133. Turquie du Sud-Ouest

Après l’Est peu fréquenté et donc authentique, nous nous rapprochons des grands sites touristiques du centre et du Sud-Ouest, comme la Cappadoce, la Riviera turque et Pamukkale. Ces endroits plus visités seront-ils à la hauteur de nos attentes ?

Turquie du Sud-Ouest
Et pourquoi pas la carte du parcours en début d’article ? Toujours en version zoomable ici

Traversée vers la Cappadoce

Il nous faudra deux bonnes journées pour rejoindre la région de la Cappadoce, avec de beaux paysages et de tranquilles spots nature pour seules attractions touristiques. Il est toujours assez difficile de photographier des paysages en roulant, alors que cela représente somme toute une partie importante de notre voyage. A part quelques clichés glanés aux arrêts, le reste restera fixé uniquement dans nos yeux. Il faut bien garder un peu d’intimité ! Nous ferons une halte nocturne intéressante pour la suite devant le Mont Erciyes. C’est l’éruption de ce volcan aujourd’hui endormi qui a permis de former les paysages de la Cappadoce, recouvrant toute la région de diverses couches dont certaines vont donner de la couleur, et d’autres comme le tuf du relief. Cet agglomérat volcanique tendre va permettre à la nature de créer de jolis paysages (canyons, falaises, cheminées de fées, etc.) et aux humains de creuser à peu près n’importe où des abris, des églises voire des villes souterraines complètes pour se protéger des assaillants.


Kayseri

Kayseri est la grande ville la plus proche de la Cappadoce. Nous trouvons la ville plutôt agréable et étonnamment propre comparé au reste du pays. C’est un sujet dont j’ai peu parlé, mais, alors que nous trouvons en Turquie le plus grand nombre de poubelles à disposition de tout notre voyage (en ville c’est quelquefois une tous les cinquante mètres), le pays est jonché de détritus, lingettes canettes et bouteilles de verre loin devant le reste. On ne sait pas si le secret des espaces publics assez nets tient à une politique municipale ou bien à une éducation particulière dans les écoles, mais la preuve est là : quand on veut on peut ! Cette parenthèse mise à part, nous dénichons quelques curiosités dans la ville, comme un mausolée tournant (c’est sa construction en spirale qui donne cet effet mais rien à voir avec le restaurant panoramique de la Tour Montparnasse) dédié à une princesse, la reproduction au milieu d’un rond-point d’une tablette en argile écrite en cunéiforme reprenant le texte d’une lettre de commerce Assyrienne, un bazar animé sans le moindre touriste occidental, pas mal de magasins de tapis (la ville est la capitale turque du tapis) et quelques magasins intéressants de par leur contenu. Nous avons fait aussi un petit stop dans une concession Fiat (présent partout en Turquie) pour faire changer des balais d’essuie-glaces et compléter le niveau du liquide de refroidissement qui baissait, tout ça en quelques minutes sans rendez-vous, à peine le temps de boire le thé offert.


Ozkonak

Le sous-sol de la Cappadoce est un vrai gruyère. La nature y est pour une part, mais l’homme a largement profité de la tendreté du tuff volcanique pour creuser des villes souterraines afin de se protéger de ses agresseurs, et cela a commencé plusieurs siècles avant notre ère. Environ 200 villes sont présentes dans la région, nous avons choisi celle-ci, la première sur notre route. On y trouve diverses cavités correspondant à des habitations, mais aussi des écoles, des églises, des cuisines communes, reliées entre elles par de tout petits couloirs où il faut marcher courbé. Des portes à roue isolent les passages stratégiques. 4 niveaux sont visitables sur les 10 que comporte la ville, et c’est déjà pas mal. Difficile tout de même d’imaginer vivre longtemps là-dedans. A quelques kilomètres de là, le Monastère de Belha (Ve siècle) est totalement creusé dans la roche, sur le même principe. Il comporte même une chambre secrète source d’énergie positive (ce serait la raison de l’installation de moines ici) que nous avons rejointe en nous faufilant dans un couloir à l’obscurité totale. A la lueur près de nos smartphones. Un petit air d’Indiana Jones…


Avanos

A l’entrée nord de la Cappadoce, cette petite ville est renommée pour ses potiers (le fleuve qui la traverse serait riche en argile à certaines saisons) dont la production est affichée à tous les coins de rues et même aux intersections, ainsi que pour son vin (elle est jumelée avec Nuits-Saint-Georges). Nous n’avons acheté ni grande jarre émaillée ni caisse de rouge pour raison de place dans Roberto, nous contentant de flâner dans la ville.


La Vallée de l’Amour

Les cheminées des fées sont légion en Cappadoce. Parmi les plus visitées on trouve celles de la Vallée de l’Amour, dont vous trouverez aisément la signification en regardant les photos. Les fées étaient bien gâtées… En arrière-plan de cette belle randonnée, on aperçoit de grandes falaises aux couleurs roses, blanches ou rouges, qui donnent leur nom à autant de belles balades, nécessitant parfois la journée.


Göreme

C’est le cœur de la zone touristique. Tout ce dont ont besoin (ou pas) les visiteurs y est concentré : distributeurs de billets, marchands de glaces, cireurs de chaussures, pour commencer par les plus indispensables, et bien sûr bars, restaurants et magasins de souvenirs. La particularité, c’est que tout a été intégré dans une zone hérissée de formations plus ou moins coniques. Il a suffi d’y creuser directement les hôtels et les boutiques. Les touristes en redemandent, mais nous avons préféré la nature autour. Il est vrai que nous avons notre maison avec nous et que nous pouvons la déplacer presque partout.


Boycott raté

Difficile d’imaginer la Cappadoce sans montgolfières. L’aspect trop prégnant de l’invasion humaine de ce décor naturel et le paradoxe de photographier d’autres personnes qui photographient ce que vous êtes venus voir me gênait suffisamment pour que je décide a priori de ne pendre aucun cliché de montgolfière. Et puis le matin quand nous nous sommes réveillés avec une multitude de ces engins volant juste au-dessus de Roberto, j’ai craqué. J’ai tout de même réussi au cours de ce bref séjour à éviter toute intrusion de quad dans le champ de mon objectif. Ce qui est un exploit, car à l’approche de l’aube et du crépuscule, de longues files de ces engins bruyants et générateurs de poussière se forment partout. On n’ose à peine imaginer l’ambiance sur les lieux où ils se rejoignent tous. Et encore moins le nombre incalculable de selfies publiés au même moment sur les réseaux sociaux. Oui je sais, moi aussi je publie. Mais pas trop de selfies, hein ?


Concentré de troglodytisme

Dès les 1ers siècles de notre ère, les chrétiens arrivent nombreux dans la région et fondent monastères et églises. Pour le bâti c’est facile, il suffit de creuser dans le tuf qui est en surabondance ici. C’est ainsi que sont concentrées près de Göreme une dizaine de ces lieux de culte, protégés dans ce qui est appelé un « musée à ciel ouvert ». Les portes souvent étroites et parfois au sommet d’escaliers raides et sans rambarde ouvrent sur des salles parfois étonnamment grandes et structurées comme chez nous (nef, autel, chapelles, etc.). Les murs sont volontiers couverts de fresques dont l’état de conservation est variable mais parfois excellent. Dans plusieurs cas, les yeux de tous les personnages ont disparu. On pourrait croire à un vandalisme de la part des Ottomans qui sont arrivés plus tard, mais ce sont en fait les Grecs qui sont responsables de ces énucléations, croyant à un pouvoir miraculeux de la peinture des yeux diluée dans une boisson. Les photos étant interdites à l’intérieur des bâtiments, toutes les fresques que vous verrez ont été « empruntées » sur le net.

Dans la même journée, nous avons gravi le rocher central de la ville d’Uçhisar, tout autant gruyèrisé que les églises précédentes. La différence est dans la laïcité, ce piton ayant abrité une grande partie de la population jusqu’à il y a peu, avant d’être livré à la foule et et à la manne touristique.

Et pour terminer en beauté, nous sommes allés visiter 40 km plus loin la vallée de Soganli, un melting pot d’habitations et d’édifices religieux creusés dans des falaises et des reliefs rocheux. Là encore, nous jouons aux explorateurs dans des lieux abandonnés, aussi bien les habitations initiales évacuées suite au tremblement de terre de 1998 que les maisons construites par le gouvernement pour reloger les habitants qui n’en ont pas voulu. Les lieux sont aussi beaux que peu visités, l’équation étant plutôt rare.


Le caravansérail du sultan

C’est exactement comme cela que se traduit le nom de la ville de Sultanhani, qui comporte pourtant bien d’autres bâtiments. Mais celui-là est d’exception. D’abord parce qu’il est le plus grand caravansérail de Turquie. Dans ce pays, tout au long de la route de la soie, on en trouve un tous les 30 à 40 km, ce qui correspond à une journée de marche. Après quoi, il fallait bien que les caravaniers se reposent et pratiquent leur commerce. Ils étaient, comme leurs animaux de transport, reçus ici gratuitement, nourris et logés, et disposaient même de la mosquée au centre. Du all inclusive en quelque sorte. Aujourd’hui, les touristes sont moins bien traités, puisqu’il leur faut s’acquitter d’un droit d’entrée et payer leurs consommations au bar. Néanmoins, l’architecture vaut le coup d’œil, tout comme les femmes qui se relaient pour tisser un immense tapis, et l’exposition de tapis anciens très bien mise en scène.


Konya, la ville sainte

Cette grande ville de 2 millions d’habitants est à la fois l’un des plus grands centres religieux du pays, respectant les valeurs traditionnelles de l’islam via ses 3000 mosquées, et le lieu de naissance du fondateur d’un ordre dérivé de l’islam, les derviches tourneurs. Nous visiterons en premier le mausolée qui leur est dédié, mais raterons de peu la démonstration hebdomadaire de la fameuse danse au centre culturel. Mais vous n’aurez aucun mal à trouver une vidéo sur le net. Naturellement, nous visiterons quelques mosquées, découvrant au passage les magnifiques céramiques bleu turquoise* seldjoukides (une dynastie turco-persane qui domina l’empire musulman d’Orient du Xie au XIIIe siècle) et finirons par le musée ethnographique, centré sur l’artisanat ottoman. La pause restaurant n’aura pas été exceptionnelle quant aux entrées et plats de résistance dont nous commençons à nous lasser, mais nous aura encore appris 2 ou 3 choses sur les desserts.

* Turquoise signifie « pierre de Turquie ». J’avoue que je n’avais pas fait le rapprochement jusqu’ici !



Au musée ethnographique, en autres, cette arme hydride associant pistolet et hache (deux précautions valent mieux qu’une !) et ce joli set en bois pour la préparation du café turc.


Alanya : les affres du tourisme de masse

Nous rejoignons la Méditerranée à Alanya, en pleine « Riviera turque ». Nous n’avions pas vu la mer depuis que nous avons quitté les rivages de la Mer Noire. Eh bien ça n’est pas folichon. D’Antalya à Antioche, ce sont près de 800 km de littoral qui ont été bétonisés et livrés au tourisme de masse, principalement des Russes et des Allemands en plus des nationaux. Hotels, piscines, plages couvertes de parasols et clubs de loisirs se succèdent sans fin autour d’une 2 fois 2 voies où l’on roule à 110 km/h en pilant tous les 500m à cause des feux rouges. Nous grimpons au sommet d’une péninsule qui domine la ville et gaspillons 12 euros chacun à visiter une citadelle qui ne comporte que des murs. Nous étions sans étonnement les seuls, même les Turcs qui ne paient pourtant que dix fois moins semblaient avoir eu vent de l’arnaque. S’il fallait trouver un point positif, gardons le panorama. Revenus sur les quais en bas, nous longeons une armada de bateaux de pirates amarrés côte à côte, que tentent de remplir les vendeurs en hélant le chaland. Pourquoi des pirates ? Peut-être parce que les sirènes et leurs seins nus sont plutôt mal vues ici ?  


Aspendos : un bel amphithéâtre mais pas que

Nous nous éloignons de la côte de quelques kilomètres, c’est fou comme on retrouve du beau rapidement : nous sommes sur le site archéologique d’Aspendos. La majorité des visiteurs se limitent au théâtre, l’un des mieux conservés d’Asie mineure, au point d’être couramment utilisé aujourd’hui pour des représentations, dont un festival d’opéra et de ballet. 20 000 places seraient disponibles. Nous étions très peu le jour de notre passage à grimper le petit chemin qui mène à la ville haute, avec de beaux vestiges d’une agora, d’un marché couvert, d’une basilique, d’une fontaine monumentale, d’un aqueduc. Dommage.


Antalya : les affres bis

On se demande ce que trouvent à cette ville les 10 millions de visiteurs annuels. Certes le petit port est mignon, la vieille ville pourrait être charmante si toutes ses maisons anciennes n’étaient pas reconverties en boutiques qui vendent toutes les mêmes souvenirs. Mais le reste n’est qu’un alignement de voitures devant un alignement d’hôtels all-inclusive devant un alignement de parasols sur une longue plage de 18 km au sable douteux. Le pire c’est que beaucoup de ces touristes n’iront pas plus loin que ce séjour balnéaire artificiel et n’auront que cette image de la Turquie.

Nous quittons rapidement cette ville étouffante à bien des égards pour gravir de jolies montagnes, traverser des prairies aux belles couleurs, laisser passer des troupeaux de chèvres. Ça change des moutons de la ville !


Pamukkale : une merveille de la nature

On pourrait se croire en haute montagne, proche d’un domaine skiable, en voyant surgir devant notre pare-brise ces collines d’un blanc éclatant qui tranchent sur celles plus vertes alentour. Mais la vallée dans laquelle nous roulons n’est qu’à 250 m d’altitude et les fameuses collines ne dépassent pas 600, il ne peut donc s’agir de neige à cette saison, d’autant plus qu’en ce milieu d’après-midi, la température ambiante avoisine les 32°C. Nous sommes en fait face à un extraordinaire phénomène naturel : des sources saturées en bicarbonate de calcium déposent depuis plusieurs milliers d’année du calcaire sur le sol. Petit à petit se forment de petits barrages, les travertins, qui retiennent l’eau dans de jolies piscines aux teintes bleu vert. L’afflux non contrôlé des touristes a failli dégrader totalement le site, mais les autorités ont mis un peu d’ordre dans tout ça : interdiction de se baigner (des bassins artificiels ont été créés pour les irréductibles et les selfimaniaques), interdiction de marcher en chaussures, interdiction de gravir les travertins. Une gestion complexe de l’eau est aussi nécessaire pour entretenir la belle couleur blanche et éviter les algues à certaines saisons.

Comme pour la Cappadoce, des montgolfières survolent le site (et Roberto) le matin de bonne heure. Ce n’était pas spécialement anticipé, et cette fois nous étions les seuls à cet endroit.


La visite est couplée avec celle de la station thermale antique de Hiérapolis, perchée juste au-dessus, qui exploitait les fameuses sources entre le IIe siècle av. J-C. et le IVe siècle ap. J.-C., pendant la période gréco-romaine. Encore un joli théâtre, un musée archéologique dans les anciens thermes, la mystérieuse porte de Pluton d’où sort un gaz mortel qui tue les oiseaux et les taureaux mais curieusement pas les prêtres eunuques, et une nécropole qui rassemble les tombes de tous ceux qui espéraient repartir guéris après avoir « pris les eaux ». Au final c’est plutôt la station qui leur a pris les os.

La visite s’est terminée par les Bains de Cléopâtre, une piscine thermale à 36°C d’où s’échappent quelques bulles. La photo aux jolis reflets verts masque une réalité moins reluisante. D’abord rien ne prouve que Cléopâtre soit venue se baigner là. Ensuite une horrible zone commerciale a été construite autour de la piscine, où déambule une foule de touristes occidentaux dont certains en maillots de bain échancrés ou strings assez mal venus dans un pays musulman même tolérant. Les prix y sont exorbitants, le simple thé turc y coûte par exemple 6 fois plus cher que dans la ville à côté, tout en étant servi dans un gobelet en carton au lieu du joli verre tulipe habituel. Bien que plutôt fans des piscines d’eau thermale, nous avons rapidement fui cet endroit pour nous dérangeant.


Boycott réussi !

