149. Santa Catarina & Parana

Après le Rio Grande do Sul, nous remontons tranquillement vers le Nord, c’est à dire vers le soleil. Oui je sais, c’est perturbant pour moi aussi ! Nous traverserons en une dizaine de jours les états de Santa Catarina et de Paraná, un peu plus montagneux que le précédent, mais tout aussi performants en matière économique. C’est que ces 3 états sont ceux ayan le plus bénéficié de la politique d’immigration du début du XIXe siècle. Aujourd’hui, le taux de pauvreté y est plus faible que les états du nord du Brésil (1 sur 6 contre 1 sur 2).

Santa Catarina et Paranagua
Notre parcours
Parcours objet de cette publication, en version zoomable ici

Désorientation spatiale

Santa Catarina est à la fois une île et un état du Brésil, situé juste au Nord de celui que nous venons de quitter. Pour aller au Nord, il faut ici se diriger …vers le soleil, dont le mouvement apparent est différent dans l’hémisphère Sud. Si le soleil se lève toujours à l’Est et se couche toujours à l’Ouest, il va de l’un à l’autre en montant vers le Nord. Et ça, ça me perturbe beaucoup, j’ai toujours l’impression d’aller dans la mauvaise direction. Je ne me rendais pas compte à quel point mon sens de l’orientation était lié à ce mouvement. Claudie ne ressent aucune gêne par contre… Mais, me direz-vous, la nuit, voit-on l’étoile polaire au Nord ou au Sud ? Eh bien ni l’un ni l’autre, on ne la voit tout simplement pas de l’hémisphère Sud car elle est pile dans l’axe de rotation de notre planète en direction du Nord. Mais, me direz-vous, et les boussoles, s’orientent-elles vers le Nord ou le Sud ? Allez, je vous laisse le plaisir de chercher ou de donner votre langue au Chat. Pour ceux qui ne savent pas, l’application Le Chat est l’équivalent français du Chat GPT américain. Soyez patriotes, utilisez Le Chat et virez l’autre de votre ordi ou de votre téléphone !

Santa Catarina et Parana
Désorientation spatiale
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Florianópolis, ville fantôme ou ville magique ?

Cette ville est la porte d’entrée pour accéder à l’île de Santa Catarina. Elle est en outre la capitale de l’état brésilien éponyme. Visitée un dimanche en début d’après-midi, nous l’avons trouvée presque déserte, surtout en parcourant les rues piétonnes du centre historique. La population était-elle partie profiter des nombreuses plages de l’île ? ou plongée dans une sieste ? ou paniquée par un retour des sorcières ? Car en effet, de nombreuses sorcières auraient exercé dans l’île aux XVIIe et XVIIIe siècles, certaines étant accusées de provoquer des naufrages en éteignant les phares ou de séduire les marins, d’autres ayant perdu leur combat avec le diable ayant été pétrifiées, expliquant la forme bizarre de certains rochers sur les plages… Nous n’avons rien vu de tout ça, mais juste des ruelles vides avec des maisons colorées et de beaux muraux, un parc centré par un ficus au moins centenaire, une cathédrale et un musée fermés comme tout le reste.


Santa Catarina, expérience mitigée

Nous l’avons vite compris, ce que viennent chercher les gens à Santa Catarina, ce sont les plages et la vie nocturne. Ni l’un ni l’autre ne sont notre tasse de maté… En cherchant un peu dans ce fouillis désorganisé de routes bosselées (un ralentisseur tous les 200m environ) incapables de faire le tour de l’île, bordées de constructions d’architecture anarchique (on aurait cru Sint Maarten pour ceux qui connaissent), nous avons tout de même réussi à dégotter quelques coins sympathiques. D’abord une belle randonnée vers la pointe Nord-Est de l’île à partir d’un village qui semble oublié des touristes et nommé Lagune du Nord. Le soleil avait un peu de mal à pointer son nez, mais comme on le sait, les gens du Nord ont dans leur cœur etc. Claudie a pu apercevoir un singe qui se promenait dans les arbres.


