130. Grèce, suite et fin

Après une pause-enfants de 3 semaines, nous retrouvons Roberto qui devait s’ennuyer un peu. Il faut être nomade pour comprendre avec quel plaisir nous retrouvons notre petite maison sur roues, toutes nos affaires à portée de main, un lit confortable et une mobilité sans égal. Nous reprenons de suite la route, appréciant au passage le poste de conduite en hauteur, idéal pour mieux apprécier le paysage tout en donnant une impression de sécurité.


À la recherche d’un peu de fraîcheur

Nous nous dirigeons d’emblée vers les montagnes afin d’échapper aux températures caniculaires qui nous accueillent. Après quelques hésitations pour trouver le combo idéal ombre + altitude + vent, nous trouvons notre bonheur dans une zone parsemée d’éoliennes, en gardant une distance raisonnable pour ne pas se trouver sur la trajectoire d’une pale qui se détacherait. Une chance pour un million, mais admettons … comme dirait Bigard. La nuit s’est confirmée aussi tranquille que la solidité des pales, ce qui nous a permis de récupérer notre jetlag (1 heure…)

Restant en altitude, nous suivons une jolie route bordée de sapins, traversant toutefois des secteurs incendiés quelques années auparavant. Ces troncs noirs tout tordus sont une vision assez triste, mais les petits buissons verts qui se reforment à leur base rassurent sur la résilience de la nature. Nous nous arrêtons pour la fin d’après-midi et la nuit sur une grande aire de pique-nique dans une clairière où quelques grands épicéas font de l’ombre. Malgré les 800 m d’altitude, il fait encore 35°C à 16h. Quelques chiens autour de nous viennent creuser un peu le sol pas loin de Roberto et s’y allonger dans la terre un peu moins chaude. Tout en semblant guetter d’un œil ou d’une oreille une éventuelle proposition de nourriture.


Le Monastère de Lucas le Bienheureux

Perché sur une colline au milieu des champs d’oliviers, ce monastère classé à l’Unesco est dédié à l’ermite grec Loukas venu vivre ici dès son adolescence. Très inspiré par les lieux, il a développé des pouvoirs de prophétie et de guérison qui ont apporté de la notoriété (et donc des fonds) au monastère, et la reconnaissance du pape qui a canonisé notre ermite. Nous découvrons un bel ensemble de bâtiments du XIIe siècle, avec cette architecture typique que nous rencontrons depuis un moment et que vous retrouverez sur les photos. Dans une jolie crypte aux voûtes couvertes de fresques, Loukas le Bienheureux accueille toujours les visiteurs. Enfin on espère qu’il y est toujours, on n’a pas soulevé le couvercle…


Arrêt Mont Parnasse

J’ai bien failli vous dire que cette station de ski, la plus grande de la Grèce, n’avait rien à voir avec le quartier parisien. Mais en fait si ! C’est fou comme tout vient du Grec. Le quartier de Paris aurait pris le nom de la montagne grecque à l’initiative d’étudiants facétieux du quartier latin qui lui trouvaient une certaine similitude avec un gros tas de gravats abandonné là. En cette période estivale, nous sommes seuls sur un très grand parking pour profiter d’une belle vue et des 24°C liés aux 1820m d’altitude, alors que les autres touristes rôtissent sur les plages à 38°C. Nous allons rester là un jour et demi pour nous reposer, rattraper quelques papiers en retard et observer un peu la nature.


Makrinitsa village de pierre

Nous découvrons là un adorable petit village exclusivement piéton entièrement construit en pierre, des rues pavées inégales aux toits de lauzes parfaitement taillées. Malgré la haute saison, la fréquentation touristique est modeste, peut-être freinée par la rareté des places de parking. De jolies boutiques de souvenirs et de belles terrasses de restaurants avec vue splendide sur la ville de Volos 700m plus bas sont pourtant bien accueillants.


Tout va à Volos

Encore une nuit tranquille et fraîche à 1200 m d’altitude, sur l’un des parkings de la station de ski du Mont Pelion (ça vient du Roi Pelée, père d’Achille dans la mythologie). Nous décidons de pousser 20 km plus loin jusqu’à une cascade renommée. Au lieu-dit, nous ne trouvons qu’un amoncellement de gros rochers et quelques bulldozers laissant à peine passer le flux d’un ruisseau. Déception. D’où le titre de ce chapitre.

Étudiant la carte pour reprendre notre route, nous nous apercevons que notre destination suivante nécessite de tout refaire en sens inverse : les 20 km jusqu’à notre station de ski, puis encore 30 jusqu’à la ville de Volos qui semble centraliser, à l’image de l’expression qui sied à Rome, toutes les routes de la région. D’où le titre de ce chapitre.

Volos est une grande ville portuaire sans grand intérêt touristique. Elle a tout de même l’intérêt, pour ceux qui s’intéressent à la mythologie grecque, d’être le point de départ de Jason et de ses Argonautes à la quête de la Toison d’Or. Deux maquettes de leur navire l’Argo sont exposées près des quais : l’une en métal sur un petit rond-point, et l’autre plus grande en bois que nous n’avons jamais trouvée. Décidément, ce n’est pas notre jour. D’où le titre de ce chapitre.

Nous terminons cette grande matinée peu fructueuse dans un tsipouradiko, un genre de restaurant typique de la ville où les locaux viennent depuis plus d’un siècle consommer un tsipouro accompagné de mezze. Le tsipouro est l’autre alcool typique de la Grèce. Contrairement à l’ouzo, il provient d’eau de vie de raisin. On nous le sert sous forme de mignonette, à verser sur des glaçons. Mais oh surprise, la boisson prend alors un aspect laiteux… La dégustation confirme le goût anisé. Nous aurait-on servi de l’ouzo ? Il est pourtant bien écrit Tsipouro sur la bouteille ! Renseignement pris, il y a deux tsipouros : le turc, anisé, et le grec, non anisé. C’est donc bien le premier qu’on nous a servi. Une déception de plus aujourd’hui. D’où le titre de ce chapitre.

Le menu tsipouro + 2 mezzé est à 5 €, ça va non ? Ci-dessus et ci-dessous les mezzé qu’on nous a servis

Nous n’en attendions pas tant… nous avons commandé aussi 2 plats principaux (moussaka et salade de poulpes) que nous avons eu un peu de mal à finir !


Dame nature


Un calme cholérique

Nous visitons ce matin de bonne heure le village de Palaios Panteleimonas, perché à 500m d’altitude sur les flancs du Mont Olympe et face à la Mer Égée. Il a été fondé au XIIIe siècle par des habitants de la ville côtière de Platamon juste au-dessous, qui souhaitaient échapper ainsi à l’épidémie de choléra en cours. Ils ont commencé par ériger une église dédiée à St Pantaléon, deux précautions valant mieux qu’une. Un peu isolé, le village est resté ainsi hors du temps et nous offre une bonne idée de l’architecture de cette époque. Le problème comme toujours est que l’arrivée massive des touristes a détourné les habitations de leur fonction initiale, les transformant peu à peu en cafés, restaurants, pensions et autres Airbnb. Seule une quarantaine d’habitants est recensée à l’année, finalement décimée par une épidémie … de touristes. L’expression choisir entre la peste et le choléra viendrait-elle de là ?

C’est sans vergogne que nous avons marché sur les pas de nos prédécesseurs et visité ce joli village, quasi désert avant 9h du matin. Le seul endroit qui comportait un peu d’animation était la place de l’église, dont les portes ouvertes laissaient diffuser les chants orthodoxes de la célébration en cours. Nous nous sommes assis pour prendre un petit café et observer la population arriver peu à peu dans cette ambiance inspirante et calme. Un joli moment comme on les aime. Au moment de repartir vers 10h, les petites rues avaient déjà changé. Boutiques ouvertes, tables des restaurants dressées, tout était prêt pour accueillir le flot de touristes qui commençait à arriver. L’avenir est à ceux qui se lèvent tôt, c’est sûr.


Vers le domaine des dieux olympiques

La ville de Litochoro est le point de départ pour les randonnées vers le Mont Olympe, la plus haute montagne de Grèce. Pour atteindre le point culminant du pays (Mont Mytikas, 2917m), il faut tout de même marcher 10h30 et une vingtaine de kilomètres en pente forte, un peu trop pour nos jambes soixantenaires. Nous nous contenterons de flâner dans la ville et d’une petite randonnée de quelques kilomètres autour du coin que nous nous sommes trouvés pour la nuit à 1000m d’altitude. Litochoro est évidemment assez touristique, mais pas bondée pour autant. Nous avons bien aimé sa ravissante église orthodoxe et ses vues sur le Mont Olympe.

À savoir : l’Olympe a été déclarée réserve de biosphère par l’Unesco en 1981 et réserve des dieux par Homère en -800.

A savoir (bis) : Dans la mythologie grecque, le ciel et la terre ont été créés par un couple de dieux olympiens (Gaia et Ouranos) : dès le début, la mixité était respectée. Très forts ces Grecs.


Randonnées à risque


En vrac


Querelles d’outre-tombe

On a longtemps cherché la tombe de Philippe II de Macédoine, qui fit de cette région une grande puissance régionale capable de grignoter peu à peu la Grèce, puis une partie de l’Asie grâce à l’action poursuivie par son fils Alexandre le Grand. En 1977, des archéologues ont découvert à Aigai (près de l’actuelle Vergina), la première capitale du royaume de Macédoine, une nécropole comportant 11 tombes « cachées » sous un grand tumulus. Parmi elles, 4 tombeaux monumentaux, dont 2 inviolés, et recelant, outre les fragments osseux de leurs occupants placés dans de petits coffres, de multiples trésors. Les diverses investigations de l’archéologue en chef grec ont conduit à déterminer que le tombeau numéro II était celui de Philippe II de Macédoine. L’ensemble de la nécropole a été laissé sur place, aménagé pour la conservation et l’exposition au public. Un faux tumulus a été reconstitué au-dessus, l’ensemble formant le Musée des Tombes Royales, passionnant à visiter. Depuis, une partie de la communauté scientifique remet en question l’identification de la tombe de Philippe II qui serait plutôt dans le tombeau I alors que le tombeau II serait plutôt celui de Philippe III. A y perdre son Latin. Euh, son Grec.

Pour en savoir plus sur la contestation, lisez cet article du magazine Pour la Science


A waterfall is a succession of waterfalls

S’il fallait une démonstration de la supériorité de la langue de Molière sur celle de Shakespeare, la voilà. Cette traduction en Anglais de la phrase « une cascade est une succession de chutes d’eau » est pour le moins ridicule. Tout autant que d’avoir dû attendre d’arriver à Edessa en Grèce du Nord pour s’en apercevoir. Car oui, à Edessa, il y a des chutes d’eau de toutes sortes, et même des cascades. Elles seraient les plus grandes des Balkans, et les seules en Europe à être situées en zone urbaine. La chute la plus spectaculaire affiche une hauteur de 70m et débite 5 à 10 m3 d’eau par seconde. Ce qui est bien, c’est qu’on peut aller se placer juste derrière, entre elle et le rocher, sans recevoir la moindre goutte d’eau, et faire quelques photos sympathiques.


Baignoires naturelles

Le domaine privé de Loutra Pozar, proche de la frontière bulgare, a été aménagé autour d’un torrent dans lequel se déversent quelques sources chaudes avoisinant les 37°C. Les repérer n’est pas très difficile, les zones d’émergence étant en général entourées d’une petite bordure de galets pour former des baignoires individuelles, et occupées aux heures les plus chargées par des corps qui trempent.

Si aucun de ces bassins naturels n’est disponible, ou si l’on aime le contact humain, il reste les piscines payantes (3€/30mn) repérables à leur alignement d’adultes jeunes (25-35 ans) accoudés côte à côte sur leur margelles.

Nous avons préféré la première solution, en bénéficiant grâce à une nuit sur place des heures creuses du matin. De fait, vers 9h, seul un autre couple partageait le torrent avec nous, à plus de 20m de distance. Allongés dans l’eau chaude sur un lit de graviers, éclairés par le soleil matinal filtré par de grands arbres, nous avons profité de notre petit spa naturel, nous faisant chatouiller par les grappes de bulles qui remontaient régulièrement à la surface. Tout en profitant du bruit blanc produit par le vent dans les arbres et du bruissement du cours d’eau. Un vrai bonheur. Une détente absolue.