Le site d’Éphèse avait l’apparence d’un énième site archéologique sur notre route. Les commentaires du guide et les photos ne nous ont pas convaincus, notamment la foule qui traîne dans l’allée principale. Et puis s’est rajouté le ras-le-bol de la taxation des touristes-étrangers-vaches-à-lait. Certes l’inflation galopante que connaît le pays depuis 2022 (ça tourne à environ 50% par an avec des pics dépassant les 80% !) justifiait l’instauration d’un prix en euros qui assurerait la stabilité, mais on observe au contraire une encore plus forte inflation sur les prix en euros : de 11 € en 2022, le prix d’entrée est passé à 23 € en 2023 et 40 € en 2024, hors suppléments ! Alors que les Turcs paieront moins de 2 €. Alors que le gouvernement turc refuse l’inscription d’élèves turcs aux lycées français du pays, prétextant la non réciprocité (refus de la France d’ouvrir des écoles turques pour élèves français) j’aimerais bien voir cette réciprocité appliquée aux musées français exigeant des touristes turcs un droit d’entrée 20 fois supérieur. Agacés par tout ça, nous avons boycotté et pris le chemin de la plage…


La plage

Les plages ne sont pas si attirantes que ne le laissent supposer les guides, principalement en raison de la présence d’innombrables déchets, du moins pour les plages publiques ou sauvages. Il est à espérer que celles quadrillées de parasols à n’en plus finir sont un minimum entretenues, mais ce n’est pas le genre d’endroit que nous avons envie de fréquenter. Nous nous trouvons tout de même une grande plage pas trop abimée, dont le sable à l’arrière est suffisamment tassé pour que Roberto puisse rouler dessus. Une bonne brise compense l’absence d’ombre, et l’eau à peu près claire encourage à la baignade. Nous allons finalement rester deux jours ici, une sorte de week-end de vacances dans notre voyage. Nous en avons besoin régulièrement. Nous observons au passage un joyeux pêle-mêle d’occupants, des pêcheurs assis toute la journée devant leur ligne aux familles entières se baignant en burqa en passant par les couples venant faire faire leurs photos de mariage devant le coucher du soleil. Les chiens sont nombreux sur les plages, comme dans tout le pays d’ailleurs, mais absolument pas agressifs.


Après une nouvelle pause baignade dans un autre port, nous arrivons à Izmir, la ville de tous les Danger. Le plus difficile, c’est qu’il va vous falloir attendre le prochain article pour savoir pourquoi je l’ai appelée comme ça. À bientôt !

131. Turquie

Premières impressions

Des formalités d’entrée relativement simples et rapides, de belles routes, de l’essence pas chère et même de l’AdBlue à la première pompe venue, des magasins modernes : tout porte à penser que, paradoxalement, la Turquie est économiquement plus développée que la Grèce. Cela va-t-il se confirmer dans la durée ?


Le Mémorial des Dardanelles

La bataille des Dardanelles a été un moment fort du début de la 1ère guerre mondiale. La France et la Grande Bretagne, alors alliés de la Russie, souhaitaient protéger son approvisionnement qui transitaient par le détroit des Dardanelles, entre la Mer Égée et la Mer Marmorata, contrôlé par l’Empire ottoman aidé des Allemands. Tout étant barré côté terrestre, ils organisèrent un débarquement, aidés aussi des Australiens et des Néozélandais. Mais, mal organisés, ils échouèrent et le conflit se termina au profit des Ottomans, chaque camp perdant au passage 56 000 soldats. Le succès permit tout de même à la Turquie de proclamer son indépendance, et en reconnaissance d’élever un grand mémorial en hommage aux victimes. Curieusement, le fait d’avoir participé rendit très fiers les Australiens et Néozélandais fraîchement libérés de l’emprise britannique. Le 25 avril, anniversaire du débarquement, est chez eux un jour férié et bien davantage célébré que le 11 novembre. Nous avons visité aussi l’un des cimetières français, mentionnant notamment la perte des 4 sous-marins et de leurs équipages qui avaient été engagés dans le conflit. Indispensable devoir de mémoire.



Un de Troie

Il nous aura fallu venir en Turquie, aussi bien Claudie que moi, pour apprendre que la ville de Troie était ici, sur la côte Ouest du pays. Et pas en Grèce comme nous le pensions. Et pas dans l’Aube non plus, je vous vois venir. Le site est presque aussi vieux que les pyramides d’Égypte, mais n’a été mis au jour qu’à partir de 1871. Il est bien sûr célèbre pour avoir été le théâtre de l’affrontement entre les rois grecs, dont Achille, venus récupérer la belle Hélène volée au roi de Sparte par le prince troyen Pâris. Après 10 ans de siège et une ruse chevaline que l’on connait tous, les Grecs ont fini par remporter et la guerre et l’épouse du roi.

Il ne s’agirait pas simplement de la légende rapportée par Homère dans l’Iliade, les fouilles archéologiques réalisées à Troie confirmeraient une partie du conflit. Nous avons trouvé sur les lieux un musée moderne mais cher (2 fois le prix du déjeuner que nous avons pris après la visite) et un site archéologique agréable à parcourir sur de petites passerelles en bois. Notre vraie déception a été que la réplique grandeur nature du Cheval de Troie était … en travaux. De quoi ruer dans les brancards.



Nulle autre qu’Assos…

Qu’Assos me fasse sourire n’étonne pas Claudie, habituée à mes jeux de mots vaseux. J’espère tout de même transmettre ce sourire par contagion à quelques lecteurs.

Pour le reste, le site que pourtant notre guide préférait largement à Troie nous a déçus. Accès mal indiqué, longue file de boutiques de souvenirs et de bars-restaurants avant de parvenir à l’entrée, édifices ressortant peu du paysage en raison d’une couleur similaire au sol, stigmates encore très présents du dernier incendie. Quant au « magnifique » temple d’Athéna perché sur sa colline au-dessus de la Mer Égée, il n’avait pas toute la superbe promise.

Dommage pour un site fondé au 1er millénaire av. J.-C. par des Lesbiens et des Lesbiennes. Les habitants de Lesbos, l’île grecque juste en face, vous pensiez quoi ?

Deux heures de route plus tard, nous trouvons un chouette endroit pour dormir. Une aire de pique-nique dans une petite forêt dont les arbres ont les pieds peints en blanc. L’ambiance tranquille à l’arrivée ne durera pas. Vers 19h les voitures ont commencé à défiler, haut-parleurs vrombissants et glacières pleines de bouteilles. Misère…

Nous avons vite laissé ce petit monde à leur soirée animée pour rejoindre un spot plus paisible jouxtant un cimetière. Las, à 21h, deux voitures sont arrivées et ont commencé à sortir les bouteilles et les chaises. Re-misère !

Mais la sono était discrète cette fois, au point que nous nous sommes endormis avant leur départ. À se demander le matin si nous n’avions pas rêvé. Mais les bouteilles et papiers gras étaient bien là sur le sol à l’emplacement des voitures…


Immersion

Parmi les choses que nous aimons le plus en voyage, il y a le fait de se retrouver au milieu d’une population qui ne nous ressemble pas et qui vit sa vie normalement, sans être pervertie par un quelconque attrait touristique, ni éventuellement par nous-mêmes. Cela ne nous était pas encore vraiment arrivés depuis notre arrivée en Turquie, jusqu’à ce que nous visitions Bursa, la 4ème ville du pays. Une journée de marche citadine qui nous aura conquis, nous menant des bazars très animés aux superbes mosquées et mausolées appelés ici turbë. Dans les deux cas nous avons eu l’impression d’être les seuls touristes du jour, du moins non turcs. Avec tous nous sens en éveil car très sollicités. La vision de cette architecture ottomane, d’un grand nombre de femmes voilées, des couleurs vives des boutiques de soie installées dans un ancien caravansérail. L’ambiance sonore des camelots, des klaxons et des appels à la prière mélangés. L’alternance des parfums d’encens, de savons ou encore de café. Alors que les lieux de cultes musulmans nous sont souvent refusés en Europe tout en étant par ailleurs assez austères dans leur décoration jusqu’ici, nous sommes entrés sans problème – du moment que le dress code était respecté – dans de grandes et magnifiques mosquées merveilleusement bien décorées. Une véritable immersion que nous attendions depuis un moment.

Nous prenons la route de la station de ski située au sud de Bursa, sans monter jusqu’au sommet (2545 m d’altitude) pour dormir au frais dans une petite forêt déserte trouvée par hasard à environ 1100 m. Nous décidons d’y rester 2 nuits. La Turquie s’avère aussi hospitalière que la Grèce pour les véhicules aménagés, et c’est une bonne nouvelle.


Cumalikizik

Ce petit village au nom rigolo est l’exemple typique des conséquences désastreuses de la surpopulation touristique. Bien conservé depuis le moyen-âge, il attire forcément les citadins lassés du béton de leurs façades et du bitume de leurs rues. Mais les citadins ça a besoin de manger, de boire et de faire pipi. Alors on leur construit des bars et restaurants. Et puis un ou deux parkings. Et puis pourquoi ne pas les appâter avec des babioles multicolores ou des sirops de fruits locaux ? Alors les boutiques poussent et cachent les façades moyenâgeuses, empiètent sur les rues pavées.

Par chance, le village est assez grand et en pente. Vers l’extérieur et les hauteurs, les chalands se font plus rares et les maisons redeviennent accessibles. Et les boutiques sont plus intimes, comme celle où nous avons pris notre premier thé turc. Une seule table au milieu d’une grande pièce en désordre, à laquelle sont déjà attablés la patronne et quelqu’un de la maison. Mais ils s’écartent un peu et nous rajoutent 2 chaises, nous invitant à leurs côtés. Nous avons échangé un peu et bu notre thé, servi noir et dans de tout petits verres. 35 centimes le çay, comme on l’appelle là-bas. L’expérience valait le jus, si on peut dire.


Ça rime

Oui, Iznik ça rime avec céramique. L’activité a été prédominante entre le XVIe et le XVIIe siècle, au point que l’on retrouve de jolies faïences créées dans la ville sur les plus grandes mosquées du pays. La demande est moindre maintenant, mais de nombreuses boutiques restent dédiées à l’activité, dont un pôle de créateurs dans une ancienne école coranique. Du très beau travail qu’on aimerait rapporter avec nous. Mais il faudrait atteler une remorque à Roberto.


Limite : 82 km/h

Impressionnés par la qualité du réseau routier au départ, nous révisons peu à peu notre opinion. Il est vrai que le large temps dont nous disposons et notre quête des bivouacs en altitude et en nature nous conduisent fréquemment à emprunter les axes secondaires. Et là force est de constater que le niveau d’entretien n’est pas extraordinaire et rejoint en bien des points, on pourrait même dire en bien des trous, celui des derniers pays traversés. L’absence de revêtement est par ailleurs fréquente sur ces routes, et Roberto est presque en permanence recouvert de poussière. Le côté amusant de ces petites routes, c’est le nombre d’animaux qui y circulent en liberté, vaches principalement, mais aussi moutons, chèvres, chiens et chats. Il faut être vigilant.

Sur les grands axes, nous empruntons habituellement la route à 2×2 voies qui longe l’autoroute – que par principe nous ne prenons pas, même si en Turquie le coût est modeste. La limite de vitesse y est extrêmement variable, passant de 110 km/h par défaut à 50 km/h au moindre croisement, les deux panneaux correspondants pouvant se suivre à quelques mètres seulement. Autant dire que personne ne respecte, d’autant plus que la fin du 50 n’est jamais annoncée. Le plus compliqué, c’est que la limite est variable selon les véhicules. Apparemment, c’est 100 pour les fourgons comme le nôtre ou 90 pour les camions. Quand la 2×2 voies traverse des villes, la limite descend à 82 km/h pour les voitures (il parait que c’est pour pouvoir flasher à 90…) et 50 à 60 km/h selon la ville et la taille du véhicule pour les autres.

Mais le pire, c’est la mise en place depuis quelques années du contrôle de la vitesse moyenne, qui peut se faire sur plusieurs dizaines de kilomètres avec aussi des sections plus restrictives. On trouve des portiques avec caméras un peu partout, difficile de savoir si elles sont juste pour le contrôle de sécurité ou pour celui de la vitesse. Nous n’avons pas perçu de flash pour le moment, il n’y en a peut-être pas d’ailleurs. Mais il parait que pour les étrangers, la note tombe à la frontière, au moment de quitter le pays…


La ville du safran

Difficile de cacher son passé quand on s’appelle Safranbolu. Cette ville a été un poste caravanier important entre l’Orient et l’Occident du XIIIe au XVIIIe siècle, où l’arrivée du chemin de fer a mis fin à ce type d’activité. Entre autres commerces, on y vendait du safran, la ville en étant le principal producteur en Turquie. De ce passé, Safranbolu garde une architecture ottomane remarquablement conservée, qui l’a faite inscrire au patrimoine mondial de l’Unesco.

Nous n’aurons pas le plaisir de voir les champs de crocus en fleur ni d’assister à la récolte, le tout se produisant à l’automne, mais nous pourrons déguster un « thé » au safran chez Mehmet, un commerçant réputé de la vieille ville. J’ai mis thé entre guillemets car de thé il n’y en a point : l’eau chaude est directement versée sur une pincée de pistils rouges de safran au fond d’un petit verre, le liquide prenant immédiatement une magnifique couleur jaune d’or.  En parlant d’or, le safran est l’épice la plus chère du marché, se vendant entre 30 et 45 000 € le kilo, soit à peine moins que le métal précieux (54 000 € le lingot)


Thé ou café ?


Le repos du gosier

Bien sûr, nous avons craqué pour un petit assortiment….


Noir c’est bleu

Nous voici arrivés sur le littoral de la Mer Noire, et vous savez quoi ? Eh bien elle est toute bleue, parfois même d’un joli turquoise dans les zones de hauts fonds ! Encore un mythe qui tombe… Certes, tard le soir ou même la nuit, une couleur sombre apparait, mais la nuit, toutes les mers sont grises, c’est bien connu. Le pire, c’est que l’origine du nom n’a pas été élucidée. Il se pourrait que « noire » désigne le « nord », cette mer se situant au nord de la Turquie, mais ça n’est qu’une hypothèse parmi d’autres. Ce qui est admis, c’est que cette mer était autrefois un lac d’eau douce, 150 m au-dessous du niveau actuel. L’élévation suite à une fonte glaciaire aurait fait monter le niveau de la Méditerranée, qui se serait déversée par le détroit des Dardanelles dans la Mer de Marmara, qui se serait déversée par le détroit du Bosphore dans la Mer Noire. En profondeur, c’est toujours ce qui se passe d’ailleurs : l’eau y est très salée alors que très peu en surface.

Nous avons longé la Mer Noire d’Ouest en Est sur plusieurs centaines de kilomètres. C’est parfois très sauvage avec une petite route tranquille qui se faufile entre une végétation abondante – favorisée par le microclimat – et de jolies petites criques, ou plus urbanisé avec des cités portuaires ou des stations balnéaires aux constructions quelconques, reliées par une route côtière à 2 x 2 voies souvent envahie de camions.


Sinop, en bref


Les mythes tombent comme des mouches

Après la Mer Noire toute bleue, nous découvrons la ville de Samsun, qu’on imaginait plutôt sud-coréenne que turque. D’accord, c’est juste pour rire, il manque quand même le g final. Mais dans un parc de la ville, en bord de mer, nous tombons sur la statue d’une jeune guerrière, arc à la main, jupe et mocassins en daim, et la mention « Amazone » en dessous. Mais les Amazones ne sont-elles pas originaires d’Amazonie ? Eh bien non, je me suis encore fait piéger. Un panneau explicatif nous apprend qu’un peuple de femmes guerrières aurait vécu ici entre 2000 et 1000 av. J.-C. ce que les historiens jugent peu probable selon d’autres sources, aucun vestige archéologique correspondant n’ayant été retrouvé. Par contre, des traces tangibles de femmes guerrières ont été retrouvées en Ukraine et en Russie. Autant dire que le conflit actuel remonte à loin. Ç’est quand même drôle de voir réunis ici Samsun et Amazon.

Et un petit chez soi reconstitué. Admirez au passage l’intégration du déshumidificateur d’air ! Tout ça était un peu kitsch et sujet à controverse historiquement parlant, mais bon à 0,40 € l’entrée, on n’a pas demandé à être remboursés !


Ainsi s’achève cette première partie de la Turquie. Le pays est grand, prévoyez au moins 2 ou 3 autres articles sur le sujet. Alors à bientôt !

Le parcours correspondant à cet article, en version zoomable ici pour les passionnés et ci-dessous les boutons pour commenter, pour vous abonner ou pour nous retrouver sur les réseaux sociaux

128. La Grèce de Corfou aux Météores

Une fois n’est pas coutume, nous arrivons dans un nouveau pays via une île. En même temps, les îles, ce n’est pas ça qui manque en Grèce. Mais Corfou avait un côté mythique et romantique qui nous attirait. Sans parler du lien avec Achille…

Premier contact corfiote.

À peine débarqués à Corfou, nous sommes saisis par une avalanche de couleurs. Celles de l’eau bien sûr, qui nous rappellent celles de nos Caraïbes, mais aussi celles du décor à terre qui n’est pas en reste. Les maisons et les villages sont très fleuris par leurs habitants, mais la nature se débrouille pas mal toute seule et les bouillées multicolores des lauriers et des bougainvilliers parsèment la campagne sur un fond de cyprès, d’oliviers et de montagnes suffisamment élevées pour accrocher les nuages. La route côtière longe tantôt des rochers abrupts, tantôt d’adorables criques plus ou moins sablonneuses. Nous finissons par succomber au charme d’une plage de graviers blancs, peu fréquentée, et décidons d’y passer notre première nuit. Avec un superbe coucher de soleil à la clef.


Prolongations

Au petit matin, nous sommes seuls avec les voiliers ancrés dans la baie. L’eau est cristalline. Pourquoi bouger ? Rien ne presse ! Nous restons là toute la journée dans le secteur, profitant à la fois de cette plage agréable avec une eau pas trop fraîche et des sentiers de randonnée qui conduisent, à l’exclusion de toute route, à d’autres plages dans le coin. Croisant très peu de randonneurs, nous les pensions désertes, mais c’était sans compter sur l’accessibilité par la mer. De fait, elles étaient toutes occupées. Dont l’une par un de ces bateaux de croisière à la journée avec musique rythmée à fond, boissons à volonté et tous les cris qui vont avec. Beurk. Nous retrouvons avec bonheur notre petite plage pour une seconde nuit et ouvrons pour l’occasion notre bouteille d’ouzo.


