Le dernier épisode de cette série américaine vous emmènera de Panama City à la France pour ce qui nous concerne et vous contera les péripéties du départ de Roberto, trépignant d’impatience au port de Manzanillo pendant que son navire transporteur se la coule douce à 80 km de là, de l’autre côté du Canal.
Connaissiez-vous ce mola ?
Le mola est un art textile traditionnel développé par la communauté amérindienne Kuna, présente au Panama et en Colombie. La technique très particulière, dite de l’appliqué-inversé, démarre par des tissus empilés, dont on découpe puis coud des motifs couche par couche, en retournant leurs bords. Selon le nombre de couches (2 à 7), de motifs et de finesse de la couture, le temps de réalisation varie d’une semaine à 6 mois.
La technique en 4 images. Pour le détail, une vidéo ici
Initialement, les motifs géométriques reproduisaient ceux peints sur le corps à l’aide de rouleaux gravés. Puis ces décorations corporelles sont devenues des vêtements, encore portés par la communauté aujourd’hui. Le design a évolué, avec des représentations liées à la nature, à la religion, voire à des demandes commerciales précises.
Un petit musée gratuit et d’excellente qualité (l’un n’empêche pas l’autre !) expose de façon didactique l’historique, le mode de réalisation et des pièces d’une grande finesse, tout en donnant pas mal d’informations sur la culture Kuna. A ne pas manquer.
Panamax ou Canal Plus ?
L’entrée Sud du Canal de Panama vue du Causeway
Dès que les conquistadors ont découvert qu’au Panama, l’Amérique n’était pas si large et qu’ils pourraient peut être retrouver leur honneur en atteignant enfin les Indes, ils y cherchèrent un passage pour leurs bateaux. Ça prendra tout de même un peu de temps. Il faudra attendre que le Prussien Humbolt, celui qui a découvert le courant (je n’ai pas dit l’électricité, hein 😉), trouve un passage possible via un fleuve panaméen et quelques aménagements. On s’adressa naturellement au Français Ferdinand de Lesseps qui venait de construire avec succès le canal de Suez, mais en oubliant, alors que c’est pourtant écrit en bas de tous les contrats de placements, que « les performances passées ne préjugent pas des performances futures ». Et ce fut hélas une catastrophe. Notre compatriote, misant sur une connexion à niveau des deux océans, avait sous-estimé les difficultés à creuser si profond dans un sol très hétéroclite, et surtout la férocité des moustiques qui tuèrent entre 5000 et 25000 personnes (c’est comme pour les manifs, ça dépend de qui compte).
Quand il se décida enfin à écluser son canal, les banques européennes le lâchèrent et les Américains n’eurent plus qu’à récupérer l’affaire, s’arrangeant au passage pour s’octroyer à vie le canal et 8km de terre de chaque côté. Mis en service en 1914, le canal ne fut restitué au Panama que fin 1999.
Tarifs de passages. Ce n’est pas donné !
Depuis, forcément, à 1 million de $ le passage des navires les plus grands, l’économie se porte mieux. On agrandit maintenant les écluses. Celles qui accueillaient au maximum des bateaux de la catégorie « panamax » (32m de large sur 294m de long) sur laquelle se sont longtemps calqués les constructeurs, sont complétées depuis 2016 par des écluses « néopanamax » capables de faire passer des géants de 49m de large et 366m de long. Le problème c’est qu’elles consomment beaucoup plus d’eau et que la ressource commence à manquer.
Nous repérons de loin les navires transporteurs de véhicules. Mais ce n’est ni l’un ni l’autre. Nous nous contenterons de la belle vue sur la skyline malgré le temps un peu gris.
Bon, c’est LEUR problème. Parce que le nôtre à ce moment précis, c’est que Roberto attend à un bout du canal le Titus, un transporteur de véhicules de la catégorie Neopanamax, bloqué à l’autre bout…
Nous n’avons pas fait d’excursion sur le canal, comme en 2019, mais voici quelques clichés pris à cette occasion. De bonnes sensations que de filer dans une petite embarcation le long de ces navires géants, une visite didactique et en direct du fonctionnement des écluses, et même un simulateur ! Retour par la ligne de chemin de fer qui a assuré les transports d’un océan à l’autre de 1855 à 1914. Elle est toujours très active : certains navires au tirant d’eau limite y font transporter leurs containers pour s’alléger et pouvoir passer les écluses les moins profondes.
Adios Santa Ana
La place Santa Ana, cœur du quartier
Nous quittons aujourd’hui notre location dans le quartier de Santa Ana, un secteur en tout début de rénovation de la zone historique de Panama City, mélangeant quelques constructions modernes comme la nôtre, des immeubles vieillots mais fonctionnels et des bâtiments dont ne persistent plus que murs et façades, dans l’attente sans doute qu’un pâté de maison complet se libère pour être livré à un promoteur. Au cœur de tout cela, la place Santa Ana avec ses grands arbres aux racines pendantes, son kiosque central, ses bancs toujours occupés de locaux qui mangent, lisent ou discutent. Peu de touristes finalement, comparativement aux secteurs restaurés, mais une ambiance bien plus authentique dont nous avons pleinement profité pendant deux semaines. Le 26 juillet prochain, le quartier fêtera ses 350 ans d’existence. Dans le Nouveau Monde, c’est beaucoup.
L’église Santa Ana et son clocher verdoyant
Joli bâtiment de style colonial espagnol en bordure de place
Lieu de repos ou d’échanges pour les habitants. Il fêtera bientôt ses 350 ans d’existence
Notre logement est à 100m sur la gauche. C’est dire comme nous sommes en pleine immersion
La déco murale près de chez nous est sympathique
Les immeubles et boutiques ont du caractère…
au fait, savez-vous ce qu’est une « sastreria » ?
J’adore la conservation des façades en attendant la rénovation,
et aussi l’ambiance décontractée et disparate de la rue, avec cette supérette et sa caisse réservée aux retraités (ceux qui « jubilent »…), ces vendeurs de bijoux au parapluie, ces sacs étalés en pleine rue…
Là, c’est juste une des façades du marché couvert. On aurait pu se contenter d’un p’tit crépi, mais non.
Baisser des couleurs
Un certain regret de quitter tout ça…
Nous préparons nos bagages, un petit pincement au cœur. D’abord parce que se termine ici notre périple américain, plus de 50 000 km parcourus en 17 mois à travers 10 pays que nous ne connaissions pas pour la plupart. Ensuite parce qu’en prenant l’avion ce soir, nous laissons Roberto derrière nous alors que normalement il aurait dû nous précéder. Bon c’est comme ça. Le bon côté c’est qu’avec ce retour en Europe, nous allons revoir famille et amis, enfin peut-être pas tous, il y a du monde ! Et puis nous reviendrons en Amérique, c’est sûr. Au moins pour voir le Sud. Alors ce n’est qu’un hasta luego mon frère…
Nous quittons Panama City sous la pluie. A l’aéroport, on ne peut que constater la perfection dans la gestion du poids des bagages ! Au départ de l’avion, les employés jouent le jeu en nous disant au revoir. Seul le Titus nous nargue, bien ancré sur sa bouée.
Épilogue
Ce samedi 1er juillet, 15 jours après son arrivée, le Titus se décide enfin à traverser le canal, bien accompagné par ses bateaux-pilotes afin qu’il ne se perde pas (il ne manquerait plus que ça !). 8 heures plus tard il arrive au port de Manzanillo. Roberto va enfin pouvoir commencer sa propre transat en solitaire. Enfin je veux dire sans nous, car les transporteurs de véhicules comme le Titus peuvent emporter plus de 8000 Roberto à la fois !
Pendant que notre véhicule préféré (bah oui, nous n’en avons qu’un) attend sa croisière sur le Titus, nous arpentons les rues de Panama City, et plus particulièrement celles du Casco Viejo puisque nous y logeons. C’est le quartier où la ville initiale s’est reconstruite après le saccage par le corsaire anglais Henry Morgan en 1671. Si ses habitants ont fui en périphérie pour se réfugier dans des tours de béton, les touristes redécouvrent aujourd’hui sa belle architecture coloniale et toute son histoire, provoquant de fait sa réhabilitation progressive. Pendant quelques jours, nous vous partagerons quelques points qui ont attiré notre attention.
Le Café Coca-Cola
Le Café Coca-Cola est le plus ancien café de la ville, présent depuis 1875, et le seul au monde à porter ce nom. Tandis que Wikipédia relie cela à l’amitié entre les américains et les panaméens à cette époque (mon œil, oui), le café lui-même et d’autres sources assurent que l’établissement a gagné son procès contre la firme américaine, celle-ci ayant malencontreusement oublié de protéger sa marque au Panama (ils en étaient au tout début de leur expansion mondiale). L’établissement est resté dans son jus, parfait pour un café, et continue à servir – il fait aussi restaurant – une cuisine locale saine, copieuse et bon marché, que les locaux accompagnent bien plus souvent de café que de la boisson aux 7 morceaux de sucre par canette de 33cl.
Et c’est probablement de bon café panaméen que se sont abreuvés les hôtes célèbres du lieu, comme le couple Perón, Pablo Neruda, Fidel Castro, Ernesto Che Guevara ou encore (sans comparaison aucune) Julio Iglesias et Daniel Craig.
Mine de rien, le Café Coca-Cola est inscrit pour sa valeur historique au patrimoine mondial de l’Unesco !
La Mercedes dans l’église
Désolé pour les vanlifers qui roulent en Sprinter, nous ne parlons pas de leur véhicule favori, mais de l’église Nuestra Señora de las Mercedes, alias La Merced, du vieux quartier de Panama City.