Pour qui voudrait se rafraîchir, la cascade toute proche est à disposition. Avoisinant peut-être les 15°C. Mais nous n’avons pas tenté, pas plus joueurs que ça…

En prime, quelques sentiers de randonnée autour du site mènent à des grottes (la seule devant laquelle je me suis présenté était fermée…), des cascades ou tout simplement permettent de remonter la gorge du torrent et de profiter de ses belles couleurs bleu-vert tout en admirant l’arrière-plan montagneux.

En surprime, tout ça était gratuit. La nuit était censée coûter 7 €, mais nous n’avons trouvé aucun guichet et personne n’est venu nous réclamer quoi que ce soit…


Thessalonique, retour en ville

Nous consacrons une journée complète à la seconde ville du pays, nous attendant à souffrir de la chaleur au cours de cette longue marche citadine. Mais non, un ciel un peu voilé a retardé l’envolée des températures et la brise marine a fait le reste. Nous avons parcouru au total une douzaine de kilomètres et découvert une cité agréable, sans pour autant être exceptionnelle. Ci-dessous une sélection de photos commentées de la journée.

Les parapluies : œuvre emblématique de la ville depuis 1997, année où Thessalonique a été la capitale européenne de la culture

La statue équestre d’Alexandre le Grand, qui a beaucoup fait pour la Macédoine, mais rien pour Thessalonique qui ne fut créée qu’après sa mort. Regardez bien les oiseaux sur la statue. Un tel homme ne pouvait se contenter de simples pigeons !


La tour blanche : un autre symbole de Thessalonique. Elle a été construite au XVe siècle par Soliman le Magnifique, mais n’est pas si blanche que ça. D’abord parce qu’elle a perdu la couleur que lui aurait peint un prisonnier pour acheter sa liberté. Mais aussi pour son passé peu glorieux de prison et de lieu d’exécutions.

Le quartier Ladadika : un des plus anciens marchés de la ville reconverti en bars et restaurants. C’est plutôt joli et tranquille le jour, mais probablement plus animé la nuit.


La place Aristote : le cœur piéton de la ville, elle possède bien évidemment une statue du grand philosophe grec. Bizarrement, j’ai vu un gamin s’y faire photographier avec son ballon de foot. Y a plus de respect !


Le marché Kapani, dans lequel on trouve de tout, y compris du mastic de Chios, très utilisé parait-il par les Grecs, notamment pour ses propriétés médicinales. Il s’agit de la résine d’un pistachier endémique de l’île de Chios, vendue en « larmes » à mastiquer. Ce serait la première gomme à mâcher naturelle au monde. Elle réduirait les risques d’ulcère d’estomac et favoriserait l’hygiène de tout le tube digestif. Nous avons testé. L’impression est celle de remettre en bouche un vieux chewing-gum déjà mâché et oublié dans sa poche : aucun goût et gros efforts pour les mâchoires. Mais aucun ulcère d’estomac ne s’est développé depuis : c’est efficace !


Le quartier des antiquaires, dans lequel on trouve de tout, y compris un buste de Napoléon et des disques vinyles vendus en sacs à provisions


La basilique Saint-Dimitri : dédiée au saint patron de la ville, elle fait partie du patrimoine mondial de l’Unesco au titre des monuments paléochrétiens et byzantins de Thessalonique.


Le monastère de Saint-David : sa visite se mérite car il est très haut perché dans la ville, mais il abrite une superbe mosaïque byzantine (Ve siècle) et offre bien sûr une jolie vue


La pause-déjeûner : elle se mérite aussi après tous ces efforts et aussi parce qu’il commence à faire un peu chaud. Mais une petite salade grecque accompagnée d’une bière locale est parfaitement revitalisante, tandis que les filles du restaurateur ont trouvé une autre solution pour se rafraîchir.


Les jardins du Pasha : des constructions bizarres dans un jardin mi-Gaudi mi-facteur Cheval, mais dont on ne connaît pas l’auteur. On parle de lieu d’initiation pour les francs-maçons ottomans… Pourquoi pas des crottes d’extra-terrestres pendant qu’on y est ! L’église orthodoxe que l’on aperçoit du parc est plus agréable à l’œil.


La maison natale d’Atatürk : un bon point de départ pour notre destination suivante !


La Rotonde : un superbe temple romain circulaire avec de chouettes mosaïques au plafond


L’Arc de Galère : la seule arche restante d’un groupe de 4, avec la rotonde ci-dessus, faisaient partie d’une enceinte impériale reliée au palais de l’empereur romain Galère. Qui n’a rien à voir avec les bateaux à rames ou les grèves de métro au cas où vous me poseriez la question.


Le musée d’art byzantin : très bien pour finir cette longue journée dans le calme, la pénombre et la fraîcheur de la clim. On y découvre toute l’expression artistique de cette période allant du IVe au XVe siècle, née de la sécession de la partie orientale de l’empire romain devenu trop grand, trop complexe à gouverner. Un empire chrétien orthodoxe, de langue principalement grecque, développant une culture spécifique sans pour autant oublier ses racines romaines. L’art religieux est dominant, sous forme d’icônes, de mosaïques, de fresques, et l’architecture des églises est particulière.


Soir 3


Le style macédonien

« Une forte concentration de maisons de style macédonien » est la phrase de notre guide qui nous a attirés à Arnaia, une agglomération de 2500 habitants. Alors, vu sur place, c’est quoi le style macédonien ? En fait, ce n’est pas un style pur. A l’image du mélange de légumes coupés à qui les cuisiniers français ont donné au XIXe siècle le nom de macédoine en référence à la cohabitation religieuse multiple et pacifiste de la région, le style macédonien est un mélange de styles. Les maisons ont emprunté dans leur construction des caractéristiques liées aux occupants successifs byzantins, ottomans et médiévaux. Cela se traduit par un joli mélange de bois, de briques, de pierres et de motifs décoratifs complexes, mâtinés plus récemment de couleurs vives. Nous avons dû succomber une nouvelle fois à notre rite café grec/capuccino sur la place centrale pour bien admirer tout ça. Le petit gâteau à la citrouille était en plus….


Balade du dimanche

Nous rejoignons tant bien que mal, par une route fermée mais que tout le monde emprunte (faute d’alternative, nous avons joué les bons moutons, franchissant allègrement des panneaux sens interdit ou interdit à tout véhicule…), puis par une route en terre, un petit parking au milieu de nulle part qui permet d’accéder à deux cascades. Nous trouvons tout juste une place entre 2 voitures parmi la vingtaine de véhicules présents et partons sac au dos rejoindre la cascade « haute ». Un tout petit bassin accueille déjà une douzaine de personnes. Claudie brave la température fraîche et la foule, tandis que je prends les photos. En dessous de 25°C j’ai du mal… Mais d’autres visiteurs arrivent, puis d’autres encore, des enfants, des chiens, etc. Nous plions bagages et repartons vers la cascade « basse » dont le sentier plus escarpé et l’échelle à barreaux manquants limite l’accès des enfants. Nous avons d’ailleurs vu une famille rebrousser chemin. Le bassin n’est pas bien grand non plus, inadapté au nombre de présents. La chute d’eau est plus puissante que la précédente, mais les cris d’orfraies des gens qui se baignent dessous le sont tout autant. Claudie retente tout de même sa chance, je photographie la performance, et d’un commun accord nous quittons les lieux. Mais pourquoi tant de monde dans un endroit aussi perdu qu’exigu ? La question se pose, parce que, contrairement au titre et aux apparences, nous étions un jeudi. En semaine.


Kavala, visite rapide


Jeux d’ombres à Xanthi

Nous étions de passage dans cette ville le jour du marché hebdomadaire, immense et animé mais pas exceptionnel. Nous avons traversé son centre historique, riche en demeures de style néoclassique bâties par les marchands de tabac au XIXe siècle (l’activité perdure encore). Nous avons même visité l’une d’entre elles. Intéressant mais pas exceptionnel.

C’est au final le hasard qui nous a mené devant l’atelier de l’artiste Vaitis Triantafillos, dont l’art consiste à construire des ombres à partir de sculptures en apparence difforme ou d’objets très différents du résultat final. Ainsi, des grappes de tôle tordue pourront donner des portraits de Marylin Monroe ou de John Lennon, tandis que des chevaux éclairés sous un certain angle produiront l’ombre …d’une Ferrari – joli clin d’œil à l’emblème de la marque. L’œuvre la plus spectaculaire, que nous n’avons pas vue parce qu’elle n’apparaît que deux fois par an, se présente sous la forme de plaquettes insérées dans un mur un peu au-dessus d’un pot de fleurs dessiné sur la paroi. Au moment où le soleil atteint une position précise, l’ombre d’une jeune fille munie d’un arrosoir apparait, l’eau semblant se déverser sur les fleurs peintes. Vous trouverez plus de détails sur cette page.


Au feu !


Sériciculture

Non, ce terme ne désigne pas l’art de se cultiver en regardant des séries mais plutôt l’élevage des vers à soie, activité dominante de la ville de Soufli au siècle dernier. Même si l’activité a énormément chuté après la guerre suite à l’arrivée massive des textiles synthétiques, une quarantaine de fermes sont encore actives et livrent leurs cocons à l’unique usine de la ville. Au musée de la ville comme dans certaines boutiques, on nous décrit étape par étape la production de la soie. Les œufs du Bombyx du murier, un papillon tout velu, sont récoltés en Chine et arrivent ici en sachets de 25g qu’il faut mettre à incuber vers mai-juin. En une dizaine de jours les petites chenilles apparaissent, qu’il faut très vite nourrir avec des feuilles de murier (elles ne mangent que ça et d’un autre côté personne d’autre n’en veut) d’abord hachées puis entières au fur et à mesure qu’elles grandissent. Au bout de quelques semaines, les bestioles s’arrêtent de manger et deviennent transparentes, leur couleur n’étant due qu’au transit des feuilles. Elles commencent alors à tisser leur cocon avec un unique fil de soie de 2 kilomètres de long. Bien entendu, elles s’enferment dedans pour ne pas qu’on leur pique et à l’occasion pour se transformer en chrysalide et perpétuer l’espèce. Tout ça c’était sans compter sur la perfidie des humains qui vont les ébouillanter, garantissant à qui veut bien les croire que ça ne fait pas mal, et dévider petit à petit leur précieuse bobine pour en faire des sous-vêtements affriolants. Afin de perpétuer leur propre espèce.


Dernière nuit en Grèce

N’ayant pas de montagne à proximité de la frontière turque, nous jetons notre dévolu sur une zone décrite sur notre application comme ombragée, et située au bord d’un cours d’eau censé apporter un peu de fraîcheur. Si l’ombre était bien là, la rivière était asséchée. Mais l’abri des arbres et un léger vent nous ont permis de passer une nuit agréable. Un bivouac de plus en pleine nature, comme ça aura été généralement le cas durant tout notre séjour en Grèce, un bon point pour ce pays, paradis des voyageurs nomades. Sera-ce toujours possible en Turquie où nous serons dès demain matin ? Nous vous le raconterons la prochaine fois ! A très bientôt.


113. Novembre

Un titre court pour un mois court. Encore bien occupés par la famille, quelque peu restreints par le mauvais temps dont nous avions perdu l’habitude, nous avons tout de même sillonné encore et encore le quart sud-ouest de la France et fait quelques découvertes. Le mois sera tout de même marqué par l’adoubement d’une jeune vanlifeuse. A voir plus bas !

De saison


Sarladaises, comme les pommes

Nouvelle découverte sur notre route au cœur du Périgord noir, la jolie ville médiévale de Sarlat, dont nous n’avions connaissance que par les menus des restaurants servant des pommes de terre tantôt « sarladaises » tantôt « salardaises », qui se distinguent dans les deux cas par une cuisson dans la graisse d’oie ou de canard et un assaisonnement d’ail et de persil. Afin de lever tout doute sur l’orthographe, je suis allé consulter un forum ad-hoc. Je suis tombé sur une discussion typique en 45 messages perturbée dès le début par un intrus qui se fait malmener joliment. Je vous la laisse en pâture.