L’effet Ouzo

Non ce n’est pas ce que vous croyez, nous n’avons abusé de cette boisson nationale grecque, un double distillat d’alcool neutre mélangé à divers aromates dont principalement l’anis. Incolore, le liquide prend un bel aspect blanc laiteux lorsqu’on y ajoute des glaçons et de l’eau. Cette transformation, liée à la précipitation des microgouttelettes d’huile essentielle d’anis dans l’eau, est appelée effet ouzo, même lorsqu’on l’obtient à partir du pastis, n’en déplaise aux Marseillais. Qui ne vont pas aimer non plus l’origine du nom : il serait lié aux inscriptions faites sur les caisses d’ouzo que l’on expédiait à Marseille « Uso Massalia » (à l’usage de Marseille). Et qui vont encore moins aimer, en adorateurs de leur savant fou, que ceux qui ont su résister à la tentation de l’hydroxychloroquine en se faisant vacciner ont pour la plupart profité de l’effet ouzo utilisé pour fabriquer les nano-vecteurs d’ARN messager anti Covid-19.


Étapes sur la côte

1. Le Cap Drastis

Une avancée spectaculaire de falaises toutes blanches sur une mer bleu azur. L’accès par des routes étroites n’est pas si facile, surtout lorsque les gens s’y garent n’importe comment, mais le lieu est très photogénique.

Toujours adeptes du synchronisme films ou séries / lieux visités, nous avons regardé La Folle Aventure des Durrell, l’histoire autobiographique d’une famille anglaise venue s’installer à Corfou, précisément dans le coin du Cap Drastis. Le ton est léger et humoristique, les personnages sont attachants. Surtout, l’ambiance de l’île est bien rendue. De quoi se détendre si l’été est pluvieux…


2. La plage Saint-Stéphane

Bien plus fréquentée que celle que nous avons quittée le matin. Nous y avons stationné sur le sable le temps d’une petite baignade. Bien qu’il soit étonnamment possible d’y rester la nuit, nous avons préféré la tranquillité d’un petit surplomb rocheux un peu plus loin.


3. La baie Saint-Georges

Une grande plage de galets et de sable aux eaux cristallines attirant beaucoup de familles, le bruit et les commerces qui vont avec. Mais vue de loin, c’est magnifique.


4. Le petit village traditionnel de Krini

C’est l’un des plus vieux villages de Corfou, avec sa typique place circulaire centrale où les habitants aiment se retrouver, voire s’asseoir des heures à regarder ce qui se passe. Souhaitant respecter leur intimité, nous n’avons pas fait de photo. Mais nous avons retrouvé la petite place est ses habitants sur Google Street View, dont le véhicule muni de caméras multiples a eu moins de scrupules. Imaginez tout de même que nous sommes passés là avec Roberto, en essayant de n’écraser personne !


5. Le château byzantin d’Angelokastro

On ne peut aller le voir qu’en traversant le village précédent. Il a fière allure, perché au sommet de son rocher. L’intérieur est plutôt en ruines mais offre un magnifique panorama sur la grande bleue 300 m au-dessous et sur le nord de l’île.


6. La zone touristique de Paleokastritsa

Elle est probablement l’un des endroits les plus spectaculaires de Corfou, avec ses criques turquoise entourées de collines vertes et fleuries. Avec la contrepartie d’une fréquentation maximum genre serviette contre serviette sur les plages et bouée contre bouée dans l’eau, sans parler de la circulation difficile. Nous nous sommes contentés d’admirer le paysage et de prendre quelques photos avant de fuir.


7. Le raté des plages de Limni

Ce sont deux plages jumelles qui se tournent le dos de part et d’autre d’un isthme. Aucune route n’y mène. On y accède soit par bateau, soit par un sentier très pentu. Le ciel devenant menaçant, nous nous garons au plus proche du sentier, dans le virage d’une route très peu fréquentée et remettons la balade au lendemain. Mais le temps n’était pas bien meilleur, alors nous nous sommes épargnés le sentier raide et devenu du coup potentiellement glissant. Nous avons repris la route.


8. Un petit restau à Pelekas

Nous étions venus dans ce petit village pour voir un panorama à 360° depuis l’observatoire du Kaiser. Mais le temps toujours grisâtre ne m’a pas donné envie d’immortaliser le paysage depuis cet endroit. Il nous  est resté le village, pas extraordinaire, mais doté de quelques restaurants dont l’un nous a donné envie de goûter à la cuisine grecque. Rien d’exceptionnel pour commencer, juste deux petites spécialités courantes mais surtout locales. C’est comme pour le ti ‘punch : il n’est jamais meilleur que consommé aux Antilles !


9. L’Achilleion

Elisabeth d’Autriche, la fameuse Sissi, était passionnée par la culture hellénique et notamment la mythologie. Son personnage préféré était Achille, auquel elle s’identifiait en raison de sa propre nature rebelle et indépendante. Lorsqu’après plusieurs drames familiaux et une sorte de road trip en Europe elle décida d’établir résidence à Corfou, c’est tout naturellement qu’elle dédia son palais au héros d’Homère, le baptisant Achilleion. Elle décora l’intérieur et le jardin de multiples œuvres d’art. Le premier étant en travaux, seul le second nous était accessible le jour de notre visite. Nous avons entre autres été impressionnés par la grande statue d' »Achille triomphant » de 6 mètres de haut (11 m avec le piedestal). A ceux qui souhaiteraient savoir si Sissi a fini ses jours à Corfou, je dis non non non, elle est morte assassinée à Genève 7 ans après la fin de la construction de l’Achilleion.


Visite de la ville de Corfou

Corfou, comme Oléron, est la capitale de l’île éponyme. Reste à savoir qui a commencé le premier. La vieille ville, bien conservée ou restaurée, est un melting pot des influences des différents occupants des Vénitiens aux Grecs en passant par les Français et les Anglais. Récit en images.




Passage en Grèce continentale

Nous reprenons le ferry pour la ville d’Igoumenista. Cette fois le navire est de grande taille et Roberto n’a aucun mal à y rentrer, même si la marche arrière est encore de mise. Si la soute est quasi pleine de véhicules, les passagers sont en petit nombre. Comme si personne n’avait envie de quitter Corfou… Mais c’est que nous avons beaucoup de choses à voir, nous !


Les montagnes du Nord-Ouest

Dans la logique de l’itinéraire et parce que nous avons envie de prendre un peu le frais, nous nous dirigeons vers la région des Zagoria, toute proche de l’Albanie, alternant montagnes toutes vertes, vallées profondes et quantité de roches calcaires, le tout traversé par des petites routes étroites et particulièrement sinueuses.

Notre première route, en cul-de-sac, nous amène aux villages de Micro Papigo et Mégalo Papigo, dont les maisons aux murs de roches calcaires et aux toits de lauzes sont typiques de la région, formant de beaux ensembles homogènes, entourés de falaises montagneuses impressionnantes. Entre les deux, nous passons la nuit près d’un petit canyon bordé de piscines naturelles, encore un peu fraîches pour la baignade au moment de notre visite.


Nous gagnons ensuite les Gorges de Vikos, formant le canyon le plus profond du monde si l’on en croit l’inscription sur le Livre Guinness des Records. Dans ce cas précis, c’est en tenant compte de la profondeur (900m) proportionnée à sa largeur. Parce que le Grand Canyon dépasse tout de même les 1300m de profondeur si je ne m’abuse. A ce tarif là, Roberto est le plus vaillant fourgon du monde si l’on se limite aux Fiat Ducato bleu impérial ayant parcouru 32 pays en 3 ans avec 2 trous bleus au côté gauche (si vous avez envie de relire « Le baptême du van », cliquez ici). Mais revenons à notre canyon qui est tout de même assez impressionnant, surtout lorsque l’on s’avance jusqu’au bout de l’étroit chemin à flanc de falaise qui se termine dans le vide sans aucune protection.


Sur la route du retour, nous nous arrêtons au bord d’une autre curiosité de la région : la forêt de pierre. En fait des colonnes de couches de calcaires empilées parsemant une vraie forêt. Curieusement l’endroit est moins visité que le belvédère du canyon, et nous le trouverons suffisamment calme pour y passer la nuit. Le terrain était en légère pente, mais autant dire que nous n’avons pas eu de mal à trouver de belles pierres plates pour horizontaliser Roberto. Beaucoup de voyageurs nomades transportent avec eux des cales à cet effet, mais c’est assez encombrant et nous nous accommodons volontiers d’inclinaisons jusqu’à environ 3%, d’autant que nous n’avons pas de frigo à gaz qui supporte mal les pentes.


Perte de latin

Une des grosses difficultés du voyage en Grèce est la langue. Pas tant l’oral, beaucoup de Grecs parlant Anglais, voire Français dans les lieux touristiques, que l’écrit qui apparaît pour nous comme des hiéroglyphes. La lecture des panneaux routiers est délicate. A la vue d’un panneau d’avertissement, nous nous demandons toujours sur quoi nous allons tomber, pourquoi pas sur une bombe nucléaire qui vient d’exploser, qui sait. Tout est possible ! Et nous ne pouvons même pas compter sur les cartes de Google Maps, envahies elles-aussi par les caractères grecs. Quant au traducteur de Google qui marche plutôt bien dans pas mal de langues, il apparaît ici assez limité. Bon, pour l’instant on se débrouille, mais nous avons totalement intégré l’expression « y perdre son latin » !


Le tour de Jannine

Ok, la ville s’appelle Ioannina, ce qui veut tout de même dire Jannine en Grec. Elle est située au bord du plus grand lac de la région, au niveau d’une péninsule de forme carrée que recouvre une citadelle. Une jolie route arborée longe le lac sur toute la limite de la ville, permettant aussi bien aux promeneurs et autres joggers de s’y promener qu’aux voitures de se garer à l’ombre. Et gratuitement qui plus est, comme cela semble être la règle dans la majorité du pays pour l’instant. Un très bon point pour la Grèce. La circulation, bien que raisonnable n’est pas compatible avec un bivouac, aussi nous prenons un peu de hauteur pour aller contempler la ville de haut et dormir au frais. Avec une vue splendide aussi bien à la nuit tombée qu’au petit matin. Le récit de nos visites – dont un superbe Musée de l’Orfèvrerie – en photos.



Transition saisonnière

Le printemps vient de se terminer, c’est l’occasion d’une petite pause florale avec nos dernières découvertes


Incitation à fumer

Encore une petite ville de montagne appelée Metsovo. Notre guide disait « Avant d’y arriver, vous sentirez peut-être un entêtant mélange de pin, de viande grillée et de feu de bois. Vous distinguerez ensuite des gracieux panaches de fumée s’élever au-dessus des toits de tuile (…) ». Eh bien c’était exactement ça ! La fumée au-dessus de chacun des restaurants alignés sur la rue principale semblait être la meilleure publicité du lieu. Plus ça fumait, plus grand était le nombre de gens attablés.

Ce n’était pas l’heure du repas pour nous, alors nous nous sommes contentés de fouiner dans quelques boutiques, de découvrir quelques spécialités fromagères et liquoreuses locales, et d’aller jeter un œil à une galerie artistique qui nous en faisait, de l’œil. Bon, ça ne se raconte pas trop, ça, alors je vous ai préparé un petit jeu des légendes.

a) Un bateau avec des Grecs ?
b) La conquête du Péloponnèse ?
c) Vacances en famille ?


a) L’heure de l’insuline ?
b) Bain oriental ?
c) Le Hammam des Caryatides ?

a) L’universalité de la sieste ?
b) Homard m’a tuer ?
c) Nature morte avec une femme ?


a) Portrait de la Reine Deinej ?
b) Portrait de la Reine Denim ?
c) Portrait de la Reine Sofia ?


a) Les ravages de la peste
b) Les ravages de l’alcool
c) Auto portrait

Réponses (avec les auteurs)


Compagnons d’abreuvoir

Encore un petit bivouac sympathique, juste à côté d’abreuvoirs en pierre. Ça n’a pas manqué, un troupeau de chèvres est venu nous y retrouver. Et puis le fermier qui habite juste au-dessus. Nous pensions nous faire virer, mais c’était juste pour discuter. Avec l’aide pas terrible de Google Traduction car il ne parlait pas plus Anglais que nous Grec. Nous avons tenté de lui offrir un petit verre de liqueur locale, mais il nous a dit qu’il fallait qu’il aille travailler et que ça n’était pas raisonnable…


Les Météores

Un incontournable de la Grèce que nous ne pouvions manquer : sur la région d’un ancien delta se sont formées de multiples colonnes de grès pouvant aller jusqu’à 400m de hauteur. Au Xe siècle, des moines se sont dit qu’il n’y avait pas meilleur endroit pour s’isoler du monde et prier en paix. Ils avaient d’abord occupé des grottes, mais finirent par trouver le moyen d’ascensionner certains de ces pitons rocheux à l’aide de cordes et d’échelles. Et d’y bâtir des monastères pour tenir dans la durée et mieux se défendre. Certes l’approvisionnement et les déplacements étaient ardus, principalement basés sur des filets que l’on montait avec un treuil, hissant aussi bien de la nourriture que des humains. Sur plusieurs dizaines de constructions, seuls 6 monastères fonctionnent encore et sont accessibles à la visite. Compte-tenu de la réputation et de l’originalité du lieu, nous ne sommes évidemment pas seuls. Mais les cars de touristes se contentent des monastères les plus accessibles, c’est-à-dire avec le moins de marches. Ça reste un lieu magique, tant par le décor que par l’histoire.


Le Monastère Varlaam, ci-dessous, porte le nom de l’ermite qui s’y installa pour la 1ère fois au XVe siècle. Malgré la petite chapelle et les quelques cellules qu’il avait aménagées, il y resta seul pendant 10 ans avant de mourir. Après plusieurs années d’inoccupation, deux frères vinrent s’y installer et transformer les lieux en profondeur grâce à des dons. Aujourd’hui on y trouve, outre le monastère, deux églises, un musée qui expose quelques œuvres d’art religieux et surtout explique les difficultés de la vie monacale dans les premiers temps.

L’approvisionnement et l’accès se faisaient uniquement via un treuil et des filets, pour les marchandises comme pour les humains !

C’est avec cette vue sur les Météores que s’achève ce premier chapitre sur la Grèce. Le pays est grand, nous avons encore beaucoup à découvrir. Et donc à partager. A bientôt !

Le parcours correspondant à cet article, en version zoomable ici

124. Bosnie II

Nous revoici donc en Bosnie, et plus particulièrement en Herzégovine, la province la plus au sud du pays dont la capitale régionale est Mostar, la ville la plus visités après Sarajevo. En fait, la majorité des visiteurs du pays se contentent de ces deux villes, ce qui donne une vision vraiment très partielle du pays.


Mostar

1. Les cicatrices de la guerre

Après cette dizaine de jours en Croatie, le contraste saute aux yeux : en dehors du quartier historique qui a manifestement été restauré, la ville – comme Sarajevo d’ailleurs – reste très marquée par la guerre des années 1990. Le conflit a-t-il été plus sévère ici ? Le pays a-t-il moins de moyens pour se reconstruire ? Souhaite-t-on ici ne pas effacer trop vite les traces pour ne pas oublier que tout peut repartir à tout instant ?



2. De la couleur dans la ville

Mostar se rénove peu à peu, et certains quartiers ont été doté de superbes muraux pour sortir de la grisaille ambiante. C’est très réussi.


3. Le business du vieux pont

Centré sur le célèbre pont, symbole de la ville, ce quartier semble avoir été épargné par la guerre. Il a en fait été totalement reconstruit, jusqu’au pont lui-même que les habitants ne croyaient pas pouvoir récupérer. Les petites rues pavées de motifs géométriques, la vieille mosquée, les maisons classées, les plongeurs qui sautent du pont dans l’eau glacée, ont en apparence attiré tous les capitaux pour la réhabilitation, et forcément tous les touristes. Ce quartier que privilégient les vacanciers et tour-opérateurs, avec ses bars bruyants, ses restaurants très moyens et ses boutiques de souvenirs à gogo, c’est celui que j’ai le moins apprécié, pour cause d’envahissement et de perte d’authenticité. Mais bon, le business c’est le business.


4. Descente de Lee

Afin d’éviter aux jeunes de la ville de sombrer dans les conflits de religion, une association locale s’est proposée de leur ériger la statue d’une célébrité qui leur conviendrait à tous, musulmans, catholiques, juifs ou orthodoxes. Le résultat du vote a été des plus étonnant : c’est l’acteur américain Bruce Lee, spécialiste du Kung Fu, qui a dominé tous les suffrages, et dont l’effigie en bronze grandeur nature a été placée en 2005 dans un parc de la ville. Forcément, ça n’a pas plu à tout le monde, il y a eu plusieurs tentatives de vandalisme, des déplacements de sécurité, une disparition mystérieuse finalement attribuée à une restauration volontaire par le sculpteur, avant un dernier positionnement dans un jardin public où la star des arts martiaux faisait le bonheur des promeneurs depuis 2013. Nous ne pouvions rater un tel symbole, mais sur place, impossible de trouver la silhouette familière. Nous avons juste fini par trouver le piédestal libre de tout occupant, si l’on excepte des gamins y faisant circuler des petites voitures. Renseignement pris, la statue avait de nouveau disparu 2 semaines seulement avant notre passage ! Les réseaux sociaux s’émeuvent, la police enquête, et l’on finit par retrouver notre pauvre Bruce Lee démembré, apparemment victime d’un ferrailleur désargenté. Pas sûr que la star s’en remette. 


