Louis II de Bavière était comme nous, il n’aimait pas trop les grandes villes et préférait la sérénité de la campagne. Mais la comparaison s’arrête là car il voulait aussi vivre dans des châteaux. Du coup, ses moyens le permettant, du moins au début, il a consacré sa vie à construire et aménager des châteaux, tous très beaux et un peu délirants à la fois, au milieu de nulle part. Sur ses trois projets, il ne réussira à en finir qu’un seul, le château de Linderhof, dédié à Louis XIV pour lequel notre bâtisseur avait une profonde admiration, recopiant d’ailleurs à l’identique le lit de notre monarque national. Les jardins sont d’ailleurs taillés « à la française ». Le second château construit par Louis II de Bavière, que nous n’avons pas visité, est une réplique de Versailles. Le dernier, toujours non terminé est identifiable de loin puisqu’il a servi de modèle à Disney pour le château de la Belle au Bois Dormant. Vous n’aurez pas de photo d’intérieur, seul le plaisir des yeux étant autorisé, mais si vous voulez en savoir plus, tapez Neuschwanstein (comme ça se prononce) sur votre moteur de recherche favori. La folie des grandeurs de notre Roi a fini par agacer son entourage politique qui s’est arrangé pour le déclarer, à tort parait-il, atteint de folie tout court. Il ne s’en remettra pas et mourra mystérieusement …avec son psychiatre.
Château de Lindhorf
Château de Hohenschwangau et le bus joliment décoré qui va à Neuschwanstein
Châlet-restaurant bavarois avec le château en arrière-plan
Pour les Français que nous sommes, la première chose qui nous vient à l’esprit quand on évoque le nom de cette ville, c’est le procès qui a suivi la seconde guerre mondiale. Le tribunal où 22 dirigeants nazis ont été jugés fin 1945 est toujours fonctionnel. La salle E600 n’est réservée qu’à des procès majeurs, le reste du temps elle est disponible pour la visite au sein du mémorial consacré à cet évènement. Nous nous sommes replongés dans l’histoire, nous avons vu les bancs des accusés, leur prison, le déroulement détaillé du procès et sa logistique complexe. Nous avons eu toutes les explications sur les difficultés à mettre en place et coordonner ce tribunal international mené par les juges de 4 pays. Non exempt de critiques mais qui a eu le mérite d’être le premier à employer la notion de crime contre l’humanité, ce qui conduira progressivement à la mise en place du tribunal de La Haye. La ville reste d’ailleurs de nos jours très impliquée dans la défense des droits de l’homme.
La salle E600 en 2021 (ci-dessus) et en 1945 (ci-dessous)
Mais Nuremberg ne peut se résumer à ce procès ou à sa situation de centre stratégique de l’idéologie nazie. La ville a subi ce choix et le regrette ouvertement aujourd’hui, à l’inverse par exemple de Vichy que nous avons visitée en octobre dernier et qui nous a semblé occulter cette phase peu glorieuse de son passé. Nuremberg c’est aussi la 2ème ville de Bavière (après Munich) avec plus de 500 000 habitants, un grand réseau de métro et de tramways, une économie resplendissante avec à peine 3% de chômage, une belle architecture médiévale qui attire de nombreux touristes. Son imposant château érigé sur une falaise au sommet de la montagne qui surplombe la ville est probablement à l’origine de son nom (nuor = falaise, berg = montagne) mais a aussi attiré régulièrement, du fait de la bonne sécurité qu’il offrait, de nombreux rois et empereurs qui ont fini par récompenser la ville en la nommant dépositaire à titre permanent des attributs royaux (couronne, sceptre, etc.). Prospère dès le Moyen-Âge, Nuremberg s’est encore développée en améliorant ses moyens de transport : comme St Etienne pour la France, la ville a été la première d’Allemagne à installer un chemin de fer (1835), mais aussi un canal qui la reliait au Rhin. Elle est d’ailleurs aussi réputée pour son musée d’art du design.
Le Château qui a donné son nom et sa prospérité à Nuremberg
La couronne royale ou impériale, conservée à demeure et exposée au public une fois par an
Façade de la Chambre de Commerce
Parmi ses nombreux atouts économiques, il y en a un qui a attiré notre attention ; Nuremberg est « la ville du jouet » depuis le Moyen-Âge, avec une renommée internationale et une foire annuelle qui rassemble 2800 exposants et attire plus de 66 000 visiteurs. Malheureusement, l’édition 2021 n’étant prévue que dans un mois, nous nous contenterons du musée qui n’est pas à délaisser pour autant. Il expose sur 1400 m² des jouets de tous âges, avec des commentaires sur les facteurs sociologiques qui ont mené à leur évolution. On y trouve une belle collection de poupées et de maisons de poupées, des figurines et véhicules en étain, en métal peint, en bois et en plastique, de nombreux trains miniatures, ainsi que toute une panoplie de jeux de construction, de jeux de société ou encore de jeux électroniques. Largement de quoi retomber en enfance !
