9. Roberto, enfin !

Roberto
Première sortie
La clef du bonheur
Première conduite

Jour mémorable que ce 19 avril puisque nous allons enfin retrouver Roberto, notre compagnon de route. Saluons au passage l’efficacité des moyens de communication modernes puisque, à l’exception de la rencontre de notre aménageur en octobre, utile mais non impérative, tout s’est passé par internet et téléphone. De la commande du porteur que nous n’avions jamais vu en vrai ni essayé, jusqu’à l’aménagement complet, réservé, conçu puis réalisé et modifié en concertation au fur et à mesure des petits problèmes qui pouvaient se poser.

Merci à Jean-Baptiste Raynal, de la concession Fiat Cayla SA, pour nous avoir fait confiance et livré le véhicule à notre aménageur qui allait en plus le découper de toutes parts sans que nous ayons versé le moindre centime d’acompte.

Merci à Stéphan de Loisirs 12, notre aménageur, pour avoir compris d’emblée notre projet et s’être adapté à tous nous desiderata, pour nous avoir transmis tout au long de la réalisation des photos qui nous ont fait rêver, et qui lui aussi a engagé plus de frais pour nous au début qu’il ne nous en a demandé.

Nous découvrons donc Roberto stationné dans le hangar de l’entreprise pour permettre les éventuelles finitions. Nous en faisons le tour avec émerveillement et découvrons le travail soigné de Stéphan et de son équipe. Les photos ne montrant pas tout, nous remarquons quelques détails qui pourraient être améliorés, comme la disposition du siège arrière et de la table de la dînette. Stéphan nous arrange ça en peu de temps et nous conseille de partir expérimenter le véhicule quelques jours et de revenir le voir pour corriger les problèmes qui pourraient se poser ou combler les manques qui apparaîtraient.

Premier parking à Rodez

Nous partons fiers comme Artaban sur les routes de Rodez. La position de conduite est idéale, en hauteur, bien au-dessus des voitures et, renforcée par notre grand pare-brise, notre visibilité est excellente. Ce qui n’est pas sans importance pour notre road-trip. La maniabilité est bonne malgré les 6 m de longueur du véhicule. Une caméra de recul aide pour le parking. D’emblée nous apprécions la boîte de vitesses automatique et l’aide au démarrage en côte (pas de recul intempestif lorsque l’on relâche la pédale de frein).

Les quelques jours qui suivent vont être consacrés à l’aménagement de l’habitacle, car Roberto nous a été livré tout nu : réservoirs d’essence et d’eau pleins mais soutes vides, matelas enveloppés de housses mais sans draps ni couettes (tiens, je reconnais là une de mes adresses mail anti-spam : sandra.nicouet@xxx.com), placards à provisions et à vêtements plutôt spacieux mais à remplir de A à Z. Profitant de la situation idéale de notre location près d’une grande zone commerciale, nous allons acquérir puis installer le minimum nécessaire à une vie nomade. Avec quelques règles impérieuses (ce mot vous rappelle quelque chose, non ?) : pas de superflu, rien de fragile, pas de surpoids, pas de surconsommation d’énergie. Autant dire que la vaisselle en porcelaine, le lave-linge 7 Kg et le lave-vaisselle 12 couverts sont bannis. Puisque nous aimons baptiser nos biens, le lave-vaisselle s’appellera désormais Jean-Michel et le lave-linge Lavomatic. A ce propos, si vous voulez savoir pourquoi Roberto s’appelle ainsi, vous pouvez consulter la page « A propos / Qui sommes-nous ? » sur ce site.

Peu avant de quitter Rodez, nous retournons chez notre aménageur pour fignoler quelques détails. Un placard qui grince par ci, une étagère qui manque par-là, des sièges rotatifs un peu durs à tourner. Il est aux petits soins pour nous et consacre 2 heures de son temps à corriger ces petits défauts qui seraient devenus irritants au long cours. C’est tout l’avantage de l’aménagement personnalisé, en tout cas chez Loisirs 12, que de pouvoir repartir dans un véhicule totalement conforme à ses besoins. C’est donc dans un Roberto totalement fonctionnel que nous terminons notre semaine à Rodez et que nous partons pour Agen.