5. Hommage en cascade

Il a été demandé à un célèbre architecte local de concevoir un mémorial aux partisans yougoslaves morts pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le résultat est surprenant, reproduisant en béton une vaste cascade et un torrent, sur lesquelles sont parsemées des pierres tombales en forme de pièces de puzzle.


6. And the winner is…

Le plus chouette à Mostar, c’est l’environnement. Traversée par la tumultueuse rivière Neretva, la ville est entourée de sommets, dont l’un d’eux nous hébergera pour la nuit. Près d’une petite zone touristique aménagée avec tyrolienne, bar panoramique et plateforme qui s’avance au-dessus du vide pour mieux apprécier le panorama et le slogan écrit en pierres visible de toute la ville. Il affiche aujourd’hui « BiH WE LOVE YOU ». Les 3 lettres signifiant Bosnia i Herzegovina ayant remplacé le « TITO » initial.



Le monastère des Derviches de Blagaj.

Les Derviches, une branche mythique de l’Islam, avaient sans doute besoin d’un challenge pour construire leur monastère. La falaise dans laquelle ils l’ont inclus en 1520 est surplombante et largue régulièrement des rochers sur l’édifice, reconstruit à de multiples reprises. La rivière au bord de laquelle ils l’ont placé, sortant d’une grotte, crée régulièrement des dégâts en débordant. Mais ces moines sont d’une grande tolérance et accueillent volontiers les visiteurs de toutes les confessions, moyennant une petite obole bien sûr. L’endroit est éminemment photogénique et d’un calme relaxant. Enfin nous y étions avant l’heure d’ouverture des restaurants, ceci explique peut-être cela.



Le confluent de la Buna et de la Neretva.

La première prend sa source sous le monastère de Blagaj et, paisible, se jette en petites cascades dans la seconde, tumultueuse, étonnamment canalisée dans la roche à cet endroit. Quand on sait que le débit moyen de ce fleuve est de 250 m3 par seconde, on imagine que le courant doit avoir une sacrée force !


Zitomislici

Ce monastère sur notre route était prometteur : comme beaucoup de lieux de cultes orthodoxes, il était parait-il couvert de fresques de toute beauté. Malheureusement, un évènement officiel était prévu lors de notre passage, 2 voitures noires de vigiles sont venues se garer à côté de Roberto et nous ont demandé de partir. On aurait peut-être du faire le coup de la panne ou de l’anglais de collégien, mais ils n’avaient pas l’air de rigoler, alors nous avons obtempéré…


Pocitelj

C’est une ville toute en pierre et toute en pente, dont on apprécie mieux l’architecture en grimpant jusqu’à sa forteresse par des escaliers bien raides. On plaint les gens qui devaient monter les packs d’eau au XVème siècle.



Stolac

On vient y voir en général les nombreux moulins qui se succèdent sur la rivière Bregava traversant la ville, et, en saison, on se baigne volontiers sous ses jolies cascades. Vu la grisaille et les températures fraîches, nous nous sommes contentés de la balade.


Les stecci de Bjelojevici

La Bosnie compte 22 sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO pour ses stecci, des tombes médiévales d’un genre particulier, gravées de motifs décoratifs encore peu expliqués aujourd’hui. On y trouve aussi bien des motifs géométriques que des soleils, des croissants de lune, des armes ou encore des scènes de chasse. Et plus rarement des inscriptions en cyrillique du genre « Je n’étais déjà pas grand-chose maintenant je ne suis plus rien » ou « Pas touche à mon caillou ». Un sens de l’humour à faire regretter cette époque. Les tombes de Bjelojevici étaient en accès libre, en plein milieu de la nature. Nous avons dormi dans le coin pour profiter de la tranquillité absolue.



Le monastère de Tvrdos

Oui, nous aussi nous avons du mal avec la prononciation. Et encore je vous simplifie la vie, je ne mets pas les accents. Ce monastère serbe orthodoxe date du XVème siècle et il semble parfaitement entretenu. En tout cas l’intérieur est exquis. Les vignes et les oliviers dans les jardins tout autour laissent penser à une production locale des moines. Mais si les bouteilles de vin et d’huile d’olive présentées dans l’immense boutique portent toujours la marque du monastère, il est évident que le petit domaine ne peut pas assurer une telle production. On ne sait pas non plus si ce sont les moines qui ont aménagé le parking pour les bus des tours opérateurs ni rempli les rayons de la boutique de bondieuseries, mais apparemment les affaires marchent. Après tout tant mieux pour eux. Un truc intéressant, si j’ose dire, c’est la main momifiée d’Hélène d’Anjou dans un coin du monastère. Lorsque son père a accepté de donner sa main au roi serbe Stefan Uros Nemanjoc, il n’imaginait certainement pas une fin aussi macabre.


Trebinje la méridionale

Cette ville est la plus au sud de la Bosnie, peuplée principalement de Bosno-Serbes. Elle fait partie d’ailleurs de la République Serbe de Bosnie. C’est compliqué là-bas. Proche de l’Adriatique, elle en récupère le climat doux et ensoleillé avec 260 jours de soleil par an. Elle est toute proche d’ailleurs de Neum, la seule ville maritime du pays (la Bosnie ne compte que 21 km de côtes, enclavées entre 2 territoires croates). Nous avons trouvé Trebinje plutôt agréable avec son étonnant pont de pierre déplacé pour cause de construction de barrage à 7 km de la ville alors qu’il en était distant de 15 (mais alors pourquoi pas directement en ville ?), son opulente cathédrale orthodoxe et des célébrités peintes dans tous les coins de rues.

Ah au fait, Trebinje, qui se prononce « trébinié », tirerait son nom de Napoléon qui, lors de son passage aurait trouvé la ville « très bien ». On s’étonne tout de même d’un vocabulaire aussi pauvre de la part de l’empereur.


La Bosnie, c’est fini

Ce spot où nous passerons la nuit peu avant la frontière avec la Croatie était notre dernière étape en Bosnie-Herégovine. Nous aurons vraiment beaucoup apprécié ce pays qui nous a surpris à bien des égards et touché par son histoire fragile, le tout dans des décors grandioses et sauvages.


Dubrovnik n’est qu’à 33 kilomètres de là. Nous allons la découvrir en famille. Avons-nous gardé le meilleur de la Croatie pour la fin ? A suivre au prochain épisode !

123. Croatie III

Nous entrons pour la troisième reprise en Croatie et retrouvons l’Union Européenne, l’euro et nos forfaits Free. Mais aussi un coût de la vie un peu plus élevé qu’en Bosnie, qui reste toutefois raisonnable par rapport à la France.

Vers le monastère de la rivière Krka

Nous longeons d’abord les gorges de la Cetina, dans des paysages méditerranéens typiques : vignes , oliveraies, paysages calcaires parsemés de buissons à l’état naturel et de vignes et oliveraies lorsqu’ils sont cultivés, petits villages aux murs blancs et tuiles ocres. Nous nous arrêtons au monastère de Krka, important centre religieux orthodoxe, sans pouvoir y pénétrer en raison de réunion religieuses en cours. Nous ferons tout de même une jolie balade dans l’environnement immédiat.


Le bruit de Skradin

Nous sommes là dans un parc national dont l’attrait principal est un ensemble de chutes étagées le long d’une rivière, un peu comme à Plivice. L’accès au circuit se fait en bateau, le reste se découvre à pied en suivant des sentiers, passerelles, escaliers de pierre …et touristes. Le nombre de personnes, sans doute plus élevé que d’habitude puisque nous sommes un week-end, reste toutefois raisonnable et ne nous gâchera pas la visite. Les chutes, l’environnement, les brumes, la couleur de l’eau sont magnifiques. On en voit sortir de partout, disparaître miraculeusement à un endroit pour ressurgir quelques dizaines ou centaines de mètres un peu plus loin, et toujours en quantité impressionnante. Le débit moyen de la rivière Krka est de 55 m3 par seconde, et ça peut dépasser les 300 en haute saison. Difficile de croire ici que la planète manque d’eau, mais nous sommes en saison de fonte des neiges sur les sommets, ce n’est peut-être pas comme ça toute l’année. Le grondement de l’eau est aussi omniprésent, au point qu’ici on ne parle pas de « cascade de » mais de « bruit de ». Ainsi, la chute principale appelée « Skradinski Buk » se traduit par « Bruit de Skradin »


Vieilles bagnoles

Encore un collectionneur de voitures anciennes qui a réuni une cinquantaine de modèles dans un hangar et vous en fait volontiers la visite. Beaucoup de modèles de l’Est et quasiment pas d’Américaines, ça change un peu. Nous avons le plaisir de retrouver quelques modèles français dans lesquels nous avons circulé, enfants ou adultes. Le clou du spectacle est tout de même cette coccinelle VW dont la tôle a été totalement remplacée par du fer forgé, plaqués or 24 carats en plusieurs endroits et sertie à d’autres de plus de 8000 cristaux de Swarovski. 2500 heures de travail pour le fer forgé, 500 pour le plaquage en or et 100 supplémentaires pour les cristaux. Et l’auteur, M. Vrbanus, est là pour nous le raconter. Il nous montre aussi fièrement les nombreuses récompenses qu’il a obtenues dans diverses expositions et son inscription à la prestigieuse collection Ripley’s « Believe it or not ». La voiture est totalement fonctionnelle et sert exceptionnellement pour des mariages.

Mais le clou du spectacle, c’est ça, présentée par son auteur qui plus est :


Les villes dalmates

Nous retrouvons ici, en Dalmatie, la côte adriatique et une succession de jolies petites villes aux traits similaires. Ayant dû se défendre par le passé tour à tour contre les Vénitiens et les Ottomans, elles sont en général fortifiées et ont pu conserver un cœur médiéval aux ruelles étroites pavées d’un marbre glissant. Croatie oblige, les cathédrales et autres édifices catholiques y sont nombreux et plutôt bien entretenus.
Le seul bémol est que nous avons trouvé rassemblés dans ces villes tous les touristes que nous n’avions pas encore vus ailleurs. La saison commence tôt ! Malgré les ressemblances, chacune de ces cités possède quelques particularités

* Zadar, son orgue marin, son « Salut au soleil » et son musée du verre antique

C’est un humain qui a construit l’instrument, mais c’est la nature qui en joue, plus précisément le vent et la mer. L’orgue marin de Zadar ne se voit pas, caché sous les marches d’une jetée, mais il s’entend : au gré des vagues, des sons de rythme aléatoire et de tonalité variable sont émis, évoquant tantôt une flûte de pan tantôt des chants de baleines. Une étrange musique qui semble hypnotiser quelques auditeurs, manifestement assis là immobiles depuis un bon moment. Juste derrière, c’est un grand disque bleu sur le sol qui attire plus ou moins la foule. Une sorte de panneau solaire géant qui réfléchit différemment la lumière du soleil selon les moments de la journée.  Cette fois, le concepteur – le même que pour l’orgue – a voulu faire davantage visuel qu’auditif, mais nous n’avons pas vraiment perçu de jeu de lumière, tandis que le bruit des gamins qui se coursaient sur le panneau dominait la visite. Nos nous sommes réfugiés dans le musée voisin, dédié au verre antique et notamment à ses astucieux procédés de reconstruction.


* Turanj et son île en forme de cœur

Il suffit de jeter un œil sur Google Earth, dans la zone maritime proche de la ville de Turanj, et vous allez la trouver. Elle n’a peut-être plus aujourd’hui l’aspect sauvage de la photo satellite, il parait qu’un promoteur immobilier est entrain de tout raser pour en faire un projet ciblé sur l’amour. Vraiment ?


Spot dodo

Juste avant notre destination suivante, Sibenik, nous faisons halte pour la nuit – les vanlifeurs ont coutume d’appeler ça un « spot dodo » – sur les hauteurs de la ville. Le petit chemin étroit terreux et caillouteux a donné un peu de fil à retordre à Roberto, mais le panorama à l’arrivée sur cet ancien fort était exceptionnel. Une fois de plus nous étions seuls pour la nuit.


* Sibenik, le coup de coeur ?

La ville se découvre d’abord en longeant les quais, où les locaux prennent l’habitude de boire leur café le matin. Après, il suffit de s’enfiler dans n’importe quelle petite ruelle, tout est à flanc de colline. Les pierres des maisons, les dalles de marbre du sol, les petites curiosités à découvrir à chaque coin de rue ou de placette, tout est un régal pour les yeux et, malgré le temps radieux, la foule n’est pas encore au rendez-vous. Nous visitons, entre autres, la belle cathédrale St Jacques, à la fois gothique et renaissance, curieusement bordée d’une frise extérieure de 71 portraits d’anonymes, vraisemblablement des donateurs, plus ou moins gentiment caricaturés selon l’importance de leur don. Une porte encadrée de lions, supportant des statues d’Adam et Eve, ainsi qu’un baptistère finement sculpté complètent l’ensemble. Nous finirons bien sûr par goûter à la cuisine locale, bonne sans être exceptionnelle. Mais le joli cadre pardonne tout.


* Spot dodo bis


* Rogoznica et son oeil du dragon

Cette cité balnéaire serait banale sans son petit lac d’eau de mer entouré de falaises, formé selon la légende par l’œil qu’un dragon fâché se serait extirpé avant de le jeter sur la falaise, fondant la roche à cet endroit, et selon la science par l’envahissement d’un trou naturel du sol par la mer Adriatique à la fin de l’âge de glace. C’est comme pour les décomptes de manifestants, on ne sait jamais qui a raison.


* Trogir, heureuse et cachée

Trogir est une petite ville sur une petite île prise entre le continent et une île plus grande, ce qui l’a peut-être miraculeusement protégée des différentes agressions (vivons heureux vivons cachés) et lui a permis de conserver des beaux monuments intacts de styles Roman et Renaissance derrière ses murailles. Les forces napoléoniennes ont aussi laissé une petite gloriette en souvenir de leur passage.


* Kastilac alias Braavos : have you GoT it ?

Kastilac n’est rien d’autre qu’un petit château sur un îlot carré, mais il attire du monde parce qu’il a servi de lieu de tournage pour être la ville de Braavos dans la série Game of Thrones (GoT pour les intimes). Beaucoup d’autres sites de Croatie ont été utilisés pour cette série, ainsi que pour le cinéma plus largement. Une partie non négligeable du tourisme croate se développe d’ailleurs autour de ce thème.


* Split, 2ème ville de Croatie

La ville se démarque par ses nombreux vestiges romains (son cœur fortifié, le Palais de Dioclétien, en est un à lui tout seul), son supermarché Spar classé au patrimoine mondial de l’Unesco (pour ses murs, pas pour ses boîtes de petit pois), sa statue géante de Grégoire de Nin (un évêque du Xe siècle qui lutta pour imposer le Croate à la place du Latin, devenant pour cela porte-bonheur à condition qu’on lui caresse le gros orteil), sa belle cathédrale Saint-Dominius ayant débuté sa vie par un mausolée en l’an 311, quand l’empereur romain Dioclétien y fut inhumé, avant de connaître une forte ascension sociale pour devenir église au Ve siècle puis cathédrale au VIIe.


A partir de Split nous quittons pour une quinzaine de jours la côte dalmate en nous dirigeant vers les montagnes. Nous ferons une première étape au site archéologique de Salona, l’ancienne capitale romaine de la province de Dalmatie, ayant hébergé jusqu’à 60 000 personnes. Puis une seconde à Klis pour visiter sa forteresse bâtie sur un éperon rocheux qui domine toute la campagne environnante. Même pour les non spectateurs de GoT (oui c’est Meereen dans la série), la grimpette valait le déplacement, rien que pour le panorama magnifique.



Et bien vous savez quoi, nous allons repasser en Bosnie, ou plutôt en Herzégovine, la province qui est associée au pays depuis sa création. Mostar la seconde ville du pays et quelques sites spectaculaires nous y attendent. A bientôt là-bas !

118. Rendez-vous au Bled

Nous voici donc entrés en Slovénie, un pays où nous n’avions jamais mis les pieds ou les pneus. Des premières impressions jusqu’au Lac de Bled, avec une petite incursion stratégique en Croatie, revivez avec nous cette grande boucle slovène.

SLO travel

Après avoir traversé l’Amérique centrale et passé au moins une et parfois plusieurs heures aux frontières entre chaque pays, ça fait du bien de passer d’un pays européen à un autre en ralentissant à peine devant le poste où un douanier lève à peine les yeux de son téléphone portable. Donc nous voilà en Slovénie. Ce qui frappe tout d’abord, c’est que l’on ne comprend plus rien à ce qui est écrit sur les panneaux. Un bon point, ça pour nous autres adeptes de dépaysement. Enfin du moment qu’on a un peu de réseau pour pouvoir utiliser Google traduction. Voulant goûter ce nouveau pays, nous roulons tout doucement en regardant partout, alors que les locaux nous talonnent avant de nous doubler d’un grand coup d’accélérateur, contredisant les lettres SLO qui figurent sur leur plaque minéralogique. OK les pressés, laissez-nous le slow-travel ! Parmi les autres premières impressions figurent le coût réduit du carburant (1,45 €/l de gazole) et des aliments, à contrebalancer avec le coût élevé du stationnement (souvent 3€/h) ou des aires pour camping-cars (minimum 35€/j soit le double de la France ou de l’Italie). Pour l’instant nous avons réussi à contourner ces endroits-là. Nous verrons par la suite.


