135. Istanbul

Notre grand tour de la Turquie touche à sa fin. Nous avons gardé la plus grande ville pour la fin essentiellement dans l’intention de partager la visite avec notre amie Françoise venue nous rejoindre depuis la métropole. Allons-nous retrouver dans la ville la plus occidentalisée du pays la Turquie que nous avons connue jusqu’ici ? Vous n’allez pas tarder à le savoir… La carte de ce parcours sera très simple puisque le dernier jour nous rejoindrons directement la frontière turco-bulgare.

Carte Istanbul - frontière turco-bulgare
Carte du dernier parcours en Turquie, en version zoomable ici

En route vers Roberto

Après avoir fait le plein d’amour et d’amitié lors de ce séjour hexagonal de 5 semaines, nous reprenons la direction de la Turquie à bord d’un avion de la Turkish Airlines, compagnie tout à fait recommandable. Ponctualité, bon service à bord, repas copieux pour un vol de 3h et 2244 km, couverts en métal et bouteille de vin en verre, vraiment rien à redire.

Un taxi nous fait traverser tout Istanbul dans une circulation très dense (la ville a été qualifiée comme la plus embouteillée du monde en 2021…) ce qui nous donne le temps d’apprécier le paysage, surtout à l’approche du quartier historique où les multiples mosquées se parent des belles couleurs de l’éclairage nocturne. Mieux vaut regarder à l’extérieur d’ailleurs plutôt que le chauffeur qui passe beaucoup de temps sur son téléphone portable tout en roulant. Malgré la précision de la géolocalisation, il n’arrive pas à trouver l’adresse de notre Airbnb et c’est notre hôte qui, prévenu de la situation, viendra à notre rescousse.

Oui, nous sommes en Airbnb pour une semaine, car notre amie Françoise vient nous rejoindre pour la visite d’Istanbul. C’est avec grand plaisir que nous partagerons avec elle nos découvertes.


La récupération de Roberto

Dès le lendemain de notre arrivée, nous partons récupérer Roberto à la douane. Nous pensions que l’affaire serait plus simple que pour la dépose (voir l’article précédent), mais ça a pris au contraire davantage de temps. Non seulement il a fallu reconstituer tout le dossier, avec les photocopies, les coups de tampons dans les différents bureaux des fonctionnaires qui sirotaient leur thé et grignotaient leur baklava. Et puis quelques compléments inédits où j’ai été mis à contribution : alors que j’étais au bureau 12, on m’a demandé d’aller dire au chef du bureau 1 un truc comme « Araaaatchiquitchi » en roulant bien le « r ». Étonnamment, ça a eu l’air de marcher puisque l’homme du bureau 1 a acquiescé, tout en esquissant un sourire. A se demander s’ils ne se sont pas fichus de moi, du genre demander à un Turc à l’ambassade de France d’aller dire au gardien « Pouet pouet camembert ». Un peu plus tard, on m’a demandé d’emmener la liasse de papiers à Monsieur (nom imprononçable) du bureau du fond. Je dois avoir un bon sens du mimétisme oral car ça a marché aussi. Quand enfin, après 75mn de formalités, on nous a remis les clefs de Roberto, j’ai cru que c’était fini. Mais non, impossible de sortir Roberto du parking, une grosse Mercedes garée devant lui bloque le passage. A ma grande stupéfaction, l’agent de sécurité du parking me demande de photographier le numéro de dossier figurant sur le pare-brise de la Mercedes, puis d’aller récupérer moi-même sa clef au « bureau du fond ». Opération faite en deux temps car la feuille portant le fameux numéro avait glissé à moitié sous le tableau de bord et le numéro ne correspondait pas initialement. A mon encore plus grande stupéfaction, on me demande de déplacer moi-même la Mercédès !!! Je n’aurais pas trop aimé que n’importe qui en fasse de même avec Roberto ! Finalement, c’est un employé qui s’y colle et je sors enfin du parking de la douane au volant de notre compagnon à 4 roues. Ouf !


La visite d’Istanbul

Pendant 4 jours, nous allons arpenter avec Françoise les rues de la ville, parcourant 10 à 15 km par jour tout en empruntant régulièrement les transports en commun, des minibus au métro en passant par les bus classiques et les ferries. Une carte rechargeable unique valable sur presque tous les transports urbains, bateaux compris, facilite bien la tâche. Car oui, la ville est très étendue. Même si les principales attractions sont dans le quartier historique où nous logeons, de nombreux points d’intérêts se trouvent dans d’autres quartiers, voire dans un autre continent… En effet, Istanbul s’est développée de part et d’autre du Bosphore, ce bras de mer qui sépare l’Europe de l’Asie. Prendre un ferry pour passer d’un continent à l’autre en une dizaine de minutes est une expérience intéressante, tout en permettant d’observer le ballet incessant des navires de toutes tailles qui se croisent sur la frontière.

La ville elle-même est assez différente de celles que nous avions pu visiter en Turquie jusqu’ici. Par son animation et sa circulation dense, par le nombre important de ses points d’intérêt, par la modernité de certains quartiers. Mais l’esprit de la Turquie est bien là, comme le remarque davantage que nous notre amie Françoise qui vient ici pour la première fois : l’islam est très présent avec les multiples mosquées, les appels à la prière qui se répondent en écho 5 fois par jour, une partie des femmes voilées, le croissant sur les drapeaux rouges qui flottent partout. Côté boutiques, difficile de ne pas passer à côté d’un kebab, d’un vendeur de simit (sortes de bretzels en forme de donut…), d’une pâtisserie orientale, d’un restaurant aux coussins colorés, d’une vitrine de bijoutier débordante de colliers ou bracelets en or très jaune, d’un presseur de jus d’orange ou de grenade, d’un marchand de tapis ou de souvenirs parmi lesquels le bon œil turc bleu et blanc, celui qui protège contre le mauvais, est rarement absent.

Istanbul étant la seule ville de l’Europe est-orientale à être « envahie » par les petits motifs céramiques de l’artiste Invader (dont j’ai déjà parlé dans le blog), et Françoise en étant une passionnée – c’est elle qui nous en a parlé la première fois – nous décidons de faire de cette recherche notre fil rouge pour visiter une partie de la ville. Munis de la carte qui localise avec une précision toute relative les œuvres, nous empruntons des rues moins connues des touristes et faisons des découvertes intéressantes. Onze petits « Invaders » correctement localisés déclencheront le jingle caractéristique et le bonus de points sur les téléphones de Claudie et Françoise.

Les quelques carrousels de photos glissés entre les paragraphes vous permettront d’avoir une petite idée de la variété de nos découvertes et peut-être de glaner quelques informations ça et là en vue d’un prochain séjour.


