131. Turquie

Premières impressions

Des formalités d’entrée relativement simples et rapides, de belles routes, de l’essence pas chère et même de l’AdBlue à la première pompe venue, des magasins modernes : tout porte à penser que, paradoxalement, la Turquie est économiquement plus développée que la Grèce. Cela va-t-il se confirmer dans la durée ?


Le Mémorial des Dardanelles

La bataille des Dardanelles a été un moment fort du début de la 1ère guerre mondiale. La France et la Grande Bretagne, alors alliés de la Russie, souhaitaient protéger son approvisionnement qui transitaient par le détroit des Dardanelles, entre la Mer Égée et la Mer Marmorata, contrôlé par l’Empire ottoman aidé des Allemands. Tout étant barré côté terrestre, ils organisèrent un débarquement, aidés aussi des Australiens et des Néozélandais. Mais, mal organisés, ils échouèrent et le conflit se termina au profit des Ottomans, chaque camp perdant au passage 56 000 soldats. Le succès permit tout de même à la Turquie de proclamer son indépendance, et en reconnaissance d’élever un grand mémorial en hommage aux victimes. Curieusement, le fait d’avoir participé rendit très fiers les Australiens et Néozélandais fraîchement libérés de l’emprise britannique. Le 25 avril, anniversaire du débarquement, est chez eux un jour férié et bien davantage célébré que le 11 novembre. Nous avons visité aussi l’un des cimetières français, mentionnant notamment la perte des 4 sous-marins et de leurs équipages qui avaient été engagés dans le conflit. Indispensable devoir de mémoire.



Un de Troie

Il nous aura fallu venir en Turquie, aussi bien Claudie que moi, pour apprendre que la ville de Troie était ici, sur la côte Ouest du pays. Et pas en Grèce comme nous le pensions. Et pas dans l’Aube non plus, je vous vois venir. Le site est presque aussi vieux que les pyramides d’Égypte, mais n’a été mis au jour qu’à partir de 1871. Il est bien sûr célèbre pour avoir été le théâtre de l’affrontement entre les rois grecs, dont Achille, venus récupérer la belle Hélène volée au roi de Sparte par le prince troyen Pâris. Après 10 ans de siège et une ruse chevaline que l’on connait tous, les Grecs ont fini par remporter et la guerre et l’épouse du roi.

Il ne s’agirait pas simplement de la légende rapportée par Homère dans l’Iliade, les fouilles archéologiques réalisées à Troie confirmeraient une partie du conflit. Nous avons trouvé sur les lieux un musée moderne mais cher (2 fois le prix du déjeuner que nous avons pris après la visite) et un site archéologique agréable à parcourir sur de petites passerelles en bois. Notre vraie déception a été que la réplique grandeur nature du Cheval de Troie était … en travaux. De quoi ruer dans les brancards.



Nulle autre qu’Assos…

Qu’Assos me fasse sourire n’étonne pas Claudie, habituée à mes jeux de mots vaseux. J’espère tout de même transmettre ce sourire par contagion à quelques lecteurs.

Pour le reste, le site que pourtant notre guide préférait largement à Troie nous a déçus. Accès mal indiqué, longue file de boutiques de souvenirs et de bars-restaurants avant de parvenir à l’entrée, édifices ressortant peu du paysage en raison d’une couleur similaire au sol, stigmates encore très présents du dernier incendie. Quant au « magnifique » temple d’Athéna perché sur sa colline au-dessus de la Mer Égée, il n’avait pas toute la superbe promise.

Dommage pour un site fondé au 1er millénaire av. J.-C. par des Lesbiens et des Lesbiennes. Les habitants de Lesbos, l’île grecque juste en face, vous pensiez quoi ?

Deux heures de route plus tard, nous trouvons un chouette endroit pour dormir. Une aire de pique-nique dans une petite forêt dont les arbres ont les pieds peints en blanc. L’ambiance tranquille à l’arrivée ne durera pas. Vers 19h les voitures ont commencé à défiler, haut-parleurs vrombissants et glacières pleines de bouteilles. Misère…

Nous avons vite laissé ce petit monde à leur soirée animée pour rejoindre un spot plus paisible jouxtant un cimetière. Las, à 21h, deux voitures sont arrivées et ont commencé à sortir les bouteilles et les chaises. Re-misère !

