81. De célébrités en séries

Parcourir la côte Ouest des États-Unis, c’est côtoyer des célébrités, personnages de cinéma, séries télévisées ou villes à la réputation sulfureuse. On y perd en nature ce que l’on gagne en culture, encore que pour un mix des deux, nous décernons la palme à …Palm Springs.

Santa Barbara à part le feuilleton

Nous sommes redescendus à regret de nos montagnes pour retrouver la côte, la circulation …et le brouillard. Nos pas, ou plutôt nos tours de roues, nous amènent bientôt à Santa Barbara. Nous ne connaissions cette ville que pour son roman télévisé, mais, bien que nous aimions faire coller nos séances vidéo aux lieux visités, pas question de nous enfiler les 2188 épisodes de cette série dont le synopsis – et la réputation – ne nous inspirent guère. Nous commençons par visiter une Mission qui, un peu plus que la précédente reconnaît la destruction de la culture des indiens Chumash, et restaure les locaux pour conserver trace de l’histoire. Nous nous rendons ensuite au palais de justice et passons le sas de sécurité avant de nous diriger vers la salle d’audience. Non, nous n’avons commis aucun méfait, c’est juste que le bâtiment se visite, pour sa grande valeur historique et tout en étant en activité. Avec son architecture mauresque, ses escaliers joliment carrelés, ses lustres magnifiques, son escalier circulaire, son horloge, sa tour d’observation munie d’un panorama à 360° sur la ville et surtout sa grande salle d’audience entièrement recouverte d’une fresque historique sur ses 4 murs, ce bâtiment mérite totalement la visite – gratuite qui plus est. Ça donnerait presque envie de commettre un tout petit larçin, juste pour voir comment sont les autres salles d’audience ou traverser le pont des soupirs qui communique avec la prison. Mais non.

La Mission de Santa Barbara
La Mission de Santa Barbara
Le cloitre et linterieur de leglise
Le cloître et l’intérieur de l’église
Les partitions de musique a lepoque
Les partitions de musique à l’époque
et de jolies cactees en exterieur
et les jolies cactées en extérieur
Le Palais de Justice
Le Palais de Justice
Escaliers fabuleux et couloirs brillants
Escaliers fabuleux et couloirs brillants
Salle daudience eniterement couverte de fresques
Salle d’audience entièrement couverte de fresques
Joli escalier en colimacon
Joli escalier en colimaçon
Mecanisme dhorloge richement decore
Mécanisme d’horloge richement décoré
Silence pour la bibliotheque et les audiences en cours
Silence pour la bibliothèque et les audiences en cours
Etjolie vue du haut de la tour
Enfin, la belle vue panoramique du haut de la tour

Malibu sans alerte ni boisson

Malibu tellement loin de la carte postale
Malibu tellement loin de la carte postale !

Se réveiller à Malibu sur un petit parking en corniche en bord de mer avec un paysage gris et triste devant les yeux en totale contradiction avec l’image de cartes postale que nous en avons, ce n’est pas bon pour le moral. Nous longeons un peu la côte jusqu’à Santa Monica, mais les brumes matinales peinent à se dissiper. Notre meilleure arme anti-mauvais temps, c’est le musée. Et ça tombe bien, il en existe un renommé pas très loin, à l’orée de Los Angeles, le Getty Center. Fondé par le magnat du pétrole J. Paul Getty, l’homme le plus riche du monde en 1957 mais qui avait pourtant refusé de payer la rançon de son petit fils enlevé dans les années 70. Cela avait coûté une oreille à ce dernier avant que le grand-père ne se décide enfin à aligner les billets, non sans s’assurer qu’il pouvait en déduire la plus grosse partie fiscalement. Difficile de dire si c’est également pour des raisons de défiscalisation, mais l’homme est devenu collectionneur d’art, accumulant au fil des années plus de 800 000 œuvres, et finissant par construire le musée actuel tant les autres étaient devenus trop petits. Inutile de dire que tout est de grande qualité et que nous nous sommes régalés. Nous avons été surpris de voir à quel point les auteurs français étaient bien représentés. La visite est gratuite aussi bien présentielle que virtuelle sur le site https://www.getty.edu/art/. A ne pas manquer si vous êtes de passage dans la Cité des Anges.

Nous degainons larme musee
Mauvais temps ? Nous dégainons l’arme musée !
Et la qualite est au rendez vous
Et la qualité de ce Getty Center est au rendez-vous
Du mobilier Louis XIV grande classe
Du mobilier Louis XIV grande classe
De la porcelaine de Sevres
De la porcelaine de Sèvres
Sculptures de Rodin Nollekens et Carpeaux
Sculptures de Rodin, Nollekens et Carpeaux
Bellecollection de peintures dont ce Printemps vu par Lawrence Alma Tadema NL etc
Belle collection de peintures dont ce Printemps vu par Lawrence Alma Tadema (NL), la Course des chevaux sans cavaliers de Géricault (F) et les fameux Iris de Van Gogh (NL)(mais les iris sont français !)
A
Etpour finir loeuvre du jardinier anonyme de ce Getty Center
Et pour finir, l’oeuvre du jardinier anonyme du musée

La piste aux étoiles d’Hollywood

Nous avons laissé Roberto sur un des nombreux parkings du métro. Sa nounou n’a demandé que 3 dollars pour 24 heures, une affaire dans une ville de cette taille. Et c’est à peu près le prix du forfait-journée en transports en commun. Il faut sans doute ça pour pousser les Américains à quitter leur sacrée voiture, mais ce n’est pas gagné !

Arrivee en metro a Hollywood Boulevard
Arrivée en métro à Hollywood Boulevard

Notre première destination étant à 1 station de métro de la nôtre, je propose d’y aller à pied pour nous dégourdir les jambes, mais Google nous en dissuade de suite : 2h25 de trajet pour une dizaine de kilomètres. Wouah, les stations sont éloignées dis-donc ! Nous prenons donc sagement la première rame qui passe, un peu tristounette d’ailleurs, et débarquons sur le Walk of Fame d’Hollywood Boulevard. Au moindre doute, vous savez que c’est la bonne rue parce que tout le monde y marche tête baissée, au risque de se percuter, pour retrouver ses stars préférées (ou pas). Nous ne les verrons pas toutes (il y en aurait plus de 2700) mais collectionnons quelques photos de celles qui nous parlent le plus.

Tout de suite une pluie detoiles
Tout de suite, une pluie d’étoiles !
U
A

Le boulevard est évidemment très touristique et les boutiques se sont adaptées. Les amateurs de gadgets seront servis

Mais aussi des boutiques de souvenirs
Boutiques de souvenirs
et gadgets en tous genres
et gadgets en tous genres
Depuis les batiments voisins on apercoit la fameuse enseigne
Depuis les bâtiments voisins, on aperçoit la fameuse enseigne…

Le cœur des anges

Nous nous rendons maintenant au cœur de la ville de Los Angeles, là où tout a commencé. Pour cela, il nous faut reprendre le métro jusqu’à la gare principale de la ville : Union Station. Un joli bâtiment dans le style mission espagnole à l’extérieur et art déco à l’intérieur. Étonnamment, la gare semble déserte alors qu’il est presque midi. Même le bureau d’information attend le client ! Nous nous imaginons avec amusement ce qu’il en aurait été à l’heure de pointe dans une grande gare parisienne. Mais ici, non, tout est calme, nous avons le temps de flâner dans les grandes salles, les salles d’attentes luxueuses, tout en profitant d’une ambiance sonore jazz distillée par un pianiste de passage mais néanmoins talentueux. Une terrasse en bord d’allée de circulation nous invite à nous asseoir. Impensable à Paris sans risquer la bousculade, mais ici nous n’hésitons pas à céder à l’invitation et à commander hamburgers maison et bières.

La gare principale de LA est pratiquement deserte
La gare principale de Los Angeles est pratiquement déserte
Meme a laccueil on attend le client
Même à l’accueil, on attend le client
Alors on sinstalle tranquillement pour dejeuner
Alors nous, on s’installe tranquillement pour déjeuner

Nous voilà donc à El Pueblo, là où la première maison fut construite en 1881 alors que la région appartenait au Mexique. Cette maison est toujours debout d’ailleurs et se visite. Le quartier lui-même a conservé son caractère mexicain, avec boutiques et restaurants très colorés, mariachis autour des tables et squelettes partout (sans aucun rapport avec Halloween). Nous avons l’impression d’être transposés 9 mois plus tôt à Mexico City et cela nous donne envie d’y retourner.

Ensuite direction El Pueblo
Tout près du quartier El Pueblo
via le consulat du Mexique
c’est le consulat du Mexique ! Et l’entrée du quartier originel de la ville
La toute premiere maison de la ville est encore debout et se visite
La toute première maison de la ville est encore debout et se visite
A
Quant au quartier il est tres mexicain
Quant au quartier, il est très euh …mexicain !

Nos autres découvertes notables de la journée seront la très moderne Cathédrale of Our Lady of Angels, inaugurée en 2002, dotée d’un parking à étages, d’un café et d’un design audacieux que nous avons beaucoup aimé ; et puis le Walt Disney Concert Hall avec ses façades-toitures extravagantes. Avec les salles avoisinantes, il forme le haut lieu du spectacle local. Nous serons malheureusement trop peu de temps dans la ville pour pouvoir en profiter.

La moderne cathedrale Notre Dame des Anges
La moderne cathédrale Notre Dame des Anges
Les decorations sont sobres et originales
Les décorations sont sobres et originales
Lautel est impressionnant
L’autel est impressionnant
Seul le Walt Disney Concert Hall rivalise de modernite
Seul le Walt Disney Concert Hall rivalise en modernité

Les camps de concentration américains

Dans le petit quartier japonais de Los Angeles, un musée rappelle le douloureux souvenir des 120 000 américains d’origine japonaise, considérés du jour au lendemain comme des terroristes potentiels après l’attaque de Pearl Harbour le 7 juillet 1941. Déjà mal aimés par la population qui avait fait voter des lois pour bloquer l’immigration des non-caucasiens et les empêcher d’obtenir pour eux ou leurs enfants la nationalité américaine, ils furent carrément déportés dans de véritables camps de concentration et dépouillés de leurs biens. Certes, ce n’étaient pas des camps de la mort comme chez les nazis, mais ils avaient en commun la soustraction d’un groupe minoritaire de la population générale par les gens au pouvoir sans que le reste de la société ne s’en soucie. Les conditions de détention étaient difficiles, tout comme l’a été la réinsertion après la fin de la guerre de ces malheureux qui n’avaient plus rien et durent subir encore longtemps le racisme ambiant. Il aura fallu plus de 40 années pour que le gouvernement reconnaisse enfin que l’opération était injustifiée sur le plan militaire et verse une indemnité aux personnes concernées. Je ne sais pas vous, mais moi, je n’ai pas appris cette histoire à l’école, mais seulement bien plus tard au Musée Canadien des Droits de la Personne à Winnipeg. Et la piqûre de rappel est importante car la mémoire ça s’entretient.

Au Musee des Japonais Americains on nous raconte
Au Musée des Japonais Américains on nous raconte…
dont lhistoire a bascule le jour de lattaque de Pearl Harbor
l’histoire de ces gens dont la vie a basculé le jour de l’attaque de Pearl Harbor
Dans une ambiance deja hostile
Dans une ambiance déjà hostile,
Bien quetant integres americains ils ont ete soudainement deportes
bien qu’étant bien intégrés parmi les américains, ils ont été soudainement déportés
dans de veritables camps de concentration
dans de véritables camps de concentration et dépossédés de tous leurs biens
Il aura fallu de longs palabres pour que Reagan signe enfin
Il aura fallu de longs palabres pour que Reagan signe enfin les excuses officielles de la nation et accorde une indemnisation aux victimes
Dans la boutique aux cotes de mugs japonais
Dans la boutique, aux côtés de mugs typiquement japonais, on trouve ceux si appropriés où les libertés civiles des amendements américains disparaissent lorsque l’on verse un liquide chaud…
Dansle quartier ce sont les patisseries qui sont typiques
Dans le quartier par contre, ce sont les pâtisseries qui sont typiques !

Boutiques insolites

Nous aimons bien ces boutiques qui sortent de l’ordinaire et nous avons été particulièrement gâtés d’en dénicher deux coup sur coup.

  • La maison du voyageur temporel

Cet établissement d’exception s’adresse à tous ceux qui souhaitent voyager dans le temps. Dans la vitrine, un homme des cavernes serre la main à deux robots et dès l’entrée, pour ceux qui auraient oublié leur liste de courses, un téléphone permet d’appeler à différentes époques, dans une fourchette assez large qui va du précambrien à l’an 4000. Il parait que l’on peut même joindre des proches… Sur les rayonnages, sont proposés aussi bien de la crème solaire pour astronautes que des produits d’entretien pour robots (graisse, éponges métalliques, etc.) ou encore des sprays répulsifs anti-barbares (on ne sait jamais sur qui on peut tomber dans le cosmos). En cherchant bien, on peut trouver des langues mortes, comme le grec ancien, conservées dans des bocaux de formol. Et dans des vitrines réfrigérées, des bouteilles de lait de robot côtoient des œufs de dinosaures extra-frais, des morceaux de mammouth laineux et, pourquoi pas (oui, pourquoi pas ?) des livres. On peut aussi commander tout ça en ligne mais attention, certaines planètes ne sont plus livrées. Le plus étonnant (oui, c’est possible) c’est que tous les bénéfices sont reversés à une association promouvant la rédaction littéraire chez les jeunes. Les livres dans la vitrine réfrigérée, ce sont les leurs.

Au marche des voyageurs temporels
Au marché des voyageurs temporels,
On trouve des produits etranges
on trouve des produits étranges,
Surtout dans les vitrines refrigerees
surtout dans les vitrines refrigérées !
  • L’empire du soda

Dans la banlieue de Los Angeles on peut trouver une sorte de petit supermarché qui ne paie pas de mine. L’enseigne peinte sur les vitres, « SODA POP STOP » donne une idée du contenu. En effet à l’intérieur, de multiples cartons posés à même le sol directement sur les rayons, un peu comme chez Lidl, proposent à la vente une multitude de sodas de toutes les couleurs, à tous les goûts imaginables (et même à des saveurs inimaginables), aux designs variés et parfois étonnants, provenant du monde entier. Le magasin réunit là plus de 700 spécialités différentes. Et quand bien même on ne trouverait pas son bonheur, il est possible de fabriquer son propre soda de A à Z en mettant soi-même dans une bouteille vide un ou plusieurs arômes (si vous rêviez d’un soda associant bière de racine et marshmallow toasté, c’est ici possible), en y ajoutant une eau gazéifiée à la puissance souhaitée, en plaçant puis en sertissant la capsule avant d’inscrire le nom de sa composition sur l’étiquette. La boutique possède aussi un choix multinational de bières (de l’Arménie à l’Inde en passant par le Japon et la Russie), de vins (les français sont assez bien représentés) et d’eaux minérales. On trouve enfin un rayon de jouets quelque peu insolites, comme ce requin qui devient « géant » (jusqu’à quel point ??) lorsqu’on le met dans l’eau ou ce poulet en caoutchouc qui pond des œufs (une grosse boule sort effectivement d’entre ses pattes lorsqu’on lui écrase le ventre – c’est kitsch). Bon, nous avons fait quelques emplettes, et n’avons pas manqué de composer notre cuvée spéciale Roberto, dont la recette restera secrète.

Chez Galcos y a tout ce qui faut
Chez Galcos, y a tout ce qui faut !
Mais surtout du soda de toutes les couleurs
mais surtout des sodas de toutes les couleurs
avec des etiquettes etonnantes moi je prefere la derniere et vous
a
avec des étiquettes étonnantes. Moi, je préfère la dernière des quatre, et vous ?
Et si lon ne trouve pas son bonheur
Et si l’on ne trouve pas son bonheur, on peut fabriquer son propre soda !
A
On trouve aussi pas mal de bieres
On trouve aussi pas mal de bières,
A
de provenance internationale,
Ainsi que des confiseries et jouets etranges
ainsi que des confiseries et jouets étranges
Nous avons forcement craque
Nous avons forcément craqué !

Festival d’orchidées etc.

Vous le savez, nous sommes fans de jardins botaniques, toujours prêts à admirer ce que la nature peut nous offrir de plus beau. Nous nous sommes donc rendus à celui de San Marino, dans la banlieue de Los Angeles, un immense complexe de 4 856 hectares créé par un couple de milliardaires amoureux des plantes Mr & Mrs Huntington. Ayant lu qu’il était trop peu visité, nous avons été étonnés de trouver difficilement de la place sur le parking pourtant de belle taille. C’était sans compter que nous sommes tombés au moment d’un concours d’orchidées, finalement à pic. Les fleurs étaient de toute beauté, y compris les compositions et celles en plastique (!) tout comme les 12 autres secteurs du jardin, dont une roseraie, une cacteraie, des jardins chinois et japonais, un secteur australien et une palmeraie. Malgré une certaine expérience dans le domaine, nous avons encore découvert un certain nombre d’espèces que nous n’avions encore jamais rencontrées. La nature est infinie dans sa diversité, on ne se lasse jamais.

Festival dorchidees
Festival d’orchidées
I
A
Et des modeles en plastique etonnants
et même des modèles en plastique plutôt réussis !
Attention aux plantes carnivores
Attention aux plantes carnivores, ne laissez-pas traîner vos doigts !!
Celles la sont tres champetres
Là, on est dans le champêtre,
Nous voici au jardin chinois avec ses bonsai magnifiques
puis dans le jardin chinois, avec ses bonsaïs magnifiques
A
Le Japon se defend bien aussi
Le Japon se défend bien aussi…
Apres cest un festival de cactus
Après, c’est un festival de cactus,
Plus ou moins en fleurs
plus ou moins en fleurs,
Plus ou moins difformes
plus ou moins difformes.
On termine par la roseraie et ne pas prendre racine
On termine par la roseraie et on se sauve pour ne pas prendre racine

Palm Springs en dehors des enquêtes

Ce grand rectangle vert au milieu du désert n’est autre que la plus grande oasis de Californie (un quart de l’état est constitué de désert). Les larges rues en quadrillage parfait sont presques toutes bordées de Palmiers de Californie, gagnant rapidement jusqu’à 30 mètres de hauteur tout en conservant de longs fils blancs jusqu’à leur base, ce qui leur donne un aspect un peu en rouleau de laverie automobile. Arrivés alors que le temps tournait à l’orage, nous avons fait connaissance avec ces arbres alors qu’ils ressortaient magnifiquement sur le ciel très sombre, tandis que de notre côté nous rentrions magnifiquement nous abriter à l’intérieur. Nous avons passé la nuit là, au bord d’une rue calme près du centre, attendant le retour du beau temps prévu le lendemain.

Apres la tempete le calme
Après la tempête, le calme
A

Nous avons commencé notre journée par une curiosité, les Robolights. L’œuvre d’un artiste local un rien allumé (d’où le nom ? 😉) qui a construit et disposé sur son très grand jardin une multitude de robots en tous genres plutôt de grande taille et faits de matériaux de récupération et abondamment colorés. La « galerie » n’ouvre qu’occasionnellement aussi nous n’avons pu la voir que de l’extérieur, mais c’est déjà significatif. Il parait qu’en plus le gars est devenu irrascible. Pas trop envie de finir en robot géant rose ou jaune vif… Mais quand il est là, les machines s’animent et sont éclairées la nuit. Pour avoir une idée de ce que cela donne, n’hésitez pas à jeter un œil sur la vidéo YouTube ci-après.

Le Robolights Project
Le Robolights Project,
Un parc un peu fou ou se cotoient des figurines etranges
un parc un peu fou où se côtoient des figurines étranges
faites de materiaux recycles
faites de matériaux recyclés
A

La suite a été plus sportive puisque nous sommes allés randonner dans les Indian Canyons. En fait nous nous sommes contentés du principal, une petite rivière creusée dans le désert et bien entendu longée d’une bonne quantité de ces Palmiers de Californie, nous procurant par ailleurs une ombre bienvenue. Le retour s’est fait par les hauteurs, permettant de voir la palmeraie de haut et l’ensemble de la ville de Palm Springs pas très loin. Près de 2 heures de marche, c’est bien pour un dimanche !

Lun des Indian Canyons
L’un des Indian Canyons,
borde de ces palmiers si caracteristiques
bordé de ces palmiers si caractéristiques,
aux longues pailles qui touchentpresque le sol
aux longues pailles qui touchent presque le sol
a
Vu de dessous, on voit mieux comment ça fonctionne et on aperçoit les petites graines noires
C
cheminant dans le desert
Le chemin du retour se fait dans le désert et permet d’apercevoir la palmeraie du dessus

Revenus dans la ville, nous sommes allés nous mettre au frais dans le Palm Springs Art Museum. Ce n’est pas et de loin le meilleur musée d’art que nous ayons vu, mais nous y avons trouvé comme toujours quelques œuvres intéressantes, en intérieur comme en extérieur.

Au musee dart le spectacle est dabord a lexterieur
Au musée d’art, le spectacle est d’abord à l’extérieur
A
Une etrange sphere lumineuse nous attend a linterieur
A l’intérieur, c’est une étrange sphère lumineuse qui nous attend dans l’entrée
Quelques belles realisations en verre la derniere est francaise
Quelques belles réalisations en verre ; la dernière est française
Quelques oeuvres etranges
Quelques oeuvres étranges
Recyclage de canettes ecrasees disposees sur une antenne parabolique
Un peu de recyclage : canettes écrasées disposées sur une antenne parabolique
et pour finir ces personnages assis dans une salle tellement realistes
et pour finir, ces personnages assis dans une salle, tellement réalistes que beaucoup de visiteurs passent à côté sans les remarquer !

Nous sommes allés nous garer pour la nuit au bord d’un stade. Pas certains que c’était légal mais personne n’est venu toquer à notre porte… En l’absence de match, c’était tranquille.


