121. Retour en Croatie

Après une grande boucle slovéno-hongroise, nous retrouvons la Croatie pas si loin de l’endroit d’où nous l’avions quittée, pour nous diriger vers Zagreb, la capitale. Et puis nous irons visiter l’une des mille îles du pays avant de terminer par le parc national des Lacs de Plitvice.

Deux billets pour Cigogne SVP

Nous suivons les méandres de la Drava, traversant forêts, zones agricoles et petits villages aux vieilles maisons en bois. Ce milieu paisible et humide (ciel compris, malheureusement pour nous) est un lieu de villégiature pour les cigognes, que les habitants accueillent bien volontiers sur le faîte de leur toit. Un village, Cigoj, leur a même donné son nom. Ce n’était pas encore la saison, mais nous avons tout de même rencontré deux beaux spécimens : l’un, factice mais géant face à Roberto, et l’autre, vivant, qui marchait dans le champ juste à côté. Impossible de savoir si c’était une arrivée précoce, une cigogne domestiquée, ou une qui a raté le train de la migration l’automne dernier.


Zagreb

Le paysage urbain peu soigné, à de rares édifices historiques près, n’est d’emblée pas très engageant. Nous préférons rejoindre directement le centre historique en tramway, d’autant que les plus anciens sont assez pittoresques. Ensuite, tout se fait à pied, le cœur de la capitale alternant grandes places et petites ruelles entrecroisées, escaliers et passages quasi secrets, niveaux multiples. Voici parmi d’autres – difficile de tout raconter – quelques-unes de nos découvertes et recommandations.


La grande place

Au cœur de la ville, une grande place est le point de rassemblement de la population, portant le nom de Josip Jélacic, vice-roi de Croatie au XIXè siècle et représenté sur une statue équestre épée brandie vers le ciel. C’est lui qui serait à l’origine du nom de la ville, faisant jaillir une source à cet endroit en y plantant son épée et en criant « Zagrab » à une petite fille présente sur place afin qu’elle y puise de l’eau (zagrab = puiser en Croate). Pour une fois un coup d’épée dans l’eau suivi d’effet !


Le marché

Ce pourrait être un marché comme les autres si ses commerçants n’utilisaient pas tous le même modèle de parasol, pour le plus grand ravissement des photographes. Enfin on imagine que ce n’était pas le but recherché… Dans un petit restaurant sans prétention, genre toile cirée à carreaux sur les tables, nous avons déjeuné d’une excellente cuisine locale. Contrairement à la côte où l’influence italienne est marquée, la cuisine zagreboise est plus proche de celle de ses voisins hongrois et autrichiens, c’est-à-dire riche et roborative. Viandes cuites en ragoûts, saucisses fumées, struklis (sortes de raviolis au fromage) et fromage blanc à la crème font partie des plats courants. Les brasseries locales sont nombreuses et privilégiées par les croates, qui apprécient de plus en plus le vin.


Les lieux de cultes insolites


Le canon à exploser les poulets

Les réverbères à gaz

Ils sont encore allumés manuellement chaque soir !

Le street-art

Zagreb recense quelques œuvres intéressantes, souvent pas faciles à trouver. Voici nos préférées.


La station météo


Le musée Nikola Tesla

Même s’il s’agit davantage d’un musée lié aux différentes découvertes technologiques, ce musée comporte tout de même une section – c’est un minimum ! – consacrée au savant d’origine croate. Peu d’indices sur sa vie, qui était très perturbée, mais un petit laboratoire reprenant plusieurs de ses découvertes liées à l’électricité, notamment dans les domaines des courants électrostatiques et du courant alternatif. Nikola Tesla présentait volontiers ses expériences à la manière d’un spectacle, et cherchait à la fois à impressionner à l’aide des éclairs bien sonores qu’il déclenchait, et à rassurer le public inquiété par les effets néfastes du courant alternatif. On le sait peu, mais Edison qui développait les applications du courant continu, a orchestré une campagne de dénigrement du courant alternatif sur lequel travaillait son ex associé Nikola Tesla et qui risquait donc de lui faire concurrence. C’est dans ce seul but qu’Edison finança la mise au point de la chaise électrique, en imposant à son inventeur qu’elle fut …à courant alternatif.


