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  • 157. La route 40

    157. La route 40

    La route 40, au kilomètre 1960. Le kilomètre zéro est tout au sud, au Cap Virgenes
    La route 40, au kilomètre 1960. Le kilomètre zéro est tout au sud, au Cap Virgenes

    Avec ses 5000 km, c’est la plus longue et la plus célèbre route d’Argentine. Un symbole, même. Elle longe la Cordillère des Andes du sud de la Patagonie jusqu’à la Bolivie tout au nord, traversant des paysages extraordinaires et variés. C’est le trajet privilégié des road-trippeurs de la panaméricaine, ceux qui vont d’Anchorage en Alaska à Ushuaia, mais pour notre part nous n’avons emprunté jusqu’ici que quelques tronçons, itinérant davantage en zigzags qu’en lignes droites. La partie incluse dans cet article part de la Rinconada, un peu avant Junin de los Andes, jusqu’à Tecka, avant de retraverser vers l’Est, fait tout de même 552 km. Par chance, c’est une partie asphaltée (50% de la route 40 ne l’est pas…), même si les nids-de-poule sont nombreux. A noter que c’est seulement depuis 2004 que le kilomètre zéro est au sud. C’est assez pratique pour nous : les bornes kilométriques nous donnent une idée de ce qu’il nous reste à parcourir jusqu’à Ushuaia, même si la route 40 n’y passe pas. Depuis notre photo du kilomètre 4040 dans le nord de l’Argentine, nous nous sommes un peu rapprochés !

    Parcours correspondant à cet article
    Le parcours correspondant à cet article, en version zoomable ici

    A la trace

    Commençons par El Chocon, une petite ville au bord d’un grand lac de barrage, où suite à la découverte par des promeneurs de restes fossiles confirmés appartenir à des dinosaures, une activité de recherche paléontologique a débuté en 1980. Couronnée de succès 13 ans plus tard puisqu’un squelette de Giganotosaurus carolinii, un dinosaure théropode carnivore de 14 m de long, daté de 100 millions d’années, a été découvert. D’une morphologie proche du T. rex mais plus grand que lui. Comme souvent en pareil cas, un musée a été érigé à l’occasion, intégrant un laboratoire de recherche pour les pros et une réplique grandeur nature pour le public. Mais l’exceptionnel se situe à quelques kilomètres de là, sur les rives du lac. Nous découvrons pour la première fois de notre vie des empreintes d’iguanodons, vous savez, ces paisibles dinosaures herbivores au long cou qui jouent le rôle des gentils dans le film ou le livre « Le Monde Perdu ». Il y a 100 à 120 millions d’années, ils ont marché sur un sol un peu mou qui s’est rapidement recouverts de sédiments protégeant les traces jusqu’à ce que l’érosion des sols ne les redécouvre que maintenant. Ce sont plusieurs séries de pas bien visibles sur une des rives du lac, protégées par un enclos et des passerelles d’observation. Merci aux « empreintologues » préhistoriques qui ont su déterminer de quelles bêtes il s’agissait.


    Dans la ville suivante, Junin de los Andes, c’est une toute autre trace que nous allons suivre : des motifs des indiens Mapuches incrustés sur les marches d’un chemin très particulier. Un chemin de croix en vérité, dont parlait vaguement notre guide, appelé Via Christi, et que nous avions décidé de gravir plutôt pour nous dégourdir les jambes et avoir un joli panorama sur la ville. Mais nous tombons par hasard sur une œuvre exceptionnelle, le fruit de 7 décennies de travail à l’initiative d’un sculpteur local, Alejandro Santana. Une première ascension d’1h30 permet de parcourir les 23 stations de ce chemin de croix avec 55 œuvres d’art retraçant les moments clés de la vie de Jésus Christ, mais aussi des éléments de la culture Mapuche, de l’histoire locale et même mondiale. Les visages des personnages ont des traits hispaniques, mapuches et métissés, tandis que certaines stations intègrent des figures historiques comme Gandhi, Martin Luther King, Mère Teresa. L’objectif, comme le dit le site, est de « créer un dialogue entre la tradition chrétienne et la cosmovision mapuche, offrant une relecture interculturelle de la vie du Christ ». Tout est dit ? Non ! Le clou du spectacle – si j’ose l’expression dans ce contexte intégrant une crucifixion – est encore à 30 mn d’une grimpette assez raide sur un sentier en zig-zag au-dessus de la station 23. On parvient ainsi jusqu’au sommet de la Montagne de la Croix d’où semble émerger un Christ ressuscité de 57 mètres de haut et 47 mètres de large. Seuls dépassent du sol sa tête, ses mains et ses jambes, en une structure polygonale de métal et de verre. On peut d’ailleurs, à l’instar de la Statue de la Liberté, entrer dans la tête. Et en ressortir par le cou. Aussi inattendu qu’exceptionnel !

    Sur le chemin du retour, deux autres traces viennent compléter cette journée à thème (oui, nous avons vu tout ça dans la même journée !). Je vous laisse lire les légendes.


    Syncrétisme encore

    Toujours à Junin de los Andes, nous passons jeter un œil à une belle église qui nous en fait, éclatante au soleil et encore magnifiée par les superbes araucarias qui l’entourent. Là aussi, manifestement, la religion chrétienne et la culture mapuche sont intimement liées. Le bois omniprésent, les motifs textiles en laine de part et d’autre de la nef, les traits mapuches du Christ ressuscité, les vêtements de style autochtone de la Vierge, l’autel reposant sur 4 pierres, les motifs du carrelage, l’intégration de la pierre sur le bâti et les cènes de la vie quotidienne sur les vitraux en sont autant d’exemples. Cela était sans doute nécessaire à la conversion des autochtones au Christianisme. C’est comme pour la politique, il faut faire de compromis pour avancer !


    La Chamonix argentine

    La ville suivante, San Martin de los Andes, est bien différente. Elle a tout d’une station de sports d’hiver avec ses magasins de sport, ses boutiques de luxe, sa kyrielle de restaurants, ses chocolateries et ses touristes qui déambulent, pas trop nombreux puisque la saison vient de se terminer. Vous l’aurez compris, ce n’est pas le coup de cœur, surtout pour d’anciens résidents haut-savoyards.


    La Route des 7 Lacs

    Nous avions entendu parler (notre guide papier, toujours) de cette Route des 7 Lacs, joignant en 107 km San Martin de los Andes à Villa Angostura, comme d’un parcours paradisiaque : lacs bleus ou verts entourés de montagnes majestueuses habillées de sapins s’y reflétant, silence apaisant, ravitaillement d’empanadas gratuit à chaque étape, etc. Enfin pour le dernier critère, je ne suis plus bien sûr des termes exacts. Mais la météo a décidé de tirer un coup de gomme sur toutes ces promesses. Le ciel, d’un gris uniforme, s’était visiblement donné pour mission d’aplatir toute tentative de relief. Les montagnes avaient décidé de faire grève, se cachant derrière des rideaux de nuages – à défaut de gilets jaunes. Les lacs ? De grandes flaques, oui. Quant aux empanadas… ah c’est vrai je n’étais plus bien sûr…

    Le plus rageant venait des panneaux touristiques montrant devant chaque lac ce que nous aurions pu voir : des montagnes enneigées se reflétant en miroir dans une eau azur, des petites îles au milieu, quelques kayakistes tranquilles. Pour peu, je me serais contenté de vous mettre des photos de ces panneaux… Mais ç’aurait été travestir la réalité d’un voyage qui n’est pas fait que de jours de beau temps. Et puis finalement, je trouve un certain charme à certaines de ces photos. Pas vous ?