La magie Koper

Dès le passage en Slovénie, le beau temps est revenu. Ça doit être un hasard, encore que nous avançons vers le Sud par rapport à nos destinations précédentes. Koper est l’une des rares villes côtières d’un pays dont la façade maritime n’a pas plus de 44 km de long. Autant dire que l’été ça doit être bondé. Imaginez la totalité des Français devant se partager les plages entre Narbonne et Perpignan au cœur de l’été ! En réalité, les Slovènes sont 34 fois moins nombreux, mais quand même.

Koper se présente comme un mignon petit port entouré d’un centre ville médiéval aux notes vénitiennes. L’opulence des édifices italiens n’est pas là, mais le charme opère tout de même.


Piran, reine de la reconversion

C’est l’autre ville côtière, sous forme d’une péninsule s’avançant dans la mer terminée par un ancien phare reconverti en clocher d’église. Il a tout de même donné son nom à Piran (ben oui, pyros en Grec ça veut dire feu). Comme à Koper, on retrouve une influence étrangère dans certaines constructions, comme ce palais vénitien, et cette petite statue aux airs danois (si vous séchez, regardez toutes les photos). Comme à Koper, la ville était autrefois construite autour d’un port presque intérieur, mais celui-ci a été reconverti en place parce qu’il en manquait. Quant à la cathédrale et au baptistère, ils semblent eux aussi avoir été reconvertis …en cages pour animaux si l’on en juge par la grille qui barre leur porte. Non sans avoir laissé juste derrière un tronc accessible aux fidèles, pas folle la guêpe !

Question subsidiaire : sur une petite place de Piran, on retrouve une sorte de chérubin portant des objets formant des cylindres creux (photo ci-dessus à droite). A quoi cela pouvait-il bien servir ? Réponse à la fin du sujet suivant.


Incursion en Croatie

Nous sommes loin d’avoir exploré toute la Slovénie. Nous y reviendrons plus tard. Mais nous avons trouvé plus pratique de compléter dès maintenant notre parcours en Istrie, cette péninsule triangulaire au bord de l’Adriatique et dont la majorité du territoire appartient à la Croatie. Le passage de frontière est plus marqué que le précédent, avec une transition brutale d’une zone assez peuplée (les 47 km de côtes slovènes) à un territoire très rural. Ça fait du bien de revoir des forêts, des champs, des montagnes. La première ville où nous faisons étape est de taille modeste et ne tranche pas forcément avec ce que nous avons vu en Slovénie. Un port, de jolies rues étroites et pavées, une basilique aux mosaïques scintillantes, des boutiques de souvenirs dont beaucoup de variétés de miel et de liqueurs.

Solution de l’énigme du paragraphe précédent :


Découverte inattendue

Nous faisons étape pour la nuit sur le parking du cimetière de Vodnjan, trouvé sur l’application Park4night que la plupart des voyageurs nomades utilisent pour trouver des endroits où se garer de jour comme de nuit et pour trouver quelques facilités comme l’eau ou les laveries self-service par exemple. Une fois l’endroit décrit, d’autres voyageurs laissent leur témoignage ou enrichissent la description initiale. C’est l’un de ces commentaires qui nous a incités à visiter la ville le lendemain, alors qu’elle ne figurait pas sur notre guide papier. Objet d’un festival annuel de street art, la petite ville de 6000 habitants, abhorre une trentaine de fresques sur ses murs et de vieux immeubles en pierre en son centre. Il y aurait aussi plusieurs centaines de momies de religieux dans l’église, mais celle-ci était malheureusement fermée. Heureusement, par définition, le street art c’est H24 !


Pula et ses vestiges romains

La pointe Sud de l’Istrie est occupée par la ville de Pula, dont la particularité est d’héberger de nombreux vestiges romains, comme un amphithéâtre, quelques temples, et quelques mosaïques. On pourra regretter que tout ça ne soit pas particulièrement mis en valeur. Ainsi ce chantier qui semble être là depuis un moment dans l’amphithéâtre, ces fondations de la maison d’Agrippine, protégées mais en plein dans la cour d’un immeuble, l’arrière du temple jumeau de celui d’Auguste utilisé comme mur arrière de la mairie, où encore cette mosaïque romaine vieille de 18 siècles, plutôt bien conservée mais que nous avons eu du mal à dénicher. Il a fallu traverser un terrain vague et contourner un parking avant d’oser s’aventurer dans une petite ruelle obstruée par un camion de chantier et un tas de gravats.


Champions de l’inutile


Rijeka

Nous n’avons pas trouvé grand charme à la 3ème ville de la Croatie : pas d’unité architecturale, beaucoup de circulation et peu de choses à visiter. Nous retiendrons tout de même 3 choses : une curieuse Cathédrale de Saint Guy toute en rond (pour danser peut-être ? ;)), un musée de l’informatique (voir plus loin) et la première fabrique mondiale de torpilles qui, faute de préservation, va finir par disparaître dans la mer. Ce serait pourtant dommage d’oublier que c’est ici, à Rijeka qu’ont été mises au point les toutes premières torpilles. La base pour les premiers essais a été bâtie en 1860, suivie de l’usine actuelle qui a fonctionné de 1930 à 1966. Aujourd’hui ce n’est plus qu’une carcasse de béton, mais ce bâtiment a révolutionné en son temps l’armement maritime, tout en étant sans doute responsable de milliers de morts. Alors, on le sauve ou on le sauve pas ?


PEEK & POKE

Ces commandes de programmation ne parlent qu’aux initiés, mais le sous-titre « Musée de l’informatique » est plus évocateur pour les autres. Mais j’estime faire partie des premiers, en ayant vécu toute la progression de l’informatique depuis le début. J’avais 10 ans quand la télévision familiale est passée du noir et blanc à la couleur, 20 ans quand j’ai soudé avec mes frères une centaine de composants sur un circuit imprimé pour en faire un jeu de ping-pong qui se branchait sur sur la télé, 22 ans quand j’ai eu mon premier ordinateur, le ZX81, une sorte de grosse calculatrice programmable en BASIC mais dont le programme, limité à 1000 caractères, s’effaçait lorsqu’on éteignait la machine. D’autres machines ont suivi, avec davantage de mémoire vive (RAM), la possibilité de stocker ou charger un programme sur une cassette audio, puis sur des disquettes et enfin des disques durs. J’avais 29 ans quand je me suis offert mon premier compatible PC (Amstrad PC2086) avec écran intégré et surtout un disque dur de 20 Mo (à l’époque c’était énorme, aujourd’hui le disque dur de mon ordi portable fait 1 To). A 30 ans, j’ai commencé à informatiser mon cabinet médical en développant un programme adapté à un fonctionnement en réseau. J’ai quasiment utilisé toutes les versions de Windows depuis la 3.1. J’ai vu apparaître Internet et les téléphones portables lorsque j’avais 40 ans. Alors oui, je suis vieux, j’ai l’impression d’avoir été un pionnier de l’informatique, et c’est sans doute pour ça que j’ai retrouvé avec plaisir un peu de toute cette progression fantastique dans ce musée, y compris un exemplaire de mon ZX81 !


Bouticocanardophilie


Le lac intermittent

Nous voici de retour en Slovénie, à Cerknika, dans une région au sol karstique, comprenez un gruyère de calcaire. avec beaucoup de grottes et de galeries souterraines. En été, ces formations absorbent bien l’eau et le lac se vide presque complètement. Pendant la saison des pluies, au printemps et à l’automne, le sous sol est vite saturé d’eau et le niveau du lac monte. Il peut passer en une seule journée de 0,1 km2, sa surface minimale, à 38 km2, sa surface maximale. C’est le plus grand lac intermittent d’Europe, et, lorsqu’il est plein, le plus grand lac de Slovénie.


Un château troglodyte

Construit directement dans une falaise à partir du XIIIème siècle, le château de Predjama était quasiment imprenable. Il fut tout de même assiégé vers la fin du XVè siècle par l’armée de l’empereur Frédéric III dont un parent avait été assassiné par l’occupant des lieux, le baron Erazem Lueger. Le siège dura plus d’un an, l’astucieux occupant continuant de s’approvisionner à l’extérieur grâce à un tunnel secret. La plaisanterie se termina le jour où, grâce à une complicité interne, l’armée envoya un boulet de canon sur le mur des toilettes à ce moment occupées par le baron, et qui s’effondra sur ce dernier. Mourir assis sur le siège après un an de siège, c’est un comble !

Nous avons pris plaisir à visiter ce château peu commun, grandement aidés par des audioguides en Français très bien faits.


Les grottes de Postojna

Nous avons pénétré dans le plus grand système de grottes de Slovénie, plus de 700 km de galeries sur une longueur de 20 km. D’abord en empruntant un petit train puis à pied.

Nous avions déjà vu un certain nombre de grottes dans notre vie, mais celles-ci sont véritablement exceptionnelles. D’abord par l’immensité du réseau, telle que dès les premiers mètres de voie ferrée apparait déjà une féérie de stalactites et stalagmites, certains ayant dû être coupés d’ailleurs pour que les têtes des passagers ne frottent pas trop au plafond. On nous a conduit dans des salles immenses, certaines pouvant accueillir des concerts avec 10 000 places assises. Tout est à la fois protégé et bien mis en valeur. Du grand spectacle, assurément.


Bébés dragons ou poissons humains ?

Dans les eaux profondes du réseau de grottes de Postojna, on trouve plusieurs espèces animales qui se sont bien adaptées à l’obscurité. Parmi elles, le protée anguillard, une sorte de salamandre aquatique à la peau rose pâle, dépourvue de tout pigment – devenu inutile dans le noir – et dont les yeux se sont atrophiés pour la même raison. Il arrive régulièrement que des grosses crues fassent remonter ces bestioles à l’extérieur des grottes, qu’à une certaine époque on imaginait peuplées de dragons. Le corps ondulé et les branchies rouge vif ont fait prendre les protées pour les bébés de ces monstres souterrains. Ceux qui ignoraient la légende ont plutôt parlé de poissons humains, en raison de l’aspect et de la couleur de la peau proches de celle des Slovènes.

La bête

A côté des grottes, nous avons pu voir, dans un vivarium plongé dans la quasi-obscurité, plusieurs exemplaires de cette espèce peu connue, capable de rester dix ans sans se nourrir, de régénérer ses membres perdus et de vivre une centaine d’années.

Alors, bébés dragons, poissons humains ou protées anguillards ? Quel nom préférez-vous ?


Le Lac Sauvage

Après le Lac Intermittent de Cerknica, voici le Lac sauvage. En ce jour de beau temps, ce tout petit lac a l’air tout tranquille, mais après une forte pluie, son niveau peut monter brusquement et même un geyser peut se former. C’est qu’il est relié à des galeries karstiques en profondeur, drainant l’eau d’un vaste territoire. Pour le voir dans cette phase, regardez cette vidéo sur Youtube.

Mais pour nous il est resté calme, et nous avons pu nous promener le long de cette rivière qui mène à Idrija, notre prochaine étape.

Juste au-dessus de la rivière, nous avons suivi un canal conduisant une eau limpide jusqu’à un bâtiment dans lequel nous avons pu entrer

A l’intérieur se trouve la roue géante d’un moulin, de 13 mètres de diamètre, dont l’action est d’animer …une pompe à eau. C’est que, juste à côté, se trouve l’entrée d’une mine. Mais une mine de quoi ?


Mercure l’insaisissable

En 1490 à Idrija, un fabricant de seaux a trouvé dans un ruisseau des petites gouttes de métal liquide. Ce fut le début d’une ère minière extraordinaire pour la ville qui a produit en 500 ans 13% du mercure mondial, le récoltant directement sous forme liquide ou le produisant à partir de minerai (cinabre). Si forcément Idrija s’est enrichie et a fait grandement progresser la science, ça n’a pas été aussi bénéfique pour la planète puisque les 2/3 du mercure produit ont servi à l’extraction de l’or et de l’argent en Amérique, avec la pollution qui s’en suit. Et ça n’a pas été si bon non plus pour les mineurs qui ont souffert de la toxicité du vif-argent, autre nom donné au précieux métal liquide. Aujourd’hui encore, les rivières locales restent polluées et la ville menace de s’effondrer sur le gruyère de galeries qui traversent son sous-sol.

Gouttes de mercure dans un cube de résine
(œuvre d’art du musée)
Miroir ô miroir, dis-moi qui est la plus belle…

Quant à l’origine du nom du métal, il aurait été associé des sa découverte à Mercure le messager des dieux romains connu pour sa rapidité qui le rendait insaisissable. Un peu plus tard, on donna le nom du métal à la planète la plus proche du soleil et donc la plus rapide à en faire le tour (88j). Par ailleurs, Mercure est le dieu des voyageurs, ce qui nous conviendrait parfaitement s’il n’était pas aussi le dieu des voleurs et des commerçants… Bizarre cette association !


Faire dans la dentelle

Les progrès technologiques dans l’extraction du mercure au XVIIè siècle a fait chuter la demande en main d’oeuvre à Idrija et, comme dans d’autres cités minières, ce sont les femmes qui ont pris le relais économique de leur famille en produisant de la dentelle, avec la technique des fuseaux qui demande un temps considérable mais offre une qualité exceptionnelle. La première école de dentellerie a ouvert ici en 1876 et est toujours en activité en 2024. On y accueille des jeunes filles de 6 à 15 ans, toutes volontaires, qui suivent une formation gratuite de 3 heures par semaine et qui dure 6 ans ! Une partie du musée municipal d’Idrija est consacrée à cet art et présente des oeuvres magnifiques, comme on peut en juger sur les photos.


…et 27 font douze

La petite ville de Škofja Loka a quelque chose de spécial en Europe : elle fait partie du douzelage (sic) initié par la cité normande de Grandville en 1991, en gros un jumelage avec 11 autres villes de l’Union Européenne. Seulement voilà, l’Europe entre temps s’est élargie à 28 pays, mais le terme de douzelage est resté.

Sinon Škofja Loka serait la ville slovène au centre médiéval le mieux conservé. Ce qui ne saute pas aux yeux d’emblée, mais le tremblement de terre de 1511 qui a dévasté la ville y est peut-être pour quelque chose. Nous y avons trouvé tout de même une architecture originale et visité dans son château un intéressant musée sur le patrimoine culturel slovène.




Alimentaire mon cher Watson

Juste un titre bidon pour introduire quelques spécialités trouvées dans les magasins. On ne peut pas dire pour l’instant que nous ayons été transcendés par la cuisine slovène.


Arrivés au Bled

Nous terminons notre remontée depuis la pointe Sud de l’Istrie avec le Lac de Bled. Une vague pluvieuse nous coince presque 48h dans Roberto, l’occasion de se reposer un peu et de rattraper notre retard qui dans la planification de notre itinéraire qui dans l’avancée du blog. Dès l’accalmie nous partons à la rencontre de ce lac très prisé des touristes en saison, mais quasi désert en février surtout avec la récente pluie. Partant pour un tour du lac à pied (6 km) nous prenons le temps d’apprécier ses éléments emblématiques : l’ilot central avec sa petite église, le château perché sur son rocher, la grande église de la ville et les bateaux au taud en toile rayée qui relient les quais à l’ilot. Notre promenade s’arrête après à peine 1 km, le sentier piéton étant fermé pour travaux sur 200 ou 300 mètres. Nous pensions emprunter la route, mais celle-ci, tout en étant autorisée aux voitures, est interdite aux piétons. En bon français, nous tentons tout de même le passage par la route, mais un vigile dans une voiture banalisée nous rappelle vite à l’ordre. Voilà comment sont traités les piétons à Bled. Est-ce pour nous forcer à reprendre notre voiture et nous garer à l’autre bout du lac pour 6 euros de l’heure ? Qui sait…



Carte


112. La révolution d’Octobre

Loin de nous poser lors de cette phase française de notre voyage, nous avons encore avalé pas mal de kilomètres au cours de ce mois d’octobre. La relative dispersion des membres de notre famille ou de nos amis nous a donné l’occasion de découvrir ou redécouvrir quelques jolis coins de notre pays.

a) Miroir ô beau miroir, dis-moi qui est la plus belle…

J’adore les effets miroir. Le reflet parfait d’un paysage sur un plan d’eau tout aussi parfaitement lisse. Ces derniers temps nous avons été gâtés, principalement le matin avant que la brise ne se lève. Voici quelques clichés récents. Saurez-vous reconnaître celui qui volontairement a été placé à l’envers ?

