149. Santa Catarina & Parana

Après le Rio Grande do Sul, nous remontons tranquillement vers le Nord, c’est à dire vers le soleil. Oui je sais, c’est perturbant pour moi aussi ! Nous traverserons en une dizaine de jours les états de Santa Catarina et de Paraná, un peu plus montagneux que le précédent, mais tout aussi performants en matière économique. C’est que ces 3 états sont ceux ayan le plus bénéficié de la politique d’immigration du début du XIXe siècle. Aujourd’hui, le taux de pauvreté y est plus faible que les états du nord du Brésil (1 sur 6 contre 1 sur 2).

Santa Catarina et Paranagua
Notre parcours
Parcours objet de cette publication, en version zoomable ici

Désorientation spatiale

Santa Catarina est à la fois une île et un état du Brésil, situé juste au Nord de celui que nous venons de quitter. Pour aller au Nord, il faut ici se diriger …vers le soleil, dont le mouvement apparent est différent dans l’hémisphère Sud. Si le soleil se lève toujours à l’Est et se couche toujours à l’Ouest, il va de l’un à l’autre en montant vers le Nord. Et ça, ça me perturbe beaucoup, j’ai toujours l’impression d’aller dans la mauvaise direction. Je ne me rendais pas compte à quel point mon sens de l’orientation était lié à ce mouvement. Claudie ne ressent aucune gêne par contre… Mais, me direz-vous, la nuit, voit-on l’étoile polaire au Nord ou au Sud ? Eh bien ni l’un ni l’autre, on ne la voit tout simplement pas de l’hémisphère Sud car elle est pile dans l’axe de rotation de notre planète en direction du Nord. Mais, me direz-vous, et les boussoles, s’orientent-elles vers le Nord ou le Sud ? Allez, je vous laisse le plaisir de chercher ou de donner votre langue au Chat. Pour ceux qui ne savent pas, l’application Le Chat est l’équivalent français du Chat GPT américain. Soyez patriotes, utilisez Le Chat et virez l’autre de votre ordi ou de votre téléphone !

Santa Catarina et Parana
Désorientation spatiale
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Florianópolis, ville fantôme ou ville magique ?

Cette ville est la porte d’entrée pour accéder à l’île de Santa Catarina. Elle est en outre la capitale de l’état brésilien éponyme. Visitée un dimanche en début d’après-midi, nous l’avons trouvée presque déserte, surtout en parcourant les rues piétonnes du centre historique. La population était-elle partie profiter des nombreuses plages de l’île ? ou plongée dans une sieste ? ou paniquée par un retour des sorcières ? Car en effet, de nombreuses sorcières auraient exercé dans l’île aux XVIIe et XVIIIe siècles, certaines étant accusées de provoquer des naufrages en éteignant les phares ou de séduire les marins, d’autres ayant perdu leur combat avec le diable ayant été pétrifiées, expliquant la forme bizarre de certains rochers sur les plages… Nous n’avons rien vu de tout ça, mais juste des ruelles vides avec des maisons colorées et de beaux muraux, un parc centré par un ficus au moins centenaire, une cathédrale et un musée fermés comme tout le reste.


Santa Catarina, expérience mitigée

Nous l’avons vite compris, ce que viennent chercher les gens à Santa Catarina, ce sont les plages et la vie nocturne. Ni l’un ni l’autre ne sont notre tasse de maté… En cherchant un peu dans ce fouillis désorganisé de routes bosselées (un ralentisseur tous les 200m environ) incapables de faire le tour de l’île, bordées de constructions d’architecture anarchique (on aurait cru Sint Maarten pour ceux qui connaissent), nous avons tout de même réussi à dégotter quelques coins sympathiques. D’abord une belle randonnée vers la pointe Nord-Est de l’île à partir d’un village qui semble oublié des touristes et nommé Lagune du Nord. Le soleil avait un peu de mal à pointer son nez, mais comme on le sait, les gens du Nord ont dans leur cœur etc. Claudie a pu apercevoir un singe qui se promenait dans les arbres.


Pour rester sur le thème de la faune, nous avons visité ensuite le Projeto Tamar, une association à but non lucratif engagée dans la préservation des tortues marines au Brésil, surtout les espèces en voie de disparition. Ils ont 26 centres sur le pays et font beaucoup de pédagogie auprès des écoles, tout en soutenant les communautés de pêcheurs pour les orienter vers des alternatives.


Enfin, nous nous sommes rendus au petit village de Ribeirao da Ilha, fondé par des pêcheurs venus des Açores et ayant relativement préservé son aspect initial : jolies maisons colorées de style colonial portugais dans la rue principale et une petite église dont la porte est surmontée d’une colombe géante. C’est apparemment récent, puisque les photos disponibles sur le net ne la montrent pas. A noter le grand nombre de parcs à huîtres dans la baie qui sépare le village du continent. Le coin serait la première région productrice d’huîtres de tout le Brésil.


Quelques courses au retour sur le continent

Comme à l’habitude, je furète toujours un peu dans les supermarchés à la recherche de produits insolites. En voici quelques-uns ajoutés à ma collection.


