130. Grèce, suite et fin

Après une pause-enfants de 3 semaines, nous retrouvons Roberto qui devait s’ennuyer un peu. Il faut être nomade pour comprendre avec quel plaisir nous retrouvons notre petite maison sur roues, toutes nos affaires à portée de main, un lit confortable et une mobilité sans égal. Nous reprenons de suite la route, appréciant au passage le poste de conduite en hauteur, idéal pour mieux apprécier le paysage tout en donnant une impression de sécurité.


À la recherche d’un peu de fraîcheur

Nous nous dirigeons d’emblée vers les montagnes afin d’échapper aux températures caniculaires qui nous accueillent. Après quelques hésitations pour trouver le combo idéal ombre + altitude + vent, nous trouvons notre bonheur dans une zone parsemée d’éoliennes, en gardant une distance raisonnable pour ne pas se trouver sur la trajectoire d’une pale qui se détacherait. Une chance pour un million, mais admettons … comme dirait Bigard. La nuit s’est confirmée aussi tranquille que la solidité des pales, ce qui nous a permis de récupérer notre jetlag (1 heure…)

Restant en altitude, nous suivons une jolie route bordée de sapins, traversant toutefois des secteurs incendiés quelques années auparavant. Ces troncs noirs tout tordus sont une vision assez triste, mais les petits buissons verts qui se reforment à leur base rassurent sur la résilience de la nature. Nous nous arrêtons pour la fin d’après-midi et la nuit sur une grande aire de pique-nique dans une clairière où quelques grands épicéas font de l’ombre. Malgré les 800 m d’altitude, il fait encore 35°C à 16h. Quelques chiens autour de nous viennent creuser un peu le sol pas loin de Roberto et s’y allonger dans la terre un peu moins chaude. Tout en semblant guetter d’un œil ou d’une oreille une éventuelle proposition de nourriture.


Le Monastère de Lucas le Bienheureux

Perché sur une colline au milieu des champs d’oliviers, ce monastère classé à l’Unesco est dédié à l’ermite grec Loukas venu vivre ici dès son adolescence. Très inspiré par les lieux, il a développé des pouvoirs de prophétie et de guérison qui ont apporté de la notoriété (et donc des fonds) au monastère, et la reconnaissance du pape qui a canonisé notre ermite. Nous découvrons un bel ensemble de bâtiments du XIIe siècle, avec cette architecture typique que nous rencontrons depuis un moment et que vous retrouverez sur les photos. Dans une jolie crypte aux voûtes couvertes de fresques, Loukas le Bienheureux accueille toujours les visiteurs. Enfin on espère qu’il y est toujours, on n’a pas soulevé le couvercle…


Arrêt Mont Parnasse

J’ai bien failli vous dire que cette station de ski, la plus grande de la Grèce, n’avait rien à voir avec le quartier parisien. Mais en fait si ! C’est fou comme tout vient du Grec. Le quartier de Paris aurait pris le nom de la montagne grecque à l’initiative d’étudiants facétieux du quartier latin qui lui trouvaient une certaine similitude avec un gros tas de gravats abandonné là. En cette période estivale, nous sommes seuls sur un très grand parking pour profiter d’une belle vue et des 24°C liés aux 1820m d’altitude, alors que les autres touristes rôtissent sur les plages à 38°C. Nous allons rester là un jour et demi pour nous reposer, rattraper quelques papiers en retard et observer un peu la nature.


Makrinitsa village de pierre

Nous découvrons là un adorable petit village exclusivement piéton entièrement construit en pierre, des rues pavées inégales aux toits de lauzes parfaitement taillées. Malgré la haute saison, la fréquentation touristique est modeste, peut-être freinée par la rareté des places de parking. De jolies boutiques de souvenirs et de belles terrasses de restaurants avec vue splendide sur la ville de Volos 700m plus bas sont pourtant bien accueillants.


Tout va à Volos

Encore une nuit tranquille et fraîche à 1200 m d’altitude, sur l’un des parkings de la station de ski du Mont Pelion (ça vient du Roi Pelée, père d’Achille dans la mythologie). Nous décidons de pousser 20 km plus loin jusqu’à une cascade renommée. Au lieu-dit, nous ne trouvons qu’un amoncellement de gros rochers et quelques bulldozers laissant à peine passer le flux d’un ruisseau. Déception. D’où le titre de ce chapitre.

Étudiant la carte pour reprendre notre route, nous nous apercevons que notre destination suivante nécessite de tout refaire en sens inverse : les 20 km jusqu’à notre station de ski, puis encore 30 jusqu’à la ville de Volos qui semble centraliser, à l’image de l’expression qui sied à Rome, toutes les routes de la région. D’où le titre de ce chapitre.

Volos est une grande ville portuaire sans grand intérêt touristique. Elle a tout de même l’intérêt, pour ceux qui s’intéressent à la mythologie grecque, d’être le point de départ de Jason et de ses Argonautes à la quête de la Toison d’Or. Deux maquettes de leur navire l’Argo sont exposées près des quais : l’une en métal sur un petit rond-point, et l’autre plus grande en bois que nous n’avons jamais trouvée. Décidément, ce n’est pas notre jour. D’où le titre de ce chapitre.

Nous terminons cette grande matinée peu fructueuse dans un tsipouradiko, un genre de restaurant typique de la ville où les locaux viennent depuis plus d’un siècle consommer un tsipouro accompagné de mezze. Le tsipouro est l’autre alcool typique de la Grèce. Contrairement à l’ouzo, il provient d’eau de vie de raisin. On nous le sert sous forme de mignonette, à verser sur des glaçons. Mais oh surprise, la boisson prend alors un aspect laiteux… La dégustation confirme le goût anisé. Nous aurait-on servi de l’ouzo ? Il est pourtant bien écrit Tsipouro sur la bouteille ! Renseignement pris, il y a deux tsipouros : le turc, anisé, et le grec, non anisé. C’est donc bien le premier qu’on nous a servi. Une déception de plus aujourd’hui. D’où le titre de ce chapitre.

Le menu tsipouro + 2 mezzé est à 5 €, ça va non ? Ci-dessus et ci-dessous les mezzé qu’on nous a servis

Nous n’en attendions pas tant… nous avons commandé aussi 2 plats principaux (moussaka et salade de poulpes) que nous avons eu un peu de mal à finir !


Dame nature


Un calme cholérique

Nous visitons ce matin de bonne heure le village de Palaios Panteleimonas, perché à 500m d’altitude sur les flancs du Mont Olympe et face à la Mer Égée. Il a été fondé au XIIIe siècle par des habitants de la ville côtière de Platamon juste au-dessous, qui souhaitaient échapper ainsi à l’épidémie de choléra en cours. Ils ont commencé par ériger une église dédiée à St Pantaléon, deux précautions valant mieux qu’une. Un peu isolé, le village est resté ainsi hors du temps et nous offre une bonne idée de l’architecture de cette époque. Le problème comme toujours est que l’arrivée massive des touristes a détourné les habitations de leur fonction initiale, les transformant peu à peu en cafés, restaurants, pensions et autres Airbnb. Seule une quarantaine d’habitants est recensée à l’année, finalement décimée par une épidémie … de touristes. L’expression choisir entre la peste et le choléra viendrait-elle de là ?

C’est sans vergogne que nous avons marché sur les pas de nos prédécesseurs et visité ce joli village, quasi désert avant 9h du matin. Le seul endroit qui comportait un peu d’animation était la place de l’église, dont les portes ouvertes laissaient diffuser les chants orthodoxes de la célébration en cours. Nous nous sommes assis pour prendre un petit café et observer la population arriver peu à peu dans cette ambiance inspirante et calme. Un joli moment comme on les aime. Au moment de repartir vers 10h, les petites rues avaient déjà changé. Boutiques ouvertes, tables des restaurants dressées, tout était prêt pour accueillir le flot de touristes qui commençait à arriver. L’avenir est à ceux qui se lèvent tôt, c’est sûr.


Vers le domaine des dieux olympiques

La ville de Litochoro est le point de départ pour les randonnées vers le Mont Olympe, la plus haute montagne de Grèce. Pour atteindre le point culminant du pays (Mont Mytikas, 2917m), il faut tout de même marcher 10h30 et une vingtaine de kilomètres en pente forte, un peu trop pour nos jambes soixantenaires. Nous nous contenterons de flâner dans la ville et d’une petite randonnée de quelques kilomètres autour du coin que nous nous sommes trouvés pour la nuit à 1000m d’altitude. Litochoro est évidemment assez touristique, mais pas bondée pour autant. Nous avons bien aimé sa ravissante église orthodoxe et ses vues sur le Mont Olympe.

À savoir : l’Olympe a été déclarée réserve de biosphère par l’Unesco en 1981 et réserve des dieux par Homère en -800.

A savoir (bis) : Dans la mythologie grecque, le ciel et la terre ont été créés par un couple de dieux olympiens (Gaia et Ouranos) : dès le début, la mixité était respectée. Très forts ces Grecs.