Clap de fin

Tandis que Françoise reprend son avion pour la France, nous rejoignons rapidement la frontière turco-bulgare. Nous avons en effet dépassé de 2 jours la période de 90 jours autorisée pour Roberto, ce qui entraîne généralement l’octroi d’une amende. Celle-ci devrait rester raisonnable pour ce modeste dépassement, mais à plus d’un mois, on peut vous réclamer 20 à 25% de la valeur de votre véhicule ! C’est aussi généralement à la douane de sortie du pays que l’on vous fait payer les éventuelles contraventions pour excès de vitesse ou stationnement irrégulier. C’est donc un rien inquiets que nous nous présentons à la douane, mais au final, bonne surprise, rien ne nous sera demandé. Peut-être que le séjour en « fourrière » aura été décompté de la période de validité ? Peut-être que les multiples caméras contrôlant la vitesse moyenne sur des dizaines de kilomètres sont plus tolérantes que je ne le pensais ?

Quoi qu’il en soit, nous quittons blancs comme neige la Turquie, ce beau pays qui nous aura conquis par bien des aspects, notamment par l’accueil chaleureux de ses habitants, la diversité et l’exotisme de ses paysages, la facilité de garer Roberto un peu partout.

A bientôt en Bulgarie !

134. Izmir-Istanbul

Notre parcours turc se termine par le Nord-Ouest, où nous allons refranchir la frontière Asie-Europe en traversant le Bosphore. Nous avons gardé la visite d’Istanbul pour la fin, à la fois pour se synchroniser avec l’arrivée de notre amie Françoise qui partagera nos découvertes, mais aussi pour faire un sas de décompression, la ville étant réputée comme la plus européenne des villes de Turquie. Mais n’allons pas trop vite, il nous reste un peu de chemin à parcourir et aussi une petite escapade en France avant d’aller explorer la vie stambouliote.

Parcours Izmir-Istanbul
Notre parcours d’Izmir à Istanbul, en version zoomable ici

Izmir ou le début de l’automne

Voilà plusieurs semaines voire plusieurs mois que nous bénéficiions d’un soleil continu, jugé parfois trop généreux même, et le temps grisâtre du jour nous rappelle que les meilleures choses ont une fin, que l’automne se rapproche. Ce qui va d’autant plus s’accélérer que nous avons repris une route globalement nord-ouest pour revenir vers la France en début d’année prochaine. Alors les photos s’en ressentent, le contraste chute, la Mer Méditerranée pourrait être rebaptisée la Mer Noire.

Izmir n’a rien d’exceptionnel, ou alors c’est nous qui commençons à saturer de la Turquie. Le bazar nous semble assez banal, l’architecture aussi. La ville aurait été reconstruite après un gros incendie sur les plans de 2 architectes français, les frères Danger (j’ai d’ailleurs failli intituler ce chapitre « La ville de tous les Danger ») mais la patte francophone n’est pas flagrante. Après une grosse demi-journée sur place, nous filons vers la cité phocéenne turque, Foça.


Foça

Les phoques qui ont donné leur nom à la ville (autrefois Phocée) sont en voie d’extinction, seule l’histoire de cette ville fondée par des Grecs entre le Xe et le VIIIe siècle av. J.-C. persiste. Ce peuple possesseur d’un tout petit territoire a fondé des colonies dans toute la Méditerranée orientale, cherchant à exploiter des richesses naturelles ou stratégiques. C’est ainsi qu’ils ont fondé Marseille en 600 av. J.-C. Le vieux port de Foça a  moins de charme que son homologue marseillais, mais la jolie baie et le retour du soleil nous en ont donné une impression agréable. 


La presqu’île d’Erdek

Totalement oubliée de notre guide et presque autant des touristes, la presqu’île d’Erdek située au sud de la Mer de Marmara est pourtant un petit joyau. Couverte d’une forêt manifestement recomposée après un incendie (espèces variées alternées régulièrement), elle se parcourt en empruntant une route côtière qui en épouse tous ses contours, découvrant au détour d’un virage de larges baies habitées comme d’intimes petites plages sauvages. C’est sur l’une d’elle que nous passerons la nuit. Et c’est purement par faute de temps que nous n’avons pas pu prolonger l’expérience. En effet, nous avons un avion à prendre à Istanbul dans quelques jours.


Question de culture


Première autoroute

La circulation dans la banlieue d’Istanbul est réputée difficile et c’est peut-être le seul endroit de Turquie où les autoroutes – qui ne sont pas dans nos habitudes, notre GPS étant même réglé pour les éviter – sont particulièrement conseillée. Seulement voilà, on lit partout qu’à de rares exceptions près, aucun poste de péage n’accepte autre chose que le télépéage, et qu’il faut donc se munir d’une carte magnétique rechargeable qui sera débitée à chaque passage. La carte s’achète, ne riez pas, dans les bureaux de poste. Nous tentons notre chance à Bandirma, juste après notre presqu’île de rêve. Nous avons beaucoup de mal à nous faire comprendre de l’employé qui ne parle pas plus Anglais que nous Turc. Heureusement, un jeune guinéen a reconnu notre accent et s’est proposé de nous aider. Nous obtiendrons finalement la précieuse carte, chargée d’environ 20€ (on nous a dit que c’était suffisant pour les 250 km qui nous séparent d’Istanbul) et partons de suite la tester.

Au premier poste de péage, le feu passe au vert : parfait. Au suivant, même succès, l’écran affiche en outre le montant débité (environ 5 €). Nous imaginons que le poste précédent n’était que l’enregistrement du point d’entrée. Nous continuons. Mais au péage suivant, juste avant un grand pont, le feu reste au rouge et la barrière baissée. Nous sommes sur l’une des files les plus à gauche de ce péage qui comporte une dizaine de postes. Ça klaxonne derrière nous. Un employé nous fait comprendre que nous n’avons pas assez sur notre carte, et qu’il nous faut reculer et passer par le poste 1, le plus à droite. Vous imaginez la manœuvre, reculant puis traversant la quasi-totalité des files de voitures se précipitant sur nous, peu fair-play comme la majorité des Turcs d’ailleurs. Nous apprenons que le prix de passage du pont, environ 34 €, est effectivement bien supérieur au solde de notre carte, mais que nous pouvons payer cette somme en espèces comme en carte. Ce qui va nous donner l’occasion de découvrir que dans tous les péages suivants, la file de droite donne cette possibilité. « On » nous a raconté n’importe quoi, comme d’habitude.


À l’approche d’Istanbul

Nous trouvons un bivouac pour la nuit dans un endroit tranquille et nature, à quelques dizaines de kilomètres de l’aéroport Havalimani, l’un des trois d’Istanbul, situé au nord de la ville. Un peu de repos nous fera du bien, car demain, c’est journée administrative : il va nous falloir trouver un parking pour laisser Roberto pendant nos 5 semaines françaises et faire ce qu’il faut pour être en règle avec l’administration douanière. Et ça ne va pas se passer du tout comme prévu !


Interdiction d’abandonner son véhicule de compagnie

(ou le dernier roman de l’été)

Ce n’est pas la première fois que nous nous interrompons temporairement notre voyage pour faire un petit saut familial en France. A chaque fois nous avons pu trouver sans difficulté un lieu sécurisé pour laisser Roberto pendant ce laps de temps. Mais pour Istanbul, ça s’avère un peu plus compliqué. Les quelques parkings que nous avons trouvés ne répondent pas à nos mails. Claudie lance alors un appel sur un groupe Facebook de francophones en Turquie et recueille des avis très contradictoires. Mais parmi ceux-ci, plusieurs nous mettent en garde sur le risque d’amende importante (25% de la valeur vénale !) si l’on quitte le pays sans son véhicule en négligeant la déclaration aux douanes. On nous parle même de devoir laisser Roberto directement à la douane, dans une sorte de fourrière. Mais qui croire ?