Mais la sono était discrète cette fois, au point que nous nous sommes endormis avant leur départ. À se demander le matin si nous n’avions pas rêvé. Mais les bouteilles et papiers gras étaient bien là sur le sol à l’emplacement des voitures…


Immersion

Parmi les choses que nous aimons le plus en voyage, il y a le fait de se retrouver au milieu d’une population qui ne nous ressemble pas et qui vit sa vie normalement, sans être pervertie par un quelconque attrait touristique, ni éventuellement par nous-mêmes. Cela ne nous était pas encore vraiment arrivés depuis notre arrivée en Turquie, jusqu’à ce que nous visitions Bursa, la 4ème ville du pays. Une journée de marche citadine qui nous aura conquis, nous menant des bazars très animés aux superbes mosquées et mausolées appelés ici turbë. Dans les deux cas nous avons eu l’impression d’être les seuls touristes du jour, du moins non turcs. Avec tous nous sens en éveil car très sollicités. La vision de cette architecture ottomane, d’un grand nombre de femmes voilées, des couleurs vives des boutiques de soie installées dans un ancien caravansérail. L’ambiance sonore des camelots, des klaxons et des appels à la prière mélangés. L’alternance des parfums d’encens, de savons ou encore de café. Alors que les lieux de cultes musulmans nous sont souvent refusés en Europe tout en étant par ailleurs assez austères dans leur décoration jusqu’ici, nous sommes entrés sans problème – du moment que le dress code était respecté – dans de grandes et magnifiques mosquées merveilleusement bien décorées. Une véritable immersion que nous attendions depuis un moment.

Nous prenons la route de la station de ski située au sud de Bursa, sans monter jusqu’au sommet (2545 m d’altitude) pour dormir au frais dans une petite forêt déserte trouvée par hasard à environ 1100 m. Nous décidons d’y rester 2 nuits. La Turquie s’avère aussi hospitalière que la Grèce pour les véhicules aménagés, et c’est une bonne nouvelle.


Cumalikizik

Ce petit village au nom rigolo est l’exemple typique des conséquences désastreuses de la surpopulation touristique. Bien conservé depuis le moyen-âge, il attire forcément les citadins lassés du béton de leurs façades et du bitume de leurs rues. Mais les citadins ça a besoin de manger, de boire et de faire pipi. Alors on leur construit des bars et restaurants. Et puis un ou deux parkings. Et puis pourquoi ne pas les appâter avec des babioles multicolores ou des sirops de fruits locaux ? Alors les boutiques poussent et cachent les façades moyenâgeuses, empiètent sur les rues pavées.

Par chance, le village est assez grand et en pente. Vers l’extérieur et les hauteurs, les chalands se font plus rares et les maisons redeviennent accessibles. Et les boutiques sont plus intimes, comme celle où nous avons pris notre premier thé turc. Une seule table au milieu d’une grande pièce en désordre, à laquelle sont déjà attablés la patronne et quelqu’un de la maison. Mais ils s’écartent un peu et nous rajoutent 2 chaises, nous invitant à leurs côtés. Nous avons échangé un peu et bu notre thé, servi noir et dans de tout petits verres. 35 centimes le çay, comme on l’appelle là-bas. L’expérience valait le jus, si on peut dire.


Ça rime

Oui, Iznik ça rime avec céramique. L’activité a été prédominante entre le XVIe et le XVIIe siècle, au point que l’on retrouve de jolies faïences créées dans la ville sur les plus grandes mosquées du pays. La demande est moindre maintenant, mais de nombreuses boutiques restent dédiées à l’activité, dont un pôle de créateurs dans une ancienne école coranique. Du très beau travail qu’on aimerait rapporter avec nous. Mais il faudrait atteler une remorque à Roberto.