Randonnées à risque


En vrac


Querelles d’outre-tombe

On a longtemps cherché la tombe de Philippe II de Macédoine, qui fit de cette région une grande puissance régionale capable de grignoter peu à peu la Grèce, puis une partie de l’Asie grâce à l’action poursuivie par son fils Alexandre le Grand. En 1977, des archéologues ont découvert à Aigai (près de l’actuelle Vergina), la première capitale du royaume de Macédoine, une nécropole comportant 11 tombes « cachées » sous un grand tumulus. Parmi elles, 4 tombeaux monumentaux, dont 2 inviolés, et recelant, outre les fragments osseux de leurs occupants placés dans de petits coffres, de multiples trésors. Les diverses investigations de l’archéologue en chef grec ont conduit à déterminer que le tombeau numéro II était celui de Philippe II de Macédoine. L’ensemble de la nécropole a été laissé sur place, aménagé pour la conservation et l’exposition au public. Un faux tumulus a été reconstitué au-dessus, l’ensemble formant le Musée des Tombes Royales, passionnant à visiter. Depuis, une partie de la communauté scientifique remet en question l’identification de la tombe de Philippe II qui serait plutôt dans le tombeau I alors que le tombeau II serait plutôt celui de Philippe III. A y perdre son Latin. Euh, son Grec.

Pour en savoir plus sur la contestation, lisez cet article du magazine Pour la Science


A waterfall is a succession of waterfalls

S’il fallait une démonstration de la supériorité de la langue de Molière sur celle de Shakespeare, la voilà. Cette traduction en Anglais de la phrase « une cascade est une succession de chutes d’eau » est pour le moins ridicule. Tout autant que d’avoir dû attendre d’arriver à Edessa en Grèce du Nord pour s’en apercevoir. Car oui, à Edessa, il y a des chutes d’eau de toutes sortes, et même des cascades. Elles seraient les plus grandes des Balkans, et les seules en Europe à être situées en zone urbaine. La chute la plus spectaculaire affiche une hauteur de 70m et débite 5 à 10 m3 d’eau par seconde. Ce qui est bien, c’est qu’on peut aller se placer juste derrière, entre elle et le rocher, sans recevoir la moindre goutte d’eau, et faire quelques photos sympathiques.


Baignoires naturelles

Le domaine privé de Loutra Pozar, proche de la frontière bulgare, a été aménagé autour d’un torrent dans lequel se déversent quelques sources chaudes avoisinant les 37°C. Les repérer n’est pas très difficile, les zones d’émergence étant en général entourées d’une petite bordure de galets pour former des baignoires individuelles, et occupées aux heures les plus chargées par des corps qui trempent.

Si aucun de ces bassins naturels n’est disponible, ou si l’on aime le contact humain, il reste les piscines payantes (3€/30mn) repérables à leur alignement d’adultes jeunes (25-35 ans) accoudés côte à côte sur leur margelles.

Nous avons préféré la première solution, en bénéficiant grâce à une nuit sur place des heures creuses du matin. De fait, vers 9h, seul un autre couple partageait le torrent avec nous, à plus de 20m de distance. Allongés dans l’eau chaude sur un lit de graviers, éclairés par le soleil matinal filtré par de grands arbres, nous avons profité de notre petit spa naturel, nous faisant chatouiller par les grappes de bulles qui remontaient régulièrement à la surface. Tout en profitant du bruit blanc produit par le vent dans les arbres et du bruissement du cours d’eau. Un vrai bonheur. Une détente absolue.

Pour qui voudrait se rafraîchir, la cascade toute proche est à disposition. Avoisinant peut-être les 15°C. Mais nous n’avons pas tenté, pas plus joueurs que ça…

En prime, quelques sentiers de randonnée autour du site mènent à des grottes (la seule devant laquelle je me suis présenté était fermée…), des cascades ou tout simplement permettent de remonter la gorge du torrent et de profiter de ses belles couleurs bleu-vert tout en admirant l’arrière-plan montagneux.

En surprime, tout ça était gratuit. La nuit était censée coûter 7 €, mais nous n’avons trouvé aucun guichet et personne n’est venu nous réclamer quoi que ce soit…


Thessalonique, retour en ville

Nous consacrons une journée complète à la seconde ville du pays, nous attendant à souffrir de la chaleur au cours de cette longue marche citadine. Mais non, un ciel un peu voilé a retardé l’envolée des températures et la brise marine a fait le reste. Nous avons parcouru au total une douzaine de kilomètres et découvert une cité agréable, sans pour autant être exceptionnelle. Ci-dessous une sélection de photos commentées de la journée.

Les parapluies : œuvre emblématique de la ville depuis 1997, année où Thessalonique a été la capitale européenne de la culture

La statue équestre d’Alexandre le Grand, qui a beaucoup fait pour la Macédoine, mais rien pour Thessalonique qui ne fut créée qu’après sa mort. Regardez bien les oiseaux sur la statue. Un tel homme ne pouvait se contenter de simples pigeons !


La tour blanche : un autre symbole de Thessalonique. Elle a été construite au XVe siècle par Soliman le Magnifique, mais n’est pas si blanche que ça. D’abord parce qu’elle a perdu la couleur que lui aurait peint un prisonnier pour acheter sa liberté. Mais aussi pour son passé peu glorieux de prison et de lieu d’exécutions.

Le quartier Ladadika : un des plus anciens marchés de la ville reconverti en bars et restaurants. C’est plutôt joli et tranquille le jour, mais probablement plus animé la nuit.


La place Aristote : le cœur piéton de la ville, elle possède bien évidemment une statue du grand philosophe grec. Bizarrement, j’ai vu un gamin s’y faire photographier avec son ballon de foot. Y a plus de respect !


Le marché Kapani, dans lequel on trouve de tout, y compris du mastic de Chios, très utilisé parait-il par les Grecs, notamment pour ses propriétés médicinales. Il s’agit de la résine d’un pistachier endémique de l’île de Chios, vendue en « larmes » à mastiquer. Ce serait la première gomme à mâcher naturelle au monde. Elle réduirait les risques d’ulcère d’estomac et favoriserait l’hygiène de tout le tube digestif. Nous avons testé. L’impression est celle de remettre en bouche un vieux chewing-gum déjà mâché et oublié dans sa poche : aucun goût et gros efforts pour les mâchoires. Mais aucun ulcère d’estomac ne s’est développé depuis : c’est efficace !


Le quartier des antiquaires, dans lequel on trouve de tout, y compris un buste de Napoléon et des disques vinyles vendus en sacs à provisions


La basilique Saint-Dimitri : dédiée au saint patron de la ville, elle fait partie du patrimoine mondial de l’Unesco au titre des monuments paléochrétiens et byzantins de Thessalonique.


Le monastère de Saint-David : sa visite se mérite car il est très haut perché dans la ville, mais il abrite une superbe mosaïque byzantine (Ve siècle) et offre bien sûr une jolie vue


La pause-déjeûner : elle se mérite aussi après tous ces efforts et aussi parce qu’il commence à faire un peu chaud. Mais une petite salade grecque accompagnée d’une bière locale est parfaitement revitalisante, tandis que les filles du restaurateur ont trouvé une autre solution pour se rafraîchir.


Les jardins du Pasha : des constructions bizarres dans un jardin mi-Gaudi mi-facteur Cheval, mais dont on ne connaît pas l’auteur. On parle de lieu d’initiation pour les francs-maçons ottomans… Pourquoi pas des crottes d’extra-terrestres pendant qu’on y est ! L’église orthodoxe que l’on aperçoit du parc est plus agréable à l’œil.


La maison natale d’Atatürk : un bon point de départ pour notre destination suivante !


La Rotonde : un superbe temple romain circulaire avec de chouettes mosaïques au plafond


L’Arc de Galère : la seule arche restante d’un groupe de 4, avec la rotonde ci-dessus, faisaient partie d’une enceinte impériale reliée au palais de l’empereur romain Galère. Qui n’a rien à voir avec les bateaux à rames ou les grèves de métro au cas où vous me poseriez la question.


Le musée d’art byzantin : très bien pour finir cette longue journée dans le calme, la pénombre et la fraîcheur de la clim. On y découvre toute l’expression artistique de cette période allant du IVe au XVe siècle, née de la sécession de la partie orientale de l’empire romain devenu trop grand, trop complexe à gouverner. Un empire chrétien orthodoxe, de langue principalement grecque, développant une culture spécifique sans pour autant oublier ses racines romaines. L’art religieux est dominant, sous forme d’icônes, de mosaïques, de fresques, et l’architecture des églises est particulière.


Soir 3


Le style macédonien

« Une forte concentration de maisons de style macédonien » est la phrase de notre guide qui nous a attirés à Arnaia, une agglomération de 2500 habitants. Alors, vu sur place, c’est quoi le style macédonien ? En fait, ce n’est pas un style pur. A l’image du mélange de légumes coupés à qui les cuisiniers français ont donné au XIXe siècle le nom de macédoine en référence à la cohabitation religieuse multiple et pacifiste de la région, le style macédonien est un mélange de styles. Les maisons ont emprunté dans leur construction des caractéristiques liées aux occupants successifs byzantins, ottomans et médiévaux. Cela se traduit par un joli mélange de bois, de briques, de pierres et de motifs décoratifs complexes, mâtinés plus récemment de couleurs vives. Nous avons dû succomber une nouvelle fois à notre rite café grec/capuccino sur la place centrale pour bien admirer tout ça. Le petit gâteau à la citrouille était en plus….


