117. Italie, suite et fin

Notre parcours en Italie se termine, entre le lac de Côme et la petite ville de Muggia, près de la frontière avec la Slovénie. La grisaille et le temps pluvieux vont ternir quelque peu ce trajet et accessoirement les photos, ce sont les risques inhérents au tourisme hivernal, mais nous ferons tout de même de belles découvertes. Vous allez voir ça.

Le Lac de Garde a disparu !

Ce sont les aléas de la météo, annoncée médiocre pour toute une semaine. Nous attendions beaucoup du célèbre Lac de Garde, mais il est ce jour noyé dans la brume. Nous passons notre chemin. Pour les mêmes raisons et pour encore des difficultés de stationnement, nous shuntons la ville de Bergame si chère à Diane Tell.


Le secret de la chapelle

La petite chapelle de San-Martino-la-Bataille, au sud du lac de Garde, recèle une décoration bien spéciale derrière son autel. Point de jolies fresques ou boiseries ouvragées comme ailleurs en Italie, mais un empilement de plus de 1 200 crânes et plus de 2 000 os ayant appartenu à des soldats tombés lors de la bataille de San Martino. C’était en 1859, lors de la seconde guerre d’indépendance italienne qui opposait les royaumes de Piémont et de Sardaigne, aidés par la France, et l’Autriche. Les ossements ont été extraits d’une fosse commune où l’on avait enfoui les victimes de toutes les nationalités. Parmi les crânes empilés donc, des Français nous regardent. Impossible de les distinguer des autres. Quoi qu’en disent certains, il semble ici y avoir égalité devant la mort.


Les aimants de Vérone

Oui, ils sont bien là, au milieu des autres souvenirs, tous ces petits « magnets » en forme de cœur et portant les indissociables prénoms Roméo et Juliette (en Italien bien sûr). Forcément, la ville joue le jeu à fond, les enseignes de boutiques évoquant les héros de Shakespeare sont légion, des grappes de cadenas fleurissent sur tous les ponts. Signe des temps modernes, ils sont volontiers à combinaison, facilitant ainsi le retour sur la parole donnée, contrairement à la clef jetée dans l’Arno. La maison supposée de Juliette est particulièrement visitée, davantage que celle de son malheureux amant d’ailleurs, et nombreux sont les amoureux qui viennent se faire photographier sur le balcon (à 12€ par personne) ou en compagnie de l’effigie de l’intéressée dans la cour, tripotage de seins à l’appui au motif que cela porterait chance. Mais la palme de la récup revient sans hésiter à la police de la ville qui circule en Alpha-Roméo modèle Giulietta, à moins que ce ne soit la firme automobile qui ait eu en premier l’idée d’associer les deux prénoms.


Vérone et le test de pureté

Vérone a bien d’autres attraits que les héros de Shakespeare. Nous avons adoré la voir de haut émerger du brouillard, de notre parking gratuit au pied du château, la rejoindre grâce à un funiculaire que l’on pilote soi-même (ça se limite à appuyer sur l’un des boutons 0, 1 ou 2…) et un joli pont de pierre, la traverser via son labyrinthe de ruelles pavées et explorer ses curiosités. De piazza en piazzetta, nous découvrirons de superbes églises magnifiquement décorées, l’exceptionnelle cathédrale, les anciennes arènes pouvant recevoir 30 000 personne lors du festival annuel de théâtre, le marché et l’animation de la place de l’Erbe, et puis l’Arche de la Côte. Sous cette arche en briques est suspendue une côte de baleine depuis le XVIème siècle. Il parait qu’elle ne tombera que lorsqu’une personne pure et honnête passera dessous. Nous avons essayé au moins trois fois et elle est toujours là. C’est n’importe quoi cette légende !


Les mosaïques d’Aquilée

La ville d’Aquilée fut fondée en 181 av. J.-C. pour y développer un port permettant les échanges entre les romains et l’Europe centrale. Avec 200 000 habitants, elle était devenue la 4ème ville de l’empire Romain quant elle fut mise à sac en 452 par les Huns, ce qui profita aux autres comme Venise. Pour consoler les survivants, un évêque leur construisit une basilique dont le sol était entièrement couvert de mosaïques au symbolisme pro-catholique fort (combat d’un coq et d’une tortue évoquant celui du christianisme contre le paganisme, scènes des évangiles et grande scène marine avec 12 pêcheurs dont on devine qu’ils sont les apôtres). Ce sont donc 760 m² de mosaïques âgées de 1 700 ans que nous foulons de nos semelles impies. Non, en vérité, nous en sommes isolés par des barrières ou par des passerelles en verre. Les premiers donateurs ont aussi leur portrait en mosaïque à l’entrée de l’église, tandis que les 5 euros que nous avons versés à l’entrée ne nous donnent le droit à rien. C’est vraiment trop injuste !


