122. Bosnie-Herzégovine

Ce pays des Balkans a été vraiment une bonne surprise pour nous. Alliant une histoire passionnante, des équilibres encore instables, une relation saine avec les touristes, une excellente tolérance des véhicules nomades et surtout de magnifiques paysages, la Bosnie-Herzégovine nous aura conquis.

Triple sortie de zone

Pour la première fois depuis le début de l’année, nous quittons l’Union Européenne, avec en corollaire la zone Euro et au final notre zone de confort. Le passage de frontière n’aura pris que quelques minutes au lieu d’une fraction de seconde et il aura fallu montrer notre carte d’identité, mais rien de bien méchant. Le changement de devise, nous l’avons déjà vécu en Hongrie. Nous ne faisons pas vraiment de change mais retirons directement en monnaie locale avec nos cartes bancaires, dont nous nous servons aussi pour régler les dépenses dès que c’est possible. Le seul vrai inconfort est d’avoir à convertir les prix affichés, mais la Bosnie est gentille avec nous puisqu’il suffit de diviser par deux. La devise locale est le mark convertible, KM en bosnien, ce qui prête à sourire dans les vitrines des marchands de chaussures (seraient-elles garanties en kilomètres) ou des agences de voyages (28 000 km pour une semaine au soleil, ça fait quand même une grande distance à parcourir journellement !). Le plus problématique est que la Bosnie n’est pas couverte par notre forfait téléphonique, Free, que nous nous empressons de désactiver afin de ne pas voir notre facture décoller. Habitués de la chose en Amérique, nous allons chez un opérateur téléphonique local acheter une carte SIM et un forfait de données pour les 3 semaines que nous prévoyons sur place.


Un alignement étrange

Notre premier stop dans le pays se fait au pied d’une colline hérissée de structures étranges, qu’on pourrait croire monolithiques de loin, mais qui apparaissent plus nettement constituées de blocs empilés lorsqu’on s’approche. La partie supérieure aurait une tête humaine, les blocs sous-jacents comportent des motifs gravés ressemblant parfois à des calandres de voitures ou parfois à autre chose. L’ensemble représenterait des femmes en deuil. Une quinzaine de statues que l’on pourrait imaginer être la fusion des moaï de l’île de Pâques, des mégalithes de Stonehenge et des colonnes de voitures compressées de César.

En réalité, il s’agit d’un monument yougoslave dédié aux victimes du fascisme, 12000 Serbes et Juifs exécutés par les forces fascistes pendant la 2ème Guerre Mondiale. La Yougoslavie a érigé ce mémorial en 1981 et l’a probablement entretenu jusqu’à son éclatement au début des années 90. Depuis, la Bosnie devenue indépendante ne semble plus guère s’en préoccuper


Bosnien ou Bosniaque ?

Cerner les différents peuples et régions de Bosnie-Herzégovine n’est pas une mince affaire. Historiquement, la Bosnie est apparue en 1154 comme une région de Hongrie. Elle en est devenue indépendante en 1377, formant alors le royaume de Bosnie, et annexant peu après la région voisine d’Herzégovine. Mais le petit royaume, alors peuplé de Slaves de religion chrétienne, a été envahi et annexé par l’Empire Ottoman en 1463, pour environ 4 siècles au cours desquels la moitié de la population a été convertie à l’islam. Le pays fut ensuite repris par l’Empire Austro-Hongrois, qui tenta sans succès un retour à la chrétienté. Après la guerre de 14-18, la Bosnie libérée intègre pour se protéger le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, puis la Yougoslavie un peu plus tard. Cette unité n’était qu’une façade et chacun des états reprit peu à peu son indépendance dans les années 90. Mais, même à l’intérieur de la Bosnie, l’unité reste une façade.

Aujourd’hui, tous les habitants de la République fédérale de Bosnie-Herzégovine sont des Bosniens. En matière de religion, 51% sont musulmans et appelés Bosniaques, 10% sont catholiques romains et appelés Bosno-Croates, 35% sont catholiques orthodoxes et dénommés Bosno-Serbes. Le pays est divisé en 3 régions autonomes : la Fédération de Bosnie, peuplée majoritairement de Bosniaques et Bosno-Croates, la République Serbe de Bosnie, peuplée majoritairement de Bosno-Serbes, et une toute petite région revendiquée par les 2 autres et pour le coup gérée par l’ONU. Tous ont des aspirations différentes. Les Bosno-Croates aimeraient bien réintégrer, avec un bout de terrain bien sûr, la Croatie voisine. Les Bosno-Serbes souhaiteraient de la même façon être annexés à la Serbie voisine. Tandis que les Bosniaques n’ayant pas de patrie à laquelle se raccrocher tiennent farouchement à l’intégrité de leur pays.

Compliqué, non ? En tout cas, partout dans le pays on trouve églises catholiques et orthodoxes, mosquées, synagogues et cimetières ad hoc. Et les différents drapeaux qui vont avec ces fédérations autonomes. Autonomes pour combien de temps ?


Re-chutes

A peine débarqués en Bosnie que nous retrouvons un parc naturel, celui de Una, agrémenté de belles cascades. Nous sommes d’abord allés voir la plus grande, magnifique, avant de traverser un joli petit village où l’eau coule presque partout. On n’a pas l’impression que la planète manque d’eau ici. Une première approche de la nature en Bosnie, belle et sauvage, et qui sera le point dominant de notre visite du pays.

Et l’arrière-pays est juste magnifique. Admirez le décor grandiose dans lequel nous avons passé la nuit !


Banja Luka

Nous sommes ici à Banja Luka, la capitale de la République Serbe de Bosnie, autant dire le bastion nationaliste bosno-serbe. Le drapeau officiel de la Bosnie est ici remplacé par celui de la Serbie voisine. La région est suffisamment autonome pour avoir un président, un palais de la république (sa résidence) et un parlement, tous dans le style massif des pays de l’Est. Les dômes dorés de la cathédrale St Sauveur rappellent que la religion dominante est ici l’orthodoxie, tandis que la structure béton de l’église Bonaventure est, selon notre guide, de style « socialiste ».

On retrouve ce style dans les bâtiments du centre-ville, tous reconstruits pendant la période yougoslave après un séisme dont Banja Luka était l’épicentre en 1969. L’ « horloge tordue » de la place principale, affichant l’heure précise sur ses 3 cadrans, en est le mémorial.