Limite : 82 km/h

Impressionnés par la qualité du réseau routier au départ, nous révisons peu à peu notre opinion. Il est vrai que le large temps dont nous disposons et notre quête des bivouacs en altitude et en nature nous conduisent fréquemment à emprunter les axes secondaires. Et là force est de constater que le niveau d’entretien n’est pas extraordinaire et rejoint en bien des points, on pourrait même dire en bien des trous, celui des derniers pays traversés. L’absence de revêtement est par ailleurs fréquente sur ces routes, et Roberto est presque en permanence recouvert de poussière. Le côté amusant de ces petites routes, c’est le nombre d’animaux qui y circulent en liberté, vaches principalement, mais aussi moutons, chèvres, chiens et chats. Il faut être vigilant.

Sur les grands axes, nous empruntons habituellement la route à 2×2 voies qui longe l’autoroute – que par principe nous ne prenons pas, même si en Turquie le coût est modeste. La limite de vitesse y est extrêmement variable, passant de 110 km/h par défaut à 50 km/h au moindre croisement, les deux panneaux correspondants pouvant se suivre à quelques mètres seulement. Autant dire que personne ne respecte, d’autant plus que la fin du 50 n’est jamais annoncée. Le plus compliqué, c’est que la limite est variable selon les véhicules. Apparemment, c’est 100 pour les fourgons comme le nôtre ou 90 pour les camions. Quand la 2×2 voies traverse des villes, la limite descend à 82 km/h pour les voitures (il parait que c’est pour pouvoir flasher à 90…) et 50 à 60 km/h selon la ville et la taille du véhicule pour les autres.

Mais le pire, c’est la mise en place depuis quelques années du contrôle de la vitesse moyenne, qui peut se faire sur plusieurs dizaines de kilomètres avec aussi des sections plus restrictives. On trouve des portiques avec caméras un peu partout, difficile de savoir si elles sont juste pour le contrôle de sécurité ou pour celui de la vitesse. Nous n’avons pas perçu de flash pour le moment, il n’y en a peut-être pas d’ailleurs. Mais il parait que pour les étrangers, la note tombe à la frontière, au moment de quitter le pays…


La ville du safran

Difficile de cacher son passé quand on s’appelle Safranbolu. Cette ville a été un poste caravanier important entre l’Orient et l’Occident du XIIIe au XVIIIe siècle, où l’arrivée du chemin de fer a mis fin à ce type d’activité. Entre autres commerces, on y vendait du safran, la ville en étant le principal producteur en Turquie. De ce passé, Safranbolu garde une architecture ottomane remarquablement conservée, qui l’a faite inscrire au patrimoine mondial de l’Unesco.

Nous n’aurons pas le plaisir de voir les champs de crocus en fleur ni d’assister à la récolte, le tout se produisant à l’automne, mais nous pourrons déguster un « thé » au safran chez Mehmet, un commerçant réputé de la vieille ville. J’ai mis thé entre guillemets car de thé il n’y en a point : l’eau chaude est directement versée sur une pincée de pistils rouges de safran au fond d’un petit verre, le liquide prenant immédiatement une magnifique couleur jaune d’or.  En parlant d’or, le safran est l’épice la plus chère du marché, se vendant entre 30 et 45 000 € le kilo, soit à peine moins que le métal précieux (54 000 € le lingot)


Thé ou café ?


Le repos du gosier

Bien sûr, nous avons craqué pour un petit assortiment….


Noir c’est bleu

Nous voici arrivés sur le littoral de la Mer Noire, et vous savez quoi ? Eh bien elle est toute bleue, parfois même d’un joli turquoise dans les zones de hauts fonds ! Encore un mythe qui tombe… Certes, tard le soir ou même la nuit, une couleur sombre apparait, mais la nuit, toutes les mers sont grises, c’est bien connu. Le pire, c’est que l’origine du nom n’a pas été élucidée. Il se pourrait que « noire » désigne le « nord », cette mer se situant au nord de la Turquie, mais ça n’est qu’une hypothèse parmi d’autres. Ce qui est admis, c’est que cette mer était autrefois un lac d’eau douce, 150 m au-dessous du niveau actuel. L’élévation suite à une fonte glaciaire aurait fait monter le niveau de la Méditerranée, qui se serait déversée par le détroit des Dardanelles dans la Mer de Marmara, qui se serait déversée par le détroit du Bosphore dans la Mer Noire. En profondeur, c’est toujours ce qui se passe d’ailleurs : l’eau y est très salée alors que très peu en surface.

