91. L’empire du milieu

Bien que le Mexique possède plus de 10 000 km de côtes, nous préférons sillonner l’intérieur du pays. Contrairement au littoral qui déborde de touristes, les villes mexicaines du centre sont plus calmes et nous paraissent plus authentiques. Et cette semaine, nous n’avons pas du tout été déçus !

Monte Alban, capitale des Zapotèques

Après plusieurs mois au Mexique, nous commençons à y voir plus clair dans les civilisations précolombiennes. La clef est de réussir à superposer leur répartition géographique et leur étagement dans le temps. Les deux petites cartes ci-dessous vous y aideront.

Monte Alban, près de la ville d’Oaxaca, était la capitale des Zapotèques, qui vécurent dans la région entre 1500 av. JC et 900 après JC. Une immense cité hébergeant jusqu’à 30 000 habitants a été bâtie sur le sommet d’une montagne arasé entièrement à main d’homme. Malgré les moyens sommaires, les compétences élevées en mathématiques et en architecture ont permis de bâtir solide et durable, comme en témoignent les nombreux édifices encore debout malgré l’activité sismique élevée de la région.

APlan general du site de Monte Alban
Plan général du site de Monte Alban
Vue du site depuis la pyramide Nord
Vue du site depuis la pyramide Nord

La visite du site permet d’aborder quelques aspects de la culture Zapotèque : agriculture dominante grâce à une irrigation évoluée, organisation hiérarchique de type religieux avec grandes cérémonies dans les temples et sur l’immense esplanade centrale, distractions axées sur le jeu de balle, importance de l’astronomie, connaissance précoce de l’écriture et du calendrier, etc.

Vue depuis le Sud cette fois
Vue depuis le Sud cette fois
Le terrain de jeu de balle
Le terrain de jeu de balle. On y sacrifiait les vaincus !

Un petit pas pour le touriste, un grand pas pour l’humanité


Oaxaca en images

Nous ne sommes restés qu’une après-midi et une nuit dans cette grande ville colorée et détendue, juste ce qu’il fallait pour « prendre l’ambiance ». Récit en images…


Le plus grand arbre du monde

Alors tout dépend de ce qu’on entend par grand… Quand on considère le volume, c’est le Général Sherman, un séquoia géant du Sequoia National Park en Californie qui est sur la première marche du podium. Nous avons d’ailleurs eu le bonheur de le voir cet automne. Pour la hauteur, frôlant les 116 mètres, c’est un autre séquoia qui détient le record. Appelé Hyperion, il est situé quelque part dans le Redwood National Park, toujours en Californie. Sa localisation est tenue secrète pour éviter l’assaut et les dégradations des touristes. Mais l’arbre de la petite ville de El Tule, près d’Oaxaca au Mexique, un cyprès des marais également appelé ahuehuete possède, lui, le plus grand diamètre, soit 14 mètres. Ça ferait une belle table à manger, non ? Quelqu’un a une grosse tronçonneuse à me prêter ?

Larbre le plus grand du monde est a El Tule
L’arbre le plus grand du monde est à El Tule
Son tronc mesure plus de m de diametre
Son tronc mesure plus de 14 mètres de diamètre

Sinon le parc attenant avec ses sculptures végétales est très mignon.


Mitla, comme un lundi

Mitla, l’autre site archéologique important de la région d’Oaxaca, a été peuplé un peu plus tardivement que celui de Monte Alban, et a tenu jusqu’à sa destruction ordonnée par l’archevêque espagnol Albuquerque en poste à Oaxaca en 1553 (si vous le croisez dans la rue, dites-lui deux mots de ma part). Elle était alors occupée par les Zapotèques et les Mixtèques (qui ont pris le relais des premiers). Si vous ne faites pas bien la différence entre les civilisations, comparez les photos ci-dessous :

Cet anéantissement est tout à fait regrettable parce que ce site était tout à fait paisible, davantage tourné vers la religion et les sépultures que vers la politique. Et puis parce qu’il avait une caractéristique unique dans toute la Méso-Amérique : ses édifices étaient décorés de mosaïques en pierre (volcanique). Mais nous n’aurons pu voir cela que de loin, pour cause de fermeture le lundi, contrairement aux affirmations de notre guide. Vous l’aurez compris c’était évidemment le jour de notre passage…

Leglise San Pablo batie sur les ruines zapoteques
L’église San Pablo, bâtie sur les ruines zapotèques
Le petit site archeoloque vu de derriere la grille
Le petit site archéologique vu de derrière la grille
et les mosaiques photographiees par dessus le mur
et les mosaïques, photographiées par dessus le mur !