Petit tour au Mont Saint-Michel

J’aurais rêvé de pouvoir me téléporter et déguster une omelette à l’Auberge de la Mère Poulard, mais c’est un tout autre Mont que nous avons visité. Le Monte del San Michele a été, lors de la Première Guerre Mondiale un haut lieu de l’affrontement entre les Italiens et les Austro-Hongrois dans une sorte de ligne Maginot locale de 600 km, avec des tranchées creusées dans le calcaire, des grottes et des tunnels comme seuls moyens de progression. Des moyens technologiques modernes, comme la réalité virtuelle et la réalité augmentée, en parallèle avec une découverte à pied des tunnels, tranchées et grottes à canons, nous ont d’abord permis de nous immerger dans la dure vie des soldats, particulièrement lorsqu’ils ont subi une des premières attaques au phosgène utilisées pendant la guerre. Mais surtout, nous avons eu droit à une passionnante explication des différentes stratégies employées par les opposants pour faire progresser leurs camps respectifs par un guide très pédagogue et développant des efforts de prononciation et de gestes pour que nous comprenions bien ses explications en italien. Une visite exceptionnelle animée par des passionnés, comme on aime.

Pour en savoir plus : https://www.atlantegrandeguerra.it/portfolio/monte-san-michele/ en faisant traduire si besoin en italien par Google.

Et nous avons eu l’honneur de figurer sur la page Facebook du Musée (que vous pouvez retrouver ici) ! Un grand merci !


Dernière étape en Italie

C’est encore dans la grisaille, qui ne nous aura pas lâchés depuis une semaine, que nous visitons Trieste. Si je voulais faire du mauvais esprit, je dirais que le principal atout de Trieste, c’est d’être à côté de Prosecco, un tout petit bled bien plus connu grâce à son vin pétillant. En vrai Trieste est un grand port sur la mer Adriatique, entouré de maisons souvent très hautes puis de montagnes encore plus hautes, les Alpes Juliennes. Comme tous les ports bien situés, elle a attiré la convoitise des autres pays, devenant tour à tour romaine, autrichienne, puis italienne. Les touristes se retrouvent habituellement sur sa grande place, entourée de palaces de styles variés avant d’aller grignoter un truc le long de son petit canal et de remonter dans leur bus. Au mieux ils auront visité un ou deux musées. Bon, vous avez compris, nous sommes un peu lassés de l’Italie, pas parce que le pays n’a plus rien à offrir, loin de là, mais parce que nous avons envie de changer de culture. Ça tombe bien, la Slovénie n’est qu’à quelques kilomètres de là.


Antonio Ligabue

Le nom de cet artiste ne nous disait rien, alors quand nous avons vu l’affiche d’une exposition lui étant consacrée dans ce musée de Trieste et que la bruine commençait à revenir, nous sommes allés nous réchauffer au sec une petite heure et nous immerger dans le monde de l’intéressé. Un style naïf, beaucoup d’animaux et d’autoportraits montrant un visage assez tourmenté, on sent l’homme un peu dérangé. Il connaît malgré tout un succès grandissant auprès des Italiens. Faites-vous votre opinion sur les œuvres ci-dessous et lisez ensuite cette belle présentation de Danielle Dufour-Verna.


La petite ville de Muggio, dans le golfe de Trieste, sera notre dernière étape italienne, mais juste pour y passer la nuit car il n’y a pas grand chose à voir ici. Demain, nous serons en Slovénie, avec du beau temps selon la météo. Chouette !


Ci-dessous la carte de notre parcours :

116. De l’île au lac

Un joli parcours depuis la dernière publication qui nous a amenés du point le plus austral de notre parcours italien jusqu’à la région des grands lacs. Nous avons découvert des merveilles, pas tant dans les paysages un peu ternis par l’hiver qu’au coeur des villes et d’édifices religieux ou encore dans des musées. Sienne, Florence, San Gimignano, Bologne, Milan, Modène, Côme nous ont comblés. J’espère que vous aussi serez conquis.

Nous en étions là…


10 mois où ?

Après sa première abdication en 1814, Napoléon fut contraint à s’exiler. On lui donna le choix entre Corfou et Elbe. Comme il n’avait pas envie d’aller se faire voir chez les Grecs, il choisit la seconde, peut-être aussi pour la ressemblance avec sa Corse natale.

Curieusement, alors qu’il avait annexé de force l’Italie, il fut plutôt bien reçu par les habitants qui y voyaient là une manière de se faire connaître. Imaginez que Napoléon ait séjourné à Saint-Paterne Racan, vous auriez entendu parler de Saint-Paterne-Racan, alors que là, non.

