138. Hongrie II

Nous voici de retour en Hongrie. Rappelez-vous, nous avions déjà traversé l’Ouest du pays au printemps, et il nous était alors apparu plus pratique de descendre directement vers la Croatie, quitte à garder un bout de la Hongrie pour la route du retour. Un gros bout puisque comprenant la capitale Budapest. Mais aussi quelques découvertes surprenantes.

Notre parcours en Hongrie, en version zoomable ici

Camping thermal

Pas besoin de faire du change, nous avions gardé quelques forints (il en faut un peu plus de 400 pour faire 1 euro), et pas de souci de téléphone non plus, le pays est dans la zone couverte par nos forfaits Free. Notre seul souci en fait est la charge de la batterie que nous avons du mal à maintenir, car les panneaux solaires donnent peu en ce moment et parce que nous n’avons pas énormément roulé ces derniers jours. Alors notre premier arrêt en Hongrie sera dans un camping, mais pas n’importe lequel, un camping thermal, en accord avec les coutumes du pays.

Effectivement, dans un coin du camping, on trouve à côté d’une piscine classique, d’un beau bleu mais recouverte d’une fine couche de glace, plusieurs bassins emplis d’une eau brune et fumante. Même si l’un de ces bassins est partiellement couvert d’une sorte de verrière où les utilisateurs du jour se rassemblent, tout communique avec l’extérieur. Avec une température ambiante frisant les 1°C, nous ne sommes pas trop tentés par l’expérience, d’autant qu’en trempant la main l’eau est manifestement sous les 30°C. Nous nous contenterons de quelques photos, en évitant les baigneurs par souci de discrétion.


A consommer avec modération …ou pas !

Petite revue des boissons alcoolisées hongroises


Debrecen la petite seconde

Debrecen, avec ses 200 000 habitants, est la seconde ville du pays, après Budapest bien sûr, 8 fois plus peuplée. Elle nous paraît plus modeste qu’elle n’en a l’air en raison de son centre-ville morcelé, réparti sur plusieurs places bordées d’imposants bâtiments de style néo-baroque, avec moultes décorations en façades. Nous y visitons d’abord la Grande Église protestante (eh oui, nous entrons dans la zone d’influence germanique) datant du XVIIIe siècle. L’intérieur est peu décoré, comme il se doit chez les calvinistes, mais nous permet de grimper jusqu’au toit de l’église pour observer la ville. Notre visite suivante est le Musée Déri, présentant d’intéressantes collections dans les domaines de l’histoire, de la culture et de la nature de la région. Enfin, nous terminons par la cathédrale Ste Anne, dont la taille surprend pour une église catholique « perdue » dans une ville de confession majoritairement protestante. Au moins, les 15% de catholiques ont de la place pour s’asseoir !


Un tour chez les Matyö

Nous ignorions tout des Matyö, un peuple originaire du Nord-Est de la Hongrie, jusqu’à la visite de ce musée de Mezökövesd consacré à leur artisanat. Il s’agit principalement de broderies de grande qualité, aux motifs principalement floraux, intégrés dans leurs costumes traditionnels comme dans des objets du quotidien (coussins, sacs à main, dessus de lits, etc.). On retrouve volontiers ces dernier dans les boutiques du pays. Regardez les photos, c’est remarquable.


Eger

La petite ville d’Eger a été fondée au Xe siècle par Saint-Étienne, premier roi catholique de Hongrie, qui en fit un évêché et éleva une cathédrale, entourée par la suite d’un château. Mais avouons-le, nous ne sommes pas montés jusque-là, il y avait pas mal à voir en bas et la nuit tombe tôt là-bas, dès 15h30-16h. Outre les jolis immeubles baroques, classiques en Hongrie, nous n’avons pas manqué de visiter la majestueuse basilique, la deuxième plus grande église du pays. Un peu massive à l’extérieur avec ses énormes colonnes, elle éblouit par ses décors intérieurs, dont les fresques du dôme et les sculptures. Nous avons aussi traversé l’un des marchés de Noël qui commencent à se mettre en place un peu partout, avec les classiques cabanes en bois, un grand sapin et, particularité locale, des stands de Kurtoskalacs, sortes de brioches caramélisées cuites enroulées sur une broche, originaires en fait de Transylvanie.