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Sinon Sarlat est une petite ville moyenâgeuse très photogénique, même par temps maussade, avec une belle homogénéité dans la couleur (ocre clair) et l’architecture bien restaurée. Hors saison, la circulation dans l’entrelacs de ruelles est facile, mais vu le nombre de restaurants et de boutiques, on imagine sans peine la foule dense qui doit piétiner ici l’été.

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Faudrait savoir…

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Il existe en fait une explication à cette apparente confusion : le côté « non potable » est celui où les campingcaristes déversent leurs cassettes de WC chimiques et les rincent. Des projections pourraient souiller le robinet et rendre ainsi l’eau non potable. Merci en tout cas au joli village corrézien de Sadroc de mettre gracieusement à disposition des voyageurs nomades cette installation. Une prise électrique est même disponible. Chapeau, c’est rare !


Une faille dans la laïcité ?

C’est la question que nous nous somme posé en traversant Villedieu-sur-Indre, une petite commune de 2800 habitants. L’église qui trône au centre du bourg porte sur son fronton la mention « République Française ». Le bâtiment aurait-il été désacralisé et racheté par la mairie pour y installer ses services ? Nous rentrons pour voir l’intérieur : pas de doute, il s’agit bien d’une église. Alors ? L’explication figure sur un panneau pas loin de l’entrée. En 1835, l’association qui gérait l’église bâtie sur un terrain communal demanda l’autorisation d’y effectuer des travaux de rénovation et d’y installer un clocher. N’obtenant pas de réponse, elle entreprit tout de même les travaux, faisant alors réagir le conseil municipal qui décida de s’y opposer. Quelques années plus tard, un compromis fut trouvé, permettant le maintien du clocher en contrepartie de l’apposition de la mention « République Française » bien en vue au-dessus de la porte d’entrée et de l’obligation de faire sonner la cloche tous les 14 juillet. La morale était sauve et la querelle de clocher résolue.


Le musée du compagnonnage, enfin

Vous vous rappelez peut-être de notre « cassage de nez » il y a 2 mois lors de notre première tentative de visite de ce musée. La seconde fut la bonne et nous avons pu enfin admirer les chefs d’œuvres exposés, pour la plupart des œuvres dites « de réception », réalisées par chaque compagnon pour sa propre cérémonie d’intronisation. A ouvriers d’exception, formés par des maîtres d’exception, œuvres d’exception.

Le musée retrace aussi la longue histoire du compagnonnage, difficile à retranscrire en quelques lignes, mais que le site du musée résume bien par « l’existence, depuis le Moyen-Âge, de groupements de jeunes ouvriers qui voyagent, s’entraident, pratiquent des rites en diverses circonstances et possèdent des attributs et un vocabulaire identitaires ». Pratiquement tous les corps de métiers sont représentés, du moment qu’ils sont « manuels, liés à la transformation de la matière lors d’un processus complet ». Les œuvres du musée sont d’ailleurs classées par matière : le bois, la pierre, les métaux, le cuir et les textiles, l’alimentation. C’est très humblement que mes photos suivront cette classification, après une courte partie sur les débuts du compagnonnage.

  • Histoire et légendes
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Le Père Soubise, Salomon et Maître Jacques, les 3 fondateurs légendaires du compagnonnage. Ils auraient pu participer à l’édification du Temple de Jérusalem (ou Temple de Salomon) au Xème siècle av. J.-C.
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  • Les métiers du bois (charpentiers, menuisiers, charrons, sabotiers, vanniers, etc.)
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NB Les sabots du haut et les anneaux de bois qui les relient sont faits d’une seule pièce de bois !
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Connaissiez-vous cet alphabet ? (l’explication est au bas de l’image…)

  • Les métiers de la pierre (tailleurs de pierre, maçons, plâtriers, couvreurs, etc.)
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  • Les métiers du métal (forgerons, mécaniciens, serruriers, maréchaux-ferrants, carrossiers, chaudronniers et plombiers-zingueurs)
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Grille de parc à l’échelle 1/10 constituée de 2325 pièces et ayant nécessité 14 ans de travail !

  • Les métiers du cuir et du textile (cordonniers-bottiers, selliers-bourreliers, maroquiniers, tapissiers, etc.)

  • Les métiers de l’alimentation (boulangers, cuisiniers, pâtissiers, confiseurs, bouchers, etc. Seules les œuvres en pastillage (sucre glace, eau, gélatine et jus de citron) ou en pâte à nouilles peuvent être conservées)(oui parce que le Taj Mahal en steak haché du XIXème siècle n’est plus présentable)
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Composition en sucre sur le jeu d’échecs (1981, restaurée en 2018) (1 an de travail)
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Vielle en sucre (1978) (seules les cordes ne sont pas en sucre…)
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Hospices de Beaune (1978) (20 kg de pâte à nouilles, colorants alimentaires – 20 000 tuiles pour le toit) (800 h de travail)

Se tenir au courant


Une ville mal nommée ?

Nous quittons la Touraine en direction de la Loire (les zigzags, vous vous rappelez ?). L’alternateur a bien maintenu la charge et c’est en toute autonomie que nous pouvons faire étape pour la nuit sur les rives de l’Allier à Moulins.

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La silhouette de la ville apparaît au petit-jour. « Moulins« , vous avez dit ??? Et pourquoi pas plutôt « Églises » ?


Bouthéon, le château-zoo

Ayant la garde de notre petite fille pour l’après-midi, nous cherchons une destination un peu champêtre proche de l’agglomération stéphanoise, idéalement une randonnée compatible avec les poussettes. Mais les sites qui recensent ou qui offrent ce critère de sélection ne sont pas légion. Créateurs d’applications sur smartphone, voilà une idée à prendre. C’est ainsi qu’à défaut de pouvoir trouver une rando-poussette à proximité, nous nous retrouvons au Château de Bouthéon. Nous nous sommes limités aux extérieurs, parce que les escaliers en colimaçon et les portes étroites auraient eu raison de la poussette de compétition aimablement prêtée avec la jeune fille. Mais les extérieurs se sont révélés plutôt agréable, baignés dans un joli soleil automnal. Jolis jardins bien dessinés et bien entretenus aux pieds du château, Et deux circuits d’allées accessibles aux poussettes bordés d’animaux fermiers de toutes sortes, en cage, en enclos ou en liberté, qui ont bien fasciné notre petite visiteuse de 11 mois.

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Voyager à Grand Frais

N’allez pas imaginer que nous nous sommes lancés à voyager de palace en palace laissant notre Roberto aux bons soins d’un « valet parking ». Non, c’est juste que nous venons de découvrir l’enseigne spécialiste des aliments frais qui a fêté l’an dernier ses 30 ans d’existence. Le nom ne nous était pas inconnu pour autant, mais nous avions ce préjugé que l’on n’y trouvait que des fruits et légumes et qu’il nous fallait obligatoirement pour le reste de nos courses recourir à un autre magasin. Par ailleurs l’enseigne n’existe pas partout. Elle est notamment curieusement absente de Paris et ne se trouvait pas non plus sur la minuscule île où nous avons habité ces 12 dernières années. Quoi qu’il en soit, nous avons franchi la porte de l’un des magasins et avons été très impressionnés par la qualité des produits et de leur présentation, par leur grande diversité. Pourtant grands voyageurs et connaisseurs de beaucoup de fruits et légumes « exotiques », nous avons découvert en une demi-heures davantage d’espèces inconnues pour nous jusque là que lors d’un voyage d’un mois en Amérique ou en Asie. Vous qui avez soif de découvertes, venez-donc goûter au paradoxe de voyager à Grand Frais pour des prix raisonnables !


Vanlifeuse à 11 mois

Notre adorable petite Mélissandre a été adoubée vanlifeuse après quelques nuits et kilomètres d’essai dans Roberto. Comme beaucoup de jeunes enfants, elle aime quand ça roule (c’est vrai aussi pour la poussette…) et semble captivée par le paysage qui défile quand ce ne sont pas les vibrations qui l’endorment. A 11 mois, un équipement minimum est nécessaire comme le siège auto adapté, qui nous a été prêté par les parents. Nous avons investi de notre côté dans un lit parapluie spécial vanlife qui est maintenu par quatre sangles aux parois ou au plafond du véhicule. Pour la nuit, il est placé sur les sièges avant retournés, tandis que pour les siestes diurnes il est posé sur le lit à l’arrière. Dans les deux cas, la porte du cabinet de toilette une fois ouverte isole les deux espaces du bruit et de la lumière : nous faisons notre vie de notre côté pendant que la demoiselle dort. Pour le reste ça n’est pas bien compliqué, le sol moquetté et les lits font d’excellents tapis d’éveil. Le galop d’essai étant validé, nous passerons à l’étape suivante mi-décembre pour plusieurs jours de voyage avec notre jeune passagère qui aura tout juste soufflé sa première bougie. L’aurons-nous convertie à une future vie nomade ou plus simplement aux voyages ? Seul l’avenir nous le dira… Mais ce que nous pouvons retenir est qu’il n’est pas si compliqué de voyager en van ou en fourgon avec un très jeune enfant et qu’il serait dommage de se fixer des barrières si l’on aime ce mode de vie.

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Préparation du lit pour la nuit

On a touché le fond (du puits)

De passage au Cap Ferret, nous tombons sur ce qui ressemble à un puits de pétrole sur fond de paysages de dunes. Damned, aurions-nous emprunté un trou de ver (une faille dans l’espace-temps) qui nous aurait téléporté en Arabie Saoudite ou au Texas ? Mais non, un panneau bienvenu nous permet à la fois de toucher du bois pour nous ramener à la réalité et de confirmé qu’il s’agit bien d’un pompage de pétrole sur le sol français. Plus surprenant, nous apprenons que c’est une entreprise canadienne qui gère ce forage, comme la majorité des forages français d’ailleurs. Pour parodier un slogan célèbre, en France on a du pétrole, mais ce sont les canadiens qui ont des idées. Sinon le coin est joli, rendu très sauvage par l’interdiction de marcher sur les plages et sur 99% des dunes. Il offre tout de même une belle vue sur la Dune du Pilat, de l’autre côté du bassin d’Arcachon

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Les plages ici sont interdites, mais apparemment pas pour tout le monde
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Sur le chemin du retour, jolie vue sur la Dune du Pilat, de l’autre côté du bassin d’Arcachon

La maison de l’huître

Poursuivant notre tour du bassin d’Arcachon, nous nous arrêtons à la Maison de l’Huître, en plein coeur de la zone ostréicole. Nous profitons d’une visite VIP par un ostréiculteur passionné pour (presque) tout apprendre sur son métier et sur l’histoire et l’origine des huîtres que nous consommons aujourd’hui. Plein de petits restaurants juste à côté sur le port nous permettront de passer de la théorie à la pratique avec le petit vin blanc qui va bien. Et vous, savez-vous combien d’espèces d’huîtres sont exploitées en Europe ? Connaissiez-vous les huîtres triploïdes et savez-vous pourquoi vous avez plus de chances de les retrouver dans votre assiette en été ? Bien sûr vous pouvez demander les réponses à votre ami Google, mais pourquoi ne pas venir les chercher ici à la Maison de l’Huître ? Vous pourrez ensuite aller tester vos connaissances dans un des petits restaurants voisins. Autour du petit verre de vin blanc qui va bien.

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La belle époque

Nous voilà partis à la découverte d’Arcachon. Nous commençons par la ville d’hiver, un quartier qui concentre un grand nombre de somptueuses demeures d’un style dit « pittoresque » mélangeant des éléments de chalets suisses, de demeures coloniale ou de palais mauresques. Elles ont toutes été construites à la « belle époque », une période de plusieurs décennies de paix interrompue en 1914, pour être vendues ou louées à de riches familles. Le thermalisme et les bains de mer étaient alors en plein essor, réputés efficaces pour soigner toutes sortes de maladies dont la tuberculose, largement répandue jusqu’à l’arrivée des antibiotiques en 1945. Et même alors, les riches bien-portants ont succédé aux riches malades. La ville d’Arcachon recevait régulièrement des hôtes célèbres, de Gustave Eiffel à Sissi l’Impératrice, lui conférant une renommée internationale.

Elle fut aussi remarquée pour une installation sportive insolite. A votre avis laquelle ?
1) une piste de ski sur aiguilles de pins ?
2) des courts de tennis en coquilles d’huîtres concassées ?
3) un bassin de hockey subaquatique ?