Construite à partir de 1522 à l’entrée de la ville primitive, elle fut le seul édifice épargné par le saccage du corsaire Henry Morgan en 1671. Alors quand la capitale fut reconstruite plus loin, sur l’actuel Casco Viejo, l’église y fut transportée pierre par pierre à dos de mule et d’esclave. Du moins la façade, parce que les pierres de ses murs furent réquisitionnées pour les nouvelles constructions. C’est pourquoi les tours qui encadrent la façade sont d’aspect plus récent.
Peu reconnaissante, l’église catholique expropria deux siècles plus tard l’ordre des mercédaires (créé en 1218 pour le rachat des chrétiens captifs des musulmans) qui avait tout retapé. Sachant qu’ils ne pourraient dire que merci (traduction française du latin merces). Ils ont tout de même fini par récupérer leur bien en 1983. La morale est sauve !
À l’intérieur de l’église, on remarque la structure en bois (d’origine) qui soutient la charpente, frêle d’aspect mais apparemment efficace et le bel autel doré copie fidèle de l’original où trône la Vierge de la Miséricorde, sainte patronne du lieu. Sur les côtés sont aussi très vénérées (j’ai dû revenir pour faire les photos) la Virgen del Carmen qui protège les marins, avec son bateau dans la main, Sainte Edwige, protectrice des foyers, reconnaissable aux multiples maisonnettes déposées à ses pieds en guise d’ex-voto, et la Vierge de la Charité, sainte patronne des Cubains, avec en dessous la barque des 3 hommes qui l’ont découverte flottant près d’une île.
Réhabilitation
Le « vieux quartier » de Panama City, érigé après la destruction de la ville initiale en 1671, a connu son apogée entre 1850 et 1920, une fois le chemin de fer et le canal en service. La plupart des bâtiments reflètent le style colonial espagnol de cette époque. La fuite de la population aisée vers la périphérie vers 1970 a conduit à un appauvrissement du quartier et au développement de la criminalité qui ont encore aggravé les choses. Petit à petit, l’habitat s’est détérioré. Heureusement, après la qualification en monument historique national par le gouvernement en 1976 et surtout en patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO en 1997, le Casco Viejo a commencé à renaître. Les bâtiments restaurés ont une certaine classe et attirent maintenant les touristes aisés. Le contraste avec les anciens immeubles dont souvent ne persistent que les façades et dont les ouvertures du rez-de-chaussée ont été murées est saisissant. Mais ces vieux bâtiments aux couleurs tantôt fades tantôt vives, aux boiseries d’un autre âge, souvent décorés de peintures murales et hébergeant une population authentique ont aussi un charme fou. Je les préfère personnellement aux précédents.
A noter que pour favoriser la réhabilitation, le gouvernement offre 30 ans de taxe foncière et 10 ans d »impôts à ceux qui s’y lancent. Autant dire que les chantiers sont nombreux !
Carludovica Palmata
Ah ah, je sens que ce titre ne vous évoque pas grand-chose. Il s’agit d’un palmier qui ne pousse qu’en Équateur, dont la paille aussi fine que souple et légère était utilisée par les habitants de certaines régions du pays pour tresser des chapeaux de soleil.
Efficace et robuste, le chapeau a suscité une demande forte des autres régions puis du monde entier, accentuée peut-être par son usage chez les ouvriers du canal ou quelques personnalités comme Roosevelt ou Churchill.
Je suis quasiment le seul sans chapeau !
Son expédition par caisses estampillées « PANAMA », puisque devant transiter par ce pays pour l’export, a fait croire à ceux qui les recevaient que le chapeau venait de là et son nom panaméen a fini par tomber dans l’usage courant. L’Équateur aurait pu se plaindre, mais comme les recettes s’envolaient…
On en trouve de toutes les qualités, mais sachez qu’un vrai panama se reconnait à son tressage très fin qui démarre par une rosace au sommet du chapeau. Autant dire que la totalité de ceux pris en photo ici sont des faux !
B
Enfin, le chapeau panama, équatorien donc, est inscrit au patrimoine culturel de l’humanité, comme le Café Coca-Cola d’ailleurs. Mais ça n’a rien à voir.
Cerro Ancón
Lorsque la première ville de Panama fut saccagée par les pirates en 1621, on décida de la reconstruire en un lieu plus sûr que sur une simple plage, car les plages c’est difficile à défendre, les Allemands en ont fait les frais en 44. Enfin les Alliés aussi mais ça n’est pas le propos. Donc la ville fut déplacée sur une péninsule placée au pied d’une colline qui permettrait de la surveiller tout en l’alimentant en eau potable et qui fut baptisée Cerro Ancón.
A gauche, le Cerro Ancón, colline en plein centre ville ; à droite d’autres collines et le Pont des Amériques sur le canal
Vous le savez, j’aime bien savoir l’origine des noms. Pas besoin de lancer Google Traduction pour savoir que « cerro » signifie « colline » en Espagnol, mais nous l’avons interrogé pour « Ancón », qu’il a traduit bêtement par « ancon », ce qui pourrait désigner cette année coronavirale qui nous a pourri la vie, mais non.
J’essaie alors sur Wikipédia, qui m’en donne la définition suivante : « En géographie , un ancón est un corps aquifère navigable plus grand qu’une entrée et moins profond qu’un creux« . Misère… Je tente ma chance avec une traduction en Anglais, et oh miracle, j’obtiens le mot « cove », qui signifie « crique ».
Nous partons donc ascensionner la Colline de la Crique, un petit havre de paix végétale au cœur de la ville. Certains y rencontrent des animaux, mais les seuls troupeaux que l’on ait croisé étaient euh humains. Du haut des 199m, sous les ondulations du plus grand drapeau du pays, de jolis panoramas s’offrent sur la ville nouvelle hérissée de tours, le vieux quartier où nous reconnaissons quelques édifices religieux caractéristiques, et le canal dans toute sa splendeur avec des montagnes de containers hérissées cette fois de grues. Peu de navires circulent en revanche. Nous apercevons au loin le Titus qui aurait dû récupérer Roberto il y a 3 jours mais qui reste mystérieusement ancré à l’entrée du canal.
Vue dégagée sur Panama City : les tours de la ville moderne à gauche, le quartier historique à droite
Le port de commerce et une belle perspective du canal avec les écluses de Miraflores au fond
Le grand échange
Il y a un peu plus de 3 millions d’années, le Panama n’existait pas. Ou plutôt c’était un canal de grande largeur qui séparait les deux Amériques. Les porte-containers auraient pu y circuler facilement et gratuitement s’ils avaient existé. Mais à l’époque, l’espèce humaine commençait tout juste à se redresser sur ses jambes, autant dire que le porte-container était le cadet de ses soucis.
Et puis la plaque pacifique s’est glissée un peu plus sous la plaque caraïbe, provoquant un soulèvement du sol ainsi que l’éruption de volcans qui ont fini par boucher le canal. C’est ballot, puisqu’il a fallu le recreuser plus tard, mais surtout cela a permis à tout ce qui vivait au Sud de passer au Nord et réciproquement. C’est ce que l’on a appelé le grand échange. Sans cela, il n’y aurait pas de paresseux en Amérique du Nord, ni de lamas en Amérique du Sud. Le Pérou ne serait pas le Pérou. Le Costa Rica ne produirait pas d’ananas. Les Mayas auraient du se passer de cacao. Le plus étonnant dans ce grand échange, c’est que 3 millions d’années après, il n’y a toujours pas de route reliant les deux Amériques !
Nous avons entendu parler de tout cela au Biomuseo de Panama City, qu’on repère de loin grâce à ses toits multicolores. La visite est idéale pour occuper un jour de pluie.
Ne pas confondre « beau mon zoo » avec « Biomuseo »
Yakadi va pêcher !
Yakadi, c’est le nom d’un navire de pêche panaméen parti pêcher illégalement le 6 avril dernier. L’année dernière, il aurait pu sans doute dévaliser l’océan sans vergogne, mais sous la pression de l’Union Européenne, le Panama a dû prendre des mesures, s’équiper d’une surveillance satellite et de moyens d’interpellation. Car sinon l’Europe aurait interdit toute importation de poisson en provenance de ce pays. Les États-Unis font aussi pression de leur côté. C’est comme ça, les gros imposent leur loi aux petits. Mais c’est aussi une façon de protéger les honnêtes pêcheurs locaux, qui connaissent les mêmes difficultés que partout : raréfaction de la ressource, pollution, augmentation du prix du carburant, etc.
Le petit port de pêche de Panama City, avec ses bateaux d’un autre âge ancrés devant la skyline imposante de la ville, reste assez plaisant à visiter. Et les petits restaurants du marché au poisson sont toujours bien achalandés. Il va falloir que l’on teste leur ceviche très réputé avant de quitter le pays !
Tomates d’arbres et soupes de pattes
A défaut de subir la malbouffe locale (c’est loin d’être une spécialité panaméenne hélas) nous restons curieux de ce qui peut être proposé sur les étals des marchés ou les menus des restaurants.
Sur les premiers nous avons retrouvé ces « tomates d’arbres », des tamarillos en fait, que nous avions vues dans la nature au Costa Rica, des grappes de raisin aux grains très allongés et sans pépins et une multitude d’avocats. Au pays des Panama Papers, rien d’étonnant… Et un rien détonnant que cette soupe aux « municiones », non ?
