20. Résoudre : 20*C+M+B+21=?

Non ce n’est ni le Da Vinci code ni l’équation du 1er degré à 3 inconnues de l’édition 2021 du brevet des collèges. Ces caractères bizarres sont pourtant inscrits à la craie sur bon nombre de portes en Allemagne, ce qui m’a intrigué et incité à faire des recherches.

20*C+M+B+21
Inscription sur le linteau d’une porte

Je pourrais vous faire languir plus longtemps et vous donner la réponse dans le prochain article, mais comme je suis très gentil, je vais vous livrer la solution de suite. Ces inscriptions sont en fait renouvelées chaque année au moment de l’Épiphanie, après le passage de « Sternsinger » (ce qui signifie « chanteurs à l’étoile »), un groupe d’enfants déguisés en rois mages munis d’un bâton de pèlerin orné de l’étoile de Bethléem qui viennent pousser la chansonnette devant la porte des voisins du quartier. En échange d’un petit don à destination d’une œuvre caritative, ils béniront la maison à l’aide ce cette formule mystérieuse. Le premier et le dernier nombre désignent l’année en cours, tandis que les lettres C, M et B représentent aussi bien la bénédiction « Christus Mansionem Benedictat » (le Christ bénit la maison) que les initiales des rois mages Caspar (Gaspard en allemand), Melchior et Balthazar. L’étoile et les signes plus représentent respectivement l’étoile de Bethléem et la croix du Christ. Au total, c’est donc la façon dont on célèbre l’Épiphanie en Allemagne, reprenant la tradition des rois mages qui, guidés par leur étoile, sont allés se recueillir devant l’enfant Jésus. Point de galette à la frangipane ici, mais une brioche fourrée à l’orange et aux épices que les plus grands accompagneront sans doute d’un bon coup de schnaps. En fait je n’en sais rien, il faudra que je revienne début janvier prochain pour en être sûr.

Sternsinger vs Halloween

Je ne sais pas vous, mais moi, entre avoir devant ma porte un charmant groupe d’enfants qui chantent une jolie chanson et demandent juste une petite pièce pour sauver les myopathes et subir un sinistre groupe de monstres hurlants qui cherchent à s’empiffrer de malabars cariogènes, j’ai vite choisi ma tradition préférée.

A part ça la région de la Forêt Noire c’est toujours aussi sympa. Plein de sapins, de cascades et de torrents partout, des montagnes truffées de viaducs et de tunnels, des maisons à colombages qui défient les lois de la perspective, des enseignes en fer forgé hypertravaillées, des horloges à coucous dont les plus grandes du monde (ce sont bien 5 ou 6 boutiques qui revendiquent le titre, c’est pourquoi j’ai mis le pluriel), des chapeaux bizarres avec des gros pompons rouges ou un amoncellement de boules de Noël, et toujours cette magnifique pâtisserie locale dont j’ai pu enfin observer un exemplaire entier. A vos mirettes !

Enseigne
Enseigne à Triberg
Cascade de Triberg
Cascade de Triberg (la plus haute d’Allemagne)

Centre-ville de Wolfach
Centre-ville de Wolfach, mairie et rue décorée par une école d’arts graphiques locale

Maisons à colombages de Schiltag
Ville de Schiltag. Dommage que les voitures aient encore accès à cette place !
Rue centrale Schiltag
Porte ancienne à Schiltag
Boutique d'horlogerie à Triberg
Boutique d’horloges à coucous à Triberg

Coiffures traditionnelles en forêt noire
Coiffures traditionnelles en forêt noire. Pompons rouges avant le mariage, noirs après : surtout ne pas se tromper !

Forêt-Noire
J’ai gardé le meilleur pour la fin !

19. Parlons cuisine

Les deux ingrédients de base de la cuisine allemande sont les saucisses et les pommes de terre. Difficile donc de trouver des plats qui ne contiennent ni l’un ni l’autre. Même cette soupe « franconienne » que j’ai commandée pensant échapper à la règle contenait les deux ! Il parait qu’il existe plus de 1000 variétés de saucisses en Allemagne. Quand je pense à De Gaulle qui disait sa difficulté à gouverner un pays où il existe 258 variétés de fromages, je comprends la problématique d’Angela Merkel !

Pour varier un peu les protéines, les œufs sont une bonne alternative. Encore faut-il ne pas se laisser influencer par les couleurs. Nous avons en effet été intrigués de voir dans les rayons des supermarchés ces œufs multicolores, ou d’autres tachetés aux allures de ballons de foot ou de Dalmatiens. Nous avons finalement compris qu’il s’agissait d’une façon de distinguer les œufs cuits des œufs frais. Et testé pour confimer l’absence de chocolat ou même de poussin à l’intérieur comme les oeufs incubés thailandais.

Côté laitages, là aussi les habitudes sont un peu différentes. Les yaourts sont géants (150 à 200% le volume des nôtres, pas faciles à caser dans notre frigo), le 0% de matières grasses n’existe pas (il faut jongler avec les 1,5%, 3,5%, 4,7%, etc.). Le contenu des desserts lactés est parfois difficile à identifier, et Google traduction n’est pas toujours à la hauteur. Dernièrement, nous hésitions sur une semoule à la cannelle que le traducteur qualifiait de « à la viande », ce qui paraissait peu probable compte-tenu des produits avoisinants dans le rayon. Nous avons quand même acheté le produit, qui s’est avéré excellent !

Terminons par le top du top, le dessert préféré des Allemands, l’incontournable Forêt-noire. Vous distinguerez dans la superbe présentation qui nous a été faite la génoise au chocolat imbibée de kirsch (ça ne se voit pas sur la photo mais je vous assure qu’il y en avait), les cerises imbibées de kirsch (aussi), la crème Chantilly et les copeaux de chocolat. L’habit ne fait pas le moine, c’était excellent, d’autant plus que la dégustation s’est faite en plein coeur de la région éponyme. C’est comme le Ti’punch, il est toujours meilleur aux Antilles qu’à Argenton-sur-Creuse !

D‘une manière générale, les supermarchés sont de type « hard discount », un peu comme Lidl en France (la chaîne est d’ailleurs très représentée ici). Plusieurs supermarchés peuvent être contigus sur un même parking. Les hypermarchés classiques sont plutôt rares, uniquement situés dans les grandes villes. Nous prenons nos repas 7 fois sur 10 à bord de Roberto, les autres fois lors de nos balades en ville, petits restaurants en terrasses ou sandwiches consommés sur un banc face à un beau paysage. Nous ne cuisinons pratiquement pas pour l’instant, nos interventions se limitant à l’assemblage de crudités, au réchauffage de plats cuisinés achetés au rayon traiteur des supermarchés, à la découpe de fruits frais. Le soir nous nous contentons en général d’une soupe et d’un dessert lacté. Pas d’alcool dans le van, mais nous pouvons goûter aux bières ou vins locaux au restaurant. Pas trop une vie d’ascète tout de même !