Essor balnéaire

Longeant un peu la côte pour en comprendre la gestion, nous trouvons une multitude de stations balnéaires se succédant les unes aux autres, sans espace intermédiaire non construit. Bien au contraire, le nombre de tours en construction est impressionnant. Pas sûr que cette bétonisation intensive soit accompagnée de mesures appropriées pour les consommations en eau et électricité ou pour les rejets. Difficile de le mesurer à notre échelle, mais nous avons cependant remarqué que même en ville, si le réseau mobile est bien présent, la bande passante est très faible (en clair, ça rame !). Vu de loin, le littoral a encore un peu de charme, mais ça risque de ne pas durer. Nous nous arrêtons pour la journée à Balneario Camboriu, une cité balnéaire très construite qui aurait des airs de Rio de Janeiro : plage immense longée de gratte-ciels étincelants (les 3 plus hauts du Brésil sont ici !), de bars-restaurants, et d’établissements nocturnes. La plage est très bien entretenue, apparemment ratissée tous les matins, mais quasi-déserte malgré le beau temps. Il faut dire que l’eau est assez fraîche, selon Claudie qui a osé y tremper les pieds. Nous admirons la grande roue de 85 m que nous n’aurons pas le plaisir de voir tourner ou de chevaucher pour cause d’ouverture rare en basse saison. Autre ressemblance avec Rio : la statue du Christ sur la colline. 5 m de moins que son homologue carioca, soit 33 m ce qui n’est pas si mal, mais celui de Balneario Camboriu émet la nuit des rayons de lumière multicolores vers la ville. Nous avons même attendu ce moment avant de quitter la ville pour dormir dans un endroit plus tranquille.


Little Germany

Après la Little Italy de Bento Gonçalves, nous découvrons maintenant la ville de Blumenau, colonisée majoritairement par des Allemands au début du XIXe siècle. Même si 90% de la ville affiche la même architecture indéterminée que les autres villes brésiliennes, certaines constructions résiduelles ou maintenues en état, essentiellement dans la rue principale de la ville, peuvent effectivement faire croire aux visiteurs qu’ils se trouvent au pays de Goethe. Si quelques maisons sont authentiques, comme la préfecture ou le joli bâtiment qu’occupe le magasin Havan (vous savez, celui se signalant par des statues de la liberté), la Vila Germanica a été construite uniquement dans un but touristique, reproduisant un petit quartier typico-allemand avec ses maisons à colombages, ses boutiques de souvenirs germaniques et ses brasseries aux menus riches en saucisses, jarret de porc et pommes de terre. Elle est le lieu d’une Oktoberfest (fête de la bière) la seconde plus importante au monde après celle de Munich, qui aurait la seconde fréquentation touristique du Brésil après le carnaval de Rio.

Plus authentique est le petit musée qui préserve l’histoire du créateur de la ville en 1850, le Dr Hermann Blumenau, dans la maison originale de son neveu. On y raconte aussi l’histoire d’Edith Gaertner, la petite nièce du fondateur, 8ème enfant de la famille et seule fille. Alors qu’elle avait entrepris une carrière d’actrice en Allemagne, elle a du rentrer au Brésil pour soigner un de ses frères tombé malade, mœurs de l’époque. Pour tromper son ennui, elle aménagea un joli jardin tropical et recueillit une soixantaine de chats dont la plupart furent enterrés dans un cimetière dédié.

Le cimetière pour chats d'Edith Gaertner
Le cimetière pour chats d’Edith Gaertner
plaques mortuaires

C’est entre la ville de Blumenau et celle de Curitiba que nous passons dans l’état du Paraná


Crash-test à Curitiba

Nous nous présentons devant la grille de ce centre d’éducation à la sécurité routière. L’agent de sécurité fait des va-et-vient, apparemment nous aurions dû réserver. Mais non, la grille s’ouvre et nous sommes invités à nous garer et à nous présenter à l’accueil. Une dame du personnel, probablement la seule qui parle quelques mots d’Anglais, va nous prendre en charge pendant presque une heure, pas en continu mais en s’assurant que tout se passe bien pour nous. Ils sont comme ça les Brésiliens. Dans ce centre, les enfants comme les adultes viennent apprendre les bases de la sécurité routière, son coût humain dans le monde, la prévention des accidents, etc. Avec une mise en situation dans un camion qui se renverse, en soufflant dans un éthylomètre avant et après avoir croqué une cerise à l’eau de vie (enfin pas pour les enfants), en montant sur une balance qui indique combien on pèse en fonction de la vitesse (incroyable, à 80 km/h je pèse 15 tonnes !) et en subissant le fameux crash-test. Assis et sanglé sur un siège de voiture qui va circuler sur un rail, muni de lunettes de réalité virtuelle, on se retrouve, virtuellement donc, au volant d’un véhicule qui va foncer droit dans un mur. Mais le déplacement et le blocage soudain du siège n’ont rien de virtuels et tant le choc que le bruit qui l’accompagne sont impressionnants, d’autant plus que la vitesse testée n’était que de 10km/h. Un test qui devrait être proposé au moins une fois à tous les conducteurs. Nous n’aurons pas de diplôme à la sortie, mais nous serons pris en photo pour publication sur leur page Facebook la semaine prochaine. Avec notre accord bien sûr.


Ah, un jardin botanique !