Nous avons longé la Mer Noire d’Ouest en Est sur plusieurs centaines de kilomètres. C’est parfois très sauvage avec une petite route tranquille qui se faufile entre une végétation abondante – favorisée par le microclimat – et de jolies petites criques, ou plus urbanisé avec des cités portuaires ou des stations balnéaires aux constructions quelconques, reliées par une route côtière à 2 x 2 voies souvent envahie de camions.


Sinop, en bref


Les mythes tombent comme des mouches

Après la Mer Noire toute bleue, nous découvrons la ville de Samsun, qu’on imaginait plutôt sud-coréenne que turque. D’accord, c’est juste pour rire, il manque quand même le g final. Mais dans un parc de la ville, en bord de mer, nous tombons sur la statue d’une jeune guerrière, arc à la main, jupe et mocassins en daim, et la mention « Amazone » en dessous. Mais les Amazones ne sont-elles pas originaires d’Amazonie ? Eh bien non, je me suis encore fait piéger. Un panneau explicatif nous apprend qu’un peuple de femmes guerrières aurait vécu ici entre 2000 et 1000 av. J.-C. ce que les historiens jugent peu probable selon d’autres sources, aucun vestige archéologique correspondant n’ayant été retrouvé. Par contre, des traces tangibles de femmes guerrières ont été retrouvées en Ukraine et en Russie. Autant dire que le conflit actuel remonte à loin. Ç’est quand même drôle de voir réunis ici Samsun et Amazon.

Et un petit chez soi reconstitué. Admirez au passage l’intégration du déshumidificateur d’air ! Tout ça était un peu kitsch et sujet à controverse historiquement parlant, mais bon à 0,40 € l’entrée, on n’a pas demandé à être remboursés !


Ainsi s’achève cette première partie de la Turquie. Le pays est grand, prévoyez au moins 2 ou 3 autres articles sur le sujet. Alors à bientôt !

Le parcours correspondant à cet article, en version zoomable ici pour les passionnés et ci-dessous les boutons pour commenter, pour vous abonner ou pour nous retrouver sur les réseaux sociaux

111. Zigzags

Nous voici de retour en France pour poursuivre nos rencontres familiales et amicales dont le détail n’a pas sa place ici. Mais les zig-zags que nous avons opérés pour voir les uns et les autres nous ont permis de découvrir quelques jolis coins de notre pays, qui apparaissent mystérieusement dès que l’on coche l’option « éviter les autoroutes » dans notre application GPS.

Guéthary

Bref passage chez notre grande fille sur la remontée vers la France. Fine connaisseuse des bonnes adresses du coin, elle nous a déniché un restaurant en bord de mer avec une vue splendide et des plats très élaborés. Merci Amandine de nous avoir fait découvrir le Txamara. Vraiment une adresse d’exception !


Le Pilat sans la dune

En pleine période de canicule alors que nous étions sur Saint-Étienne, nous avons pu perdre 7 ou 8 précieux degrés en nous rendant à une quinzaine de kilomètres seulement de l’agglomération stéphanoise, sur le massif du Mont Pilat. Selon les lois de la physique, à chaque fois que l’on s’élève de 1000m, la température ambiante perd 6,5 °C. Une aubaine pour les nomades comme nous qui peuvent déplacer leur maison comme bon leur semble ou presque. Nous avons pu apprécier, outre un joli coucher de soleil sur un paysage grandiose, le calme et la fraîcheur du matin. Inutile de vous dire que nous avons hésité à redescendre !

