22. La poule du Bois de Boulogne

Roberto au Bois de Boulogne
Roberto un peu perdu au milieu de ses congénères

Pour la première fois en trois mois, Roberto et nous sommes allés au camping. Mais pas n’importe quel camping : le Camping de Paris s’il vous plaît. Par principe nous n’affectionnons pas particulièrement ce genre d’endroit, préférant les endroits naturels et calmes à la promiscuité, mais le choix d’un camping dans notre courte étape parisienne présentait l’avantage indéniable de ne pas avoir à circuler et stationner dans la capitale. Le Camping de Paris est situé dans le Bois de Boulogne, en bordure de Seine, avec pour adresse Allée du Bord de l’Eau, c’est dire. Nous avons à l’arrivée senti nos craintes se confirmer lorsqu’il a fallu faire la queue derrière plusieurs véhicules imposants rien que pour rentrer, et aussi faire la queue à l’accueil pour gérer l’administratif. Mais un petit quart d’heure après c’était fait, et nous détenions le plan magique du lieu pour nous guider jusqu’à notre emplacement de 90 m², entre 2 haies et avec un arbre au milieu. Mais Roberto est svelte et malgré un désir irrésistible de se frotter contre l’écorce à la manière d’un Baloo, il a réussi à se faufiler entre l’arbre et la haie, pour un repos de deux nuits. Au final le camping s’est avéré étonnamment calme malgré un taux de remplissage assez élevé. Et bien desservi par plusieurs lignes de bus rejoignant le centre-ville en moins d’une heure de trajet. Nous avons pu faire tout ce que nous avions prévu et sommes repartis le surlendemain matin de notre arrivée sous un beau soleil. Mais quel rapport avec la poule me direz-vous ?

J’y viens.

Le titre était bien sûr une accroche et, bien que stationnés dans le Bois de Boulogne à bord d’un fourgon, nous n’avons aperçu aucune de ces dames que vous imaginiez, ni même n’avons été sollicités. Enfin ça c’était parce que nous étions à l’intérieur du camping. En fait de poule nous n’en avons vu que le nid. Mais un beau, aussi profond qu’inattendu sur cette belle Allée de Longchamp. Tout de suite après le choc, rançon des véhicules modernes, une série d’évènements se sont produits simultanément et spontanément : les feux de détresse se sont allumés, le plafonnier également, les portes se sont déverrouillées et le moteur s’est arrêté. Une alarme sonore du genre de celle émise par une centrale nucléaire juste avant son autodestruction se serait déclenchée que n’en aurions pas été davantage surpris. Naturellement, quasiment tous les voyants se sont allumés sur le tableau de bord, ainsi qu’un message indiquant que le moteur avait été coupé « par sécurité » et qu’il fallait consulter la notice pour désactiver l’alarme et pouvoir redémarrer le moteur. Nous voilà donc en train d’expérimenter notre première panne en pleine rue et en plein Paris. Difficile de faire pire ! Heureusement, l’Allée de Longchamp est peu fréquentée à cette heure de la journée. Je sors me déguiser en gilet-jaune et vais installer mon triangle de sécurité pendant que Claudie consulte le mode d’emploi de Roberto. Nous trouvons assez rapidement les explications sur la nature de la panne : en cas de choc un peu fort, un contacteur de sécurité coupe l’arrivée du carburant afin de limiter le risque d’incendie. Il suffit donc de réenclencher ce contacteur pour pouvoir redémarrer. Le problème est que les explications du manuel pour le trouver sont plutôt obscures. Laissant supposer d’abord qu’il est situé près de la batterie. Je pars donc chercher la batterie, plutôt sous le capot comme pour la totalité des véhicules que j’ai eu en ma possession jusqu’ici. Encore faut-il savoir ouvrir ce capot. D’habitude, il suffit de soulever un petit levier sous le tableau de bord, comme pour la totalité des véhicules que j’ai eu en ma possession jusqu’ici. Mais impossible de trouver ce f… levier. Claudie ressort le manuel et détermine que la chose se révèle en ouvrant la portière avant, ce qui est confirmé rapidement. Une fois le capot ouvert, rien qui ressemble de près ou de loin à une batterie. Une nouvelle exploration du manuel indique qu’elle est à l’intérieur de l’habitacle, sous les pieds du conducteur. Oui, c’est tellement logique, pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ! Effectivement la batterie apparait après avoir dégagé les tapis de sol et déclipsé une espèce de couvercle en plastique. Mais pas le fameux contacteur. Vous imaginez bien que pendant ce temps-là, une foultitude de véhicules défile autour de nous, les uns klaxonnant, les autres ralentissant pour voir s’il n’y a pas de sang sur le pare-brise ou encore un cadavre. Oui ce serait mieux un cadavre. Je suis à deux doigts d’appeler l’assistance quand me vient l’idée de chercher sur Internet. « Google est ton ami » n’arrête-je pas de seriner à mes proches quand ils cherchent une information, pourquoi ne pas avoir appliqué cela à moi-même de suite ?