Moulins des lacs de la Pliva

La Pliva est une rivière tumultueuse au fond d’un canyon qui a tendance lorsqu’on ne la dompte pas à creuser un peu trop le fond de son lit. Un peu en aval de la ville de Jajce, où la rivière fait une jolie chute d’ailleurs (dernière photo). Un ingénieur nommé Éric* assagit un jour la Pliva en la transformant en 2 grands lacs artificiels afin de permettre aux riverains de ne plus risquer leur vie sur leur pédalo (quelle grandeur d’âme, Éric !) tout en leur fournissant de l’électricité (la fée correspondante ayant ici été rebaptisée Éric pour des raisons évidentes). Éparpillés sur la région qui allait être inondée, 25 moulins ottomans tout en bois ont échappé de justesse à la noyade en étant regroupés juste devant l’endroit où nous avons garé Roberto pour la nuit. Nous avons eu de a chance qu’ils ne les aient pas placés 500 mètres plus loin ! Trêve de plaisanterie, ça fait un joli ensemble et c’était très agréable de les entendre et de les voir tous mouliner en même temps.

*Le prénom a été modifié, mais pas pour cause de préservation de l’anonymat


Le gourou de la vente pyramidale

A l’approche de Sarajevo, nous faisons halte pour la nuit dans la petite ville de Visoko, où notre guide papier, le Petit Futé, recommande de visiter une mosquée. Notre parking sera tout à fait par hasard celui d’une attraction touristique appelée Parc Ravne 2. Renseignements pris, nous serions sur le site des Pyramides de Bosnie, plus grandes et plus anciennes que celles d’Égypte. Quoi ? Et le Petit Futé n’en parle même pas ??

Le site Internet de Ravne 2 nous apprend que le maire de Visoko a sollicité l’avis du Dr Sam Osmanagic sur les collines un peu pointues connues depuis toujours dans sa région. Ce dernier a révélé au maire et et aux habitants médusés qu’ils dormaient sur un véritable trésor : des pyramides construites de la main de l’homme 10 000 ans auparavant, avec même des galeries et des chambres secrètes !

Malheureusement, la communauté scientifique ne partage pas son enthousiasme. Il y a 10 000 ans, la région était couverte d’une épaisse couche de glace et les humains d’alors auraient eu beaucoup de mal à ériger ces gigantesques pyramides avec le seul silex de leur hache. Les galeries ne seraient par ailleurs que celles de vieilles mines du XIXème siècle…

Mais notre homme ne se démonte pas. Il se déguise à la fois en archéologue (le chapeau d’Indiana Jones suffit) et en gourou (le baratin pseudoscientifique suffit), achète 15 parcelles de terre autour de l’une des galeries et monte de toutes pièces un parc d’attraction. Pas de montagnes russes ici, cela aurait prêté à rire dans ce contexte pyramidal, mais une exploitation à fond des propriétés miraculeuses soudainement découvertes des ondes positives émises par les « pyramides » et des ions négatifs émis dans les tunnels. Tout est bon dans le jambon. Et évidemment, dans un monde où l’on demande au médecin de famille de descendre la poubelle après sa visite, ça marche !


Sarajevo

On ne visite pas la capitale de la Bosnie comme n’importe quelle capitale européenne (qu’elle n’est pas encore). La ville a un lourd passé historique, subissant envahisseurs et guerres à répétition, ce qui laisse peu de place aux monuments anciens. Tout est en perpétuel recommencement ici et l’incertitude demeure sur la stabilité du pays, sans que l’on se sente en danger pour autant. Impossible de tout raconter sur ce blog, alors limitons-nous aux quelques points qui nous ont le plus marqués.

Mais tout ceci n’est qu’une façade…

1. C’est ici qu’un étudiant a déclenché à lui tout seul la première guerre mondiale

C’est à Sarajevo, le 28 juin 1914, que le prince héritier de l’Empire Austro-Hongrois, François-Ferdinand de Habsbourg et son épouse, au cours d’une visite de la Bosnie, sont assassinés par un nationaliste serbe Gavrilo Princip. L’Autriche déclare la guerre à la Serbie. Par le jeu des soutiens respectifs, La Grande Bretagne qui soutient la France qui soutient la Russie qui soutient la Serbie vont entrer en guerre contre l’Allemagne qui soutient l’Autriche qui soutient la Bosnie. Merci Gavrilo !

Y a pas de quoi répondent les nationalistes Serbes qui lui ont érigé une statue à l’occasion du centenaire de ce qui est pour eux un heureux évènement.

2. Sarajevo a connu une période suffisamment stable pour accueillir les J.O.

Après deux guerres mondiales et l’intégration de la Bosnie au sein de la Yougoslavie, Sarajevo a su démontrer suffisamment de stabilité pour pouvoir accueillir en 1984 les Jeux Olympiques d’hiver. Elle était tout de même  en concurrence avec Göteborg et Sapporo. La ville bosnienne a eu l’avantage d’un excellent regroupement des sites, tous à moins de 25 km de son centre. J’ajouterais personnellement l’avantage d’un trajet plus court pour les athlètes qui ont transporté la flamme depuis Olympe. C’était la première tenue de JO dans un pays communiste, et ce sont d’ailleurs l’Allemagne de l’Est et la Russie, dopées (entre autres ?) à cette doctrine, qui ont raflé le plus grand nombre de médailles. Le retentissement économique positif habituellement observé après un tel évènement n’a été que de courte durée puisque beaucoup d’infrastructures ont été détruites lors de la guerre de Yougoslavie 8 ans plus tard.

3. Huit ans après, elle a connu le siège le plus long d’Europe

Difficile d’imaginer, en croisant les gens dans les rues de cette ville, que tous les plus de 30 ans y ont vécu enfermés dans des conditions de guerre pendant les 4 années qu’a duré le siège. Imaginez-vous ce 6 avril 1992 dans une maison moderne de Sarajevo, la capitale de la Bosnie. Vous envoyez vos SMS tout en regardant l’écran de votre home cinéma diffuser le message qu’enfin votre pays est reconnu indépendant par l’ONU après 6 siècles d’appartenance à d’autres pays. Vous seriez prêt à faire la fête mais vous savez que cette décision n’est pas du goût de l’armée Serbe qui voit son idéal yougoslave s’effondrer et qui combat sévèrement tous les pays qui cherchent à s’en détacher. Et effectivement, alors que la population est dans la rue pour se réjouir, les premiers coups de feu serbes éclatent sur la foule. Une étudiante est tuée par un sniper. La ville est assiégée.

