37. Une demi-douzaine d’E

E comme Estonie

E comme Estonie, le premier de ma demi-douzaine d'E
La frontière avec la Russie à Narva : drapeaux européen, estonien, municipal et, au loin, russe

La petite république balte a bien du mérite. Sa population d’origine a longtemps été ballotée au gré des invasions successives, des Vikings aux Russes en passant par les Danois, les Suédois, les Allemands et même les Polonais. Chacun des occupants tentant de faire intégrer sa culture et sa religion, tout en prenant à chaque fois les rênes de l’économie. Profitant d’une faiblesse de l’occupant Russe (renversement du tsar par les bolcheviques), l’Estonie proclama enfin son indépendance en 1918. Mais le pays fut repris par les Russes en 1939, par les Allemands en 1941 puis de nouveau par les Russes en 1945 avec une longue et douloureuse période de répression, un exode massif et de nombreuses pertes humaines. Néanmoins, la résistance s’organisa peu à peu, et le pays finit enfin par récupérer sa souveraineté en 1991. Autant dire que c’est une jeune démocratie. Les dirigeants ont mis les bouchées doubles pour lancer une économie capitaliste qui fonctionne plutôt bien, au point d’être acceptés dans l’Union Européenne en 2004 et d’adopter l’Euro en 2011.


E comme Est

Les longues périodes d’occupation soviétique ont forcément laissé des traces. L’habitat n’a plus rien à voir avec celui des pays Scandinaves. Les petites maisons de pêcheurs en bois rouge brique parfaitement entretenues ont fait place à de vieilles baraques dont le bardage mural pastel s’écaille ou pourrit lentement, quand il ne s’agit pas de grands immeubles en brique si impersonnels qu’il faut leur adjoindre un numéro – souvent à deux chiffres – pour que les habitants puissent retrouver leur logement. Dans la campagne, les grandes fermes collectives abandonnées sont légion. Seul le Nord-Est garde une communauté russophone importante. Nous y avons même trouvé une statue de Lénine encore debout.

Très tôt l’Estonie a tourné le dos au géant Russe pour développer une économie libérale en opposition de phase avec celle imposée par son ancien occupant. Elle le surveille néanmoins du coin de l’œil, craignant de subir le même sort que la Crimée ou l’Ukraine. Elle songe même à édifier une barrière le long de sa frontière avec la Russie. Tout en rêvant de creuser un tunnel sous la Mer Baltique pour mieux échanger avec Helsinki. Car l’Estonie se sent bien plus proche de la Finlande, avec qui elle a des racines culturelles communes, qu’avec les autres pays baltes, la Lettonie et la Lithuanie.


E comme e-Stonie

C’est le surnom qui a été attribué au pays compte-tenu de son avance dans le domaine du numérique et des nouvelles technologies. Skype est un pur produit Estonien et les habitants de la petite république balte utilisent depuis longtemps Internet pour déclarer leurs revenus ou signer des documents en ligne. Les enfants apprennent même à coder à l’école primaire. En 2014, l’Estonie fut le premier pays à proposer le statut de résidence électronique aux non-résidents. Si vous voulez en savoir plus sur les avantages de ce statut, si vous souhaitez pour une centaine d’euros créer votre entreprise domiciliée en Estonie, c’est ici.

Nous avons pour notre part expérimenté cette avance numérique en visitant un musée. Le ticket d’entrée, imprimé à notre nom et intégrant notre langage, permet lorsqu’il est apposé sur le commentaire de tel ou tel objet exposé de le convertir en Français. Simple et efficace, beaucoup moins fastidieux qu’avec Google traduction. De plus, apposer le ticket permet, si on le souhaite, de télécharger ce commentaire et des références sur un carnet numérique que l’on peut récupérer en ligne pendant un mois. Vive le progrès !


E comme Estonia

Monument en hommage aux victimes de l’Estonia, en forme de trajectoire interrompue (Tallin)

Si nous avons pu traverser sans souci la mer Baltique dans notre ferry, cela n’a pas été le cas pour les pauvres 989 passagers de l’Estonia, qui sombra en 15 mn au milieu d’une nuit de tempête au cours de sa traversée de l’Estonie vers la Suède en 1994. 852 personnes y ont laissé la vie, la pire catastrophe maritime jamais observée en Europe. Le rapport d’enquête conclut en 1997, après avoir envoyé un sous-marin examiner l’épave à 85m de profondeur et après avoir remonté la porte avant qui s’était détachée à une erreur de conception du ferry. En 2000, une équipe américano-allemande réexamina les données et re-plongea sur l’épave, concluant pour sa part que la porte ne s’était pas simplement détachée en raison de la tempête mais qu’elle avait cédé à une explosion, supposée liée à des munitions que transportait le ferry. Le gouvernement Suédois mit fin à cette théorie du complot en déclarant l’épave « sanctuaire marin » (650 personnes s’y trouveraient encore), en y interdisant toute plongée et en larguant du sable dessus pour officiellement la stabiliser, ce qui évidemment attisa davantage les suspicions. En juillet dernier, une nouvelle équipe dirigea un sous-marin sur l’épave et identifia un trou béant dont ne parlait aucunement le rapport d’enquête initial, attribuant la cause à la rencontre avec un sous-marin. Terriblement d’actualité alors que nous sommes en plein dans le procès du Bugaled Breizh. Le dossier pourrait être réouvert. A suivre. Pour en savoir plus, vous pouvez lire cet article.