J’ai dû taper les bons mots clefs car la première image proposée par mon ami est celle du contacteur en question et permet en outre de le localiser assez rapidement, sous le tableau de bord côté passager, loin de la batterie donc. Claudie enclenche le biniou (ou le bitin, pour les créolophones), je teste le démarreur et ouf, Roberto sort du coma ! Le temps de remettre en place les différents caches, de récupérer le triangle et de me remettre en civil, nous quittons les lieux rapidement. Moins d’un kilomètre plus loin, nous tombons dans un embouteillage à l’entrée sur l’autoroute A1. Nous nous consolons en nous disant que si la panne était arrivée ici, ça aurait été bien pire. Et qu’au final la mésaventure nous aura appris plein de trucs utiles sur Roberto.

Après une bonne journée de route, nous sommes aux portes du Luxembourg. Enfin, une frontière à franchir !

14. Pic et pic et pictogrammes

Notre parcours français se poursuit malgré nous, pour cause de retard dans l’expédition de nos 2 palettes depuis St Barth. Nous en profitons pour voir la famille et quelques amis, pour retourner à Rodez faire quelques ajustements sur Roberto (un placard qui grinçait, une petite fuite sur un tuyau d’évacuation, rien de bien méchant mais plus facile à faire chez l’aménageur qu’à l’autre bout du Monde), et bien sûr pour faire du tourisme. Nous adorons nous perdre sur les petites routes de campagne, nous arrêter quand ça nous chante pour voir un monument, pour lire une pancarte ou pour prendre quelques photos. Quand d’autres s’agacent derrière un tracteur, nous nous réjouissons que l’engin nous donne plus de temps pour admirer le paysage. Nous n’allons tout de même pas totalement au hasard, du moins pour l’instant, puisque nous avons quelques destinations à respecter. Nous définissons en général un parcours approximatif à l’aide du GPS, que nous avons paramétré pour éviter les autoroutes (l’antithèse de notre projet), les chemins de terre (Roberto n’aime pas se salir les pieds) et les tunnels inférieurs à 3 m pour ne pas renouveler l’histoire de Flip-Flop la girafe (que ceux qui ne la connaissent pas m’écrivent sur le formulaire de contact. Ce premier trajet dégrossi va ensuite évoluer au fil de nos envies, en fonction des informations touristiques fournies par notre carte routière, mais aussi selon les panneaux indicateurs que nous découvrons au bord des routes, ceux auxquels nous ne prêtions aucune attention dans notre vie d’avant. Maintenant, après un peu d’apprentissage, nous les connaissons par cœur, mais ça n’a pas été toujours évident, aussi nous aimerions vous faire profiter de nos recherches au travers d’un petit quizz. 3 propositions, 1 seule bonne réponse pour chaque panneau, à vous de jouer !

Pic et pic et pictogrammes

1 : A – Stade de rugby, B – Champ d’œufs de Pâques, C – Parc naturel régional
2 : A – Centre de la galaxie, B – Parc national, C – Cité médiévale
3 : A – Ville pluvieuse, B – Ville photogénique, C – Réserve naturelle
4 : A – Arboretum, B – Site remarquable, C – Conservatoire du littoral
5 : A – Monument historique, B – Château-fort, C – Ruines remarquables
6 : A – Voisins vigilants, B – Site classé, C – Village français
7 : A – Meilleur MacDo de France, B – Meilleurs M&M’s de France, C – Musée de France
8 : A – Jardin remarquable, B – Architecture remarquable, C – Prothésiste mammaire remarquable
9 : A – Bureau électoral, B – Caserne, C – Cimetière militaire
10 : A – Terrain du conservatoire du littoral et des rivages lacustres, B – Parc ou jardin ayant reçu le label « remarquable » décerné par le ministère de la culture, C – Point d’accueil du public dans un espace naturel sensible

Les bonnes réponses sont à la fin de l’article… ou sur le site Ornikar à l’origine du dessin.


En illustration, voici quelques sites traversés depuis le dernier article. Nous terminons notre parcours français par Strasbourg. Notre premier franchissement des frontières se fera vers l’Allemagne. A très bientôt !