Premier bivouac

Pas par l’autoroute bien sûr, peut-être allons-nous même bannir ce mot de notre vocabulaire, mais par les petites routes de campagne quasi-désertes pour cause de limitation des déplacements. Nous nos régalons des paysages aveyronnais et trouvons à mi-parcours notre premier bivouac, au milieu de nulle part et sans aucun réseau téléphonique, c’est dire. Nous prenons notre premier repas et passons notre première nuit à bord de Roberto, c’est le bonheur !

8. Le grand départ !

départ de gustavia
Départ de St Barth – 17/4/2021 – 8h45

Nous quittons Saint-Barth, son soleil, sa chaleur, sa sécurité, ses boutiques et ses restaurants ouverts pour une vie meilleure dans une métropole confinée, grisailleuse, froide, insécure, confinée à 10 km le jour et sous couvre-feu la nuit. N’est-ce pas marcher un peu les pieds sur la tête ? Oui, le moment choisi ne parait pas le plus propice, mais une date c’est une date et notre départ était depuis longtemps organisé pour ce jour-là. Et puis nous sommes dûment tamponnés et vaccinés, aucun papier, aucune attestation ne manque dans le classeur infailliblement organisé par Claudie. Nous avons des motifs impérieux en veux-tu en voilà pour les différentes destinations, surfant sur notre absence totale de domicile : jusqu’à Toulouse, nous sommes censés rejoindre à Agen notre fils, lui-même censé nous héberger dans son studio jusqu’à ce que nous dénichions un logement. De Toulouse à Rodez, dans la direction opposée à Agen donc, nous rejoignons Charlène, notre hôte Airbnb, censée nous héberger dans sa maison jusqu’à ce que nous trouvions à nous loger. C’est Roberto que nous trouverons à Rodez, mais comme les autorités n’admettent pas qu’un fourgon aménagé soit une résidence, ce qui complique la vie de nombreux nomades qui y vivent à l’année, il nous faut un autre motif. Une fois l’aménagement finalisé nous rejoindrons Agen avec une nouvelle attestation de notre fils, en attendant l’assouplissement de la règle des 10 Km annoncée le 3 mai. En réalité, à part les tests PCR exigés avant chaque embarquement, rien d’autre ne nous sera demandé tout au long de notre voyage. Nous sommes presque déçus !

Arrivée à Toulouse – 18/4/2021 – 11h

Nous abandonnons ensuite la ville rose dans une voiture de location dont le caractère hydride m’aura permis de me ridiculiser auprès du loueur. Celui-ci m’avait auparavant proposé de me surclasser, me demandant si je conduisais « tout type de véhicule », notamment à boîte automatique. Et moi de confirmer que oui, à Saint-Barth il n’y avait que ça. Et puis au volant du véhicule, une Nexus toute neuve, j’ai cherché en vain où insérer ma clef de contact. Je me suis cru sauvé en apercevant le bouton du démarreur (j’ai déjà eu ça sur un Renault Espace précédemment) mais j’ai eu beau presser dix fois, la voiture n’a pas plus réagi qu’un comateux sous anesthésie générale. Je suis retourné vers le loueur qui m’a répondu goguenard que, ben oui, une voiture hybride, ça démarre sur le moteur électrique, donc qu’il faut juste appuyer sur la pédale pour que ça avance ou recule !

J’ai eu un peu l’impression qu’après 10 ans à St Barth, isolé de la vraie vie, je débarquais de ma campagne profonde…