Pour rester sur le thème de la faune, nous avons visité ensuite le Projeto Tamar, une association à but non lucratif engagée dans la préservation des tortues marines au Brésil, surtout les espèces en voie de disparition. Ils ont 26 centres sur le pays et font beaucoup de pédagogie auprès des écoles, tout en soutenant les communautés de pêcheurs pour les orienter vers des alternatives.


Enfin, nous nous sommes rendus au petit village de Ribeirao da Ilha, fondé par des pêcheurs venus des Açores et ayant relativement préservé son aspect initial : jolies maisons colorées de style colonial portugais dans la rue principale et une petite église dont la porte est surmontée d’une colombe géante. C’est apparemment récent, puisque les photos disponibles sur le net ne la montrent pas. A noter le grand nombre de parcs à huîtres dans la baie qui sépare le village du continent. Le coin serait la première région productrice d’huîtres de tout le Brésil.


Quelques courses au retour sur le continent

Comme à l’habitude, je furète toujours un peu dans les supermarchés à la recherche de produits insolites. En voici quelques-uns ajoutés à ma collection.


Essor balnéaire

Longeant un peu la côte pour en comprendre la gestion, nous trouvons une multitude de stations balnéaires se succédant les unes aux autres, sans espace intermédiaire non construit. Bien au contraire, le nombre de tours en construction est impressionnant. Pas sûr que cette bétonisation intensive soit accompagnée de mesures appropriées pour les consommations en eau et électricité ou pour les rejets. Difficile de le mesurer à notre échelle, mais nous avons cependant remarqué que même en ville, si le réseau mobile est bien présent, la bande passante est très faible (en clair, ça rame !). Vu de loin, le littoral a encore un peu de charme, mais ça risque de ne pas durer. Nous nous arrêtons pour la journée à Balneario Camboriu, une cité balnéaire très construite qui aurait des airs de Rio de Janeiro : plage immense longée de gratte-ciels étincelants (les 3 plus hauts du Brésil sont ici !), de bars-restaurants, et d’établissements nocturnes. La plage est très bien entretenue, apparemment ratissée tous les matins, mais quasi-déserte malgré le beau temps. Il faut dire que l’eau est assez fraîche, selon Claudie qui a osé y tremper les pieds. Nous admirons la grande roue de 85 m que nous n’aurons pas le plaisir de voir tourner ou de chevaucher pour cause d’ouverture rare en basse saison. Autre ressemblance avec Rio : la statue du Christ sur la colline. 5 m de moins que son homologue carioca, soit 33 m ce qui n’est pas si mal, mais celui de Balneario Camboriu émet la nuit des rayons de lumière multicolores vers la ville. Nous avons même attendu ce moment avant de quitter la ville pour dormir dans un endroit plus tranquille.


Little Germany

Après la Little Italy de Bento Gonçalves, nous découvrons maintenant la ville de Blumenau, colonisée majoritairement par des Allemands au début du XIXe siècle. Même si 90% de la ville affiche la même architecture indéterminée que les autres villes brésiliennes, certaines constructions résiduelles ou maintenues en état, essentiellement dans la rue principale de la ville, peuvent effectivement faire croire aux visiteurs qu’ils se trouvent au pays de Goethe. Si quelques maisons sont authentiques, comme la préfecture ou le joli bâtiment qu’occupe le magasin Havan (vous savez, celui se signalant par des statues de la liberté), la Vila Germanica a été construite uniquement dans un but touristique, reproduisant un petit quartier typico-allemand avec ses maisons à colombages, ses boutiques de souvenirs germaniques et ses brasseries aux menus riches en saucisses, jarret de porc et pommes de terre. Elle est le lieu d’une Oktoberfest (fête de la bière) la seconde plus importante au monde après celle de Munich, qui aurait la seconde fréquentation touristique du Brésil après le carnaval de Rio.