Ça faisait longtemps que nous n’en avions pas visité. Celui de Buenos Aires semblait assez miséreux d’après les descriptions, rien d’encourageant non plus en Uruguay ou depuis notre entrée au Brésil. Et puis là, à Curitiba, il s’en trouve un avec bonne réputation. Il est même un emblème de la ville, figurant sur de nombreux supports et gadgets touristiques. Datant de 1991, il est constitué de jardins à la française (massifs et symétriques associant parterres de fleurs et haies bien taillées) au milieu desquels trône une superbe serre en verre et métal de style art-nouveau. On y trouve des espèces typiques de la flore tropicale humide brésilienne. A noter que le jardin botanique possède aussi un centre de recherches réputés, qui n’est pas accessible au grand public, aux sens propre comme figuré. J’adore trouver dans les nouveaux pays que nous visitons des espèces que je n’ai encore jamais vues. Et il y en a eu quelques-unes !


Curitiba, la ville du pin bénit

Bien que les coquilles orthographiques restent possibles, ce titre n’en contient pas. Il s’agit évidemment d’un jeu de mots qui m’a semblé judicieux – tant pis si je suis le seul à le penser – pour relier l’étymologie du nom de la ville et le casse-croûte favori de ses habitants. C’est un chef indien de la tribu Tingui qui aurait désigné par les mots « Coré Etuba » aux colons portugais l’endroit « rempli de pins » où construire leur ville. Quant au casse-croûte, il s’agit d’un chausson fourré aux pignons et farine de pin (c’est la pleine saison) avec saucisse ou viande. Le chausson lui-même a la forme d’un pignon de pin. Sur la place très animée où nous avons remarqué le stand, une longue file d’attente nous a dissuadés, mais manifestement, ça partait comme des petits pains !


Sous son œil

Mon titre est évidemment un clin d’œil à la série La Servante Écarlate qui vient de se terminer, mais la pièce maîtresse de ce Museu Oscar Niemeyer, du nom d’un architecte brésilien renommé qui finalisa ce projet à l’âge de 95 ans, est bien cet œil géant comme posé en équilibre sur un petit support quadrangulaire. Oscar Niemeyer était surnommé le « génie des courbes », on voit bien pourquoi dans certaines de ses œuvres exposées en maquettes dans le bâtiment.

Nous reviendrons plus tard sur le contenu de la salle de l’œil, que l’on visite en général en dernier car l’accès se fait à partir du bâtiment principal du musée, paradoxalement un grand parallélépipède rectangle, comme pour mieux mettre l’autre en valeur. Neuf salles dans ce bâtiment sont consacrées à des expositions temporaires ou de moyenne durée, suffisamment pour satisfaire tous les goûts. J’en ai sélectionné trois et un outsider.

D’abord celle de Gabriel de la Mora, un artiste mexicain qui travaille principalement avec des objets trouvés ou du quotidien. Mais loin de se contenter d’assemblages sommaires, il va réaliser ses œuvres avec une méticulosité qui force le respect. Et en parcourant l’exposition, on se prend au jeu de deviner devant une œuvre quel est le matériau de base qui a servi à sa réalisation. Je vous laisse le plaisir de deviner à votre tour, même si c’est encore plus difficile lorsqu’il s’agir d’une photo. Les réponses sont à la fin du carrousel.


En seconde place arrive l’exposition de sculptures africaines baptisée « Afrique : expressions artistiques d’un continent« . Nous avons été impressionnés par la qualité des œuvres et du travail de présentation par les conservateurs.


Et notre troisième lauréat est l’exposition d’art asiatique intitulée « Asie, la terre, les hommes, les dieux » tirée d’une collection de 3000 pièces donnée au musée par le diplomate et professeur Fausto Godoy. Toute l’Asie est représentée, là aussi avec des œuvres de qualité.


En outsider, je rajouterais cette exposition de tapis afghans, datant des années 1980, et utilisant des motifs liés à la guerre : chars, missiles, hélicoptères, etc. qu’on s’attend peu à voir dans de tels objets. Les tisserands afghans ont toujours par tradition intégré leur quotidien dans leurs tapis, alors pourquoi pas la guerre ? Une seconde exposition juste à côté montre pour donner l’équilibre des tapis comportant cette fois des motifs de paix (les 2 dernières photos). L’honneur est sauf !


Mais revenons à la pièce maîtresse du musée : la salle de l’œil, une immense pièce de 70m de longueur et 30m de largeur, qui expose depuis seulement 4 jours (pour une fois nous avons de la chance) et jusqu’à fin août des œuvres d’Eva Jospin (oui, la fille de Lionel…) dont une immense fresque en broderie couvrant la quasi-totalité des murs, soit près de 200 mètres linéaires, qui a déjà fait l’objet d’une exposition l’an dernier au Château de Versailles. Regardez les photos, c’est tout bonnement fabuleux. Le tissage a été réalisé à Mumbai sous la direction de l’artiste et à partir de ses dessins, où chaque trait a été remplacé par un fil de soie, de coton ou de jute avec plus de 400 nuances différentes. Quelques sculptures sur carton sont également présentées dans la salle, tout aussi bluffantes dans leur réalisation. Voir notamment La Forêt sur les photos. A noter que les thèmes de prédilection d’Eva Jospin sont la nature, la déambulation et les folies architecturales. Tout était dans cette pièce !