E comme Envers

Renversant, non ?

Parlons tout d’abord de cette attraction amusante bien que non spécifiquement Estonienne, une maison construite exprès à l’envers juste pour le fun et réaliser quelques clichés surprenants. Pour nous autres ayant vécu l’ouragan Irma, elle n’est pas sans rappeler la cabane des surfeurs de la plage de Lorient jusqu’au cimetière situé 200 mètres plus haut.


Plus typique est le kiiking, une manière bien Estonienne d’utiliser les balançoires en s’y mettant debout, les pieds attachés sur le siège et en intensifiant le balancement jusqu’à faire un tour complet au-dessus de la barre. Plus la corde est longue, plus c’est difficile à réaliser. Le record est de 7 mètres… Pour en savoir plus, consultez le site dédié kiiking.ee


E comme Ephemeride

Terminons cet article comme la dernière fois par nos découvertes journalières au cours de la semaine qui vient de s’écouler. Une petite semaine cette fois, à l’image de la taille du pays.

Vendredi 8/10 : Tallin la capitale


Samedi 9/10 : Randonnée dans les tourbières et visite d’une galerie d’art



Dimanche 10/10 : Visite d’un manoir, balade dans son grand parc puis sur le « chemin des castors » et enfin marche en bord de mer




Lundi 11/10 : réveil ensoleillé sur la plage puis visite de Narva, poste frontière avec la Russie, et enfin d’un couvent orthodoxe

Roberto prend de belles couleurs près de la plage de Toila. Oui, nous avons osé coucher à Toila !

Un couple Estonien refait le monde devant la forteresse Russe juste de l’autre côté de la frontière



Mardi 12 : La vraie et la fausse vierge de Mustvee, un autre cimetière et la maison à l’envers de Tartu




Mercredi 13/10 : Tartu, son musée de pointe, son université, les ruines de son ancienne cathédrale, son couple d’étudiants qui s’embrassent devant la mairie



Jeudi 14/10 : dernier jour en Estonie


Le château de Sangatte

Voilà, j’ai pu caser tous mes E sans trop m’embrouiller. Nous sommes passés en Lettonie et c’est une autre histoire. A bientôt !



36. A deux doigts

Il y a des jours comme ça où l’on passe tout près de lieux où d’évènements que l’on aurait rêvé de voir …ou pas. Voici quelques unes de ces rencontres ratées de peu.

A deux doigts de la Russie

En rejoignant l’extrémité Sud-Est de la Finlande, nous sommes passés tout près de la frontière Russe, à moins de dix kilomètres à un moment. Notre projet initial prévoyait une excursion d’une dizaine de jours jusqu’à Saint-Pétersbourg, distante d’à peine 170 km, permise par un visa électronique beaucoup plus simple à obtenir que le visa classique. Mais voilà, le covid est passé par là et les e-visas sont suspendus. La Venise de la Baltique et les coupoles de la cathédrale Saint-Sauveur attendront notre prochain passage.


A deux doigts des chutes du Niagara

Ce même jour, nous étions sur le point de découvrir les chutes d’Imatra, autrement appellées les chutes du Niagara finlandaises. Elles furent en effet les plus importantes d’Europe jusqu’à ce qu’un barrage hydroélectrique construit en amont vint changer la donne. Depuis, l’eau n’est libérée que pour sauver un minimum d’activité touristique, seulement 20 minutes par jour et uniquement en été. Et devinez quoi ? Nous sommes en automne et avons donc raté le spectacle de peu. La fée électricité n’est pas celle des touristes ! En guise d’illustration et de consolation, je vous ai mis le mieux que j’ai pu trouver, à savoir le déversoir de la retenue d’eau du centre-ville de Tampere. La hauteur de la chute doit bien friser les 9 mètres 50…