Le Puy en Velay (43)
Le Puy en Velay (43)

Bivouac au hasard de la route
Bivouac au hasard de la route

Claudie a voulu voir Bozouls alors on a vu Bozouls (12)
Claudie a voulu voir Bozouls alors on a vu Bozouls (12)

Abbatiale de Conques (12)
Abbatiale de Conques (12)

Les Pierres Jaumâtres de Toulx-Sainte-Croix (23)
Les Pierres Jaumâtres de Toulx-Sainte-Croix (23)

Château de Joinville (52)
Château de Joinville (52)

Panorama de la Colline de Sion-Vaudémont (54)
Panorama de la Colline de Sion-Vaudémont (54)

Obernai
Obernai (67) et ses cigognes
Obernai (67) et ses cigognes

Rosheim (67) derrière des vignes
Rosheim (67) derrière des vignes

P.S. Résultat du quizz : 1C2B3C4C5A6B7C8A9C10C

A suivre…

13. Une semaine à Sainté

Une semaine à Sainté
Le restaurant Roberto
Roberto c’est aussi une institution de Saint-Étienne !

Après Saint-Barth et Saint-Trop, nous rejoignons Sainté, diminutif de Saint-Étienne, où résident notre fille Mélusine et son mari Maxime. Pour nous mettre dans le bain, c’est sur le vaste parking arboré du stade Geoffroy Guichard qui nous garons Roberto pour passer nos nuits. Nous gagnons régulièrement le centre-ville à pied ou en tram pour profiter de la réouverture des terrasses des restaurants et aussi celle des musées. Nous visitons le musée de l’art et de l’industrie et ses trois expositions très intéressantes sur les manufactures locales : armes, cycles et rubans.

St Etienne a produit des armes du Moyen-Âge jusqu'en 2001
St Etienne a produit des armes du Moyen-Âge jusqu’en 2001

Toujours sur le thème de l’économie locale, nous explorons ensuite le musée de la mine, situé au niveau de l’un des principaux puits de Saint-Étienne, juste devant la gare du Clapier construite sur la première ligne ferroviaire de France (1827) qui servait à exporter le charbon jusqu’à la Loire à Andrézieux. Toute la vie des mineurs y est retracée : salle des pendus (vêtements suspendus par des poulies), douches, lampisterie, badges de présence, machines d’extraction, et travail dans la mine. Sous le chevalement, une structure métallique qui soutient l’ascenseur, nous descendons casqués dans une mine parfaitement reconstituée, avec des galeries différentes selon les époques et un petit train pour circuler entre. Très émouvant de s’immerger dans cette vie très ingrate qui s’est heureusement (pour les mineurs) terminée en 1973.

Puits Couriot
Puits Couriot
Salle des pendus
Salle des pendus
Jetons de présence des mineurs
Jetons de présence des mineurs

Maxime, qui connaît le pays comme sa poche, nous emmène aussi faire de superbes balades dans les environs de Saint-Étienne, une nature très riche toute proche de la ville. Nous crapahutons ainsi le long des gorges de la Loire ou des barrages sur le Furan tel celui du Gouffre d’Enfer. Nous parcourons aussi de charmants petits villages perchés au sommet des collines.

Gorges de la Loire
Gorges de la Loire
Gorges de la Loire
Barrage du Gouffre d'Enfer
Barrage du Gouffre d’Enfer

Saint-Étienne est aussi renommée pour ses arts créatifs, et de nombreuses œuvres sont d’ailleurs disposées ça et là au coin des rues ou sur les places. Plusieurs musées et expositions sont naturellement consacrées à ce sujet. Nous n’en visiterons que deux car il faut bien en garder pour une prochaine fois. Le premier est le Musée d’Art Moderne et Contemporain. S’il est difficile de relater une telle visite, j’aimerais en extraire juste la photo d’une œuvre qui m’a amusé. Son auteur, Hassan Sharif, a couvert un mur entier de têtes de balais interverties. Je ne sais plus comment il a baptisé sa création, mais moi, compte-tenu de ma situation récente, j’ai juste envie de l’appeler « L’âge de la retraite ». Si vous ne trouvez pas pourquoi, passez-moi un message !

L'heure de la retraite...
L’heure de la retraite…

La seconde exposition prend place à la Cité du Design et s’intitule « Flops : Quand le design s’emmêle« .

Affiche des Flops

Elle regroupe 3 catégories d’objets, les improbables, les introuvables et les inconfortables. Les premiers sont de vrais flops industriels et il est étonnant qu’ils aient pu être commercialisés un jour. A l’instar de cette poupée conçue pour être l’antithèse de Barbie mais tellement effrayante qu’aucun enfant n’en a voulu (elle reste par contre utilisée dans des films d’horreur…) ou encore de cette machine à fabriquer des préservatifs in situ, méconnaissant totalement la psychologie masculine. La catégorie des « introuvables » regroupe des objets sortis d’une imagination débordante mais totalement inutilisables, comme ce jeu d’échec sphérique, cette table de ping-pong ondulée, cet appât pour requin en forme de jambe de nourrisson ou encore ce miroir pour mythomane où la face réfléchissante est remplacée par un portrait de Napoléon. La dernière catégorie, les « inconfortables » a été créée volontairement par l’artiste Katerina Kamprani qui, en modifiant pourtant de façon modérée mais bien ciblée des objets du quotidien, réussit à leur enlever toute fonctionnalité.