Amande honorable

On vient aussi à Eger pour le musée Kopcsik Marcipania, dont le nom est déjà un peu évocateur du contenu. Quel point commun peut rassembler dans une même exposition un tonneau de vin, une horloge sur pied, un gramophone, un livre de contes de fées et une salle baroque ? Eh bien tous ces objets sont faits soit en massepain (blanc d’œuf + sucre + amandes), soit en pâte à sucre (sucre + gélatine), décorés avec des colorants alimentaires. Tout peut se manger donc, mais avouez que ce serait franchement dommage ! Toutes ces œuvres résultent de la passion d’un pâtissier hongrois, Kopcsik Lajos, qui figure d’ailleurs sur le Livre Guinness des Records pour avoir gagné l’équivalent-JO de 10 médailles d’or au cours d’une même compétition, les Olympiades Culinaires de Berlin en 1996. C’est mérité et ce n’était assurément pas des médailles en chocolat !


Budapest

Si les villes de Buda et Pest ont fusionné en 1873, elles restent séparées par le Danube, tout en étant reliées par de jolis ponts et un réseau de transports en commun très performant, dont la plus belle ligne de tramway d’Europe (le T2 qui longe le fleuve en passant devant le Parlement). Nous avons consacré 3 jours pleins à la ville, en marchant beaucoup pour nous réchauffer, même si nous avons eu un peu de soleil les 2 premiers jours. Je ne vais pas faire un catalogue de tout ce que peut offrir cette belle capitale mais juste légender ou commenter quelques photos classées par thèmes.

1. Le Danube

C’est l’âme de la ville, la cordelette qui sépare la ville en son milieu, la faisant surnommer « la perle du Danube ». Avant 1873, les villes de Buda et Pest étaient d’ailleurs indépendantes, c’est la construction des ponts qui les a réunies. Ce plus grand fleuve d’Europe après la Volga nait dans la Forêt Noire allemande et se jette dans la Mer Noire en Roumanie après avoir traversé 10 pays. 2850 km de long, dont 417 en Hongrie.

Le Danube fut aussi l’objet d’une tragédie en 1944 : le chef du gouvernement hongrois Ferenc Szalasi mis en place par Hitler organisa une extermination des Juifs de Hongrie, dont beaucoup furent sauvagement abattus sur les berges du fleuve après qu’on leur ait demandé de retirer leurs chaussures, un bien précieux à l’époque. En hommage à ces victimes, 60 paires de chaussures sont disposées le long du Danube et ne manquent pas d’être fleuries ou garnies de messages.


2. Les ponts

Ils ont en commun d’avoir tous été détruits par les Allemands lors de leur retraite à la fin de la Seconde Guerre Mondiale.


3. Les statues

Budapest est extraordinairement riche en statues, en voici quelques-unes, toutes commentées


4. Le reste…


Et nous voilà partis pour le pays suivant, la Slovaquie. A très bientôt !

P.S. Pour les votants de l’article précédent, c’est la seconde photo avec effet miroir qui a obtenu le plus de suffrages. Merci aux participants !

108. Transatlantique en double

Le dernier épisode de cette série américaine vous emmènera de Panama City à la France pour ce qui nous concerne et vous contera les péripéties du départ de Roberto, trépignant d’impatience au port de Manzanillo pendant que son navire transporteur se la coule douce à 80 km de là, de l’autre côté du Canal.

Connaissiez-vous ce mola ?

Le mola est un art textile traditionnel développé par la communauté amérindienne Kuna, présente au Panama et en Colombie. La technique très particulière, dite de l’appliqué-inversé, démarre par des tissus empilés, dont on découpe puis coud des motifs couche par couche, en retournant leurs bords. Selon le nombre de couches (2 à 7), de motifs et de finesse de la couture, le temps de réalisation varie d’une semaine à 6 mois.

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Initialement, les motifs géométriques reproduisaient ceux peints sur le corps à l’aide de rouleaux gravés. Puis ces décorations corporelles sont devenues des vêtements, encore portés par la communauté aujourd’hui. Le design a évolué, avec des représentations liées à la nature, à la religion, voire à des demandes commerciales précises.

Un petit musée gratuit et d’excellente qualité (l’un n’empêche pas l’autre !) expose de façon didactique l’historique, le mode de réalisation et des pièces d’une grande finesse, tout en donnant pas mal d’informations sur la culture Kuna. A ne pas manquer.


Panamax ou Canal Plus ?

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L’entrée Sud du Canal de Panama vue du Causeway

Dès que les conquistadors ont découvert qu’au Panama, l’Amérique n’était pas si large et qu’ils pourraient peut être retrouver leur honneur en atteignant enfin les Indes, ils y cherchèrent un passage pour leurs bateaux. Ça prendra tout de même un peu de temps. Il faudra attendre que le Prussien Humbolt, celui qui a découvert le courant (je n’ai pas dit l’électricité, hein 😉), trouve un passage possible via un fleuve panaméen et quelques aménagements. On s’adressa naturellement au Français Ferdinand de Lesseps qui venait de construire avec succès le canal de Suez, mais en oubliant, alors que c’est pourtant écrit en bas de tous les contrats de placements, que « les performances passées ne préjugent pas des performances futures ». Et ce fut hélas une catastrophe. Notre compatriote, misant sur une connexion à niveau des deux océans, avait sous-estimé les difficultés à creuser si profond dans un sol très hétéroclite, et surtout la férocité des moustiques qui tuèrent entre 5000 et 25000 personnes (c’est comme pour les manifs, ça dépend de qui compte).