Plus authentique est le petit musée qui préserve l’histoire du créateur de la ville en 1850, le Dr Hermann Blumenau, dans la maison originale de son neveu. On y raconte aussi l’histoire d’Edith Gaertner, la petite nièce du fondateur, 8ème enfant de la famille et seule fille. Alors qu’elle avait entrepris une carrière d’actrice en Allemagne, elle a du rentrer au Brésil pour soigner un de ses frères tombé malade, mœurs de l’époque. Pour tromper son ennui, elle aménagea un joli jardin tropical et recueillit une soixantaine de chats dont la plupart furent enterrés dans un cimetière dédié.

Le cimetière pour chats d'Edith Gaertner
Le cimetière pour chats d’Edith Gaertner
plaques mortuaires

C’est entre la ville de Blumenau et celle de Curitiba que nous passons dans l’état du Paraná


Crash-test à Curitiba

Nous nous présentons devant la grille de ce centre d’éducation à la sécurité routière. L’agent de sécurité fait des va-et-vient, apparemment nous aurions dû réserver. Mais non, la grille s’ouvre et nous sommes invités à nous garer et à nous présenter à l’accueil. Une dame du personnel, probablement la seule qui parle quelques mots d’Anglais, va nous prendre en charge pendant presque une heure, pas en continu mais en s’assurant que tout se passe bien pour nous. Ils sont comme ça les Brésiliens. Dans ce centre, les enfants comme les adultes viennent apprendre les bases de la sécurité routière, son coût humain dans le monde, la prévention des accidents, etc. Avec une mise en situation dans un camion qui se renverse, en soufflant dans un éthylomètre avant et après avoir croqué une cerise à l’eau de vie (enfin pas pour les enfants), en montant sur une balance qui indique combien on pèse en fonction de la vitesse (incroyable, à 80 km/h je pèse 15 tonnes !) et en subissant le fameux crash-test. Assis et sanglé sur un siège de voiture qui va circuler sur un rail, muni de lunettes de réalité virtuelle, on se retrouve, virtuellement donc, au volant d’un véhicule qui va foncer droit dans un mur. Mais le déplacement et le blocage soudain du siège n’ont rien de virtuels et tant le choc que le bruit qui l’accompagne sont impressionnants, d’autant plus que la vitesse testée n’était que de 10km/h. Un test qui devrait être proposé au moins une fois à tous les conducteurs. Nous n’aurons pas de diplôme à la sortie, mais nous serons pris en photo pour publication sur leur page Facebook la semaine prochaine. Avec notre accord bien sûr.


Ah, un jardin botanique !

Ça faisait longtemps que nous n’en avions pas visité. Celui de Buenos Aires semblait assez miséreux d’après les descriptions, rien d’encourageant non plus en Uruguay ou depuis notre entrée au Brésil. Et puis là, à Curitiba, il s’en trouve un avec bonne réputation. Il est même un emblème de la ville, figurant sur de nombreux supports et gadgets touristiques. Datant de 1991, il est constitué de jardins à la française (massifs et symétriques associant parterres de fleurs et haies bien taillées) au milieu desquels trône une superbe serre en verre et métal de style art-nouveau. On y trouve des espèces typiques de la flore tropicale humide brésilienne. A noter que le jardin botanique possède aussi un centre de recherches réputés, qui n’est pas accessible au grand public, aux sens propre comme figuré. J’adore trouver dans les nouveaux pays que nous visitons des espèces que je n’ai encore jamais vues. Et il y en a eu quelques-unes !


Curitiba, la ville du pin bénit

Bien que les coquilles orthographiques restent possibles, ce titre n’en contient pas. Il s’agit évidemment d’un jeu de mots qui m’a semblé judicieux – tant pis si je suis le seul à le penser – pour relier l’étymologie du nom de la ville et le casse-croûte favori de ses habitants. C’est un chef indien de la tribu Tingui qui aurait désigné par les mots « Coré Etuba » aux colons portugais l’endroit « rempli de pins » où construire leur ville. Quant au casse-croûte, il s’agit d’un chausson fourré aux pignons et farine de pin (c’est la pleine saison) avec saucisse ou viande. Le chausson lui-même a la forme d’un pignon de pin. Sur la place très animée où nous avons remarqué le stand, une longue file d’attente nous a dissuadés, mais manifestement, ça partait comme des petits pains !