En arrivant là-bas, dans ce qui était devenu son royaume, il entreprit d’emblée de grands travaux pour moderniser l’île, notamment construire des routes et un hôpital (ben oui, pour les accidentés de la route, tiens) Les taxes et les impôts grimpèrent d’un coup et la sympathie des habitants descendit d’autant. Ils auraient bien bloqué les routes, mais elles n’étaient pas encore finies. Le temps que tout ça se mette en place et qu’ils constituent des stocks de lisier-à-projeter, Napoléon s’était déjà fait la malle puisqu’il ne resta dans l’île que 10 mois.

Il eut tout de même le temps d’acheter 2 maisons, que nous avons visitées. La résidence d’été est la plus spectaculaire, affichant un peu partout les symboles de l’Empereur, comme le N, l’aigle ou l’abeille. On y trouve bien sûr les pièces à vivre et du beau mobilier, ainsi que de nombreux tableaux. (suite au prochain épisode)


Tour de l’île

L’île d’Elbe fait 28 km sur 19 et possède un relief assez tourmenté. Roberto s’est fait plaisir en parcourant les petites routes parfois très étroites ou en corniche qui en font le tour. Au gré des criques et des arêtes montagneuses, on découvre de jolis petits villages, hébergeant qui un port de pêche qui une plage et quelques hôtels à taille humaine. La végétation est dominée par les pins parasols et les cactus raquettes, rappelant la Corse à ceux qui y sont allés (ses côtes sont à moins de 50 km de là). Nous sommes passés devant un étonnant télécages (comment appeler autrement cette sorte de télécabine utilisant un genre de cages à oiseaux pour transporter les gens) que nous aurions bien essayé s’il n’était pas fermé. Enfin, le climat est doux, tempéré par la mer Tyrrhénienne. Il a l’air de faire bon vivre ici. Napoléon aurait mieux fait d’y rester au lieu d’aller faire le malin à Waterloo. (suite au prochain épisode)


La fuite organisée

Le départ de l’Empereur était un peu expliqué dans la seconde résidence de Napoléon, que nous avons visitée à Portoferraio. C’est de là qu’il dirigeait son île, accompagné d’une cour de fidèles, et soutenu dans la logistique (euphémisme pour parler des bals, banquets et autres teufs) par sa sœur Pauline. Comme dans la résidence d’été, on y trouve du mobilier d’époque, de nombreux livres ramenés de France, et l’on admire la décoration à l’italienne où tout du sol au plafond est en trompe-l’œil.

Loin de l’évasion sophistiquée de Franck Morris à Alcatraz, le départ de Napoléon était tout de même réfléchi. Il profita du départ de son surveillant anglais, parti rejoindre sa maîtresse à Livourne et des réparations d’un navire de 18 mètres qui s’était échoué dans la rade de Portoferraio la capitale de l’île. Il réarma le navire de canons et de vivres, fit grimper à bord une armée réduite (sic) de 673 hommes et quitta les lieux un soir, acclamé par la population et après avoir serré la main du maire… 3 jours après, il abordait à côté de Cannes et filait à la capitale pour reprendre le pouvoir. Pour un CDD de 100 jours comme chacun sait.


Sienne de vie

Je ne connaissais jusqu’ici de Sienne que la couleur de terre figurant sur mes tubes de gouache au collège ou au lycée, sans d’ailleurs me poser la question de l’origine à cette époque. Il faut dire que les cours de dessin ne m’ont jamais intéressé. Ça ne doit pas être génétique parce que mon frère cadet a fait toute sa carrière comme prof de dessin ! Toujours est-il que nous voilà rendus à Sienne, en Toscane, et que la couleur de la terre récemment labourée dans les champs est effectivement d’une belle couleur marron. Cela dit, il parait qu’aujourd’hui on utilise davantage des oxydes de fer synthétiques qui ont à peu près la même couleur. Ça permet d’éviter de piquer de la terre aux agriculteurs, ils ont assez de problèmes comme ça.

C’est donc plutôt la ville que nous allons visiter. Encore une cité médiévale très haut perchée et piétonnisée. La forte pente des ruelles pourrait être dissuasive, aussi la municipalité met-elle à disposition des touristes et des habitants des escalators en chaînes afin qu’ils puissent parvenir au sommet. Il y a aussi pas mal de défibrillateurs au cas où…

Le point fort de la visite, loin devant tout le reste, est la superbe cathédrale, dont on découvre d’abord la façade de marbre principalement blanc qui éclate au soleil de ce début d’après-midi. D’allure plutôt plane, elle est ornée d’une multitude de sculptures très détaillées sur les angles et autour des portes. Il faut se déplacer sur le côté pour apercevoir le grand campanile noir et blanc et le dôme qui surplombe la nef. A l’intérieur, l’émerveillement se poursuit : grandes colonnes noires et blanches, mosaïques de marbre au sol, grandes fresques murales sur les parois. La bibliothèque en est totalement revêtue, des murs au plafond. Vraiment du beau boulot. Éclipsant les autres attraits proposés par la ville.