Quand il se décida enfin à écluser son canal, les banques européennes le lâchèrent et les Américains n’eurent plus qu’à récupérer l’affaire, s’arrangeant au passage pour s’octroyer à vie le canal et 8km de terre de chaque côté. Mis en service en 1914, le canal ne fut restitué au Panama que fin 1999.

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Tarifs de passages. Ce n’est pas donné !

Depuis, forcément, à 1 million de $ le passage des navires les plus grands, l’économie se porte mieux. On agrandit maintenant les écluses. Celles qui accueillaient au maximum des bateaux de la catégorie « panamax » (32m de large sur 294m de long) sur laquelle se sont longtemps calqués les constructeurs, sont complétées depuis 2016 par des écluses « néopanamax » capables de faire passer des géants de 49m de large et 366m de long.  Le problème c’est qu’elles consomment beaucoup plus d’eau et que la ressource commence à manquer.

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Bon, c’est LEUR problème. Parce que le nôtre à ce moment précis, c’est que Roberto attend à un bout du canal le Titus, un transporteur de véhicules de la catégorie Neopanamax, bloqué à l’autre bout…

Nous n’avons pas fait d’excursion sur le canal, comme en 2019, mais voici quelques clichés pris à cette occasion. De bonnes sensations que de filer dans une petite embarcation le long de ces navires géants, une visite didactique et en direct du fonctionnement des écluses, et même un simulateur ! Retour par la ligne de chemin de fer qui a assuré les transports d’un océan à l’autre de 1855 à 1914. Elle est toujours très active : certains navires au tirant d’eau limite y font transporter leurs containers pour s’alléger et pouvoir passer les écluses les moins profondes.

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Adios Santa Ana

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La place Santa Ana, cœur du quartier

Nous quittons aujourd’hui notre location dans le quartier de Santa Ana, un secteur en tout début de rénovation de la zone historique de Panama City, mélangeant quelques constructions modernes comme la nôtre, des immeubles vieillots mais fonctionnels et des bâtiments dont ne persistent plus que murs et façades, dans l’attente sans doute qu’un pâté de maison complet se libère pour être livré à un promoteur. Au cœur de tout cela, la place Santa Ana avec ses grands arbres aux racines pendantes, son kiosque central, ses bancs toujours occupés de locaux qui mangent, lisent ou discutent. Peu de touristes finalement, comparativement aux secteurs restaurés, mais une ambiance bien plus authentique dont nous avons pleinement profité pendant deux semaines. Le 26 juillet prochain, le quartier fêtera ses 350 ans d’existence. Dans le Nouveau Monde, c’est beaucoup.

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Joli bâtiment de style colonial espagnol en bordure de place
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Notre logement est à 100m sur la gauche. C’est dire comme nous sommes en pleine immersion
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Les immeubles et boutiques ont du caractère…
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J’adore la conservation des façades en attendant la rénovation,
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Là, c’est juste une des façades du marché couvert. On aurait pu se contenter d’un p’tit crépi, mais non.

Baisser des couleurs

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Un certain regret de quitter tout ça…

Nous préparons nos bagages, un petit pincement au cœur. D’abord parce que se termine ici notre périple américain, plus de 50 000 km parcourus en 17 mois à travers 10 pays que nous ne connaissions pas pour la plupart. Ensuite parce qu’en prenant l’avion ce soir, nous laissons Roberto derrière nous alors que normalement il aurait dû nous précéder. Bon c’est comme ça. Le bon côté c’est qu’avec ce retour en Europe, nous allons revoir famille et amis, enfin peut-être pas tous, il y a du monde ! Et puis nous reviendrons en Amérique, c’est sûr. Au moins pour voir le Sud. Alors ce n’est qu’un hasta luego mon frère…

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Épilogue

Ce samedi 1er juillet, 15 jours après son arrivée, le Titus se décide enfin à traverser le canal, bien accompagné par ses bateaux-pilotes afin qu’il ne se perde pas (il ne manquerait plus que ça !). 8 heures plus tard il arrive au port de Manzanillo. Roberto va enfin pouvoir commencer sa propre transat en solitaire. Enfin je veux dire sans nous, car les transporteurs de véhicules comme le Titus peuvent emporter plus de 8000 Roberto à la fois !


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