Balade du dimanche

Nous rejoignons tant bien que mal, par une route fermée mais que tout le monde emprunte (faute d’alternative, nous avons joué les bons moutons, franchissant allègrement des panneaux sens interdit ou interdit à tout véhicule…), puis par une route en terre, un petit parking au milieu de nulle part qui permet d’accéder à deux cascades. Nous trouvons tout juste une place entre 2 voitures parmi la vingtaine de véhicules présents et partons sac au dos rejoindre la cascade « haute ». Un tout petit bassin accueille déjà une douzaine de personnes. Claudie brave la température fraîche et la foule, tandis que je prends les photos. En dessous de 25°C j’ai du mal… Mais d’autres visiteurs arrivent, puis d’autres encore, des enfants, des chiens, etc. Nous plions bagages et repartons vers la cascade « basse » dont le sentier plus escarpé et l’échelle à barreaux manquants limite l’accès des enfants. Nous avons d’ailleurs vu une famille rebrousser chemin. Le bassin n’est pas bien grand non plus, inadapté au nombre de présents. La chute d’eau est plus puissante que la précédente, mais les cris d’orfraies des gens qui se baignent dessous le sont tout autant. Claudie retente tout de même sa chance, je photographie la performance, et d’un commun accord nous quittons les lieux. Mais pourquoi tant de monde dans un endroit aussi perdu qu’exigu ? La question se pose, parce que, contrairement au titre et aux apparences, nous étions un jeudi. En semaine.


Kavala, visite rapide


Jeux d’ombres à Xanthi

Nous étions de passage dans cette ville le jour du marché hebdomadaire, immense et animé mais pas exceptionnel. Nous avons traversé son centre historique, riche en demeures de style néoclassique bâties par les marchands de tabac au XIXe siècle (l’activité perdure encore). Nous avons même visité l’une d’entre elles. Intéressant mais pas exceptionnel.

C’est au final le hasard qui nous a mené devant l’atelier de l’artiste Vaitis Triantafillos, dont l’art consiste à construire des ombres à partir de sculptures en apparence difforme ou d’objets très différents du résultat final. Ainsi, des grappes de tôle tordue pourront donner des portraits de Marylin Monroe ou de John Lennon, tandis que des chevaux éclairés sous un certain angle produiront l’ombre …d’une Ferrari – joli clin d’œil à l’emblème de la marque. L’œuvre la plus spectaculaire, que nous n’avons pas vue parce qu’elle n’apparaît que deux fois par an, se présente sous la forme de plaquettes insérées dans un mur un peu au-dessus d’un pot de fleurs dessiné sur la paroi. Au moment où le soleil atteint une position précise, l’ombre d’une jeune fille munie d’un arrosoir apparait, l’eau semblant se déverser sur les fleurs peintes. Vous trouverez plus de détails sur cette page.


Au feu !


Sériciculture

Non, ce terme ne désigne pas l’art de se cultiver en regardant des séries mais plutôt l’élevage des vers à soie, activité dominante de la ville de Soufli au siècle dernier. Même si l’activité a énormément chuté après la guerre suite à l’arrivée massive des textiles synthétiques, une quarantaine de fermes sont encore actives et livrent leurs cocons à l’unique usine de la ville. Au musée de la ville comme dans certaines boutiques, on nous décrit étape par étape la production de la soie. Les œufs du Bombyx du murier, un papillon tout velu, sont récoltés en Chine et arrivent ici en sachets de 25g qu’il faut mettre à incuber vers mai-juin. En une dizaine de jours les petites chenilles apparaissent, qu’il faut très vite nourrir avec des feuilles de murier (elles ne mangent que ça et d’un autre côté personne d’autre n’en veut) d’abord hachées puis entières au fur et à mesure qu’elles grandissent. Au bout de quelques semaines, les bestioles s’arrêtent de manger et deviennent transparentes, leur couleur n’étant due qu’au transit des feuilles. Elles commencent alors à tisser leur cocon avec un unique fil de soie de 2 kilomètres de long. Bien entendu, elles s’enferment dedans pour ne pas qu’on leur pique et à l’occasion pour se transformer en chrysalide et perpétuer l’espèce. Tout ça c’était sans compter sur la perfidie des humains qui vont les ébouillanter, garantissant à qui veut bien les croire que ça ne fait pas mal, et dévider petit à petit leur précieuse bobine pour en faire des sous-vêtements affriolants. Afin de perpétuer leur propre espèce.


Dernière nuit en Grèce

N’ayant pas de montagne à proximité de la frontière turque, nous jetons notre dévolu sur une zone décrite sur notre application comme ombragée, et située au bord d’un cours d’eau censé apporter un peu de fraîcheur. Si l’ombre était bien là, la rivière était asséchée. Mais l’abri des arbres et un léger vent nous ont permis de passer une nuit agréable. Un bivouac de plus en pleine nature, comme ça aura été généralement le cas durant tout notre séjour en Grèce, un bon point pour ce pays, paradis des voyageurs nomades. Sera-ce toujours possible en Turquie où nous serons dès demain matin ? Nous vous le raconterons la prochaine fois ! A très bientôt.


129. Grèce, la suite

Nous poursuivons notre route vers le Sud, d’abord en traversant la Grèce centrale, sauvage et oubliée des touristes, puis en explorant la péninsule du Péloponnèse. Sa géographie variée et ses nombreux sites archéologiques, dont celui d’Olympie, s’avèrent en parfait accord avec les très proches J.O. de Paris.

La Grèce sauvage

Quasiment ignorée des touristes, la Grèce centrale mérite pourtant le déplacement. Constituée de massifs montagneux avoisinant les 2000 m d’altitude, elle se traverse sur de petites routes étroites, peu entretenues et parfois dangereuses, nécessitant une grande vigilance dans la conduite. Outre les troupeaux d’animaux qui peuvent surgir à tout instant, il faut slalomer entre les roches tombées des parois non protégées, les effondrements de chaussée, sans s’approcher trop près des bords car aucune barrière de sécurité ne sépare du ravin. En contrepartie, les automobiles se font très rares, les paysages sont splendides et la fraîcheur relative permet d’échapper à la canicule qui sévit actuellement dans le pays.


Le monastère de Kipina

Avec les Météores, nous avions pris l’habitude de rechercher les monastères au sommet des montagnes ou des pics rocheux, mais celui-là est carrément incrusté dans une falaise, à mi-hauteur. Construit au XIIIe siècle par des moines qui se seraient fâchés avec le monastère de la ville juste en face, il est relativement bien conservé. Nous n’étions pas certains de pouvoir y accéder car notre guide parlait d’une clef à récupérer dans un bar à 1 km de là, pas toujours ouvert. Mais de temps en temps, une association locale vient vendre des icônes, rendant donc accessibles les lieux sans la clef, ce qui était le cas le jour de notre passage. Suivant un sentier le long de la falaise, nous avons franchi la porte d’entrée via un pont-levis puis pénétré dans une sorte de caverne aménagée, avec église orthodoxe couverte de fresques et coin habitation. Difficile tout de même d’imaginer comment se passait la vie monastique au XIIIe siècle.


Arapis Beach

Après une dizaine de jours en montagne, nous rejoignons le littoral pour une courte pause nocturne sur une plage. Le sable, la mer et le ciel se confondant dans la même teinte grisâtre, nous n’avons pas été tentés par la baignade, mais la brise marine soutenue nous a permis de bien supporter la température, forcément montée d’un cran depuis que nous sommes retournés dans les plaines.


Missolonghi et sa lagune

Nous arrivons sur la lagune de Missolonghi, la plus grande du pays, intéressante à la fois écologiquement puisqu’hébergeant nombre d’oiseaux migrateurs mais aussi historiquement. En effet, la lagune peu profonde a longtemps protégé la ville des agresseurs par voie maritime dont les bateaux ne pouvaient parvenir jusqu’à la ville, pourtant convoitée en raison de sa situation stratégique aux portes du Péloponnèse. Missolonghi a même été le principal centre de résistance à l’occupant ottoman au début du XIXe siècle, pendant la guerre d’indépendance de la Grèce entre 1821 et. Son attitude héroïque a même réussi à émouvoir quelques associations « philhellènes » européennes qui ont mandaté le poète et voyageur anglais Lord Byron pour aider les résistants. Même si l’intéressé est mort à Missolonghi 4 mois après son arrivée, il a été érigé en héros national grec pour sa participation en tant qu’étranger à la libération du pays.

Aujourd’hui, outre les ornithologues et quelques touristes, la lagune attire les pêcheurs traditionnels ou piscicoles tout en produisant, grâce à ses marais salants, 80% du sel marin du pays. Un musée du sel, unique en son genre en Grèce, raconte l’exploitation de la ressource depuis le XVe siècle, évoque les 14000 usages du sel et expose une intéressante collection de 1500 salières.


Kryoneri, un port au pied d’une falaise

Nous poursuivons la route côtière jusqu’au petit village de Kryoneri, au pied d’une falaise, intégrant un petit port et une plage dont l’eau transparente cette fois nous a conquis. Une halte parfaite pour la nuit.