    On passe le bac d’abord

    Le soleil finissant par se réveiller, nous faisons un petit détour par le village de Villa Llanquin. Au bord d’une rivière d’un bleu-vert magnifique dont on a vu les méandres un peu plus haut, ce village, situé de l’autre côté du cours d’eau par rapport à la route, a la particularité de se rejoindre uniquement à l’aide d’un bac. Celui-ci, sommaire et gratuit, est mobilisé par 2 hommes et, grâce à un ingénieux système de poulies, par la force du courant. Qui est telle que les passagers doivent descendre et prendre la passerelle piétonne juste à côté, tandis que le conducteur doit lui-même se tenir à côté de son véhicule pendant la traversée, améliorant ainsi sans doute ses chances de survie en cas de chavirage intempestif. Une fois les émotions passées, après avoir visité cette petite bourgade paisible, nous avons passé une nuit super tranquille au bord de la rivière. Avant de retraverser le lendemain !


    San Carlos de Bariloche

    C’est une destination incontournable pour les touristes argentins et, il semble bien, internationaux. Ce serait la « perle de la Patagonie argentine ». On y vient apparemment pour son décor fabuleux fait d’une impressionnante chaîne de montagnes enneigées entourant un immense lac, pour ses randonnées en forêt, pour le ski en hiver, pour les sports nautiques en été, et pour le chocolat artisanal toute l’année.

    Si nous sommes d’accord pour le décor fabuleux, cela ne vaut qu’en dehors de la ville, car malheureusement, l’architecture de cette dernière n’est pas à la hauteur, comme partout en Argentine. On retrouve un assemblage de bâtiments aussi ordinaires qu’hétéroclites et de résidences au style alpin qui ont du mal à trouver leur place dans ce chaos.

    Et, à l’instar des rives du Léman ou du littoral méditerranéen, toute la vue depuis la route qui longe le lac est verrouillée par les résidences privées. Il nous faudra nous éloigner de plusieurs dizaines de kilomètres du centre-ville pour retrouver une nature accueillante et des panoramas fantastiques.


    Sale temps à El Bolsón

    a) Des truites invasives ?

    La région d’El Bolsón, toujours sur la route 40, est connue pour ses fermes d’élevage de truites, ce qui pourrait paraître assez ordinaire dans cette région montagneuse aux eaux vives. Mais vous allez voir qu’il y a aussi un côté polémique à cette activité. Alors qu’il pleut en continu depuis le début de la matinée, nous nous arrêtons pour visiter l’une de ces fermes, Granja Larix. Après tout, la pluie ne doit pas trop gêner les truites, déjà mouillées. Nous en observons un certain nombre, à des âges différents, dans les bassins extérieurs. Les panneaux indiquent que les espèces élevées ici sont des truites arc-en-ciel. Tout en n’indiquant pas, comme j’ai pu le lire sur Internet, que l’espèce n’étant pas native du coin, cela pourrait poser de graves problèmes à la biodiversité locale. On connait l’histoire pour les tortues de Floride importées en Europe. Presque convaincus de l’utilité d’un boycott, nous passons tout de même faire un tour à la boutique. A 7,50 € le filet de truite sous vide, nous avons été totalement convaincus !


    b) El Bolsón n’aime pas les camping-cars

    Toujours sous la pluie, nous faisons une courte pause au centre-ville un peu plus loin. Un peu partout, des panneaux annoncent que les camping-cars et les caravanes ne sont pas les bienvenus. En France c’est assez commun sur le littoral, mais ici ? Nous nous garons tout de même sur le parking devant la mairie et bravons le panneau. Prêts à arguer que nous ne ressemblons en rien au véhicule ou à la remorque dessinés sur le panneau. D’ailleurs, un peu plus loin, nous trouverons un fourgon aménagé argentin garé tout près d’un panneau similaire. De toutes façons, il n’y avait pas grand-chose d’intéressant dans cette ville. À part quelques sculptures colorées dans les arbres morts de la place centrale et une jolie mosaïque devant l’hôpital. Nous avons vite repris la route avant que l’on nous mette une multa. C’est le mot espagnol pour contravention.


    Ça se termine à Tecka

    Ce village de moins de 1000 habitants ne figurait pas, et à juste raison, sur notre guide. Il nous a juste paru opportunément situé pour une halte nocturne avant notre nouvelle traversée d’Ouest en Est de l’Argentine. Tout proche de l’embranchement avec la route 25 qui nous ramènera à la mer, possédant une station-service pour faire le plein avant de traverser un désert de plus de 500 km, il dispose aussi d’un endroit calme et en pleine nature recensé par les utilisateurs de l’application iOverlander pour passer une nuit tranquille. D’après ce que nous pouvons voir autour de nous, ce coin perdu vit surtout de l’agriculture et de l’élevage. J’ai eu l’occasion de parler à la fois avec un habitant qui promenait ses chiens, mais aussi avec un mouton venu expressément à ma rencontre. Pourquoi pas ?


    C’est ainsi que nous quittons la route 40 et les paysages montagneux pour rejoindre la Péninsule de Valdés, un vaste parc naturel où nous nous attendons à voir des baleines, des lions de mer, des pingouins et autres animaux marins. Un joli programme, non ? Rendez-vous au prochain épisode pour vous le raconter !

  • 156. La pampa humide

    156. La pampa humide

    C’est comme cela que se décrit cet immense territoire de plaines de basse altitude s’étendant sur tout le centre-est de l’Argentine. La pampa humide est particulièrement propice aux cultures des céréales et du maïs, ainsi qu’à l’élevage bovin ou ovin dont les gigantesques troupeaux éparpillés à perte de vue broutent volontiers les pieds dans l’eau. On peut imaginer que les moustiques sont rois dans la région, mais, et peut-être parce que l’on sort de l’hiver austral, nous n’en avons guère subi les conséquences. De Buenos Aires où nous avons récupéré Roberto après notre parenthèse française, nous rejoignons la côte Est à Mar del Plata, via de petites villes intéressantes comme San Miguel del Monte, notre première étape, ou surtout Tandil.

    Le parcours correspondant à cet article, en version zoomable ici

    San Miguel del Monte

    Notre première journée ayant été consacrée à la remise en service de Roberto (déballage des sacs-valises, remise en service de la batterie et de tout ce qui y est relié, remplissage du frigo, nettoyage intérieur et extérieur), nous permettant ainsi de reconstituer notre cocon bien-aimé, nous ne ferons qu’une cinquantaine de kilomètres sous un soleil radieux pour arriver à cette jolie petite ville. Nous nous installons au bord du lac, faisons une courte balade autour de notre bivouac, prévoyant la visite du centre pour le lendemain. Mais dès le milieu de la nuit, la pluie se met à tomber. Nous ne le savons pas encore, mais elle ne nous lâchera pas pendant 24 heures. Alors au petit matin (nous sommes prêts dès 8h grâce au décalage horaire !), nous décidons de shunter cette visite et prenons la route vers Tandil, à 260 km de là. Nous y resterons jusqu’au soir scotchés sur un grand parking, là aussi au bord d’un lac.


    Tandil

    Malgré ses 130 000 habitants, cette ville parait à taille humaine grâce à ses nombreux espaces verts, ses multiples excursions possibles sur les petites montagnes situées juste en périphérie. Difficile de tout raconter cette journée placée cette fois sous le signe du beau temps. Voici juste quelques points qui nous ont marqués.