A deux doigts du Sahara

Vrai de vrai, nous ne nous attendions pas en passant dans cette rue près du port de Kotka, à voir ces grandes dunes de sable, ces palmiers et cette procession de chameaux. En y regardant de plus près, nous découvrons que ces dunes sont en fait constituées de copeaux de bois, entreposées là pour la fabrication de papier, une grande spécialité de la région. Pour prendre notre revanche de nous être fait duper, nous nous sommes faits en retournant dans Roberto un petit thé à la menthe…


A deux doigts de figurer dans la saison 4 de Bordertown

Car oui, nous sommes restés une journée et une nuit dans la ville de Lapeenranta, là où se déroule l’intrigue de cette série policière très prisée des Finlandais. Impossible de savoir si le tournage de cette nouvelle saison est en cours, mais comme elle n’est pas encore sortie, c’est tout à fait envisageable. Si vous voulez avoir un aperçu de cette série, voici la bande annonce. En réalité, nous avons abandonné le visionnage en cours de route, pour cause de lenteur excessive et d’intrigues trop complexes. Du noir scandinave trop noir ?


A deux doigts de choper une contravention

Le bon côté en Finlande, c’est que le stationnement est rarement payant. Mais comme partout, il y a des règles, celles explicites sur les panneaux et celles non-dites. Ce doit être une de ces dernières que nous n’avons pas respectées car alors que nous pensions être bien garés sur ce petit parking le long du port, les roues bien à l’intérieur des bandes de marquage au sol, bien perpendiculaires au trottoir, et le disque de stationnement bien en vue, nous avons tout de même trouvé au retour de notre balade un petit papillon sous notre essuie-glace. Disant que nous étions mal garés et que l’explication était jointe – ce qui n’était pas le cas. Disant surtout que, l’infraction étant jugée mineure et que nous n’étions pas récidivistes, nous écopions d’un simple avertissement. Ouf, car les amendes sont parait-il, dans les pays nordiques, aussi salées que les poissons.


A deux doigts de tomber sous le charme d’un marché animé et typique

Mais le rédacteur de notre guide n’avait pas dû fréquenter le lieu un 1er octobre. L’expression trois pelés et un tondu aurait sans doute pu convenir si les chalands de ce marché central de la ville de Loviisa n’étaient pas coiffés de bonnets compte-tenu des températures frisquettes du jour. Sur cette place désertée, la seule vraie animation, et encore, était un bus transformé en bar où l’on pouvait consommer aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. La couleur blanche nous faisait penser à un long camping-car, du coup l’idée d’y prendre un café ne nous a même pas effleuré, tant ça aurait ressemblé à notre quotidien !


A deux doigts de visiter un aquarium haut de gamme

Là aussi, la description qu’en faisait notre guide était prometteuse : « tout sur les poissons et l’environnement marin de Finlande », « 22 aquariums à thème, le plus beau étant la cuve cylindrique de 500 000 litres qui comprend les poissons de la mer Baltique, et dont la profondeur de 7 mètres reflète la profondeur moyenne des lacs finlandais », « théâtre marin », « expositions », « café ». Le prix réduit à l’entrée aurait dû nous alerter, mais nous avons pris nos billets sans rien demander. A l’intérieur, très peu de visiteurs, une dizaine d’aquariums à tout casser (non, nous ne serions quand même pas allés jusque là !) dont plusieurs nécéssitant de s’agenouiller pour réussir à voir l’intérieur. A l’inverse, beaucoup de photos accrochées au mur. C’est peut-être le seul aquarium que nous ayons vu où il y a davantage de poissons en photo que dans les bassins ! Et bien entendu l’aquarium de 500 000 litres est …en maintenance, caché derrière du papier kraft. Quant au théâtre marin, nous ne l’avons pas trouvé. Ah, j’oubliais le nourrissage des poissons, l’attraction-phare de 15h30 comme annoncé sur le programme. J’imaginais une sorte de boucher-pêcheur en tablier ciré venant jeter des morceaux de viande saignante sur lesquels les esturgeons affamés se jetteraient tels des piranhas. Mais non, ce fut la petite dame toute frêle qui nous avait vendu les billets qui alla jeter trois cuillers de flocons pour poissons rouges dans le bassin, sans susciter de véritable remous parmi ses occupants. En France nous aurions crié à l’arnaque, mais nous sommes trop respectueux des pays visités pour faire un esclandre ici.


A deux doigts de passer une nuit calme sur un parking désert

L’avantage de voyager hors saison est que nous n’avons aucune difficulté pour stationner, de jour comme de nuit, ce qui n’a pas toujours été le cas en juillet-août. Et nos nuits sont en général très tranquilles, que nous les passions sur des spots en pleine nature ou sur des parkings un peu excentrés des villes. Cette nuit là pourtant, alors que nous stationnions sur le parking d’un site touristique fermé en octobre, Claudie a entendu une voiture s’arrêter pas loin de nous puis des éclats de voix. Soulevant un peu le rideau, elle découvre un couple assez éméché, lui la soutenant titubant jusqu’à ce qu’elle finisse assise par terre, les deux conversant à volume élevé. La scène a duré un moment avant qu’ils ne finissent par repartir. Claudie m’a raconté tout ça au petit-déjeûner car je ne me suis aperçu de rien !