Sous son œil

Mon titre est évidemment un clin d’œil à la série La Servante Écarlate qui vient de se terminer, mais la pièce maîtresse de ce Museu Oscar Niemeyer, du nom d’un architecte brésilien renommé qui finalisa ce projet à l’âge de 95 ans, est bien cet œil géant comme posé en équilibre sur un petit support quadrangulaire. Oscar Niemeyer était surnommé le « génie des courbes », on voit bien pourquoi dans certaines de ses œuvres exposées en maquettes dans le bâtiment.

Nous reviendrons plus tard sur le contenu de la salle de l’œil, que l’on visite en général en dernier car l’accès se fait à partir du bâtiment principal du musée, paradoxalement un grand parallélépipède rectangle, comme pour mieux mettre l’autre en valeur. Neuf salles dans ce bâtiment sont consacrées à des expositions temporaires ou de moyenne durée, suffisamment pour satisfaire tous les goûts. J’en ai sélectionné trois et un outsider.

D’abord celle de Gabriel de la Mora, un artiste mexicain qui travaille principalement avec des objets trouvés ou du quotidien. Mais loin de se contenter d’assemblages sommaires, il va réaliser ses œuvres avec une méticulosité qui force le respect. Et en parcourant l’exposition, on se prend au jeu de deviner devant une œuvre quel est le matériau de base qui a servi à sa réalisation. Je vous laisse le plaisir de deviner à votre tour, même si c’est encore plus difficile lorsqu’il s’agir d’une photo. Les réponses sont à la fin du carrousel.


En seconde place arrive l’exposition de sculptures africaines baptisée « Afrique : expressions artistiques d’un continent« . Nous avons été impressionnés par la qualité des œuvres et du travail de présentation par les conservateurs.


Et notre troisième lauréat est l’exposition d’art asiatique intitulée « Asie, la terre, les hommes, les dieux » tirée d’une collection de 3000 pièces donnée au musée par le diplomate et professeur Fausto Godoy. Toute l’Asie est représentée, là aussi avec des œuvres de qualité.


En outsider, je rajouterais cette exposition de tapis afghans, datant des années 1980, et utilisant des motifs liés à la guerre : chars, missiles, hélicoptères, etc. qu’on s’attend peu à voir dans de tels objets. Les tisserands afghans ont toujours par tradition intégré leur quotidien dans leurs tapis, alors pourquoi pas la guerre ? Une seconde exposition juste à côté montre pour donner l’équilibre des tapis comportant cette fois des motifs de paix (les 2 dernières photos). L’honneur est sauf !


Mais revenons à la pièce maîtresse du musée : la salle de l’œil, une immense pièce de 70m de longueur et 30m de largeur, qui expose depuis seulement 4 jours (pour une fois nous avons de la chance) et jusqu’à fin août des œuvres d’Eva Jospin (oui, la fille de Lionel…) dont une immense fresque en broderie couvrant la quasi-totalité des murs, soit près de 200 mètres linéaires, qui a déjà fait l’objet d’une exposition l’an dernier au Château de Versailles. Regardez les photos, c’est tout bonnement fabuleux. Le tissage a été réalisé à Mumbai sous la direction de l’artiste et à partir de ses dessins, où chaque trait a été remplacé par un fil de soie, de coton ou de jute avec plus de 400 nuances différentes. Quelques sculptures sur carton sont également présentées dans la salle, tout aussi bluffantes dans leur réalisation. Voir notamment La Forêt sur les photos. A noter que les thèmes de prédilection d’Eva Jospin sont la nature, la déambulation et les folies architecturales. Tout était dans cette pièce !