Naupacte, encore un port, mais vénitien


Andravida Kyllini

Nous sommes parvenus au Péloponnèse, une presqu’île du sud de la Grèce qui n’est séparée du continent que par l’isthme de Corinthe. En fait, depuis le percement du canal en 1893, on pourrait vraiment parler d’une île. Notre premier point de chute est une jolie plage sauvage, difficile d’accès car on roule un peu dans le sable à la fin. Mais Roberto et ses occupants s’en sont bien accommodés. En tout cas nous avons passé là une nuit tranquille, avec une bonne brise qui nous a reposés de la chaleur continentale.


Moni Skafidias, le monastère aux loukoums

C’est un petit monastère orthodoxe comme tant d’autres, que nous sommes allés visiter parce qu’il était sur notre route et notre guide. Ce dernier d’ailleurs évoquait la possibilité qu’une nonne vienne vous faire la visite et vous offre des loukoums. Ça n’a pas raté, une nonne est venue nous faire la visite et nous offrir des loukoums… Nous avons retrouvé cette pratique ultérieurement en Grèce. Sinon le monastère comporte une jolie chapelle couverte de fresques, peu photographiables avec un loukoum entamé dans la main.



Olympie, en phase avec les J.O.

Voici le premier site de l’Antiquité grecque que nous visitons, et il colle plutôt bien à l’actualité. Nous sommes en effet à Olympie, là où furent créés les premiers Jeux Olympiques en 776 avant J.-C. Avant cela, les lieux,  habités depuis la préhistoire, étaient devenus un grand centre religieux axé sur le culte de Zeus, le père des 12 dieux de l’Olympe. On y trouvait une des plus grandes concentrations de chefs-d’œuvre du monde antique. Ce lieu empreint d’inspiration et de créativité a été jugé le plus apte à intégrer des jeux basés sur une harmonie physique et mentale, une saine rivalité. Les jeux olympiques antiques ont duré plus d’un millénaire avant que le site ne tombe dans l’oubli et disparaisse sous la végétation. Il n’a été redécouvert qu’en 1776. Les fouilles se poursuivent encore aujourd’hui. On y retrouve en extérieur des vestiges à la fois de temples et d’installations sportives, puis dans des musées une impressionnante collection de statues, d’éléments architecturaux et autres artefacts, avec bien entendu l’histoire de ces premiers jeux.


Les jeux olympiques antiques

Ils seraient nés de la victoire à Olympie du prince phrygien Pelops sur le roi Oenomaos. Celui-ci organisait régulièrement des courses de chars où il concourait face à un opposant qui gagnait d’épouser la fille du roi en cas de victoire et d’être exécuté en cas de défaite. Le prince Pelops fut le 14ème à tenter sa chance, mais se fit aider à la fois par son copain Poséidon qui lui fit bénéficier d’un char en or attelé de chevaux ailés, et par la fille du roi qui sabota le char de son père, tué dans l’accident, pour être plus sûre d’épouser ce beau prince. Pelops gagna en outre une grande région de Grèce à gouverner, qui prit ensuite le nom de Péloponnèse, et surtout organisa des jeux non truqués afin d’expier la mort du roi Oenomaos, encadrés par la religion antique grecque, notamment le culte de Zeus dont un temple et une statue monumentale étaient érigés au centre d’Olympie.

Les premiers jeux en 776 av. J.-C. ne comportaient qu’une seule épreuve : la course à pied. Mais s’y sont ajoutées rapidement les courses de char (forcément) et d’autres disciplines comme la lutte, le pugilat, le saut en longueur, le lancer de disque ou de javelot. Les femmes en étaient exclues, y compris comme spectatrices. Les athlètes s’entraînaient nus sous la surveillance et les coups de fouets de leurs juges/entraîneurs. C’était spécial… Le rythme quadriennal a été adopté d’emblée. Tout ça a perduré un bon millénaire avant qu’un roi chrétien, Théodose 1er, décide d’abolir toutes les fêtes païennes, dont les jeux, en 393 ap. J.-C.

Pour les curieux, ce lien vous en apprendra davantage


Retour de flamme

A l’heure où vous lirez ces lignes, la flamme olympique aura peut-être terminé son parcours. Elle a été allumée le XX avril dernier à Olympie, sur un site que nous avons pu voir, près du temple d’Hera. Traditionnellement, elle est allumée avec les rayons du soleil mais cette année le temps nuageux n’a pas permis que la magie opère. Une magie toute relative d’ailleurs, car il faut savoir que le parcours de la flamme olympique n’a pas toujours existé, et surtout que c’est une invention de l’Allemagne nazie lors des jeux de Berlin en 1936. Elle devrait rejoindre Paris pour la cérémonie d’ouverture des J.O. 2024 le 26 Juillet. Il faut savoir aussi que si les relayeurs restent bénévoles, les villes paient leur place pour être sur le parcours. Tout comme le tour de France. Business is business.


Etymologie

C’est plus fort que moi, j’aime bien connaître l’origine des noms. Et là, en Grèce, je suis plutôt gâté. La démarche y est même inverse avec, autour de moi, une multitude de noms qui me rappellent quelque chose et qui m’incitent à vérifier s’ils n’en sont pas la racine. Ainsi, dans le joli musée du site d’Olympie, qui héberge toute la statuaire et tout de qui a été retrouvé dans les fouilles sur place, je tombe sur cette élégante statue ailée de la déesse Niké. N’aurait-elle pas inspiré la célèbre marque à la virgule ? Je cherche rapidement et …bingo ! C’est bien la déesse grecque, connue pour sa rapidité à se déplacer grâce à ses ailes, qui est à l’origine du nom de marque, et probablement aussi du logo. Par contre, les dirigeants ont bien fait attention à retirer l’accent final, parce que chez les francophones, courir avec des chaussures Niké, ça ne le fait pas !


Apollon au camping

A des dizaines de kilomètres de toute agglomération d’envergure, au beau milieu d’une chaîne de montagnes verdoyantes, se dressent les pointes de toile blanche de ce qui pourrait apparaître comme un camping. Mais force est de constater, dès que l’on s’approche, que l’abri est unique. Il n’héberge rien moins qu’un temple bâti au Ve siècle av. J.-C. possiblement par l’architecte du Parthénon à Athènes. Depuis tout ce temps, il a perdu de sa superbe et la couverture actuelle permet à la fois d’éviter la poursuite des dégradations et d’entreprendre la restauration. Le chantier est d’envergure puisqu’il faut déplacer des colonnes entières pour remplacer leur base ou les frontons qu’elle soutiennent. Ce temple dédié à Apollon Épicure a la particularité d’associer les 3 types architecturaux de colonnes : dorique, ionique et corinthien, sculptées dans 2 pierres différentes : calcaire pour le péristyle et marbre pour le reste. Malheureusement, toute la statuaire est exposée au British Museum. Nous n’aurons que les photos.

Le gouvernement grec vient d’émettre des pièces de collection de 50 euros portant justement l’emblème du temple d’Apollon Épicure, au prix de 179,50 €. Si vous trouvez ça un peu cher, j’ai une meilleure proposition : je peux vous proposer quelques billets de 50 euros à peine usagés pour le prix modique de 70 euros chacun. Une affaire à ne pas laisser passer !


Colonnes cannelées

Saviez-vous que l’on écrit canelé (avec un seul n donc) lorsque la pâtisserie vient de Bordeaux et cannelé si elle vient d’ailleurs. Un « canelé bordelais », comme on voit souvent sur les boîtes, est donc un pléonasme.


Messène

Ce serait l’une des 3 villes les mieux conservées de la Grèce Antique. Bien que bâtis il y a plus de 2400 ans, théâtre, fontaine, marché, temples, stade, gymnase et habitations possèdent encore de nombreux murs et colonnades debout, un réseau d’irrigation apparent et même des latrines quasi-fonctionnelles ! Quoique manquant un peu d’intimité… (7è photo)


Les cigales et les chacals

Non, ce n’est pas une fable d’Ésope, l’équivalent grec de notre La Fontaine, mais simplement l’environnement sonore de notre lieu de bivouac du jour. En cette fin d’après-midi, nous avons trouvé refuge contre les rayons ardents du soleil sous une oliveraie en pleine campagne. Aucun bruit de voiture audible, mais nous avons été baignés dans le chant des cigales jusqu’à la nuit (n’oubliez pas de mettre le son sur la vidéo ci-dessous), après quoi quelques cris de chacals dorés ont pris le relais. C’était plus épisodique et donc difficile à enregistrer. Et évidemment impossible à photographier. Cet animal intermédiaire entre le loup et le renard commence à se faire rare en Grèce mais ferait quelques apparitions en France. En attendant que son installation hexagonale se confirme, vous pouvez toujours venir l’écouter ici, dans ce lieu appelé Pilos Nestor.