Pour finir, ajoutons cette cerise sur le gâteau : les plus de 60 ans rentrent gratuitement, c’est-à-dire … à l’œil ! Aucune idée du prix pour les autres, mais quel qu’il soit, ça les vaut…


La spécialité de Morretes

La petite ville de Morretes, toute proche d’un parc naturel et de montagnes toutes vertes, a de quoi séduire les visiteurs, d’autant plus qu’on peut la rejoindre depuis Curitaba avec le train de la Sierra Verde, une expérience touristique à part entière avec des wagons refaits à l’ancienne comportant de petits balcons qui permettent d’admirer le paysage et de frémir lorsque le train passe quelques éperons rocheux. Mais ce train ne fonctionne que le week-end et nous arrivons bien sûr en semaine. En contrepartie, nous avons la ville pour nous seuls, en tant que touristes du moins. Nous flânons dans les rues aux maisons colorées qui restent lumineuses malgré la bruine ambiante, nous observons les ouistitis dans les arbres et nous nous arrêtons dans un restaurant pour goûter la spécialité locale : le barreado. C’est un ragout de viande de bœuf mijotée 20 heures durant dans un pot en terre que l’on scelle avec de la pâte. C’est servi avec des beignets de bananes, des quartiers d’orange et de la farine de manioc que chacun dose à sa façon pour épaissir la sauce de cuisson. Des accompagnements supplémentaires sont possibles. Nous avons eu pour notre part une salade de crudités et une assiette de riz blanc.

Quand nous sommes repartis, toujours sous la pluie, nous avons traversé sur une route étonnamment pavée une forêt tropicale humide, brumeuse à souhait. Les bas-côtés abondaient de palmiers, bananiers, lianes, fougères. Nous aurions pu apprécier sereinement ce spectacle si nous n’avions pas vu dès le départ deux panneaux indiquant une hauteur limitée à 2,50m. Roberto fait 2,54m, mais nous avons tout de même tenté notre chance, la carte routière ne faisant état d’aucun tunnel. Respecter l’interdiction nous aurait conduit à reprendre la route de la veille que nous savions envahie de camions en roulant 60 kilomètres supplémentaires. Plus nous approchions de la fin de cette route traversière, plus nous redoutions de voir cet obstacle en hauteur, mais au final, rien de tel n’est apparu. La limitation était un pur bluff, pour sans doute obliger les poids-lourds à contourner cette route pavée et très sinueuse. Nous avons bien fait de passer outre, non mais !

Nous quittons maintenant cet état du Paraná pour celui de São Paulo, dominé par la mégapole du même nom, qui n’est pas forcément renommée pour sa sécurité. Mais aura-t-elle un intérêt touristique ? Vous le saurez dans la prochaine publication…

30. Arrivée en Suède

Arrivée en Suède
Bivouac de rêve entre 2 lacs. Calme absolu.
Bivouac de rêve entre 2 lacs. Calme absolu.

The Bridge, en vrai

Nous voici depuis quelques jours en Suède. Pour ce faire, nous avons pris le pont-tunnel de l’Øresund qui en 14 Km relie Copenhague à Malmö. Depuis le Danemark, on commence par descendre dans un tunnel et parcourir près de 4 Km sous la mer, avant de faire surface sur une île artificielle. Vient ensuite le pont, un magnifique pont à haubans de 8 Km de long, puis le péage, un peu plus de 60 € tout de même, ça fait cher du kilomètre. Nous nous consolons en apprenant qu’à 1 cm près (Roberto fait 5,99m de long) nous aurions payé le double !


Nous avons préparé cette traversée en regardant la série suédo-danoise The Bridge, dont l’intrigue policière se déroule autour du pont. Du coup la traversée avait une toute autre saveur. Côté Malmö, nous avons aussi admiré la célèbre tour torsadée devant laquelle loge l’actrice principale pendant la série.


Des plages blanches de monde

Plage déserte du Sud de la Suède
Plage déserte du Sud de la Suède

Quand c’est noir de monde, vous voyez bien ce que c’est. Eh bien là c’est tout simplement l’inverse. La météo n’est pas particulièrement clémente depuis notre arrivée en Suède, le ciel est gris les ¾ du temps, le crachin est régulièrement entrecoupé d’averses, et les températures tournent autour de 15°C, paraissant bien moins sous le vent soutenu. Du coup les plages sont désertes et d’apparence très sauvages, les nombreux petits parkings dans la forêt proche du littoral ne sont guère plus fréquentés. Il faut dire aussi que, malgré des campings semblant bien remplis le long de notre route, les vacances d’été sont quasiment terminées pour les suédois. Tant mieux pour nous !


Mégalithes méga-mystérieux

Les 59 menhirs du site d’Ale, tout au sud du pays, installées lors de la période Viking mais découvertes plus tard interrogent encore les archéologues. Disposées en losange, comme autour des tombes vikings, elles pouvaient être interprétées comme sépultures, mais aucun reste de ce type n’a été retrouvé. Monument en l’honneur d’un roi, lieu de rassemblement, tentative de communication avec l’au-delà ou encore calendrier solaire géant, tout est possible. Encore du boulot pour les futurs Indiana Jones, tout n’a pas encore été découvert, loin de là.





C’est l’heure de se mettre au verre

Usine de verre de Kosta Boda
Usine de verre de Kosta Boda

Le Sjælland, cette région du sud-est de la Suède, est réputée de longue date pour son artisanat du verre. Nous avons visité la verrerie la plus ancienne du pays et toujours en activité depuis 1742, celle de Kosta Boda. Elle produit aussi bien des objets du quotidien (nombreuses boutiques très achalandées aux alentours) que des créations artistiques de toute beauté dont vous trouverez quelques échantillons ci-après.