7. Organiser le départ

Réduire nos biens comme une peau de chagrin…

Déjà, déménager à St Barth n’avait pas été une mince affaire. Quitter une grande maison de 180 m² équipée pour 6 personnes pour partir à 4 vivre dans un appartement de 80 m² avait posé pas mal de dilemmes : Tout ce que nous souhaitions emporter devait tenir dans un container de 40 pieds maximum. Si le choix d’emporter ou non les skis et les pneus contact ne prenait qu’un instant, c’était plus compliqué pour des objets plus personnels comme le piano, la bibliothèque complète de livres, ou encore les bibelots attachés à des évènements particuliers de notre vie. A force de vente en ligne ou aux amis, de dons aussi, de restitution de leurs effets personnels à nos enfants les plus grands, de quelques sacrifices et enfin grâce à l’aide de déménageurs spécialistes du remplissage des conteneurs à la manière d’un jeu de Tetris, nous sommes parvenus à faire tenir 25 ans de notre vie dans un container de 20 pieds seulement. Mais 3 ans plus tard, le problème s’est posé de nouveau lorsque nous avons quitté notre location pour un appartement bien à nous, de 66 m² cette fois. Ce qui a imposé un nouveau tri dans nos affaires, curieusement plus simple que le premier car nous nous sommes principalement débarrassés de ce que nous avions cru indispensable mais qui ne nous avait pas servi pendant ces 3 années. Nous pensions l’affaire terminée, mais ça, c’était il y a 7 ans. Et il y a 7 ans nous étions loin d’imaginer le projet actuel. La problématique était cette fois un peu plus corsée puisqu’il fallait tenir le contenu d’un appartement de 66 m² et dix ans de notre vie à St Barth dans un fourgon de 10 m². La décision de louer notre appartement en meublé nous a déjà tiré une grosse épine du pied. Mais il a fallu de nouveau donner, vendre ou jeter tout un tas de choses qui nous paraissaient importantes à garder. Cela a été une vraie prise de conscience de notre mode de vie consuméristes dans lequel nous accumulons ou achetons à tout va des biens non essentiels. Pourquoi dix paires de chaussures ? Pourquoi 4 téléphones en 10 ans ? Pourquoi garder tous ces outils rouillés ? Pourquoi garder toutes ces factures anciennes alors que la garantie des achats concernés est dépassée depuis bien longtemps ? Après de nouveaux choix drastiques et quelques heures passées devant le scanner, nous avons pu réduire notre vie au contenu d’une dizaine de petits placards laissé sur place, à deux palettes expédiées en métropole principalement destinées à nos enfants, et 2 valises de 23 Kg + 2 bagages cabine de 12 Kg.

Gérer la fin de l’activité professionnelle…

J’imagine que quitter une activité salariée peut se résumer à informer sa caisse de retraite et son patron puis organiser son pot de départ, mais c’est entrer dans un domaine que je ne connais pas. Ce n’est donc qu’une supposition de ma part que clore une activité libérale est beaucoup plus compliqué que ça. Il vaut mieux ne pas trop s’y prendre au dernier moment car certaines formalités prennent du temps. Surtout à St Barth où le courrier prend souvent le chemin des écoliers et où les appels téléphoniques vers la métropole exigent parfois de sacrifier quelques heures de sommeil. J’ai commencé 6 mois avant mon départ, par la dénonciation de mon bail professionnel, puis, après une dernière vérification de mon relevé de carrière, par déclarer ma cessation d’activité sur le site info-retraite.fr. J’ai cru naïvement qu’il suffisait de préciser la date correspondante et de cliquer sur le bouton « Oui je suis d’accord pour me sacrifier et ne pas attendre la réforme des retraites », mais je suis tombé de haut devant la quantité de renseignements à fournir. Mais que peuvent-ils bien faire de l’organisme qui m’a délivré mon livret militaire où de l’âge auquel chacun de mes 4 enfants est devenu autonome financièrement ? Et aussi pas mal de pièces à joindre en ligne et les agacements qui vont avec : alors que ma carte d’identité est déjà scannée recto-verso sur un seul fichier, on me demande d’envoyer le recto et le verso séparément et donc pour moi de scanner à nouveau le document. Info-retraite est censé retransmettre directement à tous les organismes concernés, mais en fait ils renvoient à un autre site qui se charge lui de faire la manip, avec de nouvelles vérifications au préalable. Et puis chaque organisme ensuite vous recontacte et vous redemande d’autres justificatifs ! Mais cela ne concerne que les organismes de retraite, car il faut aussi prévenir l’ordre des médecins, les caisses de sécurité sociale, le centre de formalité des entreprises, la mutuelle et j’en passe.

Le plus problématique et non encore résolu a été de trouver un successeur pour mon activité. Malgré les petites annonces à répétition, la conjoncture n’est probablement pas favorable à l’installation d’un nouveau spécialiste ici. Il restait enfin la même problématique que pour l’appartement, réduire à pratiquement zéro les biens professionnels qui m’ont accompagné pendant trois décennies et demi. J’ai quasiment tout donné en espérant que ça resservira un peu.

Mais je ne suis pas plus attaché que ça à mon passé professionnel. J’ai pourtant adoré mon métier, mais il y a un temps pour tout. Une page se tourne, il est temps désormais de rejoindre Roberto et de profiter de notre nouvelle vie.

6. Rêver le voyage avant de partir…

Chez nous Jean-Michel est cartésien donc il conçoit Roberto au millimètre près, l’économie de place, d’énergie, notre confort, bref il a les pieds sur terre …

Moi je rêve, le nez dans les guides et les cartes, je veux tout voir, traverser tous les pays de la terre, connaitre toutes les populations, leurs coutumes, leur cuisine.