Sans savoir combien de temps cela va durer, tout le monde s’organise. Un grand nombre de gens arrivent à s’échapper. D’autres arrivent de la campagne pour mieux se protéger en ville. Au total environ 400 000 personnes sont assiégées. Les vivres s’épuisent rapidement, le téléphone, l’électricité et le gaz sont coupés. Il faut se débrouiller. Les tirs de munitions éclatent à tout moment. On doit courir pour traverser les rues. Les premières aides humanitaires n’arriveront que 3 mois plus tard, redonnant l’espoir d’une issue rapide, mais personne n’imaginait que cela durerait 4 ans et que 12 000 habitants y perdraient la vie.

Un petit musée aménagé par une famille qui a vécu le siège montre toute une collection de documents, de photos, et surtout d’objets datant de cette époque. L’incroyable système D imaginé par les habitants pour recueillir et transporter l’eau, alimenter le radiocassette avec une dynamo sur une route de vélo, se vêtir pour se protéger des hivers très froids quand tout chauffage est coupé, etc. On imagine mal que tout ça c’était quasiment hier, et que compte-tenu des tensions internationales cela pourrait bien se reproduire à tout instant.

Même si Sarajevo s’est beaucoup reconstruite en 30 ans, de nombreux immeubles gardent encore, quand ils ne sont pas totalement effondrés, les traces des projectiles reçus. Sur les trottoirs ou dans les parcs, on conserve même volontairement en les remplissant d’une résine rouge les empreintes laissées par les obus touchant le sol, formant ce qu’on appelle les « roses de Sarajevo ». Outre des monuments en mémoire des personnes décédées, quelques œuvres originales attirent l’attention, comme cette grosse boîte de conserve destinée à se souvenir de l’occasionnelle médiocrité de l’aide humanitaire reçue. Les assiégés gardent en effet un très mauvais souvenir de ces boîtes de corned beef de marque ICAR larguées par les Américains, dont certaines étaient périmées de 20 ans, datant de la guerre du Vietnam, tandis que d’autres contenaient du porc, inadapté à une population pour moitié musulmane. Le goût était tel que même les animaux n’en voulaient pas !


Pause florale


Srebrenica

En pleine guerre de Bosnie, le 11 juillet 1995, les forces serbes ont attaqué la ville de Srebrenica, une enclave bosniaque donc à majorité musulmane au sein d’une grande région serbe plutôt catholique orthodoxe, et qui avait été placée pour cela sous la protection des casques bleus de l’ONU.

La ville est vidée de sa population. 30 000 femmes, enfants et personnes âgées sont transportés au QG de l’ONU à 5 km de là, tandis que les hommes et garçons de plus de 16 ans sont rassemblés dans plusieurs lieux alentour pour y être exécutés. 10 à 15 000 tentent de fuir par la forêt, mais beaucoup seront rattrapés et massacrés dans les mois qui suivront.

Au total, plus de 8000 bosniaques musulmans périront dans ce véritable génocide. Les responsables seront jugés par la Cour internationale de Justice. Le principal dirigeant, Ratko Mladic, sera condamné à la prison à perpétuité. L’ONU sera fortement critiquées pour son incapacité à protéger la population civile et la FORPRONU sera enfin armée.

Nous avons pu visiter l’exposition installée sobrement dans les locaux mêmes de l’ONU. Elle est d’autant plus émouvante qu’elle est centrée sur le témoignage des survivants. Nous nous sommes rendus au cimetière, dont l’alignement parfait des tombes ne doit pas faire oublier qu’il s’agit de victimes civiles et non pas de soldats. 6 700 xxx sont aujourd’hui dressés. Le nombre augmente chaque année au fur et à  mesure de la découverte de nouveaux charniers.

Pour en savoir davantage : https://www.irmct.org/specials/srebrenica/timeline/fr/story


Srebrenik vs Srebrenica

Le seul point commun de Srebrenik avec la ville martyre qui vient d’être évoquée, c’est le préfixe qui signifie « argent », ces 2 cités ayant un passé minier. On visite Srebrenik essentiellement pour son joli petit château fort, perché sur un rocher, ayant eu l’honneur de voir naître le 1er roi de Bosnie au XVIè siècle. La vue sur la campagne environnante est splendide.


Le train sifflera zéro fois

Notre guide papier affirmait que les voies ferrées de Banovici et leur étonnant écartement de 76 cm (1,43 m habituellement) voyaient circuler les derniers trains de marchandises à vapeur en Europe, et qu’accessoirement ces locomotives d’un autre âge pouvaient tracter quelques wagons touristiques le week-end. Que nenni !Stationnés près de la voie nous avons effectivement vu, entendu et ressenti passer une dizaine de trains chargés de lignite, mais tous à traction diesel. Cela dit, le progrès est encore relatif : le passage à niveau du centre-ville, démuni de barrières, est encore gardé par un humain, petit drapeau rouge à la main.


Comme au bon vieux temps

Les souvenirs de la période ottomane ont tendance à disparaître rapidement dans ce pays aux conflits ethniques très présents. Alors quelques efforts sont nécessaires pour les préserver. Ici, à Mačkovac, près de Tuzla, c’est tout un village bosniaque qui a été reconstitué, afin de montrer à quoi ressemblait l’architecture et la vie quotidienne au XIXè et XXè siècle. Cette concentration de maisons et d’objets traditionnels est particulièrement bien mise en valeur et l’immersion est totale.

Cerise sur le gâteau, si l’on peut dire, l’entrée est gratuite. Le modèle économique repose sur la fréquentation du restaurant intégré au village et tout aussi joliment décoré. Et noix dans le gâteau, si l’on peut dire, nous y avons dégusté de succulents baklavas autour d’un café traditionnel bosniaque (le service en métal martelé, la petite cafetière individuelle et le loukoum qui va bien pour respecter le rituel)

S’il vous prend d’y aller un jour, ça s’appelle Etno avlija Mačkovac


Le bunker de Tito

Nous avons peu parlé du Maréchal Tito, le « dictateur bienveillant », qui a eu le mérite de tenir la Yougoslavie pendant le temps de sa présidence. La preuve en est qu’à sa mort tout est « parti en couilles » si je puis me permettre. Tito, craignant les représailles de l’URSS au moment de la fondation de la Yougoslavie, a fait bâtir en secret un immense abri-antiatomique caché derrière une maison à flanc de montagne. Les chiffres impressionnent : 26 ans de travaux, 30 000 ouvriers à qui on bandait les yeux lorsqu’ils venaient et repartaient du travail, 6500 m² creusés 300 m sous terre, 100 chambres ou dortoirs, et l’équivalent de 20 milliards d’euros actuels dépensés. La visite, obligatoirement guidée, permet d’apprécier l’énorme travail qui a été accompli. Tout était si bien conçu qu’on regretterait presque qu’aucune attaque nucléaire n’ait déclenché sa mise en opération. On dit même que Tito n’y aurait jamais mis les pieds, un comble !