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Et pour départager les ex aequo, quel est l’arbre sur la dernière photo ?


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sa promenade en bord de mer,
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ses grands hôtels,

Ce n’est que Justiz

Notre aînée Amandine basée  à St Jean de Luz nous emmène de l’autre côté de la frontière, en Espagne, randonner dans un site superbe dont le point de départ est le hameau Justiz. Suivant quelques minutes la petite route, nous devons l’abandonner car elle est occupée par un attroupement de chevaux sauvages qu’on croirait entrain de manifester. « Laissez les routes aux chevaux, vous les avez suffisamment occupées et vous nous avez suffisamment exploités. Justice pour les chevaux sauvages » croirait-on entendre. Alors nous coupons à travers champs, de grands espaces ou broutent tranquillement chevaux, vaches et moutons. Nous rejoignons le littoral que nous allons longer plusieurs kilomètres sur une sorte de sentier des douaniers (pas sûr que ça existe en Espagne). Côte sauvage et rocheuse, petites criques, piscines naturelles : que du bonheur !

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Retour à St Jean de Luz avec quelques clichés du très photogénique port de pêche
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Débit de poissons

Encore un jeu de mots foireux dont j’ai le secret. Je n’ai pas trouvé mieux pour introduire notre dernière visite de Novembre à l’aquarium de Biarritz. Un bel ensemble de bassins bien entretenus classés par régions : Atlantique Nord, Caraïbes et Indo-Pacifique. Coraux magnifiques, belle collection de méduses, espèces rares. Un régal pour les yeux et toujours 2 ou 3 trucs à apprendre pour les grands enfants que nous sommes.


Ainsi se termine notre mois de Novembre. Nous nous dirigeons maintenant vers la période des fêtes. Notre projet actuel reste de repartir sur les routes début Janvier, en direction de la côte Adriatique et de la Turquie.

Merci de nous suivre et à bientôt.

111. Zigzags

Nous voici de retour en France pour poursuivre nos rencontres familiales et amicales dont le détail n’a pas sa place ici. Mais les zig-zags que nous avons opérés pour voir les uns et les autres nous ont permis de découvrir quelques jolis coins de notre pays, qui apparaissent mystérieusement dès que l’on coche l’option « éviter les autoroutes » dans notre application GPS.

Guéthary

Bref passage chez notre grande fille sur la remontée vers la France. Fine connaisseuse des bonnes adresses du coin, elle nous a déniché un restaurant en bord de mer avec une vue splendide et des plats très élaborés. Merci Amandine de nous avoir fait découvrir le Txamara. Vraiment une adresse d’exception !


Le Pilat sans la dune

En pleine période de canicule alors que nous étions sur Saint-Étienne, nous avons pu perdre 7 ou 8 précieux degrés en nous rendant à une quinzaine de kilomètres seulement de l’agglomération stéphanoise, sur le massif du Mont Pilat. Selon les lois de la physique, à chaque fois que l’on s’élève de 1000m, la température ambiante perd 6,5 °C. Une aubaine pour les nomades comme nous qui peuvent déplacer leur maison comme bon leur semble ou presque. Nous avons pu apprécier, outre un joli coucher de soleil sur un paysage grandiose, le calme et la fraîcheur du matin. Inutile de vous dire que nous avons hésité à redescendre !

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Tiens, un truc bizarre pour finir sur Saint-Étienne : la cathédrale de la ville (ci-dessus) s’appelle Saint-Charles, tandis que celle de Bourges (ci-dessous) s’appelle Saint-Étienne. On ne sait vraiment plus à quel saint se vouer !
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Paris, New York, Tokyo, Montluçon

Nous faisons étape dans cette ville qui n’attire pas les touristes en masse, ce qui n’empêche pas les commerçants de rêver comme vous verrez sur la photo plus bas. Montluçon présente pourtant quelques attraits sur lesquels il est intéressant de s’attarder : un cœur médiéval assez bien conservé, le château des Ducs de Bourbon qui domine la ville et quelques hôtes célèbres comme Marx Dormoy dont la majorité des gens connait au moins une rue baptisée à son nom sans pour autant savoir qui il était (un ministre de l’intérieur, forcément de gauche avec ce prénom), . Et n’oublions pas Louis Coulon dont j’avoue avoir ignoré l’existence alors qu’il détient le record de la plus longue barbe portée en France. A votre avis, 3,35 m ? 3,85 m ? 4,35 m ? 4,85 m ?

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ou encore quelques illustres personnages, certains plus connus que d’autres…
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Pour celui-là, un prénom qui ne nous est pas inconnu…
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Pour cet autre, un record a été établi. On en parle dans les lignes ci-dessus…

Les trésors cachés de l’abbaye

Une journée d’excursion dans le nord du Gers nous a amenés à l’Abbaye de Flaran. Une petite abbaye médiévale bien restaurée, dont les extérieurs sont agréables à l’œil sans pour autant être exceptionnels. Mais c’est entrant dans les lieux que la magie opère. Le couloir et les chambres des moines sont le siège d’une exposition permanente de haute qualité. On y trouve des œuvres originales d’une quarantaine de peintres et sculpteurs de renom, comme Claude Monet, Gustave Courbet, Pablo Picasso, Auguste Renoir, Peter Paul Rubens, Toulouse Lautrec, Auguste Rodin, Salvador Dali, Camille Claudel et bien d’autres encore. En complément, nous avons profité de l’exposition temporaire du moment consacrée à Franquin, dessinateur franco-belge que nous adorons. Histoire de l’artiste, progression des œuvres, planches originales, détail des techniques, portrait de quelques personnages : nous nous sommes régalés. Peu de photos toutefois, interdites dans la plupart des salles. Mais si vous avez l’occasion de vous déplacer, n’hésitez pas…

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Les extérieurs de l’Abbaye de Flaran
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De ‘M’oiselle Jeanne à Dame-Jeanne

A la sortie de l’exposition sur Franquin, nous regagnons Roberto sagement garé sous les platanes pour nous restaurer. A la fin du repas, après le café, nous vient l’idée de prendre un digestif. Nous interrogeons notre ami Google qui nous propose la visite de chais d’Armagnac à Condom (que Google traduction appelle gentiment « préservatif » sur les pages traduites), petite ville gersoise située à moins de 10 km de là. Nous sommes accueillis par la Maison Aurian qui produit ce spiritueux typique de la région depuis 1880 et nous en décrit les étapes de la fabrication. Cette eau-de-vie de vin est issue de l’assemblage de raisins blancs de la région Midi-Pyrénées, principalement le Gers et quelques cantons des Landes et du Lot-et-Garonne. Après distillation, l’eau-de-vie est mise à vieillir dans des fûts de chêne réutilisés à l’envi (contrairement au vin ou à d’autres alcools). Une fois le vieillissement jugé suffisant (cela nécessite de le goûter régulièrement) il est arrêté, ce qui fixe définitivement le taux d’alcool. L’Armagnac ainsi obtenu est placé dans des récipients de verre (embouteillage ou dames-jeannes millésimées pour la vinothèque) avec ou sans filtrage (et appelé dans ce dernier cas brut de fût). La visite des locaux qui sont restés intacts depuis 1880 vaut le détour. Les chais sont au rez-de-chaussée, tandis qu’à l’étage on trouve la vinothèque sous forme de dames-jeannes soigneusement alignées et étiquetées selon l’année de production et le degré alcoolique. L’une d’elles est datée de 1900… nous avons aussi retrouvé l’année de naissance de Claudie mais pas la mienne. Je ne suis sans doute pas un bon millésime, bouh…

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Visite guidée par quelqu’un qui connait bien St Barth, le monde est petit
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Aller au Sud pour avoir moins chaud

La canicule sévit de nouveau en France tandis que paradoxalement le nombre de climatosceptiques augmente dans la population. Pour y échapper, nous cherchons de nouveau à prendre de l’altitude, et nous nous robertoportons (c’est comme la téléportation, mais dans une cabine plus sûre et confortable) jusqu’à la station thermale (encore un paradoxe) de Bagnères de Bigorre, dans les Hautes-Pyrénées, à 150 km au Sud d’Agen. Malgré tout, nous trouvons grâce à l’altitude (550m) et à la forêt des températures redevenant supportables. Nous nous régalons d’une petite randonnée de quelques kilomètres traversant le parc thermal et d’une tourte aux myrtilles à l’arrivée. Au fond du parc, les anciens thermes en service entre 1675 et 1990 ont été transformés pour être réhabilités en musée. Mais en musée de quoi ?  Cassoulet ? Maillot de bain ? Marbre ? Thermomètre ?


Impossible d’y rester de marbre

Nous visitons un peu par hasard ce musée du marbre installé dans les anciens thermes dits « de Salut ». Cet établissement avait en effet la particularité de posséder des baignoires toutes en marbre, ce qui n’est pas commun en matière de thermalisme mais qui est lié aux nombreuses carrières de marbre de la région. C’était d’ailleurs une ressource économique majeure de Bagnères de Bigorre avant l’essor du tourisme et du thermalisme. Nous y avons découvert bien entendu l’origine géologique du marbre formé il y a 400 millions d’années par enfouissement de couches calcaires et diverses inclusions (animaux, végétaux, etc.). Sous l’effet de températures et pressions élevées, ces couches se sont pétrifiées en prenant diverses teintes en fonction de la pureté ou non du calcaire initial. Plusieurs centaines de marbres différents sont exposés, et nous avons été surpris de la diversité quasi infinie des teintes. Un must à visiter si vous passez par là.

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Des marbres du monde entier y sont exposés. Nous avons été surpris par la grande diversité

Une petite question pour finir : quand on dit « passer au marbre » pour une voiture accidentée, de quel matériau est faite la table qui sert à vérifier l’alignement du châssis : marbre ? albâtre ? fonte ? acier ?


3 petits tours et puis s’en vont

Dans notre quête de fraîcheur, nous avons encore pris de l’altitude en empruntant la route du col du Tourmalet. Une conduite un peu délicate car il fallait éviter motos, vélos, moutons, vaches et même lamas tout en gardant un peu de disponibilité pour admirer le grand spectacle des montagnes pyrénéennes tout autour de nous. Les inscriptions sur le bitume nous ont rappelé que le Tour de France est passé ici le 6 juillet pour les hommes et le 29 juillet pour les femmes. Pour ces dernières le col était même l’arrivée de l’étape, ce qui n’est pas si fréquent. Dans toute l’histoire du Tour de France, le col du Tourmalet a été le plus fréquemment franchi (84 fois). Mais combien de fois a-t-il été l’arrivée de l’étape pour le tour masculin : 3 fois ? 6 fois ? 9 fois ? 12 fois ?

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Sur les pentes du col du Tourmalet, d’étranges spectateurs attendent les cyclistes
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Là-haut, le vélo est roi

Niveau promenade, tu parles !

Après une nuit très tranquille et agréablement fraîche sur une zone herbeuse du parking d’une remontée mécanique sous le col du Tourmalet, au pied du Pic du Midi de Bigorre, nous avons choisi de randonner jusqu’au Lac d’Oncet. Un parcours de 2h30 et de plus de 7 km aller-retour dont le niveau de difficulté est qualifié de « promenade » par le site pyrandonnées.fr Nous avons trouvé le terme un peu vexatoire car il a fallu tout de même fournir quelques efforts pour franchir cette distance et le dénivelé de 330m ! Nous avons même suivi tout une troupe de chasseurs alpins qui s’entraînaient, c’est dire ! Allez, tiens, une tite question : le Pic du Midi de Bigorre est le point culminant du massif des Pyrénées, 1.vrai 2.faux 3.Oncet pas…

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Ok, le chemin est large et bien tracé, la pente n’est pas des plus abruptes,
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mais il faut quand même bien marcher pour arriver au Lac d’Oncet

Non mais quel cirque !