Une belle route en terre de km pour aller voir leau qui bout
Il ne nous reste plus qu’à reprendre la « route », un chemin poussiéreux de 14 km, pour gagner notre destination suivante

L’eau bout des choses

Un mauvais jeu de mots pour aborder le site de Hierve El Agua (« l’eau bout » en Espagnol) où, dans un cadre montagneux splendide, à 2200m d’altitude, plusieurs sources d’une eau aussi riche en calcaire qu’en bulles forment des cascades pétrifiées et des baignoires naturelles. D’autres bassins, artificiels ceux-là, ont été construits pour assouvir le besoin croissant des touristes. Mais l’eau douteuse nous a dissuadé de nous y tremper. Nous avons préféré de loin les édifices bâtis par la seule nature, impressionnants par leurs couleurs, leur eau qui semble en ébullition, et le plongeon dans le vide de ces cascades de pierre devant un panorama grandiose.

Le decor grandiose du site de Hierra Agua
Le décor grandiose du site de Hierve El Agua
On se croirait presque a Yellowstone sauf que leau qui bout est froide
On se croirait presque à Yellowstone sauf que l’eau qui semble bouillir est froide

Bien que le GPS nous ait conseillé (sagement) de faire le grand tour de 23 km par la route payante, nous avons opté pour la route directe, étroite et sablonneuse à souhait mais pas si mauvaise, offrant des vues magnifiques sur la vallée, et plus courte de 9 km mais pas forcément plus rapide. Au retour nous avons testé la proposition initiale, mais les 10 premiers km étant en terre et/ou jalonnés de topes (ralentisseurs) rapprochés, pas sûr que c’était plus intéressant. Il aurait fallu sortir le chronomètre, mais nous avons oublié comment ça marche…


Pause café

Un grand bond de 500 km vers le sud-est, au travers d’une belle région montagneuse dont les seules forêts sont faites de cactus et les seules plantations d’agaves (la région est une importante productrice de mezcal), et nous voici arrivés à Tuxla dans l’état du Chiapas. Juste une ville étape pour nous reposer de ce trajet, et justement faire une petite pause café dans un musée dédié au breuvage. Nous y apprenons que le Chiapas produit 3,9% du café mexicain, représentant lui-même 3,9% de la production mondiale. Et puis quelques autres faits étonnants ou non que je vous soumets sous forme de quizz :

1°) Le premier producteur mondial de café est le Brésil. Mais qui est le second ?

            A. L’Éthiopie ?            B. La Colombie ?         C. L’Indonésie ?            D. Le Vietnam ?

2°) Le Mexique exporte sa production principalement vers les États-Unis (66%). Mais qui vient en second ?

            A. La Belgique ?          B. La France ?             C. L’Allemagne ?            D. Le Canada ?

3°) Le café mexicain est exporté à 76% sous forme de grains non torréfiés. Quelle forme vient en second ?

            A. Le café soluble et les extraits de café ?     B. Le café torréfié moulu ou non ?

4°) Les mexicains consomment environ 1 kg de café par habitant et par an. C’est douze fois moins que le record mondial. Mais ce record est détenu par qui ?

            A. L’Italie ?      B. Le Danemark ?       C. La Norvège ?         D. La Suède ?                  E. La Finlande ?

5°) La consommation annuelle de café des Français avoisine les

            A. 4,4 kg ?       B. 5,4 kg          C. 6,4 kg ?       D. 7,4 kg ?

6°) Le café a été découvert au 4ème siècle, mais dans quel pays ?