Sur les seconds, nous avons repéré cette « soupe de pattes », une sorte de ragoût aux pieds de porc ou de vache, et des plats revendiqués créoles faisant la part belle au riz et aux haricots rouges, l’accompagnement pluriquotidien des repas en Amérique latine.
Et puis avouons-le, il nous est arrivé de craquer aussi pour quelques spécialités françaises, comme ce petit camembert dont l’emballage permettait une conservation d’un an (!) et tout à fait honorable au goût.
Cet article aurait dû clôturer notre séjour au Panama, mais ce n’est pas tout à fait le cas. Nous avions prolongé un peu notre location pour attendre le départ de Roberto, mais à l’heure où j’écris, celui-ci attend toujours son bateau-hôte, lui-même « scotché » à l’entrée du canal depuis 9 jours sans aucune autre explication. Le départ qui était annoncé le 17 juin est maintenant reporté au 29. Nous quitterons le Panama avant. A bientôt pour la suite du feuilleton…
Eh oui, notre périple Nord et Centro-Américain se termine. Nous avions certes décidé initialement de franchir le Darien Gap par voie maritime, la seule possible pour un véhicule, pour poursuivre notre périple en Amérique du Sud. Et puis plusieurs éléments nous ont fait changer d’avis. En premier, les caprices de l’électronique et des systèmes antipollution de Roberto, qui risquent de s’accentuer avec les hautes altitudes de la cordillère des Andes et la piètre qualité du diesel dans certains pays. En second vient le facteur temps, dans plusieurs sens du terme : comme nous avons un peu traîné, nous risquons d’être à la fois en plein dans la saison des pluies en Colombie ou au Pérou et un peu justes pour arriver vers Ushuaia entre décembre et février, la période la plus propice. En dernier vient, avouons-le, le côté un peu répétitif de la culture latino-américaine, qui fait que les changements ne sont pas énormes d’un pays à l’autre même si tous gardent leur particularité. Et quand on dit culture, cela inclut l’alimentation. Nous sommes lassés de ne trouver dans la majorité des restaurants que des viandes frites accompagnées de riz et de haricots rouges.
Après plus de 50 000 km parcourus sur ce demi-continent, nous allons repasser par l’Europe. Pas « rentrer » comme certains nous disent, car se sera juste dans la continuité de notre tour du monde. Un « petit » périple en Europe du Sud avant de repartir loin, peut-être vers l’Australie et la Nouvelle Zélande. L’Amérique du Sud, ce sera pour plus tard. Et financièrement, ce n’est pas aussi pénalisant qu’il n’y parait, le shipping entre le Panama est très cher, presque le double que pour aller en Europe alors que le trajet est douze fois plus court. Mais pour l’instant, profitons du Panama, il nous reste une quinzaine de jours avant de quitter le pays.
El Valle de Antón
C’est dans ce cratère volcanique, le deuxième plus grand au monde après celui de Yellowstone, situé à 600 m d’altitude, que viennent se reposer les « capitaleños », nom donné aux habitants de la capitale située à seulement 2 heures de route. Ils viennent y chercher un peu de fraîcheur (tout est relatif) et y pratiquer des activités en extérieur. Nous avons donc suivi leur exemple, nous nous sommes mis au vert quelques jours avant de gagner Panama City.
El Valle de Antón. Tiens, ça m’en rappelle une autre, réservée aux cinéphiles avertis :M. et Mme Mavallée ont 2 filles… Comment se prénomment-elles ? (réponse en légende des photos suivantes)
◊ Le centre-ville
C’est une longue rue principale bordée de boutiques, de restaurants, de petits hôtels, de supérettes, d’un marché permanent et même de voitures-boutiques sur le capot desquelles on vend directement la marchandise. Tout y est à échelle humaine, les bâtiments ne dépassent pas un étage et sont relativement dispersés, laissant une part honnête à la nature. Des routes secondaires s’en éloignent, desservant les habitations plus ou moins riches puis les sentiers de randonnées. La ville recense plusieurs centaines de retraités de nationalités multiples, attirés là par le climat printanier permanent.
Boutiques, marché et hotels bien décorés au bord de la rue principale Réponse à la question plus haut : Colette et Berthe (si vous ne l’avez pas, cherchez un film de John Ford de 1941)Vente directe sur le capot ou le toit de la voiture (groseilles du Cap). Et pour les fauchés, il y a de généreux donateurs de mangues. C’est mieux que de les laisser pourrir sur le bas-côté de la route !
Sur les allées latérales, des demeures de toutes sortes, simples aux couleurs locales ou plus huppées, mais toujours dans un environnement plus que verdoyant
Les « voisins vigilants », ça marche ici aussi. Gare au lion qui veille !
Tout autour d’El Valle, des randonnées et attractions pour tous les goûts
◊ Le sanctuaire des grenouilles dorées
Cette petite grenouille de 3 à 5 cm de long ne vit qu’ici, à El Valle, où l’on sauvegarde les derniers représentants de l’espèce menacée d’extinction (elle a été filmée pour la dernière fois à l’état sauvage en 2007). Elle est principalement victime, comme d’autres batraciens, d’un champignon mortel pour cette espèce, mais aussi d’un autre parasite appelé « Homme » qui détruit et pollue son habitat. Pour la petite histoire, le centre qui les recueille est situé juste à côté d’un hôtel. Les travaux ayant pris du retard, deux chambres de l’hôtel (Campestre) ont été réquisitionnées pour héberger 300 grenouilles, avec service d’étage à la clef, jusqu’à la mise en route définitive du centre. Le gouvernement panaméen a décidé d’en faire un symbole national, en votant que le 14 août serait la journée nationale de la grenouille dorée. Sera-ce suffisant pour sauver l’espèce ?
La grenouille dorée panaméenne, hôte VIP de l’Hôtel Campestre
Le centre ne se visite pas, à l’exception d’un petit bureau d’accueil qui possède quelques vivariums, présentés par des naturalistes qui n’hésitent pas à mettre la main euh à la patte pour nous montrer quelques spécimens intéressants. Comme par exemple cette grenouille transparente dont on voyait battre le cœur dans la poitrine.
◊ Les arbres carrés
Ces arbres sont aussi une espèce endémique d’El Valle, on ne les voit nulle part ailleurs dans le monde. Et d’ailleurs ceux qui ont tenté de les faire pousser ailleurs n’ont pu que constater un tronc circulaire. L’arbre appelé Quararibea asterolepis semble pourtant assez commun du Brésil au Costa Rica, mais il ne pousse carré qu’ici. Un vrai mystère ! Pour les découvrir, il faut emprunter un petit chemin près de l’Hôtel Campestre, celui qui a hébergé les grenouilles dorées, et marcher une petite demi-heure dans une forêt, en traversant de petites passerelles au-dessus d’un torrent. Après, difficile de les rater, ils sont munis soit d’un ruban, soit d’une pancarte. Carrément.
C’est parti pour une randonnée à la rencontre des arbres carrés, avec notre guide improvisé. « Il aime se balader avec les gens » nous a dit le gardien à l’accueil ! Sentier agréable dans la forêt le long d’un torrent, avec quelques passerelles pas trop rouillées.
De jolis bancs bleu délavé permettent de se reposer. Le chien préfère la méthode Rika Zarai pour se rafraîchir ! Nous arrivons dans une clairière avec des arbres à la base plutôt triangulaire…
Et puis les voilà enfin ! Clairement identifiés au cas où l’on aurait des doutes
Petite pause bien méritée au retour sous l’oeil vigilant de notre ange-gardien
◊ La Piedra Pintada
C’est un gros caillou accessible avec un bracelet rose qui témoigne que vous avez bien acquitté le droit d’entrée. 3 dollars qui vous donnent droit à acheter des souvenirs aux stands du couloir d’entrée, à déraper sur la boue qui traîne sur le chemin, à barboter sous l’une des cascades qui le jalonnent, à vous faire éclabousser par les autres et enfin à décrypter les pétroglyphes qui ornent l’une de ses faces, régulièrement soulignés de craie par les locaux, faute de quoi ils seraient moins apparents et risqueraient de déclencher un réflexe de demande de remboursement. On n’est apparemment sûr de rien pour ces dessins gravés. Ni de leur ancienneté (sauf pour l’inscription « Bob was here 2004 » qui n’a pas besoin d’être datée au carbone 14*) ni de leur signification. Certains parlent d’une représentation cartographique régionale du conflit entre les autochtones et les espagnols, mais s’il ne fait aucun doute que le conflit a bien eu lieu, comme partout ailleurs en Amérique, rien ne prouve qu’il ne s’agit pas du dessin d’un gamin du coin ayant représenté la tête de sa petite sœur atteinte de la variole.
La Piedra Pintada, c’est ce gros caillou. Elle devrait plutôt se qualifier de « grabada » (gravée) mais les locaux regarnissent régulièrement les inscriptions à la craie pour les rendre plus visiblesPas sûr que toutes les inscriptions soient amérindiennes. En tout cas les cascades sont là depuis longtemps.
◊ La India Dormida
Ayant eu pendant 25 ans, lorsque nous habitions à St Gervais, l’Indien Endormi de la chaîne des Aravis sous nos yeux, nous n’avons pas été plus surpris que ça de trouver une compatriote allongée sur le bord du cratère d’El Valle. Une amérindienne fille de chef tombée amoureuse d’un conquistador. Le prétendant n’a pas supporté et s’est donné la mort. L’indienne bannie par son peuple est allée se réfugier dans la montagne, s’y est allongée pour toujours, imposant sa silhouette en permanence aux habitants du village et offrant son corps à parcourir à tous les randonneurs de passage. Une belle revanche finalement. Et un joli spectacle panoramique au sommet pour ceux qui se donnent la peine de réaliser l’ascension. De plus, ça ravira mon fils, passionné d’histoire de la guerre, de savoir que je suis monté au front.