A deux doigts de ne vous parler que de ce que l’on a raté

Parce que quand même, nous avons vécu plus de belles choses que d’expériences négatives et que mêmes ces dernières font partie intégrante de notre voyage et que nous les recevons comme telles. Ce dernier chapitre liste donc les découvertes de la semaine, par ordre chronologique, à l’aide de photos légendées.






















C’est sur ce MS Finlandia de la compagnie Eckerö Line que nous quitterons la Finlande pour l’Estonie. De nouvelles aventures commencent !

34. On connaît la chanson

Ǻ, ville simple

Première étape pour nous aux îles Lofoten, Ǻ en est la ville la plus proche de l’Équateur, ou la plus au Sud si vous préférez, ou encore la moins au Nord compte-tenu qu’elle est tout de même située au-dessus du cercle polaire. Les panneaux d’entrée de ville sont rares en Norvège, mais celui-là était bien présent et méritait évidemment la photo. Comme son nom l’indique, Ǻ est une petite ville toute simple, toute belle, avec son port photogénique et si typique de ces îles norvégiennes. Les petites maisons rouges sont avant tout celles de pêcheurs, le nom de chacun est même gravé sur un poisson en bois à côté de chaque porte d’entrée. Ǻ est en fait juste un village, peu fréquenté en cette fin de saison. Nous n’avons pas réussi à trouver la mairie, et du coup nous ne saurons même pas si son maire s’appelait Ż ni si c’était un génie.

Roberto à A

Miroir ô miroir, suis-je toujours la plus belle ?

Quand on traverse les îles Lofoten, on a non pas la guitare mais l’appareil photo qui démange. Les paysages de cartes postales se succèdent. Les petits villages et les ports bordés de montagnes abruptes et saupoudrées de neige ont un reflet quasi parfait sur l’eau lisse et immobile des fjords et des lacs, au point que l’on pourrait retourner l’image sans voir la différence. On trouve aussi quelques jolies plages avec des surfeurs et plus rarement des baigneurs. Avec 11°C dans l’eau, il faut un minimum d’habitude et de témérité, non ?


Les aurores de la guerre

Narvik, sur le continent, a été le siège d’une bataille navale de plusieurs années au cours de la seconde guerre mondiale. Pourtant, cette guerre, la Norvège ne voulait pas la faire ni tuer de pauvres gens. Elle s’était déclarée neutre et se contentait de protéger son territoire, comme ici à Narvik, où elle avait posté deux simples navires de défense côtière à l’entrée du fjord. Ils n’ont pas résisté longtemps aux destroyers allemands venus s’emparer du port et s’assurer ainsi le bon transit du minerai de fer venant de Suède pour fabriquer chars et canons. Les alliés s’en sont émus et sont venus prêter main forte aux Norvégiens, reprenant le dessus malgré de lourdes pertes, des deux côtés d’ailleurs. Une soixantaine d’épaves de navires de guerre parsèmeraient les fonds marins de la région. Les Allemands ont fini par partir mais en brûlant tout derrière eux. Les panaches de fumées colorées par les flammes devaient joliment colorer le ciel, mais il n’y avait pas grand monde pour apprécier.

Garde-côte norvégien
face à un destroyer allemand
équipé de torpilles comme ça…

80 années plus tard, le ciel est toujours coloré, mais certaines nuits seulement. Ce n’est peut-être pas un hasard si c’est dans cette ville que nous avons pu observer notre première aurore boréale. C’est vraiment un spectacle magnifique, difficile à immortaliser sur nos smartphones, qui ne rendent pas compte par ailleurs du côté mobile du phénomène.


Tromsø, 3ème ville mondiale pour le tourisme ???