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Les réponses aux différents quiz sont groupées en fin d’article


b) Cyrano de Paris

Les apparences sont trompeuses lorsqu’on visite Bergerac : les effigies et allusions au héros de Rostand sont partout. On pourrait croire que les habitants ignorent que le vrai (Savinien de) Cyrano de Bergerac n’a jamais mis les pieds dans leur ville. Il est né et a grandi dans les Yvelines. Mais ça les arrange quand même bien, car ça fait venir le touriste et c’est plus glorieux que le vrai fonds de commerce de la ville : le tabac et l’alcool. Bon, j’exagère un peu, j’aime bien les vins de la région, la ville ne produit plus de tabac depuis 2015 (mais son musée du tabac en retrace toute l’histoire) et elle possède de vrais attraits touristiques : balades en gabarres sur la Dordogne, centre historique médiéval tout en ruelles tortueuses et maisons à colombages, restaurants gastronomiques, festivals de théâtre, etc.

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Quiz : Le vrai Cyrano de Bergerac fut :
1°) auteur de science-fiction
2°) mousquetaire
3°) navigateur au long cours
Laquelle de ces affirmations est fausse ?


c) Le musée qui fait un vrai tabac

Je ne sais pas vous, mais moi, j’ignorais que Bergerac avait été un haut lieu de production du tabac en France pendant les deux derniers siècles, grâce à des conditions climatiques favorables (hivers doux, étés chauds et humides) et un port bien placé sur la Dordogne. La production était bien sûr très encadrée par l’État. Au musée du tabac de Bergerac, qui n’incite en rien les gens à fumer, on vous raconte toute l’histoire de la plante à nicotine depuis son usage longtemps exclusif par les populations d’Amérique du Sud et d’Océanie jusqu’à ce que Christophe Colomb a ramène le tabac en Europe et pourrisse ainsi les poumons de milliards de personnes. Les différents usages du tabac ont conduit à la réalisation de nombreux accessoires (râpes, pipes, enseignes, porte-cigarettes, etc.) dont certains hautement artistiques sont exposés dans ce musée.

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une pipe créée spécialement pour le musée

Quiz : que signifient les lettres du sigle SEITA ? Ne trichez pas, essayez sans Google…


d) Cantal de Monaco

Ce titre a un petit air de princesse monégasque, mais c’était bien avant Steph de Monac. En 1643 précisément. Louis XIII avait donné à Honoré II de Grimaldi et ses successeurs le droit de percevoir les impôts du Comté de Carlat (encore un fromage et une chanteuse mais je n’y suis pour rien) dont la capitale était Vic-sur-Cère. Et un hôtel particulier en prime. L’affaire dura jusqu’en 1789 jusqu’à ce que les révolutionnaires y mettent fin. Bons princes (c’est le cas de le dire), ils laissèrent tout de même aux monégasques l’hôtel particulier que Louis XIII leur avait offert en prime. Rainier III en 1951 et Albert II en 2014 sont venus y séjourner brièvement. Peut-être pour marquer leur territoire en faisant pipi dans les toilettes, qui sait ?


e) Vic-les-Bains

Si vous connaissez cette ville, vous êtes démasqué(e) : vous êtes un(e) voyageur(euse) du temps. Parce que la ville n’existait qu’au XVIIème siècle. En ce temps-là, la source d’eau minérale aux propriétés fabuleuses attirait du grand monde. Comme par exemple Anne d’Autriche, épouse de Louis XIII, qui après 22 ans de mariage n’avait toujours pas d’enfant. Elle vint faire une cure à Vic-les-Bains en 1637. Louis XIV naquit l’année suivante ! Reconnaissant, il fit embouteiller l’eau dix ans plus tard et s’en faisait livrer à domicile.

Aujourd’hui, la ville est devenue Vic-sur-Cère. L’eau thermale n’est plus exploitée. Au kiosque où elle sourd encore, avec la même composition physico-chimique qu’autrefois, un panneau indique qu’elle n’est pas potable. Certains minéraux auraient déplu aux députés ou aux lobbyistes européens. On me dit que les vicois(es) voteraient volontiers pour un Louis XIV s’il venait à se présenter aux élections…

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f) Cantal’architecture, parlons-en !

A l’occasion d’un week-end réunissant une partie de la famille et des amis, nous avons pu apprécier l’architecture si particulière du Cantal. Notre location était assez typique de la région avec ses murs en pierres volcaniques, son toit pentu couvert de lauzes taillées en écailles de poisson, et sa grande pièce centrale unique qui s’est avérée idéale pour notre petit groupe. La visite du centre-ville de Vic-sur-Cère nous a permis de retrouver beaucoup d’autres éléments construits sur le même modèle. Un régal pour les yeux. Et c’est sans parler de l’environnement montagneux alentour.

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g) L’homme qui inventa la vache rouge

A Salers en Haute Auvergne, le climat d’altitude et les pentes conviennent mieux aux pâturages qu’aux cultures. Vers 1850, une race de vache aux longs poils et aux cornes en forme de lyre, descendante de l’aurochs, pourtant bien adaptée aux conditions locales, perdait peu à peu ses caractéristiques en raison d’un métissage excessif. Un éleveur dynamique de la ville de Salers, Ernest Tyssandier d’Escous s’inspira des Anglais et restaura la race en faisant se reproduire entre eux les meilleurs animaux préalablement sélectionnés. Il organisa même un concours annuel pour récompenser les meilleurs mâles reproducteurs.

Des troupeaux de vaches rouges paissent maintenant partout dans la région, la race s’exporte dans 25 pays du Monde et le buste d’Ernest trône sur la place principale de sa ville reconnaissante.

Quiz : Quelle est la particularité de la vache de Salers (une seule bonne réponse)
1) elle ne se trait qu’en présence de son veau
2) elle ne se nourrit que de foin monté en graines
3) elle rit


h) Avons-nous perçu le bon Salers ?

Le village de Salers, dans le Cantal, est l’un des « plus beaux villages de France ». Même s’il en existe 175 autres, nous ne pouvions le rater. Nous y avons retrouvé la jolie architecture auvergnate de ces derniers jours, rassemblée sur une petite colline de pierre volcanique. Les ruelles étroites, le caractère moyenâgeux, les points de vue sur les volcans d’Auvergne et les spécialités de la région attirent malheureusement les boutiques de souvenirs, les bars, les restaurants et tout le petit monde qui va avec. Même si ce n’était pas la grande foule hors saison, cela enlève de l’authenticité au lieu et, personnellement, j’ai préféré les anonymes petits villages voisins. La rançon du succès.

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i) Derniers à Ré tout le monde descend

C’est tout l’avantage du hors saison que de pouvoir visiter tranquilles des sites habituellement bondés le reste du temps. C’est ainsi que nous avons traversé sans crainte le pont qui mène à l’île de Ré. La circulation très espacée dans la partie la plus proche du continent est devenue presque nulle à l’autre extrémité. Nous avons dormi dans un silence parfait sur un parking en pleine nature près du Phare des Baleines, auprès duquel nous nous sommes rendus le lendemain. Accompagnés de quelques autres visiteurs, nous l’avons vu se dévoiler progressivement de sa brume de mer matinale, tout en appréciant la côte sauvage à cet endroit.

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Plus tard, de passage dans le joli village d’Ars-en-Ré, nous avons encore trouvé des rues désertes. Dommage pour un site faisant partie des « plus beaux villages de France ». Mais tant mieux pour nous !

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Quiz : le clocher de l’église du village est inhabituellement bicolore, avec la pointe noire et la base blanche. Pourquoi ?
1) en hommage à Nicéphore Niépce, enfant du pays, inventeur de la photographie
2) pour être vu de loin par les bateaux
3) parce que la partie noire en haut attire moins la foudre que la partie blanche
4) en souvenir du couvreur qui est tombé du toit après avoir posé la moitié des ardoises



j) Spectacle au format PDF

Claudie y était allée il y a une quinzaine d’années. Pour ma part c’était une première. J’étais resté sur l’idée d’un grand son et lumière régional où les habitants du coin, tous bénévoles, défilaient vêtus en paysans devant un château en feu. J’étais vraiment loin de la réalité et remercie vivement nos amis Dominique et Christophe de nous avoir conduits dans ce lieu magique et remis en place nos idées préconçues. Vous avez peut-être reconnu dans le descriptif le Puy Du Fou, un parc à thème créé il y a plus de 40 ans, qui a su se développer au fil des années sans jamais vouloir ressembler aux parcs d’attraction classiques basés sur des dessins animés ou des bandes dessinées.

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Nos enfants étant maintenant de jeunes adultes, nous n’avions pas fréquenté ce genre de parcs depuis longtemps, et nous avons été véritablement scotchés par les progrès technologiques et l’inventivité de la mise en scène des différents spectacles présentés. Il est bien difficile de décrire une journée aussi intense en une dizaine de lignes ou en quelques photos et vidéos, mais soyez-sûr(e)s d’être conquis par une visite sur place et d’être converti(e)s au format PDF.

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k) La ville qui s’appelait Napoléon

Une des premières décisions de Napoléon après s’être autoproclamé empereur a été de destituer de son statut de préfecture de la Vendée la ville de Fontenay-le-Comte au profit d’un petit bourg appelé La Roche-sur-Yon. La nouvelle préfecture, développée et équipée selon les préceptes napoléoniens, porta le nom de l’empereur à plusieurs reprises au cours de son histoire. Des savants de retour de la campagne d’Égypte, sans doute impressionnés, choisirent de conserver dans la ville des modèles mécaniques d’animaux afin de mieux les étudier. Perdus pendant plus d’un siècle, ils ont fini par être retrouvés et furent remis à la disposition du public sur la place principale appelée naturellement « Place Napoléon ». C’est le seul endroit qui porte encore la marque de l’empereur car, curieusement, après Waterloo, la ville reprit son nom original.

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l) On se fait un McDo ?


m) Une bonne base pour Dali

De passage à Bordeaux, nous avons découvert le Bassin des Lumières, une reconversion étonnante d’une base sous-marine germano-italienne construite pendant la guerre en espace de spectacles numériques. Les artistes à l’honneur le jour de notre visite étaient Dali et Gaudi. Nous avons pu apprécier leurs œuvres qui, projetées sur les immenses murs, sols et bassins de l’édifice, enrichies par la pénombre, l’animation et l’accompagnement musical (Pink Floyd pour Dali) étaient vraiment magnifiées par le lieu. Une expérience que nous espérons revivre prochainement avec les futurs invités : Tintin et ses acolytes.

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n) L’effet papillon

Dans nos critères de choix pour notre futur Roberto, la discrétion était importante : une couleur autre que le blanc pour ne pas ressembler à un camping car, et plutôt foncée pour se fondre dans l’environnement. Ici sur ce parking à Agen, l’intégration au décor était maximale, notre sticker de morpho bleu ajouté au Costa Rica étant parfaitement en phase avec la vitrine du magasin devant lequel nous étions garés.


o) Le Karaboudjan, le Requin et la Licorne

Hergé pouvait-il imaginer qu’un jour ses bateaux fétiches se retrouveraient dans une base sous-marine à près de 900 km de sa Belgique natale ? Et pas seulement, puisque, de retour au Bassin des Lumières de Bordeaux, nous avons vu défiler tout l’univers de Tintin, des couvertures aux personnages, jusqu’aux jurons du Capitaine Haddock. En cette période de vacances scolaires, si les enfants étaient nombreux et généralement peu attentifs, le public était majoritairement adulte, chacun retrouvant les lectures de son enfance ou d’une période plus récente. Personnellement, j’ai adoré lire les BD de Tintin. Peut-être que mon envie de voyager et de découvrir le monde vient de là ? Je me souviens encore du premier album que j’ai lu et relu : l’Étoile Mystérieuse. Et vous, vous souvenez-vous de votre tout premier Tintin ?

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p) Faites-le vous-même, mais pas tout seul

Ce slogan d’une grande enseigne de bricolage tombe à pic pour légender ma photo. Petite surprise en démontant un luminaire dans la maison que viennent de louer mon fils et sa compagne. Ces punaises dérangées pendant leur sommeil ont retrouvé la liberté après un transport dans une tasse à café, le premier récipient à portée de main. Aucun animal n’a été maltraité, comme ils disent à la fin des films où l’on pourrait en douter.

Quiz : De quelle enseigne est le slogan du titre ?
1. Mr Bricolage ?
2. Leroy Merlin ?
3. Castorama ?
4. Brico Dépôt ?


C’est avec ces peu sympathiques mais inoffensives bébêtes que se termine le parcours d’octobre de Roberto et de ses occupants, que l’on peut qualifier de révolution tellement nous tournons autour du même secteur. Et puis la révolution d’Octobre, ça sonne bien, non ? A bientôt !

P.S. Les solutions des différents quiz : a2 ; b3 ; g1 ; i2 ; p1

109. En attendant Roberto

Nous voici donc de retour en France métropolitaine (oui, ceux d’outre-mer disent toujours ça pour bien faire la différence, et quand ils disent la France tout cours c’est péjoratif) le temps que Roberto traverse l’Atlantique. Contrairement au héros désespérément absent du roman de Samuel Beckett à peine évoqué dans le titre de l’article, nous espérons que notre « Godot » à quatre roues apparaîtra bien à la fin de la pièce !

Retrouvailles contrastées

Nous débarquons dans l’Hexagone en pleine période de violences urbaines. Saccages, pillages, bataillons de policiers et hélicoptères qui tournent dans la nuit. Et dire que l’Amérique centrale apparait violente aux yeux des Européens… Nous regrettons presque notre paix de là-bas ! Heureusement, il y a des compensations. Nous retrouvons avec bonheur la famille et la gastronomie française, comme ce « grand petit déjeuner » (l’emploi de l’anglicisme « brunch » est déconseillé par le ministère des finances) qui a réveillé d’un coup nos papilles gustatives un temps endormies.


Mais au fait, dans quelle ville sommes-nous ? Voici quelques indices pour la découvrir…

Mais oui, les derniers indices étaient particulièrement parlants, nous étions bien à Agen, préfecture du Lot-et-Garonne


Et pendant ce temps là, Roberto flâne tranquillement entre la Floride et les Bahamas…

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Devoir de mémoire

Après cette pause familiale à Agen, nous repartons vers la Belgique récupérer Roberto, dont l’arrivée est annoncée le 31 juillet, soit 18 jours après la date initialement prévue. La seule consolation est que nous ne sommes pas obligés de faire la route d’une traite.

Encore une petite devinette pour trouver notre première étape :

Après une nuit dans un gîte proche de la ville martyr et d’un lieu-dit au nom trompeur, avec pour voisins quelques alpagas, nous faisons effectivement cette première étape à Oradour sur Glane, un petit village près de Limoges, rendu tristement célèbre par le massacre de plus de 600 de ses habitants le 10 mai 1944 par des troupes allemandes faisant preuve d’une bestialité extrême.

Afin que jamais ne se perde la mémoire de ces atrocités, le lieu a été sanctuarisé et ouvert à la visite, dans le respect de ses habitants. Chacune des maisons en ruines – incendie criminel oblige – porte le nom de son occupant au moment du drame. Les objets laissés sur place témoignent de ces vies soudain réduites au néant. Un mémorial expose les photos des 643 victimes, toutes civiles et dont beaucoup d’enfants pendant qu’une voix monocorde égrenne leurs noms et âges.

Une visite émouvante mais nécessaire pour ne pas oublier ce dont sont capables les humains, en temps de guerre ou même en dehors.

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La place centrale du village où tous ses habitants furent rassemblés au prétexte d’un contrôle d’identité
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Et pendant ce temps là, Roberto longe les côtes de la Géorgie, de Brunswick à Savannah. Vue de l’application, la densité du trafic maritime est parfois inquiétante. Pourvu que le Titus ne se perde pas !


Restauration insolite

Appelée « Le Garage », c’est une petite auberge au milieu de nulle part, trouvée par hasard sur notre route. Après avoir traversé champs et forêts, on tombe sur un amoncellement de voitures de tous âges de part et d’autre d’un garage en apparence fermé. Au point d’avoir un doute : la restauration mentionnée sur notre plan ne concernerait-elle pas uniquement les voitures ?

Mais derrière les quelques tables désertées d’un jardinet parsemé d’objets décoratifs en tous genres, du hibou qui nous fixe de ses yeux formés de spots halogènes aux faux consommateurs en plastique, la patronne des lieux nous ouvre sa porte. Ouf, c’est bien un restaurant !

L’intérieur est tout aussi kitsch avec les toiles cirées à carreaux rouge et blanc sur les tables, les salières-poivrières en passagers de tracteurs miniatures, le vin servi en bouteilles de limonade. Et que dire de l’environnement où bananiers côtoient volières d’aras, poulailler et pigeonnier ?

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La nourriture – un menu fixe – est simple mais efficace, le prix défie bien sûr toute concurrence. Bref, un endroit comme on aime.


Et pendant ce temps-là, Le Titus déjà très en retard se permet une boucle supplémentaire (non prévue initialement) entre Baltimore et Philadelphie. Il était en rupture de stock de steak au fromage ou quoi ?


Bercy-sur-Loire

Ne cherchez pas ce lieu sur Google Maps, c’est juste que le nom m’a paru intéressant pour faire le lien entre le siège du Ministère des Finances à Paris et le château de Sully-sur-Loire, occupé quatre siècles sur les sept de son existence par le Duc de Sully, ministre des finances d’Henri IV, et ses descendants.