La voyez vous cette belle indienne endormie avec sa chevelure verte ondulante ? L’ascension se fait par le bras gauche (il parait qu’elle n’a pas de bras droit, mais chut !)
Une croix marque le sommet de l’épaule. Déjà le paysage est grandioseGrimper sur le cou est la phase la plus raide. Pas de marche (ni de collier) pour s’accrocher. Ensuite, arrivée au menton, légèrement poilu.
Le front est un peu plus dégarni mais offre une vue plongeante et panoramique de toute beauté
Les rencontres sont rares sur ce chemin pourtant réputé populaire. Ce ne doit pas être la saison.
◊ Une histoire à dormir de boue
Quoi de mieux après une longue randonnée en pleine chaleur qu’un bon bain chaud ? Et comme nous sommes ici dans le cratère d’un volcan, devinez quoi, on trouve quelques sources thermales. Les Pozos Termales d’El Valle sont à courte distance du centre-ville. Les installations sont rudimentaires, quelques bassins de taille modeste emplis d’une eau couleur ocre de 34 à 38°C et richement minéralisée. Mais avant de s’y plonger, il est recommandé d’appliquer sur le visage, ou plus si affinité, un petit pot de boue que l’on vous remet à l’entrée, et de le laisser sécher avant de tout rincer et de profiter enfin du reposant Graal aquatique.
Dans le cratère d’un volcan, les sources thermales ne sont jamais très loinUne eau davantage salée que soufrée. La boue fait un peu vase et moi un peu Sadhu.Heureusement, il y a de quoi se rincer avant de profiter de l’eau à 38°C
Panama City
Nous avons troqué les vertes montagnes de notre cratère contre les tours bétonnées de la capitale. Un passage utile, pour ne pas dire nécessaire, à notre prochain shipping (je reviendrai plus tard sur ces formalités) auquel nous joindrons j’espère l’agréable, la mégapole possédant tout de même quelques attraits touristiques.
◊ Panama Viejo
Afin de commencer par le commencement, nous visitons d’abord Panama Viejo, les ruines de la ville initiale, construite dès 1519, la toute première bâtie par les Espagnols sur la côte Pacifique de l’Amérique. Entre les conflits avec les autochtones, qui ont défendu bec et ongles leur territoire et leur culture avec la fin malheureuse que l’on connaît, les nombreuses attaques de pirates qui savaient bien que l’or du Pérou transitait par cette ville pour aller en Espagne, les incendies et les tremblements de terre, le site fut jugé insécure et la capitale fut transférée à 8 km de là, renaissant dans le quartier appelé actuellement Casco Viejo en 1671.
Maquette de Panama Viejo telle qu’elle était au XVIIème siècle
Panama Viejo est désormais, malgré ses 500 ans à peine dépassés, un site archéologique classé. Il reste peu de choses de la ville initiale, les habitants s’étant largement servi dans ses murs pour reconstruire la nouvelle ville, mais les travaux de réhabilitation et les panneaux explicatifs permettent d’imaginer la ville telle qu’elle était avant son brutal déclin. La tour de la cathédrale, réaménagée en observatoire, permet d’apprécier le site vu de haut avec la skyline de la City en toile de fond, et de mesurer du coup le contraste saisissant de l’évolution de la technologie et de la civilisation en quelques siècles seulement. Un musée permet de compléter ses connaissances dans une fraîcheur bienvenue (40°C ressentis à l’extérieur).
Les ruines de la vieille ville en contraste avec les tours modernesDe vieux murs habités…
La cathédrale, dont le clocher en cours de restauration permet d’aller observer le site de haut
Joli panorama en effet. Un dessin au-dessous permet d’imaginer la ville du même point de vue autrefois
Hommage au fondateur de la ville, Pedro Arias de Avila, qui en a dessiné les plans, dont ce réservoir d’eau souterrain
La nature est un peu préservée en plein coeur de la ville. Nous avons bien aimé cette visite !
Le parking du site archéologique n’est pas prévu pour y passer la nuit. Mais nous avons tout de même tenté notre chance auprès de l’agent de sécurité. Après un refus initial et des échanges sympathiques sur notre parcours, Carlos a finalement accepté. Après, il est venu rediscuter à plusieurs reprises et est même venu nous demander le lendemain matin si nous avions bien dormi ! Ce qui était le cas avec le site pour nous seuls, une petite brise de mer rafraîchissante et une jolie vue sur la skyline de Panama City en prime
Organisation du shipping
Ah le bon temps des traversées en ferry des fjords de Norvège, où l’on montait directement sur le pont du bateau nous attendant au bout de la route et où l’on débarquait de l’autre côté sans avoir montré le moindre papier ni sorti le moindre argent (la plaque minéralogique était scannée et le montant débité de notre carte bancaire quelques semaines plus tard).
Traversée en ferry du Bjørnafjorden (Norvège) en route vers Bergen en septembre 2021
Ici Roberto va quitter un pays pour un autre, un continent pour un autre pour un parcours de plusieurs semaines, une tout autre logistique.
◊ Choix du mode de transport
La première étape a été de choisir le mode de transport parmi 3 possibles : le container, le flat rack et le RO-RO. La première était à la fois la moins chère et la plus sécuritaire, à condition de trouver un partenaire pour partager le container, la recherche ayant été faite par les réseaux sociaux et un prestataire panaméen. La seconde nécessitant également un partage, était la solution la plus sécuritaire pour un véhicule ne tenant pas dans un container même réhaussé (2,58m de hauteur maximum). Faute d’avoir trouvé à temps quelqu’un pour partager avec nous, nous avons dû nous rabattre sur la 3ème solution, le Roll on – Roll off, alias RO-RO. Au lieu d’expédier le véhicule verrouillé, on confie ici les clés au transporteur pour qu’il puisse le conduire lui-même dans et hors du navire. Et quand tout est ouvert, les véhicules sont malheureusement souvent fouillés et dépouillés, ce qui nous est arrivé à l’aller. Nous avons choisi cette fois de ne rien barricader et de transporter avec nous dans l’avion le plus de biens possibles.
Choisir entre container, flat rack et RO-RO… quand c’est possible !
C’est finalement sur un navire de ce type, de la compagnie Wallenius Wilhelmsen, que Roberto va voyager
◊ Choix du transitaire
Une fois le transport déterminé, nous avons fait faire des devis, assez facilement puisque tout se fait en ligne. Entre IVSS, Seabridge et Overland Embassy, c’est la première compagnie qui s’est révélée la plus intéressante. Après, ce sont des échanges de courriels et de documents, la procédure est plutôt bien organisée. On met à notre disposition, moyennant rémunération, un agent portuaire qui nous guidera dans toutes les étapes sur place.
Côté paperasse, le plus pénible au Panama est l’établissement de notre équivalent de certificat de non-gage. Mais alors que chez nous l’opération se fait simplement en ligne, il faut commencer là-bas par faire vérifier l’identité de son véhicule, 2 à 3 jours ouvrables avant la date de dépôt au port.
Et il faut y être de bonne heure, entre 6 h et 7h30 du matin, car ils ne vérifient que les véhicules arrivés dans cette tranche horaire-là et pas plus de 25 par jour ! Afin d’assurer nos arrières, nous sommes arrivés à 5h45, il faisait encore nuit, sur un terrain vague devant un bâtiment à moitié délabré. 30mn plus tard, une porte s’est ouverte et j’ai pu m’inscrire sur la liste d’attente, avec le n°1. L’inspection proprement dite n’a démarré que vers 7h30 (des fois c’est plus tard). Deux agents ont sorti un bureau du bâtiment et l’ont amené sur le terrain vague. Puis les candidats du jour se sont présentés un par un pour faire valider leurs papiers. Seulement une fois que tout le monde a été enregistré, les inspections ont commencé, presque dans l’ordre des numéros (nous sommes passés en 3ème…). Vérification rapide du numéro d’identification du véhicule et de la plaque. Moins de 5mn. Après quoi nous sommes invités à revenir le lendemain 10h pour obtenir le document final. De nouveau quelques papiers à remplir et à photocopier, presque 1 heure d’attente et nous voilà en possession de notre sésame. Il paraîtrait qu’en donnant un gros billet au port on pourrait s’en passer mais chut !
Grâce aux instructions précises d’IVSS, nous arrivons de bonne heure au bureau de la Direction des Inspections Judiciaires et nous attendons l’installation du bureau. Plus d’une heure après, l’inspection est faite, mais il nous faudra revenir le lendemain pour obtenir le fameux sésame.
Tout ça pour ça ! Et le papier n’est valable que 8 jours. Si le bateau prend du retard, il faudra tout recommencer !
◊ Préparation de Roberto
Nous allons nous poser dans un petit hôtel sympathique entouré de verdure pour préparer Roberto au shipping. Nous prenons une chambre, ce qui va nous permettre à la fois de dormir au frais et d’avoir les coudées franches pour vider nos placards. Nous avons acheté une valise dans un centre commercial voisin pour emporter le maximum de ce qui nous tient à cœur ou qui est difficilement remplaçable. Pour le reste, la compagnie exige que le véhicule ait l’air « vide ». Donc nous enfermons tout ce qui reste dans les placards. Les réservoirs d’eau doivent être au minimum, et nous ne devons laisser qu’un quart de diesel, ce qui est très frustrant compte-tenu du prix du litre à 80 centimes d’euro !