            A. Turquie ?    B. Éthiopie ?    C. Colombie ? D. Guatemala ?

7°) Le premier café parisien a ouvert en

            A. 1586 ?         B. 1686 ?         C. 1786 ?         D. 1886 ?

8°) Les premiers plants de café sont arrivés au Chiapas au

            A. XIIIème siècle ?       B. XVème siècle ?        C. XVIIème siècle ?            D. XIXème siècle ?

Les réponses sont après les photos…

La visite s’est terminée par une dégustation. L’expresso était compris dans le droit d’entrée de 1,25 € soit moins que le prix du petit noir au comptoir d’un bar français…

Réponses : 1D2A3A4E5B6B7B8C


Marimbas

On côtoie régulièrement au Mexique des groupes de marimbistas, jouant sur les places ou devant les cafés sur leurs espèces de xylophones en bois, plus ou moins larges, plus ou moins courbés. L’origine en est le balafon, rapporté d’Afrique par les esclaves qui accompagnaient les colons espagnols. Les amérindiens et les européens lui ont apporté quelques touches personnelles avant de l’adopter largement dans cette partie du Mexique, entre Veracruz et le Guatemala. Nous trouvons de magnifiques exemplaires dans ce petit Museo de la marimba à Tuxla, dotés d’une marquèterie très travaillée et d’un système sophistiqué de tuyaux de résonnance sous les lames. En flânant un peu, nous tombons sur une petite salle d’enseignement. Une élève est là, mais le maître l’écarte gentiment pour nous faire une démonstration. Nous admirons la dextérité nécessaire au jeu à 4 baguettes (2 dans chaque main) sur 2 claviers différents. Puis un autre joueur plus âgé (le maître du maître ?) rejoint le premier et vient interpréter avec lui quelques morceaux de musique populaire mexicaine. Apprenant que nous sommes Français, ils se fendent même d’une « Vie en rose » très réussie ! Quand on vous dit qu’on est bien reçus au Mexique, ce n’est pas pour rien !

Enseigne du musee
Enseigne du musée
Exposition
On y expose des modèles d’âge et de facture différents
Detail des tubes de resonnance
Détail des tubes de résonnance et qualité de la marquèterie
Concert improvise
…et nous avons eu droit à notre concert improvisé rien que pour nous !

Sur les traces de Pedro Gastinel et des frères Foudon

Ah vous n’aviez jamais entendu parler d’eux ? Eh bien nous non plus d’ailleurs… Mais rendons hommage à ces trois français intrépides qui ont voulu traverser comme nous le Cañon del Sumidero dans l’état du Chiapas au Mexique. Ce canyon est né d’une faille apparue au pléistocène, dans laquelle une rivière s’est faufilée, entourée de falaises allant jusqu’à 1 km de hauteur. Mais à l’époque, en 1895, la rivière était tumultueuse, la végétation était très dense, les crocodiles voraces et la première tentative 300 ans plus tôt avait échoué. Nos compatriotes n’ont pas fait mieux, ils ont tous péri dans l’expérience, c’est triste. Il faudra encore attendre l’année 1960 pour que les 25 km soit enfin franchis par une expédition de locaux. Aujourd’hui c’est notre tour mais tout a bien changé : la rivière a été assagie grâce à la construction d’un barrage, les lanchas chargées de touristes font la traversée en moins d’une heure et les crocodiles sont plus paisibles, peut-être rassasiés par les nombreux déchets qui flottent. J’exagère car l’expérience est tout de même formidable. Les falaises vues d’en bas sont vraiment impressionnantes. Le bateau s’arrête en de nombreux endroits pour observer les crocodiles qui dorment la gueule ouverte, les singes araignées qui se balancent de branche en branche, les échassiers peu farouches qui se font tirer le portrait. Et puis la vierge de Guadalupe dans sa caverne multicolore et le fameux sapin de Noël formé par la mousse qui pousse sous une cascade. Le cañon s’observe aussi d’en haut, grâce à une route qui mène à plusieurs points de vue.

Le canon del Sumidero sapprecie dabrod den haut
Le Cañon del Sumidero s’apprécie d’abord d’en haut…
avant dembarquer dans des lanchas
…avant d’embarquer dans les lanchas au design très particulier
Lentree dans le canyon est impressionnante
L’entrée dans le canyon est impressionnante, avec ces falaises de 1000 m de hauteur
Ici arret dans la grotte de la vierge
Ici, arrêt dans la grotte de la vierge et ses tons de rose
Peut etre quils deposent des cadeaux sous le sapin
Et les gars là en dessous, peut-être qu’ils viennent déposer des cadeaux ?

Au fait, si vous ne connaissez pas la chanson « Mambo Tchapan » de Vincent Malone, découvrez ça tout de suite en cliquant sur ce lien. Une merveille !