C‘est TripAdvisor qui le dit, donnant ce classement pour la « meilleure expérience touristique ». Bon d’abord TripAdvisor n’est pas la tasse de thé des coureurs de monde en fourgon aménagé comme nous. Ensuite, tout dépend de l’argumentaire. Ce qui attire le plus les voyageurs selon le site, ce sont :
– le soleil de minuit, sûrement intéressant à vivre, mais visible seulement 2 mois par an, de fin mai à fin juillet
– l’observation des orques et des baleines, mais il faut savoir que ces mammifères marins fréquentent la région principalement de novembre à janvier. Ça fait beaucoup de morte saison.
– les randonnées en kayak dans le fjord. D’abord, c’est bête à dire, mais il faut qu’il y ait de l’eau, car une grande partie de l’hiver les fjords sont gelés et là c’est plutôt Holiday on Ice avec les kayaks. Et quand tout est fondu, il faut encore que les températures soient raisonnables : qui va risquer un esquimautage quand la température de l’eau descend au-dessous de 9 degrés, à partir de novembre ?
– les aurores boréales, magnifiques certes mais 100% incompatibles avec le soleil de minuit, et pas vraiment visibles en ville à cause des lumières parasites. Ces traînées lumineuses changeantes ne sont observables que lorsque le ciel est dégagé et qu’il fait nuit noire, de fin septembre à fin mars.
– les balades en traîneau, qui nécessitent aussi un minimum de neige au sol. Si on ne sait pas ça en achetant son ticket, alors oui là on se fait balader !
– l’appellation « Paris du Nord » : on a eu beau se balader sur l’avenue le cœur ouvert à l’inconnu, aucune ressemblance ne nous est apparue. Pourquoi cette appellation ? A l’inverse de notre capitale, la ville de Tromsø a été quasiment rasée par les Allemands et reconstruite sans guère de charme.

Bon et nous alors ? Le soleil de minuit, les baleines, les orques et la neige étaient en vacances lors de notre passage. Les aurores boréales aussi en raison du ciel couvert la nuit. Nous avons tout de même exploré le musée polaire, la cathédrale arctique (architecture proche de l’opéra de Sidney), le centre-ville avec ses maisons et églises en bois, et nous avons pris le téléphérique pour voir la ville de haut et prendre l’air.


Ferry tales

Ferry Tales, ça ne vous rappelle pas une chanson ?
C’est la vue que nous avions de notre lieu de bivouac. Sympathique, non ?

C‘est sympa de prendre les ferries. Ça nous permet de sauter d’île en île et d’éviter ainsi de longs détours, voire des allers-retours inutiles comme dans le cas des Îles Lofoten, reliées au continent par un pont. L’usage est simple, il suffit de se mettre dans la file d’attente puis d’entrer dans le ferry dès qu’il est arrivé. Pas besoin de prendre de billet. Notre plaque d’immatriculation est scannée soit automatiquement par une caméra, soit manuellement par un employé. Elle est connue des autorités puisque nous nous sommes enregistrés au préalable sur un site dédié valable dans tous les pays scandinaves. Ils nous adresseront la facture par mail le moment voulu. A défaut d’enregistrement, la facture est envoyée par courrier à l’adresse mentionnée sur la carte grise. Nous avons passé la nuit dernière sur le parking d’un ferry, situé dans un hameau de 2 ou 3 maisons, au bord d’une petite plage. Bien nous en a pris car, grâce à l’absence de pollution lumineuse et à un ciel bien clair, nous avons pu observer notre seconde aurore boréale. Yes !


Halte à Alta

A force d’aller plus haut, toujours plus haut, nous sommes arrivés dans la bien nommée ville d’Alta, située presque au niveau du 70ème parallèle. Jamais nous n’étions allés tant au Nord, et ce n’est pas fini ! Comme ses sœurs du coin totalement reconstruites après la dernière guerre, la ville n’a rien de spectaculaire au niveau architectural. Elle présente tout de même un intérêt scientifique et culturel majeur, hébergeant 2 des 7 sites norvégiens classés au patrimoine mondial de l’Unesco. Le premier est un site d’art rupestre, découvert en 1973, recensant aujourd’hui plus de 6000 gravures dans la roche, datant de 2000 à 7000 ans. Le second est le point de passage de l’arc géodésique de Struve, un savant russe qui pendant 39 ans a dirigé des mesures par triangulation tout le long d’un méridien, sur une distance de plus de 2800 km, confirmant et chiffrant ainsi l’aplatissement de la Terre à ses pôles soupçonné par Isaac Newton 2 siècles plus tôt. Enfin Alta a mis en place en 1899 le premier observatoire mondial dédié à l’étude des aurores boréales, dans lequel le norvégien Kristian Birkeland a pu déterminer leur mécanisme. La ville possède d’ailleurs une église très moderne dont l’architecture est censée représenter une aurore boréale.

Pas faciles à voir au début ici,

On voit bien les activités dominantes de l’époque, élevage du renne et pêche

Au voleur ! Rends-moi ma console !
…là, les gravures ont été peintes comme autrefois

Au milieu en bas, la marque d’un poteau électrique planté là par erreur avant la découverte du site !

L’église « boréale » d’Alta

Alors que cet article se termine, vous vous interrogez peut-être sur le rapport entre le titre et son contenu. Mais n’avez-vous pas reconnu quelques paroles de chansons insérées ça et là ? Il y en a une dans chaque chapitre. Relisez si vous n’avez pas tout trouvé et s’il vous en manque, n’hésitez pas à me demander la solution !