Le jour suivant, nous décidons de prendre de la hauteur, pour échapper aux 35°C prévus en ville dans la journée. Pas compliqué, il suffit de prendre le « tramway », c’est comme ça qu’ils appellent ici leur téléphérique. En à peine 12 minutes, nous arrivons à 2600m d’altitude, près du sommet du Mont Jacinto (le point culminant de la Californie qui lui culmine à 3300m) en ayant perdu 18°C : nous sommes passés de 27°C à la station de départ à 9°C seulement à l’arrivée. Autant dire qu’il valait mieux emmener sa petite laine ! D’ailleurs, il est étonnant de trouver dans la boutique des gants et bonnets de ski alors que nous étions dans le désert quelques minutes auparavant. Une particularité de ce téléphérique est que le plancher des cabines tourne pendant le trajet, comme un restaurant panoramique, ce qui permet de mieux apprécier les paysages traversés, pas moins de 5 écosystèmes différents en 12 mn.

On prend de la hauteur
On prend de la hauteur
avec ce telepherique panoramique
avec ce téléphérique panoramique

Forcément de là-haut nous avons une vue magnifique sur toute la vallée de la Coachella où les carrés verts des villes tranchent avec un paysage des plus arides alentour. Un choix de 80 km de randonnées s’offre à nous. Nous choisissons un parcours raisonnable, ce qui se définit par l’absence de nécessité d’enregistrement auprès des rangers et de présentation d’une check-list de matériel de survie. Nous avons marché un peu moins de 2 heures dans un environnement alpin, avec des pauses points-de-vues réparties le long du trajet. Nous avons fait durer le petit café avant de redescendre dans la fournaise et reprendre la route. En fait, quand on roule c’est parfaitement supportable, même sans la climatisation.

En haut le spectacle est grandiose
En haut le spectacle est grandiose
Mais les temperatures fraiches A quel autre endroit
Mais les températures sont fraîches. A quel autre endroit peut-on trouver dans une même boutique des guides de survie dans le désert et des gants et bonnets de ski ?
En tout cas cest ideal pour un pique nique contemplatif
En tout cas c’est idéal pour un pique-nique contemplatif
Nest ce pas
Nest-ce-pas ?

Avec Palm Springs se termine notre tour des célébrités. Encore que… En nous dirigeant vers le parc national de Joshua Tree, nous allons croiser la route du groupe U2. Savez-vous pourquoi ? La réponse dans le prochain article bien sûr !

parcours du au octobre
Parcours du 10 au 17 octobre

Et en bonus la carte de notre trajet depuis le tout début. Car cela fait tout juste 18 mois que nous avons pris la route avec Roberto. Et nous avons parcouru un sacré bout de chemin !

robertomois txt

80. San Francisco et la côte Pacifique

Après quelques semaines d’errance dans des villes de taille moyenne et des terres plutôt désertiques, nous rejoignons la troisième ville préférée des Français aux États-Unis et le plus grand océan de la planète, que nous allons longer par la côte Ouest du pays. Le contraste est saisissant.

San Francisco sans brume

Contrairement à ce qui se raconte ou qui se chante, San Francisco n’est pas toujours plongée dans le brouillard. Certes lors de notre arrivée sur les grands ponts du Nord-Est le ciel était un peu couvert, mais cela s’est rapidement dégagé et nous avons profité d’un beau soleil pour notre première journée ici. Nous avons garé Roberto dans une petite rue proche du centre et nous sommes partis à pied prendre le pouls de la ville, sans chercher d’emblée à voir les attractions majeures. Tous les quartiers ne se ressemblent sans doute pas, mais celui de Mission District était plutôt agréable avec ses demeures victoriennes multicolores bordant des rues vallonnées jalonnées de palmiers, ses espaces verts bien occupés en ce dimanche et ses églises-missions témoignant de l’ère espagnole. Car la ville n’est américaine que depuis 1848, vous savez, l’année où Victor Auguste Poulain a créé la célèbre marque de chocolat alors qu’il n’avait que 23 ans et qu’il n’avait été que 3 ans à l’école comme quoi on peut s’en sortir sans mais ça n’a rien à voir avec San Francisco. Nous avons trouvé aussi de jolies fresques murales dans ce quartier, notamment dans des ruelles dédiées mais aussi sur des façades entières de maisons comme sur les 5 étages de cette Maison de la Femme, centre communautaire de soutien à la cause féminine créé en 1971. Au total nous aurons parcouru presque 8 km avec des dénivelés importants vu le relief de la ville, une vraie randonnée !

Arrivee a San Francisco par le Bay Bridge
Arrivée à San Francisco par le Bay Bridge
Decouverte de larchitecture de la ville
Découverte de l’architecture de la ville
On les appelle les Painted Ladies
On les appelle les Painted Ladies
La Mission Dolores
La Mission Dolores
Vues de linterieur
Vues de l’intérieur
Espaces verts tres prises en ce dimanche
Espaces verts tres prisés en ce dimanche
Halloween en preparation partout
Halloween en préparation partout
Les couleurs vives du quartier rappellent le Mexique
Les couleurs vives du quartier rappellent le Mexique
Plusieurs ruelles dediees au street art
Plusieurs ruelles sont dédiées au street art
A
A
Ici la Maison de la Femme
La Maison de la Femme
Une autre ruelle un peu plus loin
Une autre ruelle un peu plus loin

San Francisco : les classiques

Cette fois nous jouons les touristes de base en allant visiter les grands classiques de la ville : l’emblèmatique Golden Gate Bridge, ses piliers géants de 230m de haut et sa robe orange si caractéristique ; le Quai des Pêcheurs, ancien port de pêche reconverti en quartier touristique avec ses restaurants (nous avons craqué pour un excellent fish & chips), ses musées (dont le Musée Mécanique, dédié aux jeux d’arcade, boîtes à musique, testeurs d’amour ou de muscles et autres flippers du siècle dernier) et ses « sea-lebrities » : une colonie d’environ 300 otaries qui a élu domicile sur quelques pontons du port ; le quartier de Russian Hill avec ses rues très en pente où les voitures garées sont à la limite de basculer tandis qu’au contraire les antiques cable-car y semblent très à l’aise ; et Chinatown où vit la plus importante population chinoise des USA, qui permet de voyager un instant à l’autre bout du Monde. Demain nous avons rendez-vous avec Alcatraz : ne trouvez-vous pas que nous sommes parfaits comme touristes ?

Selfie incontournable devant le Golden Gate Bridge
Selfie incontournable devant le Golden Gate Bridge
Le Quai des Pecheurs et toutes ses attractions
1. Le Quai des Pêcheurs et toutes ses attractions :
Navires de guerre a visiter Fish Chips sur le port
Navires de guerre à visiter – Fish & Chips tout frais sur le port
Les otaries du quai
Les otaries du quai 39, où elles ont élu domicile (certaines partent pour l’été mais pas toutes)
Le Musee Mecanique
Le Musée Mécanique
La Coit Tower et son panorama
2. La Coit Tower, son panorama,
Les rues tres pentues qui y menent
et les rues tres pentues qui y mènent. Je n’irais pas y garer Roberto !
Le quartier Chinois
3. Le quartier Chinois
Meme sans la banderole il est inratable
Même sans la banderole, il est inratable…
car tellement typique
…car tellement typique !
A
Fabrique ancestrale de gateaux de la fortune
Nous visitons une fabrique ancestrale de « gâteaux de la fortune »
A
A l’intérieur, un ruban avec d’un côté une série de chiffres que beaucoup jouent au loto (avec succès d’après une étude !) et de l’autre un message personnel. Manifestement, ils sont au courant que ma nouvelle carte bancaire est en chemin… mais comment font-ils ?!
Et retour vers le parking en cable car
4. Et les célèbres cable-cars, que nous avons empruntés pour le retour.
Nous y reviendrons un peu plus loin.
A
Nous avons tout de même eu le temps d’observer le manège des employés qui retournent la voiture lorsqu’elle arrive en bout de ligne, car un seul sens de circulation est possible
E

Un jour de prison ferme

C’est comme pour aller voir son grand frère aux Baumettes : il faut s’inscrire pour la visite d’Alcatraz, l’établissement pénitenciaire le plus célèbre des États-Unis et la fierté de San Francisco. Mais à l’inverse de la prison marseillaise qui n’a ouvert que quelques jours, pour 2 ou 3000 visiteurs et qui a ensuite été démolie, soutirant au passage 4,5 millions d’euros aux contribuables hexagonaux, ici aux USA on a le sens des affaires : la prison a été réhabilitée, une compagnie maritime a reçu l’exclusivité pour les traversées depuis le port de SF en échange d’on devine quoi et on a créé un produit bien emballé qui attire 2 millions de touristes et génère chaque année 4 millions de dollars de bénéfices. Cherchez l’erreur… Ok, ils avaient Al Capone alors que les Baumettes ont dû se contenter de Mémé Guérini, mais ça ne suffit pas à expliquer la différence.

La baie embrumee de SF donne lambiance pour la visite dAlcatraz
La baie embrumée de San Francisco donne l’ambiance idéale pour la visite d’Alcatraz
A

Une visite bien organisée donc, à l’américaine avec un bateau qui part chaque demi-heure, une traversée dans la brume du matin qui permet de voir l’île se dégager progressivement, un ranger chauffeur de foule à l’arrivée puis une visite au choix libre avec audioguides ou en troupeau avec guide tout court. Nous avons préféré la première solution, d’autant que le guide était francophone. Nous parcourons les différents secteurs de la prison tout en écoutant les descriptions et témoignages d’anciens gardiens et détenus. Nous frémissons devant l’exiguïté et l’austérité des différentes cellules, des « classiques » pour prisonniers sages jusqu’au « trou » pour les plus récalcitrants. On nous raconte bien sûr l’histoire de l’évasion la plus célèbre, bien retracée au cinéma, où 3 détenus se sont évadés en agrandissant en secret la minuscule grille d’aération pour accéder au couloir technique derrière les cellules, retardant la découverte de leur cavale à l’aide de fausses têtes placées sur leurs oreillers. Ils n’ont jamais été retrouvés. La version officielle dit qu’ils se sont noyés. Juste pour ne pas perdre la face.

Audioguide a loreille nous nous immergeons dans le quotidien des detenus
Audioguide à l’oreille, nous nous immergeons dans le quotidien des détenus. De l’inventaire d’arrivée
A
à la vie dans les cellules « ordinaires » (au fait, savez-vous à quoi servait le boitier à gauche ?)
A
en passant par la cuisine, plutôt bonne et abondante, et les douches, toujours chaudes,
parce qu’il fallait ne pas donner envie aux prisonniers de partir !
A
Dans ce bloc bien nommé, on emprisonnait ceux qui ne respectaient pas les règles : plus de sorties,
plus de douches chaudes, et, s’il récidivaient, c’était le « trou » (à droite) : plus de lumière !
Quelques htes clbres
Bon, ce n’était pas non plus des tendres. Ici quelques hôtes célèbres
Et une evasion dans tous les esprits
L’évasion la plus célèbre de la prison, merci le cinéma, est aussi bien expliquée que mise en scène
Taux dincarceration selon les pays source frstatistacom
Honnêtes (on n’en attend pas moins ici !), ils n’hésitent pas à rappeller
que le pays des libertés est aussi celui qui emprisonne le plus

Le seul endroit au monde

En n’y prenant garde, on pourrait passer à côté du Cable Car Museum, l’imaginant à tort comme un hangar vieillot abritant vieux wagons et vitrines poussiéreuses. Il s’agit au contraire d’un endroit passionnant et tout à fait vivant. C’est en effet avant tout le cœur de la machinerie étonnante qui fait se déplacer dans les rues de la ville la quarantaine de voitures en bois qui ne disposent d’aucun moteur. Pour avancer, elles doivent s’accrocher à des câbles qui circulent à longueur de journée sous les routes à l’aide de leviers savamment manipulés par le chauffeur appelé « gripman ». 23 lignes ont été mises en service entre 1873 et 1890, avant d’être remplacées petit à petit par des tramways. Mais grâce à l’action d’un comité de sauvegarde, 3 lignes ont pu être restaurées et mises en service sur les rues les plus pentues du centre-ville, couvrant un parcours cumulé d’un peu plus de 8 km. San Francisco est la seule ville au monde à posséder encore de tels transports en commun. Le musée permet bien sûr de comprendre comment tout ça fonctionne, de l’agrippage des câbles à la résolution ingénieuse des problèmes de croisements et de virages. Dans l’ambiance sonore mais tellement vivante des moteurs qui entraînent les câbles des 3 voies via de grandes roues. Le musée qui décidément ne ressemble à aucun autre sert aussi d’abri à toutes les voitures la nuit.

Le musee des celebres cable cars
Le « musée » des célèbres cable cars
est aussi le lieu ou tous les cables sont mis en mouvement
est aussi le lieu où tous les câbles sont mis en mouvement
On apprend tout sur le systeme dentrainement
On apprend tout sur le système d’entraînement
Bien sur on trouve quelques reliques
Et bien sûr on y trouve quelques reliques
du reseau mis en service en
…du réseau mis en service en 1873

La force est dans la fontaine

Ne serait ce pas Maitre Yoda
Mais que fait donc là Maître Yoda ?

Devant un ensemble de bâtiments modernes dans ce quartier vert de San Francisco, on aperçoit une silhouette familière. Mais oui, c’est bien Yoda, le maître Jedi, sous la forme d’une modeste fontaine qui ne reflète en rien la force qui est en lui, mais annonce que nous sommes bien chez Lucas Films. Nous collons nos yeux aux portes vitrées du hall d’accueil. La secrétaire nous confirme que nous pouvons en faire le tour, mais que nous n’avons que 15 minutes parce que ça va fermer. Ce sera suffisant pour examiner les figurines de toutes tailles qui décorent cette grande pièce. Je ne crois pas avoir besoin de légender les photos… La Silicon Valley n’est pas très loin d’ici, nous aurions pu tout aussi bien traîner nos basques chez Apple, Intel, Google, Hewlett-Packard, eBay ou Yahoo. Mais la force n’était pas avec nous pour faire ce détour.

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Dans le hall d’accueil de Lucas Films, quelques « goodies »
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A

Dernières lueurs du soleil à SF

Nous retournons au parking où nous avons dormi la veille, juste au sud du Golden Gate Bridge. Un bon endroit pour assister au coucher du soleil. Mais finalement pas un bon endroit pour dormir. Nos rideaux à peine tirés, vers 21h, nous devinons des phares braqués sur nous. Personne ne vient frapper à notre porte mais un haut-parleur annonce que nous ne sommes pas autorisés à passer la nuit ici, puis la voiture repart. Pas d’interdiction explicite pourtant, mais nous devons partir. Nous passons de l’autre côté du pont, dont le triste éclairage nocturne est très loin de ce qu’on voit sur les cartes postales, pour rejoindre une aire un peu plus fréquentée, un peu plus proche de la circulation, mais connue pour être autorisée. Nous passerons finalement une nuit relativement tranquille. Réveil dans la brume le matin. Nous tentons 2 petites randonnées dans le secteur en attendant que ça se lève (vers midi nous disait la météo) puis décidons de quitter la ville vers 15 heures, estimant que notre programme de visites était suffisant et que le brouillard toujours présent ne nous donnait pas envie de « faire du rab ».

Coucher de soleil sur le GGB
Coucher de soleil sur le Golden Gate Bridge

Number One… c’est à voir !

Nous suivons désormais la route numéro 1 qui longe toute la côte ouest de la Californie. Contrairement au littoral français, elle est assez sauvage et l’on peut parcourir plus de 100 km sans rencontrer la moindre ville. Elle est bordée de nombreuses plages, qui attirent davantage les surfeurs grâce à de belles zones de rouleaux que de baigneurs qui doivent affronter des températures entre 12 et 18°C. Ces courants froids attirent aussi des brumes nocturnes et matinales, comme nous l’avons constaté. Les campeurs potentiels s’étant peut-être montrés envahissants par le passé, toutes les aires le long de cette route n°1 sont interdites au stationnement nocturne, ce qui ne fait pas notre affaire. Si l’on termine par le fait que le carburant en Californie est l’un des plus chers des États-Unis, nous ne sommes pas vraiment incités à rester dans la zone. Mais nous sommes là, alors visitons et forgeons-nous notre propre opinion.

La route numero
La route numéro 1 de l’état de Californie, brouillardeuse à souhait

Les râleurs de Santa Cruz

Le grand ponton de Santa Cruz
La baie de Santa Cruz

A l’approche du grand ponton s’élançant dans la baie de cette petite cité balnéaire, on entend des bruits bizarres et répétés. La ville étant réputée pour avoir une population des plus à gauche et des plus contestataires du pays, assisterions-nous bientôt à quelque réunion politique animée ? Mais le ponton de bois, lorsqu’on s’y avance, semble désert. Le panneau interdisant à la fois les chiens, l’alcool, les vélos et les skateboards pourrait bien avoir aussi fait fuir les touristes et les politiciens en herbe, mais la moyenne ou basse saison est aussi une bonne explication. Sur le ponton, et au-dessus aussi, les mouettes, goélands et autres pélicans passent en nombre, sans être toutefois particuilièrement bruyants. En fait, plus l’on s’approche et plus le bruit vient manifestement du dessous. Il faut alors se pencher un peu pour apercevoir toute une colonie d’otaries, la moitié dans l’eau et l’autre se prélassant sur les poutres qui relient les poteaux, ce qui correspond d’ailleurs au partage de leur temps dans la journée. Tout ce petit monde, des mâles en majorité d’après le panneau informatif – non je ne suis pas allé vérifier, est très bruyant et ne cesse d’aboyer. Impossible de savoir s’il s’agit d’un débat d’idées de gauche, d’une conversation sur les spots alimentaires du jour ou d’une simple lutte de mâles dominants pour conserver une place au sec pendant que les autres tentent désespérément de grimper. A quand le langage « Otarie » dans Google Traduction ?

pas tres achalande A cause des panneaux
Le grand ponton n’est pas très achalandé. Les panneaux seraient-ils trop dissuasifs ?
A la recherche de lorigine des bruits
Claudie à la recherche de l’origine des bruits : fausse alerte
Cest au dessous que ca se passe
En fait, c’est sous le ponton que ça se passe
Certains sont actifs et dautres plutot cool
Près d’une centaine d’otaries vivent là. Certaines sont très actives et d’autres plutôt cool

Capitola, une histoire haute en couleurs

Nous nous sommes arrêtés dans cette petite cité balnéaire au sud de Santa Cruz pour aller jeter un œil aux appartements multicolores d’une résidence hôtelière sur la plage. L’éclairage du soir, en contrejour, étant décourageant pour les photos, nous décidons de passer la nuit sur place. Au matin, si le soleil venait cette fois du bon côté, il était bien voilé par la brume épaisse que nous avions oubliée. Ça ne fait rien, le spectacle restait assez photogénique, surtout avec la colonie d’oiseaux de mer stationnée devant, que je me suis amusé à faire s’envoler.

La Cour Venitienne
La « Cour Vénitienne » de Capitola
A

Une petite recherche sur l’histoire du lieu nous apprend que l’activité initiale de pêche ayant périclité, le propriétaire du terrain au bord de la plage décida de le louer. Son locataire voulait le cultiver, mais finalement laissa s’y installer les tentes des touristes qui fréquentaient la plage :  la première station balnéaire de la côte ouest était née avec le « Camp Capitola ». Le succès fut tel que le proprio récupéra rapidement son terrain et construisit les mignons petits appartements actuels dans un style dit « méditerrannéo-hispano-missionnaire », mais que les locaux appelèrent « cour vénitienne ». Le nom est resté et le lieu est désormais inscrit au registre national des lieux historiques.

Maintenant le Capitola Beach Hotel
Le vrai nom actuel est le Capitola Beach Hotel, moitié hôtel classique moitié appartements à louer

Internet nous apprend aussi que la ville a été en 1961 l’objet d’une attaque inhabituelle d’oiseaux de mer, devenus agressifs en raison d’une algue toxique qu’ils avaient ingérée. Et que c’est cette histoire qui a décidé Hitchcock, hôte régulier de la ville voisine, à tourner son film.

Lambiance tourne au cauchemar
L’ambiance tourne au cauchemar, non ?

Finalement, j’ai peut-être pris un risque en courant après les oiseaux…


Number One… c’est confirmé !

Le brouillard matinal était bien au rendez-vous pour nous accompagner presque tout au long de cette Route N° 1 de l’état de Californie, mais il n’a pas été si gênant et s’est même révélé être un atout. Sans jamais rendre la circulation dangereuse sur cette route longeant sur plus de 100 km le bord de falaises abruptes, il a donné au contraire une ambiance évanescente au paysage, faisant surgir çà et là de jolies petites plages entourées de cactées colorées, des rochers hérissés d’oiseaux et bouquets d’herbe de la pampa. Lorsque la route s’est enfin mise au niveau du littoral, tandis que la brume s’était un peu écartée au large, nous avons côtoyé des plages couvertes de lions de mer alanguis sur le sable. Après une chasse intensive vers la fin du 19ème siècle, ils avaient totalement disparu du paysage, et c’est un miracle qu’une petite colonie de rescapés sur une plage isolée de Basse-Californie ait pu reconstituer l’espèce dans la région. Maintenant protégée, elle peut profiter de ses jolies plages en toute sérénité tandis que les humains sont confinés derrière des barrières. Un juste retour des choses.

California La route dans la brume
Bon, ça, ça ne change pas : la route Number One est toujours dans la brume
Les paysages se decouvrent au dernier moment
Mais quand ça se lève… des paysages magnifiques se découvrent au dernier moment,
Les plages ont des couleurs etonnantes
les plages ont des couleurs étonnantes,
Plus de cent km de corniche
et la centaine de kilomètres en corniche est un régal
Une plage notariste
Voici une plage très fréquentée… Comment dire… une plage « notariste » ?