Dis-moi qui a la plus grosse…

Oui, San Gimignano est encore une cité médiévale haut perchée et piétonnisée comme la précédente. Mais chacune à sa particularité qui fait qu’on s’y arrête. Là, ce sont les tours qui dominent, 13 sur les 75 d’origine, provenant de cette époque du XIè – XIIème siècle ou les notables construisaient des tours au-dessus de leur palais, voulant montrer chacun aux autres qu’ils avaient la plus grosse. Orgueil mal placé ne profite jamais, la peste et la crise économique du siècle suivant ont fait partir beaucoup d’habitants, vers le cimetière pour les uns et vers la riche Florence voisine pour les autres. Quand on se balade dans les rues étroites de la petite ville, on se demande bien comment on avait pu faire tenir 62 tours supplémentaires. En tout cas, le caractère médiéval est bien conservé et pas trop perverti par le tourisme.


Cachez ce Saint…

Un autre point d’intérêt à San Gimignano est l’église Santo Agostino, ou plutôt ses fresques bien mises en valeur par une grande luminosité qui fait souvent défaut dans nombre d’édifices religieux. Et dans le détail, notre guide papier pointe une curiosité : sur le tableau appelé « Saint Sébastien miséricordieux », au-dessus du Saint en question la Vierge Marie a les seins nus, ce qui est assez rare dans les images liturgiques. Et le plus étonnant parait-il (le second lieu était fermé), dans la cathédrale de San Gimignano figure un autre tableau réalisé par le même artiste, Benozzo Gozzoli, un an plus tard où cette fois c’est Saint Sébastien qui est (presque) nu. La raison est que cette fois il joue le rôle de martyr pour implorer Dieu de protéger les hommes de l’épidémie de peste qui est en cours (1465).


Canem fabula


Fierté


Bellissima Firenza

En se baladant au cœur de Florence, on a l’impression d’être dans une œuvre d’art. Les façades des immeubles et surtout des palais ont un style mi-médiéval mi-renaissance, affichant volontiers des statues dans de petites niches, tandis que les édifices publics comme religieux sont couverts de fresques sur leurs murs comme sur leurs plafonds. Comme nous l’avons déjà constaté ailleurs dans le pays, plus l’aspect extérieur des bâtiments est richement décoré, plus l’intérieur est sobre et réciproquement. Ainsi, l’immense et merveilleuse cathédrale toute de marbres polychromes vêtue est presque vide à l’intérieur. Au contraire, le Palazzo Vecchio, assez sobre à l’extérieur, est presque totalement couvert de fresques sur plusieurs étages à l’intérieur. Nous verrons bien sûr quelques incontournables, comme le Ponte Vecchio, la Galerie des Offices, où l’un des David de Michel-Ange sur la place du même nom offrant un panorama sur toute la ville. Nous dégusterons quelques spécialités locales dans une petite osteria (auberge) du quartier historique. Pour éviter de perdre du temps dans les embouteillages, nous avons trouvé un petit parking tranquille au nord de Florence et pris le tramway 2 jours de suite pour gagner le centre. Florence mérite sans doute un séjour plus long, mais nous avons un long chemin devant nous.


Florence côté face


Jeu d’arcades et tours en péril

Nous quittons Florence et la Toscane pour Bologne, une jolie ville de la région d’Émilie-Romagne. Belle harmonie de façades aux dominantes ocres, grand centre historique aux rues presque entièrement bordées d’arcades, population jeune grâce à son université renommée de longue date, palais et églises richement décorés : la ville n’a pas grand-chose à envier à Florence. Ni à Pise d’ailleurs, grâce à ses deux tours qui penchent méchamment. Certes l’inclinaison de la plus penchée (3,8°) est plus faible que celle de Pise (5,6°) mais, à l’inverse de cette dernière, elle continue de s’aggraver au point que les abords immédiats du site sont fermés depuis cet automne.


Le mythe des spaghettis bolognaise

Levons tout de suite un mythe, la grande spécialité culinaire de la ville n’est pas les spaghettis bolognaise. Je n’en ai trouvé sur aucun menu et il paraît que ça viendrait des américains, ce qui ne m’étonne pas. La sauce bolognaise par contre existe bien. Elle est la base des lasagnes (dire lasagnes bolognaises est un pléonasme) et peut aussi traditionnellement accompagner des tagliatelles. A Bologne, nous avons vu aussi fabriquer un autre mets local, les tortellinis, sortes de raviolis savamment tordus. En cherchant d’autres plats typiques sur un site internet, je tombe d’abord sur un étrange message : « ce site héberge des cookies »… Non non ! les cookies ne sont pas bolognais ! Trève de plaisanterie, j’apprends que la mortadelle, la soupe anglaise (un dessert fait d’un biscuit cuiller trempé dans une liqueur à la cannelle et aux clous de girofle, auquel on adjoint crème pâtissière et chocolat noir) et le gâteau de riz sont aussi des spécialités de Bologne.