Nous se sommes plus qu’à 150 km du Cap Nord, le parcours de Roberto a été mis à jour sur le lien ci-dessous. Bonne lecture et à bientôt, merci de voyager avec nous !

32. Article en PTHD

Amis cruciverbistes vous n’allez pas être déçus. Ou peut-être si, c’est selon. Les paragraphes de cet article sont pour une fois rédigés à la manière de définitions de mot croisés, mais généralement assez tordues, vous me connaissez. C’est pourquoi j’ai qualifié l’article de PTHD, soit « Pas Très Hautes Définitions ». Et encore, vous avez échappé au pire, j’avais imaginé initialement le titre « Des messages avec définitions »… Allez, commençons !

a) beautés nordiques (en 6 lettres)

Attention de ne pas se laisser influencer par la photo de gauche, une des charmantes sculptures qui parsèment les rues de la capitale de la Norvège, où nous sommes depuis hier soir. En effet, la photo est trompeuse, les vraies norvégiennes ne sont pas si bronzées, enfin celle-là oui, mais d’une autre façon. Depuis que nous avons quitté Göteborg et commencé à remonter la côte Ouest de la Suède, puis celle de la Norvège, les paysages ont bien changé. Les lacs, les forêts de pins et les terres agricoles ont fait place à de profondes criques bordées de falaises gazonnées et de roches granitiques. C’est bien des fjords dont nous parlons, ces profondes vallées d’origine glaciaire envahies par la mer, pas spécifiques des pays scandinaves, mais c’est quand même la Norvège qui en compte le plus.

Ci-dessus et ci-dessous : fjords de Marstrand et Fjällbacka (Suède)

b) dévorateurs désordonnés (en 11 lettres)

Quoi ? Vous ne connaissez pas les dévorateurs désordonnés ? Ils étaient pourtant une vingtaine dans ce grand espace naturel de la côte ouest de la Suède, de qualité et de taille très variables, mais il en faut pour tous les goûts. En réordonnant les lettres vous retrouverez enfin ces œuvres d’art que vous cherchiez (oui c’est bien l’anagramme de dévorateurs, vérifiez si vous voulez). Ce qui est intéressant ici, c’est la dispersion de ces sculptures dans un espace de huit hectares connu jusqu’ici pour héberger des reliques de l’âge de pierre et des tombes âgées de 2000 ans. Certaines de ces oeuvres sont visibles de loin, d’autres ne sont aperçues qu’au dernier moment, au détour d’un chemin. Après, on ne les aime pas forcément toutes, mais l’art c’est l’art. C’est à Pilane en Suède, et si vous voulez en savoir plus, c’est ici.


c) polémiques sur le net mais mythologiques à Oslo (en 6 lettres)

Selon la définition, c’est un individu bête et méchant qui aime générer des polémiques quel que soit le sujet de conversation. Avouez que sur le net vous en avez rencontré en grand nombre depuis le printemps dernier, des admirateurs de professeurs marseillais aux vaccinophobes convaincus en passant par les adeptes de la théorie du « grand reset ». La Scandinavie n’est sans doute pas épargnée par le phénomène mais c’est certainement beaucoup plus rare que chez nous, culture oblige. Et c’est peut-être parce eux les connaissent bien, les trolls, ces génies plus ou moins malfaisants qui sévissent exclusivement la nuit. Parce qu’ils sont nés là-bas. Mais à l’inverse des parasites des réseaux sociaux, je trouve les trolls scandinaves plutôt sympathiques.


d) buanderies québecoises (en 7 lettres)

Parlons un peu d’une partie triviale de notre vanlife : le lavage du linge. Nous avions bien sûr dans notre projet initial exploré les différentes possibilités. Dont celle d’embarquer une mini-machine. Mais à moins de se limiter au lavage des sous-vêtements, ces machines de 1 à 3 Kg de linge restent encombrantes, peu pratiques d’emploi (la vidange est le plus souvent manuelle par exemple), fragiles et bruyantes. Sans compter qu’elles ne sèchent pas et que nous n’avons pas envie de transformer l’intérieur de notre fourgon en étendoir géant. Nous avons finalement opté pour les laveries automatiques, choix qui s’est avéré très satisfaisant jusqu’ici. Mais depuis la Suède, ces établissements se font rares, le linge étant traditionnellement lavé là-bas, en dehors des maisons individuelles, dans les buanderies collectives des immeubles qui en possèdent tous une. Ça se présente mieux depuis que nous sommes arrivés en Norvège, puisque la seule ville d’Oslo en héberge au moins quatre. Pourvu que ça dure !