Depuis déjà longtemps je suis des blogs de voyageurs, des pages Facebook d’aventuriers-nomades et tous m’ont bien inspirée pour tracer notre propre chemin.

J’ai décidé, puisque nous sommes toujours dans le rêve, de ne pas tenir compte de la pandémie, de nous faire un tour du monde idéal. Il sera toujours temps de s’adapter, de commencer par les continents les plus faciles d’accès.

Des guides illustrés à la recherche des incontournables
La carte Michelin avec toute l’Europe en version papier
Les pages Ouzbékistan du Lonely Planet Monde
Le Petit Futé Europe et sa page Pays de Galles

A l’arrivée en métropole nous récupérons Roberto chez Stéphan (Loisirs 12) et nous pensons en faire notre nid douillet tout en se posant devant chez nos enfants (on est vraiment en manque de les bisouter), donc tranquillement on s’adapte au plus près de notre Roberto pour ensuite faire une vraie équipe de trois (mon chéri -doudou, Roberto et moi).

Puis à l’arrivée de notre container on dépote (ça veut dire vider un container 😊) un petit peu de temps pour voir la famille élargie puis, comme le printemps est là, qu’on est prêts, et bien on part … Ne vous emballez pas, on reste en Europe car en Octobre nous avons un trek au Népal avec les copains-cousins, prévu déjà en 2020, reporté en 2021 et on veut y croire. Et puis ensuite il y a les fêtes de Noël et cette année on en profiterait bien pour les faire avec nos enfants.

Mais début Janvier nous espérons que Roberto fera sa première traversée en cargo, direction l’Australie où nous le rejoindrons en avion pour le dédouaner et partir à la rencontre des kangourous !

Nouvelle Zélande, Nouvelle Calédonie, petit vol aller-retour vers la Polynésie pour voir Amanta, Rupee et le baby.

Ensuite tout dépendra des bateaux-cargos qui pourront transporter Roberto. Asie ? Amériques ?

Peu importe l’ordre, chaque continent est prévu. Voici quelques exemples d’itinéraires :

Europe
Europe et Asie
Les îles Lofoten
Amériques
Amérique du Nord et du Centre

J’ai beaucoup lu, annoté tous les guides et les cartes, préparé des itinéraires idéaux pour ne rien rater, bref si tout va bien on est partis pour 7 à 8 ans. Nous savons malgré tout que tous les ans nous laisserons Roberto en garde dans le pays où nous serons et nous rentrerons voir les enfants 1 mois ou 2.

Nous espérons faire de nombreuses rencontres mais nous comptons aussi sur la famille et les amis, pour venir nous retrouver, et faire un bout de chemin avec nous, visiter un site, une capitale…

L’aventure, le minimalisme, c’est pour très bientôt 😊   

5. La gestation de Roberto

La gestation de Roberto

Maintenant que nous connaissons l’enveloppe de notre future maison roulante, il va falloir procéder à son aménagement intérieur. La démarche va nécessiter astuces et précision car nous devons faire tenir le maximum de mobilier et tous les accessoires techniques prévus dans un minimum de place, tout en soignant l’ergonomie. Pas question de s’apercevoir au dernier moment qu’il faille rentrer le ventre pour passer de profil entre la cuisine et la salle de bains ou encore que nos deux réservoirs de 100 litres d’eau ne permettent plus de fermer les portes arrière !

Plans standard fourgons du commerce

Nous pouvons certes nous aider des plans standard des fourgons du commerce, ils donnent une bonne idée de la multitude des combinaisons possibles, mais il ne faudra pas pour autant les suivre à la lettre puisque nous avons déterminé assez tôt qu’ils ne nous convenaient pas.

Néanmoins, ils donnent une bonne idée des proportions entre les différentes zones aménageables et permettent de vérifier que nos dimensions de banquettes, de tables ou encore de couloirs sont réalistes, pour ne pas dire ergonomiques

Le dessin des plans pourrait bien sûr se limiter à quelques feuilles de papier millimétré, mais ça rend compliqué toutes les modifications et les essais. Certains candidats aménageurs vont même jusqu’à confectionner leurs meubles en carton en grandeur nature. Pourquoi pas, mais nous n’avons pas assez de place chez nous !