Pour en savoir plus sur les chacals dorés, cliquez ici


Horaires aléatoires

Nous pourrions nous attendre, en cette période de saison touristique, à trouver la majorité des lieux ouverts. Mais ce n’est pas toujours le cas. Outre les jours de fermeture hebdomadaires officiels, nous nous heurtons volontiers aux fermetures pour sieste (14h-17h en général) ou aux fermetures aléatoires, la raison étant rarement indiquée. Ça a été le cas pour la citadelle médiévale de Methoni, une des plus belles de la Grèce selon le Petit Futé. Nous devrons nous contenter des vues extérieures de cette forteresse avançant sur une mer aux couleurs … euh … grecques.


Koroni la carte postale

Nous avons l’impression ici d’entrer dans une carte postale de la Grèce : maisons blanches, petites ruelles en pente vers une mer azuréenne, boutiques aux façades peintes, églises orthodoxes entourées de bougainvillées et pour finir un très joli port. A noter que la ville a été un site de lancement de fusées entre 1966 et 1989. Koroni … Kourou … y aurait-il un lien ?


T’as de beaux yeux tu sais

La ville de Kalamata est dominée par une ancienne forteresse dont il ne reste plus que les murs et une petite église du VIe siècle qui a plus d’importance qu’elle n’en a l’air. On y a retrouvé en effet, à l’époque où la ville s’appelait Farai, une icône de la Vierge Marie possédant, selon ce qui a été décrit, les plus beaux yeux noirs jamais vus sur une icône. On jeta alors sur la ville un tout autre regard. Reconnaissante de cette célébrité soudaine, la ville décida alors de s’appeler « Beaux Yeux ». Mais oui, c’est la traduction en Français de Kalamata. Nous avons naturellement cherché à voir cette icône, mais impossible de la trouver ni sur place (en théorie dans la cathédrale de la ville où elle aurait été déplacée) ni sur Internet. Le trésor reste bien caché.


Coup franc

Eh oui, la ville grecque de Mystra  a été fondée par des Francs. Pas ceux qui ont précédé l’euro et qu’on a tous oubliés alors qu’on imaginait devoir effectuer la conversion toute notre vie, mais des Francs bien de chez nous venus ici pour les croisades au XIIIe siècle. Guillaume de Villehardouin et ses acolytes ont néanmoins été dépossédés de la ville 10 ans après leur arrivée. Pas de quoi se cocorigausser donc. Les nombreux successeurs ont tenté de faire mieux, faisant tout de même de Mystra le centre spirituel et culturel de l’empire byzantin, mais la ville au passé moyenâgeux a fini par sombrer dans l’oubli jusqu’à ce qu’on lui trouve un intérêt pour le tourisme et qu’on commence à la restaurer. Les restes de ces palais, églises, ou monastères étagés sur les pentes d’une petite montagne ont, outre l’intérêt historique, l’avantage d’être très photogéniques et d’offrir une belle vue sur les environs. À condition d’assumer la grimpette sous 38°C ambiants.


A musée la galerie

Tout près de là, à Sparte, nous avons visité le Musée de l’Olive et de l’Huile Grecque. Un musée, c’est toujours assez difficile à décrire et la description est probablement tout aussi rébarbative à lire. Alors je vous ai fait un petit questionnaire à ma manière.

Juste 3 petites photos de présentation : une œuvre d’art sur le thème de l’olive, un vieux pressoir et la zone géographique de culture des oliviers.

Et donc le fameux questionnaire :

A quel autre usage peu orthodoxe bien qu’orthodoxe a pu servir ce genre de pressoir ?

A quel artiste vous fait penser cette mise en scène ?

Bah pour la première question la réponse en photo est explicite. St Artemios était un Saint orthodoxe mais je n’ai pas pu retrouver ce qu’il a fait pour mériter ça. La croix était mise sur le savon lors de la phase délicate de la solidification pour favoriser celle-ci « avec l’aide de Dieu ». Enfin, ceux qui me connaissent auront peut-être trouvé Jean-Michel Jarre…

Bon ok, tout ça était difficile et un rien tordu. La prochaine fois je vous ferai la description du musée !


Vamos a la playa


Monemvassia

C’est comme pour la face cachée de la lune, il faut savoir faire le tour de cette presqu’île rocheuse pour découvrir une jolie ville médiévale accrochée sur son flanc dirigé vers la mer. Toutes les constructions adoptent exactement la couleur de la roche en arrière-plan. On se demande si c’est intentionnel pour se dissimuler aux intrus ou si tout simplement les matériaux viennent de là. En s’aventurant dans les ruelles étroites, on distingue tantôt la mer bleu azur, tantôt la citadelle qui trône au sommet. A condition de braver la pente, le soleil et le vent, on peut se hisser jusqu’à l’intérieur des murailles et visiter divers bâtiments d’époque dont une magnifique église ou encore observer le superbe panorama. Il ne reste plus qu’à redescendre et regagner la petite route qui relie le rocher au continent.


Mezzé

Ils font partie intégrale de la culture culinaire grecque. Ces entrées que l’on partage sont en général servies au milieu de la table dans de petits récipients pour que chacun puisse se servir à sa guise. Mais les restaurants touristiques ne s’offusqueront pas que nous autres, habitués à l’individualisme occidental, commandions ces mezzé séparément et les serviront dans des assiettes un rien plus grandes. L’huile d’olive, le yaourt grec, le pain pita, les légumes sautés ou macérés et les herbes fraîches sont la base de ces plats délicieux et sains. Dans Roberto, le tzatziki est roi et quasi quotidien (yaourt grec + concombre + ail + huile d’olive + aneth + sel)


Nauplie

Cette ville côtière fut la première capitale de la Grèce après l’indépendance en 1834. Il est resté de cette période quelques bâtiments administratifs dont l’ancien parlement, ainsi que trois édifices fortifiés dont une  forteresse trop haut perchée pour nos petites jambes et un fortin sur une île trop touristique pour nos petites têtes. En plus, ce fortin a servi après l’indépendance grecque à héberger les dirigeants du pays encore fragile puis les bourreaux de l’époque, dans tous les cas des personnages (pas si différents ?) auprès desquels personne ne voulait vivre. Nous avons préféré flâner dans les rues agréables et fleuries du centre et visiter deux curiosités qui ne figuraient pas dans notre guide (par précaution nous multiplions nos sources d’information) : une église construite dans un rocher géant et un lion sculpté dans un rocher géant. La première a la particularité d’avoir été la seule restée ouverte pendant la période ottomane, probablement parce qu’elle était la plus éloignée du centre. Et le second est un hommage aux soldats bavarois venus sécuriser le pays juste après l’indépendance (le premier roi grec était le fils de Louis 1er de Bavière) mais victimes d’une épidémie de typhoïde. Ce lion endormi est une réplique du Lion de Lucerne, érigé lui en mémoire des Bavarois tués à Paris pendant la révolution française. A noter que la France a été l’un des principaux soutiens à la Grèce lors de son indépendance. Un mémorial dans le centre-ville est dédié à nos soldats.


Épidaure, un iceberg grec ?

Le site antique d’Épidaure est célèbre pour son superbe amphithéâtre, remarquablement conservé malgré ses 2000 ans, ce qui n’empêche pas la poursuite des travaux de restauration. Il pouvait et peut encore accueillir 14000 spectateurs, faisant le plein lors du festival annuel de théâtre classique hellénique. L’acoustique est parait-il remarquable : tout ce qui est lâché sur scène, de la pièce de monnaie au discours à voix basse en passant par ce que vous êtes en train d’imaginer, s’entend jusqu’au dernier gradin, grâce au nombre d’or utilisé par les architectes. Le problème est qu’avec les cars de touristes qui débarquent sans cesse, le fait est peu vérifiable. On visite en même temps le sanctuaire d’Asclépios, mieux connu en France sous le nom d’Esculape, le dieu de la médecine. À l’époque, en dehors de quelques plantes et d’un peu de chirurgie, on soignait plutôt par la persuasion : les patients étaient reçus par un prêtre qui vantait les pouvoirs d’Asclépios, et la plupart du temps ça suffisait ! Le dieu de la médecine n’intervenait que pour des problèmes sérieux. Ses pouvoirs allaient jusqu’à ressusciter les morts, mais ne rêvez pas, vous ne le trouverez pas sur Doctolib.

Levons tout de suite un doute : nous parlons bien du célèbre site de la Grèce antique, et non de la non moins célèbre marque d’huile et de biscottes…

Mais le plus surprenant à Épidaure est son site caché, qui nécessite de se rendre sur une plage et d’enfiler son maillot de bain pour être vu. Car à l’image d’un iceberg, le plus spectaculaire est sous la mer. Oh, pas loin, à quelques dizaines de mètres du rivage et à moins de deux mètres sous la surface. Il faut juste bien repérer sur la carte l’endroit à explorer car l’accès est étonnamment libre pour un site de cette valeur et le seul panneau d’information est complètement effacé par le soleil. Là, muni d’un masque et d’un tuba, on découvre de vieux murs engloutis, un alignement d’amphores dont on ne voit plus que la base, et des petits poissons qui se promènent au milieu de tout ça. Arrivés de bonne heure, nous étions les seuls pendant un moment et avons pu lancer le drone pour une autre vision tout aussi magique. Et réfléchir à la cause de l’engloutissement de cette cité. Personne n’a encore trouvé l’explication.