La petite ville aux allumettes

Le musée des allumettes de Jöngköping, premier bâtiment de la fabrique
Le musée des allumettes de Jöngköping, premier bâtiment de la fabrique

La cité de Jöngköping est le centre du monde lorsque l’on parle d’allumettes. D’abord parce que c’est là qu’est née la première fabrique d’allumettes dites « de sûreté » en 1848. L’invention elle-même datait de 1805 mais n’avait pas été développée car il fallait, pour allumer l’objet, le tremper dans une solution d’amiante et d’acide sulfurique. Autant dire que les gens ne trouvaient pas ça très pratique et même plutôt dangereux. Les premières allumettes inflammables par friction arrivèrent à partir de 1826, mais ne connurent pas non plus le succès, tant les défauts étaient rédhibitoires : taille imprévisible de la flamme, tendance explosive, odeur forte, conservation en boîte hermétique, et surtout risque graves pour la santé des utilisateurs et des fabricants (nécrose phosphorique souvent mortelle). En 1844, un Suédois dénommé Gustaf Erik Pasch résolut le problème en inventant des allumettes qui ne s’enflammaient qu’au contact d’une bande située le long de la boîte et non plus sur une façade de mur ou dans une poche de pantalon. Et c’est en 1848 que ses copains les frères Lundström construisirent à Jöngköping leur première fabrique. Le bâtiment était tout en bois et la production fut vite déplacée dans un nouveau bâtiment en briques, moins inflammable. Quand on fabrique des allumettes, cela s’impose ! Cela dit, la maison initiale est toujours là et sert aujourd’hui de musée, tandis que la fabrique, qui n’a cessé de se développer jusqu’à la fin du siècle suivant, n’a souffert d’aucun incendie mémorable. La maison mère assurait d’ailleurs le service d’incendie pour toute la ville. La production d’abord manuelle s’est peu à peu industrialisée, un magnat de la finance s’en est mêlé et la ville a été à un moment au cœur de la production, atteignant 70% du marché mondial d’allumettes. Mais après la seconde guerre mondiale la production a fait long feu, peut-être handicapée par l’arrivée du briquet de poche ou de l’allumage piézo-électrique. Il nous reste l’histoire, les méthodes de fabrication et les machines, bien exposées dans le musée.

Fabrication très rustique des premières allumettes par rabotage, réalisation de bouquets puis trempage manuel dans le combustible
Fabrication très rustique des premières allumettes par rabotage, réalisation de bouquets puis trempage manuel dans le combustible
Première mécanisation pour écorcer le frêne, le bois le plus adapté à la fabrication d'allumettes
Première mécanisation pour écorcer le frêne, le bois le plus adapté à la fabrication d’allumettes
Passage à l'ère industrielle. Cette machine pouvait produire 400 000 paquets par jour
Passage à l’ère industrielle. Cette machine pouvait produire 400 000 paquets par jour
Tout ce mal pour couper les bouts des allumettes afin de faire ce château !
Tout ce mal pour couper les bouts des allumettes afin de faire ce château !

Allez, c’est le moment de reprendre la route pour d’autres découvertes. A très bientôt !

29. Onomatopées routières

Circuler dans un nouveau pays impose une adaptation à la signalétique routière locale. Au minimum à des fins de sécurité, pour éviter de circuler à contre-sens par exemple ou encore identifier correctement la route destinée à la mise à l’eau des bateaux dans le fjord. Au mieux pour s’orienter correctement. Et bien sûr pour être en conformité avec la règlementation policière locale : un simple panneau d’entrée de ville au Danemark (voir un exemple plus loin) peut ressembler pour un Français à la signalétique d’un simple hameau et lui faire oublier de ralentir à 50 km/h. Nous avons assez fréquemment recours à notre traducteur de poche (Google Traduction) pour interpréter les mentions Danoises des panneaux, principalement pour savoir si l’on peut stationner ou pas à cet endroit. Parfois, il faut prendre la décision rapidement, et c’est un peu plus compliqué. Il nous est arrivé d’obstruer une rue quelques minutes le temps que la traduction apparaisse sur notre écran de smartphone, sous le regard dubitatif des autochtones qui se demande bien pourquoi ces Français viennent photographier leurs panneaux routiers.

Les jolis panneaux d'entrée de ville
Les jolis panneaux d’entrée de ville

Mais tout cela manque cruellement d’illustration. Je vous ai préparé quelques panneaux routiers inhabituels chez nous, avec en commentaire leur interprétation normale et celle que l’on aurait pu imaginer avant l’ère des traducteurs. Encore que pour certains, j’ai trouvé que les mots danois parlaient très bien d’eux-mêmes, comme ces « sving » ou « bump ».


A part ça la route se poursuit, nous terminons notre traversée du Danemark par sa capitale avant de passer en Suède en début de semaine. Voici en vrac quelques illustrations commentées de nos dernières étapes. A bientôt !

Musée d'Art Moderne d'Aarhus
Musée d’Art Moderne d’Aarhus
Musée d'Art Moderne d'Aarhus
Musée d'Art Moderne d'Aarhus
Musée d'art moderne d'Aarhus. Saurez-vous retrouver Roberto ?
Musée d’art moderne d’Aarhus. Saurez-vous retrouver Roberto ?