La bataille de la Neretva

Nous allons suivre pendant plusieurs dizaines de kilomètres cette rivière dont les rapides sont propices au rafting. A Jablanica, le pont qui traverse le cours d’eau a connu le sort particulier d’être détruit 3 fois : une fois par ruse lors de la bataille de la Neretva en 1943, une fois par bombardement et une fois pour les besoins du film relatant la bataille en 1969. Attaqués par les nationalistes croates soutenus par Hitler, les communistes yougoslaves firent sauter le pont pour faire croire à leurs poursuivants qu’ils franchiraient la rivière plus loin. Mais le minage astucieux permit une reconstruction sommaire suffisante pour la traversée et donc leur salut. Le pont fut reconstruit pour les besoins du film yougoslave « La bataille de la Neretva », avec pour acteurs principaux Yul Brynner et Orson Welles. S’il fut effectivement dynamité, les images montrées dans le film – que nous avons vu à cette occasion – sont celles d’une maquette, l’explosion du vrai pont ayant dégagé trop de poussières pour permettre le tournage. Le pont est resté dans son jus, ce qui est le cas de le dire puisqu’une de ses extrémités trempe dans la rivière.


Aaah Doub Doub Doub Doub


Gastronomie

La cuisine bosnienne est un joyeux mélange d’emprunts faits à ses voisins ou occupants d’un temps, croates austro-hongrois mais surtout ottomans : 4 siècles d’occupation ça marque ! Nous n’avons pas trouvé cela spécialement raffiné mais les portions sont généreuses et les prix sont doux. Les spécialités les plus communes sont les cevapi, petits rouleaux de viande un peu spongieuse insérés dans un pain plat, les burek, mélange de viande hachée enveloppé dans de la pâte et enroulé pour former une spirale. Un fromage ou un yaourt crémeux sont souvent servis avec ces deux plats, en plus de quelques crudités. Côté desserts, le baklava fourré aux noix est un must, mais on peut trouver plein d’autres pâtisseries orientales. Les vins de Bosnie sont de qualité variable et pas toujours prévisible. Nous avons goûté aussi à plusieurs bières locales. Il est impensable de visiter le pays sans tester (et généralement approuver) le café bosniaque et le rite de consommation qui va avec. Les adeptes du pousse-café trouveront leur bonheur dans la rakija, l’alcool de fruits local.


Grandes étendues

Nous dirigeant vers l’Ouest du pays, nous traversons d’immenses étendues calcaires, arides et sèches en surface mais abritant de nombreuses grottes qui parfois s’effondrent en formant des « dolines », sortes de cuvettes bien circulaires de quelques mètres à quelques centaines de mètres de diamètre. Ailleurs, l’eau souterraine resurgit, alimentant des rivières et des lacs. Ces derniers sont aussi parfois créés par des barrages. Nous passerons de magnifiques et paisibles nuits en pleine nature, la Bosnie semblant tolérante en la matière, enfin du moment où nous respectons les lieux. Nous sommes proches ici du littoral croate et la végétation méditerranéenne tout comme les édifices religieux catholiques sont plus présents qu’ailleurs. Entre les étendues quasi-désertes et les petites villes de cette région la moins peuplée de Bosnie, voici quelques uns de nos points de passage :

* Le lac de Jablanica

Nous avons longé pendant un moment ce long lac de barrages (il y en a 4 sur son trajet) de couleur émeraude, et nous avons même fait une étape pour la nuit sur l’une de ses petites plages tranquilles.


* Un point d’eau sur la route…


* Le monastère franciscain du lac de Ramsko

Initialement bâti sur une colline, il a échappé de peu à l’engloutissement lors de la mise en eau de ce lac de barrage. Une mosquée voisine a eu moins de chance : seul son minaret dépasse encore parfois de la surface de l’eau en été.


* Le polje de Livno, sans les chevaux sauvages

Voici l’une de ces trois zones karstiques de la région appelée d’ailleurs Tropolje (= 3 polje ou 3 zones calcaires), des étendues désertes à la végétation rase, entourées des massifs montagneux, dans lesquelles vivent parait-il des hordes de chevaux sauvages. Malgré la sortie du drone et des jumelles, nous n’aurons pas le bonheur d’en apercevoir. Mais rien que le paysage valait le déplacement, et quelle nuit !


* La petite ville de Livno

Réputée pour son décor de falaises, son monastère, son éco-archéo-musée, sa vieille mosquée en pierre et surtout ses fromages proches du gruyère,


* Le lac de Busko

Nous avons dormi sur une de ses plages, profitant de sa quiétude en basse saison alors que ce lac attirerait les foules en été.

C’est de là que nous allons regagner la Croatie, quittée il y 3 bonnes semaines. Mais la Bosnie aura sa revanche, car il nous en reste encore un bout à parcourir. A bientôt pour les retrouvailles

121. Retour en Croatie

Après une grande boucle slovéno-hongroise, nous retrouvons la Croatie pas si loin de l’endroit d’où nous l’avions quittée, pour nous diriger vers Zagreb, la capitale. Et puis nous irons visiter l’une des mille îles du pays avant de terminer par le parc national des Lacs de Plitvice.

Deux billets pour Cigogne SVP

Nous suivons les méandres de la Drava, traversant forêts, zones agricoles et petits villages aux vieilles maisons en bois. Ce milieu paisible et humide (ciel compris, malheureusement pour nous) est un lieu de villégiature pour les cigognes, que les habitants accueillent bien volontiers sur le faîte de leur toit. Un village, Cigoj, leur a même donné son nom. Ce n’était pas encore la saison, mais nous avons tout de même rencontré deux beaux spécimens : l’un, factice mais géant face à Roberto, et l’autre, vivant, qui marchait dans le champ juste à côté. Impossible de savoir si c’était une arrivée précoce, une cigogne domestiquée, ou une qui a raté le train de la migration l’automne dernier.


Zagreb

Le paysage urbain peu soigné, à de rares édifices historiques près, n’est d’emblée pas très engageant. Nous préférons rejoindre directement le centre historique en tramway, d’autant que les plus anciens sont assez pittoresques. Ensuite, tout se fait à pied, le cœur de la capitale alternant grandes places et petites ruelles entrecroisées, escaliers et passages quasi secrets, niveaux multiples. Voici parmi d’autres – difficile de tout raconter – quelques-unes de nos découvertes et recommandations.