L’Hôtel Amador Familiar à Panama City ; 33$ la chambre, ça va
Le tableau réservé aux visiteurs dans la salle à manger. Mais où est Charlie ?
◊ Abandon des plantes vertes
Difficile de se rappeler où nous avons acheté ce mignon petit cactus dans un pot de céramique à la forme d’un combi VW, symbole parfait du voyageur nomade. Je dirais entre 6 et 12 mois. Nous l’avons choyé, arrosé avec parcimonie, préservé des chaleurs extrêmes et exposé au mieux, notamment en lui trouvant un petit restant de lumière les moments où nous avons abandonné Roberto sur des longues durées. Nous lui avons trouvé une résistance exceptionnelle, nous nous sommes félicités de notre inhabituelle main verte. Et quand il a fallu préparer Roberto pour la grande traversée, nous nous sommes résolus à lui faire nos adieux, tout importation transatlantique de plantes étant prohibée. Nous avons décidé de le remettre en pleine terre, de lui rendre sa liberté en quelque sorte, dans le jardin du petit hôtel où nous avons séjourné pour les préparatifs. Je dépote, donc et découvre sous une mince couche à l’apparence de la terre un morceau de polystyrène expansé. Géniale solution pour éviter les surplus d’eau pensais-je avant de découvrir une tige verte bien cylindrique se terminant par un bord net. Aurais-je arraché malencontreusement les racines ? Le petit être va-t-il réussir à reprendre après ça ? Et puis j’y regarde de plus près, puis, après un doute, d’encore plus près, avant de réaliser que notre cactus si résistant est …en plastique. Une prouesse d’imitation car j’ai quand même caressé le fin duvet des feuilles plus d’une fois pour vérifier sa santé, mais tout de même, une vraie déception !
◊ Dernier repas entre amis
Nous allons maintenant longer le canal du Sud au Nord pour rejoindre Manzanillo, le port de la ville de Colón où nous devons déposer Roberto. Dommage de devoir aller là alors que notre navire faisait escale à Panama City, mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Avant de rejoindre l’endroit où nous allons passer la nuit, nous devons encore trouver un laveur d’autos pour Roberto, qui doit être exempt de salissures et de boues comme il est précisé dans les consignes. Pas facile un dimanche soir, mais rien d’impossible ici. Notre premier choix sur Google Maps, pourtant marqué « ouvert en ce moment » semble abandonné depuis des lustres. Le second n’est pas à l’endroit indiqué, nous le trouvons grâce à un passant que nous prendrons à bord de Roberto pour nous y conduire, sur sa proposition !
Grand lavage pour Roberto. La poutrelle du toit était bien basse, c’est passé à 2 cm du lanterneau !
Nous retrouvons sur un joli spot près de l’écluse de Gatún, la plus proche de l’Atlantique, une famille française que nous avions rencontrée pour la première fois au Nicaragua. Hasard du calendrier, ils rapatrient leur véhicule en Europe sur le même bateau que nous. Joie des retrouvailles, échanges sur nos parcours respectifs et plus largement sur nos aspirations communes, partage des restes alimentaires puisqu’il ne faut rien laisser de tel dans les véhicules. Bref un repas et une soirée en commun bien sympathiques, dans un cadre idyllique au bord de l’eau (on oubliera vite la musique forte du gros camion venu récupérer un bateau sur le bras de mer, ça n’a duré qu’un temps). Et nous ferons une partie de nos formalités ensemble le lendemain avant de nous séparer pour quelques semaines. Eux partent « tromper le temps » de la traversée en allant visiter la Namibie, super projet, tandis que nous choisissons de rester un peu plus longtemps sur le Panama avant de rejoindre la Belgique. Nous devrions nous retrouver à Zeebrugge mi-juillet.
Merci à Julie (de l’autre côté de l’objectif) pour cette belle photo-souvenir avec Victoria, Wil et Zach. Si vous voulez suivre leur voyage, ils sont @notre_roadtrip sur Instagram
Notre joli spot au bord d’un bras de mer près de Gatún, avec de belles couleurs au lever du soleil
◊ Roberto au dépôt
Nous retrouvons au port notre agent facilitateur qui fera toutes les démarches à notre place, ce qui est bien pratique quand on ne connait pas les lieux ni ne maîtrisons la langue. Après 2 heures de formalités, dont inspection douanière, chien sniffeur de drogue, annulation du permis d’importation temporaire et mention ad hoc sur nos passeports (car il y était écrit que nous n’avions pas le droit de quitter le pays sans notre véhicule), tout est réglé. Nous abandonnons Roberto et repartons à la capitale. Nous le reverrons dans un mois en Belgique. Il va voyager avec le Titus, que nous allons suivre à la trace sur le site marinetraffic.com, et qui est localisé au moment de la rédaction de cet article au large des côtes du Nicaragua.
Roberto à la douane de Manzanillo, avec son copain Las Vegas. Nous les reverrons dans 1 mois
Notre voyage va désormais se poursuivre quelque semaines sans Roberto. Mais pas question de nous laisser aller ! Nous allons rester un peu sur Panama City et, tout en visitant la ville, réfléchir à notre parcours jusqu’à Zeebrugge. Vous saurez ça bientôt. Merci de nous lire !
Bienvenue au Panama, 23ème pays parcouru par Roberto (plus de 75 000 km au compteur) et dernier pays d’Amérique centrale. Nous ne nous attendons pas à une révolution paysagique ou culturelle par rapport au Costa Rica, d’autant plus que nous connaissons un peu le pays pour l’avoir visité juste avant le premier confinement. Mais c’était sac au dos et transports en commun. Notre fidèle destrier nous permettra sans doute d’élargir un peu le champ de nos anciennes découvertes. A voir…
Comme toujours, on commence par une plaque minéralogique. Très sobre ici. Ils auraient pu mettre une photo de nature ou du canal !
A l’instar d’autres pays, pas de plaque à l’avant : chacun son style !
Chaud et froid
C’est en partie pour retrouver un peu de fraîcheur que nous avons quitté la côte Caraïbe du Costa Rica et même celle du Panama et pris un peu d’altitude dans la Cordillère centrale. Après plusieurs jours à 35°C et autant de nuits à 29-30°C, nous étions heureux de perdre les six degrés et demi inhérents à tout gain d’altitude de 1000 m. Quelques averses ont été aussi les bienvenues, y compris pour le nettoyage des panneaux solaires. Nous nous sommes trouvés un petit coin tranquille dans la verdure et avons savouré une nuit tranquille à 21°C dans Roberto. Le paradoxe, c’est que notre première visite du lendemain a été pour des piscines thermales naturelles, entre 35 et 42°C, et dans lesquelles nous nous sommes immergés avec plaisir. Allez donc comprendre !
Dès l’entrée au Panama, nous gagnons très vite la zone montagneuse pour prendre un peu le fraisVerdure, lacs et ambiance rurale sont au rendez-vous
Nous passons la nuit bien au frais, à plus de 1000m d’altitude et seuls au monde dans cette clairière
Du coup le lendemain, nous sommes en pleine forme et décidons – pourquoi pas – de tester des sources chaudes. C’est près de la petite ville de Caldera. La route est difficile, les ponts sont larges et sonores, et Roberto a un peu sali ses pneus
Mais au bout du chemin, la récompense est là : de petits bassins de pierre très rustiques emplis d’une eau thermale jaillissant à 35, 40 et 42°C (mon préféré, comme d’habitude)
Tout ça est sur la propriété d’une famille panaméenne, dans un cadre bucolique
La ville du printemps éternel
Près du volcan Barú, le point culminant du pays (3745m), la petite ville de Boquete jouit d’un climat printanier permanent grâce à ses 1200m d’altitude, et l’humidité élevée permet aux arbres, aux fleurs, mais aussi aux caféiers de pousser sans limites. La ville a eu le malheur d’être classée « meilleur endroit pour prendre sa retraite » par un média américain, dont les compatriotes sont laissé tenter en masse. Les résidences, restaurants et autres commerces ont poussé comme des champignons, remplaçant les champs de caféiers et les petites maisons des indiens Ngäbe, occupants initiaux devenus minoritaires. Les prix aussi ont poussé fort, au point que même les sentiers de randonnée sont payants.
Comme il n’y a pas grand-chose d’autre à faire, nous avons tout de même emprunté avec une famille de voyageurs français le « Pipeline Trail », le moins difficile d’entre eux, qui comme son nom l’indique suit une conduite d’eau venue de la montagne et qui, comme son nom ne l’indique pas permet de temps en temps d’apercevoir des quetzals, oiseaux majestueux et rares d’Amérique centrale. Nous n’aurons pas cette chance, mais la balade était tout de même sympathique, permettant de côtoyer une végétation riche, dont un arbre millénaire, et se terminant par une belle cascade.