En partant vers l’ouest vers Luz-St Sauveur puis plein sud vers l’Espagne, la route se termine en cul-de-sac après la commune de Gavarnie. Nous laissons là Roberto au parking (nous y passerons d’ailleurs la nuit) puis finissons la balade à pied vers le célèbre cirque. Le spectacle à l’arrivée justifie totalement les 11 km aller-retour et 466 m de dénivelé : nous sommes entourés de hautes falaises très impressionnantes, perchées à 3000 m d’altitude et parsemées de cascades dont l’une des plus hautes d’Europe (423 m de chute). Nous nous offrons une pause-repas dans l’unique restaurant du site. Déguster charcuterie et fromages locaux puis l’inévitable tartelette aux myrtilles dans un environnement pareil, ça relève bien de l’exception. Sur les panneaux au voisinage, nous apprenons que le cirque d’origine glaciaire s’est formé il y a 40 millions d’années et qu’au sommet des falaises on a trouvé des fossiles surprenants. Mais de quoi ? Dinosaures ? Fougères ? Huîtres ? Requins ?

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nous amène après quelques kilomètres au cœur du Cirque de Gavarnie. Joli spectacle à 360°

Argeles-Gazost, l’eau de là

J’ai travaillé 25 ans de ma vie dans le thermalisme. A Saint-Gervais précisément. L’établissement thermal est construit juste à côté de la source pour conserver au maximum ses propriétés thérapeutiques. A une époque, pour faciliter l’accès des curistes, les thermes avaient été installés près de la route, à 800 m de la source, reliés à elle par une canalisation. De suite, les patients habitués ont senti la différence, ne ressentant plus les bienfaits observés auparavant. Ils sont retournés se baigner dans l’ancien établissement. Les « nouveaux » thermes n’ont fonctionné que quelques années, et la direction a dû réouvrir puis réhabiliter les anciens. Il avait donc suffi de transporter l’eau sur 800 m pour lui faire perdre ses propriétés. Ici à Argeles, aucune source ne jaillit. C’est celle du hameau de Gazost qui est utilisée, d’où l’association des noms. Et vous savez quoi, Gazost est à 21 km d’Argeles. Je dis ça je dis rien… D’un autre côté, si les effets ne sont pas miraculeux, Lourdes n’est qu’à 13 km…

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Un petit quiz pour les fidèles : le nom de Gazost signifie… a) « cas social » en Occitan ? ; b) présence de gaz dans l’eau thermale ? ; c) on n’en sait fichtre rien


Une bonne impression

Nous avons eu le plaisir de nous faire offrir deux mugs on ne peut plus personnalisés, illustrés par une photo de notre cher Roberto et identifiés par nos prénoms. Les objets publicitaires de ce type ne sont pas nouveaux, mais la particularité c’est qu’ils ne représentent qu’une petite partie de l’activité de la jeune entreprise qui les réalise, Artridy. Leur activité principale, c’est de numériser en 3D à l’aide d’un scanner très performant (la marque Leica doit parler à certains) divers environnements, comme des appartements à vendre ou à rénover. L’exploitation des données permet d’en extraire directement un plan d’architecte avec toutes les mesures, une visite virtuelle avec réaménagement ou non. Artridy est également équipée d’une imprimante 3D qui permet de restituer des objets jusqu’à 1,80m de hauteur. Si vous voulez un duplicata en plastique de votre belle-mère ou de votre acteur(trice) favorit(e), c’est parfait. Après, l’usage que vous en ferez ne me regarde pas… mais si ça vous tente ou si vous voulez faire réaliser des objets personnalisés, voici le lien : https://artridy.com/


In vino dormitas

De passage en Touraine, nous cherchons un coin pour dormir hors de la ville. Park4night nous propose un spot envahi de gros escargots blancs. Normal, car souvent peu autonomes, ils viennent ici faire le plein d’eau et vider leurs cassettes, voire chercher un peu de sécurité. N’ayant besoin de rien de tout ça, nous fuyons chercher mieux un peu plus loin. Nous tombons sur une petite aire de pique-nique au milieu des vignes, accessible par un chemin en terre qui a peut-être rebuté ceux qui s’y sont essayé. L’endroit est idéal. Nous sommes seuls avec les grappes de raisin sur le point d’être vendangées. Nous passerons une nuit très calme. Nous nous garderons bien de mettre un commentaire sur l’application, de peur que le lieu en devenant trop connu finisse par être dégradé et dans la foulée fermé. Pas très fair-play mais nous avons vu tellement de spots condamnés par des barrières de hauteur suite aux divers excès de leur occupants que nous préférons garder confidentiels des lieux comme ceci. Si vous voulez vraiment savoir où c’est, les images de ce blog sont géolocalisées….

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L’informatique n’est plus ce qu’elle était…

Nous avons tellement pris l’habitude de privilégier Internet au téléphone que nous oublions comment c’était avant. Et la facilité ou le gain de temps ne sont pas toujours au rendez-vous. En voici 3 exemples vécus très récemment dans la bonne ville de Tours.

Souhaitant réserver un taxi pour le lendemain de bonne heure, nous nous tournons par réflexe vers l’appli Uber. Mais s’il est assez facile de trouver un chauffeur pour le temps présent, la tentative échoue pour le lendemain, l’appli prévenant en outre que la course n’est pas garantie. Après s’être énervé sur les clicks multiples sur le bouton « Réserver » qui reste désespérément impassible (mais pourquoi appuie-t-on plus fort sur l’écran quand ça ne marche pas d’emblée ?) nous trouvons rapidement le téléphone d’une centrale de réservation de taxi, lançons l’appel, trouvons de suite une interlocutrice qui nous confirme la réservation en moins d’une minute. Ah oui, c’est vrai, le téléphone et les taxis fonctionnent encore ! Et la différence de prix de moins d’un euro ne valait pas tous ces emm…

Nous nous présentons un peu plus tard dans une pharmacie en plein centre de Tours avec une ordonnance.. Comme c’est une pharmacie que nous ne fréquentons pas d’habitude, on nous demande, outre la carte vitale, la carte mutuelle. Nous ne l’avons pas sur nous mais avons un scan dans nos téléphones. Ça ne suffit pas au pharmacien qui pourrait lire sur nos appareils les renseignements qui l’intéressent, mais il en veut une copie pour pouvoir passer dans son petit scanner à rouleaux. Nos téléphones risquant de ne pas supporter l’épreuve, il nous propose de lui envoyer les scans par mail. Sauf que le réseau mobile n’atteint pas la pharmacie, qui ne possède pas non plus de wifi, alors il me faut sortir dans la rue pour envoyer le mail. Péniblement car en plein centre-ville de Tours, je n’ai qu’une barre de réseau. Incroyable. Moralité, il faut apporter à la pharmacie ses documents en papier pour être numérisés, mais surtout pas l’inverse.

Pour terminer la journée sur une note culturelle, nous décidons d’aller visiter le Musée du Compagnonnage. Nous prenons la précaution de vérifier sur Google Map que le musée est bien ouvert aujourd’hui. L’application confirme et nous dit même que le lieu est « moins fréquenté que d’habitude », ce qui aurait du nous donner la puce à l’oreille. Toujours confiants dans l’application, nous la laissons nous guider vers l’entrée …qui se révèlera être à l’opposé du bâtiment, nous imposant un détour de 300m. Mais le pire est à venir : une affiche à l’entrée du musée annonce sa fermeture temporaire pour travaux. Mais pourquoi donc ne les avons-nous pas tout simplement appelés au téléphone préalablement ? Juste un petit coup de fil ?


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Terminons par ce joli parterre de fleurs dans une ambiance printanière, photographié le premier jour …de l’automne. Une belle démonstration du dérèglement climatique, non ? A méditer en attendant le prochain article. A bientôt !

P.S. Réponses aux divers quiz : Lambros Vorloou, 3,35 m, Longtarin et le Compte de Champignac, 25 000 €, marbre, 3 fois, faux (pic d’Aneto), c (on n’en sait rien)

106. La fin des haricots

Eh oui, notre périple Nord et Centro-Américain se termine. Nous avions certes décidé initialement de franchir le Darien Gap par voie maritime, la seule possible pour un véhicule, pour poursuivre notre périple en Amérique du Sud. Et puis plusieurs éléments nous ont fait changer d’avis. En premier, les caprices de l’électronique et des systèmes antipollution de Roberto, qui risquent de s’accentuer avec les hautes altitudes de la cordillère des Andes et la piètre qualité du diesel dans certains pays. En second vient le facteur temps, dans plusieurs sens du terme : comme nous avons un peu traîné, nous risquons d’être à la fois en plein dans la saison des pluies en Colombie ou au Pérou et un peu justes pour arriver vers Ushuaia entre décembre et février, la période la plus propice. En dernier vient, avouons-le, le côté un peu répétitif de la culture latino-américaine, qui fait que les changements ne sont pas énormes d’un pays à l’autre même si tous gardent leur particularité. Et quand on dit culture, cela inclut l’alimentation. Nous sommes lassés de ne trouver dans la majorité des restaurants que des viandes frites accompagnées de riz et de haricots rouges.

La fin des haricots ?

Après plus de 50 000 km parcourus sur ce demi-continent, nous allons repasser par l’Europe. Pas « rentrer » comme certains nous disent, car se sera juste dans la continuité de notre tour du monde. Un « petit » périple en Europe du Sud avant de repartir loin, peut-être vers l’Australie et la Nouvelle Zélande. L’Amérique du Sud, ce sera pour plus tard. Et financièrement, ce n’est pas aussi pénalisant qu’il n’y parait, le shipping entre le Panama est très cher, presque le double que pour aller en Europe alors que le trajet est douze fois plus court. Mais pour l’instant, profitons du Panama, il nous reste une quinzaine de jours avant de quitter le pays.

El Valle de Antón

C’est dans ce cratère volcanique, le deuxième plus grand au monde après celui de Yellowstone, situé à 600 m d’altitude, que viennent se reposer les « capitaleños », nom donné aux habitants de la capitale située à seulement 2 heures de route. Ils viennent y chercher un peu de fraîcheur (tout est relatif) et y pratiquer des activités en extérieur. Nous avons donc suivi leur exemple, nous nous sommes mis au vert quelques jours avant de gagner Panama City.

El Valle de Anton depuis la India Dormida
El Valle de Antón. Tiens, ça m’en rappelle une autre, réservée aux cinéphiles avertis : M. et Mme Mavallée ont 2 filles… Comment se prénomment-elles ? (réponse en légende des photos suivantes)

◊ Le centre-ville

C’est une longue rue principale bordée de boutiques, de restaurants, de petits hôtels, de supérettes, d’un marché permanent et même de voitures-boutiques sur le capot desquelles on vend directement la marchandise. Tout y est à échelle humaine, les bâtiments ne dépassent pas un étage et sont relativement dispersés, laissant une part honnête à la nature. Des routes secondaires s’en éloignent, desservant les habitations plus ou moins riches puis les sentiers de randonnées. La ville recense plusieurs centaines de retraités de nationalités multiples, attirés là par le climat printanier permanent.

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Sur les allées latérales, des demeures de toutes sortes, simples aux couleurs locales ou plus huppées, mais toujours dans un environnement plus que verdoyant
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Les « voisins vigilants », ça marche ici aussi. Gare au lion qui veille !

◊ Le sanctuaire des grenouilles dorées

Cette petite grenouille de 3 à 5 cm de long ne vit qu’ici, à El Valle, où l’on sauvegarde les derniers représentants de l’espèce menacée d’extinction (elle a été filmée pour la dernière fois à l’état sauvage en 2007). Elle est principalement victime, comme d’autres batraciens, d’un champignon mortel pour cette espèce, mais aussi d’un autre parasite appelé « Homme » qui détruit et pollue son habitat. Pour la petite histoire, le centre qui les recueille est situé juste à côté d’un hôtel. Les travaux ayant pris du retard, deux chambres de l’hôtel (Campestre) ont été réquisitionnées pour héberger 300 grenouilles, avec service d’étage à la clef, jusqu’à la mise en route définitive du centre. Le gouvernement panaméen a décidé d’en faire un symbole national, en votant que le 14 août serait la journée nationale de la grenouille dorée. Sera-ce suffisant pour sauver l’espèce ?

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La grenouille dorée panaméenne, hôte VIP de l’Hôtel Campestre

Le centre ne se visite pas, à l’exception d’un petit bureau d’accueil qui possède quelques vivariums, présentés par des naturalistes qui n’hésitent pas à mettre la main euh à la patte pour nous montrer quelques spécimens intéressants. Comme par exemple cette grenouille transparente dont on voyait battre le cœur dans la poitrine.


