dans la cage et avons suivi le parcours imposé en guettant la faune qui décide ou pas de se montrer. Les bisons et les ours, peu farouches, longeaient volontiers notre petit train sur roues. Les chiens de prairie, très curieux, semblaient guetter notre passage debout sur leurs terriers. Les autres animaux aperçus (loups gris, cerfs de Virginie, caribous, semblaient quant à eux indifférents, poursuivant leur sieste ou leur rumination, y compris à ma grande déception ce grand orignal se désaltérant au bord du lac, cachant ainsi ses bois typiques et magnifiques. Une partie du zoo, plus classique mais avec tout de même de grands enclos, nous a permis d’observer d’autres espèces de la région boréale. Je vous en mets quelques-unes en photos et vous propose après un petit quiz. Oui oui, déjà !

Et voici donc le quiz :

1°) Comment appelle-t-on le petit du bison ? A. un bisonneau ? B. un bisonnet ? C. un bisounours ?

2°) Comment dit-on « bison, iciparvient » en verlan ?

3°) De ces 3 affirmations sur le castor, laquelle est juste ? A. son petit s’appelle le castor junior ; B. l’huile de castor provient de sa glande anale ; C. il mange ses excréments

4°) Comment appelle-t-on le petit du chameau ? A. un chamelet ? B. un chamelon ? C. un chamaleau ?

5°) Comment appelle-t-on autrement le carcajou ? A. le glouton ? B. le gulo gulo ? C. la belette boréale ?

Réponses à la fin du paragraphe suivant


La grande traversée

A la sortie de St Félicien, le panneau est clair : prochaines stations-services à 1 puis 249 km. Nous vérifions la jauge, respirons un bon coup puis nous nous engageons dans cette traversée des régions du nord du Québec qui nous fera monter un peu au-dessus du 49ème parallèle. Un peu plus de 600 km prévus jusqu’à Val d’Or, pas forcément dans la journée car nous sommes autonomes. Une route au revêtement tout à fait honorable – je m’attendais éventuellement à de la terre, peu fréquentée, bordée de jolies fleurs multicolores, qui fend un paysage de type taïga avec forêt dense et nombreux lacs. Deux ours noirs nous feront l’honneur de leur brève apparition. Deux petites villes rompront la monotonie du paysage, ainsi que de rares maisons isolées qui interrogent sur les motivations de leurs occupants. Les zones d’habitation représentent 0,5% de la surface de la région administrative du Québec dans laquelle nous venons d’arriver, et qui porte le nom tout simple d’Abitibi-Temiscamingue. Je vous laisse le soin de dénicher sur Internet le gentilé tout aussi savoureux. Après 500 km, nous trouvons une petite aire aménagée – parking + toilettes sèches + rampe à bateaux – au bord d’un lac et décidons de nous y arrêter pour la nuit. Tout au long de cette belle route tranquille, nous avons écouté les 8 épisodes d’un balado relatant l’histoire d’un québécois ayant, à l’aide de son petit avion, saboté les lignes haute-tension et plongé dans le noir une grande partie de la région. Si comme nous vous avec envie de vous immerger dans la langue québécoise, le lien est ici. Au fait, un balado est l’appellation locale d’un podcast.

Réponses au quiz du paragraphe précédent : 1.A ; 2.Zombi, vient par ici ; 3.C ; 4.B ; 5.AB


Un ménage juteux

Nous sommes ici à Val d’Or, célèbre pour sa mine aurifère exploitée de 1935 à 1985, ce qui est plutôt long pour une mine d’or. C’est parce que le minerai était particulièrement riche, permettant d’extraire 6,3g du précieux métal par tonne. Tout le processus de fabrication, de l’extraction au coulage des lingots est expliqué de façon démonstrative. On entre d’abord dans les entrailles de la mine après avoir décroché sa tenue de la « salle des pendus » et s’être équipé de casque, lampe et ceinture. D’abord dans un chariot motorisé d’époque circulant dans des boyaux étroits où il faut régulièrement baisser la tête pour ne pas accrocher le plafond, puis à pied dans les galeries sombres et humides. Tout est bien sûr émaillé de petites anecdotes, notamment sur la façon dont les ouvriers tentaient de ramener quelques morceaux de minerai en les cachant dans le seul objet qu’ils avaient le droit d’emmener et de ramener : leur savon. Mais le meilleur est pour la fin : à la fermeture de l’usine, une entreprise spécialisée a été chargée de faire le ménage en récupérant entre autres la moindre particule de poussière piégée dans les coins ou derrière les radiateurs de la salle de broyage. Un ménage qui a rapporté gros une fois l’or extrait de cette poussière : pas loin de 900 000 dollars canadiens, soit près de 670 300 euros !


