51. La inspección

Je profite du blog pour vous distiller quelques mots d’espagnol, langue dans laquelle nous sommes totalement baignés actuellement, d’autant que peu de mexicains parlent anglais. L’espagnol n’est pas si compliqué pour les francophones grâce au fait qu’une grosse partie du vocabulaire est commune, ou presque. Ainsi pour tous les mots dont la terminaison est -tion et -sion (ou -ssion) en français, il suffit de remplacer le suffixe par -ción ou -sión et vous aurez le mot espagnol. Fastoche, non ? Il y a bien sûr des exceptions comme « protestation » qui devient « protesta », mais rassurez-vous, « exception » se traduit bien « excepción », sinon ç’aurait été un comble ! Mais revenons à notre « inspección ».

la inspeccion

L’inspection douanière est un moment important dans le processus du shipping. Non pas tant par l’acte bureaucratique, qui peut néanmoins parfois tourner au vinaigre comme ce couple décrivant sur les réseaux sociaux que leur véhicule a été bloqué à Veracruz pendant 2 ans ! Mais surtout par le fait que vous revoyez ce jour-là pour la première fois depuis 4 ou 5 semaines votre compagnon à roues favori. Outre l’émotion des retrouvailles, vous découvrez aussi à quel point il a pu être ou non malmené. Car au cours de ces voyages en RO-RO, les véhicules sont de plus en plus souvent, pour ne pas dire systématiquement, visités et « allégés » d’une partie de leur contenu, voire dégradés. C’est un gros problème qui ne trouve pas pour l’instant de solution car les victimes se plaignent rarement au-delà des réseaux sociaux, n’attendant rien de leur assurance maritime qui n’assure que les biens d’une valeur individuelle supérieure à 200$. Et quand bien même ces victimes iraient en justice, elles se heurteraient au renvoi de responsabilité des différents intervenants entre eux (transitaires, autorités portuaires, compagnies maritimes, etc. Nous n’avions donc pas d’autre choix que de faire avec, en protégeant Roberto du mieux que l’on pouvait tout en connaissant les limites de ce genre de protections face à des gens déterminés pouvant prendre tout leur temps dans la quiétude d’une cale de navire ou l’obscurité d’un port.

« Quoi ? Les 2 gringos ont leur inspection aujourd’hui ? » – Non, ce n’était quand même pas dans le journal !

Quatre jours après le déchargement de Roberto, nous avons enfin le rendez-vous pour l’inspection douanière. L’agent qui nous guide dans les formalités à Veracruz, Luis, nous avait quelque peu préparé : un seul d’entre nous pourra entrer dans le port, à condition d’être correctement habillé, ce qui signifie chemise, pantalon et chaussures fermées, y compris pour les femmes. L’occasion est trop belle de mettre mon pantalon tout neuf, acheté 2 jours auparavant. Luis me récupère, accompagné d’une employée, devant la porte de l’hôtel. Il me demande si j’ai bien mon passeport, regarde mon pantalon et me dit, une expression bizarre sur son visage : « Vous n’avez pas de jean ? ». Voyant mon incompréhension il insiste, montrant que son employée et lui en portaient. Je confirme cette faute de goût, désolé de ne pas être aussi « correctement » habillé qu’il l’espérait. Il répond que ça ira et me fait enfiler un gilet de chantier orange fluo, the mexican touch sans doute. Nous arrivons à l’entrée du port. Pendant que Luis passe les barrages pour l’accès de sa voiture, l’employée m’emmène au contrôle des humains, un peu similaire à celui des aéroports, le gel hydroalcoolique à double dose en plus (j’ai dû recevoir celle de l’employée qui, elle, est passée direct…). Nous retrouvons Luis, une liasse de papiers fraîchement tamponnés à la main. Après un long parcours dans l’immense port, sillonnant entre les trains de marchandises en marche et les nombreux poids lourds, il nous amène au parking de la douane. Et là je vois enfin Roberto, attendant sagement au soleil parmi une demi-douzaine de congénères. J’envoie de suite une photo à Claudie afin de partager ce moment d’émotion, puis je scrute la carrosserie au travers du grillage qui nous sépare encore. Je ne décèle rien d’anormal, c’est déjà ça.

La réponse de Claudie
Un peu poussiéreux mais enfin là !

Vingt bonnes minutes après, la douanière arrive enfin. C’est sûr que si j’étais atteint d’onychotillomanie, je n’aurais plus que des moignons d’ongles à ce moment-là. Nous faisons le tour de Roberto, que l’inspectrice prend en photos sous toutes les coutures. C’est vrai qu’il est beau… mais ce doit être pour d’autres raisons. Je vérife que la porte latérale que j’avais condamnée électriquement est bien fermée. Malheureusement, elle s’ouvre… Ça commence plutôt mal ! Un rapide coup d’œil à l’intérieur, ne constatant rien d’anormal dans l’entrée, me rassure partiellement. Mais je n’entre pas et poursuis mon inspection. J’arrive aux portes arrière. Celle de droite est entrouverte. Manifestement elle a été forcée, sans dégât apparent sur la carrosserie, et le cadenas à l’intérieur a tenu le coup. Ouf, car nous avions rangé pas mal de choses dans la soute. Pas d’autre anomalie à l’extérieur. Je pars maintenant à la découverte de l’habitacle, m’attendant au pire avec cette porte latérale déverrouillée. Mais non, tout semble en place. Aucun placard ou tiroir ouvert. Seule la cloison temporaire de séparation cabine/cellule est partiellement sortie de ses rails et présente une petite déchirure dans le bois, démontrant bien qu’on a essayé de la forcer. De nouveau sans résultat apparemment. Au niveau des portes arrière forcées, les plaques en acier anti-ouverture que j’avais installées sont cintrées, ils ont dû tirer fort, mais le cadenas qui les solidarise est toujours en place. Il a néanmoins souffert car je n’arrive pas à l’ouvrir. Je craignais enfin avoir oublié, dans la panique de la dépose à Anvers, de désactiver ma batterie, risquant ainsi une décharge profonde lors du long transport et donc une détérioration. Mais non, le disjoncteur est bien sur « OFF » et l’afficheur lumineux indique 13,9 V, ce qui signifie que les panneaux solaires la rechargent. Un premier bilan plutôt positif donc, si l’on excepte la porte forcée et peut-être abîmée.

… et la batterie aussi !

Je n’ai pas trop le temps de réfléchir à tout ça car l’inspectrice des douanes me fait sortir sur le quai la quasi-totalité du contenu des placards et des soutes, à l’heureuse exception de la batterie de cuisine. Le sport consiste à détecter tout ce qui est prohibé à l’importation et notamment tout ce qui est nourriture. Ayant eu l’information au préalable, nous n’avions plus grand-chose, mais les quelques sachets de thé et d’infusions qui nous restaient ont été confisqués, tout comme un flacon d’épices et une boîte de sucre. On nous a aussi pris un des paquets de sciure de bois, celle qui nous sert pour nos toilettes sèches, un grand danger pour le pays manifestement. Deux autres paquets stockés tout près sont passés inaperçus pour leur part, mais ne crions pas victoire trop tôt car il y aura une autre inspection à la sortie du port. L’inspectrice a forcément voulu voir les soutes. Elle a appelé à la rescousse un ouvrier qui, muni d’un coupe-boulon plus grand que lui, a sectionné le cadenas rebelle en moins de temps qu’il n’en a fallu pour écrire le dernier mot de cette phrase. Le contenu des soutes, plutôt technique (tuyau de remplissage, câble électrique, boîte à outils, etc.) n’a pas paru intéresser la fonctionnaire qui ne m’a rien demandé de sortir. Zut, j’aurais dû cacher les tisanes dans la boîte à outils ! Pour finir, ils ont lâché le chien. Enfin c’est une façon de dire qu’un gros molosse est venu mettre le nez dans toutes nos petites affaires, histoire de vérifier que nous ne tentions pas d’importer de croquettes 😉. D’ailleurs j’ai trouvé ça bizarre, parce que les « croquettes » elles vont plutôt de l’Amérique vers l’Europe et pas l’inverse, non ?

Il ne me restait plus qu’à tout ranger. Et à laisser de nouveau Roberto clefs sur le contact aux mains des employés du port pour plusieurs jours, le temps que les douaniers puissent partir en week-end et se reposer avant de rendre leur rapport. Avant de partir, je passe demander à mon ami Kilian, en train de subir le même contrôle, comment ça se passe pour lui. Je le trouve la mine défaite, errant parmi ses effets étalés sur le sol. Il me dit avoir retrouvé l’intérieur de son van sens dessus dessous et que plusieurs éléments mobiliers ont été endommagés. En outre, plusieurs de ses biens ont été volés. Je le quitte avec la promesse de le revoir l’après-midi. Il va lui falloir plusieurs jours pour s’en remettre moralement. Mais il s’en remettra, car heureusement les bons côtés du voyage vont vite reprendre le dessus.

Nous avons donc encore un grand week-end à occuper avant d’être convoqués pour l’ultime étape, celle de la sortie du port, qui n’a rien d’une simple formalité. Le musée naval vient de réouvrir, nous allons y jeter un oeil mais nous ne le trouverons pas aussi « incroyable » que l’affirme le site. Je mets aussi quelques photos d’une balade plus intéressante dans l’ancienne forteresse qui, sur une île proche de la côte protégée des courants, a pu servir d’abri aux bateaux de commerce et permettre à la ville de se développer. Le port s’est d’ailleurs développé autour d’elle et ce n’est plus une île du tout.

De l’extérieur, une jolie vue sur le port
Des douves à l’intérieur sont là pour séparer la zone de vie de la zone de défense



Beaucoup de vent ce week-end. Le drapeau rouge interdit la baignade et les rafales de sable bousculent les marcheurs

J’espère que vous attendez le prochain article comme nous attendons Roberto. Alors à très bientôt !

50. Anne ma soeur Anne

Anne, ce pourrait être notre ami néerlandais Kilian, idéalement logé dans un hôtel avec vue sur le port, et chargé par nous en conséquent de nous prévenir dès que notre navire tant attendu est en vue, cet évènement étant annoncé par la compagnie le jour même.

En ce début de matinée, à l’instar de la sœur de l’héroïne du conte de Perrault, il ne voit rien que le soleil qui poudroie (et encore assez peu car le ciel grisoie aussi pas mal) et l’herbe qui verdoie. Enfin pas trop non plus, car ça pousse assez mal sur la mer, laquelle grisoie autant que le ciel ce jour-là, mais vous l’avez compris, il ne voit rien venir. Alors nous partons tranquillement prendre notre petit déjeuner. Entre deux tartines, Anne-Kilian nous informe apercevoir au loin un navire dont la forme est compatible avec un transporteur de véhicules, c’est à dire une sorte de grosse boîte flottante bien carrée.

Un peu plus tard, il nous envoie une première photo, celle d’un transporteur de véhicules quittant son quai, laissant donc une place libre pour le nôtre, une bonne nouvelle en soi. Notre guetteur pense que le navire à l’approche pourrait entrer dans le port dans le quart d’heure qui vient. Mais à peine cinq minutes plus tard, une nouvelle photo arrive et Kilian nous invite cette fois à carrément venir accueillir le Yokohama

Anne ma soeur Anne ne vois tu rien venir ?

Nous finissons notre petit déjeuner à la hâte, réglons le serveur et fonçons vers le quai le plus proche de l’entrée du port. Le transporteur de véhicules, flanqué de ses bateaux pilotes, avance majestueusement sous nos yeux émerveillés. Les appareils photos crépitent. Je filme aussi l’évènement, suggérant d’envoyer la vidéo en direct à l’amie de Kilian restée à Cancun. Nous échangeons, admiratifs, sur la ponctualité de la compagnie maritime devant cette arrivée presque à l’heure exacte après plus de trois semaines de voyage. Nous arrivons même à trouver presque belle cette grosse boîte de sardines flottante qui franchit maintenant les phares rouge et vert marquant l’entrée du chenal. Quelques minutes passent encore avant que le navire devienne suffisamment proche pour que nous puissions lire les inscriptions sur la coque. Nous y regardons à deux fois, comparons avec les photos en notre possession, et devons nous rendre à l’évidence. Ô cruelle déception : il ne s’agit pas du Yokohama !