Incursion chez les Tzotziles

La région de San Cristobal de las Casas est l’une des plus conservatrices du patrimoine indien. Dans les villages alentour, plusieurs communautés dont les Tzotziles défendent farouchement leurs traditions. Leur tenue vestimentaire est hors du commun avec ces grandes capes de laine effilochée blanche ou noire pour les hommes qui portent aussi volontiers des chapeaux plats garnis de rubans, et ces châles richement décorés de motifs roses ou violets pour les femmes, couvrant des blouses ou robes en laine également. C’est qu’à 2400m d’altitude les températures peuvent être assez basses.

Zinacantan village de lethnie Tzotzile
Zinacantan, village de l’ethnie Tzotzile

Au village de Zinacantan, ces Indiens sont majoritairement horticulteurs. Les grandes serres que l’on voit partout en arrivant en témoignent, ainsi que le marché que nous avons pu visiter. Mais le must de ce village est l’église de San Lorenzo, presque entièrement décorée de fleurs fraîches en vases classiques ou en tableaux hyperdétaillés.

Boiseries et fleurs fraiches a profusion
Un délicieux mélange de boiseries et de fleurs fraîches à profusion
vraiment fabuleux et odorant
Vraiment fabuleux et odorant
Une belle animation
Les serres autour de la ville confirment lactivite dominante de la population
Et pas besoin de chercher loin pour voir que toute la production est locale

A huit kilomètres de là, un autre village tzotzile, Chamula, défend encore plus âprement sa religion, au point que ceux d’entre eux qui voulaient rester dans la tradition catholique pure ont été exclus. Car ici, dans l’extraordinaire temple de San Juan Bautista, ce sont bien les traditions indiennes qui sont vénérées. L’effigie du Saint a remplacé celle du Christ, et l’ambiance est plus chamaniste que catholique. La foule se presse dans la grande salle au sol couvert d’aiguilles de pins et entourée de dizaines de milliers de bougies, baignée dans une fumée odorante d’encens. Certains s’y font soigner, les autres prient en psalmodiant. Vous ne verrez sur les photos que la magnifique façade au portail vert et bleu, la photographie étant interdite à l’intérieur.

Encore un marche anime
Encore un marché animé, maraîcher celui-là

Une visite d’exception totalement dans l’esprit de notre voyage (« découvrir d’autres cultures ») à ne pas manquer.


San Cristobal de las Casas

Une ville mexicaine pleine de charme, avec son quadrillage de rues pavées bordées de maisons colorées à un seul étage, comme dans beaucoup d’autres endroits, mais particulière par la densité des indiens qui y vivent, souvent vêtus de façon traditionnelle. C’est qu’ici on se rebelle plus qu’ailleurs, on défend ses traditions, et les mouvements zapatistes ont encore beaucoup d’adeptes. Nous n’y passerons qu’une journée et deux nuits, le temps d’apprécier l’animation locale, le marché, les rues piétonnes, le musée des textiles mayas, celui de l’ambre. Une étape agréable et instructive, rafraîchissante grâce à l’altitude (nous avons perdu 12° par rapport à l’étape précédente du canyon : 16°C le matin dans Roberto, c’est mieux que 28 !)

Roberto gare dans une rue de San Cristobal
Roberto garé dans une rue de San Cristobal de las Casas, un peu moins étroite que les autres !
Des rues pietonnes accueillantes
de rues piétonnes accueillantes,
Des animations sur la place centrale
Ce n’est pas carnaval, c’est leur tenue traditionnelle !
Seuil couvert depines de pin comme chez les Tzotziles
Le seuil est couvert d’épines de pin, comme chez les Tzotziles
Decoration interieure riche
La décoration intérieure est plutôt riche, mais la vierge et les saints sont noirs. Le côté rebelle de la ville
Dans la rue cest une autre religion qui sexprime
Dans la rue d’à côté, on utilise la religion outrageusement…
Et vraiment de belles couleurs dans le marche
En fait, la vraie religion ici, c’est la couleur




Nous allons poursuivre toujours plus avant vers l’intérieur du pays, approcher la frontière guatémaltèque, avant de gagner l’inévitable Yucatan. A suivre…

Parcours de Monte Alban a San Cristobal de las Casas
Parcours de Monte Alban a San Cristobal de las Casas

Carte du parcours plus détaillée

56. Mississipi-Alabama-Floride

Voilà bien 10 jours que je n’ai pas donné de nouvelles. C’est que nous tournons à plein régime, A vrai dire, le terme n’est guère adapté, parce que des tournants, il n’y en a pas beaucoup. De quoi s’ennuyer un peu sur la route parfois avec ces longues lignes droites de plusieurs dizaines de kilomètres, à l’image des frontières rectilignes séparant les états. Du coup ces trajets longs raccourcissent les journées, si l’on peut dire. Sans compter qu’en quelques jours nous avons franchi 2 fuseaux horaires et donc perdu 2 heures. Mais heureusement, nos visites n’en ont pas été moins riches, c’est simplement que j’ai manqué un peu de temps pour rédiger. Rappelez-vous nous en étions à notre tornade en Louisiane.