◊ Les arbres carrés

Ces arbres sont aussi une espèce endémique d’El Valle, on ne les voit nulle part ailleurs dans le monde. Et d’ailleurs ceux qui ont tenté de les faire pousser ailleurs n’ont pu que constater un tronc circulaire. L’arbre appelé Quararibea asterolepis semble pourtant assez commun du Brésil au Costa Rica, mais il ne pousse carré qu’ici. Un vrai mystère ! Pour les découvrir, il faut emprunter un petit chemin près de l’Hôtel Campestre, celui qui a hébergé les grenouilles dorées, et marcher une petite demi-heure dans une forêt, en traversant de petites passerelles au-dessus d’un torrent. Après, difficile de les rater, ils sont munis soit d’un ruban, soit d’une pancarte. Carrément.

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C’est parti pour une randonnée à la rencontre des arbres carrés, avec notre guide improvisé. « Il aime se balader avec les gens » nous a dit le gardien à l’accueil !
Sentier agréable dans la forêt le long d’un torrent, avec quelques passerelles pas trop rouillées.
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De jolis bancs bleu délavé permettent de se reposer. Le chien préfère la méthode Rika Zarai pour se rafraîchir !
Nous arrivons dans une clairière avec des arbres à la base plutôt triangulaire…
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Et puis les voilà enfin ! Clairement identifiés au cas où l’on aurait des doutes

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Petite pause bien méritée au retour sous l’oeil vigilant de notre ange-gardien

◊ La Piedra Pintada

C’est un gros caillou accessible avec un bracelet rose qui témoigne que vous avez bien acquitté le droit d’entrée. 3 dollars qui vous donnent droit à acheter des souvenirs aux stands du couloir d’entrée, à déraper sur la boue qui traîne sur le chemin, à barboter sous l’une des cascades qui le jalonnent, à vous faire éclabousser par les autres et enfin à décrypter les pétroglyphes qui ornent l’une de ses faces, régulièrement soulignés de craie par les locaux, faute de quoi ils seraient moins apparents et risqueraient de déclencher un réflexe de demande de remboursement. On n’est apparemment sûr de rien pour ces dessins gravés. Ni de leur ancienneté (sauf pour l’inscription « Bob was here 2004 » qui n’a pas besoin d’être datée au carbone 14*) ni de leur signification. Certains parlent d’une représentation cartographique régionale du conflit entre les autochtones et les espagnols, mais s’il ne fait aucun doute que le conflit a bien eu lieu, comme partout ailleurs en Amérique, rien ne prouve qu’il ne s’agit pas du dessin d’un gamin du coin ayant représenté la tête de sa petite sœur atteinte de la variole.   


◊ La India Dormida

Ayant eu pendant 25 ans, lorsque nous habitions à St Gervais, l’Indien Endormi de la chaîne des Aravis sous nos yeux, nous n’avons pas été plus surpris que ça de trouver une compatriote allongée sur le bord du cratère d’El Valle. Une amérindienne fille de chef tombée amoureuse d’un conquistador. Le prétendant n’a pas supporté et s’est donné la mort. L’indienne bannie par son peuple est allée se réfugier dans la montagne, s’y est allongée pour toujours, imposant sa silhouette en permanence aux habitants du village et offrant son corps à parcourir à tous les randonneurs de passage. Une belle revanche finalement. Et un joli spectacle panoramique au sommet pour ceux qui se donnent la peine de réaliser l’ascension. De plus, ça ravira mon fils, passionné d’histoire de la guerre, de savoir que je suis monté au front.

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La voyez vous cette belle indienne endormie avec sa chevelure verte ondulante ?
L’ascension se fait par le bras gauche (il parait qu’elle n’a pas de bras droit, mais chut !)
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Le front est un peu plus dégarni mais offre une vue plongeante et panoramique de toute beauté
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◊ Une histoire à dormir de boue

Quoi de mieux après une longue randonnée en pleine chaleur qu’un bon bain chaud ? Et comme nous sommes ici dans le cratère d’un volcan, devinez quoi, on trouve quelques sources thermales. Les Pozos Termales d’El Valle sont à courte distance du centre-ville. Les installations sont rudimentaires, quelques bassins de taille modeste emplis d’une eau couleur ocre de 34 à 38°C et richement minéralisée. Mais avant de s’y plonger, il est recommandé d’appliquer sur le visage, ou plus si affinité, un petit pot de boue que l’on vous remet à l’entrée, et de le laisser sécher avant de tout rincer et de profiter enfin du reposant Graal aquatique.


Panama City

Nous avons troqué les vertes montagnes de notre cratère contre les tours bétonnées de la capitale. Un passage utile, pour ne pas dire nécessaire, à notre prochain shipping (je reviendrai plus tard sur ces formalités) auquel nous joindrons j’espère l’agréable, la mégapole possédant tout de même quelques attraits touristiques.

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◊ Panama Viejo

Afin de commencer par le commencement, nous visitons d’abord Panama Viejo, les ruines de la ville initiale, construite dès 1519, la toute première bâtie par les Espagnols sur la côte Pacifique de l’Amérique. Entre les conflits avec les autochtones, qui ont défendu bec et ongles leur territoire et leur culture avec la fin malheureuse que l’on connaît, les nombreuses attaques de pirates qui savaient bien que l’or du Pérou transitait par cette ville pour aller en Espagne, les incendies et les tremblements de terre, le site fut jugé insécure et la capitale fut transférée à 8 km de là, renaissant dans le quartier appelé actuellement Casco Viejo en 1671.

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Maquette de Panama Viejo telle qu’elle était au XVIIème siècle

Panama Viejo est désormais, malgré ses 500 ans à peine dépassés, un site archéologique classé. Il reste peu de choses de la ville initiale, les habitants s’étant largement servi dans ses murs pour reconstruire la nouvelle ville, mais les travaux de réhabilitation et les panneaux explicatifs permettent d’imaginer la ville telle qu’elle était avant son brutal déclin. La tour de la cathédrale, réaménagée en observatoire, permet d’apprécier le site vu de haut avec la skyline de la City en toile de fond, et de mesurer du coup le contraste saisissant de l’évolution de la technologie et de la civilisation en quelques siècles seulement. Un musée permet de compléter ses connaissances dans une fraîcheur bienvenue (40°C ressentis à l’extérieur).

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La cathédrale, dont le clocher en cours de restauration permet d’aller observer le site de haut
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Joli panorama en effet. Un dessin au-dessous permet d’imaginer la ville du même point de vue autrefois
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La nature est un peu préservée en plein coeur de la ville. Nous avons bien aimé cette visite !

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Le parking du site archéologique n’est pas prévu pour y passer la nuit. Mais nous avons tout de même tenté notre chance auprès de l’agent de sécurité. Après un refus initial et des échanges sympathiques sur notre parcours, Carlos a finalement accepté. Après, il est venu rediscuter à plusieurs reprises et est même venu nous demander le lendemain matin si nous avions bien dormi ! Ce qui était le cas avec le site pour nous seuls, une petite brise de mer rafraîchissante et une jolie vue sur la skyline de Panama City en prime
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Organisation du shipping

Ah le bon temps des traversées en ferry des fjords de Norvège, où l’on montait directement sur le pont du bateau nous attendant au bout de la route et où l’on débarquait de l’autre côté sans avoir montré le moindre papier ni sorti le moindre argent (la plaque minéralogique était scannée et le montant débité de notre carte bancaire quelques semaines plus tard).

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Traversée en ferry du Bjørnafjorden (Norvège) en route vers Bergen en septembre 2021

Ici Roberto va quitter un pays pour un autre, un continent pour un autre pour un parcours de plusieurs semaines, une tout autre logistique.

◊ Choix du mode de transport

La première étape a été de choisir le mode de transport parmi 3 possibles : le container, le flat rack et le RO-RO. La première était à la fois la moins chère et la plus sécuritaire, à condition de trouver un partenaire pour partager le container, la recherche ayant été faite par les réseaux sociaux et un prestataire panaméen. La seconde nécessitant également un partage, était la solution la plus sécuritaire pour un véhicule ne tenant pas dans un container même réhaussé (2,58m de hauteur maximum). Faute d’avoir trouvé à temps quelqu’un pour partager avec nous, nous avons dû nous rabattre sur la 3ème solution, le Roll on – Roll off, alias RO-RO. Au lieu d’expédier le véhicule verrouillé, on confie ici les clés au transporteur pour qu’il puisse le conduire lui-même dans et hors du navire. Et quand tout est ouvert, les véhicules sont malheureusement souvent fouillés et dépouillés, ce qui nous est arrivé à l’aller. Nous avons choisi cette fois de ne rien barricader et de transporter avec nous dans l’avion le plus de biens possibles.

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Choisir entre container, flat rack et RO-RO… quand c’est possible !
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C’est finalement sur un navire de ce type, de la compagnie Wallenius Wilhelmsen, que Roberto va voyager

◊ Choix du transitaire

Une fois le transport déterminé, nous avons fait faire des devis, assez facilement puisque tout se fait en ligne. Entre IVSS, Seabridge et Overland Embassy, c’est la première compagnie qui s’est révélée la plus intéressante. Après, ce sont des échanges de courriels et de documents, la procédure est plutôt bien organisée. On met à notre disposition, moyennant rémunération, un agent portuaire qui nous guidera dans toutes les étapes sur place.

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Page d’accueil de la compagnie IVSS

◊ Le certificat de non-gage

Côté paperasse, le plus pénible au Panama est l’établissement de notre équivalent de certificat de non-gage. Mais alors que chez nous l’opération se fait simplement en ligne, il faut commencer là-bas par faire vérifier l’identité de son véhicule, 2 à 3 jours ouvrables avant la date de dépôt au port.

Et il faut y être de bonne heure, entre 6 h et 7h30 du matin, car ils ne vérifient que les véhicules arrivés dans cette tranche horaire-là et pas plus de 25 par jour ! Afin d’assurer nos arrières, nous sommes arrivés à 5h45, il faisait encore nuit, sur un terrain vague devant un bâtiment à moitié délabré. 30mn plus tard, une porte s’est ouverte et j’ai pu m’inscrire sur la liste d’attente, avec le n°1. L’inspection proprement dite n’a démarré que vers 7h30 (des fois c’est plus tard). Deux agents ont sorti un bureau du bâtiment et l’ont amené sur le terrain vague. Puis les candidats du jour se sont présentés un par un pour faire valider leurs papiers. Seulement une fois que tout le monde a été enregistré, les inspections ont commencé, presque dans l’ordre des numéros (nous sommes passés en 3ème…). Vérification rapide du numéro d’identification du véhicule et de la plaque. Moins de 5mn. Après quoi nous sommes invités à revenir le lendemain 10h pour obtenir le document final. De nouveau quelques papiers à remplir et à photocopier, presque 1 heure d’attente et nous voilà en possession de notre sésame. Il paraîtrait qu’en donnant un gros billet au port on pourrait s’en passer mais chut !

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Tout ça pour ça ! Et le papier n’est valable que 8 jours. Si le bateau prend du retard, il faudra tout recommencer !

◊ Préparation de Roberto

Nous allons nous poser dans un petit hôtel sympathique entouré de verdure pour préparer Roberto au shipping. Nous prenons une chambre, ce qui va nous permettre à la fois de dormir au frais et d’avoir les coudées franches pour vider nos placards. Nous avons acheté une valise dans un centre commercial voisin pour emporter le maximum de ce qui nous tient à cœur ou qui est difficilement remplaçable. Pour le reste, la compagnie exige que le véhicule ait l’air « vide ». Donc nous enfermons tout ce qui reste dans les placards. Les réservoirs d’eau doivent être au minimum, et nous ne devons laisser qu’un quart de diesel, ce qui est très frustrant compte-tenu du prix du litre à 80 centimes d’euro !

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L’Hôtel Amador Familiar à Panama City ; 33$ la chambre, ça va
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Le tableau réservé aux visiteurs dans la salle à manger. Mais où est Charlie ?