Et là où dans la plupart des laveries non scandinaves on utilise des pièces pour lancer les machines ou les séchoirs, ici rien de tout ça. Nous n’avons d’ailleurs fait aucun change ni utilisé d’espèces depuis la Suède. Tout se fait soit par carte bancaire, soit comme ici à Oslo à l’aide d’une application. Il suffit de renseigner le numéro de sa machine et de faire ok. C’est beau le progrès !


e) symboles de la France à Oslo (en 10 lettres)

Juste devant le parlement norvégien, en plein cœur de la capitale, cet ensemble de trois petits bâtiments bleu, blanc et rouge attire notre attention, d’autant qu’ils sont surmontés respectivement des inscriptions « liberté », « égalité » et fraternité. En y pénétrant, on peut même y entendre De Gaulle ou la Marseillaise et même s’asseoir sur un trône de la République. Une rapide recherche sur le net nous apprend que ces sanisettes – mais oui vous ne rêvez pas – ont été offertes par la France à la Norvège pour célébrer le centenaire de son indépendance (d’avec la Suède) en 1905. Ça a fait polémique sur le moment, beaucoup auraient peut-être préféré un truc du genre la grande statue à l’entrée du port de New York, mais ça s’est calmé depuis que le norvégien initiateur du projet a expliqué que c’était tout à l’honneur de la France qui avait ainsi donné au pays deux de ses plus grandes inventions : la constitution (celle de la Norvège s’en est largement inspirée) et les toilettes publiques. Cocorico ! D’autres merveilles osloïtes suivent en photo.

Sanisettes françaises près du parlement, dans le centre d’Oslo
Le Parlement Norvégien
Le palais royal
La garde prête à être relevée
La bibliothèque et l’opéra

Souvenirs nordiques

Eglise médiévale en bois « debout »

Que regardent des statues devant un musée d’Oslo ?

Plus de 200 statues
au toit tout en marbre,

Street art

A l’intérieur aussi c’est du bois

Le Pôle Sud, qu’ils ont atteint les premiers en 1911

dans le Parc Vigelen
sur lequel on peut marcher

Mouette (terme générique…)

La Cène, au fond

A l’aide du Fram, le navire le plus solide au monde (en 1911)

par l’artiste éponyme

f) 2 quatrains sur 2 rimes embrassées et 2 tercets (en 6 lettres)

Dans un article précédent, je vous avais conté l’une de nos mésaventures à la manière d’Andersen. Je vous la fais cette fois à la manière de Rimbaud, ou plutôt Rambo devrais-je dire tellement le style est archaïque. Un essuyage de plâtres qui date du début de notre voyage, et dont nous n’avions pas jugé utile de parler. Maintenant que notre fierté est ravalée, avec un zeste de poésie et une dose d’humour, je vous livre ce sonnet. Avec l’original, car ça fait du bien de ressortir les classiques en cette période de rentrée scolaire.


Le baptême du van

C’est un parking en dur tout près d’un groupe scolaire
Et d’une route nationale, tout sauf un spot nature.
Ils sont arrêtés là sur un coup de colère,
Après une dispute à propos d’un vieux mur.

Ils s’étaient engagés dans une ville médiévale
Avec leur fourgon bleu tout juste réceptionné.
L’étroitesse des ruelles arrêta leur cavale
Le GPS pourtant n’avait rien mentionné.

Demi-tour impossible, il fallut reculer
Eviter tant le mur que l’auto qui montait
Et devinez la suite, l’auto gagna c’est moche

Le fourgon est donc là dormant sur ce parking
Rêvant peut-être à la pelouse d’un camping
Tranquille. Il a deux trous bleus au côté gauche.

JM Rambo (2021)

Le dormeur du val

C’est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.


Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.


Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.


Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Arthur Rimbaud (1870)


Nous venons d’arriver à l’extrême Sud de la Norvège, sur la péninsule de Lindesnes. Comme l’indique la pancarte, il ne nous reste plus que 2518 Km avant de rejoindre le Cap Nord, une bagatelle !
Du haut du phare le spectacle est magnifique, et nous n’en sommes qu’au début. Merci de nous suivre, nous vous ferons volontiers partager la suite. N’hésitez pas non plus à commenter, cela fait plaisir de savoir que l’on est suivi 🙂

31. Au fil des jours

L’écume du jour

Mais quelle est donc cette écume mousseuse au bord de cet étang ? Pour en savoir plus, il faut évidemment s’approcher de plus près…

Eh bien on dirait qu’une véritable bataille de polochons vient de se dérouler ici. Cette écume bizarre est bien constituée de plumes, probablement celles perdues par les volatiles qui colonisent en nombre cette zone de l’étang. Simple renouvellement estival ou mue nuptiale, difficile à dire. Quant à l’espèce en question, ni Claudie ni moi n’étant bien forts en noms d’oiseaux, nous attendrons que les spécialistes le disent (d’eider bien sûr… Oui je sais ça ne casse pas trois pattes à un canard).


