Nous voici maintenant au Danemark. Bien qu’encore dans la zone frontalière avec l’Allemagne, nous ressentons rapidement que nous sommes dans un autre pays, une autre culture. Les routes sont larges et peu fréquentées, parfaitement entretenues, délimitées latéralement par des pointillés. Le pays est tout plat et la vue porte loin. Le climat est océanique, nous en avions perdu l’habitude, et les alternances d’averses et d’éclaircies rythment nos journées sous un vent soutenu qui fait osciller Roberto. Ce dernier doit d’ailleurs circuler les yeux grands ouverts, c’est-à-dire avec les feux de croisement allumés en permanence, sans doute pour être bien visible quand le ciel s’assombrit fortement au passage des perturbations. Nous lui avons aussi apposé sur le pare-brise le disque horodateur adhésif dont sont équipés tous ses congénères autochtones. Les paysages sont beaux, alternant champs agricoles, prairies à vaches ou moutons et fjords encadrés de digues. Les maisons en campagne, typiquement des chaumières ou des maisons de briques, rouges aux volets blancs ou au contraire toutes noires, dépassent à peine de la lande, pour mieux se protéger du vent sans doute. En ville on se permet un peu plus de hauteur. Les Danois adorent placer des figurines de toutes sortes derrière les vitres des fenêtres. Nos premiers villages traversés étaient très pittoresques, mais c’est loin d’être le cas partout. En tout cas la propreté est exemplaire et les maisons sont bien entretenues. Une chose géniale ici est l’absence de masque, même à l’intérieur des boutiques ou des musées. Il est seulement recommandé et du coup très peu le portent. Le passe sanitaire est néanmoins obligatoire dans les salles intérieures des restaurants et dans les musées. Nous avons déjà eu besoin de le produire. Sans que notre QR code européen soit lu par une machine pour autant. Mais ce qui est écrit au-dessous a l’air de satisfaire ceux qui nous l’ont demandé. Côté nourriture ça se présente plutôt bien. Le poisson fumé remplace les saucisses allemandes et le coulis aux airelles qui l’accompagne est délicieux. Le pain est aussi varié qu’excellent. Et que dire des « danoiseries »… Tiens, un truc étonnant, lors de notre dernier achat, la boulangerie-pâtisserie vendait aussi des paquets de cigarettes, bien cachés dans une vitrine aux vitres fumées derrière le comptoir. Va savoir pourquoi.
Campagne danoise
Route en forêt (Mogeltonder)
Façades danoises
Eglise de Mogeltonder
Sculpture dans un parc
Statues à Esbjerg
Mets danois (jus de rhubarbe et de fleur de sureau, poisson frais fumé)
La côte Sud-Ouest du Danemark au moins (nous ne connaissons encore que cette partie-là) n’est qu’une longue plage de plusieurs centaines de kilomètres de longueur, avec un dénivelé presque nul qui permet aux véhicules de circuler. Nous l’avons découvert un peu par hasard et n’avons pas résisté à l’envie d’y promener Roberto. C’est de saison après tout. Pas sûr que nous aurions pu y dormir, le camping sauvage est interdit dans tout le Danemark, mais nous y avons tout de même pris le thé fenêtres grandes ouvertes sur la mer du Nord. Une de nos petites pauses comme on les aime.
Un petit point sur notre parcours avant de vous quitter : nous avons parcouru presque 8000 Km depuis le 19 avril. Nous n’avons traversé que trois pays, mais il faut un début à tout et nous avons tout notre temps. A bientôt !
Comme le suggère ce titre de Patricia Kaas, nous sommes passés outre-Rhin. Roberto sort de France, heureux de se dérouiller les roues. Nous-mêmes avons un peu l’impression de démarrer notre périple ici, tout en sachant que cette sortie de territoire ne durera que 2 à 3 semaines puisqu’il faudra bien aller récupérer nos palettes en provenance de St Barth. Si les campagnes par lesquelles nous sommes arrivés ressemblent beaucoup aux nôtres, les villes ont plus de caractère. Les maisons sont soignées, fleuries, volontiers agrémentées de babioles. Les édifices publics et religieux sont à la fois massifs et raffinés dans leur architecture.