◊ Abandon des plantes vertes

Difficile de se rappeler où nous avons acheté ce mignon petit cactus dans un pot de céramique à la forme d’un combi VW, symbole parfait du voyageur nomade. Je dirais entre 6 et 12 mois. Nous l’avons choyé, arrosé avec parcimonie, préservé des chaleurs extrêmes et exposé au mieux, notamment en lui trouvant un petit restant de lumière les moments où nous avons abandonné Roberto sur des longues durées. Nous lui avons trouvé une résistance exceptionnelle, nous nous sommes félicités de notre inhabituelle main verte. Et quand il a fallu préparer Roberto pour la grande traversée, nous nous sommes résolus à lui faire nos adieux, tout importation transatlantique de plantes étant prohibée. Nous avons décidé de le remettre en pleine terre, de lui rendre sa liberté en quelque sorte, dans le jardin du petit hôtel où nous avons séjourné pour les préparatifs. Je dépote, donc et découvre sous une mince couche à l’apparence de la terre un morceau de polystyrène expansé. Géniale solution pour éviter les surplus d’eau pensais-je avant de découvrir une tige verte bien cylindrique se terminant par un bord net. Aurais-je arraché malencontreusement les racines ? Le petit être va-t-il réussir à reprendre après ça ? Et puis j’y regarde de plus près, puis, après un doute, d’encore plus près, avant de réaliser que notre cactus si résistant est …en plastique. Une prouesse d’imitation car j’ai quand même caressé le fin duvet des feuilles plus d’une fois pour vérifier sa santé, mais tout de même, une vraie déception !


◊ Dernier repas entre amis

Nous allons maintenant longer le canal du Sud au Nord pour rejoindre Manzanillo, le port de la ville de Colón où nous devons déposer Roberto. Dommage de devoir aller là alors que notre navire faisait escale à Panama City, mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Avant de rejoindre l’endroit où nous allons passer la nuit, nous devons encore trouver un laveur d’autos pour Roberto, qui doit être exempt de salissures et de boues comme il est précisé dans les consignes. Pas facile un dimanche soir, mais rien d’impossible ici. Notre premier choix sur Google Maps, pourtant marqué « ouvert en ce moment » semble abandonné depuis des lustres. Le second n’est pas à l’endroit indiqué, nous le trouvons grâce à un passant que nous prendrons à bord de Roberto pour nous y conduire, sur sa proposition !

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Grand lavage pour Roberto. La poutrelle du toit était bien basse, c’est passé à 2 cm du lanterneau !

Nous retrouvons sur un joli spot près de l’écluse de Gatún, la plus proche de l’Atlantique, une famille française que nous avions rencontrée pour la première fois au Nicaragua. Hasard du calendrier, ils rapatrient leur véhicule en Europe sur le même bateau que nous. Joie des retrouvailles, échanges sur nos parcours respectifs et plus largement sur nos aspirations communes, partage des restes alimentaires puisqu’il ne faut rien laisser de tel dans les véhicules. Bref un repas et une soirée en commun bien sympathiques, dans un cadre idyllique au bord de l’eau (on oubliera vite la musique forte du gros camion venu récupérer un bateau sur le bras de mer, ça n’a duré qu’un temps). Et nous ferons une partie de nos formalités ensemble le lendemain avant de nous séparer pour quelques semaines. Eux partent « tromper le temps » de la traversée en allant visiter la Namibie, super projet, tandis que nous choisissons de rester un peu plus longtemps sur le Panama avant de rejoindre la Belgique. Nous devrions nous retrouver à Zeebrugge mi-juillet.

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Merci à Julie (de l’autre côté de l’objectif) pour cette belle photo-souvenir avec Victoria, Wil et Zach.
Si vous voulez suivre leur voyage, ils sont @notre_roadtrip sur Instagram
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Notre joli spot au bord d’un bras de mer près de Gatún, avec de belles couleurs au lever du soleil
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◊ Roberto au dépôt

Nous retrouvons au port notre agent facilitateur qui fera toutes les démarches à notre place, ce qui est bien pratique quand on ne connait pas les lieux ni ne maîtrisons la langue. Après 2 heures de formalités, dont inspection douanière, chien sniffeur de drogue, annulation du permis d’importation temporaire et mention ad hoc sur nos passeports (car il y était écrit que nous n’avions pas le droit de quitter le pays sans notre véhicule), tout est réglé. Nous abandonnons Roberto et repartons à la capitale. Nous le reverrons dans un mois en Belgique. Il va voyager avec le Titus, que nous allons suivre à la trace sur le site marinetraffic.com, et qui est localisé au moment de la rédaction de cet article au large des côtes du Nicaragua.

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Roberto à la douane de Manzanillo, avec son copain Las Vegas. Nous les reverrons dans 1 mois

Notre voyage va désormais se poursuivre quelque semaines sans Roberto. Mais pas question de nous laisser aller ! Nous allons rester un peu sur Panama City et, tout en visitant la ville, réfléchir à notre parcours jusqu’à Zeebrugge. Vous saurez ça bientôt. Merci de nous lire !

Parcours Panama
Parcours Panama d’El Valle à Manzanillo via Panama City. En version zoomable ici

101. Costa Rica première décade

En contraste avec les pays précédents, le Costa Rica s’affirme d’emblée comme orienté vers la nature. Le tourisme vert est d’ailleurs sa première source de revenus. De fait, après une dizaine de jours, 90% de nos activités auront eu pour thème la nature, une heureuse exception dans notre parcours.

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Quel autre pays peut mettre des paresseux sur ses billets de banque ?!
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Plaque minéralogique du Costa Rica

Frontière chaotique

L’entrée au Nicaragua avait déjà été un peu chaotique, mais la sortie encore plus, confirmant la bureaucratie intense dans ce pays. Sans vouloir entrer dans les détails, la procédure pour quitter le pays aura nécessité 2h40 tandis que l’entrée au Costa Rica ne prendra que 20 mn. Bon, chaque pays fait comme il veut, et la procédure parait plus simple pour les véhicules particuliers, mais nous plaignons les chauffeurs de poids-lourds qui, d’après les longues files de plus d’un kilomètre que nous avons pu observer de part et d’autre de la frontière ont dû perdre au moins une demi-journée à la traverser.

Sur la photo à droite, on peut voir une file de chauffeurs de poids-lourds qui attendaient le passage de leur véhicule au scanner. Assez résignés, ils m’ont gentiment laissé passer devant eux (c’est le cas aussi pour le passage en douane, nous sommes autorisés à doubler les camions). Ils trouvaient d’ailleurs bizarre qu’avec mon véhicule particulier j’aie dû y passer aussi. Apparemment, un petit billet au policier aurait permis d’éviter cette tracasserie, mais nous ne nous sommes pas pliés à ça !

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Premières impressions

Quelquefois, l’entrée dans un nouveau pays se traduit par un choc culturel, comme lorsque l’on passe des USA au Mexique par exemple, mais entre le Nicaragua et le Costa Rica, formalités administratives exclues, c’est le sentiment de continuité qui prédomine. Même végétation abondante, mêmes routes en relativement bon état, même circulation tranquille. Il a fallu attendre de parcourir à pied la première ville, Liberia, pour voir quelques différences. C’est bizarre à dire, mais ce qui frappe le plus est de voir des vitrines devant les magasins, alors que depuis plusieurs mois nous côtoyions des boutiques donnant directement sur la rue ou en en étant séparées d’une simple grille. La plus grande richesse se confirme par la présence de bus électriques, même si les vieux bus scolaires américains retapés sont encore légion, et nous sommes ravis aussi de voir notre carte bancaire refonctionner après un black out au Nicaragua. A l’inverse, les couleurs du pays précédent ont presque disparu, l’église (moderne) est hideuse et le parc central est loin d’être verdoyant. Nous espérons que ce ne seront que des exceptions, la réputation du pays est au-dessus de tout cela.


Sous l’arbre à oreilles d’éléphant

Une première pause dans un petit camping à Liberia, sous les arbres et bien aérés, nous a permis de retrouver une semi-fraîcheur qui nous manquait depuis une quinzaine de jours. Le lendemain, nous avons grimpé à 650m d’altitude vers un premier volcan, pour nous installer sur le parking d’un « lodge » (hôtel isolé en pleine nature) acceptant les voyageurs nomades. De là, nous avons suivi un petit chemin de randonnée dans la forêt tropicale sèche, menant à une source chaude soufrée. Un endroit étonnant où un petit cours d’eau transparent devient brusquement blanc laiteux à la rencontre d’une source chaude émanant du volcan voisin. La balade était bien agréable malgré les 8 km aller-retour, dans l’ombre de la forêt mais accompagnés d’une multitude d’oiseaux, toujours difficiles à photographier. En raison de leur fugacité d’une part et de la modicité de notre équipement (smartphones) d’autre part. Les clichés seront rares mais les souvenirs resteront marqués dans notre tête. Nous avons aussi ramassé quelques fruits dont celui (en étoile) du pommier baumier). Il y a de la post-production à prévoir ! En tout cas, la nuit à l’ombre de notre « guanacaste » (l’arbre national du Costa Rica, appelé aussi arbre à oreilles d’éléphant en raison de la forme de ses fruits) et avec une température descendant enfin sous les 25°C (21° même au plus frais) a été des plus réparatrices.

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Roberto à l’ombre d’un guanacaste

2 ans !

Le 19 avril 2021, nous découvrions notre Roberto pour la première fois chez notre aménageur. Les premiers kilomètres parcourus avec furent un mélange d’appréhension et d’euphorie. L’appréhension de la conduite d’un véhicule de ce format et peut-être celle de réaliser qu’il allait devenir notre nouvelle maison pour plusieurs années. L’euphorie de cette liberté nouvelle et du grand voyage qui nous attendait.

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19 avril 2021, Roberto vient de parcourir son premier kilomètre à Rodez

Ce 19 avril 2023, nous avons fêté les 2 ans de Roberto, nos 2 ans de vie nomade, et si l’on ne peut plus parler d’appréhension ni d’euphorie, nous restons dans une dynamique très positive. Ces deux années se sont écoulées à un rythme intense, parfois trop même au point que nous ressentons régulièrement le besoin de ralentir, de nous poser quelques jours sur un point de notre parcours pour souffler, pour digérer nos découvertes quotidiennes, pour nous reposer physiquement aussi des kilomètres de marche et même des kilomètres de route. Nous restons heureux de vivre notre rêve, notre seul manque étant l’éloignement de la famille et des amis, que nous essaierons de compenser avec des retours peut-être un peu plus fréquents. Le retour technique de Roberto en Europe va sans doute arranger un peu les choses, mais ne changera absolument rien à notre désir de poursuivre notre vie nomade.

Parcoursans
19 avril 2023, Roberto est parvenu au Costa Rica, après un joli parcours de 73 000 km !

Le sentier des casseroles

Nous sommes dans le parc national du volcan Rincon de la Vieja, le premier que nous explorons au Costa Rica. L’organisation est un peu à l’américaine, avec « rangers » à l’entrée, plan des randonnées, parcours parfaitement délimités et cimentés avec points d’observation clairement indiqués, boutique de souvenirs à la sortie. Nous choisissons une boucle de 3 km traversant en grande partie une superbe forêt tropicale avec des arbres magnifiques et quelques animaux, dont des iguanes, quelques oiseaux, des tapirs, des singes araignées et d’autres à tête blanche. L’attraction tourne autour du volcanisme secondaire et nous observerons beaucoup de ces « casseroles » géantes et fumantes emplies de boue ou d’eau en ébullition, dans lesquelles on cuirait bien ses spaghettis ou ses œufs, et qui justifient parfaitement en tout cas l’appellation du sentier (sendero de las pailas). Nul doute que l’activité géothermique est intense ici, et l’on comprend très bien l’installation récente d’une usine pour l’exploiter sur le site. Vraiment un bel endroit, et une fréquentation très raisonnable.

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Le volcan Rincon de la Vieja, 10h38…
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Nous n’apprendrons que le lendemain le réveil soudain de la bête quelques heures après notre passage. Mais à ce moment-là, nous étions déjà à une trentaine de kilomètres de là. Dommage ou pas ?
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Il est vrai que l’activité volcanique secondaire était bien présente
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L’attrait était aussi dans la luxuriance de l’environnement. Pas beaux ces arbres qui s’enlacent ?

Pura vida

riche en animaux sauvages…

et en phénomènes naturels

N’est-elle pas belle notre pura vida ?