Le musée d’art naïf


Le système solaire caché

Nous nous livrons dans les rues de Zagreb à petit jeu de piste : partir à la recherche du système solaire, rien que ça ! Nous avons situé la planète Mars sur la carte de la ville, mais à l’endroit indiqué, rien d’évident. A force de regarder dans tous les coins de cette petite place nous finissons par trouver l’astre : c’était juste une petite boule métallique de moins de 4 cm de diamètre soudée à une plaque un peu en hauteur. L’histoire part d’une sculpture en bronze, une boule de 2 mètres de diamètre, réalisée en 1971 et appelée « le Soleil au sol ». 33 ans plus tard, un autre artiste a décidé d’étendre l’œuvre en formant un système solaire complet, avec respect des proportions, diamètres et distances des planètes par rapport au soleil compris. Ainsi, la Terre que nous trouverons moins difficilement plus loin fait 1,9 cm de diamètre et se trouve à 225 m du « Soleil au sol ». Paradoxalement, c’est ce dernier que nous avons eu le plus de mal à dénicher, enveloppé dans un sarcophage de bois au milieu d’un chantier. Le plus intéressant est que l’artiste a travaillé en toute discrétion, sans faire aucune publicité sur son œuvre. C’est un groupe d’étudiants en physique qui a repéré les premières planètes et traqué ensuite toutes les autres. Un jeu de piste encore plus passionnant que le nôtre sans aucun doute.


Le musée des relations brisées

Un couple d’artistes zagrebois fut marqué, au moment de sa séparation, de la difficulté à se séparer de certains objets, souvenirs de leur amour. Recueillant au fil des années d’autres pièces provenant de situations similaires, les « ex » finirent par ouvrir ce musée totalement hors norme. Munis d’un livret en Français, nous découvrons une à une les histoires d’objets aussi hétéroclites qu’une machine à café, une cassette vidéo écrasée ou encore une croûte de sang séché. Une expérience vraiment étonnante.


et pour finir en beauté sur Zagreb…


Le musée de la guerre intérieure à Karlovac

Nous entrons ici pour la première fois dans l’ambiance du conflit qui a secoué la région des Balkans depuis la fin de la 2ème Guerre Mondiale jusqu’au milieu des années 1990. Rappelons que les pays « Slaves du Sud » ont fondé à la fin de la guerre la Yougoslavie pour se protéger des empires environnants et préserver la paix malgré les différences ethniques. Ça a bien marché pendant le règne de Tito, le « dictateur bienveillant », mais à sa mort en 1980, tout le monde s’est déchiré, pour des raisons non seulement ethniques, mais aussi politiques et économiques. Ce sont d’ailleurs les deux pays les plus riches, la Croatie et la Slovénie, qui furent les premiers à déclarer leur indépendance le 25 juin 1991. La suite, vous le savez, se fit dans un bain de sang. C’est le récit de cette histoire vécue du côté Croate que nous propose ce musée, installé dans l’ancien lieu de détente des forces militaires de la ville de Karlovac, appelé aussi Hôtel California. Quelques engins d’artillerie et avions complètent l’exposition sur le terrain adjacent.


C’est le printemps à Rab

Après quelques semaines dans les terres, il nous prend l’envie de gagner le littoral croate. D’une longueur exceptionnelle par rapport à la taille du pays, il est aussi très rocheux et escarpé. On le longe en suivant de jolies routes en corniche qui permettent d’apprécier la belle couleur turquoise de l’eau par temps ensoleillé. Les plages sont plus souvent de galets que de sable, mais ça n’est pas si important.

Nous prenons le ferry pour nous rendre sur l’île de Rab, l’une des 1000 que compte le pays, excusez du peu. Le sol très aride au débarcadère fait place peu à peu à une belle forêt dense riche en sentiers de randonnée.
Malgré le temps encore frais, on sent bien que la végétation se réveille de son hivernage : côté cailloux émergent les bouquets jaunes des euphorbes, tandis que la forêt souffle des nuages de pollens. Le printemps est bien là !

Nous restons pour autant en basse saison et la ville principale, Rab, est quasi déserte. Nous y rencontrons un couple franco-croate vivant dans une maison dont ils ont hérité. Invités chez eux pour un café, rapidement accompagné de spécialités locales, nous passons un bon moment à échanger sur nos vies respectives. Hormis l’infernal mois d’août, ils semblent avoir trouvé ici une belle qualité de vie le restant de l’année.


Les lacs de Plitvice

Nous terminons notre 2ème étape croate par ce site naturel exceptionnel, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. 16 lacs étagés le long d’une vallée, reliés entre eux par autant de cascades. On découvre l’ensemble sur un parcours d’environ 8 km, avec une partie pédestre suivant des sentiers ou plus souvent des petites passerelles en bois bien intégrées au décor, et le reste en bateau électrique ou en petit train sur roues. La variété des couleurs des lacs, de la forme des cascades et de la végétation nous a vraiment impressionnés, tout comme l’inattendue quiétude du lieu malgré sa popularité. Certes quelques groupes de touristes encombrent les petits chemins au démarrage, mais ils ne vont en général pas bien loin, s’épuisant rapidement en se prenant en photo dans toutes les positions possibles.


Nous reviendrons plus tard en Croatie, mais c’est maintenant le moment de passer en Bosnie-Herzégovine. Une frontière pas si simple que les précédentes car nous quittons l’Union Européenne. A très bientôt !