L’informatique nous parait donc incontournable, et ça tombe bien, il existe plusieurs outils pour ça.

Plan sur papier millimétré
Véhiplan

J’ai d’abord essayé Véhiplan, un logiciel d’aménagement 3D spécialement conçu pour les fourgons et autres utilitaires. Simple d’utilisation, fourni avec de nombreux modèles de fourgons, il est rapidement productif.

Je l’ai trouvé malgré tout assez limité par rapport à mes besoins.

Avec Google Sketchup, on passe carrément à la vitesse supérieure ! Certes cela va se faire au prix d’un apprentissage de quelques heures, mais cela en vaut vraiment la peine. De plus, de nombreux tutoriels sont disponibles sur Internet, cela facilite bien la tâche. Le principe de base est tout simple : on crée d’abord une forme en 2 dimensions avant de lui donner ensuite l’épaisseur souhaitée, le tout au millimètre près. Après, une multitude d’outils permettent de plaquer des textures, d’arrondir les angles, de mélanger les objets entre eux et même de les animer. On peut reproduire ainsi n’importe quel objet ou n’importe quelle structure réelle, du dé à coudre de votre grand-mère à l’imposant Taj Mahal. J’ai adoré visionner sa construction en temps réel sur la vidéo ci-dessous.

Si l’on peut tout réaliser de zéro, cela n’est en rien obligatoire puisqu’une importante communauté d’utilisateurs met à disposition une bibliothèque bien fournier de modèles redimensionnables, dans des domaines très variés. C’est ainsi que, une fois les bases acquises, j’ai commencé à travailler sur un modèle de fourgon Fiat Ducato déjà aménagé par quelqu’un d’autre. Ce n’était pas à mon goût : j’ai supprimé tout l’aménagement intérieur et n’ai gardé que la structure, c’est-à-dire le fourgon vide tel qu’il a été livré à notre aménageur, après l’avoir repeint bien sûr. Je me suis régalé ensuite à incorporer tous mes éléments essentiels, à tester différentes configurations de couchages, différentes tailles de fenêtres. J’ai pu optimiser l’agencement de mes panneaux solaires sur le toit et avoir ainsi la capacité maximale en fonction des tailles de panneaux disponibles. J’ai pu déterminer que ma table de cuisson gasoil dont le boitier caché sous le plan de travail est assez imposant ne permettait pas de loger le frigo juste au-dessous, et qu’il me fallait absolument un évier à bonde décalée et non centrale pour que les tuyauteries passent correctement. Cette mise en situation 3D m’a permis de choisir parmi différents vidéoprojecteurs (mais oui, nous aurons un home cinéma comme à la maison !) lequel donnait la taille d’image la plus appropriée à notre habitacle. Enfin, les fonctions d’animation m’ont permis de vérifier le débattement des tiroirs et des portes, la situation des sièges rotatifs avant par rapport à la dînette et la circulation du WC sur ses rails dans la salle de bains. Bref un outil indispensable que je recommande à ceux qui ont du temps pour préparer leur aménagement. Ci-dessous quelques photos de l’aménagement obtenu avant soumission à notre aménageur.

J‘avoue y avoir passé beaucoup de temps, mais tous ces préparatifs, ça n’est que du bonheur. C’est aussi ce que pense Claudie, plongée depuis des mois dans les guides et les forums pour anticiper quelques itinéraires, repérer les incontournables, etc. Suite au prochain épisode…

4. La commande du porteur

Il ne faudra qu’une ou deux semaines d’échanges de mails en plein confinement pour passer la commande de notre porteur avec toutes les options adéquates. C’est bien la première fois que nous achetons un véhicule, neuf qui plus est, sans même être entrés dans une concession ou chez un garagiste !

Le concessionnaire Fiat et Loisirs 12 ayant l’habitude de travailler ensemble, le véhicule est d’emblée proposé avec la motorisation et les options adéquates à la transformation en maison roulante : moteur puissant, boîte automatique, sièges avant rotatifs, pas de paroi de séparation, grand réservoir de carburant, etc.

