140. Autriche

Hasard de la route, c’est par sa capitale Vienne que nous abordons le pays. Plus nous allons vers l’Ouest de l’Europe, meilleure est la qualité des infrastructures, mais en contrepartie, plus le coût de la vie et du gazole augmente. Et plus la différence avec la France en termes de paysages et de culture s’amenuise. Notre appétit de découverte sera-t-il satisfait ?

Notre parcours en Autriche
Parcours correspondant à cet article, en version zoomable ici

Autri-chiens

Entre la frontière et la capitale, nous faisons un arrêt technique à une laverie en self-service. Nous avons la surprise de constater que la moitié des machines et séchoirs est réservée aux effets des animaux domestiques, ce qui est effectivement une bonne chose car nous avons déjà pu constater dans des séchoirs des boules de poils qui n’avaient rien d’humains, suite à un probable lavage de couverture canine ou féline. Ici les animaux ont même droit à un bac pour se laver. A quand les douches pour humains dans les lavomatiques ? A bien y réfléchir, dans autrichien il y a … chien. Ceci explique peut-être cela.


Roulez vieillesse

Nous abordons Vienne par l’Est, ce qui nous fait passer tout près de la grande roue qui tourne presque sans discontinuer depuis 1897. Cet emblème de la capitale doit sa célébrité au film Le 3ème Homme tourné ici en 1949 et ayant reçu la Palme d’Or du festival de Cannes la même année. Nous avons revu le film à cette occasion, eh bien il n’a pas pris une ride.


Pluie = musée

Notre équation habituelle nous conduit au Palais du Belvédère, joyau de l’art baroque inspiré de Versailles construit au début du XVIIIe siècle, conçu dès le départ pour allier architecture, art et nature. Traversant rapidement les jardins affadis par l’hiver, nous gagnons rapidement l’intérieur. C’est évidemment magnifique, tant les pièces par leur décoration que les collections qu’elles abritent. Les dix photos qui suivent ne résument en aucun cas ce que nous avons vu – rien ne vaut un déplacement sur site – mais s’arrêtent juste sur quelques œuvres qui nous ont marqués.

Gustav Klimt est le peintre préféré des Viennois. Né et mort dans la ville (1862-1918) il a marqué la période Art Nouveau avec ses peintures symbolistes, ses portraits ornés de motifs dorés et ses fresques décoratives. Klimt a créé un style unique marqué par sa sensualité, son symbolisme et son utilisation audacieuse de la couleur et de la texture. Parmi ses œuvres les plus célèbres figurent « Le Baiser », « Portrait d’Adèle Bloch-Bauer I » et « L’Arbre de Vie ». Nous l’avons retrouvé exposé dans au moins 2 lieux distincts, le Palais du Belvédère et le Musée d’Arts Appliqués, mais ce ne sont probablement pas les seuls. Évidemment, les boutiques de ces musées fourmillent d’objets dérivés.


Des schnitzels aux knödels

Nous n’aurons que peu testé la cuisine autrichienne, et peut-être pas dans les restaurants les plus typiques, mais suffisamment pour en avoir une petite idée. En parcourant les menus, on voit bien que l’escalope viennoise, alias schnitzel, n’est pas un mythe et qu’elle peut se décliner avec toutes les viandes, du moment qu’elles sont coupées en tranches minces, panées et frites. Il est difficile de trouver un accompagnement sans pomme de terre, pâtes ou knödels, ces derniers étant proches de nos quenelles et pouvant être servis avec… des patates. Les saucisses sont également très représentées et volontiers servies avec du fromage, particulièrement dans les stands de rue. Les vins servis au verre que nous avons pu tester tiennent la route, tout comme la bière. Côté desserts, c’est l’opulence. Le plus emblématique est la sachertorte, inventée à Vienne en 1832 par un apprenti de 16 ans, Franz Sacher, qui remplaçait son chef pâtissier malade, pour être servie au prince de Metternich. Ce « gâteau de Sacher » est devenu une institution dans tout le pays et s’exporte même dans le monde entier. C’est une génoise au chocolat, fourrée de confiture d’abricot et recouverte d’un glaçage au chocolat, servie avec un peu de crème fouettée. Pour terminer le repas, le café reste incontournable, classiquement servi avec du lait.