Boquete, ville de montagne verte et fleurie, mais sans grand charme malgré tout
Les routes alentour sont tout de même bien fleuries, comme celle qui nous a amenés au Pipeline Trail
Quelques colonnes basaltiques (oui nous sommes en pleine région volcanique) avant l’entrée du chemin. A vrai dire le nôtre était à gauche mais le panneau était moins beau…Randonnée en compagnie de la famille « les MATTE mobiles », ayant tout quitté pour traverser les Amériques du nord au sud en camping car. Et arrivée au point de chute (c’est le cas de le dire) : la cascade.Flore et faune riches en découvertes, comme à l’habitude
Les lacs de Volcán
Dit comme ça, ça peut paraître bizarre, mais Volcán est une ville. Son nom est bien lié au volcan Barú qui la surplombe, mais les lacs eux n’ont rien à voir avec une quelconque activité volcanique. Ils sont connus en tant que zone naturelle humide, la première du Panama et la cinquième de l’Amérique centrale, rien que ça. Alors comme nous étions dans le coin, nous sommes allés voir. Étonnamment, cette réserve est sur un territoire privé et nécessite la traversée d’une piste d’aviation pour la rejoindre. L’accès est malgré tout gratuit « du moment que l’on respecte les lieux et que l’on ne laisse rien traîner ».
Nous empruntons une jolie route bordée de pâturages en guettant à la fois les nuages sur le volcan en arrière-plan, dès fois qu’il se découvrirait, et les nids-de-poule sur la chaussée. Nous arrivons bientôt à l’aéroport. Nous traversons la piste après avoir demandé l’autorisation non pas à la tour de contrôle mais à un gentil monsieur qui entretenait le jardin du café attenant. La route s’enfonce ensuite dans une forêt et prend le statut de chemin boueux tandis que les arbres peu à peu se referment sur nous. Quand les branches commencent à frotter sur la carrosserie, nous regrettons de ne pas avoir stoppé plus tôt, mais impossible de toutes façons de faire demi-tour. Nous arrivons enfin au bord du premier lac, joli mais pas extraordinaire et exempt de l’extraordinaire faune aquatique que nous espérions. Tant pis, cela aura sorti un peu Roberto de sa routine.
Le grand bleu au réveil derrière les bancs bleus. Nous avons passé la nuit ici au parc central de Volcán
Nous partons en vadrouille voir les lacs de la réserve naturelle. La route se transforme en chemin mais traverse de jolis paysages champêtres
Au loin on aperçoit le volcan Barú, point culminant du Panama
A un moment il faut marquer le pas et demander l’autorisation de traverser …la piste d’un aéroportPuis l’on s’enfonce avec Roberto dans la forêt, de plus en plus dense, tandis que le chemin devient boueuxAprès quelques frottements de branches sur la carrosserie, nous avons décidé de nous garer et finir à pied,
pour aller voir ce joli lac, sous bonne garde d’une résidence privée. Malgré l’appellation de réserve naturelle, nous ne verrons pas le moindre animal
La ferme de Dracula
De 1400 m d’altitude, nous poursuivons la route principale jusqu’à 2000 m (ah ! la bonne fraîcheur) après la petite ville de Cerro Punta. L’activité agricole y est intense, grâce au climat frais et humide, et les montagnes sont ici recouvertes d’une mosaïque de champs multicolores aux motifs géométriques variés, du plus bel effet. Les bordures de routes sont particulièrement fleuries, comme s’il s’agissait des allées d’un jardin botanique géant. Des stands de vendeurs de fruits et légumes sont alignés tout du long. Avec la petite brume qui stagne sur les sommets alentour, c’est magnifique.
L’arrivée à Cerro Punta : un environnement plus agricole que tropical
Mais nous voilà arrivés à la ferme de Dracula. Déjà l’inscription au-dessus d’un portail à la peinture défraîchie en impose. Le portail était fermé, mais à notre arrivée il s’ouvre lentement en grinçant. Une voiture en sort. Les gens ont l’air normaux (je ne sais pas pourquoi je dis ça) et nous invitent à suivre le chemin qui s’enfonce dans une forêt dense et sombre, tandis que leur voiture disparaît et que le portail se referme derrière eux (en grinçant). Le long du sentier, tandis que des lianes nous effleurent le visage et que des feuilles géantes nous frôlent les bras, nous apercevons quelques panneaux inquiétants. L’un dit que les enfants égarés seront donnés en pâture à Dracula. Sur l’autre, apposé sur une grille rouillée et fermée, figurent une espèce de sorcier menaçant, muni d’un bâton et d’une épée, et une inscription dissuadant toute tentative de passage. Nous filons sans même ralentir vers la réception.
Arrivée à la Ferme de Dracula : l’ambiance change soudain
Là nous attend un bureau vide, des tables et des chaises vides, une vitrine réfrigérée (heureusement ?) vide. Nous appelons timidement, mais personne ne vient. Sauf un chien, un fox-terrier qui nous rappelle Baxter. Finalement une employée apparaît. Elle est un peu pâle pour le pays, mais sans plus.
Après que nous ayons acquitté le droit d’entrée (à noter qu’elle n’accepte pas les billets de sang euh de cent) elle nous dit que le comte est bon (lèche-bottes, va) et nous autorise à visiter, mais seulement avec le guide et sans aller dans le couloir sombre avec les grosse feuilles qui pendent ni dans la pièce fermée par une grosse grille fermée par un cadenas et couverte de mousse verdâtre. On se demande bien ce qu’il y a à l’intérieur.
Le guide nous fait la visite de la ferme, essentiellement de grands jardins de plantes exotiques. Il est très aimable, ce qui paradoxalement nous inquiète. Sans parler de Baxter qui ne nous lâche pas d’une semelle. J’allais demander des informations sur le propriétaire des lieux quand soudain Dracula apparaît. En tenue sombre avec une note pourpre, le visage menaçant, immobile et silencieux. Le guide se racle la gorge et nous fait finalement les présentations.
Dracula, c’est le nom d’une famille d’orchidées, abhorrant tantôt une tête de chauve-souris tantôt une tête de singe et pourvue de sépales pourpres en imposant pour deux longues canines. Comme son homonyme transylvanien, l’orchidée « dort » le jour, la tête basse, et revit la nuit, se redressant.
Bon, plus de peur que de mal. Mais quand même, à aucun moment dans le jardin je n’ai vu de culture d’ail. C’est un signe, ça, non ?
Vampirisme mis à part, cette Finca Dracula regorge d’espèces végétales tropicales dans un jardin mi-aménagé, laissant une part belle mais semble-t-il partiellement contrôlée à l’improvisation de dame nature. Malgré nos visites récurrentes dans ce type d’établissement, nous arrivons toujours à trouver des plantes que nous n’avions jamais vues. Cela semble presque sans limites.
Et pour finir les superbes toilettes en extérieur. Avec un papier un peu râpeux à disposition.
Un tout autre San Francisco
Ce village de l’état de Chiriqui, dans ce que l’on pourrait appeler le Panama profond, n’a évidemment rien à voir avec sa mégapole homonyme américaine. Créé en 1621 par une cinquantaine d’indigènes venus exploiter des mines d’or récemment découvertes dans la région, le village s’est peu à peu agrandi autour de son église. Les huttes aux toits de paille sont devenues des maisons de béton entourées de grilles métalliques, les chemins de terre se sont transformés en routes asphaltées (avec trous), les minivans roulant à toute allure ont remplacé les chars à bœufs et les commerces ont poussé, comme ce supermarché Jean XXIII que personne chez nous n’oserait appeler comme ça.
Une maison typique de San Francisco en 2023. Eh non, elle n’est pas bleue !
Les commerces ne sont pas très modernes, mais il y a du WiFi gratuit en centre-ville
Les maisons sont bien fleuries. Certes le climat aide un peu, mais ne fait pas tout
Vierge en plastique au carrefour, supermarché Jean XXIII, la religion est partout iciSur les routes pleines de trous, le vélo parait approprié, mais la voiture de course ?
Mais l’église datant de 1630 est toujours là, juste devenue monument historique national entre temps. Aussi simple à l’extérieur avec ses murs en pierre et son clocher rectangulaire que riche à l’intérieur. Elle recèle de multiples sculptures baroques qui ont la double particularité d’avoir été non pas importées d’Espagne comme cela se faisait habituellement à l’époque, mais au contraire réalisées par des artistes locaux, et d’intégrer une influence indigène dans les sujets, comme ces chérubins dont les têtes représentent celles des artistes eux-mêmes. Malgré la panne d’éclairage le jour de notre passage, nous avons pu admirer ces superbes retables en bois peints, formés chacun de 120 à 480 pièces assemblées.
L’église San Francisco de la Montaña, sobre à l’extérieur,
…mais richement décorée de boiseries à l’intérieur, grâce aux artistes locaux qui se sont même illustrés en chérubins
San Francisco de la Montaña (son nom complet) est aussi connue pour ses bains en extérieur, comme le Balneario El Salto. Malgré une enseigne aguichante, le centre d’accueil est tout décrépit, et la zone de baignade se résume à une mare boueuse dans laquelle se déversent quelques petites cascades. Quelques gamins s’y ébattent pendant que leur mère y lave le chien. Nous ne tenterons pas l’expérience…
Ocu-passions
Claudie notre traceuse d’itinéraire a été attirée par cette petite ville de 7000 habitants pour son artisanat. On y fabrique en effet des costumes traditionnels et des chapeaux proches du vrai panama équatorien, tout en maintenant de nombreuses pratiques folkloriques, notamment lors de la semaine du Manito Ocueño juste après le 15 août. Malheureusement, les boutiques d’artisanat traditionnel sont toutes fermées et nous ne verrons rien de tout ça. Une bonne façon d’en avoir une idée est de consulter la page Instagram de l’association @conoce_ocu.