Roberto au vert dans la Forêt Noire, un spot nocturne très tranquille
Nous faisons notre première halte à Baden-Baden, toujours fans de villes d’eaux, mais nous sommes restés sur notre faim car les deux établissements thermaux étaient fermés pour cause de vous savez quoi. La seule source publique que nous ayons pu trouver était munie d’un panneau interdisant de la boire en raison du risque de légionnelles. Dommage, car avec ses 69°C nous y aurions volontiers trempé un sachet de thé pour la pause. Nous avons néanmoins arpenté la ville et ses multiples ruelles permettant aux différents étages de communiquer (la ville s’étend de 180 à 668 m d’altitude). Nous avons dormi dans la forêt, noire évidemment, près de la station basse du funiculaire qui grimpe au sommet du Merkur, la montagne qui domine la ville afin de s’y rendre le lendemain. Un funiculaire entièrement automatisé, dans lequel il n’y a plus qu’à s’asseoir et à appuyer sur le bouton « start » pour que la machine se mette en route. Si la fonctionnalité du bouton n’était pas trop ambiguë (c’est comme en anglais mais avec l’accent allemand), ça n’a pas été le cas pour le distributeur de tickets où nous avons dans un premier temps acheté par erreur 2 tickets de bus. Il faut dire que Claudie n’a jamais pris de cours d’Allemand, tandis que, pour ma part, je me suis arrêté après les 2 premières années. Et les années collège, on sait ce que ça vaut. J’étais d’ailleurs, en tant que délégué de classe, chargé de faire fonctionner le magnéto-cassettes, ce qui ne m’a pas aidé à me passionner pour la langue. Mais avec l’outil formidable qu’est Google Traduction, nous ne nous en sortons pas si mal. Il suffit de pointer l’appareil photo vers le panneau qui nous intéresse pour que l’incompréhensif texte en germanique se transforme non pas en langue de Molière mais en un franco-charabia à peu près compréhensible. La seule difficulté est pour les textes manuscrits. On peut causer à la machine aussi, mais nous réservons cela aux situations désespérées.
Entrée des anciens thermes
Hall des anciens thermes
Détail d’une frise à Baden Baden
Le funiculaire de Baden Baden
La vue au sommet du Merkur
Deux jours plus tard, nous parvenons par d’étroites routes de campagne (merci le GPS qui nous évite les dangereuses autoroutes allemandes) à Heidelberg, parait-il une des plus belles villes d’Allemagne et capitale du romantisme. Tant mieux, les amoureux que nous sommes 😉 se sont fondus dans la masse ! Nous avons commencé par la rue piétonne la plus longue d’Europe (2,6 km tout de même) pour nous rendre à l’Office du Tourisme chercher, comme nous le faisons le plus souvent, des recommandations et une carte détaillée de la ville avec si possible des parcours découvertes. Le soir nouvelle nuit en forêt près d’un funiculaire, mais cette fois à sa station haute pour apprécier le décor dès le petit matin et rejoindre le magnifique château en grès rouge du XVème siècle, un moment la demeure de « Monsieur » et « Madame », respectivement le frère de Louis XIV et son épouse locale Elisabeth-Charlotte. Merci aux audioguides en Français ! Par ailleurs, à tous ceux qui doutent encore de l’intérêt de la vaccination, nous avons du montrer patte blanche avant de monter dans le funiculaire, à l’aller comme au retour, en produisant nos certificats sur TousAntiCovid. A défaut, nous aurions dû faire un test dans les 48h !
Vue générale d’Heidelberg
Tour du château d’Heidelberg
Heidelberg et son château célèbre
Nous poursuivons notre parcours bavarois par Rothenburg ob der Tauber, cité médiévale magnifiquement conservée, aux décors de cartes postales, dont on peut retenir quelques chiffres intéressants :
– 3 litres et demi : c’est la quantité de vin qu’a du boire en une seule traite le maire de la ville en 1631 pour sauver celle-ci de la destruction, relevant le défi lancé par l’armée catholique qui l’occupait depuis 3 mois. L’histoire ne dit pas comment il a fêté ça ensuite…
– 87% : c’est le record national des votes en faveur d’Hitler lors des élections présidentielles de 1932. Il ne sera pas élu pour autant, ne faisant que 37% au plan national. Mais se rattrapera plus tard hélas.
– 1/3 : c’est la part de la vieille ville détruite par erreur le 31 mars 1945 par les américains qui ciblaient un général nazi. Heureusement, une aide internationale permettra la reconstruction. Oh la bavure !
– 365 : c’est le nombre de jours par an où l’on prépare Noël au Musée Allemand de Noël. Nous l’avons visité le 21 juin, premier jour de l’été. Pourquoi pas ? Féérique, mais photos interdites. Vous pouvez toujours jeter un œil sur leur site : https://christmasmuseum.com.
– 42 : c’est le nombre de tours qui hérissent les remparts de la ville sur lesquels on peut cheminer.
– 7 euros : c’est le prix modique qu’il faut débourser au Kriminal Museum pour une immersion dans le monde de la torture, du Moyen-Age jusqu’aux dernières guerres. De nombreux instruments sont exposés avec leur mode d’emploi. Au Moyen-Age, la torture était une étape comme une autre dans la procédure policière, automatique dès lors que le délit était « probable » et les témoignages insuffisants. Belle époque ! Bon, le musée décrit aussi 1000 ans d’histoire du droit en Allemagne, ça finit sur une bonne note, ouf !
– FFP2 : ce sont les masques qu’il faut porter dans tous les lieux publics de la ville. Alors qu’en France ces masques sont réservés aux professionnels de santé et autres professions à risque élevé, ils sont ici imposés à tous les chalands. Il nous a fallu en acheter chez un apothicaire (pharmacien teuton).
Rothenburg ob der Tauber, la cité médiévale
Rothenburg ob der Tauber, la cité médiévale
Oui, c’est bien une VolksWagen !
Mais peut-être pas celle-là, qui est la vitrine du Musée Allemand de Noël
Le musée du crime médiéval, un masque de « honte » et un manuel de torture…
La route se poursuit maintenant vers Nuremberg, tout un programme… Auf Wiedersehen !