21. Aujourd’hui j’ai posé de la moquette

Cathédrale de Pontoise
Cathédrale de Pontoise

Pour rappel, Roberto est un fourgon « aménagé ». Et l’aménagement initial n’étant que le minimum vital, il faut le compléter petit à petit. Tout comme pour une maison d’ailleurs. Malgré notre réflexion approfondie, nous ne pouvions sans expérience de vie nomade imaginer la totalité de nos besoins. C’est ainsi que nous agrémentons Roberto de menus équipements au fil des semaines. Parmi ces broutilles qui n’étaient pas présentes dès le départ, on peut citer les filets élastiques vide-poches, très pratiques car rien ne bouge en roulant, des petits crochets pour suspendre tel ou tel accessoire, des velcros sur le rideau de douche pour qu’il ne nous colle pas à la peau pendant la séance, un tapis de bain de la même taille que notre receveur pour la douche en extérieur, un rideau de séparation entre la cabine de conduite et la cellule, afin que les gens ne voient pas le contenu depuis le pare-brise, des films réfléchissants sur les vitres de la cellule pour la même raison.

Il y a bien eu aussi quelques menues réparations, principalement du resserrage de vis qui se desserrent avec les vibrations de la route, et même un peu de peinture noire pour rendre plus discrets des accessoires extérieurs initialement blancs sur notre carrosserie bleu foncé. Tout cela nécessite un minimum d’équipement de bricolage. Une petite perceuse s’est même rapidement révélée indispensable, en adjonction à quelques outils plus basiques comme un marteau, un jeu de clefs plates, une mini-scie, un tournevis à embouts multiples, du scotch armé… La liste pourrait s’allonger, mais la taille restreinte de l’emplacement pour la trousse à outils (environ 35 x 40 x 20 cm) impose de limiter l’utile à l’indispensable.

Aujourd’hui, donc, j’ai posé de la moquette. Nos pieds se plaignaient en effet d’un léger manque de douceur au niveau du sol. Nous nous sommes mis à la recherche d’un revêtement de sol plus douillet, de taille adaptée au couloir de Roberto dont la surface est réduite au strict minimum car, comme chacun sait, un couloir c’est de la place perdue. Nous dirons donc un coupon d’environ 2,50 m sur 70 cm. Le premier magasin sur notre route, dont le nom sonne un peu comme St Cloud mais avec un truc en plus au milieu, avait des modèles qui nous convenaient, mais ne les proposait qu’en 4 mètres de largeur. Et pas sûr qu’ils n’en auraient débité que 70 cm. Nous nous sommes rabattus sur la solderie voisine, dont le nom sonne comme « j’ai fait » mais au passé simple et avec une petite tournure savoyarde. Nous y avons déniché 2 tapis que j’ai découpés soigneusement pour les adapter à notre sol, non sans mal car les contours étaient un peu tarabiscotés. Mais je suis satisfait du rendu final. Et nos petons encore plus !

Tout ça pour dire qu’en vie nomade, on bricole tout autant qu’à la maison !

P.S. L’illustration en tête de cet article est un clin d’oeil à nos amis Pontoisiens qui nous lisent régulièrement. Pour les autres, il faudra chercher l’explication dans cette ville.

Sinon voici quelques nouvelles du voyage : après quelques jours dans l’Aube pour réceptionner nos 2 palettes venues de St Barth et retrouver un peu la famille, nous voilà repartis tranquillement sur les routes. A moitié sous la pluie nous avons parcouru la jolie ville de Provins dans ses remparts bien conservés, avant d’aller nous garer pour la nuit pile devant le château de Vaux-le-Vicomte pour une visite le lendemain. Nous avions le parking pour nous seuls. Pas trop de « wouah » cependant le matin au réveil, la pluie étant encore battante. Ça s’est tout de même un peu arrangé en fin de matinée, mais pas au point de faire disparaître la grisaille sur les photos. Si les jardins sont loin d’avoir leur superbe initiale, les intérieurs du château valent le déplacement. Nous allons encore traîner quelques jours en région parisienne jusqu’à un dernier rendez-vous à Paris lundi. Nous quitterons ensuite la France pour nous diriger vers les pays Scandinaves.

Le château de Vaux-le-Vicomte pour nous seuls
Le château de Vaux-le-Vicomte pour nous seuls

avec des intérieurs luxueux qui valent le déplacement...
avec des intérieurs luxueux qui valent le déplacement

...le point fort restant la salle à manger avec ces appétissantes profiteroles
…le point fort restant la salle à manger avec ces appétissantes profiteroles

20. Résoudre : 20*C+M+B+21=?

Non ce n’est ni le Da Vinci code ni l’équation du 1er degré à 3 inconnues de l’édition 2021 du brevet des collèges. Ces caractères bizarres sont pourtant inscrits à la craie sur bon nombre de portes en Allemagne, ce qui m’a intrigué et incité à faire des recherches.