Pluie bis = musée bis

Décidément la transition automne-hiver ne nous fait pas de cadeau. Alors nous changeons partiellement de registre pour nous intéresser au MAK, en Français le Musée des Arts Appliqués, installé dans un joli bâtiment néo-renaissance tout en briques. Les expositions sont très variées, aussi bien classées par période que par genre comme cet espace dédié au design ou cet autre à l’écoconstruction. Visite (partielle) en images :


Crèches insolites


Marchés de Noël

De plus en plus commerciaux, de plus en plus envahissants (Vienne en compte tout de même quatorze !), ils restent un endroit convivial et couru, y compris par des touristes étrangers qui débarquent par bus entiers. On vient à toute heure y déguster un vin chaud, ou plus typiquement un punsch de Noël, qui n’a rien à voir avec notre punch antillais. Il s’agit d’une boisson chaude associant un alcool quelconque avec un jus de fruit quelconque ou du thé quelconque, quelques épices et beaucoup de sucre. Elle est servie généralement dans un mug plus ou moins kitsch – les nôtres avaient la forme de bottes et une couleur rouge vif – consigné pour 3 ou 5 euros mais pas échangeable d’un marché à l’autre. Beaucoup de gens les récupèrent pour les collectionner. On grignote volontiers en accompagnement des marrons chauds, des amandes grillées, des galettes à l’ail, des pommes de terre au four ou des saucisses au fromage. Une particularité culturelle est qu’en Autriche, c’est plus souvent l’enfant Jésus, alias Christkindl, qui apporte les cadeaux que le Père Noël.


Sissi, emblème de l’Autriche

Nous visitons à Vienne un musée qui lui est consacré, et nous en donne une vision plus réaliste que le personnage interprété pourtant avec brio par Romy Schneider. Elisabeth von Wittenbach, une jeune fille de la noblesse allemande, épousa à l’âge de 16 ans François Joseph d’Autriche et devint rapidement impératrice d’Autriche et reine de Hongrie. L’adoration initiale des Autrichiens s’estompa quand ils découvrirent les difficultés de Sissi à respecter le protocole et ses fréquentes absences, et éventuellement sa passion pour la poésie, la mythologie grecque et …la gymnastique. L’impératrice ne se remit jamais par ailleurs du suicide de son seul fils (elle avait aussi 3 filles) et sombra dans la dépression avant de se mettre à voyager, notamment à Corfou où nous avions visité son palais : l’Achilleon. C’est après sa mort tragique à Genève que l’opinion publique commença à remonter, aidée en cela par le cinéma et l’analyse positive des historiens. Aujourd’hui les Viennois l’adorent de nouveau !


Crypte impériale

On y trouve les 149 tombeaux de la majorité des membres de la dynastie des Habsbourg, dont 12 empereurs et 19 impératrices (Sissi comprise). Pour tenir tout ce petit monde, il a fallu agrandir la crypte au fil des années et aller au-delà de la surface de l’église des Capucins située juste au-dessus. Les tombeaux largement sculptés, en zinc, cuivre ou fonte, renferment les corps sans le cœur (mis en urne et transporté dans la « crypte des cœurs » d’une autre église) ni les entrailles, inhumées dans les catacombes de la cathédrale de Vienne. L’endroit est évidemment emprunt d’une atmosphère étrange. Des visites nocturnes à la lueur d’une bougie seraient un must…


Cadeau de dernière minute

Les gadgets sont de plus en plus trompeurs. Parmi les cinq objets ci-dessous, lequel n’est PAS un ouvre-bouteille ?


Un petit tour à Steyr

Ni plus ni moins que la ville qui inspira La Truite à Schubert. Descriptif en images.


Steyr est aussi connue pour son musée de Noël, qui rassemblerait la plus grande quantité au monde de décorations de Noël, la collection d’une vie d’une Autrichienne locale : pas moins de 18 200 objets dont 14 000 destinés aux sapins, et 200 poupées et accessoires. Tout ça dans une petite maison de 3 étages dont les 2 derniers ne sont accessibles que par un petit train appelé « train de l’aventure ». Effectivement, les sièges-baquets qui basculent avant de prendre les escaliers sont un peu inquiétants !