De passage à Antalya, nous nous arrêtons à la douane de l’aéroport pour leur poser la question. Pas de problème, nous disent-ils, faites la déclaration aux douaniers le jour de votre départ. Même à 6h du matin ?, nous inquiétons-nous. Oui, pas de problème, le service fonctionne jour et nuit, assurent-t-ils.

Sur la route de l’aéroport nord d’Istanbul, celui prévu pour notre départ dans un peu plus de 48 heures, nous nous arrêtons à l’un des parkings longue durée que nous avions repérés. Aucun problème, ils peuvent nous prendre pour environ 2 € par jour. C’est déjà ça. Reste à confirmer que les douanes acceptent.

Nous poursuivons jusqu’à la douane de l’aéroport. Nous expliquons notre situation à grands renforts de Google Traduction (l’Anglais des douaniers est très limité, mais c’est tout sauf un reproche), et ils nous renvoient à la douane de l’aéroport Atatürk, tout au sud d’Istanbul, à 56 km de là… Ok…

Une heure et un déjeuner plus tard, nous entrons dans notre 3ème douane depuis Antalya. Après que nous ayons de nouveau expliqué notre situation, on nous confirme qu’il faut bien laisser notre véhicule chez eux et qu’il faut remplir une attestation sur l’honneur certifiant, entre autres, que personne ne conduira Roberto en notre absence. Nous demandons un modèle, on nous envoie vers le service de photocopies …qui nous photocopie effectivement l’imprimé à remplir. Évidemment, tout est en Turc, mais avec l’application de Google nous nous en sortons à peu près. Nous revoyons l’employé des photocopies car il faut joindre des copies du passeport, de la carte grise et de l’assurance de Roberto. Nous lui demandons au passage de vérifier notre attestation. Il nous corrige une date et nous indique dans un anglais approximatif que nous devons faire tamponner tout ça au bureau 15, puis au bureau 12, puis au bureau 14 avant de revenir lui faire photocopier les documents une fois tamponnés.

Un peu plus d’une heure plus tard, nos documents sont validés, on nous envoie vers un dernier bureau, sans numéro celui-là. L’ambiance est joyeuse. Les employés se taquinent pour savoir à qui incomberait de traiter notre dossier. L’un d’eux nous prend finalement en charge, tape deux ou trois trucs sur son ordi. Et nous demande les clefs de Roberto. Claudie et moi nous regardons interloqués. Nous sortons vite le traducteur pour expliquer que nous voulions juste faire les papiers, mais que nous ne déposerons notre véhicule que le surlendemain, juste avant de prendre notre avion. L’employé nous ramène alors au premier bureau qui nous avait renseigné. L’homme prend la liasse avec tous les tampons dûment récoltés, écrit une petite phrase en bas et me demande de signer… Le traducteur confirme hélas nos craintes : il nous faut annuler la procédure, elle ne peut se faire que le jour du dépôt effectif du véhicule. Je n’ai pas d’autre choix que de signer, faute d’être à la rue pendant 2 jours, la précieuse liasse qui disparaît à tout jamais de notre vue.

Et donc deux jours après, nous revoilà dans cette fameuse douane. Cette fois nous filons directement au service de photocopie, enchaînant les bureaux 15 et 12, puis directement à celui sans numéro, sans passer par le 14, ça s’améliore on dirait. En 15 mn, nous avons fait le même parcours que l’avant-veille en une heure. Nous sommes presque heureux de donner la clef de Roberto quand on nous la demande, pensant être tout près de la fin. Mais non, l’employé nous rend la clef après y avoir collé une petite étiquette avec un numéro et nous tend une feuille de papier. Il nous mime qu’il nous faut apposer la feuille derrière le pare-brise et conduire notre véhicule à l’intérieur de l’enceinte de la douane. Nous nous exécutons, j’abandonne Claudie près du portail avec les bagages et je poursuis seul les démarches. Je conduis Roberto dans une zone clôturée où il est le dernier à entrer. Chaque véhicule qui voudra sortir nécessitera que le nôtre soit déplacé. Un état des lieux est rempli, comme pour une location et puis j’abandonne avec sa clef notre compagnon à 4 roues, batterie cellule débranchée, frigo vidé et tous bien précieux soit pris avec nous soit laissés au coffre.

Mais ça n’est pas encore fini. La liasse s’est enrichie de l’état des lieux, et il faut donc tout refaire tamponner aux bureaux 14 et 8, tout faire rephotocopier, tout faire valider au bureau sans numéro qui nous renvoie vers le bureau 12. Là, on me tend comme seule preuve de mon dépôt la 3ème copie toute pâle et toute mince de l’état des lieux, me disant que c’est ça qu’il faudra que je présente lors de la récupération de mon véhicule. Pris dans le vertige des numéros, je demande à quel bureau il faudra que je m’adresse. Et là, je n’oublierai pas le sourire ironique et la réponse qui tue de l’employé, balayant d’un bras tout le couloir : « A n’importe quel numéro ! »


Mariage à la turque

Nous avons passé notre dernière nuit avant de déposer Roberto sur le parking d’une salle de mariage. Ces établissements sont en grand nombre dans les périphéries des villes, laissant augurer soit une fréquence particulièrement élevée du mariage en Turquie, soit des cérémonies d’envergure systématiques à cette occasion. Renseignement pris, les deux hypothèses sont valables et se rejoignent. 2/3 des Turcs de plus de 15 ans sont mariés – c’est le chiffre le plus élevé de l’OCDE – contre 47,5% des Français par exemple. Ce qui correspond à environ 9 mariages par an pour 1000 habitants.

La première étape d’un mariage turc est la demande en mariage, faite au père de la jeune fille soit par le prétendant, soit par la personne la plus âgée de sa famille. En cas d’acceptation, la future épouse va servir un bon café à ses invités, mais une version surprise, plus ou moins salée ou poivrée à son futur conjoint. S’il le boit sans sourciller, témoignant ainsi de son total dévouement, s’en suivront des fiançailles avec échanges d’anneaux, signature d’un accord financier et bien sûr festivités.

Le mariage lui-même, financé par les 2 familles, va durer 3 jours (contre 40 jours autrefois, la crise économique est passée par là…), précédés par la cérémonie du henné déposé avec une pièce de monnaie porte-bonheur au creux des mains de la future mariée vêtue d’une robe rouge. Malgré l’importance des traditions en Turquie, le mariage religieux reste facultatif.