Équation à plusieurs degrés

En ce mois de juillet, les températures sont plutôt élevées en Grèce. Au moins un jour sur deux nous sommes en alerte jaune ou orange canicule avec un mercure qui frise les 38°C à l’ombre en milieu de journée. Si la climatisation de Roberto rend l’ambiance agréable lorsque l’on roule, ce n’est évidemment plus le cas dès que l’on s’arrête. Aucune solution miracle ne peut résoudre cela. La climatisation permanente nécessiterait une seconde batterie de bonne capacité et l’augmentation de nos capacités de recharge, ou alors l’arrêt dans un camping, ce que nous souhaitons éviter. Mais une série de petits moyens nous aide à rendre la température supportable. Se garer à l’ombre d’abord, tout en sachant que cela réduit fortement la production des panneaux solaires, dans un endroit si possible venté comme une colline ou un bord de mer. Et puis quand cela ne suffit pas, le sésame c’est de prendre un peu d’altitude afin de profiter de la chute mathématique de 6,5°C à chaque fois que l’on s’élève de 1000m. C’est la solution que nous avons choisie à l’approche d’Athènes en allant dormir près d’un refuge sur le Mont Mpafi à 20 km au nord de la capitale. Outre le calme et la fraîcheur, nous aurons la visite d’un petit renard.

et puis nous avons eu de la visite !


Athènes

Les J.O. encore et encore

Compte-tenu de l’actualité, notre première visite dans la capitale grecque a été consacrée au Musée de l’Olympisme qui, ouvert à l’occasion des J.O. d’Athènes en 2014, retrace toute l’aventure.

Je passerai brièvement sur les Jeux Olympiques Antiques, dont j’ai parlé plus haut, même si le musée les détaille bien et rappelle qu’à l’époque de l’Antiquité, la Grèce était le seul pays où la promotion du sport de compétition était érigée en institution, chaque ville grecque possédant des installations sportives pour l’exercice quotidien comme pour les compétitions. « Sois toujours premier et devance les autres » disait Pélée à son fils Achille en partance pour la guerre de Troie.

Quand le site d’Olympie a émergé de l’oubli aux XVIIIe et XIXe siècles, quelques tentatives de rétablissement des Jeux ont eu lieu dans divers pays, mais c’est la ténacité de Pierre de Coubertin et ses idéaux de promotion des valeurs éducatives et universelles du sport qui a permis la relance de Jeux Olympiques dits modernes en 1896. Le début était initialement prévu en 1900 à Paris, mais Athènes a eu la préséance 4 ans plus tôt pour des raisons historiques et diplomatiques.

Si l’on a l’impression que le déroulement des J.O. modernes suit depuis toujours un rite bien précis (parcours de la flamme, allumage, cérémonies d’ouverture et de fermeture, défilé et mixité des athlètes, etc.) il n’en est rien et l’exposition nous rappelle ces avancées une par une, jeux par jeux.

Des panneaux fourmillent d’informations et d’anecdotes sur chacun des Jeux Olympiques depuis 1896

Vous avez déjà lu que les tout premiers J.O. ne comportaient qu’une seule épreuve, réservée aux riches mâles Grecs de pure souche, mais saviez-vous qu’il a fallu attendre :
– 1900 pour que les premières femmes puissent concourir (Paris – qui aura aussi la primeur de la parité parfaite en 2024)
– 1904 pour qu’apparaissent les médailles destinées aux 3 premiers (St Louis)
– 1908 pour la première parade des athlètes derrière leur bannière (Londres)
     – 1912 pour que les cinq continents soient représentés (Stockholm)
     – 1912 pour qu’une épreuve d’art et littérature soit introduite (Stockholm)
     – 1920 pour que le serment olympique soit prononcé par un seul athlète au nom des autres (Anvers)
     – 1920 pour que les médailles d’or ne soient plus en or massif
     – 1924 pour la première tenue de J.O. d’hiver (Chamonix)
     – 1924 pour que le pays organisateur n’obtienne aucune médaille (Chamonix – France…)
     – 1924 pour que les J.O. soient retransmis à la radio (Paris)
     – 1928 pour que lors de la parade les Grecs défilent en 1er et le pays organisateur en dernier (Amsterdam)
     – 1932 pour qu’une femme soit porte-drapeau (Lake Placid – Les seules athlètes anglaises étaient 4 femmes…)
     – 1932 pour que les médaillés d’or écoutent leur hymne national sur un piédestal (Los Angeles)
     – 1936 pour que la flamme olympique soit allumée lors de jeux d’hiver (Garmisch Partenkirchen)
     – 1936 pour que le relais de la flamme olympique soit instauré (Berlin)
     – 1948 (il n’y a pas eu de jeux pendant 12 ans à cause de la guerre) pour qu’un athlète américain gagne une médaille d’or à des J.O. d’hiver
     – 1948 pour que les jeux soient retransmis à la télévision (Londres)
     – 1952 pour que l’Union Soviétique et Israël participent (Helsinki)
     – 1956 pour que l’Union Soviétique participe à des jeux d’hiver (et rafle la majorité des médailles)
     – 1960 pour qu’on utilise des skis autrement qu’en bois (Jean Vuarnet, Squaw Valley)
     – 1960 pour qu’un Africain remporte une médaille (en courant pieds nus au marathon)(Rome). On attend encore qu’un pays africain organise les J.O.
     – 1964 pour que les J.O. se tiennent en Asie (Tokyo)
     – 1968 pour l’apparition de la première mascotte olympique (Grenoble)
     – 1976 pour voir instaurer un marathon féminin (Los Angeles)
     – 1981 pour que les premiers professionnels soient admis à participer
     – 1988 pour la première annulation de médaille pour cause de dopage (Séoul)
     – 1992 pour que les J.O. d’hiver et d’été alternent tous les 2 ans (Albertville)
     – 2000 pour la première épreuve de triathlon (Sidney)
     – 2002 pour que des athlètes chinois, australiens ou noirs remportent l’or à des J.O. d’hiver (Salt Lake City)
– 2024 pour qu’une cérémonie d’ouverture se déroule en dehors d’un stade (vous savez où…)

On y trouve aussi quelques anecdotes. Parmi d’autres :
      – En 1924 à Paris, un athlète participera et jouera peu après au cinéma le rôle de Tarzan. Vous avez reconnu Johnny Weissmuller
      – Lors des J.O. de Berlin en 1936, Hitler voulait démontrer sa théorie de la suprématie aryenne. Ne lui en déplaise, Jesse Owens, un sprinter afro-américain, remporta 4 médailles d’or et devint très populaire lors de ces Jeux
      – Aux J.O. de St Moritz, juste après la guerre, les Américains prêteront des skis aux Norvégiens pour qu’ils puissent concourir
      – En pleine guerre des Balkans, la Bosnie-Herzégovine a envoyé aux J.O. de Lillehammer (1994) un équipe de bobsleigh composée d’un Croate, de 2 Bosniens et d’un Serbe, faisant triompher le sport sur la guerre. Après notre visite de ces pays, ça nous parle bien.


L’impossible Bercy Madeleine


Τι άλλο (What else en Grec)

Athènes est une ville immense, comptant plus de 4 millions d’habitants sur son aire urbaine. La circulation y est dense et peu adaptée à Roberto, aussi nous avons choisi, comme en pareil cas, de laisser notre maison roulante dans un « storage » en périphérie et de gagner le centre par le métro. Nous avons joué les touristes lambda (l’adjectif grec s’imposait) et visité les grands classiques : le quartier pittoresque d’Anafiotika et ses petites maisons cubiques colorées ; la Tour des Vents, une horloge hydraulique antique ; la Stoa d’Attale, un précurseur antique des centres commerciaux ; le quartier des antiquaires, graffité à tous les goûts mais plein de curiosités ; la colline de Philopappos offrant une superbe vue sur la ville et l’Acropole ; l’église orthodoxe Saint-Dimitri, sauvée d’un commandant turc qui voulait la détruire au canon mais périt juste avant dans l’explosion par la foudre de la poudrière stockée dans l’Acropole ; la « prison de Socrate », une grotte où le philosophe n’aurait jamais mis les pieds mais dans laquelle on a muré les trésors du musée national pour les préserver d’Hitler ; le restaurant Mélina, dédié à l’actrice ; la Porte d’Hadrien, érigée à l’occasion de la visite de l’empereur romain, et bien entendu l’Acropole, dont nous avions réservé une tranche horaire pour la visite dès le matin. J’ai été personnellement déçu par le Parthénon, défiguré par les grues et les échafaudages – permanents paraît-il – et les mélanges de pierres neuves et anciennes. J’ai préféré l’Érechtéion et ses caryatides, ainsi que l’Odéon d’Hérode, mieux restaurés à mon goût et sans grue.

On termine par une petite vidéo d’un duo musical, comme on en trouve beaucoup dans les rues du centre et qui complètent parfaitement l’ambiance. N’oubliez pas de lancer le film et de mettre le son !


Pause-enfants

Le moment est venu de faire une petite pause. Voilà plusieurs mois que nous n’avons pas vu nos enfants et notre petite fille. Tous nous manquent et nous sommes très heureux d’aller les retrouver pendant 3 semaines, tout en donnant un coup de main à divers évènements, déménagements et lancements d’entreprises entre autres. Nous laissons Roberto dans notre parking sécurisé et ombragé de la banlieue d’Athènes, non sans lui avoir fait un petit cadeau de consolation : de beaux pneus tout neufs à l’avant. Nous voilà donc partis pour la France. 3 petites heures de vol. Nous nous retrouverons au retour. A très bientôt !