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Tiens, un truc bizarre pour finir sur Saint-Étienne : la cathédrale de la ville (ci-dessus) s’appelle Saint-Charles, tandis que celle de Bourges (ci-dessous) s’appelle Saint-Étienne. On ne sait vraiment plus à quel saint se vouer !
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Paris, New York, Tokyo, Montluçon

Nous faisons étape dans cette ville qui n’attire pas les touristes en masse, ce qui n’empêche pas les commerçants de rêver comme vous verrez sur la photo plus bas. Montluçon présente pourtant quelques attraits sur lesquels il est intéressant de s’attarder : un cœur médiéval assez bien conservé, le château des Ducs de Bourbon qui domine la ville et quelques hôtes célèbres comme Marx Dormoy dont la majorité des gens connait au moins une rue baptisée à son nom sans pour autant savoir qui il était (un ministre de l’intérieur, forcément de gauche avec ce prénom), . Et n’oublions pas Louis Coulon dont j’avoue avoir ignoré l’existence alors qu’il détient le record de la plus longue barbe portée en France. A votre avis, 3,35 m ? 3,85 m ? 4,35 m ? 4,85 m ?

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ou encore quelques illustres personnages, certains plus connus que d’autres…
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Pour celui-là, un prénom qui ne nous est pas inconnu…
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Pour cet autre, un record a été établi. On en parle dans les lignes ci-dessus…

Les trésors cachés de l’abbaye

Une journée d’excursion dans le nord du Gers nous a amenés à l’Abbaye de Flaran. Une petite abbaye médiévale bien restaurée, dont les extérieurs sont agréables à l’œil sans pour autant être exceptionnels. Mais c’est entrant dans les lieux que la magie opère. Le couloir et les chambres des moines sont le siège d’une exposition permanente de haute qualité. On y trouve des œuvres originales d’une quarantaine de peintres et sculpteurs de renom, comme Claude Monet, Gustave Courbet, Pablo Picasso, Auguste Renoir, Peter Paul Rubens, Toulouse Lautrec, Auguste Rodin, Salvador Dali, Camille Claudel et bien d’autres encore. En complément, nous avons profité de l’exposition temporaire du moment consacrée à Franquin, dessinateur franco-belge que nous adorons. Histoire de l’artiste, progression des œuvres, planches originales, détail des techniques, portrait de quelques personnages : nous nous sommes régalés. Peu de photos toutefois, interdites dans la plupart des salles. Mais si vous avez l’occasion de vous déplacer, n’hésitez pas…

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Les extérieurs de l’Abbaye de Flaran
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De ‘M’oiselle Jeanne à Dame-Jeanne

A la sortie de l’exposition sur Franquin, nous regagnons Roberto sagement garé sous les platanes pour nous restaurer. A la fin du repas, après le café, nous vient l’idée de prendre un digestif. Nous interrogeons notre ami Google qui nous propose la visite de chais d’Armagnac à Condom (que Google traduction appelle gentiment « préservatif » sur les pages traduites), petite ville gersoise située à moins de 10 km de là. Nous sommes accueillis par la Maison Aurian qui produit ce spiritueux typique de la région depuis 1880 et nous en décrit les étapes de la fabrication. Cette eau-de-vie de vin est issue de l’assemblage de raisins blancs de la région Midi-Pyrénées, principalement le Gers et quelques cantons des Landes et du Lot-et-Garonne. Après distillation, l’eau-de-vie est mise à vieillir dans des fûts de chêne réutilisés à l’envi (contrairement au vin ou à d’autres alcools). Une fois le vieillissement jugé suffisant (cela nécessite de le goûter régulièrement) il est arrêté, ce qui fixe définitivement le taux d’alcool. L’Armagnac ainsi obtenu est placé dans des récipients de verre (embouteillage ou dames-jeannes millésimées pour la vinothèque) avec ou sans filtrage (et appelé dans ce dernier cas brut de fût). La visite des locaux qui sont restés intacts depuis 1880 vaut le détour. Les chais sont au rez-de-chaussée, tandis qu’à l’étage on trouve la vinothèque sous forme de dames-jeannes soigneusement alignées et étiquetées selon l’année de production et le degré alcoolique. L’une d’elles est datée de 1900… nous avons aussi retrouvé l’année de naissance de Claudie mais pas la mienne. Je ne suis sans doute pas un bon millésime, bouh…

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Visite guidée par quelqu’un qui connait bien St Barth, le monde est petit
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Aller au Sud pour avoir moins chaud