La grande place

Au cœur de la ville, une grande place est le point de rassemblement de la population, portant le nom de Josip Jélacic, vice-roi de Croatie au XIXè siècle et représenté sur une statue équestre épée brandie vers le ciel. C’est lui qui serait à l’origine du nom de la ville, faisant jaillir une source à cet endroit en y plantant son épée et en criant « Zagrab » à une petite fille présente sur place afin qu’elle y puise de l’eau (zagrab = puiser en Croate). Pour une fois un coup d’épée dans l’eau suivi d’effet !


Le marché

Ce pourrait être un marché comme les autres si ses commerçants n’utilisaient pas tous le même modèle de parasol, pour le plus grand ravissement des photographes. Enfin on imagine que ce n’était pas le but recherché… Dans un petit restaurant sans prétention, genre toile cirée à carreaux sur les tables, nous avons déjeuné d’une excellente cuisine locale. Contrairement à la côte où l’influence italienne est marquée, la cuisine zagreboise est plus proche de celle de ses voisins hongrois et autrichiens, c’est-à-dire riche et roborative. Viandes cuites en ragoûts, saucisses fumées, struklis (sortes de raviolis au fromage) et fromage blanc à la crème font partie des plats courants. Les brasseries locales sont nombreuses et privilégiées par les croates, qui apprécient de plus en plus le vin.


Les lieux de cultes insolites


Le canon à exploser les poulets

Les réverbères à gaz

Ils sont encore allumés manuellement chaque soir !

Le street-art

Zagreb recense quelques œuvres intéressantes, souvent pas faciles à trouver. Voici nos préférées.


La station météo


Le musée Nikola Tesla

Même s’il s’agit davantage d’un musée lié aux différentes découvertes technologiques, ce musée comporte tout de même une section – c’est un minimum ! – consacrée au savant d’origine croate. Peu d’indices sur sa vie, qui était très perturbée, mais un petit laboratoire reprenant plusieurs de ses découvertes liées à l’électricité, notamment dans les domaines des courants électrostatiques et du courant alternatif. Nikola Tesla présentait volontiers ses expériences à la manière d’un spectacle, et cherchait à la fois à impressionner à l’aide des éclairs bien sonores qu’il déclenchait, et à rassurer le public inquiété par les effets néfastes du courant alternatif. On le sait peu, mais Edison qui développait les applications du courant continu, a orchestré une campagne de dénigrement du courant alternatif sur lequel travaillait son ex associé Nikola Tesla et qui risquait donc de lui faire concurrence. C’est dans ce seul but qu’Edison finança la mise au point de la chaise électrique, en imposant à son inventeur qu’elle fut …à courant alternatif.


Le musée d’art naïf


Le système solaire caché

Nous nous livrons dans les rues de Zagreb à petit jeu de piste : partir à la recherche du système solaire, rien que ça ! Nous avons situé la planète Mars sur la carte de la ville, mais à l’endroit indiqué, rien d’évident. A force de regarder dans tous les coins de cette petite place nous finissons par trouver l’astre : c’était juste une petite boule métallique de moins de 4 cm de diamètre soudée à une plaque un peu en hauteur. L’histoire part d’une sculpture en bronze, une boule de 2 mètres de diamètre, réalisée en 1971 et appelée « le Soleil au sol ». 33 ans plus tard, un autre artiste a décidé d’étendre l’œuvre en formant un système solaire complet, avec respect des proportions, diamètres et distances des planètes par rapport au soleil compris. Ainsi, la Terre que nous trouverons moins difficilement plus loin fait 1,9 cm de diamètre et se trouve à 225 m du « Soleil au sol ». Paradoxalement, c’est ce dernier que nous avons eu le plus de mal à dénicher, enveloppé dans un sarcophage de bois au milieu d’un chantier. Le plus intéressant est que l’artiste a travaillé en toute discrétion, sans faire aucune publicité sur son œuvre. C’est un groupe d’étudiants en physique qui a repéré les premières planètes et traqué ensuite toutes les autres. Un jeu de piste encore plus passionnant que le nôtre sans aucun doute.


Le musée des relations brisées

Un couple d’artistes zagrebois fut marqué, au moment de sa séparation, de la difficulté à se séparer de certains objets, souvenirs de leur amour. Recueillant au fil des années d’autres pièces provenant de situations similaires, les « ex » finirent par ouvrir ce musée totalement hors norme. Munis d’un livret en Français, nous découvrons une à une les histoires d’objets aussi hétéroclites qu’une machine à café, une cassette vidéo écrasée ou encore une croûte de sang séché. Une expérience vraiment étonnante.


et pour finir en beauté sur Zagreb…


Le musée de la guerre intérieure à Karlovac

Nous entrons ici pour la première fois dans l’ambiance du conflit qui a secoué la région des Balkans depuis la fin de la 2ème Guerre Mondiale jusqu’au milieu des années 1990. Rappelons que les pays « Slaves du Sud » ont fondé à la fin de la guerre la Yougoslavie pour se protéger des empires environnants et préserver la paix malgré les différences ethniques. Ça a bien marché pendant le règne de Tito, le « dictateur bienveillant », mais à sa mort en 1980, tout le monde s’est déchiré, pour des raisons non seulement ethniques, mais aussi politiques et économiques. Ce sont d’ailleurs les deux pays les plus riches, la Croatie et la Slovénie, qui furent les premiers à déclarer leur indépendance le 25 juin 1991. La suite, vous le savez, se fit dans un bain de sang. C’est le récit de cette histoire vécue du côté Croate que nous propose ce musée, installé dans l’ancien lieu de détente des forces militaires de la ville de Karlovac, appelé aussi Hôtel California. Quelques engins d’artillerie et avions complètent l’exposition sur le terrain adjacent.


C’est le printemps à Rab

Après quelques semaines dans les terres, il nous prend l’envie de gagner le littoral croate. D’une longueur exceptionnelle par rapport à la taille du pays, il est aussi très rocheux et escarpé. On le longe en suivant de jolies routes en corniche qui permettent d’apprécier la belle couleur turquoise de l’eau par temps ensoleillé. Les plages sont plus souvent de galets que de sable, mais ça n’est pas si important.

Nous prenons le ferry pour nous rendre sur l’île de Rab, l’une des 1000 que compte le pays, excusez du peu. Le sol très aride au débarcadère fait place peu à peu à une belle forêt dense riche en sentiers de randonnée.
Malgré le temps encore frais, on sent bien que la végétation se réveille de son hivernage : côté cailloux émergent les bouquets jaunes des euphorbes, tandis que la forêt souffle des nuages de pollens. Le printemps est bien là !