Mauthausen

Même en cette période de fêtes, impossible de ne pas s’arrêter sur le site de Mauthausen, l’un des pires camps de la mort orchestrés par les Nazis. On envoyait ici non seulement les Juifs mais aussi les prisonniers politiques des pays occupés dans ce qui était appelé un camp de travail. Il s’agissait en fait de l’exploitation d’une carrière dans des conditions telles que la plupart des travailleurs mouraient pendant le travail, soit d’épuisement, soit par le jeu sadique de leurs gardiens nazis. 150 à 300 000 personnes ont été assassinées ici. Qui pense à eux pendant cette période festive ? Déjà que l’intérêt pour les conflits au Moyen-Orient et en Ukraine s’essouffle, que les morts des deux Guerres Mondiales n’intéressent plus que les cinéastes. Combien de mes lecteurs vont prendre 2 minutes de leur temps si précieux pour lire ce texte jusqu’au bout ?


La crème de la technologie …et du chocolat chaud

Nous voici à Linz, 3ème ville d’Autriche, qui serait à la pointe du secteur des nouvelles technologies. Difficile de le vérifier à notre échelle, mais facile d’imaginer le côté pratique de la chose : ça permet de faire oublier qu’Hitler est né dans le coin et a fréquenté les écoles de la ville. Nous en avons peut-être un aperçu en visitant l’ancienne cathédrale St Ignace où l’on peut avouer ses péchés dans un confessionnal futuriste et probablement bien isolé phoniquement avant d’acquérir de l’eau bénite en mignonettes pour se faire pardonner. A noter que le compositeur et enfant du pays Anton Bruckner y a été organiste pendant une douzaine d’années. La nouvelle cathédrale Ste Marie, la plus grande d’Autriche, nous a valu à la fois l’occasion d’admirer ses superbes vitraux et un PV de 35 € pour avoir dépassé de 5 minutes notre temps de stationnement… Eh oui, les nouvelles technologies servent à ça aussi ! Du côté des bonnes choses, signalons l’association gustative parfaite d’un vrai chocolat chaud viennois (celui que nous avions tenté à Vienne était une misère) et d’une Linzer torte, tarte traditionnelle locale dont la recette date de 1653, faite de pâte brisée additionnée d’amandes et de cannelle, recouverte de confiture de groseilles, d’un quadrillage de pâte puis d’amandes effilées. Pour le plaisir de l’esprit, nous nous sommes régalés des œuvres de street-art parfois géantes du quartier du port de la ville.



Mozartmania

Mozart est à Salzbourg ce que Napoléon est à la Corse : un enfant du pays devenu célèbre, érigé parfois en demi-dieu, surtout lorsque la manne touristique suit. De la maison natale où il a vécu 17 ans à celle où il a déménagé ensuite, de sa statue surveillant sa place, des chaussettes aux Playmobil, des concerts régulièrement donnés à l’académie de musique ou dans les châteaux ou églises, tout rappelle que le compositeur prodige est bien d’ici. On aurait même retrouvé et conservé son crâne quelque part. Et nous autres gourmands avons en tout cas trouvé ses boules. Regardez-vite les photos !

La ville elle-même vaut le déplacement pour son décor de carte postale : nombreux édifices baroques répartis de part et d’autre de la rivière Salzach, montagnes, châteaux et flèches d’églises en arrière-plan. Et plein de petites curiosités détaillées ou pas dans les photos qui suivent.


C’est ainsi que se termine notre parcours autrichien. Il nous restera une bonne partie du pays à visiter, il faut bien en garder un peu pour plus tard. Nous allons passer maintenant en Allemagne pour rejoindre notre fille aînée à Berlin. A bientôt pour cette prochaine étape.

128. La Grèce de Corfou aux Météores

Une fois n’est pas coutume, nous arrivons dans un nouveau pays via une île. En même temps, les îles, ce n’est pas ça qui manque en Grèce. Mais Corfou avait un côté mythique et romantique qui nous attirait. Sans parler du lien avec Achille…

Premier contact corfiote.