La canicule sévit de nouveau en France tandis que paradoxalement le nombre de climatosceptiques augmente dans la population. Pour y échapper, nous cherchons de nouveau à prendre de l’altitude, et nous nous robertoportons (c’est comme la téléportation, mais dans une cabine plus sûre et confortable) jusqu’à la station thermale (encore un paradoxe) de Bagnères de Bigorre, dans les Hautes-Pyrénées, à 150 km au Sud d’Agen. Malgré tout, nous trouvons grâce à l’altitude (550m) et à la forêt des températures redevenant supportables. Nous nous régalons d’une petite randonnée de quelques kilomètres traversant le parc thermal et d’une tourte aux myrtilles à l’arrivée. Au fond du parc, les anciens thermes en service entre 1675 et 1990 ont été transformés pour être réhabilités en musée. Mais en musée de quoi ?  Cassoulet ? Maillot de bain ? Marbre ? Thermomètre ?


Impossible d’y rester de marbre

Nous visitons un peu par hasard ce musée du marbre installé dans les anciens thermes dits « de Salut ». Cet établissement avait en effet la particularité de posséder des baignoires toutes en marbre, ce qui n’est pas commun en matière de thermalisme mais qui est lié aux nombreuses carrières de marbre de la région. C’était d’ailleurs une ressource économique majeure de Bagnères de Bigorre avant l’essor du tourisme et du thermalisme. Nous y avons découvert bien entendu l’origine géologique du marbre formé il y a 400 millions d’années par enfouissement de couches calcaires et diverses inclusions (animaux, végétaux, etc.). Sous l’effet de températures et pressions élevées, ces couches se sont pétrifiées en prenant diverses teintes en fonction de la pureté ou non du calcaire initial. Plusieurs centaines de marbres différents sont exposés, et nous avons été surpris de la diversité quasi infinie des teintes. Un must à visiter si vous passez par là.

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Des marbres du monde entier y sont exposés. Nous avons été surpris par la grande diversité

Une petite question pour finir : quand on dit « passer au marbre » pour une voiture accidentée, de quel matériau est faite la table qui sert à vérifier l’alignement du châssis : marbre ? albâtre ? fonte ? acier ?


3 petits tours et puis s’en vont

Dans notre quête de fraîcheur, nous avons encore pris de l’altitude en empruntant la route du col du Tourmalet. Une conduite un peu délicate car il fallait éviter motos, vélos, moutons, vaches et même lamas tout en gardant un peu de disponibilité pour admirer le grand spectacle des montagnes pyrénéennes tout autour de nous. Les inscriptions sur le bitume nous ont rappelé que le Tour de France est passé ici le 6 juillet pour les hommes et le 29 juillet pour les femmes. Pour ces dernières le col était même l’arrivée de l’étape, ce qui n’est pas si fréquent. Dans toute l’histoire du Tour de France, le col du Tourmalet a été le plus fréquemment franchi (84 fois). Mais combien de fois a-t-il été l’arrivée de l’étape pour le tour masculin : 3 fois ? 6 fois ? 9 fois ? 12 fois ?

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Sur les pentes du col du Tourmalet, d’étranges spectateurs attendent les cyclistes
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Là-haut, le vélo est roi

Niveau promenade, tu parles !

Après une nuit très tranquille et agréablement fraîche sur une zone herbeuse du parking d’une remontée mécanique sous le col du Tourmalet, au pied du Pic du Midi de Bigorre, nous avons choisi de randonner jusqu’au Lac d’Oncet. Un parcours de 2h30 et de plus de 7 km aller-retour dont le niveau de difficulté est qualifié de « promenade » par le site pyrandonnées.fr Nous avons trouvé le terme un peu vexatoire car il a fallu tout de même fournir quelques efforts pour franchir cette distance et le dénivelé de 330m ! Nous avons même suivi tout une troupe de chasseurs alpins qui s’entraînaient, c’est dire ! Allez, tiens, une tite question : le Pic du Midi de Bigorre est le point culminant du massif des Pyrénées, 1.vrai 2.faux 3.Oncet pas…

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Ok, le chemin est large et bien tracé, la pente n’est pas des plus abruptes,
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mais il faut quand même bien marcher pour arriver au Lac d’Oncet

Non mais quel cirque !