Aqua bon

Nous quittons le port de dépit en suivant le Malecón, nous disant qu’en longeant la mer, nous aurions une chance d’apercevoir notre navire s’il daignait s’approcher. Après une rencontre sympa avec un pélican, nos pas nous amènent devant l’aquarium de la ville, réputé pour être le plus grand d’Amérique latine, ce qui nous incite à une petite visite. Quitte à noyer notre chagrin dans quelque chose, immergeons-nous avec les poissons ! Bon, l’aquarium n’est pas si grand, il est plutôt bruyant, la faune est assez dense dans les bassins, mais globalement tout semble bien entretenu. Le point d’orgue est un grand aquarium en forme d’anneau, au centre duquel on peut se placer pour observer requins, raies, barracudas et autres espèces capables de côtoyer les premières sans se faire croquer ou électrocuter circuler majestueusement en montrant l’exemple d’une parfaite mixité sociale. Les méduses illuminées de couleurs ultraviolettes changeantes ne sont pas mal non plus et c’est la première fois que nous observions une tortue-alligator.


Le marchand de sable est passé (avec ses copains)

En sortant, nous avons une petite faim, pas forcément de poisson d’ailleurs, aussi nous arrêtons-nous manger un morceau dans un petit restaurant de plage où l’on déjeune les pieds dans l’eau. Ah ça n’est pas le Nikki Beach, c’est sûr, c’en est même très loin. La toile cirée des tables est déchirée et poussiéreuse, la peinture des chaises ternie et écaillée, les parasols défraichis. Quant au sable et à la mer, ils se confondent dans une même teinte gris sale. Mais l’ambiance est là. La musique latino donne le rythme, les consommateurs sont joyeux, les gens se baignent tout habillés, parfois avec d’énormes bouées-canards. Assis à notre table, nous observons amusés le balai incessant des vendeurs ambulants qui, circulant aussi bien à vélo dans l’eau qu’à pied entre les parasols, nous proposant à tout bout de champ des babioles invraisemblables ainsi que des plats à ajouter à notre menu (plateaux d’huîtres, tacos, desserts) sans sembler gêner le restaurateur. En fait ce n’est en rien spécifique au lieu, c’est partout comme ça au Mexique ! Nous prolongeons la balade comme pour nous épuiser volontairement, et c’est avec plus d’une dizaine de kilomètres dans les jambes que nous regagnons notre hôtel. Aucune difficulté le soir pour nous endormir, nous n’aurons pas besoin de l’autre marchand de sable.


Histoire vraie

D’après les informations sur Internet, le Yokohama est toujours en attente au large et risque d’y rester toute la journée en raison d’un vent assez violent (rafales à 95 km/h). Nous jetons notre dévolu sur le musée de la ville de Veracruz. Au moins nous serons à l’abri. Bien qu’à peine évoqué dans les guides, il mérite tout à fait la visite qui nous prendra trois heures. Toute l’histoire de la ville est expliquée depuis les premiers Olmèques, 1800 avant JC, jusqu’à l’arrivée ratée du Yokohama hier matin. Non je blague, mais je n’arrive pas à chasser ça de mon esprit. Plus sérieusement, la ville serait née le jour où les Espagnols y ont débarqué la première fois, le 22 avril 1519, un vendredi saint, soit le jour de la vraie croix, de la crucifixion de Jésus Christ. Vraie croix, vera cruz, vous l’avez ? Initialement limitée à quelques pâtés de maisons en bois la « ville des planches » a pu se développer grâce à une île en face qui pouvait servir de refuge aux bateaux de passage. Le succès commercial attirant les pirates et les puissances ennemies, la ville et son île se sont fortifiées, devenant « la ville des remparts. Et puis vous connaissez le reste : la machine à vapeur, l’électricité, le train et l’avion sont arrivés. L’Espagne a été virée. La France et les USA qui tentaient leur chance aussi. Mais ces derniers, malins, ont réussi à implanter une usine Coca-Cola. Le ver était dans le fruit. Le pays était contaminé à jamais.




Encore (pire) raté !

Nous sommes maintenant lundi, le vent s’est calmé et le soleil est de retour. Des conditions qui devraient être favorables à notre transporteur de véhicules, que nous allons finir par appeler Godot en désespoir de cause. Toujours ce point fixe dans la rade sur le site de tracking. Et très peu d’activité dans le port. Les quais censés accueillir le Yokohama sont de toutes façons occupés par d’autres bateaux. Nous repartons flâner dans les rues commerçantes en attendant que ça se libère. Pas une heure sans que je jette un œil sur mon téléphone.

Vers 15 h une mauvaise et une bonne nouvelle arrivent de Kilian. C’est la même en fait : « Maybe we missed the vessel ». La bonne nouvelle, c’est que le Yokohama est enfin arrivé dans le port de Veracruz. La mauvaise, c’est que nous avons de nouveau raté son entrée. Mais on se contentera de la première ! Allez, les choses avancent.

Une nouvelle phase démarre où nous allons devoir attendre le déchargement des véhicules, le rendez-vous pour l’inspection des douanes puis le rendez-vous pour sortir Roberto du port. On tient le bon bout, mais qu’est-ce que c’est long !

49. Orizaba ville magique

La ville d’Orizaba est notre dernière étape avant Veracruz, là où nous devons retrouver Roberto. Elle est située dans une vallée entourée de volcans, dont le point culminant du Mexique : le Pico de Orizaba, 5 747 m d’altitude. Nous arrivons dans la brume, avec une température plutôt frisquette, mais il est déjà prévu que cela se lève dès demain. Tant mieux, nous allons pouvoir profiter de ce « Pueblo Mágico », une appellation qui n’a rien à voir avec Houdini ou Copperfield mais qui est décernée par l’office de tourisme mexicain aux villes « offrant aux visiteurs une expérience « magique » en raison de leur beauté naturelle, de leur richesse culturelle, de leurs traditions, de leur folklore, de leur pertinence historique, de leur cuisine, de leur art et de leur hospitalité ». Plus trivialement autre chose que des plages où s’entasser en buvant de la bière.


« Le dimanche c’est un jour autre. Même le soleil est différent » (Yves Montand)

Puisque c’est dimanche et que nous imaginons que tout sera fermé, et qu’en plus il fait grand beau alors que la météo n’est pas très optimiste pour les jours qui viennent, nous décidons de prendre un peu de hauteur et d’aller observer la ville du sommet de son teléferico, Il nous semble en arrivant aux caisses que la moitié de la ville a eu la même idée que nous. Plusieurs files se font puis se défont, ça resquille un peu, l’organisation parait un peu dépassée, mais nous finissons par monter dans l’une des cabines de 6 places qui, par groupe de 3 s’élèvent vers le Cerro del Borrego (la colliine des moutons), une petite montagne qui surplombe Orizaba de 320 m. Le teléferico a été construit par les étasuniens (ici on ne dit pas américains, ça n’a pas de sens) en 2013, mais les cabines sont françaises, cocorico (pourvu que ça tienne).

orizaba  ville magique

De la plate-forme à l’arrivée, nous avons évidemment un joli point de vue sur les environs et pouvons observer le quadrillage parfait de la ville sur lequel se distinguent ça et là quelques édifices religieux. Un petit sentier relie quelques attractions, dont les restes d’un fort et un petit musée historique qui nous apprend qu’à cet endroit, le 14 juin 1862, lors de l’intervention française au Mexique, une troupe de 150 de nos compatriotes « massacra » 2000 mexicains. Pas cocorico, ça, nous nous faisons tout petits et décidons d’être temporairement suisses si l’on nous demandait d’où nous venions. Au retour tout de même, nous vérifions les informations sur Internet. En fait « seulement » 250 militaires mexicains auraient perdu la vie, dont un certain nombre sous les balles amies ou en sautant dans le vide dans la confusion de cette bataille nocturne. La différence est un peu du même ordre que celle du décompte des manifestants en France, selon que l’on se place du côté des organisateurs ou de celui de la police. Pour les passionnés d’histoire et/ou de stratégie militaire, le récit de la bataille est ici.


Nous redescendons en ville pour flâner en son centre, vers la place principale, un grand jardin bordé par la cathédrale. L’autre moitié de la ville est ici, manifestement. Une personne harangue la foule au micro. Des enfants courent partout. Une vingtaine de stands de cireurs de chaussures est en pleine activité. Des vendeurs de fleurs, d’en-cas ou de confiseries tentent leur chance d’un banc à l’autre. Et les magasins autour de la place sont pour beaucoup ouverts en ce jour du Seigneur. Mais il y a du monde aussi dans la cathédrale, qui n’est pas exceptionnelle. Et aussi dans ce Palacio de Hierro (le palais de fer), un édifice conçu par Gustave Eiffel et acheté par le maire de la ville après l’exposition universelle de 1889 pour en faire (c’est le cas de le dire) une mairie. C’est en fait devenu un musée assez éclectique, exposant d’une salle à l’autre tout aussi bien la géographie locale, l’art préhispanique, les présidents mexicains, les grands scientifiques du monde, un planétarium, que la bière mexicaine et le foot.


« Lundi. Dans les pays chrétiens, lendemain du jour du tiercé » (Ambroise Bierce – Le dictionnaire du Diable)

J’aurais pu choisir en citation « Triste comme un lundi » car ce matin le ciel est tout gris. Toutefois il ne pleut pas et nous partons nous dégourdir les jambes, habillés chaudement car avec l’altitide il ne fait guère plus de 8 ou 10°C dehors. Nous rejoignons le « Paseo del arte », une voie aménagée le long de la rivière qui traverse la ville sur environ 3 km. Sur une bonne portion, les murs sont décorés de fresques. La qualité est variable mais l’ensemble rend bien et l’effort est louable. Vous en retrouverez un certain nombre ci-dessous, commentés ou non.


Nos pas nous amènent ensuite au Jardin botanique, un havre de paix joliment entretenu qui ne figurait pourtant pas dans notre guide papier. Nous nous immergeons dans une volière où circulent librement perruches et perroquets multicolores. Nous visitons la serre à orchidées, décevante par le fait que 3 ou 4 espèces seulement soient en fleurs sur les 1 200 présentes au Mexique, mais bon, quand ce n’est pas la saison… Nous tentons sans succès de nous perdre dans un labyrinthe végétal. Nous traversons un jardin japonais riche d’une cinquantaine de bonsaïs. Nous froissons sous notre nez les feuilles de plusieurs plantes de l’espace médicinal pour en retrouver l’origine (celle surnommée « Vaporub » ne nous laisse aucun doute). Nous rejoignons enfin la sortie sur une passerelle qui serpente entre haies de bambous et sculptures préhispaniques. Un bel endroit.


« Cette semaine, le gouvernement a fait un sans-faute. Il est vrai que nous ne sommes que mardi. » (François Goulard)

La grisaille a évolué en bruine, plus question de sortir sans parapluie, mais une bonne occasion de nous réfugier dans les musées. Ceux-ci sont souvent gratuits au Mexique. Malheureusement cela n’attire pas les foules pour autant, à l’exception peut-être du dimanche. A plusieurs reprises depuis notre arrivée dans le pays nous nous sommes retrouvés seuls à visiter, enfin pas vraiment seuls parce qu’une personne nous surveille dans chaque salle ou encore allume puis éteint les pièces au fur et à mesure de notre passage. Nous commençons par le Musée de l’Art de l’État de Veracruz, dont les façades sont étonnamment décorées de la même façon que l’église qu’il jouxte. Il est principalement consacré aux peintres célèbres de la région, tout en consacrant une salle entière à Diego María de la Concepción Juan Nepomuceno Estanislao de la Rivera y Barrientos Acosta y Rodríguez, qui préféra s’appeler Diego Rivera pour gagner du temps en signant ses toiles. 33 de ses œuvres originales sont exposées ici, permettant d’apprécier l’évolution de l’artiste au fil du temps. Une pièce est aussi consacrée à la construction de la première ligne de chemin de fer reliant Mexico à Veracruz, qui inspira beaucoup les peintres locaux.