À peine débarqués à Corfou, nous sommes saisis par une avalanche de couleurs. Celles de l’eau bien sûr, qui nous rappellent celles de nos Caraïbes, mais aussi celles du décor à terre qui n’est pas en reste. Les maisons et les villages sont très fleuris par leurs habitants, mais la nature se débrouille pas mal toute seule et les bouillées multicolores des lauriers et des bougainvilliers parsèment la campagne sur un fond de cyprès, d’oliviers et de montagnes suffisamment élevées pour accrocher les nuages. La route côtière longe tantôt des rochers abrupts, tantôt d’adorables criques plus ou moins sablonneuses. Nous finissons par succomber au charme d’une plage de graviers blancs, peu fréquentée, et décidons d’y passer notre première nuit. Avec un superbe coucher de soleil à la clef.


Prolongations

Au petit matin, nous sommes seuls avec les voiliers ancrés dans la baie. L’eau est cristalline. Pourquoi bouger ? Rien ne presse ! Nous restons là toute la journée dans le secteur, profitant à la fois de cette plage agréable avec une eau pas trop fraîche et des sentiers de randonnée qui conduisent, à l’exclusion de toute route, à d’autres plages dans le coin. Croisant très peu de randonneurs, nous les pensions désertes, mais c’était sans compter sur l’accessibilité par la mer. De fait, elles étaient toutes occupées. Dont l’une par un de ces bateaux de croisière à la journée avec musique rythmée à fond, boissons à volonté et tous les cris qui vont avec. Beurk. Nous retrouvons avec bonheur notre petite plage pour une seconde nuit et ouvrons pour l’occasion notre bouteille d’ouzo.


L’effet Ouzo

Non ce n’est pas ce que vous croyez, nous n’avons abusé de cette boisson nationale grecque, un double distillat d’alcool neutre mélangé à divers aromates dont principalement l’anis. Incolore, le liquide prend un bel aspect blanc laiteux lorsqu’on y ajoute des glaçons et de l’eau. Cette transformation, liée à la précipitation des microgouttelettes d’huile essentielle d’anis dans l’eau, est appelée effet ouzo, même lorsqu’on l’obtient à partir du pastis, n’en déplaise aux Marseillais. Qui ne vont pas aimer non plus l’origine du nom : il serait lié aux inscriptions faites sur les caisses d’ouzo que l’on expédiait à Marseille « Uso Massalia » (à l’usage de Marseille). Et qui vont encore moins aimer, en adorateurs de leur savant fou, que ceux qui ont su résister à la tentation de l’hydroxychloroquine en se faisant vacciner ont pour la plupart profité de l’effet ouzo utilisé pour fabriquer les nano-vecteurs d’ARN messager anti Covid-19.


Étapes sur la côte

1. Le Cap Drastis

Une avancée spectaculaire de falaises toutes blanches sur une mer bleu azur. L’accès par des routes étroites n’est pas si facile, surtout lorsque les gens s’y garent n’importe comment, mais le lieu est très photogénique.

Toujours adeptes du synchronisme films ou séries / lieux visités, nous avons regardé La Folle Aventure des Durrell, l’histoire autobiographique d’une famille anglaise venue s’installer à Corfou, précisément dans le coin du Cap Drastis. Le ton est léger et humoristique, les personnages sont attachants. Surtout, l’ambiance de l’île est bien rendue. De quoi se détendre si l’été est pluvieux…


2. La plage Saint-Stéphane

Bien plus fréquentée que celle que nous avons quittée le matin. Nous y avons stationné sur le sable le temps d’une petite baignade. Bien qu’il soit étonnamment possible d’y rester la nuit, nous avons préféré la tranquillité d’un petit surplomb rocheux un peu plus loin.


3. La baie Saint-Georges

Une grande plage de galets et de sable aux eaux cristallines attirant beaucoup de familles, le bruit et les commerces qui vont avec. Mais vue de loin, c’est magnifique.