Aarhus - Rue traditionnelle danoise
Aarhus – Rue traditionnelle danoise
Aarhus - Vieux théâtre
Aarhus – Vieux théâtre

L’extraordinaire château d’Egeskov

Le château d'Egeskov et ses dépendances
Le château d’Egeskov et ses dépendances

Nous avons découvert presque par hasard ce château d’Egeskov et découvert peu à peu ses collections aussi hétéroclites qu’extraordinaires. Dans l’ordre et de façon non exhaustive : une maison de poupées nécessitant 15 ans à construire, un enfant que l’on n’ose pas réveiller dans le grenier depuis toujours car sinon le château s’effondrerait, un train électrique de 1912, une collection de jouets du siècle dernier, un hangar immense rempli de véhicules on ne peut plus divers, allant de la vieille voiture convertie à l’électrique jusqu’à l’hélicoptère Alouette III en passant par un avion à réaction, un bus à impériale, une 2 cv fourgonnette, plusieurs Cadillac et plein de motos, et même un camping car de 1953. On sort en pensant avoir fini, mais on tombe sur un musée dédié aux secours avec moults véhicules de pompiers et ambulances, démonstrations de massage cardiaque, etc. Et puis ensuite c’est le salon des loisirs extérieurs avec tentes, caravanes, camping-cars, canoés et même quelques avions qu’on n’a sans doute pas pu caser ailleurs. Et puis encore une caverne de Dracula toute noire et avec une musique d’orgue et des ricanements caverneux, 2 paons à l’entrée qui n’ont rien à y faire. Et puis encore une épicerie des années 1950 reconstituée et particulièrement bien garnie. J’oublie les grands jardins fleuris, 2 ou 3 labyrinthes, des jeux d’enfants partout dont un karting et un parcours dans les arbres d’où l’on actionne des interrupteurs pour entendre chanter les oiseaux du coin. C’est tout ? Ah oui, j’oubliais, le château se visite !

La maison de poupées
La maison de poupées
Egeskov : les attractions semblent à l'infini !
Egeskov : les attractions semblent à l’infini !

L’île de Mon

> De belles églises aux parois recouvertes de peintures naïves

> Les falaises, dont le bas est accessible par un escalier de 495 marches (pour la descente, ça va…)


Le port de Rotskilde

> Son port spécialisé dans la restauration des bateaux Vikings


> Sa cathédrale, spécialisée dans la conservation des souverains du pays. C’est chacun son style. La reine actuelle a déjà prévu son cercueil où elle serait visible par transparence car …vitrifiée


Hillerod et son château

Vraiment beaucoup de châteaux au Danemark. Au fait, un château ça se dit « slot ». N’est-ce-pas encore une belle onomatopée ?

Le château d'Hillerod
Le château d’Hillerod

Rungstedlund


Et bien sûr Copenhague

Difficile de passer outre la capitale du Danemark, avec tous ses clichés, de la Petite Sirène aux immeubles pastel du long du canal, en passant par les maisons ocres des quartiers populaires, les amoncellement de vélos et les délicieux smorrebrod.

28. Fête des gosses !

Procréation assistée

Au Danemark comme dans les pays scandinaves, la part de la population âgée augmente dangereusement aussi tout est fait pour encourager la natalité. A commencer par ce congé parental de 52 semaines qui fait beaucoup d’envieux. Mais au cours de nos déplacements, nous voyons bien que les enfants ne sont jamais oubliés. Les parcs de jeux sont omniprésents, les commerces disposent souvent d’espaces pour enfants, de même que les musées qui sont par ailleurs tous gratuits jusqu’à 18 ans. On trouve des tables à langer dans tous les WC, des chaises hautes dans les restaurants et dans les églises, ces dernières proposant à l’entrée des livres d’enfants aux côtés des bibles pour leurs parents. Enfin, le Danemark est célèbre pour permettre depuis 1967 (soit 54 ans avant nous) aux enfants de porter plainte contre leurs parents qui leur auraient administré une fessée.

Jeux pour enfants dans l'enceinte d'un château
Jeux pour enfants dans l’enceinte d’un château
Livres pour enfants dans une église
Livres pour enfants dans une église

Jeux, thèmes à la folie !

Nous nous sommes joints à la frénésie de la dernière semaine avant la rentrée scolaire danoise (eh oui les pauvres, les vacances d’été se terminent entre le 9 et le 11 août) pour visiter quelques attractions concernant les enfants, notamment un parc animalier dédié aux espèces scandinaves, mais aussi la Lego House à Billund, ville danoise dont l’économie est centrée depuis les années 50 sur la célèbre brique inventée par un menuisier natif. A ne pas confondre avec le parc Legoland de la même ville, qui est plutôt un parc d’attraction classique même si le design des manèges s’apparente aux Lego. La Lego House est plutôt orientée créativité. Des œuvres fabuleuses y sont exposées, comme cet arbre de 15,68 m de haut composé de plus de 6 millions de briques au centre de l’escalier principal.

Un des espaces de jeux de la Lego House
Un des espaces de jeux de la Lego House

Des familles entières, avec parfois plus d’adultes que d’enfants viennent y jouer aux Lego, mais pas n’importe comment. Ici, on crée uniquement des fleurs jaunes que l’on piquera ensuite sur des supports, la monochromie et la multiplicité des designs rendant le fini particulièrement esthétique. Là, on assemblera des briques pour former des poissons, qui seront ensuite scannés devant un appareil : miraculeusement, le poisson prendra vie dans un grand aquarium numérique, ondulant au fil de l’eau et clignant des yeux. A un autre endroit, il faut créer un bâtiment uniquement en briques Lego blanches et sur un support imposé de 6×6, que l’on insèrera ensuite sur un plateau qui représente une grande ville. A la manière de Sim City, grâce à l’informatique sous-jacente, des routes vont se créer et relier le bâtiment au reste de la ville, des points mobiles simulant le déplacement des habitants ou des véhicules.