En partant vers l’ouest vers Luz-St Sauveur puis plein sud vers l’Espagne, la route se termine en cul-de-sac après la commune de Gavarnie. Nous laissons là Roberto au parking (nous y passerons d’ailleurs la nuit) puis finissons la balade à pied vers le célèbre cirque. Le spectacle à l’arrivée justifie totalement les 11 km aller-retour et 466 m de dénivelé : nous sommes entourés de hautes falaises très impressionnantes, perchées à 3000 m d’altitude et parsemées de cascades dont l’une des plus hautes d’Europe (423 m de chute). Nous nous offrons une pause-repas dans l’unique restaurant du site. Déguster charcuterie et fromages locaux puis l’inévitable tartelette aux myrtilles dans un environnement pareil, ça relève bien de l’exception. Sur les panneaux au voisinage, nous apprenons que le cirque d’origine glaciaire s’est formé il y a 40 millions d’années et qu’au sommet des falaises on a trouvé des fossiles surprenants. Mais de quoi ? Dinosaures ? Fougères ? Huîtres ? Requins ?

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nous amène après quelques kilomètres au cœur du Cirque de Gavarnie. Joli spectacle à 360°

Argeles-Gazost, l’eau de là

J’ai travaillé 25 ans de ma vie dans le thermalisme. A Saint-Gervais précisément. L’établissement thermal est construit juste à côté de la source pour conserver au maximum ses propriétés thérapeutiques. A une époque, pour faciliter l’accès des curistes, les thermes avaient été installés près de la route, à 800 m de la source, reliés à elle par une canalisation. De suite, les patients habitués ont senti la différence, ne ressentant plus les bienfaits observés auparavant. Ils sont retournés se baigner dans l’ancien établissement. Les « nouveaux » thermes n’ont fonctionné que quelques années, et la direction a dû réouvrir puis réhabiliter les anciens. Il avait donc suffi de transporter l’eau sur 800 m pour lui faire perdre ses propriétés. Ici à Argeles, aucune source ne jaillit. C’est celle du hameau de Gazost qui est utilisée, d’où l’association des noms. Et vous savez quoi, Gazost est à 21 km d’Argeles. Je dis ça je dis rien… D’un autre côté, si les effets ne sont pas miraculeux, Lourdes n’est qu’à 13 km…

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Un petit quiz pour les fidèles : le nom de Gazost signifie… a) « cas social » en Occitan ? ; b) présence de gaz dans l’eau thermale ? ; c) on n’en sait fichtre rien


Une bonne impression

Nous avons eu le plaisir de nous faire offrir deux mugs on ne peut plus personnalisés, illustrés par une photo de notre cher Roberto et identifiés par nos prénoms. Les objets publicitaires de ce type ne sont pas nouveaux, mais la particularité c’est qu’ils ne représentent qu’une petite partie de l’activité de la jeune entreprise qui les réalise, Artridy. Leur activité principale, c’est de numériser en 3D à l’aide d’un scanner très performant (la marque Leica doit parler à certains) divers environnements, comme des appartements à vendre ou à rénover. L’exploitation des données permet d’en extraire directement un plan d’architecte avec toutes les mesures, une visite virtuelle avec réaménagement ou non. Artridy est également équipée d’une imprimante 3D qui permet de restituer des objets jusqu’à 1,80m de hauteur. Si vous voulez un duplicata en plastique de votre belle-mère ou de votre acteur(trice) favorit(e), c’est parfait. Après, l’usage que vous en ferez ne me regarde pas… mais si ça vous tente ou si vous voulez faire réaliser des objets personnalisés, voici le lien : https://artridy.com/