4. Le petit village traditionnel de Krini

C’est l’un des plus vieux villages de Corfou, avec sa typique place circulaire centrale où les habitants aiment se retrouver, voire s’asseoir des heures à regarder ce qui se passe. Souhaitant respecter leur intimité, nous n’avons pas fait de photo. Mais nous avons retrouvé la petite place est ses habitants sur Google Street View, dont le véhicule muni de caméras multiples a eu moins de scrupules. Imaginez tout de même que nous sommes passés là avec Roberto, en essayant de n’écraser personne !


5. Le château byzantin d’Angelokastro

On ne peut aller le voir qu’en traversant le village précédent. Il a fière allure, perché au sommet de son rocher. L’intérieur est plutôt en ruines mais offre un magnifique panorama sur la grande bleue 300 m au-dessous et sur le nord de l’île.


6. La zone touristique de Paleokastritsa

Elle est probablement l’un des endroits les plus spectaculaires de Corfou, avec ses criques turquoise entourées de collines vertes et fleuries. Avec la contrepartie d’une fréquentation maximum genre serviette contre serviette sur les plages et bouée contre bouée dans l’eau, sans parler de la circulation difficile. Nous nous sommes contentés d’admirer le paysage et de prendre quelques photos avant de fuir.


7. Le raté des plages de Limni

Ce sont deux plages jumelles qui se tournent le dos de part et d’autre d’un isthme. Aucune route n’y mène. On y accède soit par bateau, soit par un sentier très pentu. Le ciel devenant menaçant, nous nous garons au plus proche du sentier, dans le virage d’une route très peu fréquentée et remettons la balade au lendemain. Mais le temps n’était pas bien meilleur, alors nous nous sommes épargnés le sentier raide et devenu du coup potentiellement glissant. Nous avons repris la route.


8. Un petit restau à Pelekas

Nous étions venus dans ce petit village pour voir un panorama à 360° depuis l’observatoire du Kaiser. Mais le temps toujours grisâtre ne m’a pas donné envie d’immortaliser le paysage depuis cet endroit. Il nous  est resté le village, pas extraordinaire, mais doté de quelques restaurants dont l’un nous a donné envie de goûter à la cuisine grecque. Rien d’exceptionnel pour commencer, juste deux petites spécialités courantes mais surtout locales. C’est comme pour le ti ‘punch : il n’est jamais meilleur que consommé aux Antilles !


9. L’Achilleion

Elisabeth d’Autriche, la fameuse Sissi, était passionnée par la culture hellénique et notamment la mythologie. Son personnage préféré était Achille, auquel elle s’identifiait en raison de sa propre nature rebelle et indépendante. Lorsqu’après plusieurs drames familiaux et une sorte de road trip en Europe elle décida d’établir résidence à Corfou, c’est tout naturellement qu’elle dédia son palais au héros d’Homère, le baptisant Achilleion. Elle décora l’intérieur et le jardin de multiples œuvres d’art. Le premier étant en travaux, seul le second nous était accessible le jour de notre visite. Nous avons entre autres été impressionnés par la grande statue d' »Achille triomphant » de 6 mètres de haut (11 m avec le piedestal). A ceux qui souhaiteraient savoir si Sissi a fini ses jours à Corfou, je dis non non non, elle est morte assassinée à Genève 7 ans après la fin de la construction de l’Achilleion.


Visite de la ville de Corfou

Corfou, comme Oléron, est la capitale de l’île éponyme. Reste à savoir qui a commencé le premier. La vieille ville, bien conservée ou restaurée, est un melting pot des influences des différents occupants des Vénitiens aux Grecs en passant par les Français et les Anglais. Récit en images.




Passage en Grèce continentale

Nous reprenons le ferry pour la ville d’Igoumenista. Cette fois le navire est de grande taille et Roberto n’a aucun mal à y rentrer, même si la marche arrière est encore de mise. Si la soute est quasi pleine de véhicules, les passagers sont en petit nombre. Comme si personne n’avait envie de quitter Corfou… Mais c’est que nous avons beaucoup de choses à voir, nous !