Deux flops industriels typiques
Deux flops industriels typiques

Appât pour requins et Miroir pour mythomane, deux "introuvables"
Appât pour requins et Miroir pour mythomane, deux « introuvables »

Parmi les inconfortables :

La visite est terminée. A très bientôt !

11. De Saint-Tropez à Gordes

Cinq jours à St Trop’

La côte près de St Tropez
La côte près de St Tropez

C’est un peu court pour passer du temps avec notre fille et son chéri, mais suffisant pour apprécier la ville de Saint-Tropez et ses environs. Les boutiques chic du centre-ville nous rappellent bien sûr St Barth, mais l’environnement pas du tout, à part peut-être la couleur de la mer dans certains secteurs. La nature est beaucoup plus verte, les fleurs multicolores sont partout et les sentiers littoraux sont pittoresques et variés. Nous visitons aussi les environs dans lesquels nous randonnons et bivouaquons. Près d’un phare, sous un moulin. Pas trop de difficultés pour trouver des coins tranquilles. Nous goûtons bien sûr à la grande spécialité locale, la galette tropézienne.

Presqu'île du Cap Taillat
Presqu’île du Cap Taillat

Ramatuelle
Ramatuelle

nature multicolore
Nature multicolore ou monochrome
Nature multicolore ou monochrome

Et la fameuse tarte tropézienne !
Et la fameuse tarte tropézienne !

La vanlife c’est ça…

Une petite rubrique que j’espère récurrente pour vous faire part de quelques anecdotes sur le quotidien de la vie en van. Je vous relate aujourd’hui ma dernière douche en plein air. Eh oui, la cabine de douche étant assez étroite, je profite volontiers d’un arrêt en pleine nature pour prendre une douche à l’extérieur. La salle de bains est en effet munie d’une douchette extractible qui passe facilement par la fenêtre. Nous sommes donc garés au bord d’une forêt de pins parasols, au milieu de nulle part. Je commence à me savonner dans le plus simple appareil à côté de mon fourgon quand passe un joggeur inattendu à 5 mètres de moi, courant sur un petit sentier que j’avais à peine remarqué. Deux autres lui succèderont de près, dont le dernier avec un grand « bonjour ! ». Il n’est passé personne d’autre dans l’heure qui a suivi et il n’était sans doute passé personne dans l’heure qui a précédé. Le moment crucial, comme on dit…


On reprend la route

Bivouac à Gréoux
Bivouac à Gréoux

Après ces quelques jours sur place, la route bizarrement nous manquait et nous sommes heureux de la reprendre. Nous sommes vraiment faits pour ça ! Nous quittons la route côtière à Ste Maxime, dans une circulation dense en ce grand week-end d’Ascension pour retrouver nos départementales plus tranquilles. Nous sommes étonnés cependant d’y croiser de nombreux camping-cars ou fourgons aménagés. Nous nous demandons si c’est à cause du week-end prolongé qu’autant sont de sortie, ou bien si la mode de la « vanlife » a vraiment pris à ce point. Nous verrons bien si cela se poursuit en semaine. Nous remontons le département du Var vers le Nord-Est pour le quitter en contournant le lac de Ste Croix d’un bleu-vert étonnant. Nous longeons des plantations d’oliviers ou d’arbres fruitiers, des champs de lavande et des vignes avec en toile de fond les Préalpes. Arrivé le soir, peu avant l’heure du couvre-feu, nous nous arrêtons à Gréoux-les-Bains passer la nuit au bord du Verdon. Un petit parking pour nous tout seuls.

Le lendemain, visite rapide de Gréoux, avec un inévitable coup d’œil au centre thermal malheureusement fermé. Le reste de la ville est sans grand charme. Nous préfèrerons quelques kilomètres plus loin la visite du Colorado Provençal, une ancienne carrière d’ocre qui nous donne un avant-goût de notre futur trajet aux US.

Lac de Sainte-Croix

Thermes de Gréoux-les-Bains
Thermes de Gréoux-les-Bains

Colorado provençal
Colorado provençal
Colorado provençal
Colorado provençal
Colorado provençal
Colorado Provençal

La journée un rien pluvieuse se termine par Gordes, joli village perché sur un rocher, dont les murs des maisons entièrement en pierres calcaires se confondent avec leurs toitures en tuiles couvertes de lichen. Autour d’un imposant château central, on se perd dans de multiples ruelles aussi tortueuses qu’étroites. Le classement parmi les plus beaux villages de France parait justifié, même si nous n’en avons pas vu tant que ça. Notre éducation touristique reste à faire !

Gordes : le château
Gordes : le château
Gordes : murs de pierres
Gordes : murs de pierres