Pour finir, ajoutons cette cerise sur le gâteau : les plus de 60 ans rentrent gratuitement, c’est-à-dire … à l’œil ! Aucune idée du prix pour les autres, mais quel qu’il soit, ça les vaut…


La spécialité de Morretes

La petite ville de Morretes, toute proche d’un parc naturel et de montagnes toutes vertes, a de quoi séduire les visiteurs, d’autant plus qu’on peut la rejoindre depuis Curitaba avec le train de la Sierra Verde, une expérience touristique à part entière avec des wagons refaits à l’ancienne comportant de petits balcons qui permettent d’admirer le paysage et de frémir lorsque le train passe quelques éperons rocheux. Mais ce train ne fonctionne que le week-end et nous arrivons bien sûr en semaine. En contrepartie, nous avons la ville pour nous seuls, en tant que touristes du moins. Nous flânons dans les rues aux maisons colorées qui restent lumineuses malgré la bruine ambiante, nous observons les ouistitis dans les arbres et nous nous arrêtons dans un restaurant pour goûter la spécialité locale : le barreado. C’est un ragout de viande de bœuf mijotée 20 heures durant dans un pot en terre que l’on scelle avec de la pâte. C’est servi avec des beignets de bananes, des quartiers d’orange et de la farine de manioc que chacun dose à sa façon pour épaissir la sauce de cuisson. Des accompagnements supplémentaires sont possibles. Nous avons eu pour notre part une salade de crudités et une assiette de riz blanc.

Quand nous sommes repartis, toujours sous la pluie, nous avons traversé sur une route étonnamment pavée une forêt tropicale humide, brumeuse à souhait. Les bas-côtés abondaient de palmiers, bananiers, lianes, fougères. Nous aurions pu apprécier sereinement ce spectacle si nous n’avions pas vu dès le départ deux panneaux indiquant une hauteur limitée à 2,50m. Roberto fait 2,54m, mais nous avons tout de même tenté notre chance, la carte routière ne faisant état d’aucun tunnel. Respecter l’interdiction nous aurait conduit à reprendre la route de la veille que nous savions envahie de camions en roulant 60 kilomètres supplémentaires. Plus nous approchions de la fin de cette route traversière, plus nous redoutions de voir cet obstacle en hauteur, mais au final, rien de tel n’est apparu. La limitation était un pur bluff, pour sans doute obliger les poids-lourds à contourner cette route pavée et très sinueuse. Nous avons bien fait de passer outre, non mais !

Nous quittons maintenant cet état du Paraná pour celui de São Paulo, dominé par la mégapole du même nom, qui n’est pas forcément renommée pour sa sécurité. Mais aura-t-elle un intérêt touristique ? Vous le saurez dans la prochaine publication…

145. Todo tranqui

C’est la devise non officielle de l’Uruguay qui signifie « tout est calme ». Et extraordinairement, c’est exactement la première impression que nous avons en arrivant dans le pays. Il faut dire que nous sortons de près d’un mois de grandes villes, Paris puis Buenos Aires avec le bruit, l’agitation et la circulation que vous imaginez. Alors est-ce le seul fait d’arriver dans une petite ville de Province ou cela s’applique-t-il à tout le pays ? Seul l’avenir nous le dira !

La petite traversée


Colonia del Sacramento

Et nous voilà partis à la découverte de la ville, ou tout du moins le quartier historique dans lequel nous logeons. Les rues pavées sont très calmes, la circulation automobile rare. Avec la végétation luxuriante et le mélange des fleurs et des couleurs de l’automne, c’est une vraie bouffée d’oxygène que nous respirons. Cette ville a un charme fou. Ce n’est pas pour rien que l’UNESCO l’a inscrite à son patrimoine.


Un agréable mélange d’art et de patrimoine

Plus nous avançons dans les rues bordées de platanes, plus nous nous rendons compte de la richesse culturelle, artistique et visuelle de la ville. Cela nous rappelle par certains côtés la ville d’Antigua au Guatemala. Tout ceci attire bien sûr quelques touristes, mais qui restent en nombre raisonnable, venant pour la plupart en petits groupes de Montevideo ou de Buenos Aires en excursion à la journée. Alors voici quelques autres de nos découvertes :


Des musées ordinaires et plus si affinité

Colonia del Sacramento recèle un nombre important de musées comparé à la taille de sa population, essentiellement basés sur l’histoire mouvementée de la ville. Fondée par des Portugais en 1680 qui avaient vu à cet endroit un bon potentiel pour le commerce, notamment avec Buenos Aires juste de l’autre côté de l’estuaire, et s’étaient installés malgré les colonies espagnoles déjà présentes autour. Les Espagnols n’ont pas aimé et s’en est suivi une série de guerres avec les troupes portugaises pour reprendre tour à tour le territoire, jusqu’à l’indépendance de l’Uruguay en 1828. L’architecture de la ville reflète bien ces différents conflits, et plusieurs musées sont consacrés à des pans ou des populations de cette histoire, nous en avons visité plusieurs, dont voici quelques images commentées ci-dessous.