Parcours correspondant à cet article, en version zoomable ici

111. Zigzags

Nous voici de retour en France pour poursuivre nos rencontres familiales et amicales dont le détail n’a pas sa place ici. Mais les zig-zags que nous avons opérés pour voir les uns et les autres nous ont permis de découvrir quelques jolis coins de notre pays, qui apparaissent mystérieusement dès que l’on coche l’option « éviter les autoroutes » dans notre application GPS.

Guéthary

Bref passage chez notre grande fille sur la remontée vers la France. Fine connaisseuse des bonnes adresses du coin, elle nous a déniché un restaurant en bord de mer avec une vue splendide et des plats très élaborés. Merci Amandine de nous avoir fait découvrir le Txamara. Vraiment une adresse d’exception !


Le Pilat sans la dune

En pleine période de canicule alors que nous étions sur Saint-Étienne, nous avons pu perdre 7 ou 8 précieux degrés en nous rendant à une quinzaine de kilomètres seulement de l’agglomération stéphanoise, sur le massif du Mont Pilat. Selon les lois de la physique, à chaque fois que l’on s’élève de 1000m, la température ambiante perd 6,5 °C. Une aubaine pour les nomades comme nous qui peuvent déplacer leur maison comme bon leur semble ou presque. Nous avons pu apprécier, outre un joli coucher de soleil sur un paysage grandiose, le calme et la fraîcheur du matin. Inutile de vous dire que nous avons hésité à redescendre !

B
Tiens, un truc bizarre pour finir sur Saint-Étienne : la cathédrale de la ville (ci-dessus) s’appelle Saint-Charles, tandis que celle de Bourges (ci-dessous) s’appelle Saint-Étienne. On ne sait vraiment plus à quel saint se vouer !
A

Paris, New York, Tokyo, Montluçon

Nous faisons étape dans cette ville qui n’attire pas les touristes en masse, ce qui n’empêche pas les commerçants de rêver comme vous verrez sur la photo plus bas. Montluçon présente pourtant quelques attraits sur lesquels il est intéressant de s’attarder : un cœur médiéval assez bien conservé, le château des Ducs de Bourbon qui domine la ville et quelques hôtes célèbres comme Marx Dormoy dont la majorité des gens connait au moins une rue baptisée à son nom sans pour autant savoir qui il était (un ministre de l’intérieur, forcément de gauche avec ce prénom), . Et n’oublions pas Louis Coulon dont j’avoue avoir ignoré l’existence alors qu’il détient le record de la plus longue barbe portée en France. A votre avis, 3,35 m ? 3,85 m ? 4,35 m ? 4,85 m ?

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ou encore quelques illustres personnages, certains plus connus que d’autres…
A
Pour celui-là, un prénom qui ne nous est pas inconnu…
B
Pour cet autre, un record a été établi. On en parle dans les lignes ci-dessus…

Les trésors cachés de l’abbaye

Une journée d’excursion dans le nord du Gers nous a amenés à l’Abbaye de Flaran. Une petite abbaye médiévale bien restaurée, dont les extérieurs sont agréables à l’œil sans pour autant être exceptionnels. Mais c’est entrant dans les lieux que la magie opère. Le couloir et les chambres des moines sont le siège d’une exposition permanente de haute qualité. On y trouve des œuvres originales d’une quarantaine de peintres et sculpteurs de renom, comme Claude Monet, Gustave Courbet, Pablo Picasso, Auguste Renoir, Peter Paul Rubens, Toulouse Lautrec, Auguste Rodin, Salvador Dali, Camille Claudel et bien d’autres encore. En complément, nous avons profité de l’exposition temporaire du moment consacrée à Franquin, dessinateur franco-belge que nous adorons. Histoire de l’artiste, progression des œuvres, planches originales, détail des techniques, portrait de quelques personnages : nous nous sommes régalés. Peu de photos toutefois, interdites dans la plupart des salles. Mais si vous avez l’occasion de vous déplacer, n’hésitez pas…

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Les extérieurs de l’Abbaye de Flaran
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De ‘M’oiselle Jeanne à Dame-Jeanne

A la sortie de l’exposition sur Franquin, nous regagnons Roberto sagement garé sous les platanes pour nous restaurer. A la fin du repas, après le café, nous vient l’idée de prendre un digestif. Nous interrogeons notre ami Google qui nous propose la visite de chais d’Armagnac à Condom (que Google traduction appelle gentiment « préservatif » sur les pages traduites), petite ville gersoise située à moins de 10 km de là. Nous sommes accueillis par la Maison Aurian qui produit ce spiritueux typique de la région depuis 1880 et nous en décrit les étapes de la fabrication. Cette eau-de-vie de vin est issue de l’assemblage de raisins blancs de la région Midi-Pyrénées, principalement le Gers et quelques cantons des Landes et du Lot-et-Garonne. Après distillation, l’eau-de-vie est mise à vieillir dans des fûts de chêne réutilisés à l’envi (contrairement au vin ou à d’autres alcools). Une fois le vieillissement jugé suffisant (cela nécessite de le goûter régulièrement) il est arrêté, ce qui fixe définitivement le taux d’alcool. L’Armagnac ainsi obtenu est placé dans des récipients de verre (embouteillage ou dames-jeannes millésimées pour la vinothèque) avec ou sans filtrage (et appelé dans ce dernier cas brut de fût). La visite des locaux qui sont restés intacts depuis 1880 vaut le détour. Les chais sont au rez-de-chaussée, tandis qu’à l’étage on trouve la vinothèque sous forme de dames-jeannes soigneusement alignées et étiquetées selon l’année de production et le degré alcoolique. L’une d’elles est datée de 1900… nous avons aussi retrouvé l’année de naissance de Claudie mais pas la mienne. Je ne suis sans doute pas un bon millésime, bouh…

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Visite guidée par quelqu’un qui connait bien St Barth, le monde est petit
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Aller au Sud pour avoir moins chaud

La canicule sévit de nouveau en France tandis que paradoxalement le nombre de climatosceptiques augmente dans la population. Pour y échapper, nous cherchons de nouveau à prendre de l’altitude, et nous nous robertoportons (c’est comme la téléportation, mais dans une cabine plus sûre et confortable) jusqu’à la station thermale (encore un paradoxe) de Bagnères de Bigorre, dans les Hautes-Pyrénées, à 150 km au Sud d’Agen. Malgré tout, nous trouvons grâce à l’altitude (550m) et à la forêt des températures redevenant supportables. Nous nous régalons d’une petite randonnée de quelques kilomètres traversant le parc thermal et d’une tourte aux myrtilles à l’arrivée. Au fond du parc, les anciens thermes en service entre 1675 et 1990 ont été transformés pour être réhabilités en musée. Mais en musée de quoi ?  Cassoulet ? Maillot de bain ? Marbre ? Thermomètre ?


Impossible d’y rester de marbre

Nous visitons un peu par hasard ce musée du marbre installé dans les anciens thermes dits « de Salut ». Cet établissement avait en effet la particularité de posséder des baignoires toutes en marbre, ce qui n’est pas commun en matière de thermalisme mais qui est lié aux nombreuses carrières de marbre de la région. C’était d’ailleurs une ressource économique majeure de Bagnères de Bigorre avant l’essor du tourisme et du thermalisme. Nous y avons découvert bien entendu l’origine géologique du marbre formé il y a 400 millions d’années par enfouissement de couches calcaires et diverses inclusions (animaux, végétaux, etc.). Sous l’effet de températures et pressions élevées, ces couches se sont pétrifiées en prenant diverses teintes en fonction de la pureté ou non du calcaire initial. Plusieurs centaines de marbres différents sont exposés, et nous avons été surpris de la diversité quasi infinie des teintes. Un must à visiter si vous passez par là.

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Des marbres du monde entier y sont exposés. Nous avons été surpris par la grande diversité

Une petite question pour finir : quand on dit « passer au marbre » pour une voiture accidentée, de quel matériau est faite la table qui sert à vérifier l’alignement du châssis : marbre ? albâtre ? fonte ? acier ?


3 petits tours et puis s’en vont

Dans notre quête de fraîcheur, nous avons encore pris de l’altitude en empruntant la route du col du Tourmalet. Une conduite un peu délicate car il fallait éviter motos, vélos, moutons, vaches et même lamas tout en gardant un peu de disponibilité pour admirer le grand spectacle des montagnes pyrénéennes tout autour de nous. Les inscriptions sur le bitume nous ont rappelé que le Tour de France est passé ici le 6 juillet pour les hommes et le 29 juillet pour les femmes. Pour ces dernières le col était même l’arrivée de l’étape, ce qui n’est pas si fréquent. Dans toute l’histoire du Tour de France, le col du Tourmalet a été le plus fréquemment franchi (84 fois). Mais combien de fois a-t-il été l’arrivée de l’étape pour le tour masculin : 3 fois ? 6 fois ? 9 fois ? 12 fois ?