commande porteur

Nous passons au final commande d’un Fiat Ducato « Maxi » avec, pour les passionnés du détail, les caractéristiques suivantes :
– un format L3H2, soit 5,99m de long, 2,05m de large et 2,38m de haut pour tenir debout dedans
– un coloris bleu impérial pour respecter notre aversion pour le blanc
– un moteur de 160cv pour bien hisser nos 3,5T en haut des côtes et dépasser les vélos en toute sécurité
– une boîte automatique pour ne pas trop fatiguer nos vieux muscles et articulations de retraités
– une climatisation cabine dont on se demande si elle pourra étendre son action sur toute la cellule
– des rétroviseurs dégivrants et des phares antibrouillard dont on espère peu se servir
– des feux de jour LED pour faire moderne et écolo
– des pneus toutes saisons, bien adaptés à notre usage per annuel
– les systèmes « Traction + » et « Hill descend control » qui devraient nous donner une meilleure adhérence lorsque nous parcourrons les montagnes russes et même les autres
– une batterie renforcée pour les démarrages au petit matin en Laponie par -40°C
– une caméra et un radar de recul pour ne pas renverser par erreur la statue du maire pusillanime de cette petite ville tchéchène ou encore tomber dans le Grand Canyon par mégarde
– un système multimédia pour pouvoir regarder nos séries sur l’autoroute (il y a aussi un GPS qui pourrait s’avérer utile)
– un régulateur de vitesse pour garder tous nos points
– un réservoir de 90 litres, ce qui ne sera pas de trop pour à la fois rouler, nous chauffer et faire la cuisine

Voilà à quoi devrait ressembler notre fourgon. Sa livraison à notre aménageur est annoncée mi-décembre prochain, ce qui tombe parfaitement et nous laisse le temps d’en dessiner tous les plans.

Fiat Ducato bleu imperiale

3. A la recherche d’un aménageur

Maintenant que nous avons choisi le sur-mesure, il nous faut dénicher un artisan de bonne réputation et dont les délais de réalisation sont compatibles avec notre projet. Car nous aimerions bien prendre possession de notre véhicule mi-avril 2021, soit dans un peu moins d’un an.

aménageur fourgons

Les revues spécialisées recensent une bonne trentaine d’aménageurs sur toute la France, mais bon nombre d’entre eux sont spécialisés dans un type de véhicule (vans à toit relevable par exemple) ou un modèle précis (Mercedes Sprinter, Peugeot Boxer, etc.). Deux ou trois entreprises seulement nous semblent pouvoir relever le défi.

Isère évasion

Nous contactons en premier lieu Isère Évasion qui aménage des fourgons depuis 1988. Leur site internet fourmille de renseignements utiles, comme les critères de choix d’un véhicule. Surtout, il détaille photographies à l’appui toutes les étapes de l’aménagement d’un véhicule. Malheureusement, victimes de leur succès, ils ne sont pas en mesure de commencer notre fourgon avant juin 2021, ce qui est un peu tard pour nous.

Loisirs 12 Aménagement

Nous nous tournons ensuite vers la société aveyronnaise Loisirs12 Aménagement, présente depuis plus de 30 ans également. Sur leur site internet, ils revendiquent plus de 50% de leur activité en sur-mesure, et les modèles d’aménagement proposés ont l’air de bonne facture. Le contact par mail puis téléphone est excellent, nous les sentons attentifs à notre demande et nos exigences multiples n’ont pas l’air de poser de problème. Stephan, le maître des lieux, nous annonce pouvoir commencer notre aménagement début 2021, ce qui nous convient parfaitement. Nous acceptons son devis et versons un petit acompte, notre premier engagement ferme de ce grand voyage. Stephan nous met d’emblée en relation avec le concessionnaire Fiat, qui est juste en face de chez lui. Ça tombe bien dis-donc !

2. Notre véhicule idéal

Une fois notre projet défini dans ses grandes lignes, il devient désormais nécessaire de définir précisément nos attentes et nos besoins en matière de véhicule. Selon notre vision personnelle bien sûr, mais aussi en nous inspirant de nombreux blogs ou vlogs de voyageurs que nous visionnons frénétiquement.