Nous restons pour autant en basse saison et la ville principale, Rab, est quasi déserte. Nous y rencontrons un couple franco-croate vivant dans une maison dont ils ont hérité. Invités chez eux pour un café, rapidement accompagné de spécialités locales, nous passons un bon moment à échanger sur nos vies respectives. Hormis l’infernal mois d’août, ils semblent avoir trouvé ici une belle qualité de vie le restant de l’année.


Les lacs de Plitvice

Nous terminons notre 2ème étape croate par ce site naturel exceptionnel, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. 16 lacs étagés le long d’une vallée, reliés entre eux par autant de cascades. On découvre l’ensemble sur un parcours d’environ 8 km, avec une partie pédestre suivant des sentiers ou plus souvent des petites passerelles en bois bien intégrées au décor, et le reste en bateau électrique ou en petit train sur roues. La variété des couleurs des lacs, de la forme des cascades et de la végétation nous a vraiment impressionnés, tout comme l’inattendue quiétude du lieu malgré sa popularité. Certes quelques groupes de touristes encombrent les petits chemins au démarrage, mais ils ne vont en général pas bien loin, s’épuisant rapidement en se prenant en photo dans toutes les positions possibles.


Nous reviendrons plus tard en Croatie, mais c’est maintenant le moment de passer en Bosnie-Herzégovine. Une frontière pas si simple que les précédentes car nous quittons l’Union Européenne. A très bientôt !

111. Zigzags

Nous voici de retour en France pour poursuivre nos rencontres familiales et amicales dont le détail n’a pas sa place ici. Mais les zig-zags que nous avons opérés pour voir les uns et les autres nous ont permis de découvrir quelques jolis coins de notre pays, qui apparaissent mystérieusement dès que l’on coche l’option « éviter les autoroutes » dans notre application GPS.

Guéthary

Bref passage chez notre grande fille sur la remontée vers la France. Fine connaisseuse des bonnes adresses du coin, elle nous a déniché un restaurant en bord de mer avec une vue splendide et des plats très élaborés. Merci Amandine de nous avoir fait découvrir le Txamara. Vraiment une adresse d’exception !


Le Pilat sans la dune

En pleine période de canicule alors que nous étions sur Saint-Étienne, nous avons pu perdre 7 ou 8 précieux degrés en nous rendant à une quinzaine de kilomètres seulement de l’agglomération stéphanoise, sur le massif du Mont Pilat. Selon les lois de la physique, à chaque fois que l’on s’élève de 1000m, la température ambiante perd 6,5 °C. Une aubaine pour les nomades comme nous qui peuvent déplacer leur maison comme bon leur semble ou presque. Nous avons pu apprécier, outre un joli coucher de soleil sur un paysage grandiose, le calme et la fraîcheur du matin. Inutile de vous dire que nous avons hésité à redescendre !

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Tiens, un truc bizarre pour finir sur Saint-Étienne : la cathédrale de la ville (ci-dessus) s’appelle Saint-Charles, tandis que celle de Bourges (ci-dessous) s’appelle Saint-Étienne. On ne sait vraiment plus à quel saint se vouer !
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Paris, New York, Tokyo, Montluçon

Nous faisons étape dans cette ville qui n’attire pas les touristes en masse, ce qui n’empêche pas les commerçants de rêver comme vous verrez sur la photo plus bas. Montluçon présente pourtant quelques attraits sur lesquels il est intéressant de s’attarder : un cœur médiéval assez bien conservé, le château des Ducs de Bourbon qui domine la ville et quelques hôtes célèbres comme Marx Dormoy dont la majorité des gens connait au moins une rue baptisée à son nom sans pour autant savoir qui il était (un ministre de l’intérieur, forcément de gauche avec ce prénom), . Et n’oublions pas Louis Coulon dont j’avoue avoir ignoré l’existence alors qu’il détient le record de la plus longue barbe portée en France. A votre avis, 3,35 m ? 3,85 m ? 4,35 m ? 4,85 m ?

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ou encore quelques illustres personnages, certains plus connus que d’autres…
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Pour celui-là, un prénom qui ne nous est pas inconnu…
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Pour cet autre, un record a été établi. On en parle dans les lignes ci-dessus…

Les trésors cachés de l’abbaye

Une journée d’excursion dans le nord du Gers nous a amenés à l’Abbaye de Flaran. Une petite abbaye médiévale bien restaurée, dont les extérieurs sont agréables à l’œil sans pour autant être exceptionnels. Mais c’est entrant dans les lieux que la magie opère. Le couloir et les chambres des moines sont le siège d’une exposition permanente de haute qualité. On y trouve des œuvres originales d’une quarantaine de peintres et sculpteurs de renom, comme Claude Monet, Gustave Courbet, Pablo Picasso, Auguste Renoir, Peter Paul Rubens, Toulouse Lautrec, Auguste Rodin, Salvador Dali, Camille Claudel et bien d’autres encore. En complément, nous avons profité de l’exposition temporaire du moment consacrée à Franquin, dessinateur franco-belge que nous adorons. Histoire de l’artiste, progression des œuvres, planches originales, détail des techniques, portrait de quelques personnages : nous nous sommes régalés. Peu de photos toutefois, interdites dans la plupart des salles. Mais si vous avez l’occasion de vous déplacer, n’hésitez pas…

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Les extérieurs de l’Abbaye de Flaran
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De ‘M’oiselle Jeanne à Dame-Jeanne

A la sortie de l’exposition sur Franquin, nous regagnons Roberto sagement garé sous les platanes pour nous restaurer. A la fin du repas, après le café, nous vient l’idée de prendre un digestif. Nous interrogeons notre ami Google qui nous propose la visite de chais d’Armagnac à Condom (que Google traduction appelle gentiment « préservatif » sur les pages traduites), petite ville gersoise située à moins de 10 km de là. Nous sommes accueillis par la Maison Aurian qui produit ce spiritueux typique de la région depuis 1880 et nous en décrit les étapes de la fabrication. Cette eau-de-vie de vin est issue de l’assemblage de raisins blancs de la région Midi-Pyrénées, principalement le Gers et quelques cantons des Landes et du Lot-et-Garonne. Après distillation, l’eau-de-vie est mise à vieillir dans des fûts de chêne réutilisés à l’envi (contrairement au vin ou à d’autres alcools). Une fois le vieillissement jugé suffisant (cela nécessite de le goûter régulièrement) il est arrêté, ce qui fixe définitivement le taux d’alcool. L’Armagnac ainsi obtenu est placé dans des récipients de verre (embouteillage ou dames-jeannes millésimées pour la vinothèque) avec ou sans filtrage (et appelé dans ce dernier cas brut de fût). La visite des locaux qui sont restés intacts depuis 1880 vaut le détour. Les chais sont au rez-de-chaussée, tandis qu’à l’étage on trouve la vinothèque sous forme de dames-jeannes soigneusement alignées et étiquetées selon l’année de production et le degré alcoolique. L’une d’elles est datée de 1900… nous avons aussi retrouvé l’année de naissance de Claudie mais pas la mienne. Je ne suis sans doute pas un bon millésime, bouh…