    Les statues de Don Quichotte et Sancho Pança devant un moulin. Elles ne sont que l’un des multiples hommages de la ville à l’écrivain Cervantès qui pourtant n’y a jamais mis les pieds (ni même ailleurs en Amérique). La raison serait à chercher dans la proximité (150 km quand même) de la ville d’Azul, référente de la culture « cervantine » en Argentine grâce à un passionné local.


    L’établissement « La saison du fromage » est un petit bijou. Une famille locale a racheté en 1990 cette maison de 1850 qui a été tour à tour bureau de poste, magasin général et taverne avant de devenir boutique de fromages, charcuteries et épicerie fine avec un restaurant attenant bourré d’antiquités. La boutique en elle-même vaut le détour, rien que pour ses murs couverts d’étagères à fromages et autres délices, mais aussi pour son service à l’ancienne particulièrement attentionné. On répond à toutes vos demandes d’explications sur les différents fromages et charcuteries proposés tout en vous les faisant déguster. Une fois vos achats faits (ou pas) on vous invite à visiter les multiples salles intérieures et extérieures du restaurant, un vrai musée en soi. Dommage qu’il n’était pas l’heure de déjeuner ! Car oui, j’ai oublié de dire le principal : tout ce que nous avons goûté était délicieux, ce qui transforme totalement notre opinion sur les fromages et la charcuterie en Argentine. Quand on veut, on peut !

    Pour des photos appétissantes et une description plus précise du lieu, n’hésitez pas à consulter leur site internet https://epocadequesos.com/ en mettant l’option de traduction sur votre navigateur si besoin.


    Les rochers instables : la géologie du lieu y est sans doute pour quelque chose, les nombreuses roches en granit se morcellent avec le temps et forment parfois des édifices instables. Il en est ainsi du rocher le plus emblématique de la ville, le « rocher mouvant », qui était sa fierté jusqu’en 1912, année où l’équilibre se rompit dans des conditions mystérieuses, le rocher allant se fracasser en deux au pied de la falaise où il trompait jusqu’alors la gravité. La ville en fut si triste qu’elle fit installer une réplique en 2007, en résine et fibres recouvrant une structure métallique, fixée cette fois sur la falaise avec 12 boulons « si solides que la pierre ne retombera pas, que ce soit par la force de Dieu ou celle des hommes » comme l’affirme un panneau explicatif sur le parcours. Il me semble qu’on disait un truc semblable sur le Titanic…


    L’horoscope celtique : une curiosité dans le parc de la Sentinelle, que l’on ne s’attend pas trop à voir en Amérique du Sud. Peut-être apporté par un immigrant breton ou gallois. Les Celtes misaient apparemment tout sur les arbres. Vous allez voir ça dans cette petite série photos.


    Mar del Plata

    La principale station balnéaire des Argentins n’est pas si différente de ses homologues françaises : larges plages entourées de buildings d’un style parfois évolué parfois douteux, casinos et établissements de bains, alignements de parasols à perte de vue, etc. Nous sommes hors saison et tout est très tranquille, ni la plage ni la mer ne donnent envie, seuls les pêcheurs sont nombreux sur les jetées, aussi peu sensibles aux embruns qu’aux promeneurs. Hors le bord de mer, la ville est tout à fait quelconque. Seul le port de pêche vaut le déplacement, pour son alignement de bateaux tous peints en orange, pour ses poissonneries bien achalandées et surtout pour sa colonie de lions de mer qui se prélasse sur les quais à quelques mètres des promeneurs qui pourraient même descendre les caresser. A leurs risques et périls !


    Pause-déjeûner


    Une addition salée

    Le lac d’Epecuén, à 350 km au Sud-Ouest de Buenos Aires, est le dernier et le plus bas d’une série de lacs salés. S’il est alimenté par les autres, rien ne s’en déverse. En période de faible pluviosité, sa salinité augmente jusqu’à près de 400g/litre, soit 4 fois celle de l’eau de mer et davantage que les 275g/l de la Mer Morte. Comme pour cette dernière, on y attribue des propriétés thérapeutiques, et le thermalisme s’est fortement développé sur les rives du lac dès le XIXe siècle. Une ville thermale entière a même été construite pour l’occasion, connaissant son apogée vers les années 1980 avec près de 5000 chambres d’hôtel, environ 250 complexes hôteliers et commerciaux, et plusieurs dizaines d’établissements thermaux. Le problème, c’est que cet essor s’est produit dans une période inhabituelle de faible pluviosité et de stabilité du niveau du lac. Lorsque le climat est retourné à la normale, le niveau de l’eau a commencé à remonter dans la série de lacs et surtout dans celui d’Epecuén, le dernier de la chaîne. On a bien sûr installé des digues pour protéger la ville, mais un jour de forte tempête, en 1985, tout a explosé et l’eau s’est mise à envahir la ville. Avec un niveau de 2 mètres, il a fallu évacuer tout le monde en 1 semaine. La population pensait en avoir pour quelques semaines avant que l’eau ne redescende, mais ça a été le contraire. La forte pluviosité se maintenant, le niveau a grimpé pendant encore 8 ans, jusqu’à 10 mètres, engloutissant cette fois toute la ville. C’est seulement à partir de 2006, grâce à une période de relative sécheresse, que l’eau a commencé à se retirer, laissant les dégâts qu’on imagine après vingt années passées dans une eau hypersalée. C’est ce triste spectacle que l’on peu contempler aujourd’hui, un vrai paysage de guerre mais avec pour seul ennemi la nature. Dès l’entrée dans la ville en ruines par sa rue principale, un panneau en montre une photo en pleine et joyeuse activité un peu avant l’inondation. D’autres bâtiments sont présentés ça et là de façon similaire. Le thermalisme n’a pas disparu pour autant, l’activité a repris dans la ville d’où elle était partie, à quelques kilomètres de là.


    Fantôme mais gratuit

    Guanacos gambadant librement dans la pampa
    Guanacos gambadant librement dans la pampa

    Nous sommes partis pour une grande traversée de la pampa, des espaces immenses parfois cultivés mais le plus souvent simplement couverts de buissons ras. Les très longues lignes droites pourraient paraître monotones, notamment en l’absence de toute construction, les villes ou villages étant volontiers éloignés d’une centaine de kilomètre, mais la vigilance nécessaire pour la conduite, un profond nid-de-poule pouvant survenir à tout moment, fait que l’on ne s’ennuie pas. La circulation elle-même est rare, à tel point que plusieurs des quelques véhicules que nous avons croisés nous ont salué d’un petit appel de phares, à la manière de randonneurs qui se disent bonjour. Il nous est arrivés une ou deux fois de rencontrer des guanacos, sortes de lamas sauvages, d’éviter de justesse un volatile ou un tatou qui traversent la route, mais sinon la faune est plutôt rare. Nous choisissons de faire étape pour la nuit à l’entrée d’un parc national. Arrivés au centre des visiteurs, le parking est désert. Les locaux également. Un fléchage nous guide vers des formulaires d’auto-enregistrement à remplir et mettre dans l’urne, en indiquant éventuellement le sentier de randonnée que nous pourrions prendre le lendemain. Une affaire de sécurité principalement, encore que s’il n’y a personne… Un camping est disponible à côté, mais les sanitaires sont fermés et nous ne l’utiliserons pas. Au final tout ça est gratuit … mais pas utilisé ! Nous ne saurons pas si les sentiers du parc en valaient la peine, repartant dès le lendemain matin, mais nous aurons passé une nuit plus que tranquille. Sans voir âme qui vive.