Le marché du jour

Il y a des trucs bizarres dans les magasins, c’est sûr.

Déjà l’absence de yaourts en pots individuels nous pose problème, nous devons nous contenter des briques d’un litre forcément assez liquides. Depuis notre arrivée en Suède, nous n’avons encore pas trouvé de lait longue conservation et devons acheter du lait frais, et donc forcément nous approvisionner à flux tendu.

Nous sommes très peu consommateurs de sauces, mais là par contre le choix est gigantesque, avec notamment des rayons entiers de sauces en tubes, comme pour la mayonnaise chez nous. Et tout ça dans un rayon intitulé trompeusement « kaviar ». A craindre qu’ils ne montent leur mayonnaise avec des œufs …d’esturgeons !

Les crevettes sont en vrac dans des frigos bahuts. Mais le pire c’est peut-être ces choses douteuses qui flottent dans on ne sait quoi comme ces aliens orangés ou ces gros cornichons jaunes, à prendre en seau complet ou au détail. D’ailleurs la confiture aussi se conditionne en seau ou en boudins souples.

Enfin, les confiseries sont particulièrement abondantes. Les Suédois en sont parait-il les premiers consommateurs en Europe. Pour autant, le rayon le plus coloré n’est pas celui des bonbons mais plutôt celui des fruits, particulièrment bien mis en valeur par des miroirs, comme vous pourrez en juger sur la photo ci-dessous.

marché du jour

Un beau jour à Stockholm

Il ne faut pas croire, le soleil n’est caché en moyenne que 13 jours au mois d’août à Stockholm. Notre séjour dans cette ville a été conforme aux statistiques : une première journée très ensoleillé et une seconde avec de la grisaille et parfois des averses. La capitale est vraiment agréable, très aérée avec sa multitude d’îles qui communiquent par des ponts ou des ferries, lesquels se prennent comme on prendrait un bus (le ticket fait la correspondance avec le métro par exemple). Nous avons joué les touristes classiques. Le récit de nos visites est en photos. Deux attractions font l’objet de chapitres séparés.

stockholm aux beaux jours

Ce n’était pas son jour

Le Vasa avait coulé dans le port de Stockholm 20 minutes après sa mise à l’eau en l’an 1628. Ce navire de guerre devait être à la hauteur de son commanditaire Roi Gustave II Adolphe : richement décoré, richement armé, plus haut que large pour être rapide et efficace. Avec sans doute un peu trop de tout ça, il a perdu l’équilibre à la première brise, s’est couché sur le côté et a sombré en quelques minutes.

Il est resté au fond du port pendant 333 ans avant que l’on réussisse enfin à trouver la technique pour le renflouer. Mais aussi pour le conserver. Il a encore fallu 17 ans d’arrosage au polyéthylène glycol pour que le bois finisse par trouver une certaine solidité et que l’épave puisse enfin être exposée au public. Mais grâce à tous ces efforts, c’est une merveille qui s’offre à nous, unique en son genre. 95% du bateau est d’origine. Difficile de croire quand on voit cette masse impressionnante devant nous, avec tous ces détails dans les sculptures que tout cela est resté plus de trois siècles sous l’eau.

Le vrai Vasa… tel que sauvé des eaux
…et sa maquette au 1/10 avec les couleurs originales

Les ABBA-jours heureux

Le groupe suédois le plus célèbre bénéficie d’un musée dans Stockholm depuis 2013. On y apprend tout sur l’histoire de leur formation, concrétisée en 1970, leur carrière fabuleuse pendant seize années où ils ont vendu plus de 160 millions de disques avant de se séparer en 1986 et de mener chacun une carrière solo. Mais le phénomène ABBA ne s’éteint pas pour autant, de nombreux groupes le font revivre, la comédie musicale puis le film Mamma Mia relancent les ventes. Un projet de spectacle avec les hologrammes des artistes est en cours. Le plus étonnant c’est que le site qui est dédié à ce projet vient tout juste de sortir, pile le lendemain de notre visite. Nous avons peut-être déclenché un truc en faisant une fausse manip sur nos audioguides ? Le lien pour les fans : https://abbavoyage.com/


Deux jours plus tard…

Partis au petit jour sous une pluie battante, nous avons fait une traversée express du sud de la Suède pour rejoindre Göteborg, deuxième ville la plus peuplée du pays. Mais nous vous raconterons cela plus tard, demain est un autre jour.