Festival de la Manito d’Ocu (2ème quinzaine d’août) exhibant chapeaux et costumes traditionnels Photos extraites du site panamaamerica.com et de la page instagram @conoce_ocu
Malheureusement rien de tel le jour de notre passage : que des marchands d’alimentation et de vêtements ordinairesBien qu’étant un jour de semaine, tous les ateliers d’artisanat étaient fermés
De mon côté, j’ai été inévitablement attiré par les turlupinades réalisables à partir du nom de la ville. En cherchant peu, j’ai trouvé une enseigne de supermarché, un site internet et une affiche électorale pour illustrer mon propos que vous retrouverez sur les légendes. Quant au nom du festival ci-dessus, sachant que « manito » se traduit par « petite main » et qu' »ocueño » est le gentilé d' »Ocu », je vous laisse la responsabilité de la traduction.
Sur cette enseigne de supermarché, mon esprit pervers a vu le « SU » d’Ocu. OK, pas terrible mais attendez la suite…Élections en cours à la mairie d’Ocu. Mais franchement, vous vous battriez pour être le ou la maire d’Ocu ???
La dernière, je vous la laisse. Manito ça veut dire « petite main ». A vous de traduire… Copie d’écran du site educapanama.edu.pa
Les plus pointilleux d’entre vous souligneront volontiers que le u se prononce ou en Espagnol et que mes jeux de mots laids ne valent rien. Alors pour ceux-là, je leur ai déniché un autre document. En Espagnol puisqu’ils savent tout. Lisez donc la légende.
Indubitablement, ce sont les accords d’Ocu ! (bien prononcer le « ou » final)
La péninsule d’Azuela
Peu visitée par les touristes en dehors du littoral, elle présente tout de même quelques attraits qui méritent le déplacement.
1. Wilfredo Pimentel Campos
C’est juste le maire d’Ocu. C’est pour voir si vous suivez et parce que Ocu fait partie de la péninsule en question.
Notez bien que la municipalité est tout à fait irréprochable financièrement et que le maire d’Ocu n’a rien à voir avec les Panama Papers…
2. Pesé
C’est là où nous avons passé la nuit, sur un terre plein au-dessus de la route principale trouvé à la tombée de la nuit après avoir fui un autre spot qui paraissait tranquille mais qui a peu à peu été envahi de gens venus faire la fête. Nous avons eu tort – mais c’était la nuit – de ne pas être allés nous présenter aux voisins, qui du coup se sont plaints qu’un véhicule bizarre s’était garé là. Nous avons eu droit à un contrôle de police à 22h, très courtois malgré tout. Nous pensions finir la nuit tranquille mais à 6h du matin, des camions citernes se sont succédé juste au-dessous de nous pour remplir leur engin avec une bonne grosse pompe bien sonore. C’est aussi ça la vie nomade… Pesé c’est enfin le site d’une célèbre distillerie de canne à sucre, qu’on ne transforme pas en rhum ici mais en « seco ». Nous sommes allés tenter notre chance mais les visites n’ont pas repris depuis la pandémie.
Ci-dessus : Roberto sur son terre-plein. Nuit tranquille entre 22h (passage de la police) et 6h (début du pompage) Ci-dessous : champs de canne à sucre au bord de la route et bouteilles du produit fini (seco)
3. Los Santos
Comme nous l’apprend le petit musée de la municipalité, cette ville de nature rebelle a été la première à autoproclamer son indépendance de la couronne espagnole le 10 novembre 1821, entraînant par contagion l’ensemble du pays en moins de 3 semaines (le coronavirus a fait moins bien) puisque le 28 du même mois tout était signé. Une copie du document est fièrement affichée dans ce musée aux côtés d’une cuisine fin XIXè reconstituée et dans un joli jardin avec vue sur l’église elle-même pleine de charme.
4. Parita
Cette ville possède la seule église du pays dont le clocher est au-dessus de la porte et non pas dans un angle pour assurer sa stabilité. Impossible de voir l’intérieur, c’était fermé et en plus la pluie commençait à tomber fort.
5. Nata
Encore une église mais pas n’importe laquelle : construite en 1522, elle serait la plus ancienne des Amériques côté Pacifique. Bâtie dans la douleur par des esclaves amérindiens qui ont intégré, peut-être pour se consoler, plein de symboles de leur propre religion dans les sculptures catholiques : nombreux motifs floraux et fruitiers, présence de serpents à plumes, etc. Quelques fresques murales dans le centre-ville aussi, mais la pluie battante nous a poussé, là aussi, à repartir assez vite.
Façade ensoleillée à notre arrivée mais le ciel ne présageait rien de bon !
Intérieur tout en bois, qui parait assez frêle comme ça mais a pourtant bien résisté au temps
Parmi les sculptures, notez l’intégration d’éléments religieux amérindiens comme le serpent à plumes, les figurines représentant des locaux et les éléments végétaux
Un rien de street art aussi
Sortis de la péninsule d’Azuela, nous remontons vers Panama City. Mais pas question de s’immerger de suite dans la fournaise de la capitale, nous prenons le chemin des écoliers et allons vers El Valle, un village entouré de montagnes situé à 600 m d’altitude. Mais ça c’est pour le prochain article !
Voici la dernière série de notre périple au Costa Rica. Des zones peu visitées du centre-est aux plages touristiques de la côte Caraïbe. Comme pour les épisodes précédents, c’est la nature qui revient en leitmotiv. Pas de problème, nous sommes loin de la saturation !
Orosi ou le tourisme discret
Il faut à la fois sortir de la route panaméricaine et s’engager dans une route secondaire en cul-de-sac pour parvenir à Orosi et sa vallée entourée de montagnes embrumées. Du coup les touristes s’y font rares. On trouve pourtant dans cette petite ville paisible de 10 000 habitants la plus ancienne église du pays, dénommée San José d’Orosi, construite en 1743 et ayant résisté à de nombreux tremblements de terre grâce à sa structure en bois et en adobe. Il en ressort un certain cachet, autant pour l’extérieur que pour l’intérieur, comme en témoignent les photos. La ville serait réputée pour ses plantations de café mais nous n’en avons curieusement vu aucune. Elle possède aussi plusieurs sources thermales, toutes privées. Nous sommes allés jeter un œil au Balneario de Aguas Termales, mais l’aménagement en piscines ordinaires ne nous a pas donné envie de nous y baigner. Les possibilités de stationnement sont réduites dans la vallée. Nous tentons le diable en nous garant pour la nuit en plein centre-ville, juste entre le stade de foot et l’église. Un samedi soir… Pas gagné d’avance !
Mural en centre-ville sur les productions locales principales : café et bananes
La vallée d’Orosi, vue du mirador, un parc gratuit aménagé pour le pique-nique et la détente
L’attraction d’Orosi : son église, la plus ancienne du pays
Intérieur en bois, sol en terre cuite, la classe ! Le lieu est très prisé pour les mariages
Orosi est aussi connue pour ses sources thermales. Mais en piscine classique avec musique, non merci !
Un jardin botanique universitaire
Le Jardin Botanique Lankester, près de Paraiso, est en effet un centre de recherches de l’Université du Costa Rica, ayant pour mission l’étude des orchidées et des plantes épiphytes dans un but de conservation de la biodiversité de la planète. Il publie d’ailleurs une revue de référence dans le domaine, appelée Lankesteriana (site en lien) et anime le réseau mondial d’informations sur les orchidées Epidendra (site en lien). Si les plantes épiphytes ont la part belle dans le jardin, elles n’occupent qu’une petite partie de ses 21 hectares. Nous allons nous émerveiller tour à tour devant les broméliacées, les zingibérales (héliconias, oiseaux de paradis, bananiers, arbres du voyageur et gingembre), les fougères arborescentes, les palmiers, les cactus, tous bien mis en valeurs et parfaitement entretenus. Le jardin japonais est loin d’être le plus beau qu’on ait vu, mais le jardinier du crû qui l’a créé est peut-être reparti au pays du soleil levant, distant d’à peine 13 300 km. On lui pardonnera.
L’entrée du jardin botanique, déjà gage de qualité
Section bien étoffée consacrée aux orchidées. Les turquoise, nous n’en avions jamais vu !
C’est aussi le paradis des broméliacées, plantes caractérisées par leur structure en rosettes
Un festival de couleurs et de délicatesse dans les détails
Des forêts de bambous encadrent le jardin japonais, un peu moins bien réussi que le reste
Question racines, on ne fait pas mieux que les pandanus ou les plantes épiphytesSection fougères arborescentes et plantes épiphytes (l’autre spécialité du site universitaire)
Bien entendu, on trouve des fleurs partout
héliconias et autres zingibérales (ci-dessus), agapanthes d’Afrique (ci-dessous)
La cité abandonnée
De l’autre côté de la vallée, la ville d’Ujarras autrefois florissante n’est plus qu’un hameau. Elle a en effet été abandonnée pour cause d’inondations dévastatrices à répétition, déplacée dans un secteur plus sûr et renommée Paraiso. La vieille église est maintenue debout tant bien que mal et un petit parc a été aménagé autour pour qu’on lui rende encore visite. Si la nature est belle au Costa Rica, il y a parfois un prix à payer.