Le zoo paralympique

Rien à voir avec le zoo sauvage évoqué précédemment : ce refuge accueille bien des animaux sauvages, mais pas ceux genre le petit panda roux tout mignon qui attire les enfants et augmente les ventes de peluches dans la boutique. Il est destiné aux éclopés, aux tombés du nid, aux victimes de chauffards, aux amputés d’une patte ou d’une aile, aux bébés devenus orphelins grâce au chasseur qui a tiré sur leur mère. Tous les pensionnaires ici ont une histoire, décrite sur la pancarte devant leur cage ou leur enclos. Certains sont là temporairement, le temps de se retaper ou de se sevrer avant d’être relâchés dans la nature. D’autres sont hébergés au long cours, incapables de vivre sans assistance humaine, parfois à cause des premiers contacts humains justement (si vous rencontrez un animal en difficulté dans la nature, prévenez les autorités mais surtout n’y touchez pas). ). Ce fut en tout cas une visite touchante, dont nous vous rapportons quelques portraits.


Dyn-Amos

Nous étions venus à Amos pour le Refuge Pageau et ses animaux handicapés. Quitte à être là, nous avons poussé jusqu’au centre-ville pour en respirer l’ambiance. Nous nous sommes présentés à l’office du tourisme, aussi fleuri qu’accueillant et riche en renseignements. De nombreuses activités insoupçonnées sont proposées par la ville, si dynamique que je leur aurais bien proposé le slogan ci-dessus, mais qui n’est pas de si bon goût. Le seul vrai bon goût est celui de l’eau de la ville, qui serait la plus pure du monde grâce à son système de filtration naturel par des moraines glaciaires qui contiendrait parait-il aussi des diamants. Jetez un œil si vous voulez sur les multiples attractions de la ville. Limités par le temps pluvieux, nous nous sommes contentés de la cathédrale, de la maison Hector-Authier (un notable qui a quasiment mis en place toute la région), et le centre d’exposition tout aussi moderne que gratuit où nous avons visionné des documentaires sur l’histoire de la région en réalité virtuelle et une exposition sur le thème du voyage en réalité augmentée. Dynamique je vous dis !


Mauvaise mine

Rouyn-Noranda est la capitale de la région de l’Abitibi-Témiscamingue. Désolé pour les noms, mais je peux tout expliquer. Rouyn et Noranda sont deux villages fondés en 1926 sur le site d’une mine de cuivre fraîchement découverte. Rouyn est le nom d’un militaire lorrain s’étant illustré lors de la dernière bataille des franco-canadiens contre les anglais. Noranda résulte …d’une erreur d’imprimerie : elle devait s’appeler NordCanada. Les 2 villes ont fusionné, tout comme le cuivre qu’elles produisent, en 1986.

Abitibi et Témiscamingue, c’est à cause des Cris. Désolé pour les noms mais je peux tout expliquer. Les Cris font partie des premières nations du Canada, et à ce titre ils ont eu le loisir d’appeler les montagnes, les forêts et les lacs comme ils voulaient. Et justement, Abitibi et Témiscamingue sont les noms de deux importants lacs de la région, le « lac du milieu » et le « lac sans fond » en langue crie, vous devinez pourquoi.

Quant aux Cris, leur nom est le diminutif de l’appellation française du village Kenisteniwuik. Désolé pour le nom mais je peux tout expliquer, mais plus tard parce que ce n’est pas le sujet.

A Rouyn-Noranda se trouve donc une importante mine, qui produisait principalement du cuivre, mais aussi de l’or et de l’argent. Aujourd’hui l’extraction a cessé, seule la fonderie fonctionne, notamment en recyclage. Le problème c’est qu’elle laisse échapper de l’arsenic par ses grandes cheminées. Une étude récente, qui retrouve un taux plus élevé qu’attendu de cancers du poumon dans la ville, fait actuellement polémique dans les médias. L’usine serait menacée de fermer si elle ne réduit pas ses taux.

Je me demandais aussi pourquoi la visite était gratuite… En fait nous avons tout de même tenté d’y aller, mais, selon les agents d’accueil qui n’avaient pas si mauvaise mine, ça reste fermé aux visiteurs depuis la crise sanitaire. Oui mais laquelle ?

Rouyn-Noranda possède tout de même quelques atouts :


Pause magasinage

En guise de trou normand, entre deux chapitres, voici quelques trouvailles repérées en allant « magasiner », c’est-à-dire faire nos courses. D’abord une sélection de fromages un peu surprenants, puis quelques boissons qui ne gagnent probablement pas à être bues. Enfin à vous de voir !