La révolution de l’écriture

Lors de notre parcours grec, nous avons eu beaucoup de mal à déchiffrer les menus ou les panneaux routiers en raison des caractères non latins. Nous nous attendions à pire en arrivant en Turquie, mais ça a été exactement l’inverse. En 1928, sous l’impulsion réformatrice d’Atatürk, le pays a troqué en quelques mois seulement ses caractères arabes pour des caractères latins. Imaginez un instant la situation inverse, voir disparaître du jour au lendemain tous les caractères latins de notre langue française transcrits phonétiquement en caractères arabes, devoir les  lire de droite à gauche, et vous comprendrez la difficulté engendrée pour les Turcs. Le caractère autoritaire de la réforme n’a pas permis beaucoup de protestations, mais beaucoup considèrent aujourd’hui que cela a permis une véritable ouverture à l’extérieur pour le pays et Atatürk est encore très vénéré aujourd’hui, bien davantage que le président actuel.


Cuisine turque pour affamés


Blagounette à deu Troie balles

Réparons ici un petit oubli lors du récit de notre visite de la cité antique de Troie, qui est bien en Turquie alors que son histoire a été écrite par le Grec Homère dans l’Iliade. On y trouve notamment le héros Achille, tué d’une flèche dans le talon par Pâris et Apollon, tout cela décrit par la plume d’Homère. 2 ou 3 photos prises dans la boutique ou le musée m’ont inspiré cette petite blagounette à deu euh Troie balles.


Le père des Turcs

Mustafa Kemal est entré de bonne heure dans l’armée Ottomane après ses études en école militaire. Il s’est illustré dans plusieurs conflits au cours de la première guerre mondiale. Après l’armistice et la dislocation de l’empire ottoman, il a senti que son pays ne tenait plus à grand-chose et a tout fait pour le rendre indépendant et moderne. Il en a été le premier président et a œuvré pendant ses 15 ans de règne pour que le pays s’occidentalise socialement, culturellement, économiquement et politiquement. Considérant les religions comme un frein, et notamment l’islam largement majoritaire, il a laïcisé la Turquie, interdisant toute pratique religieuse, fermant les lieux de culte et permettant aux femmes de ne plus se voiler et de porter des vêtements occidentaux. Il a même donné le droit de vote à celles-ci 14 ans avant la France. Sa réforme la plus significative a été le remplacement de l’écriture arabe par des caractères latins. Dans le même esprit, Mustafa Kemal a imposé les patronymes, qui avaient disparu au temps de la période ottomane, montrant l’exemple en se faisant appeler Atatürk, ce qui signifie père de la nation. On n’est jamais si bien servi que par soi-même. Si toutes ces réformes ont transformé positivement la Turquie, en faisant un état à part parmi ses voisins, et en lui donnant une possible porte d’entrée dans l’Union Européenne, l’aspect dictatorial du gouvernement est moins reluisant, et la chasse des populations de religion différente l’est encore moins. Mais à voir les portraits de l’ancien président partout dans les rues, la reconnaissance des Turcs parait définitivement acquise.


Quelque part en Turquie

Sont regroupées ici toutes ces petites choses photographiées ça et là, ne méritant pas un paragraphe à elles-seules mais néanmoins représentatives de la vie locale. Une occasion aussi d’occuper le terrain pendant notre parenthèse française.















En route vers Roberto

Voilà, le temps de ces petits sujets, nous avons passé quelques semaines en France et fait le plein d’amour et d’amitié. Nous retrouvons le chemin de l’aéroport et bientôt celui de la Turquie. Avec bien sûr les retrouvailles avec Roberto.


A bientôt d’Istanbul !

106. La fin des haricots

Eh oui, notre périple Nord et Centro-Américain se termine. Nous avions certes décidé initialement de franchir le Darien Gap par voie maritime, la seule possible pour un véhicule, pour poursuivre notre périple en Amérique du Sud. Et puis plusieurs éléments nous ont fait changer d’avis. En premier, les caprices de l’électronique et des systèmes antipollution de Roberto, qui risquent de s’accentuer avec les hautes altitudes de la cordillère des Andes et la piètre qualité du diesel dans certains pays. En second vient le facteur temps, dans plusieurs sens du terme : comme nous avons un peu traîné, nous risquons d’être à la fois en plein dans la saison des pluies en Colombie ou au Pérou et un peu justes pour arriver vers Ushuaia entre décembre et février, la période la plus propice. En dernier vient, avouons-le, le côté un peu répétitif de la culture latino-américaine, qui fait que les changements ne sont pas énormes d’un pays à l’autre même si tous gardent leur particularité. Et quand on dit culture, cela inclut l’alimentation. Nous sommes lassés de ne trouver dans la majorité des restaurants que des viandes frites accompagnées de riz et de haricots rouges.

La fin des haricots ?

Après plus de 50 000 km parcourus sur ce demi-continent, nous allons repasser par l’Europe. Pas « rentrer » comme certains nous disent, car se sera juste dans la continuité de notre tour du monde. Un « petit » périple en Europe du Sud avant de repartir loin, peut-être vers l’Australie et la Nouvelle Zélande. L’Amérique du Sud, ce sera pour plus tard. Et financièrement, ce n’est pas aussi pénalisant qu’il n’y parait, le shipping entre le Panama est très cher, presque le double que pour aller en Europe alors que le trajet est douze fois plus court. Mais pour l’instant, profitons du Panama, il nous reste une quinzaine de jours avant de quitter le pays.

El Valle de Antón

C’est dans ce cratère volcanique, le deuxième plus grand au monde après celui de Yellowstone, situé à 600 m d’altitude, que viennent se reposer les « capitaleños », nom donné aux habitants de la capitale située à seulement 2 heures de route. Ils viennent y chercher un peu de fraîcheur (tout est relatif) et y pratiquer des activités en extérieur. Nous avons donc suivi leur exemple, nous nous sommes mis au vert quelques jours avant de gagner Panama City.

El Valle de Anton depuis la India Dormida
El Valle de Antón. Tiens, ça m’en rappelle une autre, réservée aux cinéphiles avertis : M. et Mme Mavallée ont 2 filles… Comment se prénomment-elles ? (réponse en légende des photos suivantes)

◊ Le centre-ville

C’est une longue rue principale bordée de boutiques, de restaurants, de petits hôtels, de supérettes, d’un marché permanent et même de voitures-boutiques sur le capot desquelles on vend directement la marchandise. Tout y est à échelle humaine, les bâtiments ne dépassent pas un étage et sont relativement dispersés, laissant une part honnête à la nature. Des routes secondaires s’en éloignent, desservant les habitations plus ou moins riches puis les sentiers de randonnées. La ville recense plusieurs centaines de retraités de nationalités multiples, attirés là par le climat printanier permanent.

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Sur les allées latérales, des demeures de toutes sortes, simples aux couleurs locales ou plus huppées, mais toujours dans un environnement plus que verdoyant
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Les « voisins vigilants », ça marche ici aussi. Gare au lion qui veille !