    Neuquén et le mystère du chat noir

    Une fois de plus, nos guides auront péché par excès d’optimisme, confondant peut-être la ville avec la région qui l’entoure. Car Neuquén est principalement, pour nous en tout cas, la porte d’entrée en Patagonie, cette immense région du Sud de l’Argentine dont nous attendons beaucoup. Certes la ville est réputée riche en espaces verts, mais nous laisserons volontiers ces derniers aux citoyens heureux de se dégourdir les jambes une fois sortis de leur habitat en béton. Les boutiques n’ont rien de plus qu’ailleurs. Les musées que nous souhaitions voir n’ouvraient curieusement que de 18 à 21h. Nous replierons vite bagages (une façon de parler car tout est déjà dans Roberto) et reprendrons vite notre route après une courte visite en ville. Nous retiendrons tout de même cette histoire de l’Amphithéâtre du Chat Noir, que vous découvrirez dans le carrousel ci-dessous.


    Notre traversée de la pampa humide est terminée. Nous allons maintenant nous rapprocher de la Cordillère des Andes et explorer la Patagonie. En général, les montagnes nous vont plutôt bien. A confirmer au prochain épisode !

  • 155. De Fiambalá à Buenos Aires

    155. De Fiambalá à Buenos Aires

    Cette troisième partie de notre périple argentin sera bien entendu centrée sur nos retrouvailles avec nos amis quittés en Haute-Savoie 15 ans auparavant, et venus s’installer près de Mendoza. Mais nous aurons fait encore de belles découvertes dans ce pays qui est loin de nous avoir tout donné. A commencer par un avant-gardiste transport de charbon par télécabine, de multiples petits autels au bord des routes, et pas mal d’autres curiosités encore.

    Parcours de Fiambalá à Buenos Aires
    Le parcours décrit dans cet article, en version zoomable ici

    Le Cable Carril de Chilecito

    Cable Carril de Chilecito

    Chilecito, 30 000 habitants, est dominée à l’Est par une sorte de Christ Rédempteur perché sur une colline aux faux airs de Corcovado, mais c’est la traversée Sud-Nord qui intrigue davantage. Une immense avenue à double voie présente sur son terre-plein central un alignement de pylônes qui se perd à l’horizon vers le montagne. On s’attendrait à voir des cabines remplies de touristes circuler sur les câbles mais il n’en est rien. Il faut aller jusqu’à une extrémité de la ligne pour comprendre. La plus proche, au Sud, s’appelle la station numéro 1. Une grande construction sur 2 étages où des trains de bennes vides sont à l’arrêt. Il y a une centaine d’années en effet, un ingénieux système de transport avait été mis en place par des ingénieurs anglais, baptisé le Cable Carril, pour acheminer de façon la plus efficace et compétitive possible les minerais de cuivre, d’or, d’argent ou de plomb provenant de la mine La Mejicana située à 36 km de là et 4600m d’altitude. Arrivé à Chilecito, le minerai était soit fondu à proximité, soit transbordé sur un train de marchandises jusqu’au port chilien d’Antofagasta. Le système comptait neuf stations, chacune équipée de lignes téléphoniques, de bâtiments en pierre, de dortoirs, d’écuries et d’ouvrages hydrauliques. Seules les deux premières sont visitables, mais cela donne déjà un bon aperçu de ce système très en avance pour l’époque et qui a permis l’essor économique de la ville.


    Sanctuaires routiers

    Illustration sanctuaires routiers

    Depuis que nous roulons en Argentine, nous n’arrêtons pas de voir au bord des routes des petits groupements de drapeaux ou de rubans rouges. Et puis, à l’approche des montagnes, se sont rajoutés des amas de bouteilles d’eau en plastique, que l’on pourrait prendre à tort pour des dépôts sauvages. Mais il n’en est rien. Il faut savoir s’arrêter, s’approcher de plus près pour trouver au centre de ces groupement des petits autels abritant divers personnages manifestement vénérés. L’interrogation d’amis argentins associée à l’identification de photos sur Google Lens nous a permis d’identifier les 2 principaux, typiques du pays, et un outsider d’origine étrangère.

    Le personnage le plus courant, avec les drapeaux rouges, est Gauchito Gil, un soldat devenu hors-la-loi qui s’efforçait d’aider et protéger les pauvres. Suscitant l’admiration des Gauchos qui ont qualifié affectueusement celui qui s’appelait en réalité Antonio Mamerto Gil Núñez de « Gauchito », petit gaucho. La légende raconte que ce Robin des Bois espagnol était à l’épreuve des balles et accomplissait des miracles, même après sa capture et son exécution en 1878. L’aspect hors-la-loi a refroidi l’église catholique pour la canonisation, mais pas la population dont beaucoup le considèrent comme un saint et continuent à le vénérer au bord des routes. Notamment les camionneurs et les automobilistes qui déposent entre autres leurs bouteilles de vin devant les autels, en remerciement à Gauchito Gil de leur avoir évité un accident. Ceux qui diront que l’abandon des bouteilles de vin y est pour quelque chose sont de mauvaise foi…

    L’autre pilier de la religiosité populaire argentine est la Difunta Correa. Une jeune femme de la région de San Juan qui au cours des guerres d’indépendance a voulu rejoindre avec son bébé son mari enrôlé de force dans l’armée. Dans cette région désertique, elle est malheureusement morte de soif à mi-chemin. Mais lorsqu’elle fut retrouvée par des muletiers plusieurs jours plus tard, son fils, toujours allaité, était encore vivant : un vrai miracle qui a ému les Argentins et qui a été suivi d’autres miracles posthumes, conduisant au culte encore en vigueur aujourd’hui, débordant largement les frontières de la région et du pays. Là encore, ce sont des voyageurs qui s’arrêtent au bord des routes pour y déposer leurs offrandes. Mais pas de bouteille de vin ici, c’est déconseillé au cours de l’allaitement, mais des bouteilles pleines d’eau par centaines qui expliquent donc nos observations.

    L’outsider, nous ne l’avons vu qu’une fois. Dans un autel plus petit pile entre ceux des personnages précédents. Contenant bizarrement 3 petites statuettes d’une sorte de légionnaire romain portant un plastron en argent, brandissant une croix dans sa main droite et tenant une grande palme dans la gauche. Au-dessous, sur une petite carte, la mention « San Expedito ». Ce saint peu banal aurait son origine … à la Réunion, où le Vatican aurait envoyé en 1931 une boîte contenant des reliques d’un martyre arménien mais non identifiées. La seule indication était le tampon « Spedito » (expédié) sur la boîte, générateur d’une rumeur qui a conduit à la grande popularité d’un saint devenu Saint-Expédit, ayant le rare pouvoir d’exécuter rapidement les vœux des croyants. La popularité aurait gagné les îles et religions voisines (les Hindous et les Mulsulmans l’ont adopté). Et manifestement aussi l’Amérique du Sud.


    Merveilles de la nature

    Découvrir un nouveau pays, c’est découvrir de nouvelles plantes, de nouveaux arbres, de nouvelles fleurs qui ne poussent pas chez soi. Et la variété semble infinie, au point qu’elle me semble dérouter les moteurs de recherche par image comme Google Lens par exemple, surtout lorsqu’on s’éloigne au Sud de l’équateur. Plus de la moitié des plantes présentées ici n’ont pu être identifiées. Je rage !

    Des trucs qui marchent chez vous les grands voyageurs ?