So American

Au gré de notre route, nous faisons parfois quelques trouvailles improbables, qui nous semblent inenvisageables dans un autre pays que les États-Unis d’Amérique. En voici trois, trouvées étonnament dans un même lieu à consonnance hispanique : San Luis Obispo

  • La Bubble Gum Alley : c’est une petite ruelle en plein cœur de la ville dont les murs sont depuis les années 50 entièrement couverts de chewing-gums. Il y a bien eu deux nettoyages complets dans les années 70, mais le phénomène est réapparu… Une troisième séance de karscher a été proposée 20 ans plus tard, mais de nombreuses voix s’y sont opposées. Car malgré son caractère peu ragoutant, la scène attire malgré tout pas mal de touristes. Dont nous, avouons-le !
Bubble Gum Alley
La Bubble Gum Alley
  • Le Madonna Inn : c’est aussi une institution de la ville. Cet hôtel-restaurant figure parmi les plus kitsch que l’on connaisse. Le décor est criard à souhait, les couleurs ne sont pas en reste malgré le rose qui domine. Chacune des 110 chambres a son propre thème, du safari à l’homme des cavernes en passant par le nid d’amour et le rocher de la jungle. Nous n’avons pas visité les chambres, mais beaucoup sont en photo sur leur site internet. Mais le rez-de-chaussée était bien suffisant, et surtout les toilettes masculines avec cet urinoir-cascade tout à fait déroutant. Au fait, rien à voir avec la star du show-bizz, Madonna c’est le nom de famille des proprios.
Le Madonna Inn
Le Madonna Inn
Le restaurant
Le restaurant
Les escaliers
Les escaliers
Les toilettes
Les toilettes
Et la boutique tout est kitsch
Et la boutique. Tout est kitsch, vous dis-je, tout !
  • La mise en garde qui tue : Que diriez-vous si vous étiez obligé d’apposer sur votre voiture une affichette de mise en garde sur tous les risques occasionnés par la conduite automobile, cancer lié aux gaz d’échappement compris. En tout cas l’état Californien le fait. Heureusement pas sur tous les véhicules. Celui que nous avons repéré était peut-être un véhicule de location. Mais quand même. Allons-nous voir bientôt des photos d’accidentés de la route scotchées sur les pare-brises ?
La mise en garde qui tue
Manque ou excès de mesure…
  • Les Twinkies : il s’agit d’une pâtisserie typiquement américaine qui s’exporte timidement aux pays alentour. Rien de spécifique à San Luis Obispo donc, mais c’est là que nous l’avons découverte. Cette génoise fourrée à la crème, vendue généralement par deux, est une institution aux USA depuis 1930. La faillite de l’entreprise fabricante en 2012 a créé une véritable panique, avec des ventes des stocks restants à prix d’or sur eBay, des moqueries de la part du Mexique dont les propres usines n’étaient pas touchées et qui malicieusement proposait à ses ressortissants de faire le bien en offrant un twinkie à un américain… Mais qu’a donc ce gâteau de si extraordinaire au point de créer cette panique ? Eh bien il est, selon Wikipedia, « l’archétype de l’aliment contenant des ingrédients malsains et dénué de toute valeur nutritive ». De fait, tout ce qui pouvait freiner la conservation comme les œufs ou le beurre présents initialement a été remplacé par des produits chimiques (39 ingrédients au total) au point de rendre le produit quasiment impérissable. Les créateurs du film Wall-E s’en sont même amusés : dans le film, se déroulant 700 ans après que les hommes aient quitté la Terre, le petit robot sort d’une boîte un twinkie qui semble intact pour l’offrir à son ami cafard. La dégustation était obligatoire pour se faire une idée. L’un de nous deux n’a pas aimé et ce n’était pas Claudie…
Les fameux Twinkies
Les fameux Twinkies. 190 Kcal chaque …sans l’enrobage chocolat

Votre mission si vous l’acceptez…

C’était un peu le langage que tenaient les prêtres évangélistes des premières missions espagnoles auprès des Indiens Chumash dont ils occupaient le territoire et après que les soldats aient détruit leurs maisons, leurs lieux de culte et massacré un grand nombre d’entre eux. Alors, comme dans les interrogatoires policiers où alternent le bon et le méchant, les prêtres ont joué le rôle des gentils et proposé aux indiens qui n’avaient plus de maison d’être hébergés dans la leur, d’être nourris et éduqués (à l’occidentale bien sûr), en contrepartie d’un sérieux coup de main pour l’agrandissement des locaux et d’une adhésion à la foi chrétienne. Tout ça était bien enrobé et les indiens n’avaient plus trop le choix. L’opération a été un succès selon les organisateurs… mais les Chumash ne sont plus aujourd’hui qu’une poignée d’individus sous aide alimentaire tentant de se reconstruire dans une unique réserve. Pour autant, la Mission Purisima de Lompoc n’est pas un lieu triste, personne n’y a été exterminé. Elle est la mieux restaurée des 21 missions espagnoles de la Californie et la vie de l’époque y est bien mise en scène. Un bon petit plongeon dans l’histoire.

Du beau monde sur le parking
Avant toute chose, parlons du parking : 3 américaines, 1 anglaise et un bel italien : du beau monde, non ?
A
La Mission Purisima
La Mission Purisima, de Lompok (Californie)
Les exterieurs
Les extérieurs, plutôt bien restaurés
O
Les interieurs
Les intérieurs, des lieux de prières aux logements et pièces à vivre
A
Les indiens Chumash heureux detre convertis
Les indiens Chumash heureux d’être convertis. Mais ce ne sont pas eux qui ont fait le dessin. Je vous fais un dessin ?

Téléportation

A la conquete de lEst
Un paysage urbain pas très californien

Devant le pare-brise de Roberto apparaît un paysage étrange, comme un air de déjà-vu : des maisons à colombages, des toureiles aux toits pointus, des moulins à vent et même une silhouette agenouillée sur son rocher qui nous paraît familière. La Petite Sirène de Copenhague aurait-elle pris quelques vacances ici aux États-Unis ? Un panneau indicateur confirme que nous sommes à Solvang, Californie et non pas dans la capitale du Danemark. Une sorte de Danishtown, colonisée par des émigrés scandinaves en 1911 et qui ont fortement pris racine ici, mais pas au point d’en oublier leurs coutumes. Encore que les menus des restaurants proposent davantage de hamburgers que de smørrebrød. Ça s’appelle de l’assimilation.

Larchitecture laisse planer un doute
L’architecture est typique …mais pas d’ici !
Tous les rois du Danemark sont la
Tiens! Tous les rois du Danemark sont là…
Et meme la Petite Sirene
Et même la Petite Sirène. Oui mais ce n’est pas Copenhague, c’est Solvang, c’est écrit !

El Camino Cielo

Cela faisait un moment que nous dormions en ville la nuit. Car bizarrement, et j’en ai déjà parlé un peu plus haut, alors que la longue route côtière est en grande partie en pleine nature, les possibilités de passer la nuit au voisinage sont rares. Mais là, sur les hauteurs de Santa Barbara, nous repérons une forêt nationale, a priori accessible au public, avec quelques spots repérés par des voyageurs nomades précédents. Des panneaux indiquent que la route est fermée pour cause de non entretien, mais les commentaires de nos prédécesseurs nous encouragent à passer outre, affirmant que « ça passe » et que le chemin est juste cahoteux. Nous nous lançons donc sur cette route dont une longue partie est terreuse et ornièreuse, appelée Forest Route 5N12 par les Américains mais beaucoup plus poétiquement Camino Cielo par les Mexico-Espagnols. Roberto s’en sort plutôt bien malgré son absence d’équipement pour le tout terrain et notamment de 4X4 et se hisse lentement mais sûrement vers les sommets de cette forêt. Avec la double récompense de trouver un peu de goudron et surtout une vue magnifique, avec à nos pieds l’Océan Pacique qui va se transformer au cours de la nuit en mer de nuages (le voilà notre fameux brouillard matinal !). Nous avons dormi comme des loirs, la tête dans les étoiles et les pieds dans les nuages. Et imaginez le spectacle au réveil, dont les photos ne donnent qu’une petite idée.

Contraintes techniques
Nonobstant les contraintes techniques,
Roberto en el Camino Cielo
Roberto parvient à se hisser sur le « Chemin du Ciel »
A
Quelle route ! Quel spectacle !
Nuit la tete dans les nuages
Et une nuit tellement paisible, la tête dans les étoiles et les roues dans les nuages

Nous restons ce dimanche dans la forêt, un peu plus bas pour profiter de l’ombre. Nous retrouverons la côte et l’agitation demain, à Santa Barbara. A bientôt pour la suite !

parcours du au octobre
Parcours du 1 au 9 octobre

79. Les derniers parcs américains

Nous terminons notre tournée des grands parcs de l’Ouest américain en beauté pour la plupart d’entre eux mais avec une grosse déception pour le dernier dont nous attendions pourtant beaucoup. Les tops et les flops, c’est ici !


Le sanctuaire

Bizarrement, nous n’avions pas prévu de visiter ce parc national réputé de l’Ouest américain. Parce qu’il faut bien faire des choix afin de respecter la durée de notre visa et ne pas nous limiter aux parcs nationaux : il y a tant à voir dans ce pays. Mais sur les sentiers du parc Bryce Canyon, un couple de français vivant en Floride nous a affirmé que ce Zion National Park était à la fois incontournable et son préféré. Nous avons suivi le conseil, le détour était quasiment insignifiant. Comme quoi rien n’est jamais fixé d’avance. Bien dans la lignée des précédents, Zion est le résultat de 150 millions d’années d’évolution, des couches sédimentaires cumulatives se transformant en montagnes suite à l’élévation du plateau du Colorado puis s’érodant. Selon les parcs, ce n’est pas la même couche qui est exposée, et comme chaque couche a ses caractéristiques propres dépendant du milieu dans lequel elle s’est formée (eau douce, eau de mer, température, interférence avec des coulées de lave, etc.), l’apparence est différente en termes de couleur, de dureté, de résistance à l’érosion. Ici, pas de hoodoos comme à Bryce, mais des roches rouges et blanches aux motifs superbes à l’entrée du parc puis plus loin de hauts pitons rocheux qui encadrent un canyon verdoyant, large au début puis se rétrécissant au fur et à mesure que l’on remonte le torrent qui y coule, jusqu’à n’atteindre que quelques mètres de largeur. La randonnée qui suit ce cours d’eau nécessite à un moment …de l’emprunter à pied, sur plusieurs kilomètres, avec à la fin de l’eau jusqu’à la taille. Rassurez-vous, nous nous sommes arrêtés au moment où il fallait quitter ses chaussures. Nous avons aussi emprunté le chemin qui monte au-dessus de la grande vallée, permettant de l’apprécier dans toute sa splendeur. On aurait dit les décors d’un des films Jurassic Park. On comprend bien du coup pourquoi les Mormons, les premiers colons occidentaux de la région, ont appelé ce parc « Zion », un mot qui signifie « sanctuaire » dans leur culture. Cela dit, nous n’avons pas vu de T-Rex, mais c’est peut-être parce qu’on avait oublié les jumelles.



La vallée du feu

Valley of Fire est un parc régional de l’état du Nevada. A y voir ces montagnes aux reliefs tourmentés, ces amas de roches emmêlés, boursoufflés, perforés de trous difformes, j’aurais crû, vu le nom, à des formations de lave. Mais non, comme pour le reste de la région, il s’agit bien de dépôts sédimentaires pétrifiés, et l’appelation du lieu est liée à la couleur rouge du secteur dominant. A d’autres endroits, les roches sont au contraire blanches ou chocolat, alternant ces 2 couleurs tels un gâteau marbré ou une crème glacée, ou encore multicolores, en veines qui rappellent tantôt un arc-en-ciel tantôt une pâte à berlingot. Le centre des visiteurs explique fort bien comment tout cela est arrivé, comment ce lieu aride a pu être habité et comment survivent la faune et la flore actuelle avec quelques dizaines de cm d’eau seulement par an.



Le grand canyon vu du côté des Indiens

En préparant cette partie du voyage, Claudie avait classé comme incontournable la passerelle qui s’avance dans le vide au dessus du Grand Canyon. Alors nous avons délaissé pour une fois les parcs nationaux et opté pour la partie ouest du grand canyon, gérée par les indiens Hualapai. Ça a un certain coût mais nous avons la bonne conscience d’aider les indiens et de profiter d’une installation française (St Gobain). L’accès au site est assez éloigné des grands axes, mais on peut profiter au passage de la magnifique forêt de Joshua trees (des cactus arborescents du genre yucca) et d’un parking gratuit pour passer la nuit, ce qui permet d’être là à l’ouverture avant que ne débarquent les 1500 visiteurs quotidiens. De fait, nous étions les premiers sur la passerelle, qui est toutefois beaucoup moins impressionnante qu’annoncé. Nous avons largement préféré les autres points de vue de ce canyon gigantesque et la tranquillité des lieux. Nous n’étions par exemple que 4 à suivre l’unique vraie randonnée du parc (5 km A-R). La foule ne semble être arrivée qu’en fin de matinée, sans doute à cause de l’éloignement du site. Tant mieux pour nous !


Las Vegas, la ville totalement allumée

Nous nous sommes vraiment posés la question de savoir si nous allions faire un stop à Las Vegas, ville jugée incontournable par bon nombre de roadtrippeurs. Car à la description qu’en font les guides et autres médias, nous avons l’impression d’avoir tout vu de cet enfer du jeu et de cette démesure architecturale et lumineuse en allant à Macao quelques années auparavant. Les hôtels-casinos exploitant chacun un thème avec plus ou moins de réussite pour attirer les joueurs, nous connaissons. De celui qui reproduit à merveille Venise et ses canaux au Xème étage d’un bloc de béton à la copie de Louxor et des pyramides égyptiennes, en passant par Paris et sa tour Eiffel. Des volcans qui crachent le feu à 20h et 21h précises aux fontaines magiques : tout ça était à Macao. Mais traverser le Nevada sans visiter sa ville mythique nous aurait peut-être manqué. Alors nous nous sommes arrêtés une nuit dans le centre-ville pour aller voir non pas le fameux Strip comme tout le monde, mais pour aller ressentir l’ambiance de la rue Fremont, là où tout a commencé. Un peu délaissée avec le développement du Strip, elle a fait des efforts pour se réinventer en se couvrant totalement, sur 500 m d’un plafond lumineux géant de 12 000 leds diffusant en alternance images psychédéliques et vidéoclips musicaux. A l’entrée de la rue, une sorte de machine à sous de 30 mètres de haut laisse échapper régulièrement des candidats à la traversée en tyrolienne tout le long du plafond lumineux, au-dessus des passants. Au niveau du sol, devant les bars, les casinos et quelques petites scènes de spectacles, dans une ambiance musicale soutenue, les piétons défilent bière ou coktail à la main, harangués par des personnages toutes fesses ou muscles dehors, fouets à la main, pour des séances photo d’un goût douteux en échange de quelques dollars. Il y a aussi quelques Mickeys pour les rares enfants de sortie, mais curieusement ceux-ci semblent plus attirés par les personnages précédents que par les héros de Disney. Eh oui, les voyages forment la jeunesse !

Au fait, vous ne connaissiez peut-être pas le « Grill de la crise cardiaque », un concept typiquement américain. Lorsqu’on vient dîner dans ce restaurant un peu spécial, des infirmières en tenue vous font enfiler une blouse de malade puis vous présentent un menu en guise de prescription. Les plats y sont tous très gras et/ou très sucrés et sont servis en quantités gigantesques. Attention, si vous ne finissez pas votre assiette, l’infirmière viendra vous gronder et vous donner une fessée. Un plat typique du menu est le hamburger « octuple pontage », empilant pas moins de 8 steacks et avoisinant les 16000 calories. Le comble du délire : un pèse-personne à l’entrée permet de sélectionner les plus de 350 livres (159 kg) qui peuvent alors manger …gratuitement !


Deux jours de vacances

Ça fait vraiment bizarre de dire ça, mais nous avons régulièrement l’impression d’aller trop vite. Rien ne nous y oblige, bien sûr, mais notre soif de découverte et de bougeotte nous pousse à toujours reprendre la route. Au bout d’un moment, c’est fatiguant, et nous avons réellement besoin de faire une pause. De prendre des vacances dans nos vacances en quelque sorte. La chaleur étouffante de Las Vegas, frôlant les 36°C à l’ombre dans la journée y était peut-être pour quelque chose, sans parler de la pression inhérente à toute ville. A peine 50 km après avoir quitté cette dernière, nous avons observé lors d’une grande montée au travers d’un espace désertique le thermomètre extérieur perdre progressivement une dizaine de degrés. Nous sommes sortis de la route principale et nous avons cherché dans ce qui était un grand terrain accessible au public quelque buisson un peu plus haut que les autres pour nous faire de l’ombre, et avons trouvé ainsi notre point de chute pour le week-end avant d’attaquer la Vallée de la Mort lundi. Tout un programme pour qui souhaite éviter la chaleur…



La vallée de la mort …vivante

Difficile de le croire en arrivant dans cette immense vallée entourée de chaînes ininterrompues de montagnes, où l’absence apparente de végétation, de cours d’eau, d’habitation, de signes de vie même, nous donne l’impression d’avoir touché le fond en matière de désert. L’expression prend d’ailleurs tout son sens lorsque l’on sait que nous sommes ici au point le plus bas de l’Amérique du Nord, 86 m au-dessous du niveau de la mer. C’est aussi l’endroit où il fait le plus chaud (46°C lors de notre passage, le record est à 57°C !) et où il pleut le moins, 56 mm par an en moyenne et parfois pas une goutte certaines années. Le 5 août dernier a toutefois fait exception puisque des précipitations jamais observées depuis mille ans (il a plu en 3 heures ce que le parc reçoit en 1 an) ont entraîné des inondations et une fermeture du parc, dont seulement une partie est redevenue accessible aujourd’hui. Ce sera suffisant pour confirmer que ce qui peut nous sembler un désert définitivement fixé et perdu n’est rien de tout ça. C’est au contraire un monde évolutif, avec des montagnes qui continuent de grandir, des canyons qui se creusent davantage à la moindre pluie, des dunes qui changent de configuration à chaque tempête, des rochers qui se déplacent, etc. Et c’est un monde plein de vie avec de nombreuses espèces végétales et animales, dont certaines endémiques, qui se sont adaptées aux conditions extrêmes. Ainsi cet étonnant rat-kangourou qui peut vivre sans boire, en se contentant de l’eau contenue dans les aliments qu’il ingère. Où ces ânes abandonnés par les anciens chercheurs d’or, redevenus sauvages et agressant les promeneurs sur les routes montagneuses du parc. Ou encore ces minuscules poissons bleus que l’on trouve dans les eaux saumâtres près des lacs asséchés. Et pour finir l’espèce que l’on attendait le moins mais qui vit là sans discontinuer depuis un millénaire, c’est l’espèce humaine, représentée par les indiens Shoshone. A part ça le parc est d’une grande beauté, avec des décors aussi variés que des lacs de sel dans les plaines, des dunes de sable, des montagnes jaunes de borax, des canyons bordés de marbre, des montagnes rendues multicolores par les différents minéraux qui s’y sont développés, des arbres et des fours à charbon de bois en altitude. Et ce ne sont que des exemples !

Pour dormir dans la Vallée de la mort, nous avions deux choix : soit le camping payant près du Cenre des visiteurs, à -80m d’altitude, 46°C le jour et 28°C la nuit (comptez 5 de plus dans Roberto), soit le camping gratuit tout au bout du parc à 1260m d’altitude, 28°C le jour et 17°C la nuit. Ce n’est pas par radinerie, mais nous avons choisi le second. Nous étions les seuls occupants sur les 23 places disponibles, un autre fourgon est venu s’installer avant la tombée de la nuit et une voiture avec une tente encore plus tard. Le calme parfait et la fraîcheur bienvenue nous ont confortés dans notre choix.


Le chemin des écoliers

De notre petit camping tranquille, nous avons décidé que notre étape suivante serait le Sequoia National Park. Une bagatelle à vol d’oiseau puisque seulement 150 km nous en séparent. Mais c’est sans compter que ce parc est bordé par l’infranchissable Sierra Nevada, qu’il faut donc contourner, portant la distance normale par la route à cette fois 450 km. Mais il y a pire : du fait des intempéries, de nombreuses route du Parc de Death Valley sont encore fermées et nous sommes obligés d’en ressortir par notre point d’entrée, c’est-à-dire du côté Est, à l’opposé évidemment de notre destination. Le détour portera notre distance à parcourir à 720 km ! Pour 150 km de ligne droite… C’est sûr, notre prochain équipement pour Roberto sera une paire d’ailes et un turboréacteur !


Mes respects mon général

Gravissant les routes sinueuses le long de la Sierra Nevada, nous retrouvons vers 1500m d’altitude des arbres un peu plus hauts que les buissons et autres Joshua Trees qui parsemaient notre décor quotidien depuis plusieurs semaines : des sapins en bonne quantité et la fraîcheur de l’air qui va avec. Mais nous découvrons aussi des arbres encore plus hauts que les sapins : les séquoias. Ils trouvent ici les conditions idéales pour leur croissance : hivers doux et humides, étés chauds et secs et altitude adéquate, au point de devenir géants. D’ailleurs, n’est-ce pas un pléonasme, ça, un séquoia géant ? La région ayant été découverte en pleine Guerre Civile, les arbres les plus majestueux ont hérité de noms de généraux de l’époque. Le plus gâté a été le Général Sherman, dont l’arbre, avec ses 84 m de haut et 11 m de diamètre est le plus grand organisme vivant sur Terre. Ayant perdu sa tête, il ne grandit plus, mais il continue de s’élargir. Rien d’exceptionnel pour quelqu’un de 2200 ans, non ? On ne peut pas en dire autant du Général Grant, dont le séquoia accuse 2 mètres de retard par rapport au précédent. C’est peut-être pour cela qu’en consolation il a été élu « Arbre de Noël de la Nation ». Les boules quand même !


Yosemite : un parc de trop ?