Illustration de Gerhard Glück
Ours et poupée (bien germanique !) de 1930, figurines Playmobil (un parc de Playmobil géants est proche de Nuremberg)
Maison de poupées vers 1850
Trains électriques de 1920 à nos jours, Lehman Großbahn (entraxe rails de 45mm) et Märklin
Ferme en carton et jeu de magie, vers 1930
Mon premier Meccano ressemblait à ça. Aussi une autre marque qui a moins bien marché (pièces trop petites ?)
Märklin ne faisait pas que des trains: ici un kit pour faire son iPhone (1930)
Allez, pour terminer cette visite du musée du jouet, encore une illustration de Gerhard Glück. J’adore !
Gerhard Glück – Les éléphants qui jouent au Mikado
Et pour clore cet article plus légèrement qu’il n’a commencé, je vous livre en pâture cette fontaine du centre de Nuremberg intitulée « Le Carrousel de Mariage » et qui est censée en illustrer ses différentes phases. Le meilleur et le pire, donc !
Roberto c’est aussi une institution de Saint-Étienne !
Après Saint-Barth et Saint-Trop, nous rejoignons Sainté, diminutif de Saint-Étienne, où résident notre fille Mélusine et son mari Maxime. Pour nous mettre dans le bain, c’est sur le vaste parking arboré du stade Geoffroy Guichard qui nous garons Roberto pour passer nos nuits. Nous gagnons régulièrement le centre-ville à pied ou en tram pour profiter de la réouverture des terrasses des restaurants et aussi celle des musées. Nous visitons le musée de l’art et de l’industrie et ses trois expositions très intéressantes sur les manufactures locales : armes, cycles et rubans.
St Etienne a produit des armes du Moyen-Âge jusqu’en 2001
Toujours sur le thème de l’économie locale, nous explorons ensuite le musée de la mine, situé au niveau de l’un des principaux puits de Saint-Étienne, juste devant la gare du Clapier construite sur la première ligne ferroviaire de France (1827) qui servait à exporter le charbon jusqu’à la Loire à Andrézieux. Toute la vie des mineurs y est retracée : salle des pendus (vêtements suspendus par des poulies), douches, lampisterie, badges de présence, machines d’extraction, et travail dans la mine. Sous le chevalement, une structure métallique qui soutient l’ascenseur, nous descendons casqués dans une mine parfaitement reconstituée, avec des galeries différentes selon les époques et un petit train pour circuler entre. Très émouvant de s’immerger dans cette vie très ingrate qui s’est heureusement (pour les mineurs) terminée en 1973.
Puits Couriot
Salle des pendus
Jetons de présence des mineurs
Maxime, qui connaît le pays comme sa poche, nous emmène aussi faire de superbes balades dans les environs de Saint-Étienne, une nature très riche toute proche de la ville. Nous crapahutons ainsi le long des gorges de la Loire ou des barrages sur le Furan tel celui du Gouffre d’Enfer. Nous parcourons aussi de charmants petits villages perchés au sommet des collines.
Gorges de la Loire
Barrage du Gouffre d’Enfer
Saint-Étienne est aussi renommée pour ses arts créatifs, et de nombreuses œuvres sont d’ailleurs disposées ça et là au coin des rues ou sur les places. Plusieurs musées et expositions sont naturellement consacrées à ce sujet. Nous n’en visiterons que deux car il faut bien en garder pour une prochaine fois. Le premier est le Musée d’Art Moderne et Contemporain. S’il est difficile de relater une telle visite, j’aimerais en extraire juste la photo d’une œuvre qui m’a amusé. Son auteur, Hassan Sharif, a couvert un mur entier de têtes de balais interverties. Je ne sais plus comment il a baptisé sa création, mais moi, compte-tenu de ma situation récente, j’ai juste envie de l’appeler « L’âge de la retraite ». Si vous ne trouvez pas pourquoi, passez-moi un message !
L’heure de la retraite…
La seconde exposition prend place à la Cité du Design et s’intitule « Flops : Quand le design s’emmêle« .