Arbre central géant
Arbre central géant, tout en Lego bien sûr

Au sous-sol, une exposition retrace toute l’histoire de la création Lego, des jouets en bois ordinaires de la première usine aux boîtes sophistiquées contemporaines, en passant par les premières briques qui tenaient mal entre elles et le procédé ingénieux qui a permis de résoudre ce problème.

Salle des briquosaures ou des légosaures, comme vous voulez
Salle des briquosaures ou des légosaures, comme vous voulez

Le conte est bon, j’espère

A Odense, sa patrie natale, nous ne pouvions manquer de rendre visite à Hans Christian Andersen. Nous avons tenté notre chance à sa première demeure, mais il n’y était plus depuis longtemps. Sa seconde était fermée depuis le début de l’été, pour être remplacée par une autre, un musée flambant neuf exposant apparemment de long en large tout ce qui concerne le célèbre conteur danois, mais le musée était fermé, précisément aujourd’hui en raison d’un problème électrique. Vraiment pas de chance. Après une courte visite dans la ville, nous sommes allés voir le Jardin d’Andersen. Il n’y était pas non plus, mais nous avons quand même vu sa statue. Nous avions rendez-vous avec une petite troupe de conteurs amateurs qui selon nos guides et Internet se produisaient devant la Maison des Contes de Fées, au centre de ce jardin, tous les jours jusqu’à mi-août à 11h et 13h. Eh bien ils n’étaient pas là non plus, la mi-août ne doit pas tomber en même temps au Danemark qu’en France ! Visite complètement ratée, quoi. En l’absence d’Andersen, je me permets de vous conter, en empruntant sa manière, une petite mésaventure qui vient de nous arriver.

Il était une fois une princesse qui vivait dans un carrosse tout bleu, un fiacre « Du Château » italien qu’elle avait fait aménager par un menuisier réputé de Macronie, avec tout le confort dû à son rang. Le mobilier était fait de bois précieux (si l’on en juge par son prix), les fenêtres s’ornaient de draperies coulissantes capables aussi bien d’occulter la lumière du soleil que le passage éventuel d’insectes, les tapis avaient été brodés par Saint Maclou en personne. Les réserves en eau courante pouvaient tenir des lustres, tandis que ceux-ci, étonnamment non vénitiens pour un fiacre italien, avaient été remplacés par des luminaires plus modernes que l’on appelle à led, même si l’on en n’a pas besoin. Quant à ces derniers, le carrosse avait été équipé du très performant système « pro secco », plus conforme au pays d’origine. Point de gaz dans ce véhicule, ce qui avait l’avantage d’éviter d’acheter des allumettes aux petites filles traînant dans la rue. La cuisinière et l’eau de la baignoire (verticale faute de place) étaient chauffées grâce à la même énergie que celle mouvant les 160 chevaux tractant le carrosse. Tout cela n’était-il pas merveilleux ?

Un jour, alors qu’ils se trouvaient à voyager dans la belle région du Danemark, la princesse et son prince charmant firent halte pour s’approvisionner en eau fraîche. Tandis que le prince vaquait au remplissage, la princesse déplaçait quelques provisions dans la soute, possiblement une boîte de petits pois qui la gênait. Là il est nécessaire d’expliquer, faute de comprendre l’allusion, que dans les carrosses la soute est située sous le lit. En déplaçant cette fameuse boîte, elle heurta un autre objet placé là on ne sait pourquoi (enfin si, on sait, c’est parce qu’il n’y avait pas d’autre place ailleurs). L’objet, une sorte de cylindre muni d’une valve à l’extrémité d’un petit tuyau qui en sortait, avait été acquis apparemment pour restaurer rapidement la pression d’un pneu du carrosse qui viendrait à la perdre brutalement. Le choc provoqua d’abord à peu près le même bruit que l’on produit en ouvrant une bouteille de cette boisson à base de houblon fermenté si répandue au Royaume du Danemark. Ce qui se produisit ensuite pourrait être décrit comme une sorte de gros chamallow en expansion rapide après un de big bang imaginaire, gagnant promptement une bonne portion de la soute, dissimulant à la vue de nos infortunés voyageurs tout ce qui s’y trouvait, conserves de petits pois compris. La princesse eut tout de même le réflexe, craignant que le véhicule ne disparaisse en entier, de plonger sa main dans le gros chamallow pour en extraire l’objet fautif. La suite fut plutôt affaire d’éponge et d’huile de coude, le prince faisant malicieusement remarquer à la princesse qu’elle ressemblait tantôt à la reine des neiges lorsqu’elle ressortait de la soute le visage et les bras couverts de mousse, tantôt à la petite sirène lorsqu’elle plongeait tout cela dans son seau. Une fois le dernier coup de torchon passé, on s’aperçut que, contrairement à ce que l’on croit généralement, la mousse ne tache pas tant que ça. La princesse et le prince reprirent leur route heureux, riant du comble auquel ils étaient parvenus : crever une bombe anti-crevaison.