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Visite guidée par quelqu’un qui connait bien St Barth, le monde est petit
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Aller au Sud pour avoir moins chaud

La canicule sévit de nouveau en France tandis que paradoxalement le nombre de climatosceptiques augmente dans la population. Pour y échapper, nous cherchons de nouveau à prendre de l’altitude, et nous nous robertoportons (c’est comme la téléportation, mais dans une cabine plus sûre et confortable) jusqu’à la station thermale (encore un paradoxe) de Bagnères de Bigorre, dans les Hautes-Pyrénées, à 150 km au Sud d’Agen. Malgré tout, nous trouvons grâce à l’altitude (550m) et à la forêt des températures redevenant supportables. Nous nous régalons d’une petite randonnée de quelques kilomètres traversant le parc thermal et d’une tourte aux myrtilles à l’arrivée. Au fond du parc, les anciens thermes en service entre 1675 et 1990 ont été transformés pour être réhabilités en musée. Mais en musée de quoi ?  Cassoulet ? Maillot de bain ? Marbre ? Thermomètre ?


Impossible d’y rester de marbre

Nous visitons un peu par hasard ce musée du marbre installé dans les anciens thermes dits « de Salut ». Cet établissement avait en effet la particularité de posséder des baignoires toutes en marbre, ce qui n’est pas commun en matière de thermalisme mais qui est lié aux nombreuses carrières de marbre de la région. C’était d’ailleurs une ressource économique majeure de Bagnères de Bigorre avant l’essor du tourisme et du thermalisme. Nous y avons découvert bien entendu l’origine géologique du marbre formé il y a 400 millions d’années par enfouissement de couches calcaires et diverses inclusions (animaux, végétaux, etc.). Sous l’effet de températures et pressions élevées, ces couches se sont pétrifiées en prenant diverses teintes en fonction de la pureté ou non du calcaire initial. Plusieurs centaines de marbres différents sont exposés, et nous avons été surpris de la diversité quasi infinie des teintes. Un must à visiter si vous passez par là.

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Des marbres du monde entier y sont exposés. Nous avons été surpris par la grande diversité

Une petite question pour finir : quand on dit « passer au marbre » pour une voiture accidentée, de quel matériau est faite la table qui sert à vérifier l’alignement du châssis : marbre ? albâtre ? fonte ? acier ?


3 petits tours et puis s’en vont

Dans notre quête de fraîcheur, nous avons encore pris de l’altitude en empruntant la route du col du Tourmalet. Une conduite un peu délicate car il fallait éviter motos, vélos, moutons, vaches et même lamas tout en gardant un peu de disponibilité pour admirer le grand spectacle des montagnes pyrénéennes tout autour de nous. Les inscriptions sur le bitume nous ont rappelé que le Tour de France est passé ici le 6 juillet pour les hommes et le 29 juillet pour les femmes. Pour ces dernières le col était même l’arrivée de l’étape, ce qui n’est pas si fréquent. Dans toute l’histoire du Tour de France, le col du Tourmalet a été le plus fréquemment franchi (84 fois). Mais combien de fois a-t-il été l’arrivée de l’étape pour le tour masculin : 3 fois ? 6 fois ? 9 fois ? 12 fois ?

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Sur les pentes du col du Tourmalet, d’étranges spectateurs attendent les cyclistes
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Là-haut, le vélo est roi

Niveau promenade, tu parles !

Après une nuit très tranquille et agréablement fraîche sur une zone herbeuse du parking d’une remontée mécanique sous le col du Tourmalet, au pied du Pic du Midi de Bigorre, nous avons choisi de randonner jusqu’au Lac d’Oncet. Un parcours de 2h30 et de plus de 7 km aller-retour dont le niveau de difficulté est qualifié de « promenade » par le site pyrandonnées.fr Nous avons trouvé le terme un peu vexatoire car il a fallu tout de même fournir quelques efforts pour franchir cette distance et le dénivelé de 330m ! Nous avons même suivi tout une troupe de chasseurs alpins qui s’entraînaient, c’est dire ! Allez, tiens, une tite question : le Pic du Midi de Bigorre est le point culminant du massif des Pyrénées, 1.vrai 2.faux 3.Oncet pas…

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Ok, le chemin est large et bien tracé, la pente n’est pas des plus abruptes,
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mais il faut quand même bien marcher pour arriver au Lac d’Oncet

Non mais quel cirque !

En partant vers l’ouest vers Luz-St Sauveur puis plein sud vers l’Espagne, la route se termine en cul-de-sac après la commune de Gavarnie. Nous laissons là Roberto au parking (nous y passerons d’ailleurs la nuit) puis finissons la balade à pied vers le célèbre cirque. Le spectacle à l’arrivée justifie totalement les 11 km aller-retour et 466 m de dénivelé : nous sommes entourés de hautes falaises très impressionnantes, perchées à 3000 m d’altitude et parsemées de cascades dont l’une des plus hautes d’Europe (423 m de chute). Nous nous offrons une pause-repas dans l’unique restaurant du site. Déguster charcuterie et fromages locaux puis l’inévitable tartelette aux myrtilles dans un environnement pareil, ça relève bien de l’exception. Sur les panneaux au voisinage, nous apprenons que le cirque d’origine glaciaire s’est formé il y a 40 millions d’années et qu’au sommet des falaises on a trouvé des fossiles surprenants. Mais de quoi ? Dinosaures ? Fougères ? Huîtres ? Requins ?