Après une pause déjeuner, nous nous intéressons maintenant au musée de l’hôtellerie, installé sur le site où la première auberge du Mexique fut créée le 15 janvier 1525. On y admire les aménagements et les costumes de l’époque puis leur évolution dans le temps, comme ces tenues de « bell-boy », cet ascenseur ramené de New York datant des tout débuts de l’invention, ce vieux standard téléphonique dont on imagine l’ambiance sonore de son utilisation.


« Le conseil des sinistres, c’est le mercredi, le jour des gosses. Ils vont au sable, ils font des pâtés, c’est sympa. Le garde des sceaux est là. » (Coluche)

Mercredi est le jour des enfants peut-être en France, mais pas au Mexique puisque l’école est ouverte ici du lundi au vendredi, et plutôt assez tôt comme dans tous les pays chauds (7-8h à 13-14h, le repas se prenant au retour à la maison). Pour nous c’est jour de transfert puisque nous allons maintenant rejoindre Veracruz. Comme d’habitude, nous nous rendons simplement à la gare routière et prenons un ticket pour le prochain bus disponible. Départ 40 mn plus tard, à peine le temps de grignoter un sandwich. Le trajet de 136 km nous coûte 11 euros et nous prend environ 3 heures. Pas très rapide, mais il y a eu 3 arrêts en route. Une douce chaleur (enfin !) nous attend à l’arrivée et nous rejoignons notre hôtel en taxi pour 2,50€ et laissons généreusement 50 centimes de pourboire. Pas par radinerie mais pour ne pas casser le marché. Nous sommes logés près du port. Nous serons aux premières loges pour voir arriver Roberto. Nous ne sommes pas loin non plus du centre-ville, marqué par une petite place bordée par une cathédrale. Tiens, ça ne vous rappelle pas quelque chose ?



« Si la bourse continue à baisser, vendredi ça va être un jeudi noir » (Jean-Marie Gourio)

Eh bien justement, ça commence presque comme un jeudi noir. C’est aujourd’hui que nous avons rendez-vous avec notre agent portuaire, qui nous a convoqué à l’agence ce jour-là mais sans nous donner d’horaire précis. Vers 8h30, nous sommes prêts à partir tranquillement vers l’agence située à 3 km de notre hôtel. Une petite balade à pied nous fera le plus grand bien. Mais nous recevons un mail de Claudia, la responsable de l’agence, qui nous informe qu’après nous avoir attendus à 8h elle est déjà à la banque (probablement celle où nous devons régler le montant de notre permis de transit), que demain elle ne pourra pas s’occuper de nous, mais que peut-être nous avons encore une chance si nous allons tout de suite à l’agence sinon ce ne sera pas avant mardi (dans 5 jours !). Nous sautons dans un taxi et rejoignons l’agence en 10 mn. Là une autre employée nous prend en charge, photocopie en plusieurs exemplaires nos passeports, visas, carte grise et permis de conduire, puis nous emmène à toute berzingue à la fameuse banque. Une bonne cinquantaine de personnes attendent dehors. Les premiers sont arrivés à 7 heures alors que l’établissement n’ouvrait qu’à 8h30. Nous allons devoir faire preuve de patience.

Le dernier message inquiétant de notre agent portuaire…

Heureusement nous n’aurons pas à faire 3 heures de queue, l’assistante appelle Claudia qui est à l’intérieur avec un autre client et lui passe nos papiers. 20 à 30 mn plus tard, nous sommes invités à entrer, doublant la foule, pour aller à petit guichet apparemment dédié aux fameux permis. L’enregistrement prend du temps, il faut donner notre prochaine destination (on l’improvise car difficile de dire juste « vers le nord »), corriger les erreurs du premier projet qui nous est imprimé (il y en avait une sur mon prénom, une lettre en trop qui pouvait nous bloquer à une douane, on ne rigole pas là-bas) et revérifier la liste de tout ce que contient Roberto, que nous avions établie en anglais mais qui a été traduite en espagnol. Notamment nous avons beaucoup hésité à savoir si nous avions un « gato » ou pas. La seule traduction que nous connaissons pour ce mot est « chat » mais la description de la chose que nous fait l’assistante ne correspond pas. Elle nous fait le geste de soulever. Nous pensons à un toit ouvrant, un lanterneau mais ce n’est pas ça. L’assistante s’aperçoit que nous avons pourtant déclaré ce « gato » dans la liste initiale. Après une double traduction en passant par l’anglais, nous trouvons enfin que ce terme signifie aussi « cric ». Bien sûr que nous avons un cric ! Claro que sí (j’adore cette expression…). Après avoir réglé la somme de 55,68 € à la caisse, là aussi en shuntant la foule, nous voilà munis du précieux sésame : Roberto est autorisé à circuler librement au Mexique pendant une durée de 10 ans. Cela devrait suffire.

El Permiso de Importación Temporal de Casa Rodante, ou permis d’importation temporaire de maison roulante. Pour une voiture ou un fourgon non homologué, nous aurions dû payer une caution de 400$ et n’aurions eu le permis que pour 6 mois.

De retour à l’hôtel, une autre bonne nouvelle nous attend. Nos permis de conduire internationaux établis à Saint-Barth sont arrivés, grâce à l’aide de notre grand copain Laurent. Ils ne sont pas exigés au Mexique, mais seront nécessaires aux États-Unis.


La journée se termine avec Kilian, notre ami néerlandais dont le van fait chambre commune avec Roberto en ce moment et qui est donc venu attendre comme nous la livraison de son véhicule. Nous échangeons nos expériences avec plaisir. J’en profite pour rappeler le blog qu’il partage avec son amie Marcia et leur chat Binkie, accessible ici.

Le palais municipal, sur la place centrale, près duquel nous avons dîné.

Roberto se trouve au moment où nous écrivons, d’après le suivi réalisé sur le site MarineTraffic, quelque part entre les îles Caïman et la pointe du Yucatan. L’arrivée est prévue à Veracruz le 12 février, ou peut-être le 13. Nous devrions pouvoir vous décrire la réception dans le prochain article. D’ici là, nous allons devoir l’assurer, car bien entendu notre assurance française ne va pas au-delà des limites de l’Europe. Nous cherchons une compagnie qui couvre au moins les trois pays d’Amérique du Nord, mais ce n’est pas très simple. Nous vous raconterons. A très bientôt !

Le Yokohama et son passager Roberto en approche

48. Puebla

Les habitants de cette ville située à 110 km au sud-est de Mexico auraient pu garder ses dénominations d’origine, « La ville des anges » ou « Le peuple héroïque de Saragosse », mais ils préfèrent se contenter en toute modestie de l’appeler « Le peuple » (Puebla en espagnol), réalisant au passage une économie non négligeable sur les panneaux d’entrée de ville et les documents officiels. Cette ville de 2 millions d’âmes est classée au patrimoine mondial de l’humanité, et méritait donc la visite.

◊ L’Hôtel Colonial

Sans être colonialistes pour autant, nous adorons ce type d’architecture et, dès que nous en avons l’occasion comme en ce moment puisqu’il nous faut bien loger à l’hôtel, nous privilégions ces d’établissement de charme. D’une manière générale, le confort est un peu au-dessous des hôtels modernes de catégorie équivalente, avec par exemple des robinets qui fuient un peu dans les salles de bains ou de vieux volets qui occultent imparfaitement la lumière dans la chambre, mais le cadre y est souvent somptueux et empreint d’histoire. L’établissement que nous avons choisi à Puebla se nomme tout simplement « Hôtel Colonial ». Il fut autrefois un couvent. Vous pourrez constater sur les photos que la décoration est tout à fait dans le style et que la terrasse sur le toit offre une vue splendide sur les alentours. Et ne pensez-pas que cela coûte une fortune, nous sommes à 45 euros la chambre !



◊ Le centro historico

Le centre historique de Puebla est lui aussi de style colonial avec sa grande place centrale entourée sur 3 côtés par de grandes bâtisses avec arcades et bordée sur le dernier par une immense cathédrale richement décorée et joliment illuminée la nuit. Les façades sont soit peintes de couleurs vives, avec parfois des associations osées, soit couvertes de céramiques dont la ville est un lieu de production. Tout se visite à pied, c’est un régal constant pour les yeux et un gros coup de chauffe pour les appareils photos de nos smartphones.





Un quartier dédié au street art

Cet art de rue est très répandu au Mexique et nous en avions déjà déniché plusieurs exemples dans le centre de Puebla, jusqu’à ce que nos pas nous amènent dans ce quartier de Xanenetla. Un peu excentré, celui-ci n’avait pas très bonne réputation jusqu’à ce qu’un comité artistique décide de s’en occuper et de couvrir ses murs de fresques, interrogeant chaque habitant sur ce qui le représenterait le mieux. Ce ne sont pas moins de 75 œuvres que l’on peut observer aujourd’hui en se perdant dans le dédale de rues du quartier, redevenu sûr et attractif pour les touristes. Encore que nous étions les seuls ce jour-là.


Des églises couvertes d’or

La Chapelle du Rosaire, attachée à l’Eglise Santo Domingo de Puebla

Nous avons plaisir à entrer dans chaque église qui se présente sur notre chemin. A raison d’une par jour, il nous faudrait à Puebla un an pour les visiter toutes ! S’il en existe autant, c’est que la demande est forte et que les fidèles s’y pressent en nombre. Jamais nous n’en avons trouvé une vide. Chacune est dans un style différent, mais la décoration est souvent très riche. La merveille des merveilles est la Chapelle du Rosaire, attachée à l’Eglise Santo Domingo, entièrement recouvertes de feuilles d’or à 24 carats, brillant de mille feux grâce à la verrière située juste au-dessus.

Viendrait en second celle de Cholula, dans la banlieue de Puebla, que l’on admirerait sans arrière-pensée si elle n’avait été bâtie au sommet d’une pyramide amérindienne, construite en sept étages et sur plus de mille ans à partir de -500 av. JC par les Toltèques et leurs successeurs. Elle était, en tant que lieu cérémoniel sûrement richement décorée. Outre l’affront à ces peuples, on peut aussi se poser la question sur l’origine de l’or des églises catholiques. Quoi qu’il en soit, cette pyramide de Cholula n’est rien moins que la plus grande du monde (mais pas la plus haute) avec des 400 m de côté, à comparer avec les 150 m de celle de Chéops et les 21 m de celle du Louvre… Ses parois sont aujourd’hui recouvertes de végétation et ce sont plutôt les soubassements et les souterrains que les missions archéologiques dégagent peu à peu.


Des spécialités culinaires …spéciales

Le chile en nogada, plat mexicain par excellence, aux couleurs du drapeau du pays

En prolongement de l’article précédent, citons trois spécialités propres à la ville. D’abord le mole poblano, cette sauce à base de chocolat, de piments doux et de différentes épices, accompagnant généralement du poulet, que nous avions découverte dans un marché et qui est donc originaire d’ici, servie à toutes les sauces pourrait-on dire aux terrasses des restaurants. Ensuite le chile en nogada, gros piment doux farci à la viande, aux fruits et aux arachides, nappé d’une sauce aux noix et parsemée de persil et de grains de grenade, ce qui lui donne opportunément les couleurs du drapeau mexicain. Enfin les dulce poblano, confiseries locales, à qui une rue entière est dédiée, créées pour beaucoup par les religieuses du couvent de Santa Clara pour satisfaire la gourmandise de leurs évêques. Nous avons pu goûter aussi à deux autres spécialités réputées du Mexique, la soupe pozole à base de gros grains de maïs, de tomate et de viande, accompagnée de laitue, de radis, d’oignons et de quarts de tortillas frits, ainsi qu’aux cemitas, sortes de gros hamburgers contenant fromage frais, piments doux et viande panée. Bien nourrissant tout ça !