Le parc national de Yosemite était censé être un must de notre séjour aux États-Unis et nous n’avons pas hésité à faire un bel écart sur notre route pour lui rendre visite. Encouragés en cela par nos guides papier ou numériques unanimes dans leurs louanges. Je ne sais pas si nous avons joué de malchance, ou si nous n’étions pas là au meilleur de la saison, mais leurs arguments sont tombés les uns après les autres. Les « innombrables cascades » tombant dans une « brume grondante » n’étaient que de rares et discrets filets d’eau, ce qui est peut-être normal au début de l’automne, loin de la fonte des glaces. La vallée « verdoyante », « l’une des plus belles sur Terre » était un peu jaunasse, grillée par le soleil et le manque d’eau. Les « fleurs sauvages parsemant les prairies d’altitude » avaient sans doute fané depuis un moment, pour cause de hors-saison. « L’embarras du choix » pour les randonnées était réduit par les fermetures pour travaux de quatre attractions majeures du parc : un point culminant et trois cascades. Le tentant « Swinging bridge » ne swingait plus depuis 1964, date à laquelle il a été emporté par un torrent. La « prestigieuse » Chapelle de Yosemite, inscrite aux monuments historiques depuis 1973, était fermée. Le Centre des Visiteurs « toujours prêt à répondre à vos questions » était particulièrement difficile d’accès en raison de travaux de goudronnage du parking tout à fait judicieux en pleine saison touristique et le film de présentation qu’il diffusait était particulièrement (et inhabituellement) soporifique. Nos choix de randonnées ne nous ont pas permis non plus de confirmer que « tout ici suscitait l’émerveillement » : sentiers un peu trop souvent goudronnés, secteurs incendiés multiples, population beaucoup trop nombreuse et bruyante pour profiter sereinement de la nature. En phase avec ce qui précède, notre dernière balade avait pour but le Mirror Lake, que nous imaginions être un joli petit lac de montagne reflétant à la perfection les sommets alentour. A l’arrivée, nous avons trouvé des randonneurs décontenancés, s’interrogeant les uns les autres, cherchant manifestement le lac. Mais ce dernier n’était plus qu’un lit de sable totalement asséché, dans lequel il était bien difficile que quoi que ce soit se reflète. Pour clore en beauté, nous avons terminé la soirée au camping obligatoire. 38 € pour n’avoir que des blocs sanitaires sans douche, des voisins braillards, des groupes électrogènes pétaradants et les barbecues qui nous ont enfumés. Comme les guides.


Cette déception n’éclipse en rien l’émerveillement qui nous a accompagnés tout au long de la visite des parcs américains. Nous avons vu là parmi les plus beaux paysages de notre vie. Terminer sur ce « flop » nous réconciliera peut-être au contraire avec les grandes villes. San Francisco se pointe en effet sur notre horizon. A bientôt pour la suite.

78. Du Nouveau Mexique à l’Utah

En arrivant au Nouveau Mexique, nous qui pensions être déjà dans le désert le touchons vraiment du doigt, ou plutôt des pneus de Roberto. Mais il s’agit d’un désert coloré, collines jaune-vert parsemées de petits buissons ondulant à l’infini, gigantesques falaises roses faites de couches empilées qui ne demandent qu’à s’effondrer, profonds canyons comme celui du Rio Grande qui ne sont pas dûs à l’érosion mais à l’écartement de plaques tectoniques. Avec 6,7 habitants au Km², les villes sont plutôt rares mais ont un caractère mexicain bien affirmé. Normal puisque c’est le Mexique qui a dénommé la région.


Taos Pueblo, un village figé dans le temps

Le village de Taos Pueblo a été bâti voilà un millénaire, bien avant l’arrivée des colons espagnols, par la tribu des indiens Taos (saules rouges) qui y vit encore, du moins environ 200 de ses membres. L’architecture est particulière à la région, avec des bâtiments rectangulaires aux angles arrondis construits en adobe (mélange de boue et de paille séchée au soleil), souvent sur deux ou trois étages reliés entre eux par des échelles. Afin de conserver les traditions, l’eau courante et l’électricité n’y sont pas installés. L’approvisionnement en eau est assuré par une précieuse rivière qui traverse le centre du village. Le lieu est en grande partie sacré et de nombreuses zones ne nous sont pas accessibles : rues excentrées du village, ancienne église et cimetière, ainsi que toute la montagne en arrière-plan qui serait le lieu de naissance de tous les ancêtres. Mais la partie visitable est tout à fait suffisante pour apprécier l’esthétique et la sérénité du lieu. 19 autres villages indiens de ce type sont encore présents au Nouveau Mexique, mais Taos Pueblo est le plus grand et le seul continuellement habité.

Juste à côté, la petite ville de Taos essaie de conserver les mêmes principes architecturaux, mais le ciment peint a bien souvent remplacé l’adobe et bien sûr l’eau et l’électricité équipent les maisons. Le mélange des styles amérindien, espagnol et anglais lui donne néanmoins un certain charme, attirant pas mal de touristes et un artisanat varié, souvent de qualité.


Chimayo et mes blagues un peu Lourdes

Du temps où elle était occupée par les amérindiens, c’était plutôt une station thermale. Mais lorsque les colons espagnols ont importé (imposé) le catholicisme, les miracles sont arrivés comme par miracle. La terre rouge du coin aurait guéri quelques lépreux, déparalysé des paralytiques, sauvé des tas de gens en fait, comme l’attestent les nombreuses photos de remerciements collées sur les murs et la ribambelle de béquilles suspendues dans une chapelle. Il paraîtrait que pour la Covid aussi ça marchait bien. Nous on avait Raoult, chacun son truc. En tout cas, le succès est tel que la municipalité doit ramener chaque année plusieurs camions de terre pour compenser celle que les fidèles ont emportée avec eux. Je rêve du jour où les emballages plastiques auront un pouvoir guérisseur : les rues seraient d’un propre, mais d’un propre ! Sinon c’était beau et, contrairement aux apparences, je respecte tous ces gens qui se recueillent et prient pour eux-mêmes ou pour leurs proches. Et puis la campagne avec ses falaises roses est superbe.



Santa Fe

Avec ses 2100 m d’altitude, la capitale de l’état du Nouveau Mexique est la plus élevée de toutes les capitales d’état des USA, et sans tricher en plus car elle ne comporte aucun gratte-ciel. De loin, toutes les constructions ont l’air masquées par la verdure. Nous y avons trouvé en conséquence une fraîcheur nocturne bien agréable après les températures élevées de ces dernières semaines.

Architecturalement, elle reprend le style amérindien déjà vu à Taos Pueblo deux jours auparavant : constructions cubiques à bords arrondis, sur plusieurs niveaux décalés, avec poutres apparentes. Mais si les indiens du village en question ont su préserver leurs matériaux (terre argileuse mélangée à de la paille) et leurs traditions (pas d’eau courante, pas d’électricité, transmissions uniquement orales) la grande ville s’est bien entendue convertie au béton et à toutes les commodités modernes (8 heures par jour devant un écran, activité physique sur un tapis, repas livrés par Uber Eat, etc. tout ça grâce à la Santa Fe électricité…). A ce style amérindien s’ajoutent des influences hispaniques (ce sont quand même les Espagnols qui ont créé la ville), mexicaines (Santa Fe a appartenu à ce pays pendant 38 ans mais ont dirait beaucoup plus longtemps), et françaises (juste pour la cathédrale, bâtie par des auvergnats sur le modèle de celle de Volvic, l’eau bénite en moins). Beaucoup d’artistes sont venus s’installer ici, profiter des 300 jours de soleil par an et de la manne touristique hébergée dans les hôtels de luxe.


J’ai pas kiffé Georgia

Georgia O’Keeffe est une peintre américaine de renommée internationale, connue pour ses fleurs et ses paysages peints à la manière « précisionniste », ce qui n’a rien à voir avec l’hyperréalisme, contrairement à ce qu’on pourrait croire et que j’adore. L’artiste ayant fini ses jours à Santa Fe et légué une partie de ses œuvres à la ville, celle-ci reconnaissante lui a ouvert un musée, que nous sommes allés visiter. Claudie a beaucoup aimé, moi pas trop. A vous de juger sur les quelques photos jointes. Il y a quand même quelqu’un qui a payé 44,4 millions de dollars en 2014 pour la grosse fleur blanche sur la dernière photo. Si vos enfants ne savent pas quoi faire plus tard, suggérez-leur de devenir précisionnistes.


Mais j’ai kiffé le folklore

Puisque Santa Fe possède cette réputation artistique, nous en avons cherché une expression peu commune et avons déniché ce Muséum International d’Art Folklorique. Outre des expositions temporaires comme celle sur les démons japonais et cette autre sur le masque anti-covid en tant qu’œuvre d’art, nous avons surtout apprécié l’exposition permanente sur les arts folkloriques rassemblant plus de 160 000 figurines du monde entier. Une vraie caverne d’Ali Baba, on ne savait plus où donner de la tête !



De la bombe, je vous dis !

Je n’avais jamais entendu parler de Los Alamos auparavant. Ça veut dire que finalement ils ont bien fait leur boulot. De garder secret le lieu où ils ont mis au point la bombe atomique. Enfin maintenant c’est public. Pas le laboratoire où ils font encore des trucs louches, mais la salle où ils exposent des maquettes de Little Boy et Fat Man, les tombeurs respectifs de Hiroshima et Nagasaki. En mettant tous les plans pour qu’on puisse en refabriquer une à la maison. Et en plus c’est gratuit. Comme ça on est moins regardants quand ils disent qu’aux endroits où ils ont fait les essais, il n’y a eu aucune conséquence pour les oiseaux, bien au contraire. C’est sûr qu’avec leur 3 becs ils mangent mieux ! Nan, je blague, la dissuasion nucléaire c’est quand même utile. Du moins tant qu’un fou n’en prend pas les commandes.

On apprend aussi quelques anecdotes dans ce lieu chargé d’histoire. Comme celle du navire qui a transporté l’uranium en provenance de Los Alamos qui a été coulé par une torpille 3 jours seulement après la livraison. Où encore celle du photographe qui a pris l’unique cliché disponible du tout premier essai nucléaire, alors qu’il n’était qu’un amateur, chargé par son patron de prendre quelques photos souvenirs des préparatifs. Et enfin le coup de chance de la ville de Kokura, initialement choisie comme cible, remplacée au dernier moment par Nagasaki en raison du mauvais temps. Pensez-y la prochaine fois que vous vous plaindrez de la météo !



Séquence vérité

Si le ciel est souvent bleu sur les photos, c’est qu’il y a un biais de recrutement comme on dit dans les études scientifiques. Si nous sommes plutôt vernis côté météo depuis le début de l’été, on ne peut pas cacher que la grisaille se montre parfois. Mais dès lors que c’est possible, ce sont ces moments que l’on choisit pour faire les courses, les pleins et les vides de Roberto, les lessives, ou tout simplement profiter d’une petite pause. Mais rien besoin de tout ça cette après-midi là, nous avions bien l’intention de visiter ce petit site appelé Chimney Rocks pas trop éloigneé de notre route prévue. Mais le ciel déjà menaçant depuis quelques heures a confirmé nos craintes, et des trombes d’eau se sont abattues sur nous. Attendant l’accalmie sur le parking du site, nous avons vu un ranger venir se garer à côté de nous et nous faire signe d’ouvrir la vitre. Il venait nous informer que la visite du parc était fermée pour aujourd’hui en raison du risque de foudroiement en altitude, mais que nous pouvions venir dans le centre des visiteurs visionner quelques vidéos et explorer l’exposition. Ce que nous avons fait. Dévoué, non, le ranger ? Nous avons suivi ses conseils et appris que ces constructions rocheuses au sommet de la montagne étaient destinées à des observations astronomiques et notamment lunaires. A défaut de pouvoir nous y rendre, nous ne rapporterons que des photos de l’entrée sous la pluie.


Les dessous de table des indiens Pueblos

La région de Mesa Verde, au sud-ouest du Colorado, est un immense plateau recouvert d’une forêt, d’où le nom de « table verte », sillonné de profonds canyons créant autant de falaises de grès abruptes. Les indiens Anasazi puis Pueblos y ont longtemps vécu à sa surface, cultivant leurs champs et récoltant leurs fruits. Pour des raisons diverses, sans doute liées au climat et peut-être à des périodes de guerre, une partie d’entre eux s’est réfugiée vers le 12ème siècle dans de grandes alcôves naturelles au sein même des falaises. Ils y ont élevé des murs, installé des planchers et autres lieux de vie, créant ainsi de vastes bâtisses troglodytes où pouvaient vivre jusqu’à 200 personnes. Ils étaient protégés ainsi, sans doute mieux qu’à la surface, des températures extrêmes des étés et des hivers tout comme des précipitations. Une longue période de sécheresse une centaine d’années plus tard les incita à quitter les lieux et migrer plus loin.

Le parc national ouvert depuis 1906, permet d’observer de loin et de près (en visite guidée uniquement) ces habitations étonnantes. Bien sûr, un bon nombre de randonnées sont aménagées. Nous avons opté pour un parcours de 4 km le long d’un canyon, spectaculaire par son tracé inséré dans les falaises, ses vues vertigineuses et les pétroglyphes à son point ultime.



Il est dans tous ces états

Je veux parler du point géodésique qui se trouve à la jonction de l’Utah, du Colorado, du Nouveau Mexique et de l’Arizona. Au carrefour des 2 axes qui servent de séparation (le 37ème parallèle nord et le 109ème méridien ouest). Au USA on fait simple, on n’y va pas par 4 chemins, si on peut dire. Les touristes viennent en masse s’y faire prendre en photo, mais semblent un peu décontenancé au moment de se positionner. C’est sûr qu’au niveau de l’équateur il n’y a pas de question à se poser : un pied dans l’hémisphère Nord, un autre dans l’hémisphère Sud. Mais là, comment faire avec seulement deux pieds ? A défaut d’y mettre les mains, dans une position peu avantageuse, plusieurs tactiques sont employées : un pied chevauchant deux états, photo en couple procurant l’avantage du bon nombre de points d’appui, ou encore mieux à 4 personne, une dans chaque état. Alors que les boutiques de souvenirs autour exigent encore le port du masque, on est loin ici de la distanciation sociale. Pour la petite histoire, sachez que la position exacte a été déplacée à plusieurs reprises par divers scientifiques coupeurs de cheveux en quatre et reste contestée par certains. En tout cas, c’est le seul endroit aux USA où 4 états de rencontrent en un même point.


Monument Valley

Nous avons eu le plaisir de bivouaquer juste à l’entrée de la vallée, une quinzaine de kilomètres avant le célèbre site, entre deux falaises rougeâtres dont les couleurs se sont enflammées au coucher puis au lever du soleil. Spot gratuit avec table de pique-nique fournie, c’était mieux que collés-serrés dans les campings du parc. Nous avons visité ce dernier en milieu de matinée, alors que le soleil n’était pas encore écrasant et que les touristes étaient encore en nombre raisonnable. Les mots manquent pour décrire cet endroit majestueux où l’on se faufile avec Roberto sur une route en terre entre des rocs montagneux géants aux couleurs rougeoyantes. Les photos parleront mieux que les mots.



Deux ponts trop loin

Après une route fantastique grimpant au flanc d’une falaise et procurant des vues magnifiques, nous parvenons au petit Parc des Ponts Naturels (Natural Bridges National Monument pour les intimes). Une route de 14 km en fait le tour et nous arrête devant 4 ponts, permettant de les observer du sommet et pour les plus courageux de descendre dans le canyon les observer par en dessous. Après la matinée à Monument Valley et compte-tenu de la chaleur de ce milieu d’après-midi, nous avons manqué de motivation pour les deux premiers, situés respectivement à 1 et 3 km de la route, et donc le double pour l’aller-retour. Le troisième nous a paru plus sympathique avec son unique kilomètre retour compris, alors nous sommes allés lui rendre une petite visite. Il nous a offert une arche élégante, bien élancée dans le ciel et semblant assez fragile. Nous avons appris que ces ponts naissent au début d’une boucle d’une rivière, ce qui permet une érosion ciblée au creux de la courbe et la formation progressive d’un trou jusqu’à l’autre côté.


Une journée minérale

Les paysages de l’Utah sont véritablement extraordinaires. Nous avons roulé une grande partie de la journée au milieu de paysages grandioses, montagnes en mille-feuilles minérales ou au contraire en pierres massives que l’érosion transforme en sable pour les premières et en blocs de taille imposante pour les secondes. Les couleurs sont fantastiques, variant d’une région à l’autre entre les gris, les blancs, les jaunes ocre, les mauves et les rouges, sans parler des tons bleutés de certaines parois. Entre les montagnes, des canyons asséchés et façonnés en arabesques ou en champignons par le temps, des couloirs de verdure grâce à l’eau qu’ils recueillent par temps de pluie ou aux rares rivières qui les empruntent, comme le Colorado très boueux à cet endroit. Nous n’avons cessé de nous émerveiller tels des enfants tout au long de la journée et les appareils photo ont bien chauffé. Nous avons terminé par la visite du Capitol Reef National Park, bien dans le ton de ce que nous venions de voir, avec quelques curiosités en plus comme ces pétroglyphes gravés à bonne hauteur sur des falaises. Ce qui les a sûrement préservé du vandalisme dont on a pu constater quelques exemples malheureux au niveau du sol.



Le plus beau des parcs ?

Ce n’est pas nous qui le disons, mais le National Park Service, l’organisme qui gère tous les parcs nationaux des USA. Après chacun en fait son affaire, mais ce Bryce Canyon National Park est véritablement au-dessus du lot et fait partie de nos coups de cœurs de ce voyage. Il s’agit d’un haut-plateau dont l’érosion a créé une multitude de cheminées appelées ici hoodoos. Le phénomène n’est pas unique dans le monde, mais c’est ici qu’il a sa plus forte concentration, rassemblée dans plusieurs zones appelées amphithéâtres. Les multiples tonalités de rose-orangé, la fragilité des édifices, la multiplicité de leurs formes, et leur caractère innombrable en font un spectacle exceptionnel. On commence par les apprécier du dessus, en longeant une falaise, avant de plonger vers leur base, dans des couloirs étroits et impressionnants, afin d’avoir un autre point de vue tout aussi impressionnant du dessous. Tout cela en compagnie de sympathiques chipmunks (de petits écureuils) peu farouches au point de venir tourner autour de vos chaussures. Et bien sûr en compagnie d’autres touristes, mais ce n’était pas le délire non plus. Vraiment un endroit qu’on a adoré.


C’est par ce parc que nous terminons cet article. Il nous reste encore un petit bout d’Utah à parcourir et même encore un parc national avant de rejoindre le Nevada et le célèbre Grand Canyon. Nous allons en avoir encore plein les mirettes et sûrement des choses à vous raconter.

77. Colorado

Nous avons retrouvé dans ces montagnes « de couleur rouge » (« colorado » en Espagnol) de cet état de l’Ouest américain celles de nos manuels de géographie. Elles contrastent magnifiquement avec les feuillages des arbres des vallées et les falaises blanches au voisinage. Mais ce grand état possède bien sûr d’autres richesses. Entre les parcs nationaux des montagnes rocheuses et des grandes dunes de sable, la capitale Denver et sa richesse culturelle et nos petites aventures, il n’y a pas de quoi s’ennuyer !


Allez en prison, ne passez pas par la case départ !

C’est par cette petite affiche malicieuse que débute la visite de l’ancienne prison de Laramie, tout au sud de l’état du Wyoming. Construite en 1872, elle a hébergé pendant 30 ans les plus grands bandits de la région, dont le célèbre Butch Cassidy. On commence par nous montrer la maison du gardien en chef, luxueusement logé pour l’époque, afin que le contraste soit bien net avec les cellules des prisonniers. Tout aussi austères que les règles de l’époque : dépersonnalisation (remplacement du nom par un numéro, rasage complet et tenue rayée unique), lever à 5h30 du matin, interdiction de toute conversation, marche en rangs serrés pour les sorties, travaux forcés, etc. On est loin des parties de Kohlantess de la prison de Fresnes !

Une salle entière est dédiée à Butch Cassidy, hôte de la prison pendant 18 mois, presque érigé en héros malgré ses nombreux crimes. Il est volontiers comparé à un Robin des Bois alors qu’il n’a jamais rendu un penny de ses larcins à quiconque. Au contraire, traqué par la police et des détectives privés, il a fini par s’enfuir avec son compère Kid Sundance en Amérique du Sud où il aurait probablement été tué quelques années plus tard. Les tests ADN n’ont toutefois pas confirmé que c’était bien lui, laissant la part belle à tous les fantasmes de ses admirateurs.


Lovely Loveland

Nous sommes maintenant dans l’état du Colorado. Sur la route du Parc National des Montagnes Rocheuses, nous faisons une petite halte à Loveland. Cette ville a bien sûr tiré parti de son nom – qui est en fait celui du président de la compagnie de chemins de fer qui a permis à la ville de se développer – pour promouvoir ce qui tourne autour de l’amour. Lors de la St Valentin notamment, le must est d’envoyer une carte à l’être cher avec le cachet postal de la ville. Si l’on ne peut se déplacer, il suffit d’envoyer la carte préaffranchie à la poste de la ville où des bénévoles se chargeront d’appliquer le cachet avant de la réexpédier. Le restant de l’année, on peut se faire photographier devant les lettres géantes LOVE du centre des visiteurs ou bien y accrocher un cadenas.

L’autre spécialité de la ville, si l’on peut dire, ce sont les scultpures. Outre le concours annuel du mois d’août, 3 parcs exposent plusieurs centaines de ces œuvres. Le premier que nous avons visité est dédié à l’art sculptural du Zimbabwe, le second sert d’accroche à l’office de tourisme, et le troisième, le plus grand, offre au regard des passants plus de 150 sculptures en bronze dont pas mal méritent le détour. Et tout est gratuit, profitez-en !