La mystérieuse inscription sur le haut de la porte
La mystérieuse inscription sur le haut de la porte

Je pourrais vous faire languir plus longtemps et vous donner la réponse dans le prochain article, mais comme je suis très gentil, je vais vous livrer la solution de suite. Ces inscriptions sont en fait renouvelées chaque année au moment de l’Épiphanie, après le passage de « Sternsinger » (ce qui signifie « chanteurs à l’étoile »), un groupe d’enfants déguisés en rois mages munis d’un bâton de pèlerin orné de l’étoile de Bethléem qui viennent pousser la chansonnette devant la porte des voisins du quartier. En échange d’un petit don à destination d’une œuvre caritative, ils béniront la maison à l’aide ce cette formule mystérieuse. Le premier et le dernier nombre désignent l’année en cours, tandis que les lettres C, M et B représentent aussi bien la bénédiction « Christus Mansionem Benedictat » (le Christ bénit la maison) que les initiales des rois mages Caspar (Gaspard en allemand), Melchior et Balthazar. L’étoile et les signes plus représentent respectivement l’étoile de Bethléem et la croix du Christ. Au total, c’est donc la façon dont on célèbre l’Épiphanie en Allemagne, reprenant la tradition des rois mages qui, guidés par leur étoile, sont allés se recueillir devant l’enfant Jésus. Point de galette à la frangipane ici, mais une brioche fourrée à l’orange et aux épices que les plus grands accompagneront sans doute d’un bon coup de schnaps. En fait je n’en sais rien, il faudra que je revienne début janvier prochain pour en être sûr.

Sternsinger ou Halloween

Je ne sais pas vous, mais moi, entre avoir devant ma porte un charmant groupe d’enfants qui chantent une jolie chanson et demandent juste une petite pièce pour sauver les myopathes et subir un sinistre groupe de monstres hurlants qui cherchent à s’empiffrer de malabars cariogènes, j’ai vite choisi ma tradition préférée.

A part ça la région de la Forêt Noire c’est toujours aussi sympa. Plein de sapins, de cascades et de torrents partout, des montagnes truffées de viaducs et de tunnels, des maisons à colombages qui défient les lois de la perspective, des enseignes en fer forgé hypertravaillées, des horloges à coucous dont les plus grandes du monde (ce sont bien 5 ou 6 boutiques qui revendiquent le titre, c’est pourquoi j’ai mis le pluriel), des chapeaux bizarres avec des gros pompons rouges ou un amoncellement de boules de Noël, et toujours cette magnifique pâtisserie locale dont j’ai pu enfin observer un exemplaire entier. A vos mirettes !

Centre-ville de Wolfach, mairie et rue décorée par une école d'arts graphiques locale
Centre-ville de Wolfach, mairie et rue décorée par une école d’arts graphiques locale

Ville de Schiltag. Dommage que les voitures aient encore accès à cette place !
Ville de Schiltag. Dommage que les voitures aient encore accès à cette place !

Boutique d'horloges à coucous à Triberg
Boutique d’horloges à coucous à Triberg

Coiffures traditionnelles en forêt noire. Pompons rouges avant le mariage, noirs après : surtout ne pas se tromper !
Coiffures traditionnelles en forêt noire. Pompons rouges avant le mariage, noirs après : surtout ne pas se tromper !

Forêt-Noire
J’ai gardé le meilleur pour la fin !

19. Parlons cuisine

Parlons cuisine
Soupe franconienne
Soupe franconienne

Les deux ingrédients de base de la cuisine allemande sont les saucisses et les pommes de terre. Difficile donc de trouver des plats qui ne contiennent ni l’un ni l’autre. Même cette soupe « franconienne » que j’ai commandée pensant échapper à la règle contenait les deux ! Il parait qu’il existe plus de 1000 variétés de saucisses en Allemagne. Quand je pense à De Gaulle qui disait sa difficulté à gouverner un pays où il existe 258 variétés de fromages, je comprends la problématique d’Angela Merkel !

Pour varier un peu les protéines, les œufs sont une bonne alternative. Encore faut-il ne pas se laisser influencer par les couleurs. Nous avons en effet été intrigués de voir dans les rayons des supermarchés ces œufs multicolores, ou d’autres tachetés aux allures de ballons de foot ou de Dalmatiens. Nous avons finalement compris qu’il s’agissait d’une façon de distinguer les œufs cuits des œufs frais. Et testé pour confirmer l’absence de chocolat ou même de poussin à l’intérieur comme dans les œufs incubés thaïlandais.

Vrais œufs colorés
Vrais œufs colorés

Côté laitages, là aussi les habitudes sont un peu différentes. Les yaourts sont géants (150 à 200% le volume des nôtres, pas faciles à caser dans notre frigo), le 0% de matières grasses n’existe pas (il faut jongler avec les 1,5%, 3,5%, 4,7%, etc.). Le contenu des desserts lactés est parfois difficile à identifier, et Google traduction n’est pas toujours à la hauteur. Dernièrement, nous hésitions sur une semoule à la cannelle que le traducteur qualifiait de « à la viande », ce qui paraissait peu probable compte-tenu des produits avoisinants dans le rayon. Nous avons quand même acheté le produit, qui s’est avéré excellent !