◊ Le coup de la tisane froide

Attablés à une terrasse, nous commandons nos boissons. Un grand choix de tisanes de fleurs et/ou de fruits séduit Claudie. Les deux premiers choix posent problème puisqu’à chaque fois le serveur revient en disant qu’il n’en a pas. Il finit par donner la liste de ce qu’il a, c’était plus simple. Claudie opte pour une tisane à la rose en précisant « frio » (froide) puisque les deux choix étaient possibles. Le serveur revient avec un pot fumant dans lequel trempe un sachet… Claudie rappelle qu’elle avait demandé une tisane fraîche. Sans se démonter, le serveur revient quelques minutes plus tard avec une choppe en verre emplie de gros glaçons. Ben tiens !


◊ Le coup des plaques

Nous lisons sur un forum de voyageurs du Mexique la mésaventure d’un couple de touristes qui, après avoir malencontreusement stationné là où il ne fallait pas, se retrouvent non seulement affublés d’un procès-verbal sur leur pare-brise mais aussi dépossédés de leur plaque d’immatriculation. Ils racontent être allés interroger la police locale qui leur a annoncé sans vergogne que la procédure était normale, que c’était le seul moyen qu’ils avaient trouvé pour percevoir à coup sûr le montant de l’amende. Le couple, bien qu’ayant réglé la contravention, devra tout de même attendre trois jours avant de pouvoir récupérer sa plaque minéralogique, le temps que l’enregistrement se fasse sur le système informatique. Sur le forum, d’autres expériences similaires sont décrites et certains conseillent de faire comme les habitants : placer derrière une vitre de leur véhicule une copie plastifiée de leur plaque d’immatriculation. Prêtant attention aux véhicules garés le long du trottoir, nous découvrons qu’effectivement, nombreux ont pris cette précaution. Nos voyageurs s’interrogent alors judicieusement : « Oui mais si nous enlevons notre plaque, ils vont nous prendre quoi la prochaine fois ? Un rétroviseur ? Un panneau solaire ? ». Cela mérite effectivement réflexion.

Intéressant de noter que cette voiture-là possède deux plaques de réserve, dont l’une avec un numéro différent. On n’est jamais trop prudent ?

Allez, comme on dit, une dernière photo pour la route, celle qui va nous mener à Orizaba au milieu des montagnes mexicaines. Un peu de fraîcheur en perspective mais nous nous rattraperons ensuite lorsque nous serons sur la côte à Veracruz pour récupérer Roberto. Ce dernier se promène actuellement entre la Martinique et la Jamaïque où il devrait faire escale le 8 février. C’est long, nous avons tellement hâte de le retrouver ! Hasta pronto !

46. Viva Mexico !

Maison de Frida Kahlo, Ciudad de Mexico

Nous voici enfin au Mexique, notre porte d’entrée pour les Amériques. C’est un vrai bonheur que de reprendre le chemin de la découverte. Il n’est pour l’instant pas total car notre compagnon de voyage nous manque. C’est bizarre de le dire mais nous y pensons chaque jour… C’est fou comme on s’attache, non. Pas étonnant en tout cas que la grande majorité des possesseurs de véhicules de loisirs leur attribuent un nom familier.

Bénit soit l’aéroport

Maquette de biplan au Musée de l’Objet (Mexico)

Notre arrivée à l’aéroport Benito Juárez de Mexico s’est déroulée au mieux, en tout cas de façon beaucoup plus simple que nous le craignions. Notre compagnie américaine nous avait demandé de remplir des documents en ligne (une sorte de carte d’immigration et un questionnaire de santé lié à la crise sanitaire) soi-disant exigés à l’arrivée dans le pays, mais la carte d’immigration en ligne était d’un modèle obsolète et nous avons rempli une fiche papier toute simple à l’aéroport. Quant au document sanitaire, nous ne l’avons pas rempli en ligne car le site buggait et de toutes façons il ne nous a pas été demandé. Les internautes sur les réseaux sociaux nous mettaient en garde par ailleurs sur l’obligation de présenter un billet retour pour pouvoir rentrer dans le pays. Nous n’avions évidemment qu’un aller-simple, mais nous avons pris par sécurité juste avant d’embarquer un billet annulable en 48h sur un site spécialisé (bestonwardticket). Pour 12 $, nous avons obtenu un billet Mexico-Amsterdam pour le 21 avril, avec un vrai numéro de réservation. Mais la précaution a été excessive car le douanier ne nous a rien demandé. Nous gardons l’adresse du site précieusement, car cela pourra se reproduire. Enfin, toujours selon les internautes, les officiers d’immigration mexicains feraient de plus en plus de difficultés pour accorder la totalité des 6 mois prévus pour le visa mexicain. Certains voyageurs avec billets de retour auraient même obtenu un visa de durée inférieure à leur durée de séjour ! Mais nous devons avoir une bonne tête puisque notre policier, qui baragouinait un peu de français d’ailleurs, nous a donné un peu plus que les 3 mois que nous demandions. A peine 15 mn après avoir débarqué de l’avion, nous avions déjà franchi l’immigration, et nos bagages nous attendaient sur le tapis. Quelques minutes plus tard nous achetions un billet de taxi prépayé et nous voilà en route pour un hôtel bien situé dans le quartier historique. Quelle organisation ! Au passage soulignons que Benito Juárez fut malgré ses 1,37m un grand président du Mexique (1858-1872), considéré comme le père du libéralisme mexicains, et qu’il a suffisamment marqué les mémoires pour que son anniversaire de naissance, le 21 mars, soit devenu un jour férié, un cas unique dans le pays.

Les présidents du Mexique – Benito Juarez au fond à gauche (Musée d’art populaire, Mexico)

On penche pour Mexico, et réciproquement

Ciudad de Mexico, le Zocalo
La place centrale appelée Zocalo et la Cathédrale métropolitaine, au coeur de la Ciudad De MeXico

Les constructions grimpent sur les montagnes alentour. La zone suburbaine fait 60 x 40 km !

La capitale mexicaine nous apparait d’emblée gigantesque. Vue d’avion, c’est un immense quadrillage qui s’étend à perte de vue. C’est qu’il faut de la place pour loger ses 23 millions d’habitants (en incluant la banlieue). Nous allons pouvoir néanmoins parcourir à pied le quartier où nous résidons, tout en nous rendant dans d’autres secteurs grâce à un métro bien développé. Les rues que nous arpentons sont très animées, plutôt colorées et très sonores. Les vendeurs ambulants installés sur les trottoirs tout comme les commerçants au seuil de leurs boutiques hèlent les passants. La musique latine est omniprésente. Les piétons traversent aux feux guidés par des bruits de coucous ou de rossignols. Les sirènes de police ou d’ambulances hurlent fréquemment. La circulation est dense certes, mais nous ne ressentons pas la pollution ni l’insécurité censées envahir la ville. Au contraire, nous nous y sentons bien et prévoyons d’y rester au moins une semaine. Nous commençons par le quartier historique, là où les Aztèques ont créé la ville sur un lac. Il ne reste quasiment plus rien de cette époque puisque les conquistadores ont tout cassé pour reconstruire à leur manière. Plus haut bien sûr pour impressionner leurs prédécesseurs, négligeant à tort l’histoire du lac. Du coup bon nombre de leurs bâtiments s’enfoncent dans le sol, leur donnant un air penché. Même la grande cathédrale qui a été munie d’une sorte de pendule pour suivre précisément son inclinaison







Nous nous déplaçons le plus souvent à pied, mais parfois en métro. Les wagons de tête sont réservés aux femmes et enfants. Le prix est dérisoire (25 centimes le trajet)

Le virus pris très au sérieux

Au premier abord, le pays parait d’une grande tolérance puisque son accès est libre sans test pour les étrangers, qu’ils soient vaccinés ou pas. En réalité, il suffit d’arpenter les rues pour s’apercevoir que la pandémie est prise très au sérieux. Le masque est systématiquement porté partout, en intérieur comme en extérieur. A chaque coin de rue des quartiers fréquentés, du personnel distribue gracieusement masques et gel. A l’entrée des boutiques, des restaurants, des expositions, des musées, des marchés, on vous prend la température, on vous asperge d’un spray virucide avant de vous donner du gel hydroalcoolique. Dans de nombreux endroits les efforts pour la désinfection sont très visibles : le personnel se lave souvent les mains, désinfecte les tables, les chaises et les comptoirs dès qu’un client s’en va. Et pas question de pass vaccinal ici, sans doute parce qu’à peine un peu plus de la moitié des gens sont vaccinés, plutôt par manque de moyens je pense. Et nous avons vu aux infos un reportage sur les manifestations anti-pass sanitaire qui semblaient beaucoup amuser les journalistes mexicains. Oui mais tout ça est-il efficace ? Il suffit de regarder les courbes de ourworldindata.com pour voir que le Mexique s’en sort plutôt bien par rapport à la France et aux USA (nos destinations précédente et suivante)


Varios museos

90% des touristes concentreraient leur visite sur le Yucatan, là où sont les plus belles plages, mais du coup ils se retrouvent entre eux dans un milieu aseptisé ou tout est fait pour eux et sans doute peu authentique. Beaucoup arrivent d’ailleurs directement à Cancun et ne visiteront jamais la capitale. C’est dommage car la ville est riche en curiosités et culture. Outre la découverte de la vie quotidienne des mexicains en déambulant dans les rues, nous avons visité un certain nombre de musées, tous de qualité, et par ailleurs gratuits le dimanche. En voici quelques-uns.

1. Musée des peintures murales de Diego Rivera  

On y trouve principalement la fresque « Rêve d’un dimanche après-midi à l’Alameda Central », l’une des plus célèbres œuvres de l’artiste peintre mexicain, époux de Frida Kahlo (voir plus loin). Réalisée sur le mur de la salle à manger de l’Hôtel Del Prado à Mexico, elle a été partiellement endommagée par un tremblement de terre en 1985. Précieuse par son caractère historique – elle relate des évènements marquants survenus dans le parc Alameda Central, juste en face de l’hôtel, elle a été déplacée, y compris évidemment avec le mur sur lequel elle a été peinte, ce qui n’a pas été une mince affaire vu ses dimensions (15 x 5 m) et son poids, dans le musée actuel.


La même fresque en faïence sur le mur extérieur du musée

2. Musée Franz Mayer

Ce financier et esthète mexico-allemand a collectionné des œuvres d’art pendant 50 ans de sa vie. Il s’agirait de la plus grande collection d’arts décoratifs d’Amérique latine. Varié, de qualité, mais difficilement racontable. Nous n’avons fait pratiquement de des photos extérieures, le bâtiment avec son patio arboré et reposant reflétant bien l’ambiance du musée.


3. Musée des arts populaires

La salle de spectacle du musée

Il y avait de la musique, et bien que nous soyions sur le retour vers notre hôtel après avoir marché une dizaine de kilomètres, nous y sommes rentrés un peu par hasard. Bien nous en a pris car ce musée regorge d’une multitude de curiosités, exposant l’art mexicain à tous ses âges et dans tous les domaines, des poteries précolombiennes jusqu’aux chars de carnaval. Une véritable floraison de couleurs vives et même des danses populaires ce jour-là.