Parc National des Montagnes Rocheuses

Nous n’avions pas prévu de passer par ce parc au début et peut-être avons-nous provoqué de mauvaises ondes qui ont terni notre visite. A moins que ce ne soit lié au fait que nous y étions en plein week-end de fête du travail. La foule était au rendez-vous hélas. Donc pas de camping disponible et la ville à l’entrée du parc, Estes Park, est particulièrement inaccueillante vis-à-vis des véhicules de loisirs, interdisant notamment tout stationnement nocturne, y compris dans les rues. Nous avons passé la nuit sur un parking d’hôtel en centre-ville et avons décollé de bonne heure pour entrer dans le parc avant 9 heures. Car après, il faut un permis qui, comme les hébergements, se réserve plus d’un mois à l’avance. Ensuite, nous avons emprunté la route fétiche du parc, un chemin en terre bordé de quelques précipices mais circulant la plupart du temps en forêt. Le problème c’est que nous étions loin d’être seuls, et circuler ainsi au milieu d’une file de voitures ça gâche fortement le plaisir. Parvenus vers 3700 m d’altitude, ça s’est amélioré. Le paysage s’est dégagé, devenant grandiose, sans être toutefois exceptionnel pour nous qui avons vécu 25 ans à la montagne. Nous avons tout de même suivi quelques sentiers de randonnée au milieu de la toundra, grimpé sur de petits sommets rocheux et glané quelques informations sur les panneaux ou au centre des visiteurs. Un peu déçus quand même, nous sommes ressortis du parc le soir d’y être entrés, sans avoir l’envie d’y retourner.


L’attaque de l’écureuil

Dès la sortie du parc, nous avons longé le Lac Mountain Shade, qui n’avait pas tant l’air que ça à l’ombre de la montagne. Juste à côté se trouve une forêt nationale, et les forêts nationales c’est pratique pour nous autres voyageurs nomades car il est possible d’y stationner gratuitement et en général paisiblement pour la nuit. Nous nous sommes trouvés un petit coin dans une clairière et avons dormi comme des loirs. Un peu saisis par le froid tout de même le matin (9°C dans Roberto et sans doute 2 ou 3°C dehors). Nous avions juste oublié que nous étions en altitude. Un petit coup de chauffage nous a remontés rapidement à 20°C et le soleil radieux a rapidement pris le relais. Nous sommes donc retournés près du lac, toujours au soleil d’ailleurs, et avons randonné sur une petite boucle de 6,5 km, l’East Shore Trail, moitié au bord de l’eau moitié dans la forêt et les prairies. A la fois joli et tranquille, comme nous aimons. Le seul être vivant qui a troublé notre passage a été un écureuil qui, du haut de son sapin, nous jetait des jeunes pommes de pin et des bouts de branches. A priori il n’avait rien contre nous, il préparait plutôt sa récolte pour se sustenter pendant son hibernation. Tout de même, être canardés par un écureuil, c’est un comble !


Petit coup de pompe

Nous sommes en pleine forme, rassurez-vous, mais ce n’était pas le cas il y a quelques jours de notre pompe à eau qui, après 18 mois de bons et loyaux services nous a brusquement lâchés. De rapides vérifications permettent de s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un problème d’alimentation en eau ou en électricité. Il nous faut donc trouver dans l’idéal un dépanneur, pour avoir au moins un diagnostic précis, ou à défaut une nouvelle pompe, sachant que les raccords des pompes américaines pourraient ne pas être compatibles avec les nôtres. Evidemment, nous sommes en plein week-end de fête du travail, mais c’est toujours comme ça. Nous dénichons un dépanneur à une douzaine de kilomètres de l’endroit où nous sommes, apparemment ouvert d’après Google – qui est loin de la fiabilité à 100%. L’entreprise s’appelle RV Doctor, c’est tout dire. Ils sont plutôt spécialisés dans le dépannage à domicile, ce qui nous parait incongru pour des véhicules plutôt mobiles, mais à la réflexion beaucoup de véhicules de loisirs américains sont scotchés plusieurs mois voire à l’année dans des campings ou ils sont raccordés à tout. Au bureau de RV Doctor, un gars qui semble tout juste sorti de son lit (il est 9h30) nous affirme qu’aucune réparation ne se fait sur place mais qu’il peut nous envoyer dans la journée un dépanneur …à notre domicile. Nous avons beau lui montrer Roberto garé juste devant sa fenêtre, rien à faire. Nous n’allons tout de même pas aller nous installer dans un camping juste pour la réparation ! Nous remontons dans notre véhicule et ressortons nos téléphones pour rechercher un autre dépanneur ou un vendeur de pièces détachées. C’est alors qu’arrive de l’arrière de la maison une autre personne qui nous demande si tout va bien. Nous lui expliquons notre problème et il demande tout de suite à regarder. Après quelques tests il pense que la pompe est grillée et nous propose de la remplacer. Une demi-heure plus tard nous repartons avec une pompe neuve et avec la pensée d’en donner de grands coups (de pompes bien sûr) à notre premier intervenant.

Cela pose la question plus générale des pannes en voyage. Pour les problèmes mécaniques, nous pouvons faire appel à l’assistance incluse dans notre contrat d’assurance, encore faut-il avoir du réseau et dans cet immense pays, c’est loin d’être toujours le cas. Et cela ne nous permet que de nous faire transporter au garage le plus proche, car la plus grosse difficulté est de trouver des pièces pour nos véhicules européens. Les concessionnaires Fiat américains ne vendent pas de fourgons Ducato et donc n’ont pas les pièces détachées, ni les valises diagnostiques sans doute. Les autres marques ne sont pas mieux loties et ceux qui espéraient s’en sortir en partant avec un véhicule Ford se cassent tout aussi bien les dents : les Ford Transit européens n’ont pas les mêmes moteurs que leur homologues Yankee. Une panne là-bas est donc souvent synonyme d’attente de l’envoi des pièces détachées. Pour les pièces d’usure, il est toutefois possible d’anticiper. Nous avons ainsi ramené avec nous de notre dernier passage en France un jeu de filtres et de plaquettes de freins. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de passer chez un concessionnaire Fiat pour faire remplacer le filtre à air moteur qui nécessitait un outil spécifique pour le démontage. Ils m’ont remis le nouveau, que j’avais apporté, en me souhaitant bon voyage, sans rien me demander donc.


L’argent a fait son bonheur

Georgetown dans le colorado est née 2 fois : une première fois en 1859 après la découverte de quelques pépites d’or dans le torrent qui la borde, dans une micro-ruée vers l’or qui ne dura que 2 ans. Puis une seconde fois en 1864, grâce à la découverte de filons à forte teneur en argent dans les montagnes et à une loi américaine récemment promulguée qui permettait au dollar de reposer aussi bien sur l’argent que l’or. La ville connut un essor tel que pendant quelques années, elle sera la ville qui produira le plus d’argent au monde.

Pour acheminer tout ce minerai il fallait un train, et la ligne fut inaugurée en 1885, transportant aussi des passagers jusqu’à la grande ville de Denver toute proche. La 2ème guerre mondiale porta un coup d’arrêt à la production d’argent et la ville connut une nouvelle récession. C’est le tourisme et l’énergie de plusieurs sociétés conservatrices du patrimoine qui la sauvèrent et permirent la remise en service de la voie désaffectée un siècle plus tard.

Nous avons emprunté ce train à vapeur circulant en voie métrique sur de frêles ponts de bois sans parapet, comme à l’époque. Cela nous a rappelé notre voyage itinérant en Inde d’il y a 35 ans (mais que ça passe vite !) où nous voyagions de nuit dans les derniers trains à vapeur en service régulier, nous réveillant le matin le visage et les cheveux couverts de scories. Pas de scorie ici, les huiles recyclées remplacent le charbon.

Nous en avons profité aussi pour visiter la mine d’argent. Mais, si le décor en valait la peine, le discours de la guide était plus orienté sur les anecdotes et les histoires de fantômes (les américains adorent) que sur la vie des mineurs et les technologies employées pour extraire et traiter le minerai.


Les Red Rocks

Ce titre ressemble un peu au nom d’un groupe musical ou d’une équipe de baseball, mais il s’agit bien d’une formation naturelle de roches rouges, des falaises de grès formées il y a 290 millions d’années. En temps ordinaire, c’est un parc de la ville de Denver qui se visite tranquillement. Mais la capitale du Colorado y a aussi installé un amphithéâtre en taillant un peu la montagne, pour y produire des concerts. Les Beatles notamment y ont joué en 1964. Nous avons retrouvé l’affiche à l’hôtel de Denver où ils avaient passé la nuit, laissant la direction totalement débordée par les 5000 fans qui s’étaient rassemblés devant la porte. Le problème des soirs de concert, c’est que les sentiers de randonnées ne sont plus accessibles, et c’était forcément le cas lorsque nous sommes arrivés dans le coin. Il restait heureusement la possibilité de circuler sur la route panoramique, ce qui nous a permis de profiter de ce paysage étonnant et de prendre quelques photos.


Denver, du décor !

Ce qui est bien dans les grandes villes, c’est que l’offre culurelle est généralement riche et variée. Et permet de constater que, si la nature nous offre de belles choses, l’humain en est capable aussi. En voyage, nous apprécions d’alterner les deux.

Denver est riche en oeuvres de street art, avec une concentration particulière dans le RiNo Art District. RiNo pour River North et non pas pour la bête à corne ou le nez qui coule. Une ancienne friche industrielle, comme souvent, reconvertie en quartier branché avec tout ce qu’il faut pour boire et manger, notamment dans l’ancien marché central. Nous y étions au moment du festival annuel de street art, et plusieurs peintres étaient en action. Nous avons passé près de 2 heures à déambuler dans le quartier à examiner les murs, les portes de garages, et mêmes les poubelles ! Voici quelques unes de nos trouvailles.


L’architecture urbaine est par contre assez banale, peu soutenue par le classique quadrillage américain des rues et avenues qui rend la ville monotone. Comme d’habitude aux USA, pas de vrai centre-ville, tout au plus une longue rue semi-piétonne peu fréquentée. La chaleur y était peut-être pour quelque chose, mais les vitrines ne sont pas vraiment accueillantes non plus. A titre indicatif, on peut marcher plus d’une heure sans trouver une épicerie. Sont-elles cachées à l’intérieur des buildings ? Ont-elles disparu au profit des courses en ligne ? On trouve tout de même quelques curiosités en flânant dans les rues, comme ce gros ours bleu debout les yeux collés contre les vitres du Palais des Congrès. Un vrai symbole de la ville, il est baptisé « Je vois ce que vous voulez dire ». Il devait parait-il être brun, mais une erreur dans l’essai de couleur – un comble dans un état qui s’appelle Colorado – lui aurait donné cette teinte surprenante que finalement l’artiste a décidé de garder.


Le Denver Art Museum est réputé pour sa grande collection d’art amérindien, mais s’intéresse aussi à l’art de l’ouest américain et à celui du reste du monde. Les peintres impressionnistes français y avaient notamment une belle part. Nous y avons trouvé aussi une section dédiée au design et quelques expositions temporaires plus ou moins à notre goût. Mais la partie sur l’art amérindien vaut à elle seule le déplacement.


Dans un autre registre, le Forney Museum of Transportation mérite également la visite. Sa collection de voitures miniatures est exceptionnelle, tout comme celle des véhicules en tous genres rassemblés dans ses hangars. Des trains aux avions en passant par les vélos, les motos, les voitures, les autobus, les avions et même une auto-tamponneuse. Du matériel parfaitement entretenu avec des carrosseries d’un tel lustre qu’elles auraient fait rougir Roberto s’il avait pu entrer.


Nous nous sommes baladés enfin dans le jardin botanique, dans le TOP 5 des USA selon …la ville de Denver. Pas sûr que nous lui aurions donné nous-même cette place, notamment en raison de la faible mise en valeur de la grande serre tropicale, mais nous avons tout de même pris du plaisir à en explorer les différents secteurs, notamment ceux dédiés aux plantes de l’Ouest américain armées pour affronter des écarts climatiques extrêmes. Les grands bassins de nénuphars sont à notre avis le must de ce jardin avec de grandes variétés de fleurs et de feuilles ressortant particulièrement bien sur une eau volontairement assombrie. Une véritable œuvre d’art réalisée par l’équipe de jardiniers. Bravo !


Le Jardin des Dieux

Près de Colorado Springs, une ville à laquelle nous n’avons pas trouvé d’intérêt autre que le prix exceptionnellement bas du diesel (1,03 €/l, c’était peut-être une erreur, nous nous sommes dépêchés d’en profiter !), se trouve le Jardin des Dieux. C’est un parc qu’on peut parcourir entièrement à pied, aménagé autour de formations rocheuses étonnantes de grès rose ou rouge. Formées par sédimentation il y a des millions d’années, elles se sont redressées au moment de la formation des Montagnes Rocheuses et l’érosion en a fait des sortes de dalles verticales plus ou moins épaisses d’environ 150 mètres de haut. Chacune a son petit nom, des trois grâces aux chameaux qui s’embrassent. Nous avons cru reconnaître pour notre part un éléphant, non recensé dans la documentation. Mais ça risque d’être compliqué pour le faire homologuer, d’autant que nous l’aurions volontiers fait baptiser Roberto… Nous avons aussi croisé quelques cervidés pas trop farouches mais aussi un serpent à sonnette qui, lui, n’avait pas l’air commode. Un joli lieu un peu trop fréquenté mais qui a le mérite d’être gratuit. Ceci explique peut-être cela.


Rendez-vous manqué

Nous avions prévu de visiter le Parc National des Grandes Dunes de Sable, apparemment spectaculaires puisque les plus hautes d’Amérique du Nord, mais la météo en a décidé autrement. Avec la pluie continue et le brouillard bas, nous n’aurions pas vu grand-chose. Tant pis, ce sera pour une autre fois, nous décidons plutôt qu’attendre l’accalmie d’ »avaler du bitume » et de quitter un jour plus tôt que prévu le Colorado. Mais ce ne sera qu’un au revoir car cet état nous a bien plu et nous y retournerons prochainement. A bientôt pour la suite au Nouveau Mexique !

76. Autour de Yellowstone

C’est un long parcours qui nous emmènera de Missoula à Laramie en passant par l’exceptionnel parc Yellowstone, les états du Montana, du Wyoming et du Dakota du Sud jusqu’au célèbre Mont Rushmore. Une dizaine de jours intenses et inoubliables.

Missoula et son carrousel solidaire

Cette attraction est particulière par son histoire : un jour un menuisier du pays est allé voir le maire et lui a dit « I have a dream… » Il a proposé en fait de construire un carrousel pour la ville, à la seule condition qu’on lui promette que le manège ne sera jamais vendu ou déplacé. La ville a accepté, et désormais tout le monde se plaint du grincement infernal du manège, de la musique lancinante du limonaire, des enfants qui tombent ou qui se plaignent de violents maux de tête peu après avoir chevauché l’engin… Non non je blague, tout le monde est ravi, les enfants vont tous bien, le carrousel est magnifique et décoré dans les moindres détails y compris le bâtiment qui l’abrite. Ce qui est surtout marquant, c’est que la générosité de l’homme qui avait un rêve s’est étendue comme par contagion à une grande partie de la ville. Plusieurs milliers de personnes ont ainsi donné un coup de main pour que le projet se réalise, aussi bien pour sculpter et peindre les chevaux, carrosses et autres figurines que pour restaurer et remonter pièce par pièce le mécanisme que le menuisier avait récupéré, ou encore lever les fonds nécessaires aux travaux. Près de 100 000 heures de travaux bénévoles ont été comptabilisées. Le carrousel de Missoula est en service depuis 1995. 4000 volontaires se déclarèrent encore présents en 2001 lorsque le projet se présenta de construire un jardin d’enfants en forme de dragon juste à côté. Avec autant de bras, il ne fallut que 9 jours pour le montage. Un bel exemple de solidarité.


Nuit en forêt près de Garnet

C’est véritablement notre emplacement nocturne préféré car nous y avons en général une paix royale. Les forêts sont loin d’être toutes accessibles, souvent privées ou alors non équipées de voies de circulation. Mais aux USA, les forêts nationales relèvent du domaine public. Il suffit de les repérer sur la carte quand les emplacements de choix n’ont pas déjà été repérés par d’autres voyageurs sur les applications comme iOverlander. On nous demande parfois si nous ne craignons pas pour notre sécurité d’être autant isolés. Mais nous avons plutôt la sensation inverse. Tant mieux, il en faut pour tout le monde !


Garnet, le village fantôme

Vers 1890, des prospecteurs ont découvert de l’or dans la région, attirant de nombreux chercheurs, et, chose inhabituelle, leurs familles. La ville de Garnet a poussé comme un champignon, hébergeant jusqu’à 1000 personnes vers 1895, et disposant alors de 4 magasins généraux, 7 hôtels, 13 saloons, 3 écuries, 2 barbiers, 1 médecin, 1 école, 1 boucher et 1 boutique de confiseries (des familles vous dis-je). Pourtant, rien de tout cela n’a fait long feu. Les filons ont commencé à s’épuiser vers 1900, les exploitants ont commencé à louer à des gogos leurs mines en déclin, et les familles sont parties peu à peu. En 1905, il ne restait plus que 150 habitants. En 1912 un grand incendie en a encore chassé un grand nombre et le peu qu’il restait a été enrôlé dans la 1ère guerre mondiale. Même si la ville a connu quelques réveils provisoires par la suite, elle a fini par s’éteindre et est aujourd’hui abandonnée. Bien entendu, les autorités ont saisi le filon et tentent de maintenir en état les différents bâtiments pour la préservation de l’histoire, ce qui nous permet de les visiter aujourd’hui. Une poignée de baraques en bois dont une partie du mobilier est restée en place, suffisamment pour que l’on s’imprègne de l’ambiance de l’époque. Un petit sentier parcourt aussi la zone minière où l’on trouve du matériel abandonné et des puits de mine condamnés par sécurité mais dont rien que l’entrée en dit long sur les conditions de travail de l’époque.


Nuit au camping, près de Townsen

Après avoir traversé les jolis paysages du Montana, moyennes montagnes recouvertes d’une herbe jaune qu’on croirait sèche et parsemées de quelques sapins, ou champs ondulés de céréales à perte de vue, nous cherchons comme chaque soir un coin tranquille pour dormir. Nous avions repéré un camping gratuit près de la ville de Townsen, mais en faisant le tour de cet emplacement pourtant sympathique, nous découvrons que le seul occupant, une caravane sans son véhicule tracteur, est équipé d’un groupe électrogène en fonctionnement. Pas du tout envieux de supporter cela toute la soirée et encore moins la nuit, nous filons un peu plus loin. Comme il est déjà tard, nous nous rabattons sur un petit camping tout proche, dénué de tout personnel comme nous en avons déjà vu (on met le paiement dans une urne à l’entrée). Pas de groupe électrogène cette fois, mais un groupe de tondeuses à gazon entourant Roberto. Relativement silencieuses, ces vaches noires ne nous laisseront que quelques bouses avant de s’éloigner et nous permettre une nuit paisible.


Allez les bleus !

Sur une colline bordant l’autoroute qui mène à Three Forks dans le Montana, on peut apercevoir un troupeau de chevaux semblant brouter tranquillement l’herbe jaune du coin. Tout de même, quelque chose cloche : ces chevaux semblent d’une taille quelque peu inhabituelle et, si leur crinière vole au vent, eux-mêmes sont immobiles. Qui plus est, en se rapprochant un peu, on distingue une couleur bleutée. S’il est possible de s’arrêter sur un petit terrain vague bordant l’autoroute, rien ne permet d’approcher davantage le troupeau. Il faut sortir les jumelles pour apprécier les 39 sculptures en métal prenant des positions aussi diverses que réalistes, et s’apercevoir que la couleur bleutée est celle de taches peintes sur chaque « animal ». Renseignement pris, il s’agit de l’œuvre d’un artiste local à qui une entreprise de céréales a offert un sommet de colline qu’elle ne pouvait sans doute cultiver. Et il parait que les vrais chevaux bleus, ça existe. Pas comme les éléphants roses.


Il nous en a fait voir de toutes les couleurs

Je parle bien sûr de cette merveille qu’est le parc de Yellowstone. On entre ici dans la cour des grands question parc naturel, le plus ancien du monde d’ailleurs car il a été créé en 1872. Pour les passionnés de thermalisme que nous sommes, c’est un grand waouh toutes les 10 minutes. Nous sommes en effet dans l’immense cratère d’un volcan dont la dernière éruption date de 620 000 ans, gardant depuis une activité géothermique intense. On voit des fumeroles partout, des lacs d’eau ou de boue en ébullition, et bien sûr des geysers. Les 2/3 des geysers du monde sont ici ! Le tout est joliment dispersé, comme si cela ne suffisait pas, dans un décor montagneux époustouflant, grandiose et diversifié. Ce qui a marqué le plus notre première journée, ce sont les couleurs magnifiques des différentes sources que nous avons rencontrées, liées aux micro-organismes qui parviennent miraculeusement à vivre dans ces eaux très chaudes (le record est à 240°C !). Paradoxalement, plus la couleur est froide, plus la température de l’eau est élevée.

A noter que nous avons fait la rencontre d’une famille française ayant tout quitté il y a 4 mois pour partir vivre au moins un an leur rêve de parcourir l’Amérique du Nord. Bien qu’ayant beaucoup voyagé avec nos enfants, nous n’avons jamais dépassé les 2 mois et demi de voyage continu, aussi nous ne pouvons qu’être admiratifs. Leur aventure est très bien racontée sur leur compte Instagram @lilybaroud, n’hésitez pas à jeter un œil.


Yellowstone J2

Ce grand parc mérite au moins 3 jours de visite, davantage si l’on souhaite parcourir d’autres sentiers que ceux qui se présentent tout le long des routes principales pour aller voir les points d’intérêts classiques. Ce qui n’est déjà pas si mal : rien qu’en empruntant ces sentiers, pour la plupart des passerelles en bois pour éviter de s’enfoncer dans les boues très chaudes, nous avons parcouru aujourd’hui 11 kilomètres. Comme hier, nous sommes allés d’émerveillements en émerveillements. Difficile de se lasser devant ces panaches de vapeur qui parsèment l’horizon, ces bassins en ébullition entourés de couronnes multicolores, ces fontaines crachotantes issues de cônes aux formes improbables et cette odeur de soufre omniprésente. Nous avons pu voir ce jour deux des attractions majeures du parc : le fabuleux Grand Prismatic Spring, un lac d’eau thermale formant une sorte de grand œil bleu entouré d’un halo de dégradés oranges du plus bel effet, et le célèbre geyser Old Faithful, dont l’intérêt réside surtout dans la fréquence relativement rapprochée et régulière des éruptions. C’est en conséquence autour de lui que l’on a construit toutes les infrastructures du sud du parc, comme les hôtels, les restaurants, les boutiques de souvenirs et bien entendu le centre des visiteurs. Les horaires probables des éruptions y sont annoncés, mais qu’on ne s’y trompe pas, les fourchettes sont assez larges. Ainsi, pour l’Old Faithful qui jaillit en moyenne toutes les 90 mn, la prochaine éruption était annoncée entre 13h40 et 14h (le spectacle a démarré à 13h40, mieux valait ne pas être en retard), tandis que pour le suivant, le Riverside geyser, c’était entre 15h05 et 16h35 (demandant donc un peu plus de patience). Pour d’autres geysers, l’intervalle entre deux éruptions est annoncé comme pouvant varier entre quelques heures et …quelques années ! Nous avons joué la simplicité en nous contentant de voir l’Old Faithful expulser 20 000 litres d’eau bouillante à une trentaine de mètres de hauteur, pendant environ 2 minutes. Confiants dans les organisateurs, nous n’avions même pas pris de parapluie !