Le Mississipi sans sirène

A peine la frontière entre la Louisiane et le Mississipi franchie, la tempête s’apaise soudain. Le ciel redevient d’un bleu éclatant, le soleil brille de tous ses éclats et, à l’approche du bord de mer, apparaît le long de la route une longue plage au sable plus blanc que blanc. Nous n’y résistons pas, garons Roberto les roues dans le sable et allons marcher au bord de l’eau. En désaccord avec cette description idyllique, la couleur marron-vert et la turbidité de l’eau n’incitent pas à la baignade, d’autant plus que la température est fraîche, juste bonne pour y tremper les pieds. Du coup aucune chance d’apercevoir la sirène. De toutes façons, les cinéphiles savent bien que l’intrigue n’a rien à voir avec cet état. (Mercredi 23 Mars, Pass Christian, Mississipi)


Les 9 étoiles de l’USS Alabama

L’un des plaisirs de la vanlife, c’est d’avoir chaque jour un paysage différent devant ses fenêtres. Là nous étions particulièrement gâtés, garés juste devant l’USS Alabama, un croiseur américain ayant brillé au cours de la 2ème guerre mondiale : 9 victoires, aucune défaite et aucune perte de l’équipage (2500 personnes tout de même) sous un feu ennemi. Seuls 5 décès sont attribuables à une erreur interne, l’un de ses canons antiaériens en ayant visé accidentellement un autre… c’est ballot. Le navire se visite des ponts supérieurs au plus profond des cales. 210m de long sur 33 de large, ça prend du temps à explorer. Après, le confort à bord en 1945 n’avait rien à voir avec celui d’aujourd’hui, mais bon, à la guerre comme à la guerre ! (Jeudi 24, Mobile, Alabama)


Ses majestés carnaval

La ville de Mobile est aussi connue pour avoir été la première ville à célébrer le carnaval aux Etats-Unis en 1703, alors qu’elle était la capitale de la Louisiane française. N’étant pas là au bon moment, nous n’en verrons que quelques traces, comme l’entrée du musée du carnaval (fermé) et quelques statues amusantes des premiers rois et reines couronnés autour de la place centrale. (Jeudi 24, Mobile, Alabama)


Au pays des Anges Bleus

Cette fois, c’est sous un avion de chasse de l’US Navy que Roberto se pavane, affichant presque le même bleu. Nous venons en effet d’arriver en Floride, tout près de la base aéronavale de Pensacola, fleuron de la ville. Malheureusement, pour des raisons qui ne sont pas expliquées, nous ne pourrons la visiter car elle est réservée jusqu’à nouvel avis aux personnels de l’armée et à leurs invités. Dommage car nous aurions aimé en savoir davantage sur les Blue Angels, cette patrouille de démonstration acrobatique qui fait la fierté du pays, un peu comme l’est notre Patrouille de France. Nous devrons nous contenter de voir passer quelques avions de loin et de visiter dans le centre-ville un bar célèbre empli d’objets insolites où les Marines avaient leurs quartiers. Tout proche de la base se trouve le parc naturel de Big Lagoon dans lequel nous avons suivi le Sand Pine Trail, une randonnée sur un chemin de sable blanc qui traverse une forêt de pins et des marais. Le lagon lui-même n’est plus accessible depuis le passage d’un ouragan il y a quelques années. La région est fréquemment touchée. (Vendredi 25, Pensacola, Alabama)