Les montagnes du Nord-Ouest

Dans la logique de l’itinéraire et parce que nous avons envie de prendre un peu le frais, nous nous dirigeons vers la région des Zagoria, toute proche de l’Albanie, alternant montagnes toutes vertes, vallées profondes et quantité de roches calcaires, le tout traversé par des petites routes étroites et particulièrement sinueuses.

Notre première route, en cul-de-sac, nous amène aux villages de Micro Papigo et Mégalo Papigo, dont les maisons aux murs de roches calcaires et aux toits de lauzes sont typiques de la région, formant de beaux ensembles homogènes, entourés de falaises montagneuses impressionnantes. Entre les deux, nous passons la nuit près d’un petit canyon bordé de piscines naturelles, encore un peu fraîches pour la baignade au moment de notre visite.


Nous gagnons ensuite les Gorges de Vikos, formant le canyon le plus profond du monde si l’on en croit l’inscription sur le Livre Guinness des Records. Dans ce cas précis, c’est en tenant compte de la profondeur (900m) proportionnée à sa largeur. Parce que le Grand Canyon dépasse tout de même les 1300m de profondeur si je ne m’abuse. A ce tarif là, Roberto est le plus vaillant fourgon du monde si l’on se limite aux Fiat Ducato bleu impérial ayant parcouru 32 pays en 3 ans avec 2 trous bleus au côté gauche (si vous avez envie de relire « Le baptême du van », cliquez ici). Mais revenons à notre canyon qui est tout de même assez impressionnant, surtout lorsque l’on s’avance jusqu’au bout de l’étroit chemin à flanc de falaise qui se termine dans le vide sans aucune protection.


Sur la route du retour, nous nous arrêtons au bord d’une autre curiosité de la région : la forêt de pierre. En fait des colonnes de couches de calcaires empilées parsemant une vraie forêt. Curieusement l’endroit est moins visité que le belvédère du canyon, et nous le trouverons suffisamment calme pour y passer la nuit. Le terrain était en légère pente, mais autant dire que nous n’avons pas eu de mal à trouver de belles pierres plates pour horizontaliser Roberto. Beaucoup de voyageurs nomades transportent avec eux des cales à cet effet, mais c’est assez encombrant et nous nous accommodons volontiers d’inclinaisons jusqu’à environ 3%, d’autant que nous n’avons pas de frigo à gaz qui supporte mal les pentes.


Perte de latin

Une des grosses difficultés du voyage en Grèce est la langue. Pas tant l’oral, beaucoup de Grecs parlant Anglais, voire Français dans les lieux touristiques, que l’écrit qui apparaît pour nous comme des hiéroglyphes. La lecture des panneaux routiers est délicate. A la vue d’un panneau d’avertissement, nous nous demandons toujours sur quoi nous allons tomber, pourquoi pas sur une bombe nucléaire qui vient d’exploser, qui sait. Tout est possible ! Et nous ne pouvons même pas compter sur les cartes de Google Maps, envahies elles-aussi par les caractères grecs. Quant au traducteur de Google qui marche plutôt bien dans pas mal de langues, il apparaît ici assez limité. Bon, pour l’instant on se débrouille, mais nous avons totalement intégré l’expression « y perdre son latin » !


Le tour de Jannine

Ok, la ville s’appelle Ioannina, ce qui veut tout de même dire Jannine en Grec. Elle est située au bord du plus grand lac de la région, au niveau d’une péninsule de forme carrée que recouvre une citadelle. Une jolie route arborée longe le lac sur toute la limite de la ville, permettant aussi bien aux promeneurs et autres joggers de s’y promener qu’aux voitures de se garer à l’ombre. Et gratuitement qui plus est, comme cela semble être la règle dans la majorité du pays pour l’instant. Un très bon point pour la Grèce. La circulation, bien que raisonnable n’est pas compatible avec un bivouac, aussi nous prenons un peu de hauteur pour aller contempler la ville de haut et dormir au frais. Avec une vue splendide aussi bien à la nuit tombée qu’au petit matin. Le récit de nos visites – dont un superbe Musée de l’Orfèvrerie – en photos.