Dans la série des rencontres, nous avons fait connaissance avec 2 autres familles de voyageurs français, chacune avec 2 enfants, parties pour un an à la conquête de l’Amérique du Nord et de l’Amérique centrale et complètement conquises par l’expérience. Ceux qui rêveraient d’en faire autant pourront se délecter de leurs aventures sur leurs comptes Instagram @prenezlapause et @nous_5_en_amerique.


Le zoo-camping du parc

Le camping sauvage étant interdit dans tout le parc, nous avons passé la nuit dans l’un de ses « campgrounds ». Les installations sanitaires sont basiques, limitées à des wc et lavabos, mais sans douches. Les emplacements sont par contre agréables avec, comme la plupart du temps en Amérique du Nord, table de pique-nique et foyer de cuisson individuels. Partout des panneaux préviennent de la présence fréquente d’animaux sauvages, ours et bisons entre autres. Nous n’aurons pas eu l’honneur de leur visite, mais en quittant le camping le matin nous sommes tombés sur ce cerf qui broutait tranquillement dans les allées, entre deux caravanes.


Gris et pastel

Troisième et dernier jour à Yellowstone. Nous commençons notre visite le matin par un secteur de géothermie boueuse. Ici, les sources dégagent volontiers de l’hydrogène sulfureux que des bactéries vont transformer en acide sulfurique, capable de dissoudre les roches autour et formant donc de la boue. Dès l’approche de la zone, bien avant de voir ces chaudrons bouillonnants, on sent bien l’odeur caractéritique d’œuf pourri et on entend les échappées de vapeurs, les bruits d’ébullition, et les bulles qui éclatent à la surface. Des geysers de boue, heureusement pour nous non actifs actuellement, ont aspergé puis grillé toute la végétation alentour, créant une grande clairière gris-blanc au milieu de la forêt. Le dernier bassin de boue que nous verrons n’est plus gris mais jaune. C’est de l’acide sulfurique presque pur, avec un pH proche de 1. Il est 10 fois plus acide que le jus de citron par exemple. A ne surtout pas consommer, même avec modération !

Nous traversons ensuite des plaines à bisons (une bonne cinquantaine étaient présents) pour rejoindre le grand canyon de la rivière Yellowstone, l’un des fleurons du parc. Long de 30 km, large de 500 à 1200 m, profond de 300m, il est le résultat de 600 000 ans d’érosion par la rivière et les conditions climatiques. Les parois abruptes où pas grand-chose ne pousse ont pris de jolies couleurs pastel, jaune pâle, vieux rose ou ocre. De frêles colonnes et murs rocheux s’avancent ça et là, procurant un bel effet de relief. Au bord des falaises, que nous avons longées à pied, des arbres au bord du vide exposent leur racines nues tout en s’accochant désespérément avec les autres. Le spectacle est vraiment spendide.


Le rodéo de Cody

Nous quittons Yellowstone en fin d’après-midi, avec l’impression d’avoir vécu quelque chose d’exceptionnel. Heureusement, la jolie route qui sort du parc nous permet une transition en douceur, tout comme celle qui mène ensuite à Cody, bordée de hautes falaises rougeâtres. Cody s’ennorgueillit d’être la capitale mondiale du rodéo, et comme nous n’avons jamais vu ce genre de manifestation, nous nous garons près de l’arène et attendons l’ouverture. Jusqu’à fin août, un show a lieu chaque soir à 20 heures. Nous arrivons en avance pour avoir les meilleures places, juste devant les stalles de départ, d’où nous pouvons assister aux préparatifs. Les cow-boys en tenue complète se bandent le bras qui tiendra le harnais (pour les chevaux) ou la corde (pour les taureaux) et l’entourent d’une attelle. Ils portent des gilets de maintien et des petits coussins protégeant la nuque. Manifestement, ça va être éprouvant pour les articulations. Pour l’épreuve sur les taureaux, ils troqueront en outre leur chapeau pour un casque intégral. Pendant ce temps le public s’installe. Les porteurs de chapeaux, de blousons et bottes en cuir sont nombreux. La musique country diffusée par les haut-parleurs donne l’ambiance. Vers 20h un animateur prend la parole, qu’il partagera avec un clown placé, lui, sur la piste. Les épreuves s’enchaînent, sous les cris et encouragement des spectateurs. D’abord rodéos à cru sur chevaux, puis attrapage de veaux au lasso, en individuel ou en équipe, rodéo sur chevaux mais avec selle, course de vitesse avec obstacles et enfin l’épreuve reine, le rodéo sur des taureaux déchaînés où, je crois, le meilleur a tenu 12 secondes. Du beau spectacle et une ambiance typique far-west.

Fatigués de cette grande journée, nous ne chercherons pas bien longtemps un endroit pour passer la nuit : un supermarché Walmart est à deux pas. Pas très glamour mais il fera l’affaire. D’autant que le frigo est vide, nous serons sur place pour les courses du lendemain.


La ville de Buffalo Bill

Si le rodéo est si légendaire à Cody, c’est bien bien grâce au créateur de la ville, William Frederick Cody. Son nom ne vous dit sans doute rien parce qu’il ne s’est appelé comme ça que jusqu’à l’âge de 23 ans où il abattit en une journée 69 bisons dans une sorte de concours stupide avec un autre éclaireur de l’armée qui lui n’en tua « que » 46. A partir de ce jour peu glorieux, mais qui pourtant suscitait l’admiration des gens d’alors, on l’appela Buffalo Bill. Quasiment autodidacte puisqu’il entra dans la vie active dès ses 10 ans, à la mort de son père, il fut particulièrement entreprenant tout au long de son existence. Cavalier et tireur émérite, acteur dans l’âme, il lança à l’âge de 36 ans, en 1882, le Wild West Show, un grand spectacle composé de numéros variés faisant tous l’apologie de la conquête de l’ouest. On y voyait des démonstrations de tir de précision, des courses de chevaux, des scènes de chasse avec de vrais bisons, des attaques de diligences, des batailles historiques et des scènes de la vie quotidienne. Buffalo Bill y participait en personne, aux côtés d’invités célèbres comme Calamity Jane ou le chef indien Sitting Bull. Le succès fut retentisssant et la troupe partit en tournée nationale puis européenne, avec une logistique remarquable pour l’époque. Buffalo Bill créa aussi la ville de Cody et fit beaucoup pour développer ses infrastructures. Nous n’avons pas résisté au plaisir de déjeuner au restaurant de SON hôtel. Ambiance typique garantie pour un prix étonamment raisonnable (15€ le buffet du midi).

Un excellent article sur le Wild West Show ici


Cinq pour le prix d’un

Le Buffalo Bill Center of the West est le centre culturel de Cody.5 expositions sont rassemblées dans même bâtiment, avec un billet d’entrée valable 2 jours, ce qui nous a été fort utile. La première est bien sûr dédiée au héros de la ville, tandis que les autres sont consacrées à l’histoire naturelle de la région, aux indiens des plaines, à l’art régional et aux armes à feu. Cette dernière, exceptionnelle, expose 5200 pièces sur les 7000 en possession du musée. Elle semble parfaitement à sa place ici au Wyoming, l’un des états ayant la plus forte proportion de détenteurs d’armes à feu (60% contre 5% pour le Delaware et 33% en moyenne aux USA)


La Tour du Démon

Après avoir de nouveau traversé des paysages superbes, nous arrivons à la Tour du Démon, une étonnante formation rocheuse qui ne ressemble à rien de ce qui l’entoure. Comme une dent qui aurait poussé au milieu de la campagne. En s’approchant un peu, on aperçoit des rayures verticales qui, avec la forme générale en tronc de cône, donnent à la chose l’apparence d’un cannelé bordelais géant. Inévitablement, on se demande comment elle est arrivée là. Au Visitor Center, les hypothèses vont bon train. On parle d’abord d’une origine extra-terrestre. Dailleurs, un alien est exposé à l’entrée, comme s’il avait été capturé puis empaillé en guise de preuve. Plus loin, on affirme, photo et gravure 3D à l’appui, qu’une ourse immense aurait tenté de grimper au sommet de la montagne où s’était réfugié un groupe d’Indiens, provoquant les profondes rainures avec ses griffes, en glissant. La bête ayant échoué, le lieu est devenu sacré pour les tribus du coin. Après, il y a les scientifiques qui ont forcément une explication : de la lave aurait trouvé son chemin il y a 60 000 ans (facile l’hypothèse, il n’y a plus personne pour témoigner) dans des couches sédimentaires, que la rivière autour aurait ensuite érodées. La lave elle-même en séchant lentement aurait produit ces jolies colonnes polyédriques. Pas facile de savoir qui a raison. Moi j’aime bien l’histoire de l’ourse, et vous ?


Nous passons la nuit à l’orée d’une forêt près du site, évitant volontairement le camping au pied de la tour. Pas seulement en raison du risque d’éboulement mais aussi parce qu’ils diffusent encore chaque soir le film Rencontres du 3ème type. Encore qu’avec en fond le décor qui a inspiré Spielberg ce pourrait être amusant.


Des têtes bien faites

Nous poussons jusqu’à l’état du Dakota du Sud pour rendre visite au monument le plus emblématique des USA après la statue de la liberté: le Mont Rushmore. Les têtes des plus méritants présidents du pays gravées dans le granit attirent chaque année plus de 3 millions de visiteurs. Initialement, ce devaient être des personnages célèbres de l’Ouest, mais le sculpteur Gutzon Borglum en a décidé autrement. Vu que l’oeuvre est très connue, je ne vais pas trop faire le savant, mais je vous propose un petit jeu : parmi les affirmations suivantes, une seule est fausse, laquelle ?

  1. Le sculpteur a été formé en France
  2. Les nez des portraits sont de la même taille que Roberto
  3. L’une des têtes a dû être déplacée
  4. Un portrait féminin devait être ajouté mais cela n’a pas pu se faire faute d’argent
  5. Trump a demandé à ce que son portrait soit ajouté
  6. Une sculpture concurrente, plus grande, est en cours de réalisation sur une montagne proche
  7. Aucun décès n’a été à déplorer pendant le chantier
  8. Le sculpteur était membre du Ku Klux Klan

La solution en commentaire dès 5 réponses obtenues


A point ou bien cuits ?

De passage dans la ville de Hot Springs, nous n’avons pas résisté au plaisir de nous plonger dans les eaux bien chaudes d’un établissement local comportant plusieurs piscines ouvertes entourées de jardins. Rompant ainsi avec la frustration de n’avoir pu nous baigner dans les sources (trop) chaudes du parc Yellowstone. Un délice.


Nous sommes repassés maintenant dans le Wyoming et venons d’arriver à Laramie. Le voyage se poursuit sereinement. Pas d’incident mécanique à signaler, Roberto est bien vaillant, savourant sans doute comme nous le plaisir de découvrir la suite. Comme vous aussi j’espère.

75. Retour aux USA

Comme l’éclair

Les passages de frontières doivent être préparés un minimum, ne serait-ce que pour avoir nos différents documents à portée de main alors que la plupart du temps ils sont enfermés dans notre petit coffre et que nous portons sur nous des photocopies. Nous avons fait aussi un peu de vide dans le frigo, les USA étant assez sensibles aux aliments frais. Nous devons enfin prévoir les questions qui vont nous être posées, du genre « Quelle est votre prochaine destination ? » (Difficile de répondre que l’on ne sait pas – ce qui est la réalité quotidienne de notre voyage) ou « Transportez-vous des armes ? » (Surtout se retenir de plaisanter avec le sujet). Notre seule question à nous sera de savoir combien de jours nous seront octroyés sur le visa. Car la règle n’est pas simple et peut être interprétée différemment d’un douanier à une autre. Et comme nous sommes sortis du pays avant la fin des 90 jours, seule la période restante pourrait nous être accordée, ce qui serait une catastrophe (10 jours pour traverser les USA, imaginez !).

Nous voilà fin prêts, nous arrivons à la douane vers 13 heures. Trois files sont disponibles, deux pour les voitures, une pour les camions et « R.V. » (recreational vehicles). Nous empruntons cette dernière. Je tends spontanément nos passeports au douanier, qui nous dit que nous ne sommes pas dans la bonne file, que les R.V. c’est plus gros que ça et que pour lui nous sommes un « van ». J’ai envie de lui répondre que les policiers qui règlent le stationnement en ville pensent autrement mais je me tais. Nous stationnons à l’endroit qu’il nous indique et entrons dans le bâtiment. Une douanière très sympa nous interroge brièvement sur notre parcours, semblant admirative, scanne nos pupilles et nos pulpes de doigts puis nous remet nos passeports. Je vérifie rapidement le tampon : nous sommes autorisés à circuler jusqu’au 12 novembre, soit 90 jours. Yes !

L’opération aura pris 10 minutes tout au plus. Aucun papier n’aura été demandé pour Roberto qui n’aura pas non plus été fouillé. Quand on pense à tous les migrants qu’on aurait pu faire passer ! Je blague bien sûr. Hein, la NSA, je plai-san-te !


Les écluses de Ballard

Nous avons pris la route de Seattle. Dans la banlieue nord, nous nous arrêtons visiter les écluses de Ballard qui permettent de relier les lacs intérieurs de Seattle (Lac Union et Lac Washington) au détroit qui mène ensuite vers le Canada puis l’Océan Pacifique. Les touristes fluviaux sont nombreux et l’écluse est pleine à chaque remplissage, qu’il est toujours amusant d’observer. Quelques otaries se baladent dans les bassins. L’endroit s’appelle aussi la Baie des Saumons, et ce n’est pas pour rien. Nombre d’entre eux repartent vers la mer à cette époque et, comme ils ne sont pas très friands des écluses, où les attendraient d’ailleurs les otaries et les lions de mer, on leur a installé des échelles pour leur permettre le passage. Avec accessoirement une paroi vitrée pour que les touristes viennent les observer sauter de bassin en bassin. Il n’y a étonamment rien de mercantile là-dedans, l’entrée des écluses est gratuite, y compris les documents d’aide, les visites guidées et le tour d’un petit jardin botanique attenant. En fait c’est géré par la Nation américaine. Il faut bien que les taxes que l’on paye sur le gasoil et l’alimentation servent à quelque chose… Nan, en vrai, merci les USA !


Visite de Seattle

En vrai, la capitale de l’état de Washington n’est ni Washington (ça on le savait) ni Seattle (ça on le savait moins) mais plutôt Olympia (qui tire son nom du Mont Olympe que je pensais en Grèce mais qui existe aussi aux USA tout en n’ayant pas eu la faveur des JO d’hiver de 1960 qui ont eu lieu à Squaw Valley pas très loint de là mais en Californie). Nous avons préféré visiter Seattle pour ne pas créer de confusion et parce que le Lonely Planet lui consacre 14 pages contre une seule à Olympia. Bizarre mais ils doivent avoir leurs raisons.

  1. L’aiguille de l’espace

C’est ainsi que s’appelle la tour emblème de Seattle, comme il en existe dans beaucoup d’autres villes. Celle-ci, installée pour l’exposition universelle de 1962, culmine à 184 m. Ce qui est peu par rapport à notre Tour Eiffel, mais dans cette région à haut risque sismique il vaut mieux être prudent. Alors nous n’avons pas hésité à emprunter l’ascenseur qui mène au sommet en 41 secondes. D’abord une plate-forme fixe en extérieur, avec des parois de verre obliques sur lesquelles il faut oser s’adosser pour la photo-souvenir. Ensuite une plate-forme mobile sur laquelle il faut cette fois oser marcher car là c’est le plancher qui est transparent et permet d’observer directement sous ses pieds les microscopiques voitures et piétons se déplaçant bien au-dessous. Le seul plancher transparent mobile au monde parait-il. Et nous étions dessus !


  1. Le jardin de verre de Chihuly

Dave Chihuly est un artiste-verrier local, formé à Murano. Il présente l’œuvre de toute une vie dans une suite de pièces tantôt claires tantôt sombres mais qui attirent chacune un émerveillement renouvelé. Une débauche de couleurs et de formes improbables, de fleurs géantes, de véritables forêts de verres. Alors que l’on croit avec regret la visite terminée, la collection se poursuit, toujours aussi impressionnante, dans une grande serre puis à l’extérieur dans un jardin où le verre sublime les massifs végétaux pour le plus grand plaisir de nos yeux. Une exceptionnelle pépite de Seattle qu’il ne fallait pas manquer.

Tout ça est magnifique… faut-il vraiment des commentaires ?


  1. Troll et bus

Ce titre jouant sur les mots ne sert qu’à accrocher deux curiosités :

La première est un véritable troll, tapi sous un pont de voie rapide, pourrait effrayer les passants qui le découvrent au dernier moment. D’autant qu’en y regardant de près, il broie une coccinelle VW dans sa main. Les explications manquent sur place pour comprendre le pourquoi du comment, mais les trolls c’est comme ça.

L’autre curiosité, c’est un petit groupe de personnages attendant sous un abribus un train interurbain qui ne passera jamais, la ligne étant abandonnée depuis 1930. Ils sont là bien évidemment pour revendiquer la réouverture, mais sans grand succès apparemment. Ce qui est amusant, c’est que le chien qui les accompagne possède, lorsqu’on y regarde de près, des traits humains. Une revanche du sculpteur qui a immortalisé ainsi la tête du maire de l’époque qui s’opposait à l’installation de l’œuvre en ville. Bien fait !


  1. La ruée vers l’or de Klondike

La ville de Seattle, alors peu développée, fut touchée par un incendie géant en 1889 qui détruisit 90% des habitations alors en bois, sans faire de victime. Tout était à refaire. La ville commençait à se reconstruire, en dur cette fois, lorsqu’une seconde catastrophe, financière cette fois, la toucha : le krach de 1893 lié à un mouvement de panique des investisseurs qui voulurent soudain récupérer l’or sur lesquels leurs billets verts étaient basés. C’est dire si l’arrivée au port de Seattle d’un navire ramenant des hommes soudainement enrichis après la découverte d’un site aurifère au Yukon était un espoir pour une grande partie de la population tombée dans la misère. Plus de 100 000 personnes de la région se lancèrent soudain dans l’aventure, la plupart sans avoir aucune idée des difficultés qu’ils rencontreraient : coût élevé d’un voyage où il fallait emmener avec soi 1 an de vivres et matériaux, difficultés inimaginables sur le trajet comportant des mers gelées, des pistes enneigées et pentues et la quasi absence de toute infrastructure, durée très longue puisqu’avec les moyens de l’époque il fallait entre 6 et 18 mois pour parvenir sur les rives de la rivière Klondike, lieu de découverte de la première pépite. Pour les 40% des candidats qui parvenaient malgré tout à Dawson, la ville soudainement créée la plus proche du site aurifère, leur état d’épuisement était tel que beaucoup repartaient dégoutés ou se contentaient d’un emploi subalterne sur place. Seulement la moitié des arrivants partaient réellement chercher de l’or et au final 300 personnes seulement se sont réellement enrichies sur les cent mille partants. Les vrais gagnants, ce sont les commerçants qui ont su exploiter ce filon – c’est le cas de le dire – comme les hôteliers, les vendeurs de nourriture ou d’accessoires, les intermédiaires dans le marché de l’or et, de façon plus générale, la ville de Seattle qui était le vrai centre logistique de l’opération.


Re-verre dans le port de Tacoma

C’est tout près du célèbre port chanté par Hugues Aufray et par moi-même en colonie de vacances – c’est dire si c’est vintage – que Claudie nous a déniché un YAGM (yet another glass museum). Si vous ne savez pas que nous sommes fans de l’art du verre, reprenez la lecture du blog depuis le début 😉. Nous avons trouvé de belles pièces, mais il ne sera pas dans notre top 10. Je vous mets quelques photos pour marquer le coup.

Quelques oeuvres parmi d’autres…


A fond la gomme

Roberto nous a bien roulés, il nous avait caché que ses pneus avant étaient presque lisses. Pour s’en apercevoir, il a fallu un stationnement roues tournées d’un côté, car l’usure se fait au centre. Je ne sais pas à quoi c’est dû. Je pensais à un surgonflage mais la pression est celle recommandée. Le premier jeu avait fini comme ça, après 25 000 km, et là nous en sommes à 50 000. Une certaine règle semble s’installer. Nous trouvons facilement un spécialiste du pneu dans cette grande zone commerciale qu’est la banlieue de Seattle, possédant en stock le modèle que nous souhaitions, ce qui n’était pas donné d’avance avec notre véhicule français. Ce qui est amusant et motive l’écriture de ce chapitre, c’est que l’ouvrier qui a changé les pneus de Roberto s’appelait lui-même …Roberto ! Vous n’aurez pas sa photo car il a refusé mais je vous assure que c’est vrai.