Notre véhicule idéal serait :

… plutôt destiné à l’itinérance et au camping sauvage qu’aux aires de stationnement sécurisées ;

discret, pour circuler librement dans les villes et ne pas subir l’ostracisme actuel. Donc plus proche du fourgon aménagé, qui peut passer pour pour un utilitaire, que d’un camping-car à capucine. Pour les mêmes raisons, il devrait être d’une autre couleur que le blanc ;

de taille réduite pour circuler et se garer partout. Dans l’idéal, il devrait mesurer moins de 6m de long et moins de 2,20m de large. Mais ce qui sera notre résidence permanente devrait garder un minimum d’habitabilité : nous excluons donc les véhicules de 5,40m de longueur et ceux où l’on ne tient pas debout. Tant pis pour le combi VW !

particulièrement autonome pour espacer au maximum les passages dans les aires de services qui rebutent tant de camping-caristes. Cela nécessite de privilégier le carburant et l’électricité comme sources d’énergie au lieu du gaz dont les bouteilles sont volumineuses et lourdes, difficiles à échanger d’un pays à l’autre, tout en ayant une durée de vie assez courte en hiver. Il nous faudra donc couvrir le toit de panneaux solaires et installer une batterie de bonne capacité acceptant la décharge profonde. Nous devrons trouver un moyen de chauffer l’habitacle, l’eau et les plats sans utiliser de gaz. Il nous faudra aussi des réservoirs d’eau de taille supérieure à la moyenne. Le réfrigérateur devra être de bonne capacité, mais pas gigantesque pour ne pas consommer trop d’énergie. Enfin, nous sommes convaincus du bien fondé de l’installation de toilettes sèches.

doté d’une charge utile importante pour nous permettre d’installer tous les équipements voulus tout en gardant un volume raisonnable pour nos effets personnels. Pour information, la charge utile c’est la différence entre le poids du véhicule tel qu’il est livré et 3,5 tonnes, le poids limite autorisé pour ne pas entrer dans la catégorie camion et nécessiter le permis qui va avec.

résistant et fiable compte tenu des distances à parcourir, et doté d’un bon service d’assistance en Europe et dans le Monde. Le Fiat Ducato sur lequel reposent deux-tiers des fourgons et camping-cars du marché, ce qui n’est sans doute pas pour rien, et qui vient d’être équipé de nouveaux moteurs performants remporte la première place de notre étude comparative. Compte-tenu de la longue route à faire ensemble, nous privilégions d’emblée le choix d’un véhicule neuf.

Après définition de tous ces paramètres, nous passons des heures et des jours à parcourir le net et les magazines spécialisés pour dénicher le véhicule qui répond à nos besoins. Malgré le grand nombre de constructeurs, la réponse est claire : aucun des véhicules du marché ne correspond à nos choix. Aucun ne fonctionne sans gaz, aucun ne dispose de toilettes sèches, aucun ne possède plus d’un panneau solaire, aucun n’a de batterie Lithium.

Nous retrouvons limités à deux options pour contourner cette difficulté : soit acquérir le véhicule du marché le plus proche de nos besoins et faire toutes les transformations nécessaires, soit fournir un fourgon vide à une entreprise spécialisée pour le faire aménager de A à Z en fonction de nos besoins.

Nous avons choisi la seconde solution !

1. La naissance du projet

Projet de tour du monde

Passionnés de voyages depuis notre rencontre, Claudie et moi attendions avec impatience l’heure de la retraite, annoncée maintenant dans un an, pour parcourir le globe sans limite de temps. L’idée initiale était un tour du monde en quelques années, avec des déplacements en avion d’un continent à l’autre, puis par des moyens plus variés au sein de chaque continent. Sac au dos comme nous l’avons toujours fait. Mais que ce soit en billet unique ou au coup par coup, les avions ont des horaires stricts et imposent des limites de temps dont nous ne voulons pas. Et puis les voyages basés sur les transports en communs ont leurs limites : inconfort de tout traîner avec soi d’un lieu à l’autre, nécessité de toujours prendre ses repas au restaurant, frustration de ne pouvoir s’arrêter partout à tout moment, etc. Nous nous penchons donc sur d’autres possibilités.

Maroc, 2009

Nous avions tenté il y a quelques années de parcourir le Maroc dans un camping-car de location avec deux de nos enfants, et l’expérience nous avait beaucoup plu. Notamment la grande liberté de mouvement, les arrêts à la demande, l’autonomie pour les repas comme pour dormir. Le Maroc était par ailleurs plutôt accueillant pour ce genre de véhicules et nous avions pu pénétrer sans problèmes dans les centres-villes ou encore stationner pour la nuit en bord de mer, ce qui est loin d’être accepté partout en France. Certes le véhicule était un peu encombrant, manquait un peu d’autonomie pour l’électricité et les différents fluides, mais l’expérience fut plutôt concluante. C’est donc sur cette base que nous décidons de nous engager dans un road-trip de plusieurs années à bord d’un véhicule qui sera notre nouvelle maison. Il ne reste plus qu’à affiner les détails !