> Le Musée Municipal

Il est incontournable puisque c’est là qu’on achète à prix modique un billet valable pour 9 autres musées de la ville. Installé dans une demeure portugaise, il est étonnamment éclectique avec des salles thématiques abordant aussi bien l’archéologie précolombienne que l’arène de corridas de la ville voisine, le mobilier de la période portugaise, ou encore la paléontologie et l’histoire naturelle. On y trouve ainsi des ossements peu communs de gliptodonte, un squelette complet de paresseux géant, une abondante collection de taxidermie comportant oiseaux mammifères et reptiles, et enfin des tableaux d’entomologie avec de superbes papillons et autres insectes. L’histoire municipale a ici un sens vraiment très large !


> L’Espace Portugais

Situé à deux pas du précédent, il aurait pu faire redite, mais il est plus axé sur le côté militaire, décrivant la vie des soldats aux XVI et XVIIe siècle, et expose une superbe collection de cartes anciennes du temps des grands explorateurs. Nous y avons trouvé aussi de jolis azuleros, ces céramiques bleu-cobalt si typiques de la culture arabo-hispano-portugaise, qui nous ont consolés de la fermeture du musée de la ville qui leur était dédié.

Nous n’avons trouvé qu’un intérêt modéré aux autres musées, ce qui m’évitera de les énumérer. Mais parlons maintenant d’une perle, hors forfait précédent, mais qui pour les amateurs mérite absolument la visite :


> Le Musée de l’Origami

Malgré sa petite taille, la ville de Colonia del Sacramento recèle un trésor, le Musée de l’Origami. Il est décrit comme l’un des rares dans le monde dédié à ce sujet. Il a été aménagée par une citoyenne de la ville passionnée par le sujet. Ce musée ne possède que 3 petites salles, mais on y passe facilement une heure à lire les panneaux informatifs, à admirer de près chaque création et bien sûr à les photographier pour en garder la mémoire. On découvre l’histoire du pliage, son évolution depuis l’époque où l’on réalisait des plis simples jusqu’à la façon dont on le travaille aujourd’hui, en intégrant souvent des concepts mathématiques qui permettent de travailler le papier sans le couper. On aboutit ainsi à des pliages complexes qu’on jurerait faits avec plusieurs feuilles de papier alors qu’il n’en a été utilisé qu’une feuille.

On découvre aussi les avancées scientifiques qui utilisent les techniques de l’origami, comme le déploiement des panneaux solaires des satellites, les stents pour maintenir les artères du cœur ouvertes lorsqu’elles ne le sont pas assez, des armatures installées à partir d’un ballonnet pour solidifier des vertèbres affaissées par l’ostéoporose, et bien d’autres encore. L’art de l’origami est utilisé aussi en accompagnement des personnes atteintes d’Alzheimer. Le musée accueille aussi les scolaires, dispense des cours de pliage, accueille régulièrement des conférenciers dont on peut retrouver des vidéos sur le site internet. Enfin, le Musée de l’Origami expose des œuvres d’artistes de renom dans le domaine. Elles sont magnifiques.


Lumière divine

Le couvent de St François Xavier dans la zone classée maintenant historique de Colonia del Sacramento possédait une tour qui servait non seulement à appeler les fidèles, mais aussi à guider les bateaux naviguant sur le rio de la Plata, d’autant que les courants y étaient particulièrement dangereux, ayant entraîné de multiples naufrages. Lorsqu’un incendie détruisit en grande partie le couvent en 1705, les marins se plaignirent rapidement de la perte de leur point de repère. On leur construisit alors un phare, dont la base carrée se calquait sur les restes de l’ancienne tour, tandis que la partie supérieure était plus classiquement cylindrique. Voilà pourquoi, aujourd’hui, il reste le seul phare du pays à avoir ce double profil. Les murs du couvent tenant encore debout ont été laissés en place, contribuant à la solidité de l’ouvrage.