Les chutes sèches

En plein cœur de l’état de Washington, entre les villes de George (on imagine le patronyme à l’origine) et de Coulee City (une coulée est ici un ravin glaciaire), nous sommes presques seuls à suivre cette belle route panoramique n°17 circulant au fond d’un canyon bordé de falaises ocres et abruptes. L’Ouest américain tel que nous l’imaginions. Nous cédons à l’invite d’un panneau à nous arrêter pour observer un point de vue. Et quel point de vue ! Un encorbellement de plus de 5 km de falaises surplombe de 120 m quelques plans d’eau. Aurions-nous l’occasion de nous téléporter au moment ou les cascades se déversaient du haut de ces falaises, il y a vingt mille ans, que nous nous trouverions devant les plus grandes chutes d’eau ayant jamais existé, dix fois la taille de celles du Niagara et dix fois le débit actuel de toutes les rivières du monde réunies. Ça laisse rêveur, mais aussi rageur de ne pas avoir la machine (à téléporter)


Au grand dam

Quelques dizaines de kilomètres plus loin, après avoir longé le lac Bank, une grande retenue d’eau dédiée à l’irrigation de cette région aride, nous parvenons à la 7ème merveille du génie civil américain, le barrage de Grande Coulée. C’est l’une des plus grandes structures jamais construites par l’humanité. Un kilomètre et demi de large sur 170 mètres de hauteur, 12 millions de mètres cube de béton, soit la quantité nécessaire pour fabriquer une route qui relierait Seattle à Miami. Après 8 années de travaux, le barrage (dam en anglais) a commencé à produire de l’électricité en 1942. En raison de la guerre, ce fut sa seule fonction pendant plusieurs années, mais par la suite les aménagements furent complétés pour que l’installation assure aussi le contrôle des inondations provoquées par la rivière Columbia et l’irrigation de la région grâce à la retenue du lac Bank mentionné ci-dessus, entièrement constituée par la station de pompage de l’eau du barrage. En 1967, une intervention audacieuse (il a fallu dynamiter une partie des installations en activité – on parle de chirurgie à la tronçonneuse…) a permis d’installer des turbines complémentaires et de porter ainsi la capacité de production à 21 milliards de kilowattheures d’électricité par an. Le Grand Coulee Dam reste aujourd’hui le premier producteur d’hydroélectricité aux États-Unis.

Nous avons passé la nuit au bord du lac Roosevelt, le lac de retenue du barrage, qui s’étend jusqu’à la frontière canadienne, à plus de 250 km de là. Le ciel du soir n’était pas terrible mais l’aurore était magnifique.


La machine à jeter son argent.

Nous avons trouvé cette étonnante machine dans un centre commercial. Une sorte de grand yoyo noir un peu mystérieux posé perpendiculairement à son axe. Au centre une sorte d’entonnoir dont on ne voit pas le fond. Sur le bord supérieur, deux « lanceurs de pièces » qui envoient la monnaie tourbilloner avant de disparaître à tout jamais dans le trou central. Pour ceux qui ne savent pas quoi faire de leur argent et qui hésitent encore, une plaque les informe qu’ils auront l’énorme avantage de savoir, à condition de jeter plusieurs pièces en même temps, vous saisissez la perversité de la chose, si celle de 2$ disparaîtra avant celle de 1$ ou bien l’inverse. N’ayant pas d’argent à jeter, j’ai tout de même sacrifié une pièce d’1 centime pour prendre la photo, tout en n’essayant pas de la rattraper avant l’issue finale, au risque de paraitre pingre.

J’ai bien regardé, je n’ai pas trouvé de machine similaire pour jeter ses billets, avec qui sait un gros ventilateur et la question de savoir si le billet de 100 s’envole avant le billet de 50. Mais ça ne saurait tarder 😉


Du port au bison

Si ce titre de chapitre vous fait penser par erreur au dernier plat à la mode des anti-vegan, c’est totalement volontaire. Mais il est juste là pour relier le début et la fin de cet article. Après avoir franchi brièvement l’état de l’Idaho (nous y reviendrons dans quelques semaines), nous sommes parvenus à celui du Montana. Pas besoin de vous faire un dessin sur l’origine du nom. Notre première visite est consacrée à un parc de bisons, réserve faunique créée dès 1908 pour tenter de sauver l’espèce quasi-exterminée par les conquérants américains officiellement parce que ces paisibles animaux gênaient la construction de leur chemin de fer et officieusement parce qu’ils étaient la source de vie principale des indiens. Même si la réserve a été lancée sous l’égide de l’état, on sait bien qui a fait pression pour son ouverture et ce n’est que depuis le début de cette année que la gestion en a enfin été confiée aux tribus indiennes Salish et Kootenai qui la revendiquaient depuis plusieurs décennies. Nous sommes contents pour eux.

Environ 500 bisons sont éparpillés dans ce parc de 76 km2, dans lequel on ne peut circuler qu’en voiture sur une route en gravier. Les chances de les trouver paraissent bien minces, mais les gardes du parc renseignent chaque jour la position approximative des différents animaux (aussi des ours, des lynx, des cerfs, des loups, etc.) sur un plan à l’entrée. Les conseils de bison futé en quelque sorte.

Par bonheur, les bisons préfèrent la vie en communauté et quelques groupes sont censés se trouver sur notre route. Nous nous lançons donc à leur recherche dans un décor magnifique, et nous allons effectivement en trouver. Les premiers d’ailleurs sont impossibles à rater puisque, immobilisés au plein milieu de la route, ils provoquent un embouteillage (de 4 voitures, n’imaginez pas la grande foule non plus). Les visiteurs sont sages et respectent bien les consignes, comme ne pas descendre de voiture par exemple. Les américains me semblent à ce sujet plus respectueux que les canadiens qui poursuivent volontiers les ours enfant sous le bras et appareil photo à la main alors que c’est le meilleur moyen de se faire croquer. Bref, nous passons une belle journée et rentrons avec des images de bisons plein les yeux. Et plein la carte-mémoire pour vous en faire profiter.


Cette seconde entrée aux USA nous comble. Le seul bémol est la chaleur qui reste assez élevée en permanence. Nous compensons en nous garant le plus possible à l’ombre et en prévoyant bien le secteur d’apparition du soleil le lendemain matin. Avec la conséquence que nos panneaux solaires fournissent bien moins d’électricité. Si nous roulons une heure ou deux, l’alternateur suffit pour compenser, mais cela n’a pas été le cas à Seattle où nous avons dû surveiller la batterie qui commençait à perdre un peu de tension. Mais tout s’est bien passé, le roulage jusqu’au Montana passant brièvement par l’Idaho lui a redonné son plein d’énergie. Nous venons d’arriver à Missoula. La suite pour bientôt.

74. Colombie Britannique

Nous terminons notre parcours transcanadien en pénétrant en Colombie Britannique, la province la plus occidentale du pays. Du versant Ouest des Montagnes Rocheuses aux fjords de l’Océan Pacifique, les chaînes montagneuses se succèdent, tantôt vertes tantôt arides, mais toujours splendides.

Étymologie

Contrairement aux apparences, la province n’est ni colombienne ni britannique. Sa dénomination n’a rien à voir avec le pays sud-américain et son appartenance à la confédération canadienne est effective depuis 1871.

En fait la région, une fois volée aux premières nations qui l’habitaient (il faut bien appeler les choses par leur nom) fut d’abord appelée par ses premiers envahisseurs Colombie pour sa partie sud, en référence au fleuve Colombia qui la traverse à cet endroit, et Nouvelle-Calédonie pour sa partie centrale, en référence à on ne sait trop quoi. En 1858, quand l’Angleterre se l’appropria, la province fut unifiée et renommée comme aujourd’hui par la reine Victoria afin d’éviter toute confusion. Enfin à l’époque.

Quant au fleuve Colombia, il fut nommé ainsi par le navigateur qui pénétra pour la première fois dans son embouchure et lui donna le nom de … son bateau. Une chance que ce dernier ne s’appelât pas le Hollandais Volant ou le France !


Rocky II

La chaîne montagneuse qui barre notre route après avoir quitté celle des Rocky Mountains (Montagnes Rocheuses) est appelée Columbia Mountains. Elle est plus ancienne, donc un peu moins élevée et un peu plus verte. Le paysage en est moins spectaculaire, d’autant que la route suit des vallées encaissées et interminables. Entre Jasper, notre point de départ en Alberta et Kamloops, notre première destination en Colombie Britannique, le GPS nous annonce 441 km. Sur cette distance, nous ne traverserons que trois petites zones urbanisées, Tête Jaune Cache (400 hab.), Blue River (157 hab.) et Clearwater (2324 hab.), dont vous pouvez imaginer l’animation. La dense forêt uniforme de sapins s’éclaircit peu à peu à l’approche de Kamloops, qui se présente comme le grand centre commercial de toute la région. On y trouve de tout, y compris le réseau téléphonique qui nous manquait un peu depuis Jasper. Mais pas grand-chose pour les touristes. Nous avions jeté notre dévolu sur une galerie d’art, malheureusement fermée le seul jour de notre passage. Une petite balade dans la ville nous a permis de découvrir ce pont de bois datant de 1912. C’est l’unique photo que nous aurons prise lors de cette traversée !


La route 99

Cette route qui relie Kamloops et Vancouver par le chemin des écoliers mérite vraiment le détour. Montagneuse de bout en bout, elle offre autant de points de vue spectaculaires que de paysages variés. Traversant d’abord des montagnes arides évoquant le Texas ou le Mexique, elle longe aussi de grands lacs aux couleurs diverses, une voie de chemin de fer sinueuse et très pentue qui interroge sur la puissance nécessaire des locomotives pour tirer les cinquante à cent wagons qu’on leur accroche volontiers ici. En conformité totale avec l’économie de la province, nous passons devant des exploitations forestières, des zones d’extraction de minerai, des lacs propices à la pêche ou au camping et un décor de western reconstitué qui a dû servir à l’industrie du cinéma.


Les lacs Joffre

C’est là l’une des randonnées les plus spectaculaires sur cette route 99. Nous nous arrêtons en début d’après-midi sur l’un des 2 parkings au bord de la route, presque combles. Le panneau « réservation par internet obligatoire » nous rappelle soudain l’avertissement de nos amies suisses rencontrées à Calgary, oublié au fil de la conversation riche de ce soir-là. Nous jurons un peu contre nous-même, et surtout contre notre guide Lonely Planet qui ne mentionne rien. Parce que voyez-vous, réserver par internet quand il n’y a pas de réseau, c’est un peu délicat. Nous allons tout de même tenter notre chance auprès du bureau d’accueil. Une ranger nous confirme la nécessité de la réservation en ligne, nous dit qu’habituellement elle renvoie les gens une quinzaine de kilomètres plus bas pour trouver un peu de réseau et obtenir le fameux pass avant de refaire le chemin en sens inverse, un non-sens écologique. Mais, très gentille*, elle nous dit qu’elle possède quelques sésames en réserve et nous en remet un. Ouf ! Nous voilà partis sur ce sentier qui nous mène en 4 km et 300 mètres de dénivelé juste sous un magnifique glacier, en passant par trois lacs d’un bleu-vert éclatant tout en essayant d’oublier que nous sommes loin d’être tout seuls ce jour-là.

*nul doute que je l’aurais qualifiée de très méchante si elle nous avait fait faire le détour…


Circulez, il n’y a rien à voir à Pemberton !

Après cette belle randonnée, nous avons repris notre route montagneuse, dans une longue descente éprouvante pour les freins, celui du moteur compris, pour atterrir – c’est finalement le mot qui convient – juste à côté d’une piste pour parapentistes, dans la petite ville de Pemberton. Nous aurions dû nous méfier de notre guide papier suite à l’importante omission évoquée dans le chapitre précédent, mais nous avons manifestement la mémoire courte. La ville y est présentée dans un encart d’une demi-page comme un « détour au pays des cow-boys » tandis qu’y sont vantés les mérites d’un musée « pour tout savoir sur l’histoire de cette bourgade hors du commun », d’une boulangerie « toute en bois dans l’ancienne gare ferroviaire », d’une distillerie « pionnière de la distillerie artisanale en Colombie Britannique » et de la « meilleure table de la ville » réputée pour …ses pizzas avec des plats entre « 22 et 38$ ». La réalité s’est avérée tout autre : aucun cow-boy n’a pointé le bout de son lasso, le musée avait plutôt l’air d’une brocante et manquait cruellement d’explications, la boulangerie se limitait à un comptoir donnant sur la rue avec impossibilité de voir de près les rares cuissons du jour, la distillerie n’ouvrait qu’à midi alors que nous étions prêts dès 11 heures et nous avons renoncé à attendre, même en nous attablant devant une pizza à 22 €. Au final, les seules choses que je retiendrai de cette étape sont le joli ciel crépusculaire et les premiers prix répétés de la bourgade au concours de la meilleure patate. C’est dire !


On prend de la hauteur

Nous sommes maintenant à Squamish, un lieu de villégiature pour les habitants de Vancouver qui veulent s’aérer les poumons et l’esprit. Afin de les satisfaire, le tourisme « outdoor » est en pleine expansion, compensant ainsi pour la ville la fin de l’exploitation forestière qui l’a fait naître et vivre pendant deux siècles. On ne compte plus les sentiers de randonnées ou de VTT, les parcours d’escalade ou les via ferrata, les pistes de ski en hiver. On y pratique même le kite-surf sur le fjord qui relie Squamish à Vancouver et de là au reste du monde par voie maritime. Nous avons profité d’une belle journée ensoleillée pour emprunter la télécabine dénommée « de la mer au ciel » et nous laisser hisser sans effort jusqu’à 885 m d’altitude et de là parcourir plusieurs chemins de randonnée parmi les nombreux disponibles. Nous n’avons appris heureusement qu’au retour que des détraqués se sont attaqués à deux reprises au câble en 2019 et 2020, provoquant la chute des 30 cabines… A ce jour ils n’ont toujours pas été identifiés. Méfiants, les exploitants décrochent les télécabines du câble toutes les nuits et les raccrochent le lendemain matin. Quel boulot !


Le port de Vancouver

Il ne nous a pas laissé les mêmes souvenirs amers que ceux que chantait Véronique Sanson. Ni impérissables non plus. Le retour dans les villes après une phase nature est toujours un peu pénible. Les embouteillages, les feux rouges, la difficulté à stationner, les sirènes de police, les alignements de tentes de SDF dans les rues nous font regretter un instant d’avoir quitté les montagnes. Mais ce sont d’autres montagnes que nous trouvons ici, un hérisson de gratte-ciels se reflétant les uns dans les autres. Nous avons flâné dans le centre-ville et surtout sur le port où se croisent en toute insouciance apparente navires de croisière, cargos, ferries, petits hors-bords, voiliers et hydravions. Beaucoup de monde déambule sur les quais, mais l’ambiance est très décontractée. Une sorte de croisette ou de malecon version canadienne. Et au final, nos kilomètres de randonnée sur ces sentiers de béton, entre ces montagnes de verre, nous auront autant fatigués que dans les décors naturels !


La sirène en maillot de bain

En août de l’année dernière, nous nous arrêtions devant la célèbre Petite Sirène de Copenhague. Nous étions loin d’imaginer qu’un an plus tard nous en trouverions une copie presque conforme dans le port de Vancouver.

De loin, l’illusion est parfaite : même taille, même position assise genoux repliés, même situation sur un rocher un peu à l’écart du quai. De près, quelques différences apparaissent : vêtue d’un maillot de bain, notre sirène canadienne est également équipée d’un masque et de palmes. La raison en est que le Danemark défend fermement le copyright de son héroïne et poursuit systématiquement en justice toute tentative de copie. La ville de Vancouver, ne voulant pas risquer de perdre des plumes ou des écailles dans un procès, a contourné la difficulté en demandant à son sculpteur d’apporter discrètement mais sûrement sa touche personnelle. Et voilà le résultat !

P.S.Pour ceux qui ne se rappellent plus le rapport entre la petite sirène et le père noël, je vous renvoie vers cet article écrit en Finlande l’automne dernier.


Le canon de neuf heures

Rien à voir avec l’apéro. C’est juste l’histoire étonnante d’un canon installé sur le port de Vancouver en 1894 d’abord pour annoncer la fin de la pêche par un coup tiré à 18h chaque dimanche, puis pour synchroniser les horloges de la ville et des navires du port en détonnant cette fois ci quotidiennement à 21 heures précises. Et cela sans discontinuer jusqu’à encore aujourd’hui, soit plus d’un siècle d’activité.

Cette longue période n’a pas manqué de péripéties. Un jour, le propriétaire de la station-service flottante amarrée juste en face a retrouvé son enseigne perforée après qu’un petit malin eut jeté des pierres depuis la plage dans la gueule du canon pourtant protégé par un grillage. Une autre fois, il a été volé par les étudiants de l’université voisine pour être restitué ensuite après une demande de rançon au profit de l’hôpital pour enfants. Le canon a aussi été découvert un matin totalement peint en rouge. Il a connu aussi quelques décalages dans son déclenchement, soit en avance de 2 heures pour être synchronisé avec l’hommage aux soignants pendant la covid, soit au contraire en retard d’une heure suite à une mauvaise interprétation du passage à l’heure d’hiver. De quoi décontenancer la population ! Enfin, ce Canon de Neuf Heures a depuis 2012 un compte Twitter, où le message « BOOM ! » est envoyé chaque soir à 21h…

C’est sur ce coup de semonce inentendu (faute de déambuler tard sur les quais) que se termine notre séjour au Canada. Nous avons adoré le pays, la beauté et la variété de ses immenses espaces naturels, la gentillesse des gens, la sécurité, la francophonie du Québec. Nous sommes conscients de n’en avoir eu qu’une image partielle, notamment pour l’avoir traversé en période estivale. L’hiver doit être un tout autre monde, et nous prévoyons d’emblée de revenir un jour à cette saison. Ou alors un autre été pour découvrir des régions plus éloignées de la route transcanadienne, comme les Territoires du Nord-Ouest avec leur si jolie plaque minéralogique.

Vous retrouverez ci-dessous les liens pour déposer un commentaire, pour nous suivre sur Instagram ou encore pour vous inscrire sur la mailing. Vous trouverez juste après les cartes de notre parcours en Colombie Britannique, de la totalité de notre périple canadien (près de 11 000 km !) et même de tout le trajet depuis Mexico. A bientôt et merci de nous être fidèle(s)

73. Le pays de la rose sauvage

Transition entre la région des Plaines et celle des Montagnes Rocheuses, la province de l’Alberta a de quoi attirer les voyageurs avec ses multiples parcs naturels et les paysages à couper le souffle. Son économie principale repose toutefois sur l’agriculture, l’élevage et surtout la production de pétrole. Elle n’est rien moins que la seconde réserve mondiale de pétrole brut, derrière l’Arabie Saoudite. Corollaire pour nous, le diesel à la pompe est l’un des moins chers du pays, en moyenne 1,40 €. De quoi compenser les longues distances à parcourir. Soucieuse de son image, la province a choisi comme emblème sur ses plaques d’immatriculation non pas un puits de pétrole mais une rose sauvage.


L’indien (Walsh)

Le premier village que nous traversons en Alberta s’appelle Walsh. Apparemment, il n’y a rien à voir. Du moins lorsque l’on reste sur le plancher des vaches (ou le bitume des autoroutes dans une version plus moderne). Mais des gens dont c’est la passion de scruter les photos aériennes diffusées par Google Earth ont repéré la tête d’un indien, fort appropriée dans ce pays où les premières nations se battent pour préserver ce qui leur reste de leurs territoires. Tentez l’expérience vous-même en tapant les coordonnées géographiques 50.010611,-110.113422 sur le site ou l’application. Ou regardez simplement la copie d’écran ci-dessous.


Camping 4 (Medicine Hat)

Nous trouvons un coin sympa et plantons la nouvelle tente que nous venons d’acheter chez un marchand indien. Claudie m’aide à planter les piquets – remarquez leur alignement parfait ! – puis, pendant que je décore de quelques assiettes, ma chérie coud nos torchons et serviettes – oui, je sais, il ne faut pas mélanger mais nous n’avions pas trop le choix – pour réaliser la toile.

Bon, vous l’aurez compris, il s’agit d’une blague. Ayons un peu de respect pour le peuple Saami, en l’honneur duquel ce tepee géant a été construit pour les jeux olympiques d’hiver de Calgary en 1988, avant d’être déplacé ici. Peut-être qu’avec ses 65,5 de hauteur il faisait de l’ombre à la tour emblème de la ville ? (voir plus loin)


Défaut de piquant (Lethbridge)

Nous avons fait un détour pour nous rendre dans cette ancienne cité minière charbonnière, non pas pour les vestiges de cette activité, mais pour tenter d’apercevoir des porcs-épics accrochés aux arbres bordant le rivage de la rivière qui traverse la ville. Ce ne devait pas être la saison car aucun n’a montré le bout de ses épines. Nous nous sommes contentés d’admirer le grand viaduc ferroviaire en acier, unique en son genre dans le monde parait-il, et de nous rafraîchir dans la rivière peu profonde. Nous n’étions d’ailleurs pas les seuls en ce jour de canicule, l’activité la plus populaire étant de descendre le cours d’eau sur des bouées de toutes tailles et de toutes formes, du pneu de poids lourd à la licorne géante.


Bisons pas futés (Fort Macleod)

Entre voir ça dans des vieux westerns et être physiquement sur les lieux, cela fait toujours une belle différence. Nous sommes sur le site où il y a 4 800 ans les indiens Black Foot s’organisaient des festins de bisons en les précipitant en masse du haut d’une falaise. En fait c’était leur seul moyen de subsistance. Et la quantité de bisons tués ainsi d’un seul coup, plusieurs centaines parfois, servaient en totalité à nourrir un hiver entier ces populations autochtones.

L’exposition très bien faite nous montre comment les différentes tribus devaient mettre tous leurs moyens en commun pour réussir cette chasse spectaculaire qui nécessitait une coordination et des préparatifs minutieux. A l’aide de cairns, que les bisons évitaient les prenants pour des rochers peu franchissables, des couloirs étaient créés sur les hauts plateaux, menant à un point de chute précis. Certains chasseurs déguisés en bisonneaux attiraient les mères qui pensaient à un animal perdu. D’autres grimés en loups, créaient un état de tension permanent dans le troupeau, afin de déclencher le moment venu la panique finale.

Finalement, ces bisons ont couru à leur perte en se comportant comme des moutons.