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Nous avons visité ce château d’architecture médiévale, nous avons admiré les vieilles pierres, la charpente en « berceau brisé », les différentes pièces bien restaurées dont celles du Duc, de la Duchesse et du Roi. Cette dernière nommée en référence à Louis XIV qui l’a occupée 2 nuits, et non pas à son grand-père Henri IV, patron de Sully, qui n’a jamais rendu visite au château.

Mais les présidents de la République mettent-t-ils parfois les pieds à Bercy ?

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Et pendant ce temps-là, nous n’avons plus aucune nouvelle de Roberto. Faute d’avoir pris la version payante des sites de suivi, nous n’avons que les positions automatiques obtenues lorsque les navires en croisent d’autres, ce qui est plutôt rare au milieu de l’Atlantique. Du coup, Le Titus semble cloué à son point de départ, mais ça n’est pas plus inquiétant que ça… Pas de nouvelles, bonnes nouvelles ?

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Notez la date estimée d’arrivée au 24 juillet. Quelques jours plus tard, elle va s’afficher au 31 !

L’Empereur en Playmobil

Napoléon Bonaparte ne parlait quasiment pas un mot de Français lorsqu’à l’âge de 10 ans il arriva de sa Corse natale à Brienne-le-Château, dans l’Aube. Il y resta 5 ans, de 1779 à 1784, pour apprendre non seulement la langue mais déjà quelques stratégies militaires, qu’il mettait en pratique avec brio dans la cour de récréation.

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Une riche iconographie accompagne la présentation de la carrière militaire de Napoléon Bonaparte
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Sur le bilan des différentes batailles, on voit à quel point la vie humaine valait peu par rapport aux prises matérielles ennemies

Nous avons visité ce musée qui retrace ce bref parcours, mais aussi les grandes lignes de la vie personnelle et politique de Napoléon, une jolie collection de soldats de plomb ainsi que de nombreuses cartes animées et interactives sur le déroulement des batailles, dont celle qui a eu lieu ici, à Brienne, en 1814.

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La généalogie et la vie familiale de l’empereur sont bien décrites, jusqu’à son lit de mort
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En cerise sur le gâteau, nous avons eu droit à l’expo temporaire « Napoléon en Playmobil » regroupant de belles reconstitutions de batailles construites par un passionné.

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Pendant ce temps-là, le Titus réapparait près de la Normandie. On aimerait bien qu’il rejoue le débarquement (enfin juste de Roberto) mais ce ne serait pas raisonnable. Et puis nous ne sommes pas équipés de plaques de désensablement.

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Et puis quelques heures plus tard, la joie retombe brusquement : un article du Monde fait état d’un navire transporteur de véhicules en feu près des Pays-Bas. Une vérification rapide nous permet de vérifier qu’il ne s’agit pas du nôtre, dont nous recherchons de suite la localisation. Bingo ! Il est juste à côté de celui en flammes ! Heureusement, le Titus va poursuivre sa route tranquillement pendant que l’autre continue de se consumer. Apparemment, que des véhicules neufs à l’intérieur, dont 500 voitures électriques chargées en Allemagne. La batterie de l’une d’entre elles serait-elle responsable de l’accident ?


Bienvenue chez les Ch’tis

Courte pause dodo sur notre route dans le département du Nord. Fidèle à sa réputation quant au climat…


Ypres Ypres Ypres Hourra !

Et nous voici déjà en Belgique, le plat pays qui n’est pas le nôtre. Nous visitons logiquement Ypres, dans la continuité de notre traversée historique de la France, avec cette fois pour thème la Première Guerre Mondiale. En effet, d’importantes batailles se sont déroulées ici. Les nombreux monuments commémoratifs et cimetières militaires en témoignent, tout comme le magnifique In Flanders Fields Museum. Nous nous sommes replongés un moment dans l’histoire des tranchées et des hommes qui s’y sont battus pour que nous soyons en paix aujourd’hui.

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Ci-dessus : les armes de la Première Guerre Mondiale, loin des FAMAS et autres drones
Ci-dessous : les jouets très en vogue à l’époque et un véhicule transporteur de pigeons voyageurs
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Ypres est aussi une très jolie ville au style flamand bien affirmé, avec ses bâtiments en briques multicolores, ses pignons en escalier, ses tourelles, etc. Les édifices publics (halle aux draps) ou religieux (comme la cathédrale) sont superbes, en vrai comme en Lego… Une bonne préparation à la visite prochaine de Bruges.

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Le In Flanders Fields Museum est logé dans l’ancienne halle aux draps, reproduite ci-dessous en Lego

Et pendant ce temps-là, Roberto nous a dépassés. Sa course transatlantique le fait accoster tout d’abord à Bremerhaven, en Allemagne. Nous aurions pu aller le récupérer là, cela nous aurait fait gagner 2 jours, mais avec un trajet et un coût supplémentaire qui n’en valaient pas la peine. Après une trentaine d’heures, le Titus part enfin vers Zeebrugge.

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La Venise du Nord

La ville de Bruges est indéniablement sous le signe de l’eau. Celle qui tombe du ciel tout d’abord, 199 jours par an tout de même, et qui gâche un peu les balades. Et puis bien sûr celle des canaux qui entourent et traversent la cité, la reliant d’ailleurs à la Mer du Nord à 15 km de là. Il faut dire que Bruges a commencé sa carrière comme port maritime au XIème siècle, grâce à une protection efficace contre les Vikings qui régnaient alors sur les mers. La ville est devenue alors le lieu incontournable pour les affaires en Europe au point que la première Bourse mondiale fut créée ici au XIIIème siècle. Chez les Van des Buerse, d’où le nom. Et puis le canal s’est enlisé, la ville est tombée en déclin au profit d’Anvers sa voisine. Heureusement son centre médiéval authentique remarquablement préservé a su séduire l’UNESCO qui a reconnu la ville comme patrimoine mondial en l’an 2000. Mais surtout c’est la reconstruction d’un port moderne en bord de mer, appelé Zeebrugge (Robertodrôme en Français*) qui a regonflé l’économie de la ville.

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La météo de notre semaine à Bruges. Faut-il vraiment des commentaires ?
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Beaucoup des photos ci-dessous auraient pu être comme celle-là. Mais nous avons tenté de tirer parti des quelques dizaines de minutes chaque jour où de petits morceaux de ciel bleu réapparaissent

Dans l’attente du débarquement et de la livraison de notre véhicule préféré, nous avons pris un peu de temps pour visiter la ville. Nous avons particulièrement apprécié son unité architecturale dans le style gothique flamand, son réseau de ruelles et de canaux tortueux, ses édifices religieux lançant leurs multiples flèches vers le ciel et carillonnant à tout va, ses multiples boutiques dont beaucoup incitent à la tentation. Succès oblige, nous étions loin d’être les seuls à visiter, et la cohabitation voitures-cyclistes-vélos-piétons-motos-calèches-camions de livraison dans les étroites rues qui n’ont de piétonnes que le nom s’est révélée ardue. Malgré cela, la visite est incontournable pour ceux qui traversent la Flandre occidentale, qui cherchent à agrémenter un week-end, ou qui viennent récupérer leur Roberto.

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*Bruges-sur-Mer en réalité (zee = mer en Néerlandais)


Et pendant ce temps-là, le Titus entre enfin dans le port de Zeebruges. Nous sommes probablement les seuls au monde à nous émouvoir devant les copies d’écran ci-dessous, mais bon. L’aventure n’est pas terminée pour autant, il reste la réception, qui va encore prendre quelques jours, 3 ou 4 en moyenne, parfois plus dit la compagnie. Le feuilleton à suspense continue…

A très bientôt et merci de nous suivre !

103. Costa Rica troisième décade

De taille modeste puisqu’il ne représente qu’un dixième de la surface de la France, le Costa Rica est assez vite traversé. Nous parcourons cette fois la région au Sud-Est de la capitale, avec sa zone montagneuse à plus de 3000 m d’altitude, avant de revenir vers la capitale pour y prendre l’avion. Car oui, nous allons faire une courte escapade vers la France pour aller voir grandir notre petite fille.

La colline de la mort

Nous poursuivons notre route vers le sud-est du pays, toujours dans la chaîne montagneuse de la cordillère de Talamanca. Roberto décroche même son record d’altitude au point de stationnement du Cerro de la Muerte à 3440m, tout près du point le plus élevé de la route panaméricaine à 3335 m

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Posés tranquilles au milieu de nulle part, à 3400 m d’altitude…

Nous allons passer là une nuit très tranquille au milieu de nulle part, profitant d’un paysage sublime à 360° et de couleurs extraordinaires au coucher du soleil. En l’absence de brume à l’horizon, on peut apercevoir ici à la fois l’Océan Pacifique et la Mer des Caraïbes. Mais nous n’aurons pas cette chance, bien que le ciel au-dessus de notre tête ait été parfaitement dégagé.

Le Cerro de la Muerte, ou colline de la mort, tient son nom des pionniers venus de la vallée centrale, autour de San José, planter du café et élever du bétail dans la vallée d’El General de l’autre côté du col. Mais le froid lié à l’altitude en a tué quelques-uns.

De notre côté, nous avons survécu, mais nous avons préféré mettre le chauffage pendant la nuit, ce qui n’était pas arrivé depuis le nord des États-Unis !


Justin Schmidt, l’homme un peu beaucoup piqué

C’est en visitant l’insectarium du Jardin des Papillons de Santa Elena que l’on peut remarquer cette affiche posée pas loin d’un bocal à scorpion, intitulée « Index de la douleur par piqûre d’hyménoptères de Schmidt ». Cette échelle insolite a été créée par un entomologiste américain qui, pour la science et par curiosité personnelle (il aurait débuté dès l’âge de 5 ans…) s’est laissé piquer par plus d’un millier d’insectes aux fins de classifier et d’en décrire la douleur ressentie.

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L’échelle de Schmidt (désolé pour les non anglophones)

On part du niveau 1 avec par exemple la fourmi de feu, que Claudie et moi avons expérimentée aux Antilles, et dont la piqûre est décrite comme « pointue, soudaine et légèrement alarmante ». Au niveau 2, celle des abeilles est vécue comme « riche, copieuse et légèrement croustillante ». Un cran au dessus, la fourmi rouge moissonneuse provoque une douleur « audacieuse et implacable, comme un ongle incarné attaqué à la perceuse ». Enfin au niveau 4, le maximum, on trouve la guêpe Pepsis, avec sa piqûre « aveuglante, féroce, électriquement choquante ». Plus de 80 espèces différentes d’hyménoptères ont été comparées ainsi pour établir cette échelle.

L’auteur s’est évidemment piqué au jeu et a cherché tout au long de sa vie professionnelle le rôle et les mécanismes des piqûres et de la douleur provoquée chez les insectes piqueurs. Ce grand homme est décédé au début de cette année à l’âge de 75 ans, d’une maladie indolore. Dans le cas contraire, il n’aurait certainement pas hésité à demander à se faire piquer,


Flora Rica

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Décor floral en bordure d’un champ de caféiers

Le Costa Rica ne brille pas tant par sa population, qui nous semble perdre ses traditions pour adopter celles des occidentaux, que par la richesse de sa nature, vraiment exceptionnelle. Pour rappel, 6% de la biodiversité de la Terre est concentrée ce petit pays qui n’en occupe que 0,0003% de sa surface émergée. Et qui fait maintenant beaucoup d’efforts pour préserver ce patrimoine après avoir laissé s’étendre la déforestation pendant des décennies. Tant mieux pour nous qui profitons de cette nature exubérante et belle, qui découvrons chaque jour des espèces que nous ne connaissions pas, et pas seulement animales. Les arbres ici sont géants, les feuilles sont immenses au point de servir d’abri en cas de pluie, les fleurs sont plus belles les unes que les autres. Et nous découvrons encore, malgré nos multiples voyages antérieurs, des fruits que nous ne connaissions pas. Mais pourquoi partout ailleurs fait-on pousser du béton ?


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Série feuilles géantes : ici, pas de risque de perte en eau, mais par contre forte compétition pour recevoir de la lumière, donc tout est grand. Celles du milieu s’appellent le « parapluie du pauvre »




Le grand bleu

En cette période festivalière à Cannes, le sujet aurait pu concerner le célèbre film de Luc Besson qui y a été présenté en 1988 (toute ma jeunesse…), pour y être plutôt mal accueilli d’ailleurs par les professionnels alors que le public en fera un film culte et que 33 ans plus tard nous en tirerons le nom de notre fourgon (si vous avez oublié pourquoi, revenez sur le menu A propos/Qui sommes-nous ? ou cliquez directement ici)

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Le film Le Grand Bleu présenté à Cannes en 1988 (photo du site premiere.fr)

Non, le grand bleu c’est le Morpho, ce grand papillon si typique de l’Amérique centrale avec ses ailes brunes et parées d’yeux de rapaces lorsqu’on les regarde de dessous, et d’un bleu étincelant et métallique en vue du dessus. C’est le plus souvent en vol solitaire qu’on le voit en randonnant en forêt ou près d’un cours d’eau, apparition magique et furtive qui ne laisse que rarement la possibilité de sortir son appareil photo. Heureusement pour nous, mais un peu moins pour lui, les fermes à papillons permettent de l’observer de plus près, et elles sont nombreuses dans le pays.

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Le fameux Morpho bleu

Le plus étonnant est que ce papillon ne possède pas l’once d’un pigment bleu sur lui. La si jolie couleur est due à la réflexion spécifique des rayons bleus du spectre solaire par des couches d’écailles microscopiques espacées précisément de la longueur d’ondes correspondant à cette couleur. Si vous voulez en savoir plus, cliquez ici.

Un vol de Morpho capturé en pleine nature
La face ventrale des ailes : ce n’est pas le même bleu !

Escapade

Notre seul souci dans ce périple est d’être éloigné de la famille et des amis. Les économies réalisées (involontairement) lors de notre vie nomade nous permettent de rentrer de temps en temps en France et de compenser ce manque. Nous nous sommes donnés une grosse semaine pour voir notre seconde fille, notre gendre et notre petite-fille de 5 mois à Saint-Etienne. Que du bonheur de voir grandir cette petite merveille, si tonique et si sage à la fois, et de la voir maintenant nous rendre nos sourires. Nous rentrons reboostés sur San José, prêts pour reprendre la route.

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Nous dormirons ici les nuits qui précèdent et suivent notre vol. Peu glamour par rapport aux spots nature de ces derniers jours, cet endroit s’est avéré étonnamment tranquille (il n’y passe aucun train la nuit, et assez peu dans la journée).
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A l’arrivée à St Etienne, l’ambiance est loin du Costa Rica ! Bon, c’est juste la vue de notre logement. En vrai la ville a quand même de beaux atouts…
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Mais nous ne sommes pas venus pour l’ambiance, nous sommes venus voir notre petite merveille. Mélissandre a maintenant 5 mois. Elle est aussi sage que tonique, nous parle et nous sourit volontiers
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Bref nous sommes des grands-parents comblés !
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Escapade terminée, c’est déjà l’heure du retour et de la reprise du voyage
Parcours Costa Rica 3
Le parcours modeste de Roberto pour cette 3ème décade, en version zoomable ici

101. Costa Rica première décade

En contraste avec les pays précédents, le Costa Rica s’affirme d’emblée comme orienté vers la nature. Le tourisme vert est d’ailleurs sa première source de revenus. De fait, après une dizaine de jours, 90% de nos activités auront eu pour thème la nature, une heureuse exception dans notre parcours.

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Quel autre pays peut mettre des paresseux sur ses billets de banque ?!
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Plaque minéralogique du Costa Rica

Frontière chaotique

L’entrée au Nicaragua avait déjà été un peu chaotique, mais la sortie encore plus, confirmant la bureaucratie intense dans ce pays. Sans vouloir entrer dans les détails, la procédure pour quitter le pays aura nécessité 2h40 tandis que l’entrée au Costa Rica ne prendra que 20 mn. Bon, chaque pays fait comme il veut, et la procédure parait plus simple pour les véhicules particuliers, mais nous plaignons les chauffeurs de poids-lourds qui, d’après les longues files de plus d’un kilomètre que nous avons pu observer de part et d’autre de la frontière ont dû perdre au moins une demi-journée à la traverser.

Sur la photo à droite, on peut voir une file de chauffeurs de poids-lourds qui attendaient le passage de leur véhicule au scanner. Assez résignés, ils m’ont gentiment laissé passer devant eux (c’est le cas aussi pour le passage en douane, nous sommes autorisés à doubler les camions). Ils trouvaient d’ailleurs bizarre qu’avec mon véhicule particulier j’aie dû y passer aussi. Apparemment, un petit billet au policier aurait permis d’éviter cette tracasserie, mais nous ne nous sommes pas pliés à ça !

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Premières impressions

Quelquefois, l’entrée dans un nouveau pays se traduit par un choc culturel, comme lorsque l’on passe des USA au Mexique par exemple, mais entre le Nicaragua et le Costa Rica, formalités administratives exclues, c’est le sentiment de continuité qui prédomine. Même végétation abondante, mêmes routes en relativement bon état, même circulation tranquille. Il a fallu attendre de parcourir à pied la première ville, Liberia, pour voir quelques différences. C’est bizarre à dire, mais ce qui frappe le plus est de voir des vitrines devant les magasins, alors que depuis plusieurs mois nous côtoyions des boutiques donnant directement sur la rue ou en en étant séparées d’une simple grille. La plus grande richesse se confirme par la présence de bus électriques, même si les vieux bus scolaires américains retapés sont encore légion, et nous sommes ravis aussi de voir notre carte bancaire refonctionner après un black out au Nicaragua. A l’inverse, les couleurs du pays précédent ont presque disparu, l’église (moderne) est hideuse et le parc central est loin d’être verdoyant. Nous espérons que ce ne seront que des exceptions, la réputation du pays est au-dessus de tout cela.