◊ Le sanctuaire des grenouilles dorées

Cette petite grenouille de 3 à 5 cm de long ne vit qu’ici, à El Valle, où l’on sauvegarde les derniers représentants de l’espèce menacée d’extinction (elle a été filmée pour la dernière fois à l’état sauvage en 2007). Elle est principalement victime, comme d’autres batraciens, d’un champignon mortel pour cette espèce, mais aussi d’un autre parasite appelé « Homme » qui détruit et pollue son habitat. Pour la petite histoire, le centre qui les recueille est situé juste à côté d’un hôtel. Les travaux ayant pris du retard, deux chambres de l’hôtel (Campestre) ont été réquisitionnées pour héberger 300 grenouilles, avec service d’étage à la clef, jusqu’à la mise en route définitive du centre. Le gouvernement panaméen a décidé d’en faire un symbole national, en votant que le 14 août serait la journée nationale de la grenouille dorée. Sera-ce suffisant pour sauver l’espèce ?

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La grenouille dorée panaméenne, hôte VIP de l’Hôtel Campestre

Le centre ne se visite pas, à l’exception d’un petit bureau d’accueil qui possède quelques vivariums, présentés par des naturalistes qui n’hésitent pas à mettre la main euh à la patte pour nous montrer quelques spécimens intéressants. Comme par exemple cette grenouille transparente dont on voyait battre le cœur dans la poitrine.


◊ Les arbres carrés

Ces arbres sont aussi une espèce endémique d’El Valle, on ne les voit nulle part ailleurs dans le monde. Et d’ailleurs ceux qui ont tenté de les faire pousser ailleurs n’ont pu que constater un tronc circulaire. L’arbre appelé Quararibea asterolepis semble pourtant assez commun du Brésil au Costa Rica, mais il ne pousse carré qu’ici. Un vrai mystère ! Pour les découvrir, il faut emprunter un petit chemin près de l’Hôtel Campestre, celui qui a hébergé les grenouilles dorées, et marcher une petite demi-heure dans une forêt, en traversant de petites passerelles au-dessus d’un torrent. Après, difficile de les rater, ils sont munis soit d’un ruban, soit d’une pancarte. Carrément.

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C’est parti pour une randonnée à la rencontre des arbres carrés, avec notre guide improvisé. « Il aime se balader avec les gens » nous a dit le gardien à l’accueil !
Sentier agréable dans la forêt le long d’un torrent, avec quelques passerelles pas trop rouillées.
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De jolis bancs bleu délavé permettent de se reposer. Le chien préfère la méthode Rika Zarai pour se rafraîchir !
Nous arrivons dans une clairière avec des arbres à la base plutôt triangulaire…
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Et puis les voilà enfin ! Clairement identifiés au cas où l’on aurait des doutes

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Petite pause bien méritée au retour sous l’oeil vigilant de notre ange-gardien

◊ La Piedra Pintada

C’est un gros caillou accessible avec un bracelet rose qui témoigne que vous avez bien acquitté le droit d’entrée. 3 dollars qui vous donnent droit à acheter des souvenirs aux stands du couloir d’entrée, à déraper sur la boue qui traîne sur le chemin, à barboter sous l’une des cascades qui le jalonnent, à vous faire éclabousser par les autres et enfin à décrypter les pétroglyphes qui ornent l’une de ses faces, régulièrement soulignés de craie par les locaux, faute de quoi ils seraient moins apparents et risqueraient de déclencher un réflexe de demande de remboursement. On n’est apparemment sûr de rien pour ces dessins gravés. Ni de leur ancienneté (sauf pour l’inscription « Bob was here 2004 » qui n’a pas besoin d’être datée au carbone 14*) ni de leur signification. Certains parlent d’une représentation cartographique régionale du conflit entre les autochtones et les espagnols, mais s’il ne fait aucun doute que le conflit a bien eu lieu, comme partout ailleurs en Amérique, rien ne prouve qu’il ne s’agit pas du dessin d’un gamin du coin ayant représenté la tête de sa petite sœur atteinte de la variole.   


◊ La India Dormida

Ayant eu pendant 25 ans, lorsque nous habitions à St Gervais, l’Indien Endormi de la chaîne des Aravis sous nos yeux, nous n’avons pas été plus surpris que ça de trouver une compatriote allongée sur le bord du cratère d’El Valle. Une amérindienne fille de chef tombée amoureuse d’un conquistador. Le prétendant n’a pas supporté et s’est donné la mort. L’indienne bannie par son peuple est allée se réfugier dans la montagne, s’y est allongée pour toujours, imposant sa silhouette en permanence aux habitants du village et offrant son corps à parcourir à tous les randonneurs de passage. Une belle revanche finalement. Et un joli spectacle panoramique au sommet pour ceux qui se donnent la peine de réaliser l’ascension. De plus, ça ravira mon fils, passionné d’histoire de la guerre, de savoir que je suis monté au front.

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La voyez vous cette belle indienne endormie avec sa chevelure verte ondulante ?
L’ascension se fait par le bras gauche (il parait qu’elle n’a pas de bras droit, mais chut !)
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Le front est un peu plus dégarni mais offre une vue plongeante et panoramique de toute beauté
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◊ Une histoire à dormir de boue

Quoi de mieux après une longue randonnée en pleine chaleur qu’un bon bain chaud ? Et comme nous sommes ici dans le cratère d’un volcan, devinez quoi, on trouve quelques sources thermales. Les Pozos Termales d’El Valle sont à courte distance du centre-ville. Les installations sont rudimentaires, quelques bassins de taille modeste emplis d’une eau couleur ocre de 34 à 38°C et richement minéralisée. Mais avant de s’y plonger, il est recommandé d’appliquer sur le visage, ou plus si affinité, un petit pot de boue que l’on vous remet à l’entrée, et de le laisser sécher avant de tout rincer et de profiter enfin du reposant Graal aquatique.


Panama City

Nous avons troqué les vertes montagnes de notre cratère contre les tours bétonnées de la capitale. Un passage utile, pour ne pas dire nécessaire, à notre prochain shipping (je reviendrai plus tard sur ces formalités) auquel nous joindrons j’espère l’agréable, la mégapole possédant tout de même quelques attraits touristiques.

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◊ Panama Viejo

Afin de commencer par le commencement, nous visitons d’abord Panama Viejo, les ruines de la ville initiale, construite dès 1519, la toute première bâtie par les Espagnols sur la côte Pacifique de l’Amérique. Entre les conflits avec les autochtones, qui ont défendu bec et ongles leur territoire et leur culture avec la fin malheureuse que l’on connaît, les nombreuses attaques de pirates qui savaient bien que l’or du Pérou transitait par cette ville pour aller en Espagne, les incendies et les tremblements de terre, le site fut jugé insécure et la capitale fut transférée à 8 km de là, renaissant dans le quartier appelé actuellement Casco Viejo en 1671.

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Maquette de Panama Viejo telle qu’elle était au XVIIème siècle

Panama Viejo est désormais, malgré ses 500 ans à peine dépassés, un site archéologique classé. Il reste peu de choses de la ville initiale, les habitants s’étant largement servi dans ses murs pour reconstruire la nouvelle ville, mais les travaux de réhabilitation et les panneaux explicatifs permettent d’imaginer la ville telle qu’elle était avant son brutal déclin. La tour de la cathédrale, réaménagée en observatoire, permet d’apprécier le site vu de haut avec la skyline de la City en toile de fond, et de mesurer du coup le contraste saisissant de l’évolution de la technologie et de la civilisation en quelques siècles seulement. Un musée permet de compléter ses connaissances dans une fraîcheur bienvenue (40°C ressentis à l’extérieur).