Elle regroupe 3 catégories d’objets, les improbables, les introuvables et les inconfortables. Les premiers sont de vrais flops industriels et il est étonnant qu’ils aient pu être commercialisés un jour. A l’instar de cette poupée conçue pour être l’antithèse de Barbie mais tellement effrayante qu’aucun enfant n’en a voulu (elle reste par contre utilisée dans des films d’horreur…) ou encore de cette machine à fabriquer des préservatifs in situ, méconnaissant totalement la psychologie masculine. La catégorie des « introuvables » regroupe des objets sortis d’une imagination débordante mais totalement inutilisables, comme ce jeu d’échec sphérique, cette table de ping-pong ondulée, cet appât pour requin en forme de jambe de nourrisson ou encore ce miroir pour mythomane où la face réfléchissante est remplacée par un portrait de Napoléon. La dernière catégorie, les « inconfortables » a été créée volontairement par l’artiste Katerina Kamprani qui, en modifiant pourtant de façon modérée mais bien ciblée des objets du quotidien, réussit à leur enlever toute fonctionnalité.
Deux flops industriels typiques
Appât pour requins et Miroir pour mythomane, deux « introuvables »
De source sûre, le sud-est de la France était en plein confinement il y a exactement 3 siècles. Non pas à cause du coronavirus qui n’était pas encore né, mais en raison d’un autre fléau, la peste, débarquée à Marseille (l’IHU n’était pas encore né non plus) en 1720 et se propageant rapidement en Provence. Comme déjà à cette époque la France manquait cruellement de masques et n’attendait pas ses premières doses de vaccins avant 76 ans, la seule solution envisageable était de confiner. C’est donc un mur de 2 m de haut et 65 cm de large qui fut érigé de mars à juillet 1721, sur 27 km de long, séparant l’actuel département du Vaucluse en deux zones, une verte et une rouge qui sait. Apparemment, ce Mur de la Peste a été efficace, sans avoir eu besoin de fermer les restaurants ni les boîtes de nuit. Nous n’avons pas manqué de lui rendre une petite visite.
Les gorges de l’Ardèche
Les Gorges de l’Ardèche sont-elles sèches ou archi-sèches ? Eh bien pas du tout, nous pouvons vous l’affirmer car nous les avons suivies pendant une quarantaine de kilomètres, sur une route en corniche épousant ses moindres méandres. Des belvédères placés ça et là ont permis à Roberto de se reposer et à nous de prendre quelques photos, tout en enviant les rares kayakistes qui profitaient du moment avant la réouverture des loueurs quelques jours plus tard. Le spectacle était vraiment grandiose et nous n’étions pas si nombreux à en profiter. Mais, que l’on ne s’y trompe pas, selon la source Wikipédia, il s’agit de l’un des sites les plus visités en Ardèche.
La palme de l’intermittence du spectacle revient à Vals-les-Bains, où en plein centre-ville jaillit toutes les 6 heures, telle un geyser, une source thermale judicieusement dénommée « source intermittente ». Nous étions à 11h30 précises avec une dizaine d’autres personnes devant un tas de cailloux disposés en cercle à attendre le phénomène. Il a fallu attendre cinq ou six minutes avant qu’il se manifeste, quel suspense. Un petit jet crachotant et fumant est sorti entre les cailloux, prenant de plus en plus d’ampleur au fil des minutes, gagnant les trois à quatre mètres de hauteur, retombant un peu puis reprenant de la vigueur pour atteindre les six à sept mètres, tout en embaumant l’atmosphère d’une forte odeur de soufre, ce qui est d’autant plus étonnant que, parait-il, l’eau n’en contient aucune trace. Le phénomène s’explique, d’après les panneaux avoisinants, de la façon suivante : de l’eau et du gaz s’accumulent d’abord dans le puits de forage. Tant que la pression de l’eau est supérieure à celle du gaz, rien ne sort, mais au bout d’un moment, le gaz reprend le dessus et soulève la colonne d’eau. Lorsque la source est bien en forme, elle peut grimper jusqu’à 16 mètres !