4. La maison de Frida Kahlo et celle de Trotsky

La maison de Frida Kahlo ne se visite que sur réservation

Les mexicains vouent à cette artiste peintre réputée un véritable culte. Elle a produit une œuvre variée mais ou s’exprime souvent la souffrance liée à plusieurs traumatismes physiques et à sa vie mouvementée avec le peintre Diego Rivera avec qui elle s’est mariée 2 fois. Lui était plus spécialisé dans les grandes fresques murales. Leur histoire croise aussi celle de Trotsky, que le couple a hébergé quelques années pendant son exil. Une liaison entre Frida et lui a obligé le politicien russe à se loger quelques pâtés de maisons plus loin. Sa maison se visite aussi. On y trouve notamment les multiples impacts de balles sur le mur de sa chambre, témoins d’un attentat raté. Il sera néanmoins assassiné quelques mois plus tard. Dans le jardin de la maison, un monument abrite ses cendres. Nous avons visionné juste avant la visite le film biographique « Frida », totalement recommandable si vous voulez en savoir davantage sur le trio Frida Kahlo, Diego Rivera et Léon Trotsky.



Le lieu où les dieux sont créés

La pyramide de la Lune, Teotihuacan

C’est la traduction aztèque (merci Wikipédia car je n’ai pas réussi à télécharger le langage correspondant sur Google Traduction) de Teotihuacan, le premier site archéologique mexicain que nous avons visité. Il n’est situé qu’à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Mexico et a été le centre de la civilisation mexicaine entre les années 100 et 650 après JC. Sa pyramide du Soleil est la 3ème plus haute du monde après Keops et Chichen Itza. La pyramide de la Lune, celle du Serpent à Plume (Quetzalcoatl) et beaucoup d’autres plus petites bordent une allée appelée la chaussée des morts, non pas parce que les accidents de la route y sont fréquents mais parce que les Aztèques ont pensé que ces pyramides étaient des tombeaux. Effectivement cette partie-là avait été construite par une civilisation antérieure, peut-être les Toltèques ou les Zapotèques, les archéologues se tâtent. Ils éliminent en tout cas les Mayas, ce peuple qui n’élevait que des chiens et des dindes – et pourquoi pas des abeilles, craignant sans doute de se faire appeler Biftèques s’ils avaient élevé des bœufs.

Plus sérieusement la visite était impressionnante, un plongeon a pic dans l’histoire, une promenade en toute quiétude au milieu de ces bâtiments majestueux qu’on essaie d’imaginer habités. Nous craignions d’être enserrés dans une foule de touristes, mais nos congénères étaient moins nombreux que les vendeurs de souvenirs.




Et Roberto alors ?

A vrai dire nous ne savons plus vraiment où il se trouve. Les sites de suivi utilisent les informations AIS qui reposent sur des échanges radio de bateaux entre eux ou entre les autorités portuaires. Mais au milieu de l’Atlantique, cela ne fonctionne pas. Nous savons juste que notre fourgon fait route vers Pointe-à-Pitre, et qu’il devrait y parvenir le 3 février. L’escale suivante, qu’on espère toujours être la dernière, ne sera connue qu’au départ de la Guadeloupe.

Copie d’écran du parcours prévu par le Yokohama entre Vigo et Pointe-à-Pitre, sur le site MarineTraffic. On remarque avec satisfaction qu’il évite le triangle des Bermudes

Nous restons à Mexico pendant encore quelques jours, avant de prendre un bus pour Puebla. A bientôt et merci de nous suivre !

45. Des chemins séparés

Temporairement, le titre du blog n’est plus d’actualité : nous ne sommes plus ni sur les routes ni avec Roberto, nos chemins s’étant séparés à Anvers. Mais c’est pour mieux se retrouver bien sûr !

Notre envol par étapes vers le Mexique

1. Anvers – Saint-Barthélemy

La baie de Saint-Jean et l’hôtel Eden Rock à Saint-Barthélemy

Pendant que Roberto se gèle les roues sur son quai d’Anvers, nous nous envolons pour les Antilles. Enfin plus précisément vers Saint-Barthélemy, notre île de cœur. Le qualificatif se justifie d’abord par le fait que nous y ayons vécu et travaillé pendant dix très belles années, ensuite parce que nous y avons encore notre résidence principale dont la location nous permet de poursuivre notre voyage, enfin et surtout parce que nous y avons laissé des amis d’exception que nous allons avoir l’immense plaisir de retrouver. Tout en échappant à la morosité climatique et politique métropolitaine : en à peine quelques heures d’avion, le ciel gris devient bleu azur, les arbres décatis retrouvent leurs feuilles, la mer verdâtre reprend sa couleur turquoise, le thermomètre grimpe de 25 degrés, les visages réapparaissent détendus et le ti ‘punch reprend toute sa saveur. Je me demande s’il n’y a pas une relation entre les deux derniers… Quel bonheur en tout cas que de revoir ses amis laissés dix mois plus tôt ! Nous passons de bons moments chez les uns et les autres et retrouvons un peu de notre vie d’antan. Joignant l’utile à l’agréable, nous profitons aussi de l’étape pour régler quelques questions administratives du genre récupérer le courrier en instance, régler le loyer de la boîte postale, commander nos permis de conduire internationaux. Nous jouons aussi les touristes et allons vérifier que la tombe de Johnny est toujours bien visitée dans son petit cimetière de Lorient et que les frites de patates douces sont toujours aussi savoureuses au bar de l’Oubli.


Belle vue le matin au réveil, avec les sucriers venus prendre leur petit-dej.



2. Saint-Barthélemy – Miami

Après une semaine sur place, l’envie de bouger nous reprend. D’ailleurs, des courriels d’American Airlines nous rappellent que nous avons un avion à prendre, ou même deux puisque pour rejoindre Mexico il nous faudra faire étape à Miami. En montrant patte blanche avec un formulaire de santé à remplir en ligne pour l’accès à Sint Maarten, un test antigénique négatif, l’autorisation de voyage Esta plus un autre questionnaire de santé en ligne pour les États-Unis, et enfin deux autres formulaires pour le Mexique. Nous connaissons maintenant nos numéros de passeport et leurs dates d’émission et d’expiration par cœur, les doigts dans le nez pourrait-on dire, l’expression ne convenant toutefois pas aux tests antigéniques. Nous arrivons dans la nuit à Miami et profitons du joli quadrillage étincelant formé par les rues et les avenues. Nous n’avons qu’une journée de visite disponible avant notre dernier avion et portons notre dévolu sur le quartier de Little Havana. Un concentré de la capitale cubaine dans un quartier à l’ouest du centre-ville de Miami. Bus exotiques, fresques murales, joueurs de dominos, enseignes extravagantes, trottoir des célébrités cubaines, un vrai dépaysement qui ravit notre soif de découvertes un peu mise en sommeil depuis un bon mois. De bonne augure pour les prochaines étapes !


Miami scintillante lors de notre arrivée le soir




3. Miami – Mexico

Survol de Miami au départ vers le Mexique

Dernière étape, dernier avion, toujours avec American Airlines qui ne nous laissera pas un souvenir impérissable. Service low-cost à bord, écrans endommagés, l’association des deux laissant toujours planer un doute sur la qualité de l’entretien des avions. Et coup sur coup, la compagnie nous fait poireauter longtemps sur le tarmac. A l’arrivée à Miami, c’était plus d’un quart d’heure d’immobilisation soi-disant pour attendre qu’une porte se libère. Au départ ce matin, il s’est passé plus de 35 minutes entre le repoussage et le décollage. En cherchant une illustration pour mon article, j’ai découvert sur le net qu’American Airlines était coutumière du fait et qu’elle avait même été condamnée à 1,6 millions de dollars d’amende pour rétention abusive de passagers dans leurs avions immobilisés sur le tarmac. Bon, l’important était d’arriver et nous voilà maintenant à Mexico pour de nouvelles découvertes. Hasta luego !


Et pendant ce temps Roberto prend le large…

La croisière de Roberto. On aurait préféré le « Wonder of the Seas » mais il n’était pas dispo avant mars

Avant de quitter les Iles du Nord, nous apprenons enfin que Roberto est bien monté à bord du Yokohama. Nous suivons le navire sur les sites Marine Traffic et Vessel Finder. Ces sites donnent des informations complémentaires. En cliquant sur les liens ci-dessus, vous pourrez aussi suivre le trajet comme nous. Nous savons ainsi que venant de Brème notre cargo spécialisé dans le transport de véhicules, âgé de 22 ans et battant pavillon Singapourien, a passé 2 jours à Anvers avant de partir à Southampton puis au Havre. Au moment de la publication de cet article, il fait route vers Vigo en Espagne. Pour l’instant le Yokohama accuse 2 ou 3 jours de retard mais tout est relatif car les étapes pouvant varier, nous n’aurons l’estimation d’arrivée qu’une fois amorcée la dernière liaison.

La position relevée au 22 janvier sur le site Vessel Finder

44. Ship ship ship hourra !

Nous avons donc décidé de partir vérifier les dires de Christophe Colomb comme quoi il y aurait un autre continent de l’autre côté de l’Atlantique. Nous aurions volontiers fait la traversée ensemble, Roberto et nous, sur la Santa Maria ou un équivalent plus moderne, et vivre en immersion la vie des marins pendant 3 ou 4 semaines, mais d’une part cela ne semble se faire que sur les lignes nord-atlantiques (vers Halifax ou Baltimore) et d’autre part c’est suspendu depuis que le Covid 19-20-21-22 sévit. Nous devrons donc nous séparer de notre fidèle monture – cela va être un déchirement – pendant plusieurs semaines, le temps d’une traversée en cargo jusqu’au Mexique, puisque là est notre destination première aux Amériques. Nous autres humains franchirons l’océan grâce à un autre découvreur de génie, Clément Ader.

Mais revenons au shipping de Roberto, qui devra donc voyager en solo. Une façon de parler puisqu’il partagera sans doute sa cale avec plusieurs centaines d’autres véhicules. Nous avions deux possibilités : soit le mettre dans un container soit le faire voyager en RO-RO. La première solution était la plus sûre en termes de sécurité, puisque nous aurions conduit nous-mêmes Roberto à l’intérieur d’un container scellé puis descellé en notre présence aux ports de départ et d’arrivée. Mais, du fait des dimensions de notre fourgon, il aurait fallu utiliser un container long (40 pieds) et réhaussé (dit « high cube ») et le partager avec un autre voyageur qui aurait fait le même trajet au même moment pour compenser le surcoût important. Le coût très fluctuant de ce type de container et l’éventualité que notre partenaire puisse se désister au dernier moment nous a finalement décidés d’abandonner cette solution. Roberto voyagera donc en RO-RO. Ça sonne bien, non ?

RO-RO ça ne veut pas dire Roberto-Roberto, pas plus que AN-AN ne signifie Anaïs-Anaïs, mais ça veut dire Roll-On Roll-Off. En gros vous laissez votre véhicule clés sur le contact et portes ouvertes aux employés portuaires qui se chargeront de le conduire à l’intérieur du navire puis à l’en extraire, tout en leur signant une décharge de responsabilité en cas de disparition de quoi que ce soit à l’intérieur pendant le trajet. Vous avez tout de suite compris que c’est bien moins sécurisé. Il y a bien une assurance pour couvrir le véhicule en cas de « perte complète », ce qui fait peur, d’autant plus quand on sait qu’un grand navire fait naufrage tous les 3 ou 4 jours dans le monde, mais cette assurance ne couvre pas les bosses ou rayures faites lors du rangement en fond de cale, ni les biens intérieurs. Et malheureusement, dans de telles conditions, les vols et dégradations sont fréquents. Il va nous falloir anticiper et protéger un minimum notre intérieur. D’abord emmener le moins de choses possibles puis sécuriser un peu notre habitacle. Nous avons installé une cloison temporaire entre le poste de conduite et la cabine, des protections en bois à l’intérieur de nos fenêtres, et des serrures sur la porte de la salle de bains et 2 tiroirs. Nous avons aussi rajouté quelques autres éléments de sécurité qu’il ne serait pas opportun de dévoiler dans un blog public. Un grand merci en tout cas à Philippe pour son gros coup de main et son précieux outillage.