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La cathédrale, dont le clocher en cours de restauration permet d’aller observer le site de haut
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Joli panorama en effet. Un dessin au-dessous permet d’imaginer la ville du même point de vue autrefois
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La nature est un peu préservée en plein coeur de la ville. Nous avons bien aimé cette visite !

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Le parking du site archéologique n’est pas prévu pour y passer la nuit. Mais nous avons tout de même tenté notre chance auprès de l’agent de sécurité. Après un refus initial et des échanges sympathiques sur notre parcours, Carlos a finalement accepté. Après, il est venu rediscuter à plusieurs reprises et est même venu nous demander le lendemain matin si nous avions bien dormi ! Ce qui était le cas avec le site pour nous seuls, une petite brise de mer rafraîchissante et une jolie vue sur la skyline de Panama City en prime
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Organisation du shipping

Ah le bon temps des traversées en ferry des fjords de Norvège, où l’on montait directement sur le pont du bateau nous attendant au bout de la route et où l’on débarquait de l’autre côté sans avoir montré le moindre papier ni sorti le moindre argent (la plaque minéralogique était scannée et le montant débité de notre carte bancaire quelques semaines plus tard).

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Traversée en ferry du Bjørnafjorden (Norvège) en route vers Bergen en septembre 2021

Ici Roberto va quitter un pays pour un autre, un continent pour un autre pour un parcours de plusieurs semaines, une tout autre logistique.

◊ Choix du mode de transport

La première étape a été de choisir le mode de transport parmi 3 possibles : le container, le flat rack et le RO-RO. La première était à la fois la moins chère et la plus sécuritaire, à condition de trouver un partenaire pour partager le container, la recherche ayant été faite par les réseaux sociaux et un prestataire panaméen. La seconde nécessitant également un partage, était la solution la plus sécuritaire pour un véhicule ne tenant pas dans un container même réhaussé (2,58m de hauteur maximum). Faute d’avoir trouvé à temps quelqu’un pour partager avec nous, nous avons dû nous rabattre sur la 3ème solution, le Roll on – Roll off, alias RO-RO. Au lieu d’expédier le véhicule verrouillé, on confie ici les clés au transporteur pour qu’il puisse le conduire lui-même dans et hors du navire. Et quand tout est ouvert, les véhicules sont malheureusement souvent fouillés et dépouillés, ce qui nous est arrivé à l’aller. Nous avons choisi cette fois de ne rien barricader et de transporter avec nous dans l’avion le plus de biens possibles.

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Choisir entre container, flat rack et RO-RO… quand c’est possible !
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C’est finalement sur un navire de ce type, de la compagnie Wallenius Wilhelmsen, que Roberto va voyager

◊ Choix du transitaire

Une fois le transport déterminé, nous avons fait faire des devis, assez facilement puisque tout se fait en ligne. Entre IVSS, Seabridge et Overland Embassy, c’est la première compagnie qui s’est révélée la plus intéressante. Après, ce sont des échanges de courriels et de documents, la procédure est plutôt bien organisée. On met à notre disposition, moyennant rémunération, un agent portuaire qui nous guidera dans toutes les étapes sur place.

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Page d’accueil de la compagnie IVSS

◊ Le certificat de non-gage

Côté paperasse, le plus pénible au Panama est l’établissement de notre équivalent de certificat de non-gage. Mais alors que chez nous l’opération se fait simplement en ligne, il faut commencer là-bas par faire vérifier l’identité de son véhicule, 2 à 3 jours ouvrables avant la date de dépôt au port.

Et il faut y être de bonne heure, entre 6 h et 7h30 du matin, car ils ne vérifient que les véhicules arrivés dans cette tranche horaire-là et pas plus de 25 par jour ! Afin d’assurer nos arrières, nous sommes arrivés à 5h45, il faisait encore nuit, sur un terrain vague devant un bâtiment à moitié délabré. 30mn plus tard, une porte s’est ouverte et j’ai pu m’inscrire sur la liste d’attente, avec le n°1. L’inspection proprement dite n’a démarré que vers 7h30 (des fois c’est plus tard). Deux agents ont sorti un bureau du bâtiment et l’ont amené sur le terrain vague. Puis les candidats du jour se sont présentés un par un pour faire valider leurs papiers. Seulement une fois que tout le monde a été enregistré, les inspections ont commencé, presque dans l’ordre des numéros (nous sommes passés en 3ème…). Vérification rapide du numéro d’identification du véhicule et de la plaque. Moins de 5mn. Après quoi nous sommes invités à revenir le lendemain 10h pour obtenir le document final. De nouveau quelques papiers à remplir et à photocopier, presque 1 heure d’attente et nous voilà en possession de notre sésame. Il paraîtrait qu’en donnant un gros billet au port on pourrait s’en passer mais chut !

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Tout ça pour ça ! Et le papier n’est valable que 8 jours. Si le bateau prend du retard, il faudra tout recommencer !

◊ Préparation de Roberto

Nous allons nous poser dans un petit hôtel sympathique entouré de verdure pour préparer Roberto au shipping. Nous prenons une chambre, ce qui va nous permettre à la fois de dormir au frais et d’avoir les coudées franches pour vider nos placards. Nous avons acheté une valise dans un centre commercial voisin pour emporter le maximum de ce qui nous tient à cœur ou qui est difficilement remplaçable. Pour le reste, la compagnie exige que le véhicule ait l’air « vide ». Donc nous enfermons tout ce qui reste dans les placards. Les réservoirs d’eau doivent être au minimum, et nous ne devons laisser qu’un quart de diesel, ce qui est très frustrant compte-tenu du prix du litre à 80 centimes d’euro !

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L’Hôtel Amador Familiar à Panama City ; 33$ la chambre, ça va
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Le tableau réservé aux visiteurs dans la salle à manger. Mais où est Charlie ?

◊ Abandon des plantes vertes

Difficile de se rappeler où nous avons acheté ce mignon petit cactus dans un pot de céramique à la forme d’un combi VW, symbole parfait du voyageur nomade. Je dirais entre 6 et 12 mois. Nous l’avons choyé, arrosé avec parcimonie, préservé des chaleurs extrêmes et exposé au mieux, notamment en lui trouvant un petit restant de lumière les moments où nous avons abandonné Roberto sur des longues durées. Nous lui avons trouvé une résistance exceptionnelle, nous nous sommes félicités de notre inhabituelle main verte. Et quand il a fallu préparer Roberto pour la grande traversée, nous nous sommes résolus à lui faire nos adieux, tout importation transatlantique de plantes étant prohibée. Nous avons décidé de le remettre en pleine terre, de lui rendre sa liberté en quelque sorte, dans le jardin du petit hôtel où nous avons séjourné pour les préparatifs. Je dépote, donc et découvre sous une mince couche à l’apparence de la terre un morceau de polystyrène expansé. Géniale solution pour éviter les surplus d’eau pensais-je avant de découvrir une tige verte bien cylindrique se terminant par un bord net. Aurais-je arraché malencontreusement les racines ? Le petit être va-t-il réussir à reprendre après ça ? Et puis j’y regarde de plus près, puis, après un doute, d’encore plus près, avant de réaliser que notre cactus si résistant est …en plastique. Une prouesse d’imitation car j’ai quand même caressé le fin duvet des feuilles plus d’une fois pour vérifier sa santé, mais tout de même, une vraie déception !