La source intermittente de Vals-les-Bains (lancez la vidéo pour la voir jaillir)
Le Mont Gerbier de Jonc et la source de la Loire
Le Mont Gerbier de Jonc, j’ai l’impression que ça parle davantage aux plus que cinquantenaires qu’aux autres. Sauf erreur de ma part, on n’apprend plus les départements ni les sources des fleuves dans les écoles. Mais pour Claudie et moi, ça tilte, et quand nous sommes passés devant le panneau, nous n’avons pas hésité un instant à nous diriger vers l’endroit, pour un retour aux sources en quelque sorte. La montagne n’était pas si belle que dans la chanson étant donné le temps pluvieux, et du coup nous n’avons pas eu envie d’en faire l’ascension, mais nous nous sommes tout de même recueillis devant la « vraie », source de la Loire. Oui la « vraie », car il ne faut surtout pas la confondre avec l’ »authentique » et la « géographique », vous fâcheriez les boutiques de souvenirs et autres buvettes qui jouxtent ces dernières. En tout cas ici, l’expression « ça coule de source » n’a pas sa place. Il faut plutôt dire « ça coule 3 sources »…
C’est un peu court pour passer du temps avec notre fille et son chéri, mais suffisant pour apprécier la ville de Saint-Tropez et ses environs. Les boutiques chic du centre-ville nous rappellent bien sûr St Barth, mais l’environnement pas du tout, à part peut-être la couleur de la mer dans certains secteurs. La nature est beaucoup plus verte, les fleurs multicolores sont partout et les sentiers littoraux sont pittoresques et variés. Nous visitons aussi les environs dans lesquels nous randonnons et bivouaquons. Près d’un phare, sous un moulin. Pas trop de difficultés pour trouver des coins tranquilles. Nous goûtons bien sûr à la grande spécialité locale, la galette tropézienne.
Presqu’île du Cap Taillat
Ramatuelle
Nature multicolore ou monochrome
Et la fameuse tarte tropézienne !
La vanlife c’est ça…
Une petite rubrique que j’espère récurrente pour vous faire part de quelques anecdotes sur le quotidien de la vie en van. Je vous relate aujourd’hui ma dernière douche en plein air. Eh oui, la cabine de douche étant assez étroite, je profite volontiers d’un arrêt en pleine nature pour prendre une douche à l’extérieur. La salle de bains est en effet munie d’une douchette extractible qui passe facilement par la fenêtre. Nous sommes donc garés au bord d’une forêt de pins parasols, au milieu de nulle part. Je commence à me savonner dans le plus simple appareil à côté de mon fourgon quand passe un joggeur inattendu à 5 mètres de moi, courant sur un petit sentier que j’avais à peine remarqué. Deux autres lui succèderont de près, dont le dernier avec un grand « bonjour ! ». Il n’est passé personne d’autre dans l’heure qui a suivi et il n’était sans doute passé personne dans l’heure qui a précédé. Le moment crucial, comme on dit…
On reprend la route
Bivouac à Gréoux
Après ces quelques jours sur place, la route bizarrement nous manquait et nous sommes heureux de la reprendre. Nous sommes vraiment faits pour ça ! Nous quittons la route côtière à Ste Maxime, dans une circulation dense en ce grand week-end d’Ascension pour retrouver nos départementales plus tranquilles. Nous sommes étonnés cependant d’y croiser de nombreux camping-cars ou fourgons aménagés. Nous nous demandons si c’est à cause du week-end prolongé qu’autant sont de sortie, ou bien si la mode de la « vanlife » a vraiment pris à ce point. Nous verrons bien si cela se poursuit en semaine. Nous remontons le département du Var vers le Nord-Est pour le quitter en contournant le lac de Ste Croix d’un bleu-vert étonnant. Nous longeons des plantations d’oliviers ou d’arbres fruitiers, des champs de lavande et des vignes avec en toile de fond les Préalpes. Arrivé le soir, peu avant l’heure du couvre-feu, nous nous arrêtons à Gréoux-les-Bains passer la nuit au bord du Verdon. Un petit parking pour nous tout seuls.
Le lendemain, visite rapide de Gréoux, avec un inévitable coup d’œil au centre thermal malheureusement fermé. Le reste de la ville est sans grand charme. Nous préfèrerons quelques kilomètres plus loin la visite du Colorado Provençal, une ancienne carrière d’ocre qui nous donne un avant-goût de notre futur trajet aux US.
Lac de Sainte-Croix
Thermes de Gréoux-les-Bains
Colorado provençal
Colorado Provençal
La journée un rien pluvieuse se termine par Gordes, joli village perché sur un rocher, dont les murs des maisons entièrement en pierres calcaires se confondent avec leurs toitures en tuiles couvertes de lichen. Autour d’un imposant château central, on se perd dans de multiples ruelles aussi tortueuses qu’étroites. Le classement parmi les plus beaux villages de France parait justifié, même si nous n’en avons pas vu tant que ça. Notre éducation touristique reste à faire !