Transition saisonnière

Le printemps vient de se terminer, c’est l’occasion d’une petite pause florale avec nos dernières découvertes


Incitation à fumer

Encore une petite ville de montagne appelée Metsovo. Notre guide disait « Avant d’y arriver, vous sentirez peut-être un entêtant mélange de pin, de viande grillée et de feu de bois. Vous distinguerez ensuite des gracieux panaches de fumée s’élever au-dessus des toits de tuile (…) ». Eh bien c’était exactement ça ! La fumée au-dessus de chacun des restaurants alignés sur la rue principale semblait être la meilleure publicité du lieu. Plus ça fumait, plus grand était le nombre de gens attablés.

Ce n’était pas l’heure du repas pour nous, alors nous nous sommes contentés de fouiner dans quelques boutiques, de découvrir quelques spécialités fromagères et liquoreuses locales, et d’aller jeter un œil à une galerie artistique qui nous en faisait, de l’œil. Bon, ça ne se raconte pas trop, ça, alors je vous ai préparé un petit jeu des légendes.

a) Un bateau avec des Grecs ?
b) La conquête du Péloponnèse ?
c) Vacances en famille ?


a) L’heure de l’insuline ?
b) Bain oriental ?
c) Le Hammam des Caryatides ?

a) L’universalité de la sieste ?
b) Homard m’a tuer ?
c) Nature morte avec une femme ?


a) Portrait de la Reine Deinej ?
b) Portrait de la Reine Denim ?
c) Portrait de la Reine Sofia ?


a) Les ravages de la peste
b) Les ravages de l’alcool
c) Auto portrait

Réponses (avec les auteurs)


Compagnons d’abreuvoir

Encore un petit bivouac sympathique, juste à côté d’abreuvoirs en pierre. Ça n’a pas manqué, un troupeau de chèvres est venu nous y retrouver. Et puis le fermier qui habite juste au-dessus. Nous pensions nous faire virer, mais c’était juste pour discuter. Avec l’aide pas terrible de Google Traduction car il ne parlait pas plus Anglais que nous Grec. Nous avons tenté de lui offrir un petit verre de liqueur locale, mais il nous a dit qu’il fallait qu’il aille travailler et que ça n’était pas raisonnable…


Les Météores

Un incontournable de la Grèce que nous ne pouvions manquer : sur la région d’un ancien delta se sont formées de multiples colonnes de grès pouvant aller jusqu’à 400m de hauteur. Au Xe siècle, des moines se sont dit qu’il n’y avait pas meilleur endroit pour s’isoler du monde et prier en paix. Ils avaient d’abord occupé des grottes, mais finirent par trouver le moyen d’ascensionner certains de ces pitons rocheux à l’aide de cordes et d’échelles. Et d’y bâtir des monastères pour tenir dans la durée et mieux se défendre. Certes l’approvisionnement et les déplacements étaient ardus, principalement basés sur des filets que l’on montait avec un treuil, hissant aussi bien de la nourriture que des humains. Sur plusieurs dizaines de constructions, seuls 6 monastères fonctionnent encore et sont accessibles à la visite. Compte-tenu de la réputation et de l’originalité du lieu, nous ne sommes évidemment pas seuls. Mais les cars de touristes se contentent des monastères les plus accessibles, c’est-à-dire avec le moins de marches. Ça reste un lieu magique, tant par le décor que par l’histoire.


Le Monastère Varlaam, ci-dessous, porte le nom de l’ermite qui s’y installa pour la 1ère fois au XVe siècle. Malgré la petite chapelle et les quelques cellules qu’il avait aménagées, il y resta seul pendant 10 ans avant de mourir. Après plusieurs années d’inoccupation, deux frères vinrent s’y installer et transformer les lieux en profondeur grâce à des dons. Aujourd’hui on y trouve, outre le monastère, deux églises, un musée qui expose quelques œuvres d’art religieux et surtout explique les difficultés de la vie monacale dans les premiers temps.

L’approvisionnement et l’accès se faisaient uniquement via un treuil et des filets, pour les marchandises comme pour les humains !

C’est avec cette vue sur les Météores que s’achève ce premier chapitre sur la Grèce. Le pays est grand, nous avons encore beaucoup à découvrir. Et donc à partager. A bientôt !

Le parcours correspondant à cet article, en version zoomable ici