◊ Dernier repas entre amis

Nous allons maintenant longer le canal du Sud au Nord pour rejoindre Manzanillo, le port de la ville de Colón où nous devons déposer Roberto. Dommage de devoir aller là alors que notre navire faisait escale à Panama City, mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Avant de rejoindre l’endroit où nous allons passer la nuit, nous devons encore trouver un laveur d’autos pour Roberto, qui doit être exempt de salissures et de boues comme il est précisé dans les consignes. Pas facile un dimanche soir, mais rien d’impossible ici. Notre premier choix sur Google Maps, pourtant marqué « ouvert en ce moment » semble abandonné depuis des lustres. Le second n’est pas à l’endroit indiqué, nous le trouvons grâce à un passant que nous prendrons à bord de Roberto pour nous y conduire, sur sa proposition !

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Grand lavage pour Roberto. La poutrelle du toit était bien basse, c’est passé à 2 cm du lanterneau !

Nous retrouvons sur un joli spot près de l’écluse de Gatún, la plus proche de l’Atlantique, une famille française que nous avions rencontrée pour la première fois au Nicaragua. Hasard du calendrier, ils rapatrient leur véhicule en Europe sur le même bateau que nous. Joie des retrouvailles, échanges sur nos parcours respectifs et plus largement sur nos aspirations communes, partage des restes alimentaires puisqu’il ne faut rien laisser de tel dans les véhicules. Bref un repas et une soirée en commun bien sympathiques, dans un cadre idyllique au bord de l’eau (on oubliera vite la musique forte du gros camion venu récupérer un bateau sur le bras de mer, ça n’a duré qu’un temps). Et nous ferons une partie de nos formalités ensemble le lendemain avant de nous séparer pour quelques semaines. Eux partent « tromper le temps » de la traversée en allant visiter la Namibie, super projet, tandis que nous choisissons de rester un peu plus longtemps sur le Panama avant de rejoindre la Belgique. Nous devrions nous retrouver à Zeebrugge mi-juillet.

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Merci à Julie (de l’autre côté de l’objectif) pour cette belle photo-souvenir avec Victoria, Wil et Zach.
Si vous voulez suivre leur voyage, ils sont @notre_roadtrip sur Instagram
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Notre joli spot au bord d’un bras de mer près de Gatún, avec de belles couleurs au lever du soleil
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◊ Roberto au dépôt

Nous retrouvons au port notre agent facilitateur qui fera toutes les démarches à notre place, ce qui est bien pratique quand on ne connait pas les lieux ni ne maîtrisons la langue. Après 2 heures de formalités, dont inspection douanière, chien sniffeur de drogue, annulation du permis d’importation temporaire et mention ad hoc sur nos passeports (car il y était écrit que nous n’avions pas le droit de quitter le pays sans notre véhicule), tout est réglé. Nous abandonnons Roberto et repartons à la capitale. Nous le reverrons dans un mois en Belgique. Il va voyager avec le Titus, que nous allons suivre à la trace sur le site marinetraffic.com, et qui est localisé au moment de la rédaction de cet article au large des côtes du Nicaragua.

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Roberto à la douane de Manzanillo, avec son copain Las Vegas. Nous les reverrons dans 1 mois

Notre voyage va désormais se poursuivre quelque semaines sans Roberto. Mais pas question de nous laisser aller ! Nous allons rester un peu sur Panama City et, tout en visitant la ville, réfléchir à notre parcours jusqu’à Zeebrugge. Vous saurez ça bientôt. Merci de nous lire !

Parcours Panama
Parcours Panama d’El Valle à Manzanillo via Panama City. En version zoomable ici

51. La inspección

Je profite du blog pour vous distiller quelques mots d’espagnol, langue dans laquelle nous sommes totalement baignés actuellement, d’autant que peu de mexicains parlent anglais. L’espagnol n’est pas si compliqué pour les francophones grâce au fait qu’une grosse partie du vocabulaire est commune, ou presque. Ainsi pour tous les mots dont la terminaison est -tion et -sion (ou -ssion) en français, il suffit de remplacer le suffixe par -ción ou -sión et vous aurez le mot espagnol. Fastoche, non ? Il y a bien sûr des exceptions comme « protestation » qui devient « protesta », mais rassurez-vous, « exception » se traduit bien « excepción », sinon ç’aurait été un comble ! Mais revenons à notre « inspección ».

la inspeccion

L’inspection douanière est un moment important dans le processus du shipping. Non pas tant par l’acte bureaucratique, qui peut néanmoins parfois tourner au vinaigre comme ce couple décrivant sur les réseaux sociaux que leur véhicule a été bloqué à Veracruz pendant 2 ans ! Mais surtout par le fait que vous revoyez ce jour-là pour la première fois depuis 4 ou 5 semaines votre compagnon à roues favori. Outre l’émotion des retrouvailles, vous découvrez aussi à quel point il a pu être ou non malmené. Car au cours de ces voyages en RO-RO, les véhicules sont de plus en plus souvent, pour ne pas dire systématiquement, visités et « allégés » d’une partie de leur contenu, voire dégradés. C’est un gros problème qui ne trouve pas pour l’instant de solution car les victimes se plaignent rarement au-delà des réseaux sociaux, n’attendant rien de leur assurance maritime qui n’assure que les biens d’une valeur individuelle supérieure à 200$. Et quand bien même ces victimes iraient en justice, elles se heurteraient au renvoi de responsabilité des différents intervenants entre eux (transitaires, autorités portuaires, compagnies maritimes, etc. Nous n’avions donc pas d’autre choix que de faire avec, en protégeant Roberto du mieux que l’on pouvait tout en connaissant les limites de ce genre de protections face à des gens déterminés pouvant prendre tout leur temps dans la quiétude d’une cale de navire ou l’obscurité d’un port.

« Quoi ? Les 2 gringos ont leur inspection aujourd’hui ? » – Non, ce n’était quand même pas dans le journal !