27. Défunts de moi difficiles

Ou comment se divertir avec un thème franchement macabre. Divertissement macabre est d’ailleurs un oxymore. CQFD

Cimetières m’étaient contés…

Cimetière viking
Illustration de l'article
Défunts de moi difficiles
Cimetière viking

Vrai de vrai, nous fréquentons beaucoup les cimetières. D’abord parce qu’il faut les traverser pour visiter les églises qu’ils entourent systématiquement. Aussi parce qu’ils ont souvent des parkings intéressants pour passer la nuit loin des hordes de camping-cars (déjà que ceux-ci se collent les uns aux autres pour ne pas avoir peur la nuit, il est difficilement imaginable qu’ils viennent se risquer à dormir tout seuls près d’un cimetière dont peuvent sortir à tout moment fantômes et autres revenants). Enfin ils sont connus pour être des lieux où l’on peut se procurer de l’eau potable, bien que pour l’instant nous n’ayons pas encore recouru à ce mode d’approvisionnement. Ils sont en général très bien entretenus. Dans l’avant-dernier que nous avons visité, pas moins de 4 jardiniers assuraient le ratissage des allées et l’entretien des petites haies qui séparent les tombes. Pour le dernier c’était un peu spécial, car c’était un ancien cimetière Viking, et là l’entretien était assuré par un troupeau …de moutons. Mais c’était sur une colline entière. Ce cimetière a connu sa pleine activité entre les Vème et Xème siècle. Avant, les Vikings n’étaient pas nés. Après ils ont été convertis au christianisme et obligés d’enterrer leurs morts autour des églises. Mais avant cela, ils pratiquaient plutôt l’incinération, le bûcher étant placé dans une fosse entourée de pierres en forme de cercle pour les femmes ou de triangle pour les hommes. Après la crémation, ils étaient ensuite recouverts de terre, la double peine en quelque sorte, que la nature a transformée en triple peine en recouvrant l’ensemble d’une épaisse couche de sable. Tout est tombé dans l’oubli pendant près d’un millénaire, jusqu’en 1952 où il a été décidé d’entreprendre des fouilles. 700 tombes et quelques maisons ont été mises à jour. Après c’est le business habituel : aménagement d’un parking, construction d’un musée, embauche des moutons, etc.

Cimetière viking
Cimetière viking avec moutons
3 moutons noirs
Cimetière viking

Une histoire de croque-mort

Cimetière classique devant une église au Danemark

Maintenant que le Danemark est passé à l’ère luthérienne, les cimetières bien entretenus restent à l’air libre. Encore que, vu la faible altitude du pays, négative parfois, et la tendance à la montée des eaux, il se pourrait que les défunts fassent trempette d’ici quelques décennies. En attendant, ils vivent leur repos éternel regroupés par secteurs avec des aspects très différents. Pour les uns il s’agira de simples zones gazonnées où sont réparties plus ou moins régulièrement des plaques funéraires ou bien de simples pierres gravées ou peintes auxquelles on adjoindra un petit pot de fleurs ou bien un arbuste. Pour d’autres les pierres seront plus larges, plantées obliquement dans la terre et non plus horizontalement, tandis que les décorations autour seront un peu plus riches. Enfin, les quartiers chics verront leurs tombes entourées de petits massifs de buis, les pierres seront cette fois verticales et volontiers en marbre, mais on ne verra pratiquement jamais de grandes dalles comme chez nous. Les tombes sont souvent personnalisées avec des figurines, le plus souvent des animaux, mais parfois des nains de jardin ou autres babioles. Comme chez nous, de petites plaques viennent compléter la plaque ou la pierre principale, et notamment une particulièrement fréquente portant la mention « MOR » qui a inévitablement attiré mon attention. Mon esprit espiègle a aussitôt imaginé une espèce de certificat de décès attribué par un croqueur d’orteil. Mon traducteur de poche m’a malheureusement contredit en affirmant que le terme désignait plutôt la « mère ». Dommage, j’aimais bien la première version.

Cimetière classique au Danemark
Cimetière classique au Danemark
Cimetière classique au Danemark
Plaque funéraire avec l'inscription Mor

Le King sans « vi »

Le jeu de mots est tiré par les cheveux, j’en conviens, mais l’occasion de faire une transition avec le sujet ci-dessus était trop belle. En effet, le hasard de notre route nous a fait passer devant une attraction quelque peu inattendue au Danemark : une copie de la maison  d’Elvis Presley à Memphis (Graceland Mansion).

Des passionnés ont recréé la maison originale, l’ont aménagée partiellement en un musée très documenté et pour le reste en un restaurant cabaret où des sosies du King viennent se produire régulièrement. Le portail à l’entrée donne le ton, et des haut-parleurs tout au long du chemin menant à l’entrée diffusent en permanence des tubes de l’artiste. Naturellement, une boutique bien fournie est exclusivement dédiée à Elvis, comportant un nombre impressionnant de disques et de films.

Discographie Elvis Presley

Et la bière !

Il était difficile de terminer cet article macabre sans parler du breuvage national, consommé par une large majorité de la population, ce qui représente 70 litres par an et par habitant, contre 30 litres pour les Français – qui se rattrapent tout de même sur le vin. Les marques Carlsberg et Tuborg dominent le marché danois, mais il existe bien sûr comme chez nous de multiples bières locales. Malgré cette consommation élevée, les Danois meurent moins à cause de l’alcool (1% des décès) que les Français (13% des décès). Peut-être est-ce grâce à l’autre boisson nationale, l’akvavit (l’eau de vie bien sûr).