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nous amène après quelques kilomètres au cœur du Cirque de Gavarnie. Joli spectacle à 360°

Argeles-Gazost, l’eau de là

J’ai travaillé 25 ans de ma vie dans le thermalisme. A Saint-Gervais précisément. L’établissement thermal est construit juste à côté de la source pour conserver au maximum ses propriétés thérapeutiques. A une époque, pour faciliter l’accès des curistes, les thermes avaient été installés près de la route, à 800 m de la source, reliés à elle par une canalisation. De suite, les patients habitués ont senti la différence, ne ressentant plus les bienfaits observés auparavant. Ils sont retournés se baigner dans l’ancien établissement. Les « nouveaux » thermes n’ont fonctionné que quelques années, et la direction a dû réouvrir puis réhabiliter les anciens. Il avait donc suffi de transporter l’eau sur 800 m pour lui faire perdre ses propriétés. Ici à Argeles, aucune source ne jaillit. C’est celle du hameau de Gazost qui est utilisée, d’où l’association des noms. Et vous savez quoi, Gazost est à 21 km d’Argeles. Je dis ça je dis rien… D’un autre côté, si les effets ne sont pas miraculeux, Lourdes n’est qu’à 13 km…

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Un petit quiz pour les fidèles : le nom de Gazost signifie… a) « cas social » en Occitan ? ; b) présence de gaz dans l’eau thermale ? ; c) on n’en sait fichtre rien


Une bonne impression

Nous avons eu le plaisir de nous faire offrir deux mugs on ne peut plus personnalisés, illustrés par une photo de notre cher Roberto et identifiés par nos prénoms. Les objets publicitaires de ce type ne sont pas nouveaux, mais la particularité c’est qu’ils ne représentent qu’une petite partie de l’activité de la jeune entreprise qui les réalise, Artridy. Leur activité principale, c’est de numériser en 3D à l’aide d’un scanner très performant (la marque Leica doit parler à certains) divers environnements, comme des appartements à vendre ou à rénover. L’exploitation des données permet d’en extraire directement un plan d’architecte avec toutes les mesures, une visite virtuelle avec réaménagement ou non. Artridy est également équipée d’une imprimante 3D qui permet de restituer des objets jusqu’à 1,80m de hauteur. Si vous voulez un duplicata en plastique de votre belle-mère ou de votre acteur(trice) favorit(e), c’est parfait. Après, l’usage que vous en ferez ne me regarde pas… mais si ça vous tente ou si vous voulez faire réaliser des objets personnalisés, voici le lien : https://artridy.com/


In vino dormitas

De passage en Touraine, nous cherchons un coin pour dormir hors de la ville. Park4night nous propose un spot envahi de gros escargots blancs. Normal, car souvent peu autonomes, ils viennent ici faire le plein d’eau et vider leurs cassettes, voire chercher un peu de sécurité. N’ayant besoin de rien de tout ça, nous fuyons chercher mieux un peu plus loin. Nous tombons sur une petite aire de pique-nique au milieu des vignes, accessible par un chemin en terre qui a peut-être rebuté ceux qui s’y sont essayé. L’endroit est idéal. Nous sommes seuls avec les grappes de raisin sur le point d’être vendangées. Nous passerons une nuit très calme. Nous nous garderons bien de mettre un commentaire sur l’application, de peur que le lieu en devenant trop connu finisse par être dégradé et dans la foulée fermé. Pas très fair-play mais nous avons vu tellement de spots condamnés par des barrières de hauteur suite aux divers excès de leur occupants que nous préférons garder confidentiels des lieux comme ceci. Si vous voulez vraiment savoir où c’est, les images de ce blog sont géolocalisées….

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L’informatique n’est plus ce qu’elle était…

Nous avons tellement pris l’habitude de privilégier Internet au téléphone que nous oublions comment c’était avant. Et la facilité ou le gain de temps ne sont pas toujours au rendez-vous. En voici 3 exemples vécus très récemment dans la bonne ville de Tours.

Souhaitant réserver un taxi pour le lendemain de bonne heure, nous nous tournons par réflexe vers l’appli Uber. Mais s’il est assez facile de trouver un chauffeur pour le temps présent, la tentative échoue pour le lendemain, l’appli prévenant en outre que la course n’est pas garantie. Après s’être énervé sur les clicks multiples sur le bouton « Réserver » qui reste désespérément impassible (mais pourquoi appuie-t-on plus fort sur l’écran quand ça ne marche pas d’emblée ?) nous trouvons rapidement le téléphone d’une centrale de réservation de taxi, lançons l’appel, trouvons de suite une interlocutrice qui nous confirme la réservation en moins d’une minute. Ah oui, c’est vrai, le téléphone et les taxis fonctionnent encore ! Et la différence de prix de moins d’un euro ne valait pas tous ces emm…

Nous nous présentons un peu plus tard dans une pharmacie en plein centre de Tours avec une ordonnance.. Comme c’est une pharmacie que nous ne fréquentons pas d’habitude, on nous demande, outre la carte vitale, la carte mutuelle. Nous ne l’avons pas sur nous mais avons un scan dans nos téléphones. Ça ne suffit pas au pharmacien qui pourrait lire sur nos appareils les renseignements qui l’intéressent, mais il en veut une copie pour pouvoir passer dans son petit scanner à rouleaux. Nos téléphones risquant de ne pas supporter l’épreuve, il nous propose de lui envoyer les scans par mail. Sauf que le réseau mobile n’atteint pas la pharmacie, qui ne possède pas non plus de wifi, alors il me faut sortir dans la rue pour envoyer le mail. Péniblement car en plein centre-ville de Tours, je n’ai qu’une barre de réseau. Incroyable. Moralité, il faut apporter à la pharmacie ses documents en papier pour être numérisés, mais surtout pas l’inverse.

Pour terminer la journée sur une note culturelle, nous décidons d’aller visiter le Musée du Compagnonnage. Nous prenons la précaution de vérifier sur Google Map que le musée est bien ouvert aujourd’hui. L’application confirme et nous dit même que le lieu est « moins fréquenté que d’habitude », ce qui aurait du nous donner la puce à l’oreille. Toujours confiants dans l’application, nous la laissons nous guider vers l’entrée …qui se révèlera être à l’opposé du bâtiment, nous imposant un détour de 300m. Mais le pire est à venir : une affiche à l’entrée du musée annonce sa fermeture temporaire pour travaux. Mais pourquoi donc ne les avons-nous pas tout simplement appelés au téléphone préalablement ? Juste un petit coup de fil ?


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Terminons par ce joli parterre de fleurs dans une ambiance printanière, photographié le premier jour …de l’automne. Une belle démonstration du dérèglement climatique, non ? A méditer en attendant le prochain article. A bientôt !

P.S. Réponses aux divers quiz : Lambros Vorloou, 3,35 m, Longtarin et le Compte de Champignac, 25 000 €, marbre, 3 fois, faux (pic d’Aneto), c (on n’en sait rien)