In vino dormitas

De passage en Touraine, nous cherchons un coin pour dormir hors de la ville. Park4night nous propose un spot envahi de gros escargots blancs. Normal, car souvent peu autonomes, ils viennent ici faire le plein d’eau et vider leurs cassettes, voire chercher un peu de sécurité. N’ayant besoin de rien de tout ça, nous fuyons chercher mieux un peu plus loin. Nous tombons sur une petite aire de pique-nique au milieu des vignes, accessible par un chemin en terre qui a peut-être rebuté ceux qui s’y sont essayé. L’endroit est idéal. Nous sommes seuls avec les grappes de raisin sur le point d’être vendangées. Nous passerons une nuit très calme. Nous nous garderons bien de mettre un commentaire sur l’application, de peur que le lieu en devenant trop connu finisse par être dégradé et dans la foulée fermé. Pas très fair-play mais nous avons vu tellement de spots condamnés par des barrières de hauteur suite aux divers excès de leur occupants que nous préférons garder confidentiels des lieux comme ceci. Si vous voulez vraiment savoir où c’est, les images de ce blog sont géolocalisées….

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L’informatique n’est plus ce qu’elle était…

Nous avons tellement pris l’habitude de privilégier Internet au téléphone que nous oublions comment c’était avant. Et la facilité ou le gain de temps ne sont pas toujours au rendez-vous. En voici 3 exemples vécus très récemment dans la bonne ville de Tours.

Souhaitant réserver un taxi pour le lendemain de bonne heure, nous nous tournons par réflexe vers l’appli Uber. Mais s’il est assez facile de trouver un chauffeur pour le temps présent, la tentative échoue pour le lendemain, l’appli prévenant en outre que la course n’est pas garantie. Après s’être énervé sur les clicks multiples sur le bouton « Réserver » qui reste désespérément impassible (mais pourquoi appuie-t-on plus fort sur l’écran quand ça ne marche pas d’emblée ?) nous trouvons rapidement le téléphone d’une centrale de réservation de taxi, lançons l’appel, trouvons de suite une interlocutrice qui nous confirme la réservation en moins d’une minute. Ah oui, c’est vrai, le téléphone et les taxis fonctionnent encore ! Et la différence de prix de moins d’un euro ne valait pas tous ces emm…

Nous nous présentons un peu plus tard dans une pharmacie en plein centre de Tours avec une ordonnance.. Comme c’est une pharmacie que nous ne fréquentons pas d’habitude, on nous demande, outre la carte vitale, la carte mutuelle. Nous ne l’avons pas sur nous mais avons un scan dans nos téléphones. Ça ne suffit pas au pharmacien qui pourrait lire sur nos appareils les renseignements qui l’intéressent, mais il en veut une copie pour pouvoir passer dans son petit scanner à rouleaux. Nos téléphones risquant de ne pas supporter l’épreuve, il nous propose de lui envoyer les scans par mail. Sauf que le réseau mobile n’atteint pas la pharmacie, qui ne possède pas non plus de wifi, alors il me faut sortir dans la rue pour envoyer le mail. Péniblement car en plein centre-ville de Tours, je n’ai qu’une barre de réseau. Incroyable. Moralité, il faut apporter à la pharmacie ses documents en papier pour être numérisés, mais surtout pas l’inverse.

Pour terminer la journée sur une note culturelle, nous décidons d’aller visiter le Musée du Compagnonnage. Nous prenons la précaution de vérifier sur Google Map que le musée est bien ouvert aujourd’hui. L’application confirme et nous dit même que le lieu est « moins fréquenté que d’habitude », ce qui aurait du nous donner la puce à l’oreille. Toujours confiants dans l’application, nous la laissons nous guider vers l’entrée …qui se révèlera être à l’opposé du bâtiment, nous imposant un détour de 300m. Mais le pire est à venir : une affiche à l’entrée du musée annonce sa fermeture temporaire pour travaux. Mais pourquoi donc ne les avons-nous pas tout simplement appelés au téléphone préalablement ? Juste un petit coup de fil ?


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Terminons par ce joli parterre de fleurs dans une ambiance printanière, photographié le premier jour …de l’automne. Une belle démonstration du dérèglement climatique, non ? A méditer en attendant le prochain article. A bientôt !

P.S. Réponses aux divers quiz : Lambros Vorloou, 3,35 m, Longtarin et le Compte de Champignac, 25 000 €, marbre, 3 fois, faux (pic d’Aneto), c (on n’en sait rien)