    Le refuge

    Nous avons connu Michel, Sandra et Julian lorsque nous habitions en Haute-Savoie. Michel était passionné de montagne et de parapente et voyageait pour cela en Argentine. c’est là qu’il rencontra Sandra, originaire du pays, avec qui il se maria. Ils eurent Julian qui était de l’âge de nos deux derniers enfants. Nous étions pratiquement voisins et nous voyions assez souvent. Nous avons passé ensemble le réveillon de l’an 2000, c’est dire. Le grand projet de Michel, c’était de tenir un refuge en moyenne montagne en Argentine pour aller vivre là-bas avec sa famille. Il acheta avec Sandra le Refuge de San Bernardo, au-dessus de Mendoza et passa des années à le remettre en service tout en l’exploitant chaque été, avec un certain succès. Et puis nos chemins se sont séparés. Nous sommes partis vivre dans notre île caribéenne. Michel a malheureusement succombé à une grave maladie. Sandra et Julian sont partis là-bas vivre à temps plein et poursuivre le travail que Michel avait initié. Nous nous sommes toujours dit Claudie et moi que si nous passions un jour en Argentine, voir en vrai ce refuge dont nous avions tant entendu parler était incontournable. Et puis l’occasion s’est présentée avec ce tour du monde : quinze ans après, nous avons revu Sandra et Julian et enfin visité ce refuge mythique !

    Nous avons été reçus à l’argentine, c’est à dire merveilleusement bien. Julian et son amie nous ont régalés du typique asado et d’un délicieux dessert maison. Sandra et son nouveau partenaire (depuis peu) nous ont emmenés en randonnée dans les magnifiques montagnes au-dessus du refuge. Nous avons apprécié l’aspect accueillant et chaleureux du bâtiment, imaginant tout le travail accompli en rénovation. Nous avons imaginé l’ambiance en saison quand les groupes arrivent et racontent leurs sorties en moyenne ou haute-montagne (le Cerro San Bernardo est à 4150m d’altitude).

    Il va falloir que nous programmions un séjour bis en haute-saison !


    Rando à 3000 m

    Illustration Rando à 3000

    Il fait bien frais ce matin. La température avoisinait zéro degré juste après le lever du soleil. Alors nous nous équipons chaudement car Sandra et Gonzalo nous proposent une randonnée dans le massif juste au-dessus du refuge. C’est d’ailleurs là que vont en premier les randonneurs de l’été à y être hébergés. Certains s’arrêtent là, d’autres poursuivent vers la haute montagne, avec des sommets à plus de 4000m à quelques heures de marche. Paradoxe de l’altitude, il nous faut ne pas oublier d’appliquer notre crème solaire. Même sans réflexion sur la neige, les UV augmentent de 11% tous les 1000m. Nous voilà partis à monter lentement mais sûrement sur le sentier qui part presque du refuge. Nous ne serons pas trop gênés par la neige, réduite cette année au fond des torrents et inhabituellement absente des pâturages cette année. On imagine bien la raison. Elle est tout de même bien présente en arrière-plan sur les sommets de la précordillère des Andes, comme ce Cerro San Bernardo à 4250m d’altitude à qui le nom du refuge fait référence. La vue est grandiose, aussi bien sur ces cimes que sur la vallée en contrebas. Arrivés dans une sorte de plaine perchée à 3300 m, nous trouvons quelques rochers plats pour nous reposer et prendre un petit remontant. Ce sera chocolat pour Claudie et moi, plus quelques sucreries argentines que nous offre Sandra, tandis qu’elle-même et Gonzalo vont savourer un maté. Je dois avouer que nous n’avons pas encore adopté la coutume. Qu’en ferions-nous après avoir quitté l’Amérique du Sud ? Pendant notre pause, des caracaras vont venir à notre rencontre. Ce sont des falconidés assez communs dans ces hautes plaine, et ils n’ont pas l’air trop farouches, venant juste quémander quelques miettes. Nous redescendons tranquillement par le même sentier et retournons nous mettre au chaud dans le refuge. Une belle balade, oui. Merci à nos hôtes !


    Le canyon de l’Atuel

    Nous au Cañon de l'Atuel
    Nous au Cañon de l’Atuel

    C’est encore Sandra et Gonzalo, alors que nous avions rejoint Mendoza, qui tiennent à nous faire découvrir le Cañon de l’Atuel, qui serait l’équivalent argentin du Grand Canyon de l’Ouest américain. La comparaison est difficile car nous avons vu le second par beau temps, chaleur écrasante et Colorado bien rempli, des conditions presque opposées à celles présentes aujourd’hui. N’empêche que cette vallée dans laquelle on circule entre de hautes falaises dont la couleur et les formes changent pratiquement tous les kilomètres nous a vraiment donné envie d’y revenir en période favorable. Les lacs à l’arrivée nous ont aussi rappelé les bouches de Kotor au Monténégro, les bateaux de croisière en moins. C’est véritablement un endroit extraordinaire, peu connu et donc peu fréquenté dans la partie la plus éloignée de Mendoza, qu’il faut absolument visiter lorsque l’on passe dans la région, surtout si le soleil est au rendez-vous. À noter que le parcours se fait sur un chemin de terre assez étroit par endroits, que des crues viennent parfois obstruer. Mieux vaut se renseigner à l’une ou l’autre des extrémités avant de se lancer dans la traversée du cañon.


    L’abus d’alcool etc.

    Mobilier urbain vinicole
    Mobilier urbain vinicole

    Les parents de Xenia, l’amie de Julian, tenant une entreprise vinicole (bodega) pas trop à l’écart de notre parcours, nous décidons d’aller la visiter. La Finca Ivonne, du prénom de l’épouse de son créateur, a démarré son activité en 1998 et fait partie d’une propriété familiale plus grande fondée elle en 1974. Cela reste une toute petite entreprise qui conçoit son vin de la plantation des vignes jusqu’à la commercialisation des bouteilles, ce qui permet d’avoir le contrôle sur toutes les étapes. Et notamment de miser sur l’agriculture durable, l’absence de pesticides ou d’additifs, laissant au maximum le vin travailler par lui-même. Tout cela nous est décrit par Luciano Martinez, l’œnologue familial, qui parle avec passion des ses produits. Les vins produits sont 3 rouges, issus des cépages malbec, cabernet-sauvignon et tempranillo, un blanc moelleux et un étonnant (pour nous en tout cas) vin orange. Ce dernier est élaboré en laissant fermenter un jus de raisin blanc avec la peau d’un raisin rouge. Cela donne effectivement une couleur orangée, tandis que la saveur est intermédiaire entre celles du blanc et du rosé. En tout cas bravo à l’entreprise pour sa philosophie bio et son caractère familial. Quant aux vins, nous n’avons pas encore goûté toute la sélection, mais nos premiers essais sont très satisfaisants : les vins argentins tiennent tout à fait la route face aux vins français. Enfin une façon de parler parce que la tolérance sur la route en Argentine, c’est zéro alcool.

    Rien à voir avec la Finca Ivonne, et heureusement d’ailleurs, je me suis permis de rajouter là quelques trouvailles de supermarchés concernant les boissons. Appréciez et consommez avec modération !