Sécurisation des portes arrière

Sécurisation du lanterneau

Installation de la cloison de séparation cabine-habitacle

En pleine concentration bricolistique

Merci Philippe pour ton aide précieuse !

Expédier un véhicule par mer est un rien plus compliqué que d’envoyer un colis par la poste. Le processus commence par la demande de devis auprès d’agences maritimes spécialisées, les compagnies de navires ne traitant pas directement avec les particuliers. Trois agences se partagent le marché européen du transport de véhicules de loisirs, une allemande (Seabridge), une anglaise (IVSS) et une belge (Belgaco). Nous leur avons demandé des devis en indiquant les dimensions de notre fourgon, la facturation se faisant au mètre cube et non pas au poids. Puis des renseignements complémentaires pour préciser certains détails, notamment sur les frais portuaires pas faciles à comparer d’un devis à l’autre et sur les assurances proposées. La compagnie la moins chère était IVSS, mais il a fallu les relancer à plusieurs reprises pour obtenir devis et renseignements. Belgaco s’est avérée bien plus réactive, avait l’avantage d’être dans le pays de départ, mais imposait un transit par le Panama. C’est donc la compagnie Seabridge que nous avons retenue, un rien plus chère mais offrant l’avantage de la réactivité, de l’ancienneté et bénéficiant d’un bon retour de la part des utilisateurs.

Le port d'Anvers
Le port d’Anvers, d’une mocheté absolue mais incontournable

Aujourd’hui 10 janvier, c’est le jour J pour la dépose de Roberto au port d’Anvers. Après l’avoir briqué comme un sou neuf, rangé tout à l’intérieur pour qu’il apparaisse « comme vide », après avoir vidé les réservoirs d’eau et laissé juste ¼ de réservoir de gasoil, nous traversons l’immense port d’Anvers dans le froid et la grisaille pour rejoindre le point de dépôt. Les formalités sont assez simples, l’inspection du véhicule est quasi inexistante, et déjà on me sépare de Claudie pour aller conduire seul Roberto sur sa zone d’embarquement. Tout cela va finalement trop vite. Je pensais avoir un peu de temps pour fignoler mes protections et mes dernières inspections. Je voulais faire une vidéo de l’intérieur et de l’extérieur du fourgon à toutes fins utiles. Je voulais en quelque sorte dire aurevoir à Roberto avant son long voyage, mais non. La zone portuaire étant sécurisée, il me faut repartir rapidement avec l’employé qui doit me ramener à l’entrée du port. Le temps du trajet, je me dis que j’ai sûrement dû oublier 2 ou 3 bricoles. Ai-je bien éteint le chauffage ? Ai-je bien éteint toutes les lumières ? Une chose est sûre, je n’ai pas oublié de fermer le gaz puisque nous n’en avons pas. En tout cas je rejoins Claudie un peu dépité de cette précipitation.

Il nous reste à regagner l’hôtel que nous avons pris à côté de la gare d’Anvers, afin de rejoindre Paris-Charles de Gaulle demain. L’immense zone portuaire n’étant desservie par aucun transport en commun, nous appelons un taxi qui mettra plus d’une heure à arriver. Il s’est perdu, c’est un comble alors qu’il nous a suffi de taper l’adresse sur Google Map pour trouver l’endroit. Mais il est possible que les taxis n’aiment pas Google Map parce qu’on pourrait croire qu’il fait le boulot à leur place ? Nous profitons de l’attente puis du parcours en taxi pour discuter avec un couple de voyageurs néerlandais venus gentiment déposer un compagnon de traversée pour Roberto. Sur les routes pour une durée indéterminée (comme nous 😉) ils reviennent d’Europe du Sud et partent pour les Amériques via le Mexique, avec leur chat Binkie. Si vous lisez l’Anglais, n’hésitez pas à jeter un œil sur leur site https://gatogoesglobal.com.

Voilà, les dés pour l’Amérique sont lancés. Pendant que Roberto attend sagement son embarquement le 15 janvier sur le Yokohama, lequel devrait rallier Veracruz aux alentours du 14 février après sans doute quelques escales qui nous sont encore inconnues, nous nous envolerons le 12 pour faire un petit coucou à nos amis de Saint-Barth, judicieusement placés sur notre route entre Paris et Mexico City. Nous allons jouer les routards pendant quelques semaines.

Bye bye l’Europe ! (Merci à Max pour les photos)

Saison 1 Épisode 43 final

Notre première boucle européenne, notre saison 1 donc, se termine par un retour dans l’hexagone, un passage nécessaire pour revoir la famille et les amis – la période de fêtes tombe juste à point – mais aussi pour préparer la saison 2 qui sera …américaine, avec un départ prévu mi-janvier vers le Mexique. Avant la narration de ces préparatifs dans un prochain article, voici les dernières étapes de notre parcours avant l’arrivée dans la région parisienne.

Hors saison


En nous rendant à Bayreuth, nous n’espérions pas assister à un concert de Wagner le soir même. Les places du célèbre festival sont d’ailleurs réservées parait-il 7 ans à l’avance. Nous espérions tout de même trouver quelques lieux touristiques ouverts. Que nenni ! Non seulement presque tout était fermé ce lundi, mais en plus nous avions l’impression que toute la ville était en travaux. Opéra emballée de plastique, rues envahies d’engins de chantier, musée Franz Liszt fermé, musée Jean Paul fermé (pas grave celui-là, on ne le connaissait pas) et maison de Wagner fermée. Seule la tombe de ce dernier était ouverte, enfin je veux dire accessible. La seule façade en très bon état, voire quasiment neuve dans cette ville était l’entrée …d’un garage souterrain, décorée de volailles multicolores !

Nous avons alors fui la ville en poussant une petite marche de 8 km pour aller voir le château et nous sommes tombés sur …des tracteurs et des camions, dans l’allée même menant à l’édifice ! Nous avons tout de même pu faire le tour de ce dernier, les extérieurs restants accessibles au public, encore heureux ! Et nous étions tout seuls, vive le hors saison !





Main-hattan

Vous le saviez peut-être, c’est le nom donné à la skyline formée par les gratte-ciels de Francfort, le Main étant le nom de la rivière qui traverse la ville, et l’allure générale ayant effectivement un petit air new-yorkais. Ces tours de verre sont majoritairement celles des établissements financiers qui font la réputation de la ville, et parmi elles figure la Banque Centrale Européenne. Tout cela peut s’observer des quais, mais c’est encore mieux du haut de la tour de la Cathédrale Saint-Barthélemy dont on ascensionne les 95m par un étroit escalier en colimaçon assez vertigineux sur la fin. La place du marché, habituellement très photogénique en raison des édifices qui la bordent et d’une belle fontaine est envahie par le marché de Noël dont on va dire qu’il a aussi son charme malgré l’ambiance alourdie par les mesures sanitaires (masque et pass obligatoires à l’entrée)





Suite du bad trip

Pas d’inquiétude, je parle de notre itinéraire jalonné de stations thermales (bad=bain en Allemand). Wiesbaden en est l’une des plus anciennes d’Europe. Nous nous attendions donc à du spectaculaire. 26 sources d’eau chaude et 1 d’eau froide pensez donc. Mais on sent l’arnaque car de ces 26, 15 sortent de la même fontaine en centre-ville, appelée la fontaine marmite, certes joliment multicolore et fumante mais pas plus impressionnante que celles de Tchéquie. C’est terrible d’avoir des références, on devient difficile ! Les autres sources, donc 9 si j’ai bien compté, sont restées bien cachées. Probablement dans les quelques établissements thermaux de la ville qui ne se visitent pas, du moins le temps d’un après-midi.

Nous avons pu tout de même entrer dans le hall de la « maison de cure » (Kurhaus), ancien établissement thermal principal de la ville devenu un ensemble luxueux avec salles de spectacles et de réception, restaurant et casino. Déjà l’extérieur du bâtiment ne paie pas de mine avec son côté temple grec, mais l’intérieur est splendide, en particulier avec sa pièce maîtresse saisonnière, un arbre de Noël géant constitué entièrement de poinsettias. L’appareil photo a bien crépité, mais tout est dans la boîte (je n’ai pas trouvé d’autre transition avec la dernière photo).


Trèves, l’allemande romaine

Cette cité charmante au bord de la Moselle a conservé pas mal de traces de son origine romaine : un bel amphithéâtre, les thermes de l’empereur et ceux de Barbara (le nom ne vient pas de la chanteuse mais de Ste Barbe la patronne des pompiers), un pont romain et la Porta Nigra, l’emblème de la ville. D’autres édifices valent le détour, comme ce palais princier de style rococo, cette église (Notre-Dame) de style cocorico (je dis ça à cause de ses vitraux français) et cette cathédrale (St Pierre) la plus ancienne d’Allemagne.

Bien sûr, comme dans toute bonne ville allemande à cette période, la place du marché est très animée et occupée par un marché de Noël. Dans un autre registre, on trouve à Trèves la maison natale de Karl Marx. Les habitants en sont fiers paraît-il. Surtout que la valeur immobilière de la maison s’envole. L’enfant du pays a bien su faire fructifier son capital !





Chez ma tante

C’est là, à Vendeuvre-sur-Barse, que nous avons notre base logistique. Un bien grand mot pour dire que nous y stockons quelques cartons en attendant de nous poser dans une maison dans quelques années …ou quelques décennies. Rien à voir donc avec l’établissement de prêts sur gages bien connu des jeunes de mon âge, notre stock étant sans contrepartie. Mes parents étant tous les deux enfants uniques, je n’ai pas non plus de tante – il s’agit de celle de mon épouse – mais je la considère comme telle. Le genre de personne qui vous accueille toujours à bras ouverts, à cœur ouvert et même à frigo ouvert… Qui est toujours de bonne humeur. Qui ne dit du mal de personne. Grand-mère idéale (comme on dirait gendre idéal) pour ses petits-enfants, elle doit être aussi mère idéale (ses enfants le disent en tout cas) et donc logiquement tante idéale.

Le temps maussade n’étant pas propice aux photos, j’ai tout de même pris quelques clichés de « chez ma tante » pour vous les présenter à la manière d’un musée.

L’entrée du musée

L’inévitable oeuvre d’art moderne à l’entrée

La collection d’assiettes en porcelaine « Les quatre mousquetaires » (D’Artagnan a brisé la sienne d’un coup d’épée malencontreux)

La collection de 250 verres « Chats écrasés » (on a l’impression de n’en voir que 10 mais c’est justement l’effet dix verres recherché)

L’horloge gastronomique
Le parc arboré

La caisse …

Le service à café « Blanche-Neige et les 6 nains » (vous savez que, malheureusement, Atchoum n’a pas survécu à la pandémie)

La soupière spéciale Covid (pour servir la soupe à la gris masque)

Je laisse à votre sagacité la dernière légende (solution en fin d’article)

Park4night

Copie d’écran du site Park4night.com

J’ai dû déjà vous parler de cette application communautaire dont nous nous servons assez souvent pour trouver des parkings en centre-ville ou des emplacements adaptés à une pause nocturne. La description comporte suffisamment de renseignements (photos, revêtement et pente du terrain, caractère gratuit ou payant, quiétude de l’environnement, services à proximités de type eau, toilettes, zones de vidanges, commerces à proximité ou encore qualité du réseau mobile) pour nous permettre de trouver l’endroit qui correspond à nos critères.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Paris comporte pas mal de propositions, y compris gratuites, tout à fait honorables en termes de bruit urbain et de sécurité. Nous en avons testé deux, l’une gratuite devant l’hippodrome de Longchamp, assez calme mais un peu excentrée, et l’autre payante dans le 7ème arrondissement, à deux pas de la Tour Eiffel, très bien placée en regard des rendez-vous que nous avions dans le quartier et de toutes façons à 50m d’une station de métro. Très bien pour profiter quelques jours de la capitale, toujours agréable à visiter, notamment en cette période de fêtes.