La vengeance du sculpteur

Sur la Plazza Maggiore de Bologne trône une statue de Neptune dont l’histoire mérite d’être contée : Elle fut commandée au XVIème siècle par le pape Pie IV au sculpteur Giambologna. Jugeant que l’artiste avait un peu exagéré la taille des organes génitaux, le pape lui ordonna de les rendre plus modestes. Le sculpteur fut bien obligé de s’exécuter mais trouva le moyen de se venger. En effet, lorsque l’on se place à l’arrière droit de la statue, le bras de Neptune brandi à l’horizontale lui redonne une belle virilité !


Ma nuit au musée

Certes, il ne faisait pas réellement nuit, mais après une belle matinée ensoleillée, le ciel s’était bien obscurci l’après-midi et nous nous sommes consolés en entrant visiter un musée un peu spécial dans la vieille université de sciences de la ville. Dans des locaux très sombres accompagné de sons bizarres (je dirais des baleines un peu enrouées pour vous donner une idée) nous longeons des vitrines dont le contenu semble avoir été choisi pour être dérangeant : animaux chimériques ou bicéphales, parties effrayantes d’animaux comme cet intestin d’éléphant ou cette tête toute tordue avec des dents de requin. La pièce suivante est consacrée aux humains, squelettes plus ou moins couverts de muscles comme on peut en voir dans les salles d’anatomie, mais toujours mis en scène : avec une faux, avec des yeux brillants, etc. On y trouve aussi dans un bocal de formol l’avant-bras d’un moniteur d’anatomie accidentellement tranché, selon les dires de l’étiquette, lors d’une séance de dissection. A côté, une tête en cire avec un œil exorbité est censée avoir un intérêt pédagogique, que l’on retrouve d’ailleurs un peu plus loin avec tous les muscles autour de l’œil épinglés sur une planche comme on le ferait pour des insectes. Dans une autre vitrine, une femme pose devant un crâne ouvert le cerveau apparent, avec cette légende : « Auto-portrait »… Il s’agit bien d’une scientifique réputée de l’université ! Last but not least, on découvre dans la dernière salle des dizaines d’utérus en poterie montrant l’évolution des bébés à tous les stades de la grossesse, que celle-ci soit normale, gémellaire ou pathologique, ainsi que les différentes interventions manuelles ou instrumentales pour se sortir des situations difficiles. J’ai adoré, mais je ne suis pas sûr que ce soit pour tout public !


Les ténors de Modène

Tous deux sont originaires de la ville mais ont choisi d’habiter en périphérie, tous deux ont travaillé le moteur de leur carrière, en cherchant à marier au mieux la puissance et la souplesse, tout en développant leurs gammes. Tous deux étaient passionnés de chevaux, l’un comme cavalier et comme organisateur de courses d’obstacles, l’autre en fondant une écurie de course, et tous deux ont accumulé les grands prix. Et tous deux bien sûr aimaient les belles italiennes. Vous avez reconnu Luciano Pavarotti et Enzo Ferrari, dont nous avons visité la maison pour le premier, pleine d’émotion et de souvenirs, et l’exposition-musée pour le second, riche de l’histoire peu commune de l’entreprise et de modèles magnifiques.


I have a dream


J’ai deux Milan

Alors, Claudie et le fan de Michel Sardou que je suis, comme le titre l’indique, avons visité Milan en 6 heures chrono. D’abord parce que nous étions un dimanche et que tout n’était pas forcément ouvert. Et puis parce que nous voulions sortir avant le lundi matin de la ZTL, alias Zone à Trafic Limité, qui, à l’image de nos ZFE limite l’accès des véhicules au centre-ville. Le problème est que les limites sont aussi floues que leurs caméras sont redoutables pour flasher les contrevenants ? Beaucoup de touristes s’en plaignent, bien que l’envoi de la contravention en France ne serait pas aussi systématique que pour les excès de vitesse. En tout cas nous n’avons pas voulu prendre de risque. Et puis nous avons voulu fuir la foule dense qui se pressait dans le quartier historique.

Cela dit, nous avons vu des édifices magnifiques, comme la cathédrale plus jolie en extérieur qu’en intérieur mais dont on peut accéder aux toits, l’église San Maurizio, dont le béton austère de la façade cache, à l’inverse de la cathédrale, un intérieur merveilleux presque totalement couvert de fresques de qualité. Nous avons traversé le célèbre passage Victor Emmanuel, couvert d’immenses verrières. Nous avons visité le musée de la tout aussi célèbre Scala de Milan. Et une bonne partie de la zone historique en marchant une dizaine de kilomètres. L’attraction la plus célèbre, la Cène originale de Léonard de Vinci, n’était visible que sur rendez-vous, avec 3 semaines de délai… Tant pis !