Au temps de la traite des brunes

Oui des brunes, parce que les fourrures d’ours blancs ne faisaient pas partie a priori de ce commerce appelé « la traite » aux 17è et 18è siècle. C’est au Fort Témiscamingue, bâti au bord du lac éponyme par les Français en 1720 que tout cela se passait.

La position géographique était idéale. Les indiens Algonquins y venaient depuis la baie d’Hudson vendre les peaux de phoques, de loutres, de visons et de castors que les « voyageurs » d’origine européenne transportaient ensuite à Montréal. Dans les deux cas, le transport se faisait sur des canoés en écorce de bouleau, lors de navigations exténuantes de 25 jours sur des rivières tumultueuses.

Le site très pédagogique montre en détail la fabrication de ces embarcations, la vie des gens dans ce fort qui n’avait rien de militaire. De nombreuses maquettes et personnages à l’échelle permettent de mieux se rendre compte, et des animateurs, le plus souvent des jeunes en job d’été, sont là pour répondre aux questions.

J’ai eu l’occasion d’essayer un chapeau haut de forme en fourrure de castor. Nous avons apprécié aussi la balade dans la « forêt enchantée », où après l’abattage de presque tous les pins pour la construction des maisons du fort, des jeunes pousses de cèdres les ont remplacés, en prenant cet aspect tordu encore inexpliqué.

Un seul bémol : la rareté des visiteurs alors que nous sommes en haute saison touristique. Ce n’est pourtant pas le prix d’entrée qui freine les visiteurs (3,50€), alors où sont-ils ? Et cela concerne la totalité de notre parcours récent : alors que nous nous attendions depuis le début des vacances scolaires à rencontrer des difficultés pour accéder aux lieux touristiques ou pour nous garer, il n’en est rien : les attractions ne sont guère plus fréquentées qu’en juin, les parkings sont facilement accessibles le jour et nous sommes la plupart du temps seuls sur nos lieux de stationnement nocturnes. C’est tant mieux pour notre tranquillité, mais cela pose question.


Bonjour le Québec

Autant vous dire tout de suite, si vous avez bien suivi, « bonjour » en québécois s’emploie pour dire « au revoir ». Nous venons donc de terminer notre parcours québécois et quittons la province avec regret. Nous y avons été particulièrement bien accueillis, et nul doute que la francophonie a beaucoup aidé. Et puis quelle francophonie ! Nous avons adoré entendre parler les Québécois. Un langage coloré, imagé, avec des tournures dont certaines rappellent le passé tandis que d’autres au contraire apparaissent terriblement modernes dans leur lutte active contre la dominance de l’anglais. Les meilleurs exemples sont la francisation des enseignes KFC et Starbucks Coffee, devenues respectivement PFC (Poulet Frit du Kentucky) et Starbucks Café. Mais nous en avons découvert beaucoup d’autres, qui nous font réaliser que nous autres Français nous nous sommes complètement laissés envahir. C’est ainsi que nous avons écouté des balados, déjà évoqués au début de l’article, que nous ne nous étonnons plus lorsqu’on nous propose de taper notre code NIP (1), lorsque des sites Internet nous demandent d’accepter des témoins de navigation (2) ou quand un préposé d’accueil veut nous remettre un pamphlet (3). Nous savons maintenant ce qu’il y a derrière les portes des salles de bains (4) ou des vidanges (5), et ce que récoltent régulièrement les gens à la cueillette (6) des supermarchés. Nous disons désormais « pour dîner (7) » en nous présentant à un restaurant vers 13h, nous demandons la facture (8) à la fin du repas et nous ne prendrons surtout pas le risque de choquer quelqu’un lui demandant s’il (elle) emmène ses gosses (9) en vacances.

Pour ceux qui aimeraient en savoir plus, ou pour notre ami Yann qui vient de s’installer à Montréal, vous pourrez trouver ici un lexique assez détaillé des mots ou expressions québécoises les plus usitées.

(1) code PIN, (2) cookies, (3) dépliant ou flyer, (4) WC, (5) poubelles, (6) pick-up, (7) petit-déjeuner, car à midi au Québec on dîne et le soir on soupe, (8) addition, (9) testicules


En franchissant la rivière des Outaouais, nous sommes passés dans la province de l’Ontario. Même si le Français reste l’une des deux langues officielles, il n’est plus parlé ici que par une minorité de la population. Autant nous remettre à l’Anglais, qui va maintenant nous accompagner jusqu’au sud des États-Unis.

Alors, see you soon !

Ci-dessous la carte du parcours correspondant à cet article et les boutons pour commenter ou vous abonner