Voilà donc que se termine cet article. Nous allons passer tranquillement les fêtes en famille et préparer notre shipping pour le Mexique. Je vous en dirai davantage la prochaine fois. A bientôt !

saison des moutons
Moutons tondeurs de gazon en plein Paris. Sheeping ?

P.S. Solution de l’énigme : l’étoilette

42. Le blog est de retour

Plébiscite

Suite à ma dernière publication, j’ai eu l’heureuse surprise de recevoir de nombreux témoignages de sympathie et/ou de vifs encouragements, J’ai découvert plus de lecteurs que je ne l’imaginais, que chacun lisait à sa façon, de temps en temps ou au contraire guettant la moindre sortie, que d’autres lisaient en famille, que d’autres encore préféraient la version simplifiée sur Instagram. Bref j’ai un peu découvert mes lecteurs, plus nombreux que ce que j’imaginais, tout cela m’incitant naturellement à poursuivre ce blog. Merci du fond du cœur à tous les répondants, et merci aux autres lecteurs de me lire tout simplement. Ces retours m’ont permis de mettre au jour quelques problèmes techniques, comme l’impossibilité de lancer le quiz ou la difficulté à charger les images par exemple. Cela va m’inciter à modifier mes choix et je vous encourage vivement à remonter d’éventuels dysfonctionnements via le formulaire de contact, afin que j’y apporte dans la mesure du possible les corrections nécessaires. Donc l’aventure continue ! 😊😊😊


Légende à deviner 1

Je rappelle que nous venons d’arriver en République Tchèque, et cela a attisé inévitablement mon esprit malicieux. A vous de retrouver la légende qui correspond à chaque photo. La solution est inscrite à l’envers pour que vous ne trouviez pas trop vite…

Euqèhct tenrac nu

Olomouc et son horloge astronomique

Cette ville serait d’après notre guide la deuxième plus belle de République Tchèque après Prague. Un autre guide la classe première. Cette rivalité méritait que l’on s’y arrête, même en l’absence de toute possibilité de trancher puiqu’il s’agit de notre première ville-étape dans le pays. Effectivement les façades baroques et renaissance aux tons pastel alternent le long des rues pavées, les places sont parsemées de fontaines et de petits restaurants qu’on imagine très actifs à la belle saison. Peu de monde dehors en ce moment, surtout avec la froide grisaille ambiante, mais le grand marché de Noël en cours d’installation va bientôt changer la donne. La cathédrale s’enorgueillit d’avoir reçu à la fois Jean-Paul II et Mère Teresa, tandis que le château est fier d’avoir hébergé le jeune Mozart pendant qu’il composait à 11 ans sa 6ème symphonie en fa majeur tout en cicatrisant de sa petite vérole. Mais le clou du spectacle à Olomouc, c’est la magnifique horloge astronomique intégrée dans un mur de la mairie. Datant du début du XVème siècle, elle a dû être reconstruite à plusieurs reprises, le style dit « réaliste soviétique » actuel datant des années 1950. Entourée d’une mosaïque très propagandiste dédiée aux joies du labeur en toutes saisons, l’horloge assure tel un couteau suisse de multiples fonctions. Elle donne ainsi les minutes, les heures sur 12 ou 24 heures, les jours de la semaine et du mois, l’année, la saison, le signe du zodiaque en cours, la phase de la lune, la position des planètes du système solaire et même une carte du ciel actualisée. En plus, tous les jours à midi se déclenche une animation ou 12 ouvriers tournent autour d’un axe. Les russes n’aimaient pas les apôtres initialement installés par l’auteur…


Restaurace

Malgré son petit air d’imparfait du subjonctif, ce terme désigne tout simplement un restaurant et reste plus facile à identifier qu’un « kavarna » (café) ou un « hostinec » (auberge). Donc nous avons testé un « restaurace ». Accueil sympathique, menu traduit partiellement en anglais, nous avons pu tester quelques spécialités locales : en entrée une soupe traditionnelle avec bouillon de volaille et petits morceaux d’oie enveloppés dans des feuilles de chou. En plat un rôti de bœuf à la crème servi avec des airelles et des « knedliky » (tranches d’une préparation faite de farine, d’œufs, de levure, de pain rassis et de pommes de terre). En dessert un gâteau à la citrouille et aux noix accompagné de nougatine. En boisson ce fut obligatoirement une bière : les Tchèques en sont les premiers consommateurs au monde avec 150 litres par an. Pour finir un café, servi comme souvent ici avec un petit verre de lait et un petit verre d’eau. L’addition était plutôt douce, 25 euros pour deux pour un menu 2 plats, boissons et cafés compris. Dans les rues, on trouve fréquemment des échoppes vendant des « trdelnik », pâtisseries cylindriques faites de boudins de pâte à la cannelle enroulés autour d’un axe en bois ou en métal puis cuits sur le gaz ou plus traditionnellement au feu de bois après avoir été enrobés de sucre et de noisettes concassées. Après, l’intérieur du cylindre peut être garni de tout ce que vous voulez. Ce n’est qu’une fois la bouche pleine que vous arriverez peut-être à prononcer son nom.


Légende à deviner 2

Euqnab ed euqèhct enu

Le client est roi

Saviez-vous que ce slogan a pour auteur Tomas Bata, le créateur de la célèbre marque de chaussures ? Nous l’avons découvert en visitant son usine à Zlin. La philosophie Bata était d’allier la productivité au bonheur social, pays de l’Est oblige. Lorsqu’à New York on trouve une banque Trump, une tour Trump, un golf Trump, des yachts et hôtels de luxe Trump et j’en passe, cela se traduira à Zlin par un hôpital Bata, des jardins Bata, des écoles Bata, des stades Bata, etc. Tomas Bata a tout de même eu la faiblesse de s’offrir un avion. Bien mal lui en a pris car il s’est crashé avec. Vu sa célébrité, il a dû être enterré en grandes pompes…



Ferme la porte, il fait froid dehors !

Cette phrase fréquemment prononcée à l’approche de l’hiver a un certain côté illogique : même si cette fichue porte est bien fermée, il fera toujours aussi froid dehors. On comprend que c’est à l’intérieur que ça s’arrange ensuite, mais pas toujours. Tenez, dans Roberto, c’est suite à l’ouverture puis la fermeture d’une porte qu’il s’est mis à faire froid à l’intérieur. Après une journée comme une autre, nous nous garons ce jour-là à la tombée de la nuit et allumons notre chauffage. Je rappelle qu’il s’agit d’un chauffage fonctionnant au gasoil prélevé sur le réservoir du véhicule. La ventilation démarre puis s’arrête quelques minutes après. L’écran de commande affiche un code qui, d’après le manuel signifie « absence d’arrivée de gaz ou véhicule garé trop en pente ». Nous sommes certes en discrète pente vers l’avant, mais nous avons déjà expérimenté un chauffage normal avec une pente plus forte, et à priori le chauffage au diesel ne serait pas sensible à la pente contrairement à celui au gaz. Notre réservoir est au premier quart, ce qui normalement est largement suffisant pour que le chauffage fonctionne. Dans la version « diesel » de notre chauffage, celle que nous possédons donc, le code n’est pas répertorié… Le plus proche est « niveau de gasoil insuffisant ». Nous nous disons qu’avec la pente, la crépine de prélèvement n’est peut-être pas du bon côté du réservoir et que du coup le carburant n’arrive plus. Dans le doute, nous repartons faire le plein à un kilomètre de là et trouvons un stationnement à plat. Malheureusement, la procédure de réamorçage décrite dans le manuel ne fonctionne pas et nous devons convenir, après vérification visuelle de tous les branchements, que notre chauffage est en panne. Trop tard pour trouver un dépanneur, et de toutes façons, le plus proche est à 100 km de là. Avec 4°C dehors, nous nous préparons à passer une nuit un rien frisquette. Il ne faisait que 9° C le matin au réveil, mais notre équipement antifroid a bien joué son rôle. Avant de reprendre la route vers le réparateur tout en shuntant l’étape du jour, je revérifie le manuel et me demande soudain si nous n’aurions pas enclenché par erreur l’interrupteur du kit d’altitude (prévu pour l’utilisation du chauffage au-delà de 1500m quand l’oxygène est plus rare). Je ne crois pas à postériori que dans cette position le chauffage aurait refusé de s’allumer, mais par contre cela m’a permis de constater que l’interrupteur était en position médiane, pile entre la position normale et celle du kit altitude. Aucun contact ne se faisait donc, ce qui bloquait tout allumage. Du bout de l’index, je pousse l’interrupteur d’à peine un millimètre et relance le chauffage. Ô miracle, tout repart comme en 40 ! Mais pourquoi cet interrupteur avait-il pris cette position ? Parce que dans l’après-midi, lors d’un virage très serré, la porte de la salle de bains s’était ouverte brutalement, finissant sa course dessus. Nous avons eu beau la refermer, il a fait presque aussi froid dedans que dehors.


Légende à deviner 3

Siob ne euqèhct nu

Slavkov u Brna

Ce nom ne doit pas vous dire grand-chose. Et pourtant cette étrange mise en scène dans une entreprise de travaux publics et ce personnage familier au milieu du rond-point devraient vous mettre sur la piste. Slavkov n’est en fait que le nom tchèque de la ville d’Austerlitz, proche du site de la bataille du même nom, celle dite des 3 empereurs, où Napoléon battit brillamment la coalition Autriche-Russie pourtant en supériorité numérique. Au prix tout de même de 15 000 morts rien que du côté français. La colline est celle d’où il a dirigé la bataille. Le monument dit de la paix est dédié aux victimes des 3 pays. Une expo multimédia est juste à côté, décrivant de façon très démonstrative les différentes phases stratégiques de la bataille et ses enjeux. On vous aurait bien montré tout ça, mais les photos et vidéos étaient interdites. Vous n’aurez qu’à venir voir par vous-même !


Drôle d’oiseau

Cet oiseau étrange cache à la fois une voiture de collection mais aussi en arrière-plan les flèches élancées de la cathédrale Ste Barbe de la ville de Kutnà Hora, à 60 km à l’Est de Prague. Tout ravit l’œil du visiteur et celui de l’appareil photo : la nef haute de 33m dont la voûte est couverte de blasons, les vitraux peints directement sur le verre, les fresques dont certaines remontent au XVème siècle, les bancs finement sculptés et l’orgue aux 4000 tuyaux que de façon inhabituelle on peut observer par le dessus et l’arrière. Jésus lui-même, assis par terre l’air songeur, n’en revient pas. La ville elle-même a son cachet avec ses ruelles tortueuses et son passé prospère lié à l’exploitation d’une mine d’argent. Une dernière curiosité et pas des moindres, on trouve à Sedlec, en bordure de Kutnà Hora, une étonnante chapelle dite de Tous-les-Saints entièrement « meublée » d’ossements humains. Oui je dis bien « meublée » car on trouve ici des lustres, des cadres, des autels, des inscriptions murales, etc. 40 000 squelettes ont servi à cette décoration étrange, grâce à une épidémie de peste et au réaménagement du cimetière de la chapelle. Ikea humanum est.




Légende à deviner 4

Tniop-euqèhct nu (c’est l’entrée de notre camping à Prague)

Résumé prague-matique

L’exercice est délicat de raconter deux journées de visite d’une capitale en quelques photos. Je me contenterai de légender quelques unes de nos préférences :










L’or de Bohème

C’est le nom donné à la première bière digne de ce nom fabriquée à Plzen en Tchéquie en 1842. Avant, des brasseurs improvisés fabriquaient des breuvages très moyens. Réalisant qu’ils avaient touché le fond en matière de brassage, ils décidèrent de s’unir, d’embaucher un maître brasseur et de construire un établissement digne de ce nom près d’une source d’eau douce de qualité et de caves en grès. Le maître brasseur affina le processus de fermentation froide, et mit au point la première bière blonde et transparente au monde qui eut un tel succès que les brunes comptèrent pour des prunes. Aujourd’hui, l’usine est toujours en activité et se visite. Dans une bonne odeur de malt et de houblon, on passe entre les chaudières en cuivre et les cuves de fermentation ouvertes, puis on entre dans les souterrains où la seconde fermentation se poursuit dans les tonneaux de chêne. 23 km de galeries tout de même ! La visite se termine naturellement (sans ça on n’y serait pas allés 😉) par la dégustation directement au tonneau. Un délice !