Sauvées de Napoléon

Lorsque l’Empereur de Français envahit l’Italie, bouffeur de curé qu’il était, il fit dégrader nombre d’ouvrages religieux, bâtiments comme œuvres d’art. Parmi ceux-ci, deux ont réchappé à l’Empereur d’une façon singulière.

La statue du pape Grégoire XIII sur le palais municipal de Bologne, trônant là depuis deux siècles, fut déguisée en Saint-Pétrone, le saint patron de la ville, qui attirerait moins l’attention qu’un pape. On lui rajouta une mitre et une crosse en bronze, et on inscrivit au-dessus pour parfaire le stratagème la mention « Divus Petronius Protector et Pater » (Saint-Pétrone Protecteur et Père). La statue du pape échappa ainsi à la fonte et à la transformation en boulets de canon. Aujourd’hui les attributs du Saint ont été retirés mais la mention relative à Saint-Petrone est toujours là. On ne sait jamais.


La Cène de Plautilla Nelli à Florence fut une tout autre histoire. D’abord parce qu’il s’agit de la première Cène peinte par une femme, une religieuse qu’on avait trouvé douée dans ce domaine et à qui l’on avait demandé de peindre une Cène sur un mur du réfectoire de son couvent, à l’instar de la célèbre version de Léonard de Vinci. Mais elle n’avait toujours peint que des tableaux sur toile et ne se sentait pas de réaliser une fresque. Alors elle composa son œuvre à l’huile sur une grande toile et l’accrocha au mur du réfectoire, au côté de fresques classiques. Quand deux siècles et demi plus tard Napoléon ordonna la démolition de son couvent, toutes les fresques furent perdues, mais la toile put être sauvegardée puis restaurée pour être aujourd’hui exposée au public. Ouf !


Côme ci Côme ça

C’est bien la première fois que ça nous arrive en presque 3 ans de voyage : nous avons failli abandonner la visite d’une ville faute de pouvoir y stationner. Après presque une heure à tourner en rond, nous avions renoncé et décidé de poursuivre jusqu’à la ville suivante quand une place de parking s’est soudain libérée sur notre route. Ce qui nous a permis d’apprécier la  jolie ville de Côme, au pied du lac éponyme, et de grimper sur les hauteurs grâce à un funiculaire. Le petit temple au bord du lac et le phare tout en haut sont dédiés à Volta, inventeur de la pile électrique et honoré par l’utilisation de son nom comme unité internationale de tension. Autant dire que les Comasques sont fiers de cet enfant du pays !


Surprise

Faisant le tri parmi mes photos, j’allais jeter le cliché ci-dessous quand soudain…

… mon attention a été attirée par quelque chose de bizarre :

Mais oui, il y avait bien une baleine sur ma photo, créée fortuitement* par la superposition exacte d’un candélabre, d’un arbre taillé en cylindre et d’un cyprès qui dessinaient respectivement la tête, la bouche, le corps et la nageoire caudale de l’animal ! Comme quoi faites toujours gaffe avant de supprimer vos photos.

* certes j’aurais pu vous dire que c’était totalement calculé, mais il faut être honnête de temps en temps !


C’est avec cette heureuse superposition que se termine cet article. Nous allons poursuivre la route vers l’Est en direction de Trieste, ville qui clôturera notre périple italien avant de passer en Croatie. Ci-dessous pour les amateurs de cartes le parcours suivi dans cet article. A très bientôt !

115. Cap Sud-Est

C’est reparti ! Après cette longue pause métropolitaine, nous entamons la 3ème boucle de notre périple vers le Sud-Est de l’Europe. Partant d’une petite excursion au pays de Cervantes, il nous faudra d’abord traverser toute la France pour rejoindre l’Italie, avec forcément au passage quelques visites intéressantes malgré le temps plutôt froid et maussade. Au fait, c’est quand le réchauffement climatique ?

Escapade ibérique

cap sud-est à partir de maintenant
La baie et la plage de San Sebastian

Stationnés au Pays Basque pour le réveillon, nous avons profité de l’unique journée de beau temps – bien qu’un peu frisquet – pour faire un rail-trip en Espagne jusqu’à San Sebastian. Le soleil qui nous a attirés a eu malheureusement même effet sur les (autres) touristes. N’ayant pas prévu initialement de nous baigner pour cause de mer gelée, nous avons tout de même été contraints de nager dans la foule. Avec pour effet de pénaliser la beauté du lieu.