    Bivouac insolite

    En fait un autre bivouac insolite, du côté de St Raphael
    En fait un autre bivouac insolite, du côté de St Raphael

    Sur la route vers notre destination suivante, nous nous arrêtons en fin d’après-midi un peu à l’écart de la nationale, sur un chemin de terre près d’une entreprise de briquèterie. Un peu cachés de la route par des arbres, nous pensons être tranquilles la nuit venue. Mais un homme qui circule à vélo sur le chemin s’approche de Roberto et nous fait signe qu’il veut nous parler. Il nous dit que nous ne sommes pas en sécurité ici et que nous ferions mieux d’aller nous garer devant un bâtiment qu’il nous montre à 100 m de là. Voyant notre hésitation – davantage due à une incrédulité sur la réalité du danger qu’à une mauvaise compréhension des propos de notre cycliste – il nous propose de nous y conduire. Nous rangeons rapidement nos affaires et remettons le moteur en route. L’homme nous fait entrer en fait à l’intérieur de l’enceinte d’un grand bâtiment blanc affichant de belles colonnes devant sa porte d’entrée. Il rejoint un second, le gardien en fait, qui nous fait garer le plus près possible de l’entrée. C’est tout juste si nous ne débordons pas sur le sol en marbre. Nous discutons un peu avec nos hôtes. Nous apprenons que le bâtiment est une salle de réception assez chic. Le gardien s’empresse d’ailleurs de nous la faire visiter… Nous essayons d’aborder le thème de l’insécurité. L’homme au vélo nous montre la photo d’un camping-car d’un de ses amis, qui n’a pas l’air d’avoir été agressé du tout. On comprend qu’il aime les voyageurs nomades et qu’il souhaite nous rendre service. Peut-être que son copain le gardien s’ennuie aussi dans son grand bâtiment vide. La prochaine réception est pour dans seulement une dizaine de jours. Très gentils, ils nous proposent de nous brancher à l’électricité ou à l’eau, d’utiliser leurs toilettes… nous répondons sur le même ton que nous avons tout ce qu’il nous faut. Quel accueil ces Argentins ! Nous dormirons en tout cas à poings fermés, dans l’enceinte fermée du bâtiment et gardée toute la nuit par un agent de sécurité.


    Encore des salines !

    Salinas del Bebedero
    Salinas del Bebedero

    Nous arrivons vers la ville de San Luis, dans une grande région aride. A 42 km de là survit tout de même un petit lac salé dont l’étendue va et vient avec la pluviosité ou la fonte des glaciers. Lorsqu’il se retire, il laisse 6500 ha de sel de cuisine que les visiteurs peuvent ramasser à loisir, c’est gratuit. Il est tout de même préférable que l’extraction soit mécanisée, ce qui est le cas depuis 1900. Habituellement, le sel nouvellement déposé au fond de l’eau après évaporation et cristallisation est ramassé par des engins adaptés puis rassemblé en « montagnes de sel ». L’intérêt est que les précipitations suivantes vont laver le sel des impuretés et minéraux indésirables. Cela prend environ 1 an. Aux Salinas del Bebedero, c’est une usine moderne qui fait ce travail dans un processus plus sûr et plus rapide. L’usine est la plus grande de toute l’Argentine. Selon Wikipédia, le propriétaire des salines s’appelle Franco Selle. Ça ne s’invente pas !


    La Carolina

    Roberto garé sous le labyrinthe de pierre de La Carolina
    Roberto garé sous le labyrinthe de pierre de La Carolina

    Nommé ainsi, selon Wikipédia, « en l’honneur de Charles III d’Espagne » (y aurait-il un doute sur son orientation sexuelle ?), le village argentin de La Carolina est comme beaucoup d’autres un pur produit de la fièvre de l’or. Le filon a été épuisé en une cinquantaine d’années, vers le milieu du XIXe siècle. Mais un autre filon a suivi, celui de l’exploitation touristique de l’endroit. L’un des accès à la mine d’or, fermé lorsque nous sommes passés, a été sécurisé pour permettre la visite au public, qui se fait néanmoins avec casque et bottes. Il y a possibilité aussi d’orpailler dans le ruisseau qui traverse le village, sans grand espoir de trouver la pépite du siècle. Le village lui aussi a été réaménagé. On a remis des pierres sur les maisons qui n’en avaient pas pour rendre l’aspect plus harmonieux. On a saupoudré la rue qui traverse la ville de diverses attractions : bars, restaurants, glaciers, expositions-ventes de cristaux, labyrinthe en pierre et même un musée de la poésie. Tous les efforts esthétiques sont appréciables, mais nous n’avons rien trouvé de transcendant sinon une surface herbeuse au pied d’une montagne à l’écart de la ville pour passer la nuit en toute tranquillité. Enfin une fois que ce couple avec enfants, venu se garer juste à côté de nous alors qu’il y avait plein de place, ait terminé son pique-nique du soir bien après le coucher du soleil.


    La maison de la pierre peinte

    Le parking de la Maison de la pierre peinte
    Le parking de la Maison de la pierre peinte

    C’est un endroit un peu mystérieux, accessible sur la carte par un petit chemin en pointillés à peine visibles, et qui recèlerait des peintures rupestres. Aucune indication à l’embranchement du chemin avec la route, mais le GPS a l’air sûr de lui. A ce stade, nous ne sommes pas étonnés de trouver un chemin de terre, par endroits limité aux deux passages de roues, alors nous ne sommes pas étonnés davantage lorsque nous arrivons sur un terrain herbeux où broutent une cinquantaine de vaches. Nous garons Roberto au milieu de tout ça. Nous ne sommes que trois (Roberto et nous) à ne pas meugler, c’est dire l’ambiance ! Le site proprement dit se situe à mi-hauteur d’une falaise surplombante. Nous empruntons le petit escalier qui grimpe raide sur les rochers en faisant bien attention où nous mettons les mains (le câble qui fait office de main courante manque par endroits) et les pieds (des marches sont cassées, voire manquantes). La maison n’est autre que ce surplomb rocheux qui permettait aux autochtones présents 9000 à 5000 ans avant notre ère de s’abriter et de cuisiner. On retrouve d’ailleurs des mortiers au niveau du sol. Et la fameuse pierre peinte, ce sont des pétroglyphes de couleur rouge représentant des formes géométriques, une sorte de biche et peut-être un poisson. Malheureusement, la majorité ont été vandalisés, les visiteurs étant ce qu’ils sont, et la région ou le pays n’ayant pas les moyens de faire surveiller le site jour et nuit. Il est surprenant en effet que l’accès soit totalement libre pour des pétroglyphes de cette valeur.


    La vallée du gentil condor

    Un condor essaie d'impressionner Roberto à l'entrée du parc
    Un condor essaie d’impressionner Roberto à l’entrée du parc

    Qu’on se le dise, malgré son envergure imposante pouvant aller jusqu’à 3m, le condor des Andes est plus facile à voir qu’à photographier, surtout au smartphone. Car il vole généralement très haut, cherchant régulièrement les courants ascendants qui leur permettent de planer sans battre des ailes, soit 99% de leur temps de vol. Même à grande hauteur, les grandes ailes rectangulaires comme munies de petits doigts au bout sont assez caractéristiques, et l’on arrive volontiers à distinguer le petit col blanc qui tranche sur le noir du reste des plumes. Alors, quand nous sommes arrivés dans ce parc dédié aux condors, la Quebrada del condorito, et qu’on nous a donné le choix entre une balade de 4h aller-retour où nous aurions une petite chance d’en apercevoir en altitude, et une de 30 mn appelée parcours de découverte, nous avons opté pour la solution la moins courageuse mais peut-être la plus réaliste. Le seul condor que nous verrons, est celui qui, au bord de l’autoroute, annonce l’entrée du parc en déployant ses grandes ailes métalliques. Mais sinon on les aime bien ces condors, si typiques de la culture andine et si idolâtrés par les Incas. Charognards mais pas prédateurs, ils sont les grands nettoyeurs des pampas. En remerciement, les humains détruisent peu à peu leur milieu naturel et l’espèce est en danger. Le plus grand oiseau volant du monde en péril à cause du plus grand voleur du monde.