Sous l’arbre à oreilles d’éléphant

Une première pause dans un petit camping à Liberia, sous les arbres et bien aérés, nous a permis de retrouver une semi-fraîcheur qui nous manquait depuis une quinzaine de jours. Le lendemain, nous avons grimpé à 650m d’altitude vers un premier volcan, pour nous installer sur le parking d’un « lodge » (hôtel isolé en pleine nature) acceptant les voyageurs nomades. De là, nous avons suivi un petit chemin de randonnée dans la forêt tropicale sèche, menant à une source chaude soufrée. Un endroit étonnant où un petit cours d’eau transparent devient brusquement blanc laiteux à la rencontre d’une source chaude émanant du volcan voisin. La balade était bien agréable malgré les 8 km aller-retour, dans l’ombre de la forêt mais accompagnés d’une multitude d’oiseaux, toujours difficiles à photographier. En raison de leur fugacité d’une part et de la modicité de notre équipement (smartphones) d’autre part. Les clichés seront rares mais les souvenirs resteront marqués dans notre tête. Nous avons aussi ramassé quelques fruits dont celui (en étoile) du pommier baumier). Il y a de la post-production à prévoir ! En tout cas, la nuit à l’ombre de notre « guanacaste » (l’arbre national du Costa Rica, appelé aussi arbre à oreilles d’éléphant en raison de la forme de ses fruits) et avec une température descendant enfin sous les 25°C (21° même au plus frais) a été des plus réparatrices.

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Roberto à l’ombre d’un guanacaste

2 ans !

Le 19 avril 2021, nous découvrions notre Roberto pour la première fois chez notre aménageur. Les premiers kilomètres parcourus avec furent un mélange d’appréhension et d’euphorie. L’appréhension de la conduite d’un véhicule de ce format et peut-être celle de réaliser qu’il allait devenir notre nouvelle maison pour plusieurs années. L’euphorie de cette liberté nouvelle et du grand voyage qui nous attendait.

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19 avril 2021, Roberto vient de parcourir son premier kilomètre à Rodez

Ce 19 avril 2023, nous avons fêté les 2 ans de Roberto, nos 2 ans de vie nomade, et si l’on ne peut plus parler d’appréhension ni d’euphorie, nous restons dans une dynamique très positive. Ces deux années se sont écoulées à un rythme intense, parfois trop même au point que nous ressentons régulièrement le besoin de ralentir, de nous poser quelques jours sur un point de notre parcours pour souffler, pour digérer nos découvertes quotidiennes, pour nous reposer physiquement aussi des kilomètres de marche et même des kilomètres de route. Nous restons heureux de vivre notre rêve, notre seul manque étant l’éloignement de la famille et des amis, que nous essaierons de compenser avec des retours peut-être un peu plus fréquents. Le retour technique de Roberto en Europe va sans doute arranger un peu les choses, mais ne changera absolument rien à notre désir de poursuivre notre vie nomade.

Parcoursans
19 avril 2023, Roberto est parvenu au Costa Rica, après un joli parcours de 73 000 km !

Le sentier des casseroles

Nous sommes dans le parc national du volcan Rincon de la Vieja, le premier que nous explorons au Costa Rica. L’organisation est un peu à l’américaine, avec « rangers » à l’entrée, plan des randonnées, parcours parfaitement délimités et cimentés avec points d’observation clairement indiqués, boutique de souvenirs à la sortie. Nous choisissons une boucle de 3 km traversant en grande partie une superbe forêt tropicale avec des arbres magnifiques et quelques animaux, dont des iguanes, quelques oiseaux, des tapirs, des singes araignées et d’autres à tête blanche. L’attraction tourne autour du volcanisme secondaire et nous observerons beaucoup de ces « casseroles » géantes et fumantes emplies de boue ou d’eau en ébullition, dans lesquelles on cuirait bien ses spaghettis ou ses œufs, et qui justifient parfaitement en tout cas l’appellation du sentier (sendero de las pailas). Nul doute que l’activité géothermique est intense ici, et l’on comprend très bien l’installation récente d’une usine pour l’exploiter sur le site. Vraiment un bel endroit, et une fréquentation très raisonnable.

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Le volcan Rincon de la Vieja, 10h38…
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Nous n’apprendrons que le lendemain le réveil soudain de la bête quelques heures après notre passage. Mais à ce moment-là, nous étions déjà à une trentaine de kilomètres de là. Dommage ou pas ?
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Il est vrai que l’activité volcanique secondaire était bien présente
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L’attrait était aussi dans la luxuriance de l’environnement. Pas beaux ces arbres qui s’enlacent ?

Pura vida

riche en animaux sauvages…

et en phénomènes naturels

N’est-elle pas belle notre pura vida ?


Le Rio Celeste

La tentante traduction française, « rivière céleste », pourrait faire penser à une combinaison exceptionnelle du mah-jong ou encore au plat n° 116 du restaurant chinois d’à côté, mais « celeste » en Espagnol signifie bleu ciel. Et le qualificatif n’est en rien usurpé. C’est en traversant un pont que nous découvrons cette rivière d’un bleu étonnant, tranchant sur la végétation environnante. Forcément la couleur attire, et le lieu est quelque peu envahi de touristes et locaux qui viennent s’y rafraîchir, discuter ou même méditer. La concentration humaine et la localisation sous le pont ne sont pas très glamour, nous nous contenterons de deux ou trois photos. Car nous avons prévu de visiter le lendemain le parc national traversé par cette rivière, l’hébergeant sous ses meilleurs aspects. Et nous ne sommes pas déçus ! Un sentier de 6 km aller-retour mène jusqu’à l’origine de la couleur bleue, apparaissant étonnamment à la rencontre de 2 rivières transparentes, l’acidité de l’une se conjuguant aux particules en suspension de l’autre pour les faire gonfler et leur faire réfléchir ainsi la lumière bleue du spectre solaire. Mais vous préférerez peut-être la version plus poétique qui dit que la rivière aurait pris cette couleur lorsque Dieu y trempa ses pinceaux après avoir peint le ciel… Tout au long du sentier traversant une forêt exubérante, nous admirons les méandres bleutés, les petits lacs d’un bleu extraordinaire, des zones en ébullition et une magnifique cascade. Nous croisons aussi un petit lézard dont la queue est aussi bleue que la rivière. Je l’aurais volontiers baptisé « lézard céleste » mais pas sûr que les herpétologues soient d’accord !

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J’espère juste ne pas me transformer en Schtroumf !
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Pour en découvrir davantage, il faut entrer dans le Parc National du volcan Tenorio
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Mais quelles couleurs magnifiques ! Nous n’avions jamais rien vu de tel !
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Puis vient l’endroit où la magie s’opère : 2 rivières transparentes se transforment en 1 rivière bleue !
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La visite se termine par une cascade de toute beauté. On a longtemps accusé ceux qui en diffusaient la photo de truquer les couleurs, mais nous pouvons témoigner qu’il n’en est rien !
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Ah et j’allais oublier mon petit « lézard céleste » dont la queue reproduit tellement bien le Rio !

Aux pieds du volcan Arenal

Ce volcan à l’imposante silhouette cônique est né il y a 7000 ans. Il est considéré comme l’un des plus actifs du Costa Rica. Sa plus grosse manifestation remonte à 1968, comme en France d’ailleurs, alors que de gros pavés incandescents ont été projetés à plus de 5 km, d’où l’expression costaricienne bien connue « sous les pavés la lave » qui a été reprise, un peu déformée, dans l’hexagone à la même époque. Lol. Entre 1968 et 2010, les explosions et coulées pyroclastiques ont été très fréquentes. Depuis, le volcan semble souffler un peu (des fumerolles surtout) mais ne demande qu’à se réveiller, ce qui ne semble inquiéter en rien les villages installés à ses pieds, profitant tous de la manne touristique attirée par la riche faune et flore locale et par les nombreuses sources chaudes.

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Le village de La Fortuna, aux pieds du volcan Arenal

Nous avons trouvé à nous loger pour la nuit dans un camping en cours d’aménagement, mais déjà riche en faune et flore. Le patron nous a montré quelques paresseux accrochés assez haut dans les branches au-dessus de nous et une petite grenouille rouge vif qu’il a tranquillement posée sur son bras tout en nous expliquant qu’elle était vénéneuse. Il suffirait de ne pas la manger et de ne pas mettre les mains à la bouche ou se frotter les yeux pour ne pas avoir d’ennuis… Nous avons aussi rencontré un Français qui fait le chemin du Mexique à la Colombie …en vélo. De quoi donner matière à réflexion à tous ceux qui pensent que nous sommes des aventuriers !


Le lendemain matin, c’était étape sources chaudes. Mais plutôt que d’aller nous tremper comme la plupart de nos congénères dans les bassins artificiels d’un grand hôtel, nous avons choisi la version naturelle en allant tester la rivière Tabacón, plus connue des locaux que des touristes, notamment pour son caractère gratuit. Au premier abord, l’aspect est celui d’un torrent de montagne, assez vif. Mais la grosse différence c’est que l’eau avoisine les 30°C et que se baigner dans ce courant assez puissant est à la fois tonifiant (autant qu’un torrent alpin à 10°C…) et relaxant (comme tout bain chaud). Le réchauffement brusque de la rivière Tabacón avait été l’un des premiers signes de l’éruption de 1968.

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Depuis 2010, l’activité du volcan Arenal se traduit essentiellement par des fumerolles et par des sources chaudes, largement exploitées par les professionnels du tourisme

Alors nous avons trouvé cette rivière d’accès libre, juste à côté d’un grand hôtel, tonifiante de part son courant et relaxante grâce à sa chaleur. Et totalement naturelle bien sûr !


L’après-midi a été euh …canopique. C’est-à-dire consacrée à la canopée (j’avoue découvrir l’adjectif). Le Costa Rica recueille 6% de la biodiversité mondiale, soit davantage que les USA et énorme par rapport à sa superficie (0,03% de la planère). Les arbres ne sont pas en reste avec 295 espèces différentes au km² contre 35 en Colombie et 6 au Brésil. Alors se promener dans une forêt, c’est déjà écarquiller les yeux devant tant d’espèces végétales que nous n’avons pas l’habitude de voir. Et se tordre le cou pour regarder vers les cimes des arbres souvent très hauts, compétition vers la lumière oblige. Mais il est possible d’agrémenter encore tout cela en regardant la forêt du dessus, à l’aide de passerelles traversant ou surplombant la canopée. C’est très en vogue dans le pays et, même si nous avions déjà vécu ce genre d’expérience, nous avons souhaité la renouveler. Dans ce parc près du superbe volcan Arenal, un parcours de 3 km compte 12 ponts et 6 passerelles suspendues pour observer la nature sous un angle différent. Si nous avons apprécié ces différences de vues et découvert de nouvelles fleurs dont ces héliconies poilus, nous avons bizarrement été déçus par cette attraction, par le manque de faune et flore visible notamment, trouvant que les installations ne justifiaient pas le droit d’entrée assez élevé. Peut-être avons-nous été trop gâtés dans les jours qui ont précédé ?

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Un programme alléchant : pas moins de 18 ponts et passerelles pour aller voir la nature de près !
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La mousse pousse même sur les feuilles, c’est dire…

Puis nous avons repris la route sur les rives du Lac Arenal, de jolis lacets asphaltés et en bon état qui nous ont amenés à un parc accessible gratuitement au public et à tout véhicule en fait. Nous y avons passé une nuit très tranquille, sans personne autour, avec un joli spectacle au réveil.

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Le soleil joue à cache cache avec les nuages en fin d’après-midi au-dessus du lac. Quelques éclairs mais pas de précipitation. Aussi incroyable que cela paraisse, nous n’avons pas eu une goutte de pluie depuis que nous sommes retournés au Mexique début février.
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Nuit super calme au bord de ce lac. Nos seuls « voisins » ont été ces pêcheurs venus mettre leur bateau à l’eau le matin vers 7 h.

La cordillère de Tilarán

Nous poursuivons le tour du lac Arenal dans le sens antihoraire, en direction de cette chaîne de montagne. La route change brusquement de qualité, des trous apparaissent dans le bitume avant que celui-ci ne finisse par disparaître. Sur plusieurs dizaines de kilomètres. Il parait que les habitants s’en plaignent depuis longtemps sans jamais être entendus. Manifestement la « pura vida » n’est pas universelle au Costa Rica… Pas de surprise, nous sommes toujours dans la nature, à une altitude de 1300 m qui fait du bien, au village de Santa Elena plus précisément. C’est très touristique, malgré la difficulté d’accès, et nombreux sont les restaurants, hôtels, magasins de souvenirs et tours-organisateurs. Nous en apprécions d’autant notre liberté de mouvement et notre autonomie en logement et restauration : pas besoin de subir tout ça, nous savons ce que nous voulons et nous nous rendons directement dans les endroits concernés.

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Juste une photo sur la route de Santa Elena (bien trop occupé à éviter les trous…) : le jardin de ce sculpteur végétal qui accueille les automobilistes de passage

Notre premier arrêt est pour une ferme de papillons, élevés dans des serres reproduisant cinq microclimats du pays. Quelques insectes sont aussi collectionnés. Nous avons droit à une visite guidée VIP par une jeune naturaliste. Nous observons bien sûr de jolis spécimens, dont les célèbres morphos bleus, un peu plus faciles à approcher que ceux, fugaces, que nous avons croisé lors de nos balades.


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La présentation au guichet d’accueil laisse penser que plusieurs centaines d’espèces sont présentes. Mais ça sera beaucoup moins !

L’autre attraction du jour est le « ranario », qui pourrait se traduire par « grenouillerie » en Français. Un rassemblement de terrariums où sont élevées et protégées plus de 25 espèces de batraciens locaux, souvent des grenouilles minuscules ne dépassant pas les 2 cm et aux couleurs vives indiquant aux autres espèces leur dangerosité. Le plus est la possibilité avec le même billet de réaliser une double visite permettant dans l’après-midi d’apprécier les espèces diurnes et à la tombée de la nuit celles nocturnes. Nous avons adoré ces mignonnes petites grenouilles multicolores, pas si faciles à photographier toutefois en raison de leur taille.

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Le Ranario de Santa Elena, qui a bien voulu nous accueillir pour la nuit sur son parking

A trop chercher les grenouilles dans les vivariums, on en oublie parfois de regarder autour. Et là, juste devant nous, la lampe-torche tombe sur cette chose. Bon, il paraît que les scorpions costariciens ne sont pas mortels, ça rassure !

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Souvenirs souvenirs (1)

Nous sommes maintenant à Sarchi, une petite bourgade à l’ouest de la capitale San Jose. Spécialisée dans le travail du bois depuis le début du XXe siècle, elle a produit beaucoup de meubles mais aussi les charrettes à traction bovine nécessaires au transport du café à l’époque, typiquement décorées de motifs géométriques en couleurs vives semblables aux mandalas. L’arrivée du train et des camions aurait pu éteindre cette production, mais les artisans ont su se reconvertir et produisent peut-être maintenant davantage de charrettes qu’avant ainsi que beaucoup d’autres objets qui plaisent aux touristes. La ville est inscrite au patrimoine mondial de l’humanité pour avoir été le berceau de l’artisanat costaricien. En tout cas, si vous cherchez des souvenirs à rapporter de votre séjour, vous n’aurez que l’embarras du choix ici !

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Sarchi, berceau de l’artisanat costaricien
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L’entrée des toilettes est particulièrement soignée !
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Sarchi est aussi connue pour sa magnifique église, malheureusement fermée à l’heure de notre passage

Souvenirs souvenirs (2)

La ville suivante, Zarcero, avec son église et ses arches de cyprès si typiques, éveille en nous le souvenir de notre premier voyage au Costa Rica il y a maintenant 14 ans, en compagnie de deux de nos enfants et en mode sac au dos. En fouillant un peu dans nos archives, j’ai retrouvé le blog que nous avions réalisé alors, rédigé à quatre plumes. Sachant qu’il serait tôt ou tard retiré des serveurs faute d’être mis à jour, j’en avais fait une copie sur Word, avec une mise en page sommaire mais qui a le mérite de toujours exister. Elle est disponible en lecture ou au téléchargement ci-dessous pour ceux que cela intéresserait.

Nous avons eu plaisir pour notre part à nous replonger dans ce récit et à examiner le parcours d’alors que nous avions un peu oublié. Démontrant au passage l’intérêt au moins personnel à long terme de la rédaction d’un blog de voyage.

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Notre parcours en 2009, essentiellement en transports en commun
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L’église de Zarcero et son étonnant jardin sculpté

Mais voilà que la route nous appelle. Il nous reste encore beaucoup à découvrir au pays de la Pura Vida. Alors à très bientôt pour la suite !

Parcours Costa Rica
Parcours Costa Rica première décade, en version zoomable ici