Réveillon gastronomique

Entre amis, à St Jean de Luz, au restaurant L’instinct où travaille notre grande fille – c’était l’occasion de tout de même la voir ce soir-là, nous avons dégusté un délicieux repas gastronomique. Il ne fallait pas se laisser impressionner par le menu, bien plus axé sur la qualité que la quantité. Un délice. Et une très bonne adresse si vous passez par là 😋

port de st jean de luz
Le port de pêche de Saint-Jean-de-Luz

Bonne année !

voeux roberto 2024
Bonne Année 2024 à tous les nomades, à tous ceux qui rêvent de le devenir,
et à tous ceux qui voyagent avec nous via les réseaux !

Roberto en redemande

Iveco Fiat Cayla S.A. Rodez
J’adore le style de la salle d’attente d’Iveco-Fiat à Rodez. En plus ils sont super gentils

Nous avons rendez-vous à 8h ce matin-là au garage Iveco-Fiat de Rodez pour une dernière réparation avant notre boucle sud-est-européenne. Lors d’une précédente révision à Agen, le garage Fiat de là-bas avait décelé une « importante fuite d’huile » et proposé comme seule solution de déposer le moteur pour voir d’où ça venait, rien que ça. N’ayant rien remarqué jusqu’ici, un peu suspicieux sur la réparation proposée (un peu comme si un médecin disait à son patient : vous avez un peu de tension, il faudrait sortir votre cœur pour voir si ça ne vient pas de là) et surtout ayant d’autres projets à court terme, nous avions décliné et repris la route. Tout en surveillant un peu le sol après nos stationnements et en surveillant le niveau d’huile. Sans remarquer de d’anomalie après plusieurs mois. Toutefois, lors de la précédente visite à Rodez, nous en avions parlé et ils ont confirmé un certain degré de fuite. Habitués à entretenir les camping-cars basés sur Ducato, ils avaient déjà rencontré le problème, qui venait selon eux d’un bouchon du carter d’huile qui s’était partiellement dévissé. L’accès en était difficile, il fallait démonter un phare et puis un autre truc dont je ne me souviens plus, mais en tout cas pas le moteur ! La réparation a été faite en 2h30, pendant lesquelles on nous a gentiment proposé d’attendre dans une petite salle au chaud (températures négatives dehors ce jour-là), café à disposition si besoin. Roberto est maintenant fin prêt pour la 3ème boucle de son tour du monde.


Intermède vanlife


Poète poète stéphanois

Il ne faut pas s’mentir,
Avec ce temps neigeux
Pas trop envie d’sortir.
Nous avons préféré
Aller voir c’était mieux
l’expo des passementiers

Il ne faut pas s’mentir
Les passementiers d’Saint-É
Plutôt que de mourir
Dans les mines de charbon
Ont su bien exploiter
Un tout autre filon

La passementerie c’est l’art
De tresser quelques fils
Pour en faire des Damart,
Des ceintures, des rubans,
Des franges torses graciles.
Et même des sous-vêtements

exposition rubans
Le tissage des rubans aujourd'hui

Romans-photos

! rûr neib seloivar sel


De boulanger à cordonnier…

…ou l’histoire étonnante du facteur Cheval, architecte de l’étrange. Il consacra 35 années de sa vie à bâtir son extravagant « Palais idéal » à l’aide de matériaux qu’il trouvait pendant ses tournées quotidiennes de 43 km et qu’il ramenait après son travail avec une brouette. Le palais fut achevé en 1914, mais il fallut attendre 1969 pour que l’oeuvre soit classée aux Monuments historiques. Ferdinand Cheval n’a pas toujours été facteur. Il commença sa vie active comme boulanger, et c’est peut-être le pétrissage de la pâte qui l’incita à malaxer les différents mélanges composant son palais. Contrairement à ce que pourrait suggérer mon titre, il ne fut jamais cordonnier. C’est juste que, malgré avoir fait plusieurs fois le tour du Palais, je n’y ai pas trouvé de boîte aux lettres. Et comme on dit, les cordonniers sont les plus mal chaussés…


On termine par la boutique, avec une récupération un rien tendancieuse de l’un des textes du palais. Jugez-en…


Plutôt dessous que dessus.

Le pont d'Avignon
Le Pont Benezet à Avignon

Visiter Avignon sans voir le pont si célèbre était impensable. Maintenant je mourrai moins bête en sachant que ce pont n’atteint plus l’autre côté du Rhône depuis longtemps, avec seulement 3 arches subsistantes sur les 22 d’origine, et surtout qu’on n’y a jamais dansé tous en rond, l’étroitesse du passage ne le permettant pas. Par contre il est probable qu’on y ait dansé au-dessous, au niveau de l’île centrale qui abritait une guinguette. La comptine mériterait d’être corrigée, mais tant qu’elle permet d’attirer 400 000 visiteurs par an, la ville d’Avignon ne se presse pas. Les beaux messieurs et les belles dames du conseil municipal font cooomme ça.