L’oublié de Wikipédia

José Antonio Ponte, artiste révolutionnaire. Parcourant un musée d’art à Pensacola, nous découvrons le talent artistique méconnu (au minimum de Wikipédia) de ce personnage étonnant. A l’image de mon copain Laurent, jardinier-pâtissier, José Antonio Ponte associe des talents que l’on n’imagine pas aller ensemble. Cet ancien esclave arraché à son Éthiopie natale était d’abord charpentier, avant de devenir prêtre une fois affranchi puis organisateur d’une insurrection anti-esclavagiste à Cuba. Quand il fut arrêté pour cela, en 1812, les investigateurs espagnols trouvèrent dans ses affaires ce qu’ils appelèrent « un livre de dessins », jugé subversif en raison de la présence de scènes de batailles et d’empereurs noirs. Ponte eut beau jurer qu’il avait prévu d’en faire cadeau au Roi d’Espagne, les policiers durent lui répondre un truc du genre « Mais oui c’est ça » en Espagnol et on finit par le pendre et lui couper la tête (l’inverse aurait été trop compliqué). En réalité il utilisait bien ses œuvres dans un but de propagande, ses dessins à dessein en quelque sorte. L’artiste n’a pas totalement sombré dans l’oubli, n’en déplaise à Wikipédia, des cérémonies lui rendent hommage et des rues portent son nom à Cuba, et d’autres artistes prolongent son œuvre, comme sur ce tableau construit sur les peintures de son livre et les explications que José Antonio Ponte en a donné au tribunal (J. Bedia), ou encore cette porte multicolore (J.M. St Jacques) censée permettre le passage de l’esprit de l’artiste depuis l’au-delà afin de continuer de soutenir la défense des droits de l’homme. (Samedi 26, Pensacola, Alabama)



Spots dodos

A Pensacola, nous avons fait deux haltes nature pour la nuit, ce qui est assez rare pour être signalé. Car bizarrement, il n’est pas si facile que cela de stationner pour la nuit aux États-Unis. En effet, si l’on souhaite comme nous éviter au maximum les campings, il faut composer avec le caractère privé de nombreux terrains et parkings. En Europe par exemple, nous nous garions volontiers sur les parkings des églises, des cimetières, des équipements sportifs ou tout simplement à l’orée d’une forêt, sur le bas-côté d’un chemin de campagne, etc. Ici, rien de tout cela n’est possible, la grande majorité des terrains et parkings sont privés, y compris ceux d’installations municipales. De plus, les aires aménagées au bord des routes ou autoroutes sont à la fois rares et envahies de poids-lourds qui laissent leur moteur allumé des heures voire toute la nuit. Certaines enseignes sont connues pour être « RV friendly », c’est-à-dire qu’elles permettent aux véhicules de loisirs de passer la nuit sur leur parking. C’est le cas en général des supermarchés Walmart et des restaurants Cracker Barrel. Nous avons plusieurs fois séjourné sur des parkings Walmart et nous efforçons en contrepartie d’y faire nos courses, mais ça reste du dépannage. Les deux nuits passées à Pensacola l’ont été pour l’une sur une aire de pique-nique avec rampe pour bateaux au bord d’une rivière, dans un joli environnement boisé, et l’autre en plein milieu d’une forêt, les forêts d’état étant en général libres d’accès au public, à l’inverse des parcs d’état. Surtout ne pas se tromper, sinon réveil nocturne assuré par la police avec amende à la clef ! (Dimanche 27, Pensacola, Alabama)


Le grand-père de Roberto

Incroyable, nous avons retrouvé le grand-père de Roberto ! Nous l’avons déniché dans le musée de l’histoire de la Floride, à Tallahassee, capitale de cet état. C’est un camping-car monté sur une Ford T de 1923, âgé de 99 ans et déjà très en avance pour son époque. Muni d’une ingénieuse capucine qui se déplie verticalement après avoir ouvert latéralement les 2 volets qui forment le pare-brise. Ensuite il n’y a plus qu’à déplier la banquette-lit qui se pose sur le volant. Pour le reste, la kitchenette est bien présente, ainsi que le réservoir d’eaux grises. Cela dit, on ne cuisinait pas beaucoup à l’époque, ces voyageurs nomades étaient d’ailleurs dénommés les « touristes aux boîtes de conserve » (tin can tourists). Ils avaient même fondé une association qui vit toujours aujourd’hui et possède aussi bien un compte Instagram qu’un site Internet. Vous trouverez sur ce dernier toute l’histoire des Recreational Vehicles américains.