Frank Slide Story (Frank)

Le nom de cette histoire rappelle un peu une comédie musicale connue. Mais la musique ici, dans la nuit du 29 avril 1903, ce fut plutôt un énorme roulement de tambour lorsqu’un pan entier de la Turtle Mountain s’effondra en 90 secondes sur la petite ville de Frank qui venait de s’installer imprudemment juste au-dessous. Bravant ainsi l’avertissement des sages indiens qui se gardaient bien, eux, de planter leurs tepees sous la « montagne qui bouge ». Mais l’attrait du travail dans la mine de charbon qui venait d’ouvrir était le plus fort. Et le propriétaire récent de la mine, M. Frank, assurait l’absence de tout danger. On connait la chanson. Elle s’appelle Frank Slide Story. 96 morts et un village rayé de la carte.

119 ans plus tard, nous découvrons la tragédie et les lieux. L’énorme plaie dans la montagne et l’immense coulée de pierres qui couvre les deux versants de la vallée semblent dater d’hier. Plusieurs dizaines de corps restent d’ailleurs ensevelis dans l’éboulis. On surveille désormais la Turtle Mountain comme un volcan, car ses roches très friables menacent de se libérer à nouveau, mais pour l’instant les scientifiques assurent que tout est calme. Comme M. Frank.

Un petit reportage est disponible ici :

Pour finir, nous avons passé la nuit près du site, en choisissant par prudence un emplacement sur le versant opposé et très haut situé. Un joli coin de forêt au milieu d’un troupeau de vaches. Vive la vanlife !


Dîner en ville (Calgary)

La plus grande ville de la province, qui semble avoir totalement oublié son passé olympique, est réputée cosmopolite, et c’est tout à fait en accord avec cet adjectif que nous avons abordé la ville avec une belle rencontre de voyageurs suisses, italiens et franco-canadiens, tous en fourgon aménagé. 3 Fiat Ducato et 1 Mercedes Sprinter que nous avons alignés sur le parking. Une riche et chaleureuse soirée d’échanges en a suivi. Pour certains, c’était une sorte de concrétisation de nos suivis respectifs sur les réseaux sociaux. Merci encore à Blanche et Marielle (@bm.aroundtheworld), Pierre et Pauline (@ras.supernova) et Alex et Serena (@chingonvanlife). J’ai mis les comptes Instagram pour ceux qui s’intéresseraient à leurs parcours de baroudeurs.

Nous avons parcouru en une journée cette ville moderne, dotée de gratte-ciels impressionnants et joliment dessinés, de passages piétons couverts au-dessus des rues, sans doute bien pratiques en hiver, d’intéressantes œuvres d’art urbaines, d’une tour caractéristique et d’un quartier chinois bien établi.


La petite boucle (Canmore)

La ville ça va un temps, nous nous en éloignons rapidement car les montagnes rocheuses toutes proches nous attirent. Nous avons commencé notre mise au vert par un parcours à vélo de 50 km aller-retour en fond de vallée. Très bien pour la mise en jambes, mais pas terrible pour le décor car, malgré les jolis sommets environnants, il longe en permanence l’autoroute. Les cinquante kilomètres aller-retour feraient bien sourire celles et ceux qui ont parcouru la grande boucle au début de l’été, mais ils étaient bien suffisants pour nous. Enfin surtout pour moi car, malgré l’absence d’entraînement depuis des années, j’avais choisi un peu hâtivement un vélo classique. Claudie, plus prudente ou moins téméraire avait renoué avec l’assistance électrique que nous avions testée avec bonheur l’hiver dernier à l’Île d’Yeu.


Les Rocheuses, enfin (Lake Louise)

Après avoir traversé des plaines interminables, nous sommes heureux de voir apparaître les reliefs des Montagnes Rocheuses. Et quels reliefs ! Des sommets aux contours acérés, dépassant couramment les 3000 mètres d’altitude, entrecoupés de glaciers et bien sûr des vallées et des lacs qui vont avec. La route que nous allons traverser, l’une des plus panoramiques de la planète d’après les canadiens – ça vaut ce que ça vaut – s’appelle d’ailleurs la Promenade des Glaciers. Le corollaire de cette nature d’une grande beauté, c’est que nous y avons retrouvé tous les touristes que nous pensions absents. La totalité du Canada semble avoir décidé de passer ses vacances ici ! Et le corollaire des hauts sommets, c’est que ça attire les nuages, et de fait le ciel s’est bien couvert depuis que nous sommes dans le coin.

Notre première étape sur l’Icefields Parkway (c’est la même route que ci-dessus mais les anglophones préfèrent l’appeler comme ça) est le Lac Louise. Randonner autour nécessite de se lever tôt, car le parking d’accès est souvent complet dès 7h30, et c’est encore pire pour le Lac Moraine son voisin dont le parking est clos vers 4h du matin ! Pour les non matinaux, une navette existe, mais il faut la réserver et elle était aussi complète dans notre cas. Pour les non matinaux riches, un service de limousine peut aussi vous emmener au parking. Comme Roberto voulait voir le Lac, nous avons fait un effort et sommes arrivés là-haut vers 6h30. Précaution qui s’est avérée inutile, le mauvais temps annoncé ayant dissuadé pas mal de randonneurs.

Nous avons fini notre nuit sur le parking et pris tranquillement un bon petit-déjeuner avant de nous lancer sur les sentiers à la découverte de ce magnifique lac couleur menthe glaciale. Les photos vous le décriront mieux que moi. Le paysage et le temps pas si désagréable que ça nous ont poussé à parcourir 14 km. Mais on n’est pas obligé d’en faire autant.


Sur la promenade des glaciers (de Lake Louise à Jasper)

Nous nous lançons enfin sur cette route panoramique prometteuse et, malgré un temps toujours un peu mitigé, on peut dire que nous ne serons pas déçus. Du grand spectacle pendant 232 km dans cette longue vallée glaciaire bordée de hauts sommets souvent garnis de glaciers. Des arrêts sont proposés régulièrement, soit pour simplement profiter d’un point de vue, soit pour parcourir une randonnée plus ou moins longue aboutissant sur un point d’intérêt. Parmi les meilleurs, citons :

  • le Lac Herbert, de couleur émeraude, bordé de sapins et reflétant parfaitement les montagnes ;
  • le Lac Bow, qui mérite bien son nom ;
  • le Lac Peyto, avec sa forme en tête de loup, sa couleur bleu turquoise et ses points de vue idéaux pour les selfies
  • le canyon de la rivière Mistayaque où la rivière qui sort du lac Peyto s’engouffre avec furie avant de cheminer calmement, blanche et sinueuse, le long de la vallée
  • le ruisseau Coleman, censé être un repaire à chèvres blanches des montagnes mais que nous avons raté car il n’était pas indiqué
  • la Muraille en Pleurs, une forteresse de roche ou suintent (pas trop fort le jour de notre passage) de multiples ruisseaux
  • le Glacier Athabasca, autrefois accessible dès le bord de la route mais qui se trouve maintenant très haut, reculant de 5 mètres par an, malgré tout encore accessible jusqu’à permettre de marcher dessus
  • et pour terminer cette première journée bien remplie, le petit camping de Jonas, où l’on s’installe et s’inscrit tout seul.

Choc thermique (Jasper et Miette)

La nuit dans le petit camping a été plutôt fraîche, et nous avons anticipé en mettant le chauffage dès le soir sachant que les températures nocturnes descendraient jusqu’à 1°C. Nous avons eu un peu pitié des quelques personnes qui dormaient ce soir-là sous la tente, les espérant néanmoins bien équipées. Grand ciel bleu le matin pour terminer la promenade des glaciers, ça embellissait encore les sommets. Quelques arrêts encore pour admirer d’impressionnants canyons et de tumultueuses cascades, et nous voilà arrivés à Jasper, le point ultime de cette belle route. Nous ne nous arrêtons pas pour autant, notre point de chute du jour étant prévu encore une soixantaine de kilomètres au nord-est de la ville. Il s’agit d’une sorte de village thermal où, entourés de quelques groupes de bungalows, quelques bassins emplis d’eau à 40°C accueillent les touristes du jour venus faire trempette. La source jaillit en fait à 55°C un kilomètre en amont, et nous sommes bien sûr, en thermalistes avertis, allés lui rendre visite, humer sa bonne odeur soufrée et même la goûter. Le chemin passe devant les anciens thermes bâtis en 1938, fermés pour cause de vétusté en 1984. Ici, contrairement à l’Europe, on s’intéresse peu aux vertus médicales de l’eau. La composition n’est en rien affichée et nous avons dû demander pour avoir une composition partielle. Et puis, après un rien d’hésitation, nous sommes allés nous immerger à la fois dans la foule et dans la piscine à 40°C. Nous étions vraiment bien après. Sûrement des vertus cachées à exploiter !


Last but not least (Jasper)

C’est notre dernier jour dans le Parc National de Jasper. Nous quittons de bonne heure le « camping de débordement » – un camping basique avec un minimum de services qui sert de dépannage lorsque les campings classiques sont pleins – de la Rivière Piégeuse (on se demande si c’est pour les poissons ou pour les campeurs) pour arriver avant 9h au parking de notre première randonnée du jour, comme nous l’a recommandé le centre des visiteurs du parc. Nous suivons une jolie route entre montagne et lacs, sur laquelle nous rencontrerons un troupeau de mouflons des Amériques, puis, après avoir garé Roberto, un sentier qui suit d’abord le Lac Maligne avant de s’enfoncer dans la forêt. Ce lac très encaissé est bien plus long que large, 22 km pour 1,5 km au maximum. Il est très touristique et l’ambiance entre queues-leu-leu de camping-cars monstrueux et cars de touristes nous gâche le plaisir. Nous leur laissons les petits bateaux de croisière et les canoës pour tenter de trouver notre bonheur un peu plus loin. Nous reprenons donc la route dans l’autre sens et là, c’est un ours qui traverse tranquillement la chaussée au milieu des voitures. Le plan B pour la randonnée sera le Canyon de la rivière Maligne, au bord duquel on chemine en observant les étroitures et les cascades. Jamais deux sans trois, c’est un cerf de Virginie qui se trouvera sur le bas-côté. 3 animaux sauvages effacent bien 300 touristes, dont très peu ont pu profiter du spectacle d’ailleurs.


C’est avec ce parc national exceptionnel que nous quittons la province de l’Alberta. Nous n’en avons pas fini pour l’instant avec les Montagnes Rocheuses. Nous allons voir à quoi elles ressemblent du côté de la Colombie Britannique. A très bientôt !

72. Le pays des cieux vivants

Nous traversons cette fois la Saskatchewan, province des prairies canadiennes dont la devise, présente sur toutes les plaques minéralogiques, est « Le pays des cieux vivants ». L’auteure aurait été inspirée par l’aspect souvent spectaculaire du ciel de la région, tant par ses levers et couchers de soleil magnifiques que par ses aurores boréales et ses orages impressionnants.

Entrée en matière

Après avoir quitté notre stationnement nocturne sur l’immense parking déserté d’une station de sports d’hiver, après avoir croisé 2 biches, l’une au bord du chemin et l’autre se frayant un chemin au milieu d’un champ de colza, nous passons de la province du Manitoba à celle de la Saskatchewan sans qu’aucune indication ne définisse la frontière.

Nous nous engageons sur une route en terre, longue et rectiligne, côtoyant d’immenses champs de blé et de colza. La couleur jaune vif de ces derniers ressort magnifiquement sur le sombre ciel orageux. Nous pensions suivre une petite route de liaison entre 2 routes bitumées, mais non, le GPS annonce que le prochain virage est dans 55 kilomètres ! Nous voyons arriver de loin les rares véhicules que nous croisons, des poids lourds principalement, grâce au nuage de poussière qu’ils soulèvent. Je m’arrête en bord de route pour photographier l’un de ces véhicules. Mais au lieu de continuer, celui-ci s’arrête, s’inquiétant sans doute d’une éventuelle panne. Je le rassure, reprends la route et retente ma chance pour le camion suivant. Mais il s’arrête de même ! Bon, j’ai quand même ma photo. Un peu plus loin, nous observerons un petit avion qui croise régulièrement la route assez bas pour aller déverser en rase-mottes des produits chimiques (je me doute que ce n’est pas de l’eau) sur les champs. J’hésite à m’arrêter pour le photographier, craignant qu’il n’atterrisse sur la route pour prendre de mes nouvelles, mais il n’en fera rien. Du coup j’ai ma photo aussi !


Regina, capitale verte

Regina avec ses 200 000 habitants n’est pas la ville la plus peuplée de la province, mais c’en est la capitale. Nous avons d’ailleurs visité son parlement. C’est encadré mais gratuit et l’on peut admirer les belles colonnades en marbre de la rotonde centrale et la salle luxueuse où se réunit l’Assemblée législative deux fois par an, 40 jours au printemps et 25 jours à l’automne. Un chouette métier que d’être député saskatchewanais, non ?

Pour le reste, la capitale est plutôt tranquille, dotée d’un grand lac où se croisent kayaks, canards et pédalos, agréablement verte et fleurie avec ses grands parcs où flânent une multitude d’oies dans l’attente de leur migration automnale. Même sur le parking où nous nous étions garés, pourtant proche du centre-ville, plusieurs lapins sont venus nous rendre visite.

L’offre culturelle est là, avec entre autres la Galerie d’art MacKenzie, spécialisée dans l’art indigène, exposant notamment une magnifique collection d’œuvres en perles, et le Musée royal de la Saskatchewan, dédié à la partie des sciences de la vie et de la terre qui concerne la province. Les dioramas montrant la faune et la flore dans chaque sous-région, chaque saison voire pour certains à différents moments de la journée, sont d’une qualité technique exceptionnelle. A titre d’exemple, des oiseaux sont en suspension dans l’air sans que l’on n’aperçoive aucune attache, et des vues subaquatiques montrent un canard plongeur entouré de bulles alors qu’il n’y a pas d’eau. Pour petits et grands, avec un prix libre.


Enfin, au chapitre des curiosités, notons cet Albert Memorial Bridge qui détiendrait le record mondial du pont le plus long par rapport à la taille du cours d’eau qu’il enjambe, soit 260 m de longueur pour 3 m de rivière. Cela est probablement dû au fait qu’un barrage a été construit pour créer le joli lac du centre-ville juste en amont du pont.


Moose Jaw, l’assagie

Cette ville ayant poussé comme un champignon au moment où la Canadian Pacific y a installé ses rails, on y retrouve une petite ambiance de Far-West, de ruée vers l’or. Aucune mine pourtant, mais l’or local c’était la production céréalière que l’arrivée du chemin de fer a dopée, puis l’alcool au moment de la prohibition qui a amené son lot de malfrats dont Al Capone et le Ku Klux Klan. Elle s’est heureusement assagie depuis et nous avons profité de quelques attractions :

1. Mac the moose

Oublions rapidement cette statue géante d’orignal placée au bord de la route transcanadienne pour arrêter les touristes. Faite de plusieurs couches de ciment déposées sur une grille métallique, elle est en fait assez hideuse. Reconnaissons-lui tout de même le mérite d’être l’orignal le plus haut du monde, dépassant les 10 mètres. En 2019, la Norvège a battu temporairement le record, mais la population de Moose Jaw s’est rapidement cotisée pour rallonger les bois (en ciment, donc) de quelques dizaines de centimètres et sauver ainsi l’honneur.


2. Les tunnels d’Al Capone

La ville est surtout connue pour avoir été très active pendant la prohibition, grâce à un réseau de tunnels souterrains dans lesquels se préparaient les caisses d’alcool et un excellent réseau ferré pour les acheminer ensuite jusqu’à Chicago. Al Capone est censé être venu contrôler son marché ici, et la ville le revendique, mais il n’y aurait pas de preuve formelle. Nous on a bien aimé l’ambiance far-west de la rue principale.


3. Le street-art

Nous nous sommes aussi prêtés au jeu de piste à la recherche des 47 œuvres de street-art dispersées dans le centre-ville, munis d’un petit guide que distribue l’office de tourisme. Vous trouverez ci-dessous quelques-unes de ces fresques murales


4. La galerie Yvette Moore

Dans l’ancien bâtiment où l’on enregistrait les terrains donnés par l’état à tous ceux qui défricheraient et cultiveraient 10 hectares par an pendant 5 ans, une artiste locale renommée expose ses œuvres ou celles de créateurs de la région.


5. Le Western Development Museum

Le but de musée est de recueillir et exposer tout ce qui a trait à l’économie et à la culture de l’ouest du Canada. En pratique, nous sommes passés vite devant la partie concernant l’histoire locale pour avoir le temps d’admirer la jolie collection de, comme dit notre guide, tout ce qui vole, qui roule ou qui glisse.


Gravelbourg et les frankaskois

Nous reprenons la route vers le sud-ouest et les paysages commencent à changer un peu. Quelques champs bleus commencent à apparaître, que nous supposons être du lin. Si vous êtes linologue, n’hésitez pas à vous exprimer en commentaire si besoin. Le plus important pour nous, c’est que ça nous change du jaune et du vert de ces derniers jours. Le relief aussi est un peu différent, avec l’arrivée de collines. Sans doute un peu moins facilement cultivables, les terres se transforment volontiers en pâturages.

Nous rejoignons bientôt Gravelbourg. Cette petite ville de 1000 âmes doit son développement à l’Abbé Louis Gravel, missionnaire québécois qui développa ici une communauté de canadiens francophones. Les 30% de la population qui y parlent encore Français sont appelés les fransaskois, contraction de français et de Saskatchewan, le nom de la province. L’Abbé dépensa beaucoup d’énergie pour faire venir le train et construire des bâtiments religieux et publics, dont une cathédrale, un palais de justice, un théâtre, un lycée. Il voyait grand mais cela parait aujourd’hui démesuré par rapport à la taille de la ville.


Val Marie et le Parc National des Prairies

Et nous voilà repartis sur de longues routes droites dont les intersections sont séparées de trente ou cinquante kilomètres, pour certaines occupées par un petit hameau qui semble tellement isolé du reste du monde.

Nous parvenons finalement à Val Marie, une petite bourgade accueillante, elle aussi partiellement francophone. A moins de vouloir dormir au milieu des champs, le seul endroit acceptable pour la nuit est le petit camping municipal, qui n’est pas si mal finalement. Un camping tout simple comme nous aimons. 13 emplacements dont 3 seulement étaient occupés (nous compris !), un paiement basé sur la confiance (on dépose le règlement dans une enveloppe que l’on glisse ensuite dans une urne) et un calme nocturne parfait.

Si nous sommes venus là, c’est pour le Parc National des Prairies, et nous n’avons pas été déçus. Sur les conseils de la « ranger » au centre des visiteurs, nous avons enchaîné deux randonnées de 2,5km dans un environnement superbe mêlant reliefs rocheux et vue à 360° sur des plaines herbeuses ou des champs à l’infini, puis parcouru avec Roberto l’Ecotour Scenic Drive, une route de 15km qui traverse le parc. Outre l’environnement tout aussi spectaculaire, nous avons craqué pour les colonies de chiens de prairies. Un seul regret : la petite communauté de bisons ne s’est pas montrée.


Une révélation

Nous terminons notre traversée de la Saskatchewan par la petite ville d’Eastend. Son nom semble inadapté pour l’une des villes les plus à l’ouest de la province, mais il fait référence à l’extrémité Est du Parc naturel des Cyprès, si proche qu’il en devient un pléonasme. Mais ce n’est pas ce parc qui nous attire, c’est le T.rex Discovery Centre. On y étudie le squelette de Scotty, le plus grand T.rex du monde découvert dans la région en 1991 par un simple prof d’Eastend qui participait à une sortie fossiles avec des paléontologues renommés. En une demi-journée, alors que les autres n’avaient déterré que quelques ammonites, notre enseignant sortit de terre une grosse dent et une vertèbre rapidement attribuées par les spécialistes à un T.rex. Peut-être vexés, ils n’ont commencé le reste des fouilles que trois ans plus tard et ont appelé la bête Scotty alors que le prof se prénommait Robert. C’est petit.

Après 20 ans de fouilles, 65% du squelette était reconstitué et le chantier fut arrêté, ses dirigeants et surtout ses financeurs jugeant que l’on ne découvrirait plus rien. Nous avions vu une copie complète au Musée Royal de Regina, mais une copie c’était une copie et nous espérions voir quelques os authentiques. De fait 2 vertèbres d’origine sont exposées. 600 000 siècles nous contemplant, c’est toujours mieux que les 40 des pyramides de Napoléon. Et puis même si avec nos 0,6 siècles d’existence nous avons l’impression d’en savoir beaucoup sur les dinosaures, il y a toujours un truc ou deux à glaner. Mais là, ce n’était pas un truc, c’était une claque. J’avais l’impression d’un fait universellement admis que l’extinction des dinosaures était liée à  la chute d’une comète, dont les conséquences atmosphériques ont entraîné la disparition de 75% des espèces sur terre, DONT nos fameux sauriens géants. Il se disait aussi que la plupart d’entre eux n’étaient pas morts directement, mais conséquemment à une raréfaction de la végétation suite à la pénombre durable qui avait suivi le cataclysme. Les petits dinosaures vegan sont morts de faim les premiers, leurs prédateurs ont logiquement suivi.

La réalité de la chute de la météorite semble indiscutable. On a retrouvé son cratère au Mexique et la perturbation des sédiments à l’époque est retrouvée dans tous les sols du monde (couche Crétacé-Tertiaire, appelée aussi K-T dans les pays anglosaxons et третинний крейдяний шар en Ukraine). Selon Wikipédia, les chercheurs se tâteraient entre une influence marginale, partielle ou majeure de la métérorite sur la disparition des dinosaures. Or, comme le souligne le centre, 100% des fossiles de dinosaures ont été retrouvés au-dessous de la couche crétacé-tertiaire. Leur disparition ne peut donc qu’être antérieure à la chute de la météorite. Je regrette que mes profs de sciences-nat aient écrit leur cours avec Wikipédia.


Nous quittons maintenant les saskatchewanais pour aller saluer les albertains. Nous vous en dirons des nouvelles ! Le parcours décrit ci-dessus est illustré ci-dessous et les liens vers les commentaires, le compte Instagram ou l’abonnement sont juste après. Merci de nous suivre et d’avoir la patience de tout lire, le cas échéant.