Quatre jours après le déchargement de Roberto, nous avons enfin le rendez-vous pour l’inspection douanière. L’agent qui nous guide dans les formalités à Veracruz, Luis, nous avait quelque peu préparé : un seul d’entre nous pourra entrer dans le port, à condition d’être correctement habillé, ce qui signifie chemise, pantalon et chaussures fermées, y compris pour les femmes. L’occasion est trop belle de mettre mon pantalon tout neuf, acheté 2 jours auparavant. Luis me récupère, accompagné d’une employée, devant la porte de l’hôtel. Il me demande si j’ai bien mon passeport, regarde mon pantalon et me dit, une expression bizarre sur son visage : « Vous n’avez pas de jean ? ». Voyant mon incompréhension il insiste, montrant que son employée et lui en portaient. Je confirme cette faute de goût, désolé de ne pas être aussi « correctement » habillé qu’il l’espérait. Il répond que ça ira et me fait enfiler un gilet de chantier orange fluo, the mexican touch sans doute. Nous arrivons à l’entrée du port. Pendant que Luis passe les barrages pour l’accès de sa voiture, l’employée m’emmène au contrôle des humains, un peu similaire à celui des aéroports, le gel hydroalcoolique à double dose en plus (j’ai dû recevoir celle de l’employée qui, elle, est passée direct…). Nous retrouvons Luis, une liasse de papiers fraîchement tamponnés à la main. Après un long parcours dans l’immense port, sillonnant entre les trains de marchandises en marche et les nombreux poids lourds, il nous amène au parking de la douane. Et là je vois enfin Roberto, attendant sagement au soleil parmi une demi-douzaine de congénères. J’envoie de suite une photo à Claudie afin de partager ce moment d’émotion, puis je scrute la carrosserie au travers du grillage qui nous sépare encore. Je ne décèle rien d’anormal, c’est déjà ça.

La réponse de Claudie
Un peu poussiéreux mais enfin là !

Vingt bonnes minutes après, la douanière arrive enfin. C’est sûr que si j’étais atteint d’onychotillomanie, je n’aurais plus que des moignons d’ongles à ce moment-là. Nous faisons le tour de Roberto, que l’inspectrice prend en photos sous toutes les coutures. C’est vrai qu’il est beau… mais ce doit être pour d’autres raisons. Je vérife que la porte latérale que j’avais condamnée électriquement est bien fermée. Malheureusement, elle s’ouvre… Ça commence plutôt mal ! Un rapide coup d’œil à l’intérieur, ne constatant rien d’anormal dans l’entrée, me rassure partiellement. Mais je n’entre pas et poursuis mon inspection. J’arrive aux portes arrière. Celle de droite est entrouverte. Manifestement elle a été forcée, sans dégât apparent sur la carrosserie, et le cadenas à l’intérieur a tenu le coup. Ouf, car nous avions rangé pas mal de choses dans la soute. Pas d’autre anomalie à l’extérieur. Je pars maintenant à la découverte de l’habitacle, m’attendant au pire avec cette porte latérale déverrouillée. Mais non, tout semble en place. Aucun placard ou tiroir ouvert. Seule la cloison temporaire de séparation cabine/cellule est partiellement sortie de ses rails et présente une petite déchirure dans le bois, démontrant bien qu’on a essayé de la forcer. De nouveau sans résultat apparemment. Au niveau des portes arrière forcées, les plaques en acier anti-ouverture que j’avais installées sont cintrées, ils ont dû tirer fort, mais le cadenas qui les solidarise est toujours en place. Il a néanmoins souffert car je n’arrive pas à l’ouvrir. Je craignais enfin avoir oublié, dans la panique de la dépose à Anvers, de désactiver ma batterie, risquant ainsi une décharge profonde lors du long transport et donc une détérioration. Mais non, le disjoncteur est bien sur « OFF » et l’afficheur lumineux indique 13,9 V, ce qui signifie que les panneaux solaires la rechargent. Un premier bilan plutôt positif donc, si l’on excepte la porte forcée et peut-être abîmée.

… et la batterie aussi !

Je n’ai pas trop le temps de réfléchir à tout ça car l’inspectrice des douanes me fait sortir sur le quai la quasi-totalité du contenu des placards et des soutes, à l’heureuse exception de la batterie de cuisine. Le sport consiste à détecter tout ce qui est prohibé à l’importation et notamment tout ce qui est nourriture. Ayant eu l’information au préalable, nous n’avions plus grand-chose, mais les quelques sachets de thé et d’infusions qui nous restaient ont été confisqués, tout comme un flacon d’épices et une boîte de sucre. On nous a aussi pris un des paquets de sciure de bois, celle qui nous sert pour nos toilettes sèches, un grand danger pour le pays manifestement. Deux autres paquets stockés tout près sont passés inaperçus pour leur part, mais ne crions pas victoire trop tôt car il y aura une autre inspection à la sortie du port. L’inspectrice a forcément voulu voir les soutes. Elle a appelé à la rescousse un ouvrier qui, muni d’un coupe-boulon plus grand que lui, a sectionné le cadenas rebelle en moins de temps qu’il n’en a fallu pour écrire le dernier mot de cette phrase. Le contenu des soutes, plutôt technique (tuyau de remplissage, câble électrique, boîte à outils, etc.) n’a pas paru intéresser la fonctionnaire qui ne m’a rien demandé de sortir. Zut, j’aurais dû cacher les tisanes dans la boîte à outils ! Pour finir, ils ont lâché le chien. Enfin c’est une façon de dire qu’un gros molosse est venu mettre le nez dans toutes nos petites affaires, histoire de vérifier que nous ne tentions pas d’importer de croquettes 😉. D’ailleurs j’ai trouvé ça bizarre, parce que les « croquettes » elles vont plutôt de l’Amérique vers l’Europe et pas l’inverse, non ?

Il ne me restait plus qu’à tout ranger. Et à laisser de nouveau Roberto clefs sur le contact aux mains des employés du port pour plusieurs jours, le temps que les douaniers puissent partir en week-end et se reposer avant de rendre leur rapport. Avant de partir, je passe demander à mon ami Kilian, en train de subir le même contrôle, comment ça se passe pour lui. Je le trouve la mine défaite, errant parmi ses effets étalés sur le sol. Il me dit avoir retrouvé l’intérieur de son van sens dessus dessous et que plusieurs éléments mobiliers ont été endommagés. En outre, plusieurs de ses biens ont été volés. Je le quitte avec la promesse de le revoir l’après-midi. Il va lui falloir plusieurs jours pour s’en remettre moralement. Mais il s’en remettra, car heureusement les bons côtés du voyage vont vite reprendre le dessus.

Nous avons donc encore un grand week-end à occuper avant d’être convoqués pour l’ultime étape, celle de la sortie du port, qui n’a rien d’une simple formalité. Le musée naval vient de réouvrir, nous allons y jeter un oeil mais nous ne le trouverons pas aussi « incroyable » que l’affirme le site. Je mets aussi quelques photos d’une balade plus intéressante dans l’ancienne forteresse qui, sur une île proche de la côte protégée des courants, a pu servir d’abri aux bateaux de commerce et permettre à la ville de se développer. Le port s’est d’ailleurs développé autour d’elle et ce n’est plus une île du tout.

De l’extérieur, une jolie vue sur le port
Des douves à l’intérieur sont là pour séparer la zone de vie de la zone de défense



Beaucoup de vent ce week-end. Le drapeau rouge interdit la baignade et les rafales de sable bousculent les marcheurs

J’espère que vous attendez le prochain article comme nous attendons Roberto. Alors à très bientôt !