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Sur les pentes du col du Tourmalet, d’étranges spectateurs attendent les cyclistes
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Là-haut, le vélo est roi

Niveau promenade, tu parles !

Après une nuit très tranquille et agréablement fraîche sur une zone herbeuse du parking d’une remontée mécanique sous le col du Tourmalet, au pied du Pic du Midi de Bigorre, nous avons choisi de randonner jusqu’au Lac d’Oncet. Un parcours de 2h30 et de plus de 7 km aller-retour dont le niveau de difficulté est qualifié de « promenade » par le site pyrandonnées.fr Nous avons trouvé le terme un peu vexatoire car il a fallu tout de même fournir quelques efforts pour franchir cette distance et le dénivelé de 330m ! Nous avons même suivi tout une troupe de chasseurs alpins qui s’entraînaient, c’est dire ! Allez, tiens, une tite question : le Pic du Midi de Bigorre est le point culminant du massif des Pyrénées, 1.vrai 2.faux 3.Oncet pas…

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Ok, le chemin est large et bien tracé, la pente n’est pas des plus abruptes,
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mais il faut quand même bien marcher pour arriver au Lac d’Oncet

Non mais quel cirque !

En partant vers l’ouest vers Luz-St Sauveur puis plein sud vers l’Espagne, la route se termine en cul-de-sac après la commune de Gavarnie. Nous laissons là Roberto au parking (nous y passerons d’ailleurs la nuit) puis finissons la balade à pied vers le célèbre cirque. Le spectacle à l’arrivée justifie totalement les 11 km aller-retour et 466 m de dénivelé : nous sommes entourés de hautes falaises très impressionnantes, perchées à 3000 m d’altitude et parsemées de cascades dont l’une des plus hautes d’Europe (423 m de chute). Nous nous offrons une pause-repas dans l’unique restaurant du site. Déguster charcuterie et fromages locaux puis l’inévitable tartelette aux myrtilles dans un environnement pareil, ça relève bien de l’exception. Sur les panneaux au voisinage, nous apprenons que le cirque d’origine glaciaire s’est formé il y a 40 millions d’années et qu’au sommet des falaises on a trouvé des fossiles surprenants. Mais de quoi ? Dinosaures ? Fougères ? Huîtres ? Requins ?

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nous amène après quelques kilomètres au cœur du Cirque de Gavarnie. Joli spectacle à 360°

Argeles-Gazost, l’eau de là

J’ai travaillé 25 ans de ma vie dans le thermalisme. A Saint-Gervais précisément. L’établissement thermal est construit juste à côté de la source pour conserver au maximum ses propriétés thérapeutiques. A une époque, pour faciliter l’accès des curistes, les thermes avaient été installés près de la route, à 800 m de la source, reliés à elle par une canalisation. De suite, les patients habitués ont senti la différence, ne ressentant plus les bienfaits observés auparavant. Ils sont retournés se baigner dans l’ancien établissement. Les « nouveaux » thermes n’ont fonctionné que quelques années, et la direction a dû réouvrir puis réhabiliter les anciens. Il avait donc suffi de transporter l’eau sur 800 m pour lui faire perdre ses propriétés. Ici à Argeles, aucune source ne jaillit. C’est celle du hameau de Gazost qui est utilisée, d’où l’association des noms. Et vous savez quoi, Gazost est à 21 km d’Argeles. Je dis ça je dis rien… D’un autre côté, si les effets ne sont pas miraculeux, Lourdes n’est qu’à 13 km…

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Un petit quiz pour les fidèles : le nom de Gazost signifie… a) « cas social » en Occitan ? ; b) présence de gaz dans l’eau thermale ? ; c) on n’en sait fichtre rien


Une bonne impression

Nous avons eu le plaisir de nous faire offrir deux mugs on ne peut plus personnalisés, illustrés par une photo de notre cher Roberto et identifiés par nos prénoms. Les objets publicitaires de ce type ne sont pas nouveaux, mais la particularité c’est qu’ils ne représentent qu’une petite partie de l’activité de la jeune entreprise qui les réalise, Artridy. Leur activité principale, c’est de numériser en 3D à l’aide d’un scanner très performant (la marque Leica doit parler à certains) divers environnements, comme des appartements à vendre ou à rénover. L’exploitation des données permet d’en extraire directement un plan d’architecte avec toutes les mesures, une visite virtuelle avec réaménagement ou non. Artridy est également équipée d’une imprimante 3D qui permet de restituer des objets jusqu’à 1,80m de hauteur. Si vous voulez un duplicata en plastique de votre belle-mère ou de votre acteur(trice) favorit(e), c’est parfait. Après, l’usage que vous en ferez ne me regarde pas… mais si ça vous tente ou si vous voulez faire réaliser des objets personnalisés, voici le lien : https://artridy.com/


In vino dormitas

De passage en Touraine, nous cherchons un coin pour dormir hors de la ville. Park4night nous propose un spot envahi de gros escargots blancs. Normal, car souvent peu autonomes, ils viennent ici faire le plein d’eau et vider leurs cassettes, voire chercher un peu de sécurité. N’ayant besoin de rien de tout ça, nous fuyons chercher mieux un peu plus loin. Nous tombons sur une petite aire de pique-nique au milieu des vignes, accessible par un chemin en terre qui a peut-être rebuté ceux qui s’y sont essayé. L’endroit est idéal. Nous sommes seuls avec les grappes de raisin sur le point d’être vendangées. Nous passerons une nuit très calme. Nous nous garderons bien de mettre un commentaire sur l’application, de peur que le lieu en devenant trop connu finisse par être dégradé et dans la foulée fermé. Pas très fair-play mais nous avons vu tellement de spots condamnés par des barrières de hauteur suite aux divers excès de leur occupants que nous préférons garder confidentiels des lieux comme ceci. Si vous voulez vraiment savoir où c’est, les images de ce blog sont géolocalisées….

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L’informatique n’est plus ce qu’elle était…

Nous avons tellement pris l’habitude de privilégier Internet au téléphone que nous oublions comment c’était avant. Et la facilité ou le gain de temps ne sont pas toujours au rendez-vous. En voici 3 exemples vécus très récemment dans la bonne ville de Tours.

Souhaitant réserver un taxi pour le lendemain de bonne heure, nous nous tournons par réflexe vers l’appli Uber. Mais s’il est assez facile de trouver un chauffeur pour le temps présent, la tentative échoue pour le lendemain, l’appli prévenant en outre que la course n’est pas garantie. Après s’être énervé sur les clicks multiples sur le bouton « Réserver » qui reste désespérément impassible (mais pourquoi appuie-t-on plus fort sur l’écran quand ça ne marche pas d’emblée ?) nous trouvons rapidement le téléphone d’une centrale de réservation de taxi, lançons l’appel, trouvons de suite une interlocutrice qui nous confirme la réservation en moins d’une minute. Ah oui, c’est vrai, le téléphone et les taxis fonctionnent encore ! Et la différence de prix de moins d’un euro ne valait pas tous ces emm…

Nous nous présentons un peu plus tard dans une pharmacie en plein centre de Tours avec une ordonnance.. Comme c’est une pharmacie que nous ne fréquentons pas d’habitude, on nous demande, outre la carte vitale, la carte mutuelle. Nous ne l’avons pas sur nous mais avons un scan dans nos téléphones. Ça ne suffit pas au pharmacien qui pourrait lire sur nos appareils les renseignements qui l’intéressent, mais il en veut une copie pour pouvoir passer dans son petit scanner à rouleaux. Nos téléphones risquant de ne pas supporter l’épreuve, il nous propose de lui envoyer les scans par mail. Sauf que le réseau mobile n’atteint pas la pharmacie, qui ne possède pas non plus de wifi, alors il me faut sortir dans la rue pour envoyer le mail. Péniblement car en plein centre-ville de Tours, je n’ai qu’une barre de réseau. Incroyable. Moralité, il faut apporter à la pharmacie ses documents en papier pour être numérisés, mais surtout pas l’inverse.

Pour terminer la journée sur une note culturelle, nous décidons d’aller visiter le Musée du Compagnonnage. Nous prenons la précaution de vérifier sur Google Map que le musée est bien ouvert aujourd’hui. L’application confirme et nous dit même que le lieu est « moins fréquenté que d’habitude », ce qui aurait du nous donner la puce à l’oreille. Toujours confiants dans l’application, nous la laissons nous guider vers l’entrée …qui se révèlera être à l’opposé du bâtiment, nous imposant un détour de 300m. Mais le pire est à venir : une affiche à l’entrée du musée annonce sa fermeture temporaire pour travaux. Mais pourquoi donc ne les avons-nous pas tout simplement appelés au téléphone préalablement ? Juste un petit coup de fil ?


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Terminons par ce joli parterre de fleurs dans une ambiance printanière, photographié le premier jour …de l’automne. Une belle démonstration du dérèglement climatique, non ? A méditer en attendant le prochain article. A bientôt !

P.S. Réponses aux divers quiz : Lambros Vorloou, 3,35 m, Longtarin et le Compte de Champignac, 25 000 €, marbre, 3 fois, faux (pic d’Aneto), c (on n’en sait rien)