    Córdoba

    Séance de maté devant le palais de justice Córdoba
    Séance de maté devant le palais de justice Córdoba

    Nous sommes ici dans la seconde ville la plus peuplée du pays, après Buenos Aires bien sûr. Córdoba compte 1,4 millions d’habitants, ce qui la situerait entre Bordeaux et Toulouse si l’on veut comparer. Naturellement très étendue, la ville est parsemée de grands espaces verts, à l’image de ce Parc Sarmiento où nous sommes venus nous garer. Tranquille le jour, les habitants venant principalement s’installer sur les pelouses pour y discuter autour d’un maté, quelle que soit la température (il faisait entre 10 et 15°C…), le parc s’est révélé malheureusement bruyant en première moitié de nuit, entre les passages de motos sans échappement, les séances de rodéo urbain et les discussions à voix haute des passants. Nous avons été à 2 doigts de bouger, mais c’est toujours un peu difficile de se relever du lit et de reprendre le volant, alors nous nous sommes contentés des bouchons d’oreilles. La visite du parc le lendemain, alors que tout calme était revenu, s’est révélée agréable, avec découvertes de quelques éléments symboliques de la ville comme ce Phare du Bicentenaire (de l’indépendance) ou cette étonnante Roue Eiffel dont l’immobilité est à l’égal de l’incertitude quant à son réel auteur, même si les Cordobeses – qui ne sont pas si gros – sont persuadés d’avoir une œuvre made by France.


    La visite se poursuit sur le thème des animaux domestiques, particulièrement choyés en Argentine, de la couleur souvent exprimée en architecture, puis par une exposition découverte par hasard sur notre chemin, où les animaux tentent de ressembler à des humains, à moins que ce ne soit l’inverse…



    Nous terminons notre visite par le cœur colonial de la ville, pas trop mal conservé, avec des édifices religieux et publics intéressants parsemés sur des rues souvent quelconques, hélas.



    La guerre prégnante

    Boulevard Héros des Malouines

    A plusieurs reprises, nous entrevoyons au bord de la route des panneaux « Port Stanley, 2500 km », « Port Stanley, 1975 km », etc. Mais où est donc ce Port Stanley ? Eh bien tout simplement aux Iles Malouines (Falkland pour le Royaume-Uni qui les occupe). L’Argentine est loin d’avoir digéré sa défaite lors de la guerre de 1982, qu’elle avait déclenchée en envahissant ces îles occupées par le Royaume Uni. Après 10 semaines de conflit, l’armée britannique évidemment plus puissante avait repris le contrôle des lieux tout en mettant les moyens pour repousser toute autre tentative : 2000 militaires sont là en permanence pour 2800 civils. L’Argentine revendiquait pourtant ce territoire, plus proche de ses côtes que de n’importe quel autre pays, pensant que l’attribution serait automatique lors de l’acquisition de son indépendance des colons espagnols vers 1811. Mais les Anglais qui avaient occupé les Malouines auparavant n’étaient pas d’accord, contrairement aux Français qui après 4 ans de présence acceptèrent de s’en séparer. A noter que ce sont nos compatriotes originaires de St Malo qui ont donné leur nom aux îles ! Quoi qu’il en soit, les Argentins revendiquent toujours activement en 2025 ce bout de territoire, que ce soit dans les rues du pays ou en actions diplomatiques.


    Miramar de Ansenuza

    Nous sommes au bord du plus grand lac d’Argentine, le Lago Mar Chiquita (la Petite Mer), qui est aussi l’un des plus grands lacs salés endoréiques du monde. C’est à dire ne se remplissant que par la pluviosité ou par des sources profondes, mais ne produisant pas d’eau par lui même. L’endroit où nous sommes, très asséché, aurait tendance à faire croire à un déclin proche de celui de la Mer Morte. Mais il n’en est rien : le niveau ne cesse de monter et de descendre depuis des siècles, avec un cycle d’environ 50 ans. Le niveau actuel est stable depuis 1980. Il a été jusqu’à 3 fois plus bas dans le passé ! La côte Sud du lac est la plus touristique, notamment la ville balnéaire de Miramar de Ansenuza, où l’on vient pour admirer entre autres les colonies de flamants roses, se faire peur dans un hôtel au passé troublant, ou encore déguster de curieuses spécialités culinaires…

    a) marche sur les eaux


    b) l’hôtel de tous les mystères

    Le Gran Hotel Viena de Miramar (province de Cordoba)
    Le Gran Hotel Viena de Miramar (province de Cordoba)

    c) tout à l’escabèche


    Le cimetière de Devoto

    C’est toujours notre roue de secours pour les bivouacs des week-ends, lorsqu’il nous faut éviter les centres-villes, les stades et les églises. Les cimetières affichent toujours un calme rarement démenti, sauf évidemment lors d’évènements comme les grandes fêtes religieuses. Nous voici donc sur le parking de celui de la ville de Devoto, avec asphalte et emplacements délimités s’il vous plaît, ç’est moins fréquent en Amérique du Sud que ça en a l’air. J’en ai profité pour rendre visite à nos voisins et observer un peu les rites funéraires argentins. Contrairement aux habitudes européennes, les défunts étaient ici rarement enterrés, mais plutôt placés dans des cases de béton numérotées, ce qui ne les change peut-être pas trop de leur vivant. Les plus riches se font construire de jolis édifices autour avec statues, petits anges et autres fioritures. Cela dit, les habitudes changent, la sévérité de la crise économique et l’évolution des mœurs conduisant à une très forte progression du taux de crémation. On est arrivés proche des 90% ici alors qu’en France ce serait plutôt dans les 50%. La crémation coûte ici dans les 400 €, ce qui n’est pas si loin du revenu moyen (485 €). Pour ceux qui restent, si j’ose dire, on va économiser sur l’entretien, et certains caveaux ou même chapelles – la crise frappe à toutes les portes – tombant en décrépitude. J’ai tout de même trouvé un caveau fleuri avec des oiseaux de paradis fraîchement coupés. Quel luxe !


    Visite éclair à Santa Fé

    Certes c’était un dimanche, et le repos dominical est particulièrement bien respecté ici, mais nous ne nous attendions pas à voir si peu de monde dans une ville de cette importance. Surtout, les quelques bâtiments à valeur historico-culturelle du centre, comme ce Couvent San Francisco à l’intérieur parait-il magnifique, étaient également fermés à la visite, ce qui n’est pas forcément blâmable un tel jour, encore faudrait-il que Google Maps donne les informations correctes. Nous avons transformé notre exploration urbaine en promenade autour d’un cours d’eau sans grand charme, mais bordé de pas mal d’arbres différents qui m’auront inspiré pour écrire le paragraphe suivant.

    a) désillusion en centre-ville


    b) arbres d’hiver … divers

    Les saisons étant inversées dans l’hémisphère Sud, nous sommes en plein hiver pendant que l’Europe subit son été le plus chaud jamais enregistré. Cela dit, étant à des latitudes équivalentes à celles de Casablanca ou Tunis dans l’hémisphère Nord, toute végétation n’a pas disparu. Nous côtoyons aussi bien des arbres ayant perdu toutes leurs feuilles que d’autres encore bien garnis voire couverts de fleurs ou de fruits. Avec bien sûr des espèces que nous n’avons pas l’habitude de voir en France.