Le pont d'Avignon

Retenue à la source

Voilà une expression qui conviendrait bien à ce lieu étonnant que nous a fait découvrir Françoise, notre amie l’isloise. Nous sommes à Fontaine de Vaucluse, à l’endroit précis où nait la Sorgue, pas si connue mais pourtant la 1ère source de France métropolitaine et même la 5ème mondiale avec un débit moyen équivalent à 17 800 litres de rhum par seconde. Ou d’eau si vous voulez, mais ça fait tout de suite plus impressionnant avec le rhum 😉

Au pied d’une falaise, un gouffre qui n’a pas encore fini d’être exploré laisse apparaître une jolie nappe vert émeraude qui semble tranquille. L’eau passe ensuite sous des rochers avant de laisser place à un fort courant aussi vert que limpide.

Françoise nous montre des photos prises 3 semaines auparavant, où l’on voit que l’eau du gouffre était plus haute d’une dizaine de mètres et que les rochers aujourd’hui à sec étaient noyés sous un vif courant. Dès qu’il a plu un peu ou beaucoup, toute l’eau du coin se retrouve retenue ici.

J’espère qu’à vous aussi mon petit topo aura plu un peu ou beaucoup.


Argent public


France-Italie


San Remo sans Milan


Hemingway sur le carreau


Peinture à l’eau

D’abord, la petite ville de Portofino, surnommée la perle de la Riviera italienne, se mérite. Une première tentative d’y accéder avec Roberto a échoué : bien que respectant le gabarit autorisé (max. 6m de long et 2m30 de large) nous avons été sans ménagement invités à faire demi-tour, les places de parking étant peut-être déjà complètes à 10h du matin. Nous avons alors rejoint, par la petite route aussi étroite que sinueuse, le parking le plus proche, à 5 km de la ville, rejoignant cette dernière en bus.

Mais le désagrément est vite oublié devant cette merveille : autour d’un petit port aux eaux bleu-vert se dresse une ceinture de façades alternant les couleurs chaudes et munies de volets verts comme c’est classique en Italie. Mais là, c’est la tranquillité du lieu qui fait la différence (précisons que nous sommes en basse saison) et les petits sentiers sillonnant la forêt alentour, menant qui au Château Brun qui au phare, avec des vues magnifiques sur le port et la baie.

Au retour de balade, nous fêtons dignement mon anniversaire dans l’un des rares restaurants du port, appréciant de notre table, outre des mets délicieux, la vue sur les façades colorées et leurs reflets ondoyant sur la rade. Vraiment un bel endroit, qui nous fait réaliser la chance que nous avons de pouvoir voyager.


Ne pas tomber dans le panneau

Où ne pas se laisser impressionner par le paysage !


Un bisou s’il vous plaît !

Assis à la terrasse de ce café à Gênes, ça m’a fait bizarre de demander au serveur un bisù (prononcer bisou) et il a eu d’ailleurs un petit sourire en coin…

C’était notre premier contact avec la pâtisserie italienne, plutôt raffinée et appétissante. Nous en avons aperçu bien d’autres par la suite, dans les vitrines des pasticcerie, mais difficile de goûter à tout !


La terre du milieu


À Élisa et Achille

Cette dédicace n’est pas pour la seule Élisa que je connaisse (désolé @elisaroland mais je te promets de t’en rédiger une lorsque je serai au Brésil) mais elle est bien pour Achille mon fils, passionné de Napoléon. Car l’Élisa en question, c’est bien la sœur de Napoléon, à qui il a offert la ville de Lucques en 1809 après avoir annexé la Toscane en 1805. À l’époque, les habitants les plus riches de la ville, comme ailleurs en Toscane, faisaient construire une tour sur leur palais, la plus haute possible évidemment. Le problème est qu’elles étaient particulièrement ciblées lors des différentes attaques, et aujourd’hui il n’en reste plus que 9 sur les 250 initiales. La Tour Guinigi, avec ses 45 m de haut, a été choyée par la grande-duchesse de Toscane, Élisa, sans doute en raison de son jardin au sommet qu’elle a bien entretenu. Les chênes qui y poussent font la fierté de la ville et représentent une attraction étonnante, pour peu qu’on veuille bien gravir les 230 marches qui mènent au sommet. Avec une vue époustouflante à la clef bien sûr.



Transition

L’évocation de la sœur de Napoléon me permet une transition facile avec notre étape suivante : Piombino, port d’embarquement pour une destination spéciale, que vous découvrirez dans la prochaine publication… A bientôt !

Et la carte du trajet, ne perdons pas nos bonnes habitudes ! Vous pouvez avoir une version zoomable en cliquant ici