La maison du rêveur
Au détour d’un virage près de la petite ville de Cachi apparait soudain une petite maison de bois paraissant délabrée. Mais en s’approchant de près, on remarque vite que ce n’est pas une maison ordinaire. Ses murs et ses fenêtres sont en bambou ou en bois de caféier partiellement ébranché. La façade et le côté exposé à la route sont ornés de multiples sculptures, représentant la vie rurale et des éléments religieux typiques à la culture du café. On y trouve même une représentation de la Cène de Léonard de VInci. Tout cela est l’œuvre du célèbre sculpteur costaricien Macedonio Quesada (1932-1994), relayé un temps par ses fils. Bien que Google annonce une ouverture quotidienne de 9h à 17h, les locaux sont manifestement fermés de longue date, l’atelier et l’exposition ne se visitent plus. Dommage, nous aurions bien rêvé un peu…
La Maison du Rêveur, à peine visible dans un virage
construite et agrémentée de sculptures en bois de caféier par un artiste local
Une route spectaculaire
Nous poursuivons notre exploration des régions montagneuses du pays, profitant de paysages verdoyants, entre forêts imposantes, plantations de caféiers et cultures en espalier qui épousent les reliefs irréguliers et permettent d’exploiter les sols très caillouteux. Nous traversons de petits villages aux maisons quelconques mais plutôt bien entretenues et généreusement fleuries. Question entretien, la route par contre laisse à désirer, comme souvent sur les routes secondaires. On peut passer d’un instant à l’autre d’une belle route toute neuve à un chemin de terre très orniéré, de deux larges voies à une étroite voie unique, notamment au passage des ponts. On trouve parfois de véritables marches, créées par l’effondrement du sous-sol instable ou encore des zones ondulées pour les mêmes raisons, prévenues ou pas par des panneaux explicites. Conduire ici demande beaucoup de vigilance, et nécessite d’accepter qu’à tout moment « ça ne passera pas » et qu’il faudra faire demi-tour. En contrepartie, le paysage est à la hauteur et la circulation (heureusement !) réduite.
Des routes plutôt jolies, entre plantations de café et maisons fleuries
Cultures en espalier : saurez-vous reconnaître ce qui pousse ici ? (réponse au bas du chapitre)
Les animaux censés traverser, on les espère mais on n’en voit jamais la queue. Par contre ce qu’annonce le panneau de droite, on en voit à tous les coups !
Allez, on vous emmène faire un peu de route avec nous. Imaginez-vous au volant de Roberto…
Un passage de pont un peu étroit… Il restait encore 3 ou 4 cm de chaque côté des rétroviseurs !
Là, c’est une route « normale » qui finit, comme on dit, en eau de boudin…
Bon, nous sommes passés ! Roberto prend un repos mérité au milieu des champs, entre un hangar à vaches et un cimetière. Ça a été calme des deux côtés. Notez le carrelage sur les tombes, c’est courant ici.
P.S. Réponse à la question plus haut : des christophines
Exit les Mayas, vive les Huetares !
Voilà plusieurs semaines que nous n’entendons plus parler des Mayas, et c’est normal car ils ne sont jamais parvenus jusqu’au Costa Rica. Ici, les civilisations précolombiennes s’appellent les Chorotegas ou les Huetares, et le moins que l’on puisse dire est qu’ils n’étaient pas de grands bâtisseurs. Les seuls restes visibles sont à Guayabo, et nous sommes allés les voir. Point de pyramides ici, mais de grandes structures circulaires qui servaient de base aux maisons, un beau réseau d’aqueducs et des chaussées pavées. On apprend peu de choses sur place à propos des tribus qui vivaient là de -1000 à 1400 et l’on reste un peu sur sa faim. Heureusement, la forêt tropicale qui englobe le site, luxuriante, sonore à souhait et parcourue de toucans et de morphos bleus rattrape le coup.
Roberto garé juste devant le site archéologique
La visite commence par un peu de grimpette pour avoir une vision d’ensemble. On y voit des formes arrondies reliées par des sortes d’alléesCes structures étaient le socle de maisons sans murs. On les recouvrait simplement d’un toit conique porté par une charpente, comme cela a été reconstitué pour le hall d’accueil.
De véritables chaussées pavées entrent et sortent du village. Elles reliaient sans doute les villages voisins.
On trouve aussi des aqueducs, des tombes et des pétroglyphesLe tout a pour cadre une forêt tropicale humide, généreuse et fleurie
Lacrymal circus
C’est exactement à cette chanson de Renan Luce que m’a fait penser cette visite du Sanctuaire des paresseux près de Cahuita, sur la côte caraïbe. Nous en avions un souvenir émouvant lors de notre première visite en 2009, découvrant ces paisibles mammifères pour la première fois avec nos enfants dans un lieu créé 37 ans auparavant par un couple de passionnés, avec pour but louable de soigner tous les animaux qu’on leur rapportait et d’en remettre un maximum dans la nature, au pire de les garder dans l’espace naturel protégé autour de leur établissement. La visite comportait alors un tour en canoë dans ce sanctuaire avec un guide naturaliste aussi prompt à donner des explications que doué à dénicher les paresseux perchés dans les arbres. S’en suivait un inoubliable passage à la pouponnière, où nous avions pu observer des bébés prendre leur repas, les plus jeunes au biberon et les autres en croquant des bâtonnets de légumes cuits. La visite se terminait par la rencontre avec Buttercup, la mascotte du lieu, l’un des premiers bébés sauvés par le couple fondateur, trônant dans son siège suspendu en osier quand elle n’était pas dans les bras de la patronne.
Mais ça, c’était le passé.
Ce matin de mai 2023, nous étions les seuls à visiter, ce qui pour un établissement supposé exceptionnel était déjà révélateur. Un guide à la voix monocorde nous a emmené voir une dizaine de paresseux enfermés dans des cages jusqu’à la fin de leurs jours, nous expliquant qu’étant donné leurs infirmités, ils ne survivraient pas longtemps dans la nature, même dans l’espace protégé. La visite s’est poursuivie par une autre salle avec d’autres paresseux atteints d’autres infirmités … et puis c’est tout ! Pas de bébé à voir, les rares présents étant apparemment tous en incubateur. Pas de tour en canoë (à l’antifouling peut-être ?). Pas de rencontre avec Buttercup, la mascotte ayant rendu l’âme (cette fois nous acceptons l’excuse, compatible avec la trentaine d’années que vivent en moyenne les paresseux)
Nous avons juste été vivement encouragés à laisser un don à l’association qui n’aurait pas d’autre moyen de financement. Mais franchement, nous avons manqué de motivation, tellement déçus de ne pas revivre notre première expérience. En résumé, le sanctuaire des paresseux est « has been », n’y allez pas !
Nous avons maintenant rejoint la côte Caraïbe. A nous les plages …et les 38°C à l’ombre ! Mais quand même de jolis levers de soleil
Après ce premier spot nocturne balnéaire, notre premier arrêt est pour le Sanctuaire des Paresseux
L’entrée n’a pas changé depuis notre visite en 2009…mais le déroulement de la visite, oui, hélas. Nous ne voyons que des animaux infirmes en cage. Plus de visite en canoë avec un guide, plus de passage à la pouponnière pour voir le nourrissage des bébés paresseux !Jusqu’à la mascotte du site, l’adorable Buttercup, qui a rendu l’âme et a été remplacée par une peluche !
Épilogue : Heureuse consolation de cette visite décevante : le soir même l’un de ces animaux passait sur la ligne électrique juste au-dessus de nos têtes pendant que nous étions à l’apéro avec des amis.
Fauna Rica
En écho à l’article intitulé Flora Rica de la publication précédente, voici, en vidéo s’il vous plaît, quelques exemples de la faune riche rencontrée au fil des jours.
ci-dessus : coati et agouti ; ci-dessous : bourdon et colibri
ci-dessus : autoroute de fourmis coupe-feuilles ; ci-dessous : bernard-l’ermite et grenouille dendrobate
sauterelle pourpre géante à ailes rouges (ne se voient que quand elle vole, comme sur la vidéo de droite : c’est un moyen d’effrayer les prédateurs)
Cahuita, la nature version Caraïbes
Comme beaucoup des villages côtiers le long de la Mer des Caraïbes, à l’Est du Costa Rica donc, Cahuita est peuplée en grande partie d’afro-caribéens venus de Jamaïque leur culture sous le bras. Mais de plus en plus d’étrangers s’installent ici, souvent après avoir découvert la région en tant que touristes, en raison de l’ambiance aussi tranquille en journée qu’animée le soir et bien sûr en raison des plages. Les plus belles sont dans le parc national, ce qui permet heureusement de les préserver et d’en limiter la fréquentation. Pour les découvrir, il suffit de suivre l’un des sentiers longeant le littoral. En tendant bien l’oreille et en restant attentif, on découvre encore ici, outre ces paysages de cartes postales avec la triade sable blanc/mer turquoise/cocotier qui penche, une faune et une flore abondante. Une mention spéciale pour les singes capucins peu farouches, qui viennent volontiers extraire les pique-niques des touristes de leur sac à dos à la moindre inattention, et aux bernard-l’ermite qui jouent à 1-2-3-soleil sur le sentier, s’immobilisant à l’approche de nos pas.
La Playa Blanca du Parc National de Cahuita
Singes dans les arbres et cocotiers penchés, paysage idylliqueCertes la mère montre les dents, mais c’est que tout le monde veut lui piquer son bébé trognon
C’est par ces beaux paysages de cartes postales que se termine notre périple au Costa Rica. Nous retiendrons de ce pays la richesse exceptionnelle de la nature mais – est-ce à cause d’elle ? – une indifférence générale des habitants, ce qui nous change profondément des pays précédents, Guatemala en tête. Aussi curieux que cela puisse paraître, nous sommes pressés de passer au Panama pour aller rejoindre la fraîcheur des montagnes centrales. Les côtes et les plaines, en cette fin de saison sèche, sont vraiment torrides et la chaleur nocturne (toujours pas de clim dans Roberto… ça n’est pas impossible, mais il faudrait être branché tout le temps) ne permet pas au sommeil d’être réparateur. Donc on se revoit très bientôt au Panama ?