Yaourts allemands
Yaourts allemands

Terminons par le top du top, le dessert préféré des Allemands, l’incontournable forêt-noire. Vous distinguerez dans la superbe présentation qui nous a été faite la génoise au chocolat imbibée de kirsch (ça ne se voit pas sur la photo mais je vous assure qu’il y en avait), les cerises imbibées de kirsch (aussi), la crème Chantilly et les copeaux de chocolat. L’habit ne fait pas le moine, c’était excellent, d’autant plus que la dégustation s’est faite en plein coeur de la région éponyme. C’est comme le Ti’punch, il est toujours meilleur aux Antilles qu’à Argenton-sur-Creuse !

Forêt-noire. Miam !

D’une manière générale, les supermarchés sont de type « hard discount », un peu comme Lidl en France (la chaîne est d’ailleurs très représentée ici). Plusieurs supermarchés peuvent être contigus sur un même parking. Les hypermarchés classiques sont plutôt rares, uniquement situés dans les grandes villes. Nous prenons nos repas environ 7 fois sur 10 à bord de Roberto, les autres étant pris lors de nos balades en ville, dans de petits restaurants en terrasses ou simplement composés de sandwiches consommés sur un banc face à un beau paysage. Nous ne cuisinons pratiquement pas pour l’instant, nos interventions se limitant à l’assemblage de crudités, au réchauffage de plats cuisinés achetés au rayon traiteur des supermarchés et à la découpe de fruits frais. Le soir nous nous contentons en général d’une soupe et d’un dessert lacté. Pas d’alcool dans le van, mais nous pouvons goûter aux bières ou vins locaux au restaurant. Pas trop une vie d’ascète tout de même !

A suivre…

18. Les châteaux de Louis

Château de Neuschwanstein
Château de Neuschwanstein

Louis II de Bavière était comme nous, il n’aimait pas trop les grandes villes et préférait la sérénité de la campagne. Mais la comparaison s’arrête là car il voulait aussi vivre dans des châteaux. Du coup, ses moyens le permettant, du moins au début, il a consacré sa vie à construire et aménager des châteaux, tous très beaux et un peu délirants à la fois, au milieu de nulle part. Sur ses trois projets, il ne réussira à en finir qu’un seul, le château de Linderhof, dédié à Louis XIV pour lequel notre bâtisseur avait une profonde admiration, recopiant d’ailleurs à l’identique le lit de notre monarque national. Les jardins sont d’ailleurs taillés « à la française ». Le second château construit par Louis II de Bavière, que nous n’avons pas visité, est une réplique de Versailles. Le dernier, toujours non terminé est identifiable de loin puisqu’il a servi de modèle à Disney pour le château de la Belle au Bois Dormant. Vous n’aurez pas de photo d’intérieur, seul le plaisir des yeux étant autorisé, mais si vous voulez en savoir plus, tapez Neuschwanstein (comme ça se prononce) sur votre moteur de recherche favori. La folie des grandeurs de notre Roi a fini par agacer son entourage politique qui s’est arrangé pour le déclarer, à tort parait-il, atteint de folie tout court. Il ne s’en remettra pas et mourra mystérieusement …avec son psychiatre.

Château de Lindhorf
Château de Lindhorf

Château de Hohenschwangau et le bus joliment décoré qui va à Neuschwanstein
Château de Hohenschwangau et le bus joliment décoré qui va à Neuschwanstein

Châlet-restaurant bavarois avec le château en arrière-plan
Châlet-restaurant bavarois avec le château en arrière-plan

Lac Alpsee près des châteaux
Lac Alpsee près des châteaux

A bientôt pour la suite

17. Appartement à louer, 7 centimes par mois

Eh oui, c’est possible ! Ce paradis locatif se situe dans la cité de La Fuggerei, près du centre-ville d’Augsburg en Bavière. C’est en fait la plus ancienne HLM du monde, fondée en 1521 et toujours complète depuis. Si vous voulez en bénéficier, il faut déjà venir habiter à Augsburg, c’est la première condition. Ensuite il faut avoir très peu de moyens. Il ne vous restera plus qu’à vous inscrire sur la liste d’attente pour espérer occuper un jour l’un des 140 appartements de la cité, 2 chambres, cuisine équipée, salle de bains avec douche à l’italienne. La cité est équipée d’une église, d’un restaurant et même d’un gardien la nuit ! Ah oui, j’oubliais, en contrepartie du loyer modique, il vous faudra juste effectuer 3 prières par jour pour le fondateur et sa famille.

La cité du bonheur, avec une de ses portes ci-dessous
La cité du bonheur, avec une de ses portes ci-dessous
Porte de la cité du bonheur

A suivre…