Légende à deviner 5

Cnalb ne euqèhct nu

Marienbad ou mes illusions perdues

Je voulais visiter cette ville, d’abord parce que c’était une station thermale, mais aussi parce qu’elle évoquait en moi le romantisme d’un film d’Alain Resnais, L’année dernière à Marienbad. Sauf que ce film fut tourné en Bavière. L’histoire c’est celle d’un homme qui rencontre une femme dans un palace et essaie de la persuader qu’ils se sont rencontrés l’année passée à Fredrikstad (c’est en Pologne). Elle dit non mais il insiste : « Alors c’était peut-être à Marienbad ou Karlsbad ». Le titre vient juste de là, parce que le nom sonnait bien… Bon, il reste que c’est une station thermale en activité, avec de jolis parcs bordés de bâtiments rétro et plusieurs sources à goûter à l’aide d’une petite tasse en porcelaine à long bec appelée « kalisec ». L’eau est fraîche et pétillante. Ça repose de la bière !


La même en mieux

karlovy vary, république tchèque

Karlovy Vary est la grande sœur de Marienbad, à moins de 100 km au nord de celle-ci. On y retrouve le charme de ces villes d’eaux ayant connu leur essor au XIXème siècle, avec des alignements de grands hôtels autour de parcs verdoyants, des bâtiments dédiés à l’exploitation et à la mise en valeur des sources comme ces magnifiques colonnades métalliques à la manière de Gustave Eiffel. Mais là où le charme de Marienbad reposait sur un aspect désuet et tranquille, celui de Karlovy Vary est dominé par l’exubérance et l’opulence. La ville est d’abord plus grande, alignant de façon spectaculaire plusieurs centaines d’hôtels aux façades très travaillées sur plusieurs niveaux autour de la rivière centrale. Les sources sont à la fois plus nombreuses et plus expressives, crachotant et fumant dans la rue. Les établissements de remise en forme sont évidemment légion. Les boutiques et les restaurants se sont tournés vers le grand luxe. Nous avons doublé notre collection de kalisecs (traduire : nous en avons acheté un autre) pour goûter à différentes sources, plutôt chaudes, ferrugineuses et soufrées ici. La température la plus élevée est de 73°C. La dégustation de l’eau s’accompagne typiquement ici de celle d’oplatky, petites gaufrettes en forme de disque et, lorsque le foie est bien reposé d’une liqueur locale dénommée Becherovka. Au fait, si vous voulez voir les sources crachoter et fumer en vidéo avec le son et tout et tout, allez jeter un oeil sur le compte Instagram de Roberto @en_route_avec_roberto


Légende à deviner 6

https://www.youtube.com/watch?v=uxCfxh1djhM

Celle-là je l’adore, la solution est dans le titre…


Tchéquie, c’est fini !

Nous aurons passé une dizaine de jours dans ce pays intéressant à plus d’un titre. Le parcours est résumé ci-dessous. Nous avons franchi la frontière vers l’Allemagne que nous nous contenterons de traverser en quelques jours. Avec quelques stops tout de même. A bientôt !

P.S. En route avec Roberto dispose désormais d’un compte Instagram auquel vous pouvez accéder en cliquant sur le lien ou sur le bouton en fin d’article. Les publications y sont plus fréquentes mais avec un nombre et un format de photos restreints, tandis que les textes sont plus concis. Pas de panique si vous n’avez pas ou n’aimez pas Instagram, les photos et commentaires finiront tôt ou tard sur ce blog, l’inverse n’étant pas toujours vrai.

Parcours en République Tchèque

41. Coup de gueule

Une fois n’est pas coutume, je commencerai par un coup de gueule. L’extension logicielle qui m’a permis de construire le quizz du dernier article m’informe sans que j’aie demandé quoi que ce soit du nombre de personnes qui l’ont réalisé. J’ai été triste de découvrir que vous n’étiez que cinq ! Je reconnais bien là mon noyau de lecteurs fidèles, ceux qui m’envoient régulièrement des messages, et je les en remercie d’autant plus chaleureusement. Mais tout de même, cinq lecteurs sur plus de cinquante abonnés ce n’est pas grand-chose ! Je m’interroge du coup sur l’intérêt de poursuivre la rédaction de ce blog et bien entendu sur les raisons de ce désintérêt. Ma prose peut ne pas convenir, ce n’est certes pas de la littérature. Je me demande par ailleurs si ce n’est pas le sujet qui vous désintéresse ainsi. Nos « vacances » perpétuelles peuvent en agacer plus d’un, ou tout simplement ne pas présenter d’intérêt pour la majorité d’entre vous qui êtes bien dans votre propre vie. Bon, je ne vais pas faire de sondage pour connaître les raisons, mais si vous tenez à la poursuite de ce blog, exprimez-le en laissant un commentaire (lien en bas de page) ou en m’envoyant un message via le formulaire de contact.

Dans l’attente de votre réaction, voire en guise de relais, j’ai ouvert un compte Instagram que j’essaie d’alimenter quotidiennement, avec des textes plus courts. L’éphéméride ci-dessous, à part le chapitre sur Varsovie, en reprend les textes et certaines photos.

Jeudi

Varsovie : visite du Musée de l’histoire des juifs polonais, installé sur le site même du ghetto. Une visite en manière de piqûre de rappel pour ne jamais oublier la folie des hommes. Et ne jamais penser que cela ne puisse pas se reproduire. 6 millions de personnes tuées parce que leur tête ou leur religion ne convenaient pas à d’autres. Dont 3 millions à Varsovie, soit 90% de la population juive de l’époque


Vendredi

Parcours piéton dans la ville. En commençant par une rue bordée de globes terrestres, chacun sur un thème écologique. En poursuivant par le musée Chopin, malheureusement fermé à l’heure où nous sommes passés. Nous reviendrons peut-être plus tard. Nous rejoignons ensuite la vieille ville, totalement reconstruite après avoir été rasée au cours de la 2nde guerre mondiale, mais sur un style reflétant d’abord l’occupant soviétique, puis se modernisant à partir de l’indépendance. Un mélange des genres du plus bel effet. Sur la place du Palais Royal, nous assistons à une parade militaire. La fanfare était encadrée de beaux fourgons Mercedes Sprinters décorés de militaires semblant dire « Engagez-vous, vous allez voir, la vanlife c’est super ! ». Quelques ruelles pavées plus loin, nous découvrons la place du marché, encadrée de magnifiques bâtiments aux façades multicolores (enfin des couleurs pas trop vives sous le ciel gris du jour) et souvent décorées de fresques ou de bas-reliefs. C’est LE quartier touristique avec les bas-restaurants en terrasse et les boutiques de souvenirs, encore que peu achalandés en cette saison creuse. Mais nous imaginons parfaitement la foule estivale qui se bouscule en partageant ses microbes. Halte ensuite devant la tombe du soldat inconnu, gardée par deux soldats en permanence mais qui tournent le dos à la flamme : s’apercevraient-ils de quelque chose si le vent l’éteignait ? Tentative de visite ensuite du musée de la vodka, malheureusement fermé. Nous nous rabattons sur un chocolat chaud bien épais, aux chamallows pour Claudie et aux cerises à l’eau de vie pour moi. Passage enfin devant le monument dédié à la mémoire des insurgés du ghetto de Varsovie, qui ont tous perdu la vie dignement face aux soldats allemands. C’était de toutes façons à qui perd perd. Il nous reste à reprendre Roberto pour un parcours de nuit très embouteillé jusqu’à notre spot nocturne, exceptionnellement un camping pour donner un coup de boost à notre batterie, pas trop soutenue en ce moment, ni par les panneaux solaires qui produisent peu ni par le peu de kilomètres que nous parcourons.


Samedi

Immersion dans le monde des néons. Le néon en tant qu’enseigne lumineuse a été mis au point par le français Georges Claude en 1910. Il a découvert que ce gaz, rien de moins que le 5ème élément en masse dans l’univers, placé dans un espace clos comme un tube de verre devenait lumineux lorsqu’il était excité par un courant électrique. Le chimiste déposa son brevet et devint riche et célèbre en vendant des enseignes dans le monde entier. L’histoire nous est racontée dans une vieille usine de Varsovie, qui a récupéré nombre d’anciens néons de la ville ou des environs, dont l’extinction, si l’on peut dire, a été initiée par l’occupant soviétique qui ne voyait dans ces enseignes publicitaires qu’une marque du capitalisme, puis confirmée par l’arrivée des lampes fluorescentes et enfin des LED.


Dimanche

Lublin et Zamosc, deux villes remarquables par leurs centres historiques style renaissance, avec façades colorées ou ornées de motifs ou bas-reliefs. Particulièrement photogéniques, même si le soleil souvent caché derrière les nuages n’a pas permis d’en faire ressortir le meilleur. Au moins il faisait encore jour, le coucher de soleil sur la dernière photo a été pris à 16h ! Le chevalier sur la photo, Jan Zamoyski a donné son nom à la ville de Zamosc qu’il a fait aménager lui-même par un architecte italien, d’où la différence de style avec les villes et pays voisins.


Lundi

Étape dans le charmant village de Zalipie où les habitants se sont donnés le mot pour décorer leurs maisons, leurs fermes, leurs ruches et même leur église de motifs floraux peints. C’est en fait une tradition de cette région de Pologne depuis 2 siècles. La plus forte concentration est ici.


Mardi

Cracovie l’ancienne capitale, rare ville polonaise épargnée par les bombes allemandes. Sa place du marché à la fois touristique et authentique, ses portes moyenâgeuses, son château, son dragon cracheur de feu, son pape adoré, et ses pierogi (raviolis polonais)


Mercredi

La fabrique Schindler ça vous dit quelque chose ? C’est bien sûr celle de cet entrepreneur allemand qui a sauvé ses 1100 ouvriers juifs d’une mort programmée, histoire si bien racontée dans le film de Spielberg. Nous avons revu le film puis avons visité la fabrique dans la foulée. Elle n’est plus en activité mais on y trouve encore le bureau d’Oscar Schindler, quelques vieilles casseroles et surtout une belle exposition sur l’histoire de Cracovie et de sa communauté juive pendant ĺa 2ème guerre mondiale


Jeudi

Point d’orgue de notre parcours historique à la mémoire du génocide juif, la visite du camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz. Vous n’aurez que des photos d’extérieur ici, c’est déjà assez glauque. Nous garderons pour nous et par respect les preuves matérielles de l’abominable shoah (empilements de valises, de vêtements, de chaussures et nombreux objets soutirés aux malheureuses victimes, montagnes de cheveux) et toutes les photographies de l’exposition. Nous n’oublierons rien, j’espère que vous non plus.


Vendredi

C’est notre dernier jour en Pologne. La journée sera consacrée aux « basses besognes » du voyage : lavage-séchage du linge en laverie self-service (env. 9 € le tout pour 14 Kg), vidage des eaux usées (gratuit), pleins d’eau potable (gratuit), de carburant (1,34 €/l de gazoil) et même d’AdBlue (0,88 €/l). Il nous faut aussi en prévision de notre passage en République Tchèque nous inscrire sur leur site administratif (règle covid) et acheter en ligne la vignette pour les autoroutes (12,50 € pour 10 jours). Il ne reste plus qu’à rouler vers le 12ème pays de notre parcours.