    Nous sommes suivis !

    C’est l’histoire d’un chien qui nous a emboîté le pas un bon moment pendant notre visite de San Antonio de Areco. L’occasion de rappeler que, si les animaux errants sont nombreux en Argentine, ils sont rarement agressifs grâce à une population bienveillante qui leur laisse régulièrement de quoi se nourrir et se restaurer dans la rue.


    Je ne suis pas un animal de compagnie

    Hasard ou pas, le jour où j’ai vu ce capybara en tricot – une tradition sud-américaine – j’ai reçu sur Instagram des nouvelles d’un groupe de ces rongeurs placides recueillis dans un refuge que nous avions visité au Costa-Rica après avoir échappé à un trafic d’animaux entre ce pays et le Panama. Si sympathiques qu’ils paraissent, les capybaras sont totalement incompatibles avec une vie d’animaux domestiques. Il était bon de le rappeler.


    Le déluge

    Nous sommes dans une grande traversée vers l’Est pour rejoindre une réserve naturelle renommée toute proche de la frontière Uruguayenne. En milieu d’après-midi, nous décidons de stopper dans un « balneario », une sorte d’aire aménagée au bord d’une petite rivière, dont les Argentins semblent assez friands, même si la qualité de l’eau n’est pas toujours au rendez-vous. Nous sommes hors saison, le terrain est déserté mais les installations sanitaires ou de pique-nique restent accessibles. Et gratuites si l’on n’y reste pas plus de 24 heures. Le gardien vient d’ailleurs nous accueillir. Nous lui confirmons que nous ne ferons que passer la nuit. Un camping-car argentin arrive un peu plus tard et s’installe près des sanitaires, pour avoir l’eau et l’électricité sans doute. « Un peu » de pluie étant annoncée pour la nuit, nous nous stationnons pour notre part au centre d’une petite clairière au sol ferme et en évitant la proximité avec les arbres. Effectivement en fin de nuit, ça crépite un peu sur le toit de Roberto, mais pas de quoi handicaper notre sommeil. Au moment de commencer le petit-déjeuner, nous nous félicitons de notre choix, car les arbres autour de nous ont les pieds dans l’eau, tandis que les roues de Roberto restent au sec. Enfin façon de parler. Mais moins d’une heure plus tard, l’eau a monté et s’est bien approchée de nous. Nous décidons d’accélérer notre départ, constatant d’ailleurs que nos voisins camping-caristes ont levé le camp bien avant nous. Nous avançons prudemment sur le sol de la clairière qui accroche bien, avant de nous engager sur l’allée principale du balneario, couverte de quelques centimètres d’eau qui n’handicapent pas notre progression, la surface bien qu’en terre étant bien tassée. Mais à la sortie du campement, qui se fait par un petit pont, la route en terre de 3 km qui rejoint la ville, parfaitement sèche et carrossable la veille, s’est transformée en torrent. Il ne semble pas très raisonnable de s’y aventurer. Nous apercevons au loin un tracteur sur la route qui vient dans notre direction. Nous décidons d’attendre qu’il s’approche de nous pour évaluer mieux l’état de la route. Qui se confirme catastrophique. Le tracteur nous fait des signes pour que nous reculions. Nous pensons qu’il souhaite que nous lui laissions la place pour traverser le pont, mais sous une pluie battante, le chauffeur et deux autres hommes viennent vers nous. Après une courte discussion, nous découvrons avec stupéfaction qu’ils sont venus à notre secours ! C’est sans doute le gardien d’hier qui a donné l’alerte. Ils accrochent des sangles au crochet de traction de Roberto et nous voilà partis sur le chemin boueux, remorqué par le tracteur. La rapidité de la prise en charge et le caractère sympathique voire hilare de nos sauveteurs font que nous n’avons pas eu le temps de nous sentir en danger. Épatants ces Argentins ! Un quart d’heure et des tonnes de boue soulevées plus tard, nous sommes déposés au début de la route goudronnée. Nous avons aperçu sur une route transversale le camping-car de la veille fortement penché sur un bas-côté. Les hommes du tracteur nous annoncent qu’ils vont aller le sortir de ce mauvais pas également. Merci en tout cas à la ville de Villaguay pour avoir été aussi proactifs. Nous ne sommes peut-être pas les premiers à qui ça arrive !


    Après la pluie le beau temps

    Après avoir roulé toute une journée sous la pluie au milieu de champs inondés, puis passé la nuit sous la pluie sur un parking en centre-ville d’une localité sans grand intérêt, nous repartons sous un soleil radieux qui pourrait nous faire oublier les récents désagréments. Mais la réalité nous rattrape vite : dès l’entrée de la ville de San Antonio de Areco, la route que nous devions emprunter pour accéder à notre lieu de stationnement est recouverte d’eau. Et tout le parc qui borde la rivière Areco. Nous devons trouver une alternative, mais heureusement, le reste de la ville est accessible normalement.


    San Antonio de Areco

    A un peu plus d’une centaine de kilomètres de Buenos Aires, San Antonio de Areco serait le sanctuaire de la culture gaucho. Nous n’en avons pas trouvé trace dans les rues et le musée dédié au phénomène Gaucho était inaccessible pour cause de débordement de la rivière Areco. Mais la ville a d’autres atouts, comme d’avoir un centre historique où l’architecture coloniale espagnole est bien conservée, un artisanat de l’argent en vogue et un peu d’art dans la rue. J’y ai ajouté un lien artificiel avec une viennoiserie qui divise la France, regardez bien le carrousel de photos jusqu’au bout !


    Quiz avec un E

    Sans lien avec une quelconque série télévisée, voici un petit quiz inspiré par un panneau urbain inconnu chez nous


    Le coup de la panne

    A l’approche de Buenos Aires, nous faisons une dernière halte à Luján, une ville devenue au fil des siècles le plus haut lieu argentin du catholicisme. Plus d’un million de pèlerins s’y donnent rendez-vous chaque année au début du mois d’octobre, effectuant pour beaucoup le trajet à pied depuis la capitale, une soixantaine de kilomètres. Rien d’unique dans le monde, mais tout de même, l’histoire est croustillante. Tout débuta en 1630, avant la création de la ville, lorsqu’un convoi transportant des statues religieuses s’arrêta pour une pause près de la rivière Luján. Et fut incapable d’en repartir le lendemain matin, ce qui fut attribué à la volonté de l’une des statues, une effigie en terre cuite de la vierge Marie. Ce que femme veut… Dieu le veut : une ville fut érigée là, puis une église, puis une cathédrale lorsque Notre-Dame de Luján fut déclarée en 1930 sainte-patronne de l’Argentine. Tout ça pour une panne de chariot. On retient tout de même que la cathédrale a été bâtie par un Français, avec du marbre de Carrare, des portes en bronze, des flèches en cuivre. Une bâtisse imposante qui domine la région de ses 106m de hauteur.


    Fantaisie policio-royale


    L’étape était longue, nous allons faire une petite pause d’un mois en France pour revoir la famille et les amis. Voilà pourquoi nous nous sommes rapprochés de Buenos Aires. Nous avons trouvé par nos réseaux un particulier qui hébergera Roberto dans sa ferme, située à un quart d’heure de l’aéroport, et qui nous y conduira. Alors à bientôt, dans deux mois peut-être, pour la reprise du voyage. Et encore merci de nous suivre.