Ce beau musée entièrement gratuit nous a occupé deux bonnes heures, bien documenté sur l’histoire de la région, des us et coutumes des premiers habitants (les tribus indiennes Apalaches et Séminoles) jusqu’à la seconde guerre mondiale, en passant par l’arrivée des Espagnols, des Anglais puis des Américains, sans oublier toute la période esclavagiste et la guerre de sécession. Nous l’avons découvert un peu par hasard, au fil d’un parcours piéton guidé dans la ville, dont voici quelques étapes :





Nous terminons la journée et passons la nuit cette fois dans une ancienne gare de la ville reconvertie en centre artistique et récréatif, avec notamment des œuvres de street-art un peu partout. Quelques photos s’imposaient (Lundi 28, Talahassee, Floride)


La mission était bien remplie

Nous quittons notre quartier artistique pour aller visiter une ancienne mission espagnole, où de 1656 à 1704 ont cohabité indiens Apalaches fraîchement christianisés et colons Espagnols aussi bien religieux que militaires. Chacun logeait de son côté, mais tous se rassemblaient soit dans le « bâtiment civique » une immense hutte pouvant accueillir de 2000 à 3000 personnes et où se prenaient les grandes décisions, soit sur une grande place centrale où se tenaient entre autres des jeux de balle assez violents pouvant aboutir à la mort de compétiteurs. La vie de la mission a pris fin 2 jours avant l’arrivée des Anglais. Les occupants se sont dispersés en brûlant tout derrière eux.


Après un déjeuner dans Roberto sur le parking tranquille de la mission, nous repartons sur les routes de la Floride vers le Sud-Est. Nous allons loger cette fois dans un camping au bord d’une rivière où nous prévoyons une sortie canoé pour le lendemain. (Mardi 29, de Tallahassee à Otter Springs, Floride)


Aux « sources des loutres »

C’est un petit camping sympa que nous avons trouvé là, au milieu d’une étendue marécageuse qui se parcourt principalement …en kayak. Un parcours de toute beauté dans un calme absolu, entre les arbres les pieds dans l’eau et sous les arches formées par leurs branches. L’eau est tantôt noire tantôt couverte complètement de lentilles d’eau que notre embarcation écarte lentement. Nous n’avons pas vu de loutre, elles doivent être assez farouches ou ce n’était peut-être pas la bonne heure, mais par contre nous avons rencontré quelques bébêtes sympathiques, des farouches tortues, des alligators, une grosse araignée et même une sorte de boa de presque deux mètres de long. J’aurais aimé être plus précis mais j’avais oublié d’emporter mon mètre ruban. (Mercredi 30, Otter Springs, Floride)


A la recherche des lamantins

Ces mammifères aquatiques adorables ont pris l’habitude de venir passer l’hiver au chaud en Floride, dans cette région de Crystal River. En haute saison, c’est-à-dire en janvier et février, ils sont plusieurs centaines, mais sans doute moins nombreux que les touristes qui se pressent pour aller nager avec eux, une activité qui ne serait permise aux États-Unis qu’ici. Dès que les températures se réchauffent, ils repartent plus au nord et se raréfient. Autant dire que fin mars, ils sont déjà presque tous partis et sont beaucoup plus difficiles à apercevoir. Le bon côté c’est que c’est pareil pour les touristes. Devenus adeptes du kayak, c’est par ce moyen que nous sommes allés à leur recherche. Et nous en avons trouvés. Des moments furtifs qui n’ont duré que quelques minutes sur les deux heures de notre sortie. D’abord des gros museaux qui sortent respirer et des nageoires caudales toutes rondes qui sortent de l’eau, puis de grosses masses qui paraissent énormes glissant sous notre kayak et leurs têtes sympathiques qui s’approchent de la surface comme pour nous saluer avant de reprendre de la profondeur. Des moments trop brefs pour être pris en photo, mais qui resterons gravés dans nos mémoires. Nous vous mettons quand même quelques photos de lamentins qui ne sont pas de nous, afin de vous consoler ! (Jeudi 31, Crystal River, Floride)


Nous poursuivons notre route vers St Petersburg, ville de la côte Ouest de la Floride qui n’a rien à voir avec l’ancienne capitale impériale Russe – en plus ça ne s’écrit pas pareil – et qui peut se visiter en toute sécurité sans demander l’autorisation à qui-vous-savez. Le musée Dali nous tente bien, ainsi qu’un autre renommé sur le travail du verre. Forcément, nous vous en reparlerons !

Ci-dessous, notre trajet depuis le Mexique. Roberto a maintenant plus de 32 000 Km au compteur et se porte comme un charme. Pourvu que ça dure !