Le Rio Celeste

La tentante traduction française, « rivière céleste », pourrait faire penser à une combinaison exceptionnelle du mah-jong ou encore au plat n° 116 du restaurant chinois d’à côté, mais « celeste » en Espagnol signifie bleu ciel. Et le qualificatif n’est en rien usurpé. C’est en traversant un pont que nous découvrons cette rivière d’un bleu étonnant, tranchant sur la végétation environnante. Forcément la couleur attire, et le lieu est quelque peu envahi de touristes et locaux qui viennent s’y rafraîchir, discuter ou même méditer. La concentration humaine et la localisation sous le pont ne sont pas très glamour, nous nous contenterons de deux ou trois photos. Car nous avons prévu de visiter le lendemain le parc national traversé par cette rivière, l’hébergeant sous ses meilleurs aspects. Et nous ne sommes pas déçus ! Un sentier de 6 km aller-retour mène jusqu’à l’origine de la couleur bleue, apparaissant étonnamment à la rencontre de 2 rivières transparentes, l’acidité de l’une se conjuguant aux particules en suspension de l’autre pour les faire gonfler et leur faire réfléchir ainsi la lumière bleue du spectre solaire. Mais vous préférerez peut-être la version plus poétique qui dit que la rivière aurait pris cette couleur lorsque Dieu y trempa ses pinceaux après avoir peint le ciel… Tout au long du sentier traversant une forêt exubérante, nous admirons les méandres bleutés, les petits lacs d’un bleu extraordinaire, des zones en ébullition et une magnifique cascade. Nous croisons aussi un petit lézard dont la queue est aussi bleue que la rivière. Je l’aurais volontiers baptisé « lézard céleste » mais pas sûr que les herpétologues soient d’accord !

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J’espère juste ne pas me transformer en Schtroumf !
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Pour en découvrir davantage, il faut entrer dans le Parc National du volcan Tenorio
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Mais quelles couleurs magnifiques ! Nous n’avions jamais rien vu de tel !
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Puis vient l’endroit où la magie s’opère : 2 rivières transparentes se transforment en 1 rivière bleue !
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La visite se termine par une cascade de toute beauté. On a longtemps accusé ceux qui en diffusaient la photo de truquer les couleurs, mais nous pouvons témoigner qu’il n’en est rien !
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Ah et j’allais oublier mon petit « lézard céleste » dont la queue reproduit tellement bien le Rio !

Aux pieds du volcan Arenal

Ce volcan à l’imposante silhouette cônique est né il y a 7000 ans. Il est considéré comme l’un des plus actifs du Costa Rica. Sa plus grosse manifestation remonte à 1968, comme en France d’ailleurs, alors que de gros pavés incandescents ont été projetés à plus de 5 km, d’où l’expression costaricienne bien connue « sous les pavés la lave » qui a été reprise, un peu déformée, dans l’hexagone à la même époque. Lol. Entre 1968 et 2010, les explosions et coulées pyroclastiques ont été très fréquentes. Depuis, le volcan semble souffler un peu (des fumerolles surtout) mais ne demande qu’à se réveiller, ce qui ne semble inquiéter en rien les villages installés à ses pieds, profitant tous de la manne touristique attirée par la riche faune et flore locale et par les nombreuses sources chaudes.

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Le village de La Fortuna, aux pieds du volcan Arenal

Nous avons trouvé à nous loger pour la nuit dans un camping en cours d’aménagement, mais déjà riche en faune et flore. Le patron nous a montré quelques paresseux accrochés assez haut dans les branches au-dessus de nous et une petite grenouille rouge vif qu’il a tranquillement posée sur son bras tout en nous expliquant qu’elle était vénéneuse. Il suffirait de ne pas la manger et de ne pas mettre les mains à la bouche ou se frotter les yeux pour ne pas avoir d’ennuis… Nous avons aussi rencontré un Français qui fait le chemin du Mexique à la Colombie …en vélo. De quoi donner matière à réflexion à tous ceux qui pensent que nous sommes des aventuriers !


Le lendemain matin, c’était étape sources chaudes. Mais plutôt que d’aller nous tremper comme la plupart de nos congénères dans les bassins artificiels d’un grand hôtel, nous avons choisi la version naturelle en allant tester la rivière Tabacón, plus connue des locaux que des touristes, notamment pour son caractère gratuit. Au premier abord, l’aspect est celui d’un torrent de montagne, assez vif. Mais la grosse différence c’est que l’eau avoisine les 30°C et que se baigner dans ce courant assez puissant est à la fois tonifiant (autant qu’un torrent alpin à 10°C…) et relaxant (comme tout bain chaud). Le réchauffement brusque de la rivière Tabacón avait été l’un des premiers signes de l’éruption de 1968.

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Depuis 2010, l’activité du volcan Arenal se traduit essentiellement par des fumerolles et par des sources chaudes, largement exploitées par les professionnels du tourisme

Alors nous avons trouvé cette rivière d’accès libre, juste à côté d’un grand hôtel, tonifiante de part son courant et relaxante grâce à sa chaleur. Et totalement naturelle bien sûr !


L’après-midi a été euh …canopique. C’est-à-dire consacrée à la canopée (j’avoue découvrir l’adjectif). Le Costa Rica recueille 6% de la biodiversité mondiale, soit davantage que les USA et énorme par rapport à sa superficie (0,03% de la planère). Les arbres ne sont pas en reste avec 295 espèces différentes au km² contre 35 en Colombie et 6 au Brésil. Alors se promener dans une forêt, c’est déjà écarquiller les yeux devant tant d’espèces végétales que nous n’avons pas l’habitude de voir. Et se tordre le cou pour regarder vers les cimes des arbres souvent très hauts, compétition vers la lumière oblige. Mais il est possible d’agrémenter encore tout cela en regardant la forêt du dessus, à l’aide de passerelles traversant ou surplombant la canopée. C’est très en vogue dans le pays et, même si nous avions déjà vécu ce genre d’expérience, nous avons souhaité la renouveler. Dans ce parc près du superbe volcan Arenal, un parcours de 3 km compte 12 ponts et 6 passerelles suspendues pour observer la nature sous un angle différent. Si nous avons apprécié ces différences de vues et découvert de nouvelles fleurs dont ces héliconies poilus, nous avons bizarrement été déçus par cette attraction, par le manque de faune et flore visible notamment, trouvant que les installations ne justifiaient pas le droit d’entrée assez élevé. Peut-être avons-nous été trop gâtés dans les jours qui ont précédé ?

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Un programme alléchant : pas moins de 18 ponts et passerelles pour aller voir la nature de près !
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La mousse pousse même sur les feuilles, c’est dire…

Puis nous avons repris la route sur les rives du Lac Arenal, de jolis lacets asphaltés et en bon état qui nous ont amenés à un parc accessible gratuitement au public et à tout véhicule en fait. Nous y avons passé une nuit très tranquille, sans personne autour, avec un joli spectacle au réveil.

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Le soleil joue à cache cache avec les nuages en fin d’après-midi au-dessus du lac. Quelques éclairs mais pas de précipitation. Aussi incroyable que cela paraisse, nous n’avons pas eu une goutte de pluie depuis que nous sommes retournés au Mexique début février.
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Nuit super calme au bord de ce lac. Nos seuls « voisins » ont été ces pêcheurs venus mettre leur bateau à l’eau le matin vers 7 h.

La cordillère de Tilarán

Nous poursuivons le tour du lac Arenal dans le sens antihoraire, en direction de cette chaîne de montagne. La route change brusquement de qualité, des trous apparaissent dans le bitume avant que celui-ci ne finisse par disparaître. Sur plusieurs dizaines de kilomètres. Il parait que les habitants s’en plaignent depuis longtemps sans jamais être entendus. Manifestement la « pura vida » n’est pas universelle au Costa Rica… Pas de surprise, nous sommes toujours dans la nature, à une altitude de 1300 m qui fait du bien, au village de Santa Elena plus précisément. C’est très touristique, malgré la difficulté d’accès, et nombreux sont les restaurants, hôtels, magasins de souvenirs et tours-organisateurs. Nous en apprécions d’autant notre liberté de mouvement et notre autonomie en logement et restauration : pas besoin de subir tout ça, nous savons ce que nous voulons et nous nous rendons directement dans les endroits concernés.

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Juste une photo sur la route de Santa Elena (bien trop occupé à éviter les trous…) : le jardin de ce sculpteur végétal qui accueille les automobilistes de passage

Notre premier arrêt est pour une ferme de papillons, élevés dans des serres reproduisant cinq microclimats du pays. Quelques insectes sont aussi collectionnés. Nous avons droit à une visite guidée VIP par une jeune naturaliste. Nous observons bien sûr de jolis spécimens, dont les célèbres morphos bleus, un peu plus faciles à approcher que ceux, fugaces, que nous avons croisé lors de nos balades.


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La présentation au guichet d’accueil laisse penser que plusieurs centaines d’espèces sont présentes. Mais ça sera beaucoup moins !

L’autre attraction du jour est le « ranario », qui pourrait se traduire par « grenouillerie » en Français. Un rassemblement de terrariums où sont élevées et protégées plus de 25 espèces de batraciens locaux, souvent des grenouilles minuscules ne dépassant pas les 2 cm et aux couleurs vives indiquant aux autres espèces leur dangerosité. Le plus est la possibilité avec le même billet de réaliser une double visite permettant dans l’après-midi d’apprécier les espèces diurnes et à la tombée de la nuit celles nocturnes. Nous avons adoré ces mignonnes petites grenouilles multicolores, pas si faciles à photographier toutefois en raison de leur taille.

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Le Ranario de Santa Elena, qui a bien voulu nous accueillir pour la nuit sur son parking

A trop chercher les grenouilles dans les vivariums, on en oublie parfois de regarder autour. Et là, juste devant nous, la lampe-torche tombe sur cette chose. Bon, il paraît que les scorpions costariciens ne sont pas mortels, ça rassure !

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Souvenirs souvenirs (1)

Nous sommes maintenant à Sarchi, une petite bourgade à l’ouest de la capitale San Jose. Spécialisée dans le travail du bois depuis le début du XXe siècle, elle a produit beaucoup de meubles mais aussi les charrettes à traction bovine nécessaires au transport du café à l’époque, typiquement décorées de motifs géométriques en couleurs vives semblables aux mandalas. L’arrivée du train et des camions aurait pu éteindre cette production, mais les artisans ont su se reconvertir et produisent peut-être maintenant davantage de charrettes qu’avant ainsi que beaucoup d’autres objets qui plaisent aux touristes. La ville est inscrite au patrimoine mondial de l’humanité pour avoir été le berceau de l’artisanat costaricien. En tout cas, si vous cherchez des souvenirs à rapporter de votre séjour, vous n’aurez que l’embarras du choix ici !

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Sarchi, berceau de l’artisanat costaricien
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L’entrée des toilettes est particulièrement soignée !
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Sarchi est aussi connue pour sa magnifique église, malheureusement fermée à l’heure de notre passage

Souvenirs souvenirs (2)

La ville suivante, Zarcero, avec son église et ses arches de cyprès si typiques, éveille en nous le souvenir de notre premier voyage au Costa Rica il y a maintenant 14 ans, en compagnie de deux de nos enfants et en mode sac au dos. En fouillant un peu dans nos archives, j’ai retrouvé le blog que nous avions réalisé alors, rédigé à quatre plumes. Sachant qu’il serait tôt ou tard retiré des serveurs faute d’être mis à jour, j’en avais fait une copie sur Word, avec une mise en page sommaire mais qui a le mérite de toujours exister. Elle est disponible en lecture ou au téléchargement ci-dessous pour ceux que cela intéresserait.

Nous avons eu plaisir pour notre part à nous replonger dans ce récit et à examiner le parcours d’alors que nous avions un peu oublié. Démontrant au passage l’intérêt au moins personnel à long terme de la rédaction d’un blog de voyage.

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Notre parcours en 2009, essentiellement en transports en commun
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L’église de Zarcero et son étonnant jardin sculpté

Mais voilà que la route nous appelle. Il nous reste encore beaucoup à découvrir au pays de la Pura Vida. Alors à très bientôt pour la suite !

Parcours Costa Rica
Parcours Costa Rica première décade, en version zoomable ici