Le phare de Colonia del Sacramento
Le phare et les murs restants du couvent initial

L’art dans le bastion

Dans la période où la ville était fortifiée, pour la défense des colonisateurs en alternance que furent les Portugais et les Espagnols, plusieurs bastions la défendaient. Devenus inutiles depuis l’indépendance, ils furent soit détruits soit reconvertis, comme ce Bastion del Carmen devenu une usine à colle et à savon puis entrepôt de stockage d’aliments. Rien de tout ça n’étant nécessaire aujourd’hui, le lieu est maintenant un Centre Culturel, avec salle de concert et expositions temporaires. Voici celle qui était en cours au moment de notre passage.


Cabotage pour Roberto

Le navire porte-container qui transporte Roberto est arrivé sur les côtes Est de l’Amérique du Sud. Nous découvrons les escales au fur et à mesure, car rien ne les indiquait au départ. Il s’est donc arrêté à Santos puis Panaragua au Brésil. Dans les deux destinations il s’est enfoncé assez loin dans les terres. C’est peut-être notre carte qui manque de précision.


Montevideo, enfin

En 3 heures de bus, nous rejoignons la capitale de l’Uruguay, Montevideo. Nous n’en bougerons plus jusqu’à l’arrivée de Roberto. Nous découvrirons juste avant d’arriver que notre porte-containers passera devant Montevideo sans s’arrêter, pour rejoindre en premier Buenos Aires … juste là où nous étions une semaine auparavant. C’est rageant ! Espérons tout de même que nous serons bien sa prochaine escale.


Encore un logement de caractère

Nous allons loger dans le centre historique. Comme pour Buenos Aires, l’architecture est très variée, mêlant les styles ou pas de style du tout. La façade de l’immeuble où se trouve notre appartement est quelconque, mais l’intérieur rattrape le coup. Au sommet d’un escalier en marbre nous attend un palier décoré d’un plafond en vitrail, d’un piano et de quelques bibelots. 2 autres appartements donnent dessus et peuvent se partager une salle à manger de 8 personnes, une buanderie, et au sommet d’un escalier métallique plusieurs terrasses dont une avec piscine. En cette saison d’automne, elle a été vidée, mais il nous reste les terrasses pour la vue panoramique sur la mer.


Un jour aux courses

À l’arrivée comme toujours, il nous faut remplir le frigo. La fréquentation des magasins du quartier nous amène à quelques découvertes intéressantes, voir surprenantes.


Postres (desserts)

Les Uruguayens ne mangent pas que de la viande. Ce sont manifestement des « becs sucrés » et les vitrines des pâtisseries sont hautes en couleurs. Comme d’habitude ici, les parts sont énormes. Mais on trouve aussi des desserts plus délicats, comme ces alfajores, la version uruguayenne du macaron. Prêts à saliver ?


La vanlife version Uruguay

Nos rares rencontres avec des véhicules de loisirs


Façades

Montevideo a été fondée en 1726 par les Espagnols afin d’éviter l’expansion des Portugais installés dans la ville voisine de Colonia del Arte. Un moment intégrée au Brésil, la ville gagna son indépendance en 1828, tout en restant sous influence des Britanniques pendant près d’un siècle. Ces derniers voulaient empêcher le contrôle commercial de la région par l’Argentine et le Brésil. Enfin, les liaisons maritimes ont favorisé les échanges avec l’Europe. L’architecture qui en ressort est un mélange de toutes ces influences, avec des bâtiments de style aussi bien art-déco, néoclassique, éclectique que moderne. Un petit tour en ville avec nous ?

On va terminer là pour cette session. Pas mal de choses à vous relater pour la prochaine. Et puis on l’espère vivement, la récupération de Roberto qui est dans sa dernière ligne (presque) droite. A très bientôt !